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2 participants

A time of quiet between the storms

Mar 6 Aoû 2024 - 16:51

Janvier 2024

Le ciel était d’un bleu limpide, gorgé de la lumière d’un début d’après-midi, lorsque Valérian entraîna Nelly à sa suite en direction du terrain d’entraînement. Dans la cour de l’école, une brise fraîche virevoltait joyeusement et produisait, en s’engouffrant dans les couloirs du bâtiment, un léger bruit de chuintement. Vêtu d’un long manteau ajusté, d’une paire de gants et d’une écharpe en laine, le grec se félicita grandement de s’être chaudement habillé pour cette sortie. Dès qu’il avait mis les pieds dehors, le vent s’était en effet rué dans sa direction pour l’envelopper dans un tourbillon, cherchant par tous les moyens à glisser ses longs doigts glacés dans les interstices de ses vêtements tout en faisant rougir son visage. En chemin, les deux comparses croisèrent quelques gardes, occupés à patrouiller dans l’enceinte de l’école : certains les saluèrent d’un hochement de la tête bourru, d'autres d’un sourire.  

« Maverick m’a assuré que nous aurions le terrain pour nous. » expliqua-t-il à la jeune femme en lui jetant un coup d’oeil par-dessus son épaule. « J’ai remplacé les balles de mon revolver par des cartouches de peinture, et nous ai dégoté un mannequin en plastique qui nous servira de cible. As-tu déjà utilisé une arme à feu ? » Quelques jours plus tôt, Maverick avait formulé auprès de Valérian la requête qu’il enseigne à Nelly à l’utilisation des armes à feu. Une discipline dans laquelle il excellait. L’ancien militaire plaçait désormais en lui une grande confiance dont les fondations avaient été établies quand il l’avait aidé à s’échapper de sa cellule à Tortuga, puis qui s’était solidifiée, les mois allant - pierre après pierre, comme on bâti un édifice robuste, grâce au travail que le grec avait fourni d’arrache-pied pour trouver sa place chez les Silent Snakes. L’homme lui avait ainsi confié l’apprentissage de sa protégée. Et probablement y avait-il également consenti en raison de l'évidente complicité que partageaient Nelly et Valérian.

Une complicité qui, contre toute attente, n’était pas feinte. Au fil des mois qu’il avait passés à l’avant-poste, le grec avait développé, en dépit de la prudence à laquelle la raison l’exhortait en pareilles circonstances, un attachement sincère pour la jeune femme. Valérian l'avait rencontrée par l’intermédiaire de Maverick et, très vite, s’était pris d’affection pour ce brin de femme aux grands yeux candides. Enhardi par son expression de biche éperdue, il avait cherché à la prendre sous son aile… mais s’était rapidement heurté à un tempérament plus flamboyant qu’il n’y paraissait. Ce qui l’avait réjoui davantage encore. À partir de là, leur amitié avait grandi naturellement au fil des semaines, nourrie par des moments de franche camaraderie partagés au quotidien, mettant ainsi du baume au coeur au grec. D’une certaine façon, Nelly représentait pour lui un point d’ancrage au coeur d’une nuit sans étoiles.  
 
« J’ai pour mission d’être votre instructeur aujourd’hui, miss Lewis. » déclara-t-il tout à coup en adoptant une attitude faussement autoritaire. Il avait le torse bombé, les bras croisés dans le dos à la façon d'un inspecteur à l'affût... et un éclat espiègle dans le regard. « Je préfère vous prévenir : je serai intransigeant et n’attendrai pas moins de vous qu'un niveau d’excellence. J’ai eu l’autorisation de votre supérieur d’employer la manière forte pour faire entrer un quelconque enseignement dans votre crâne. Tout échec de votre part sera par conséquent sévèrement réprimandé d'une fessée... dans le plus simple appareil. »


ready for the fight
and fate


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Re: A time of quiet between the storms

Jeu 29 Aoû 2024 - 12:49

Le cauchemar n’est jamais le même, comme si son esprit s’ingéniait sans cesse à de nouveaux essais pour déterminer laquelle de ces représentations fantasmées seraient la plus proche de la réalité. Pleuvait-il, ce jour-là ? Y avait-il du monde, une foule pour le spectacle, où était-ce seulement le fait de deux dégénérés ? Etait-elle morte au moment où ils lui ont tranché la tête, ou ses yeux ont-ils lentement glissé sous les paupières alors que le cerveau, privé d’oxygène, fermait peu à peu toutes ses neurones ? Et après, est-ce que les rôdeurs sont venus pour…

A chaque fois le tableau mental rivalise de créativité. Mais jamais Nelly ne pourra le vérifier, le comparer avec la réalité, car de l’assassinat de sa sœur, elle n’en a que le récit. Et si les images de ces violences hantent les pauvres hères qui y sont confrontés, plus pénible encore est de devoir supporter l’imagination qui tourne, tourne en boucle pour essayer de devenir, avec horreur et fascination, comment les choses ont pu se dérouler. Et si enfin Nelly arrive à freiner ses ruminations, ce n’est que pour se faire surprendre au creux des draps par une terreur nocturne qui la réveille en un hurlement et vient ajouter une nouvelle idée à sa panoplie de reconstitutions morbides.

Aussi se pointe-t-elle ce matin-là avec des yeux cernés et une humeur passablement maussade, quoique d’ordinaire les interactions avec le Grec sont justement des échappatoires bienvenues dans son quotidien morose. Lui, au moins, il a de la conversation, pas comme ces brutes qui ne parlent que d’armes et qui ne connaîtraient même pas la différence entre art abstrait et art figuratif. Certes, Nelly a appris à se fondre dans le paysage, prenant pleinement conscience de ses racines bourgeoises et de sa déconnexion avec le commun des mortels, avant que tout n’explose et que la lutte des classes ne soit plus que la vague idée d’un esprit flâneur enterré six pieds sous terre. Avec Valérian, Nelly se retrouve plongée des années en arrière, lorsqu’elle côtoyait des esprits vifs, à la rédaction, ou à l’université. Cela lui fait un bien fou d’enfin discuter de choses stimulantes, et de ne plus avoir à prétendre être plus bête qu’elle en a l’air. Et quelque part, ça l’aide à lui changer les idées, à ignorer pour quelques instants les images qui tournent en boucle dans sa tête.

Cette complicité n’est pas passée inaperçue pour tous, et c’est avec gêne que Nelly subit les sourires en coin de certains les regardant passer ; elle remonte l’écharpe sur son nez. Qu’ils pensent ce qu’ils veulent. Quoiqu’il en soit, l’occasion est d’or : apprendre enfin à tirer. Bien trop consciente de sa carrure frêle, Nelly sait qu’une fois à l’extérieur, en cas de confrontation, elle ne pourra compter que sur son arme à feu, et il est donc plus que temps d’apprendre à s’en servir correctement. Sur ce point, Maverick a vu juste : le Grec, qui a déjà fait ses preuves malgré son arrivée récente dans le groupe, est le mieux placé pour lui apprendre les bases. « Et il a raison, car on a pas besoin de victimes, même si ce n’est que de la peinture. J’ai déjà tiré, oui. Mais je n’ai jamais appris à le faire correctement, » lui répond-elle en soupesant l’arme dans sa main, sentant déjà ses doigts s’engourdir sous l’effet du froid. « Et qu’est-ce qui me dit que tu es qualifié pour m’enseigner l’art des armes à feu ? » lui retourne-t-elle avec un air mutin et un brin moqueur, quoiqu’elle ne doute pas des compétences de Valérian - sinon, Maverick ne lui aurait pas confié cette mission.

Comme tout le monde, ou presque, elle a eu à tirer pour se défendre, mais jamais on n’a daigné la poster devant une cible pour s’entraîner. Pour viser correctement, le jour où sa vie serait en danger. Car, bon, au final, on s’en fichait un peu, si elle devait crever lorsque les choses tourneraient au vinaigre. En cela, les Snakes lui semblent différents. Maverick, lui semble différent. Parfois, Nelly se dit qu’il doit la voir comme une nièce, un peu. C’est étrange, venant d’un militaire aux apparences bourrues ; mais peut-être lui rappelle-t-elle quelqu’un de cher.

Si Nelly rit un instant à la pitrerie de son instructeur du jour, elle a plus de mal à garder un sourire authentique à sa dernière remarque. Elle connaît les penchants de Valérian pour la raillerie, osée parfois, mais les sous-entendus la crispent plus que de raison. Rallumant la mémoire corporelle de ce qu’elle a traversé avant d’attirer ici, dans cette enceinte où elle se sent en relative sécurité - mais toujours sur ses gardes, car elle a trop été trahie pour avoir la naïveté d’accorder sa pleine confiance à autrui. « Je vois que vous en brûlez d’envie, mais je ne compte pas vous en donner l’occasion, » répond-elle, jouant plus ou moins son jeu, avec un goût amer dans la bouche.

Elle arme le pistolet et le tend devant elle, tirant trois fois avec calme et patience, quoique sa main tremble - un restant de son irritation, peut-être. La première balle manque sa cible, mais elle ne laisse surtout pas le loisir à Valérian de lui adresser une quelconque remarque, enchaînant immédiatement avec un second tir, passablement réussi, puis un troisième pour lequel, non contente d’avoir raté l’objectif, Nelly se laisse surprend par le recul de l’arme qui lui tord le poignet. Elle gémit de douleur, se tenant la main estropiée, détournant le visage et baissant les yeux, ne pouvant s’empêcher de rougir de honte dans le creux de son écharpe. Si on ne lui a pas appris, jusque là, ce n’est peut-être pas juste parce qu’on n’a pas jugé utile de le faire. Peut-être est-elle vraiment une incapable, en termes de survie, n’ayant survécu jusque là que par hasard, par opportunité, comme une tique traverse la forêt sur le dos d’un loup.

Dés pour les tirs:


COLD-BLOODED
Nelly Lewis
Nelly Lewis
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