Ca lui fait un drôle d'effet, d'aviser le convoi prendre ses marques alors qu'elle avise Nick du coin de l'oeil, accueillir tout ce beau monde d'un sourire presque solaire. Secouant doucement la tête alors qu'elle termine de relire les notes qu'elle à pris au cours de la dernière leçon avec Filipa sur les poisons de la faune entourant Tacoma, refermant rapidement le carnet pour le glisser au sac à son épaule. Prête à disparaître de la sitôt que le monde afflue, soucieuse de retrouver le calme de l'intérieur du batîment. Et puis, il y à cet éclat de voix. Cette intonation bien spécifique, qu'elle aurait juré reconnaître entre milles malgré l'absence de vision sur celle qu'elle devine déjà comme une vieille amie.

Etait-ce seulement possible, après tout ce temps ? Pourtant, quand elle se détourne avec lenteur pour relever le regard, la silhouette d'Harper lui serait reconnaissable sans aucune hésitation, malgré le poids de l'absence. Assurément, elle avait repris du poids, et semblait en bien meilleure forme qu'au coeur du bidonville. Affublée d'une armure de cuir qui contrecarre drastiquement avec ses propres vêtements, alors qu'un sourire vient naître à ses lèvres à l'idée. Se rapprochant presque timidement de la rouquine, avant d'oser enfin demander ;

Tacoma te manquait tant que ça ? Et de voir son air surpris lui arrache un rire de bon coeur, lui laissant le temps de la re-situer. Il semblerait que tu ai retrouvé la bonne route, finalement ? Le convoi des Hallows n'avait pas vocation à être là pour faire joli, après tout.

Je dois dire que c'est libérateur, en un sens, de m'exiler un brin. À force de regarder Vi devenir complètement folle, je ne peux que le devenir moi aussi. Elle est enceinte jusqu'aux dents, et pourtant, tout ce qui lui importe est de retrouver ce type. Cet enfoiré, dont les mots sont encore et toujours gravés dans ma peau. Est-ce que je rage encore, par rapport à tout ça? Bien sûr que oui. J'ai l'impression qu'on me vole une partie de moi chaque fois que je pose les billes sur mes cicatrices. Mais peut-être que j'ai simplement besoin de lâcher prise. De le laisser derrière moi, avec le reste de mon passé. Je suis habituée, après tout - je n'ai pas eu le choix de faire la même chose avec les soldats du bidonville et les hommes d'Ackles.

Enfin, je suis un peu dans ma tête, quand on arrive à destination. Je dois revenir dans la réalité, sauf que mon sac tombe par terre, dans l'agitation de la petite foule qui se disperse doucement. « Pardon, je - c'est mon sac! » que je lâche en venant poser la main sur l'épaule d'un étranger, me dépêchant de récupérer ce qui est à moi en le remerciant d'un simple et bref regard. Mais ce que j'ose entendre ensuite me fige sur place. Cette voix que je pourrai à jamais reconnaître même dans le chaos le plus total. Je me retourne, pose mes prunelles noisette sur sa silhouette. « Phoebe - » Je le souffle sans hésitation - toujours incapable de bouger tant le choc est violent.

C'est son rire qui ose me réveiller, la regardant comme si j'avais vu un putain de fantôme - sauf qu'elle est bien là. À mon tour de rigoler, incrédule, quand la brune semble comprendre que j'ai enfin pu retrouver ma route. « Je - oui - » De là à pouvoir faire des phrases complètes, par contre, il faudra attendre quelques secondes de plus. Je pose mes deux mains à ses épaules, comme pour la rendre un peu plus réelle, détaillant ses traits avec émotion. Si je ne laisse pas les gens voir à travers moi, normalement, la nature de notre lien efface pourtant mes doutes. Ce que j'ai vécu avec elle, personne ne peut le comprendre - ou presque.

« Tu as l'air bien. » que je lâche doucement, mes mains remontant à ses traits dans un geste particulièrement prudent.

« Qu'est-ce que tu fais ici, enfin? »