Hope Serena Cooper.
Sam 31 Oct 2015 - 22:21
31 yo • AMERICAINE • SECRETAIRE • CENTURYFIELD
« Il fallait un brouillon avant le chef-d’œuvre. » ou « J'suis passé avant, et j't'ai rien laissé ».
C'était ce qu'on avait l'habitude de se dire avec mon frère, quand on était ado. Des méchancetés d'enfant qui ne peuvent pas accepter que leurs parents les aiment autant l'un que l'autre. Sauf que dans les faits, je crois qu'entre Daryl et moi, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. Aujourd'hui, ça me fait sourire. Mais ça n'a pas toujours été le cas, et nombre de fois je me suis retrouvée vexée par ses propos, nombre de fois j'ai éclaté de rage, à m'en rouler par terre comme une infâme gosse capricieuse qui ne pouvait admettre qu'on lui dise ces mots... La complicité que j'ai aujourd'hui avec mon frère tient du miracle. Mais quoiqu'on puisse en dire, c'est mon frangin, et ma dernière famille. C'est avec Daryl que je me suis faite, au moins les vingt premières années de ma vie. Daryl, qui m'a très souvent envoyé mes défauts à la figure pour me faire mal. Qui m'a trop souvent reproché mon comportement enfantin, à défaut de m'aider à mûrir, de me comporter comme une princesse exigeante devant ses petits sujets...
Je ne sais pas.
Aujourd'hui, je suis sans doute toujours cette infâme garce arrogante, bien incapable de mettre de l'ordre dans sa vie comme dans sa tête et qui n'a jamais été foutu de le faire, celle qui change d'humeur comme de chemises tous les trois minutes et qui ne lâche jamais le morceau même si elle a tort et qu'elle ne veut pas l'admettre... Je suis sans doute celle qui fait tout pour obtenir ce qu'elle veut, sauf que quand on sait que tout ce que je veux, c'est que mon frère et moi restions ensemble, comme une famille, les choses se mettent doucement en perspective. La vie implique trop souvent des sacrifices, les miens, je les ai fait sur ma personnalité. J'ai laissé de côté des choses pour revenir vers lui, et vers ma nièce, pour remettre les pièces ensemble en essayant que ça ait du sens.
Je me suis souvent montrée égoïste et individualiste, mais j'essaye de penser au pluriel et de relever le nez de mon petit nombril. A la mort des parents, les choses ont pris un autre tournant en fait... Je me suis montrée bien assez tôt survivaliste et indépendante, débrouillarde comme pas deux, mais j'ai souffert de ce départ soudain. Maman comprenait pas quand elle le pouvait encore, elle comprenait pas ce que faisait sa fille avec sa vie. J'ai suivi ma voie, même si elle ne convenait pas à ma famille, et je l'ai fait toute seule lorsqu'il ne restait que moi pour assumer. Mon existence a été surtout un patchwork un peu décousu de plusieurs instants, je n'ai jamais réussi à m'engager trop durablement quelque part, ou j'ai souvent fait les mauvais choix, et quand je regardais la vie de mon frère en parallèle, j'ai toujours eu l'impression d'avoir eu raison.
Je crois que le seul qui a eu mon coeur, c'est CM Punk.
Et ne rigolez pas, c'est vrai.
J'ai eu besoin d'un grand coup dans le coeur pour commencer à prendre des responsabilités, pour que tous mes atouts me servent enfin à quelque chose et que je puisse consciemment les exploiter. Être débrouillarde ne suffit pas toujours, et quand je me suis cassée la figure de mon piedestal, à la mort de papa et maman, j'ai compris qu'il fallait que je grandisse, que je ne pouvais plus être cette adolescente toujours en révolte contre le monde, et qu'on pouvait avoir besoin de moi. Je suis revenue à la ville que j'ai quitté, pour me rapprocher de ce qui me rester de mon enfance, et j'ai tenté de reconstruire un semblant d'existence.
Un nouveau départ.
Et à bien y regarder, ça nous a plutôt bien réussi jusqu'ici.
Pourvu que ça dure.
C'était ce qu'on avait l'habitude de se dire avec mon frère, quand on était ado. Des méchancetés d'enfant qui ne peuvent pas accepter que leurs parents les aiment autant l'un que l'autre. Sauf que dans les faits, je crois qu'entre Daryl et moi, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. Aujourd'hui, ça me fait sourire. Mais ça n'a pas toujours été le cas, et nombre de fois je me suis retrouvée vexée par ses propos, nombre de fois j'ai éclaté de rage, à m'en rouler par terre comme une infâme gosse capricieuse qui ne pouvait admettre qu'on lui dise ces mots... La complicité que j'ai aujourd'hui avec mon frère tient du miracle. Mais quoiqu'on puisse en dire, c'est mon frangin, et ma dernière famille. C'est avec Daryl que je me suis faite, au moins les vingt premières années de ma vie. Daryl, qui m'a très souvent envoyé mes défauts à la figure pour me faire mal. Qui m'a trop souvent reproché mon comportement enfantin, à défaut de m'aider à mûrir, de me comporter comme une princesse exigeante devant ses petits sujets...
Je ne sais pas.
Aujourd'hui, je suis sans doute toujours cette infâme garce arrogante, bien incapable de mettre de l'ordre dans sa vie comme dans sa tête et qui n'a jamais été foutu de le faire, celle qui change d'humeur comme de chemises tous les trois minutes et qui ne lâche jamais le morceau même si elle a tort et qu'elle ne veut pas l'admettre... Je suis sans doute celle qui fait tout pour obtenir ce qu'elle veut, sauf que quand on sait que tout ce que je veux, c'est que mon frère et moi restions ensemble, comme une famille, les choses se mettent doucement en perspective. La vie implique trop souvent des sacrifices, les miens, je les ai fait sur ma personnalité. J'ai laissé de côté des choses pour revenir vers lui, et vers ma nièce, pour remettre les pièces ensemble en essayant que ça ait du sens.
Je me suis souvent montrée égoïste et individualiste, mais j'essaye de penser au pluriel et de relever le nez de mon petit nombril. A la mort des parents, les choses ont pris un autre tournant en fait... Je me suis montrée bien assez tôt survivaliste et indépendante, débrouillarde comme pas deux, mais j'ai souffert de ce départ soudain. Maman comprenait pas quand elle le pouvait encore, elle comprenait pas ce que faisait sa fille avec sa vie. J'ai suivi ma voie, même si elle ne convenait pas à ma famille, et je l'ai fait toute seule lorsqu'il ne restait que moi pour assumer. Mon existence a été surtout un patchwork un peu décousu de plusieurs instants, je n'ai jamais réussi à m'engager trop durablement quelque part, ou j'ai souvent fait les mauvais choix, et quand je regardais la vie de mon frère en parallèle, j'ai toujours eu l'impression d'avoir eu raison.
Je crois que le seul qui a eu mon coeur, c'est CM Punk.
Et ne rigolez pas, c'est vrai.
J'ai eu besoin d'un grand coup dans le coeur pour commencer à prendre des responsabilités, pour que tous mes atouts me servent enfin à quelque chose et que je puisse consciemment les exploiter. Être débrouillarde ne suffit pas toujours, et quand je me suis cassée la figure de mon piedestal, à la mort de papa et maman, j'ai compris qu'il fallait que je grandisse, que je ne pouvais plus être cette adolescente toujours en révolte contre le monde, et qu'on pouvait avoir besoin de moi. Je suis revenue à la ville que j'ai quitté, pour me rapprocher de ce qui me rester de mon enfance, et j'ai tenté de reconstruire un semblant d'existence.
Un nouveau départ.
Et à bien y regarder, ça nous a plutôt bien réussi jusqu'ici.
Pourvu que ça dure.
Un petit mètre soixante à peine dépassé, pour une cinquantaine de kilos, les plusieurs journées de deuil m'ont aidé à perdre du poids, et ma courbe varie selon l'humeur et les activités. J'ai toujours été menu, je suis devenue un peu maigrichonne à force... J'aime les beaux habits, et mon compte en banque n'arrête pas de me dire que ce n'est pas une bonne chose. Pourtant, il n'y a rien de mal à vouloir se sentir jolie. Les cheveux longs et bruns, toujours beaux et soyeux, j'ai toujours eu l'habitude d'être propre sur moi et soignée, rapport au boulot, si je ne suis maintenant plus tout à fait du style à me la raconter comme une gravure de mode, je ne suis pas non plus à plaindre et je prends soin de moi avec les moyens du bord.
Je suis née le 1er février. J'étais une enfant attendue et désirée. Après six ans coincés en tête à tête avec Daryl, mes vieux se sont dits qu'en avoir un autre serait pas une si mauvaise idée. Du coup, voilà. Si je devais vous peindre le portrait de chez nous, je crois que le stéréotype de la famille parfaite américaine est plutôt parlant. Papa, maman, deux enfants (un garçon et une fille), un chien et un pavillon à l'orée de la ville, le break familiale... Bref, un tableau que beaucoup connaissent. Il ne s'est jamais rien passé de marquant durant cette période. Mon père était un type fabuleusement normal, ma mère une femme au foyer dévouée à ses enfants, mon frère un sale con et tous les cinq matins un type bien... Le seul drame qui a pu éventuellement nous toucher, c'est la mort de notre poisson rouge à mes quatre ans. L'un des moments les plus tristes de mon enfance. Rien, comparé à aujourd'hui.
L'adolescence, par contre, c'était une autre paire de manche. Si j'ai été une gamine adorable, j'ai eu de la ressource pour me montrer parfaitement détestable... Une harpie avec Daryl pour lui faire payer les crasses qu'il me faisait, une furie avec mes parents, et du genre à envoyer bouler la terre entière pour des trahisons imaginaires. Mes enseignants me détestaient, j'avais des amis in mais chiants, j'étais plutôt du genre solitaire dans ma tête et pas du tout à vouloir m'investir où que ce soit. Du coup, les cours sont passés à la trappe, et j'étais bien plus intéressée par les soirées qu'on faisait entre copains. Quand tu ajoutes à ça que le lycée est une période bien ingrate pour des adolescents qui se cherchent, tu vois un tableau d'ensemble un peu dégueulasse. J'ai été ingrate. Souvent. et du genre bagarreuse en plus, qui ne supportait pas qu'on lui tienne tête. Là-dessus, y'avait que mon frangin pour me surpasser. Bref, des colles, j'en ai fait, je crois que j'ai mieux connu cette salle de retenue que quiconque. Mais j'ai jamais été jusqu'à me faire mettre dehors, au plus grand soulagement de mes parents. Et à la maison, les choses se résumaient à des grands silences lorsqu'on était en famille, et des hurlements stridents entre nos chambres, à Daryl et moi. Y'avait heureusement Kate pour m'aider à me changer les idées. On vivait les mêmes choses, sauf qu'elle avait quatre exemplaires d'un Daryl moyen dans sa piaule, autant dire qu'elle avait ce qu'il fallait pour me tenir. Et cette nana, je la connais depuis trop longtemps pour m'en souvenir. C'est de loin ma meilleure et surtout ma seule amie.
Enfin, arriva le moment où Daryl quitta la maison, puis vint mon tour. Le frangin avait rapidement trouvé un job, même une petite amie plutôt sympa avec qui il commençait à faire sa vie. Pour moi, les parents étaient un peu plus inquiets. Je ne me distinguais pas des autres, mise à part pour faire des conneries, ou pour ne rien faire, je n'étais pas plus intelligente qu'un autre, bien loin de ces grosses têtes qui allaient à l'université... Bref, si les vieux étaient prêts à me payer des études très coûteuses pour que je fasse quelque chose de mon existence, j'ai plutôt décidé de mettre les voiles et de choisir ma voie sur le tas.
En fait, au début, je me suis tirée de Seattle et sa banlieue pour entamer un road trip, y'avait Kate avec moi qui avait autant besoin de prendre ses distances. Sauf qu'arrivait à Chicago, la voiture tomba en panne et plus assez de thune pour payer des réparations. On s'est terrées dans un bar et j'ai dégoté un job sur un gros coup de bol, en passant la soirée puis la nuit avec un avocat de la ville. Un type plus âgé qui entendait savouré un petit moment intime, jusqu'à ce que je me rende compte qu'il était marié. En fait, ça s'est terminé entre quatre yeux avec un odieux chantage : "T'as une femme, j'ai besoin d'un job. Si tu m'en trouves un pas ingrat, je fermerais ma gueule". Monsieur tenait assez à sa chère et tendre pour me proposer un emploi de secrétaire dans son cabinet d'avocat, puis, c'était la première fois qu'il faisait "ça" avec une autre que sa nana. L'a fallut que je fasse des efforts, mais c'était cool. Et on a même continué avec Monsieur à se fréquenter le caleçon pendant quelques années.
Bref, ma vie a commencé un peu comme ça, avec un job qui payait le loyer, Monsieur qui me faisait sentir femme sans me demander en mariage, Kate comme colocataire et des journées bien remplies où j'oubliais de penser. Un seul rituel : les soirées pyjamas crèmes glacés sur-maquillées devant des matchs de catch à la télévision avec la copine. Le grand n'importe quoi ! Mais un moyen sûr de décompressé face à tous ces connards en cravates. Les seules moments fixes dans ce bordel, c'était Thanksgiving et Noël en famille, les coups de fils aux anniversaires, et basta. Si j'étais indépendante, ça n'était souvent pas génial à voir. Jusqu'à mes trente ans, on peut dire que j'ai su profiter de ce qu'on me donnait. J'ai bien tenté de me caser, sans y parvenir, vu mon rythme de vie convenait jamais pour rien. Et c'était toujours plus facile de profiter de Monsieur quand on avait le temps. Pour avoir une famille, un mari, pour avoir des enfants : Non merci... Sûr, ça inquiétait beaucoup maman, qui me tannait tout le temps pour que je lui ramène un copain. Et qui à côté, me parlait de Daryl, de sa merveilleuse femme qu'a fini par se barrer pour un autre plus friqué, de son adorable petite fille qui faisait d'elle une grand mère comblée. Et j'avais beau lui répéter que penser à être mère me donner de l'urticaire, elle ne voulait rien savoir.
Dans les faits, je me voyais pas faire autre chose. J'avais une vie. Presque chouette. Mon patron était peut-être mon amant et le boulot pas toujours folklo, il y avait mieux à faire... Mais j'avais accès à des trucs chouettes, je rencontrais du beau monde, et je gérais l'emploi du temps d'un homme bien placé... En sortant du lycée et en me tirant de Seattle, ça avait été pour moi une sorte de libération. Je n'avais pas besoin de prendre des engagements, je n'avais de compte à rendre à personne. J'étais bonne dans mon job. Alors, certes, je courrais partout et je n'avais pas beaucoup de temps pour moi... Mais la petite vie rangée de Daryl me faisait surtout froid dans le dos. J'étais pas prête à abandonner le p'tit truc sympa pour une zone de floue et d'incertitudes. Pourquoi se passer la corde au cou quand on peut brûler la mèche par les deux bouts ? Ça a été le sujet de grandes discussions lors des repas de Noël, pour sûr. « Pourquoi tu te poses pas, Hope ? », « quand est-ce que tu nous présentes ton copain ? », ou encore « avoir quelqu'un pour te soutenir, c'est une bonne chose »... Un charabia qui sonnait creux. Très peu pour moi...
Enfin...
Jusqu'à l'appel de Daryl, en plein été.
Pour me ramener à Seattle, parce que les parents s'étaient faits emplafonner par un camion au retour d'une séance de cinéma. J'ai eu du mal à y croire, à réaliser. Dans ma tête, ce n'était pas possible, et je n'étais pas sûre de me faire réellement à cette idée saugrenue... Monsieur m'a envoyé là-bas sans trop broncher, un peu triste et désolé, à croire qu'il éprouvait de l'affection pour moi. Kate m'a déposé à l'aéroport en s'inquiétant pour moi. Devoir remettre les pieds à Seattle a été étrange. On s'est retrouvé, avec le frangin, dans la maison familiale. Son ex-femme et ma nièce se sont pointées aussi, pour nous soutenir. Cette grande bâtisse, vidée de ses habitants, avec deux fantômes à l'intérieur qui ne se connaissaient pas... Des silences pesants et des discussions creuses sur nos existences, à se regarder en se disant « comment on va bien pouvoir se revoir sans papa ou maman ? »...
J'ai pris la décision de revenir m'installer dans la même ville que lui. Retour au source. Il fallait que je vide mon appartement et pose ma démission, mais ça restait du détail. Juste le temps d'un détour. Ou plus ?
Mais faut croire que le monde avait déjà la réponse à cette question.
L'adolescence, par contre, c'était une autre paire de manche. Si j'ai été une gamine adorable, j'ai eu de la ressource pour me montrer parfaitement détestable... Une harpie avec Daryl pour lui faire payer les crasses qu'il me faisait, une furie avec mes parents, et du genre à envoyer bouler la terre entière pour des trahisons imaginaires. Mes enseignants me détestaient, j'avais des amis in mais chiants, j'étais plutôt du genre solitaire dans ma tête et pas du tout à vouloir m'investir où que ce soit. Du coup, les cours sont passés à la trappe, et j'étais bien plus intéressée par les soirées qu'on faisait entre copains. Quand tu ajoutes à ça que le lycée est une période bien ingrate pour des adolescents qui se cherchent, tu vois un tableau d'ensemble un peu dégueulasse. J'ai été ingrate. Souvent. et du genre bagarreuse en plus, qui ne supportait pas qu'on lui tienne tête. Là-dessus, y'avait que mon frangin pour me surpasser. Bref, des colles, j'en ai fait, je crois que j'ai mieux connu cette salle de retenue que quiconque. Mais j'ai jamais été jusqu'à me faire mettre dehors, au plus grand soulagement de mes parents. Et à la maison, les choses se résumaient à des grands silences lorsqu'on était en famille, et des hurlements stridents entre nos chambres, à Daryl et moi. Y'avait heureusement Kate pour m'aider à me changer les idées. On vivait les mêmes choses, sauf qu'elle avait quatre exemplaires d'un Daryl moyen dans sa piaule, autant dire qu'elle avait ce qu'il fallait pour me tenir. Et cette nana, je la connais depuis trop longtemps pour m'en souvenir. C'est de loin ma meilleure et surtout ma seule amie.
Enfin, arriva le moment où Daryl quitta la maison, puis vint mon tour. Le frangin avait rapidement trouvé un job, même une petite amie plutôt sympa avec qui il commençait à faire sa vie. Pour moi, les parents étaient un peu plus inquiets. Je ne me distinguais pas des autres, mise à part pour faire des conneries, ou pour ne rien faire, je n'étais pas plus intelligente qu'un autre, bien loin de ces grosses têtes qui allaient à l'université... Bref, si les vieux étaient prêts à me payer des études très coûteuses pour que je fasse quelque chose de mon existence, j'ai plutôt décidé de mettre les voiles et de choisir ma voie sur le tas.
En fait, au début, je me suis tirée de Seattle et sa banlieue pour entamer un road trip, y'avait Kate avec moi qui avait autant besoin de prendre ses distances. Sauf qu'arrivait à Chicago, la voiture tomba en panne et plus assez de thune pour payer des réparations. On s'est terrées dans un bar et j'ai dégoté un job sur un gros coup de bol, en passant la soirée puis la nuit avec un avocat de la ville. Un type plus âgé qui entendait savouré un petit moment intime, jusqu'à ce que je me rende compte qu'il était marié. En fait, ça s'est terminé entre quatre yeux avec un odieux chantage : "T'as une femme, j'ai besoin d'un job. Si tu m'en trouves un pas ingrat, je fermerais ma gueule". Monsieur tenait assez à sa chère et tendre pour me proposer un emploi de secrétaire dans son cabinet d'avocat, puis, c'était la première fois qu'il faisait "ça" avec une autre que sa nana. L'a fallut que je fasse des efforts, mais c'était cool. Et on a même continué avec Monsieur à se fréquenter le caleçon pendant quelques années.
Bref, ma vie a commencé un peu comme ça, avec un job qui payait le loyer, Monsieur qui me faisait sentir femme sans me demander en mariage, Kate comme colocataire et des journées bien remplies où j'oubliais de penser. Un seul rituel : les soirées pyjamas crèmes glacés sur-maquillées devant des matchs de catch à la télévision avec la copine. Le grand n'importe quoi ! Mais un moyen sûr de décompressé face à tous ces connards en cravates. Les seules moments fixes dans ce bordel, c'était Thanksgiving et Noël en famille, les coups de fils aux anniversaires, et basta. Si j'étais indépendante, ça n'était souvent pas génial à voir. Jusqu'à mes trente ans, on peut dire que j'ai su profiter de ce qu'on me donnait. J'ai bien tenté de me caser, sans y parvenir, vu mon rythme de vie convenait jamais pour rien. Et c'était toujours plus facile de profiter de Monsieur quand on avait le temps. Pour avoir une famille, un mari, pour avoir des enfants : Non merci... Sûr, ça inquiétait beaucoup maman, qui me tannait tout le temps pour que je lui ramène un copain. Et qui à côté, me parlait de Daryl, de sa merveilleuse femme qu'a fini par se barrer pour un autre plus friqué, de son adorable petite fille qui faisait d'elle une grand mère comblée. Et j'avais beau lui répéter que penser à être mère me donner de l'urticaire, elle ne voulait rien savoir.
Dans les faits, je me voyais pas faire autre chose. J'avais une vie. Presque chouette. Mon patron était peut-être mon amant et le boulot pas toujours folklo, il y avait mieux à faire... Mais j'avais accès à des trucs chouettes, je rencontrais du beau monde, et je gérais l'emploi du temps d'un homme bien placé... En sortant du lycée et en me tirant de Seattle, ça avait été pour moi une sorte de libération. Je n'avais pas besoin de prendre des engagements, je n'avais de compte à rendre à personne. J'étais bonne dans mon job. Alors, certes, je courrais partout et je n'avais pas beaucoup de temps pour moi... Mais la petite vie rangée de Daryl me faisait surtout froid dans le dos. J'étais pas prête à abandonner le p'tit truc sympa pour une zone de floue et d'incertitudes. Pourquoi se passer la corde au cou quand on peut brûler la mèche par les deux bouts ? Ça a été le sujet de grandes discussions lors des repas de Noël, pour sûr. « Pourquoi tu te poses pas, Hope ? », « quand est-ce que tu nous présentes ton copain ? », ou encore « avoir quelqu'un pour te soutenir, c'est une bonne chose »... Un charabia qui sonnait creux. Très peu pour moi...
Enfin...
Jusqu'à l'appel de Daryl, en plein été.
Pour me ramener à Seattle, parce que les parents s'étaient faits emplafonner par un camion au retour d'une séance de cinéma. J'ai eu du mal à y croire, à réaliser. Dans ma tête, ce n'était pas possible, et je n'étais pas sûre de me faire réellement à cette idée saugrenue... Monsieur m'a envoyé là-bas sans trop broncher, un peu triste et désolé, à croire qu'il éprouvait de l'affection pour moi. Kate m'a déposé à l'aéroport en s'inquiétant pour moi. Devoir remettre les pieds à Seattle a été étrange. On s'est retrouvé, avec le frangin, dans la maison familiale. Son ex-femme et ma nièce se sont pointées aussi, pour nous soutenir. Cette grande bâtisse, vidée de ses habitants, avec deux fantômes à l'intérieur qui ne se connaissaient pas... Des silences pesants et des discussions creuses sur nos existences, à se regarder en se disant « comment on va bien pouvoir se revoir sans papa ou maman ? »...
J'ai pris la décision de revenir m'installer dans la même ville que lui. Retour au source. Il fallait que je vide mon appartement et pose ma démission, mais ça restait du détail. Juste le temps d'un détour. Ou plus ?
Mais faut croire que le monde avait déjà la réponse à cette question.
Je me suis retrouvée coincée à Chicago, dans mon appartement, avec Kate. Le temps de faire des cartons sans reprendre la direction de Seattle tout de suite, histoire de dire au revoir aux gens que je connaissais là-bas. Daryl était au courant, et parfaitement d'accord avec ça. Il me disait de prendre mon temps, mais de faire attention. De passer le bonjour à Kate aussi, qu'on allait pas revoir avant un moment parce qu'elle avait quelques obligations à régler avant de pouvoir revenir sur Seattle.
Ça m'a permis de me changer les idées.
Ça a permis au monde de changer tout court.
En quelques semaines, les informations se sont mises à cracher les mêmes insanités. On est passés des disparitions et des agressions à des mouvements de population, à l'apparition de l'armée dans notre quotidien. A l'apparition d'un virus extrêmement violent qui a changé notre quotidien. J'ai repoussé mon départ pour Seattle de quelques jours encore, et Daryl me disait que la ville n'était pas au mieux de toute façon. Qu'eux aussi avaient les mêmes problèmes, que c'était intenable.
Sauf que Chicago est tombé, très vite. Trop vite. En à peine quelques jours, la situation est passée de « sous contrôle » à « ingérable ». On s'est terrées dans notre appartement avec Kate, en restant sur nos réserves, en observant la rue de notre abri sécurisé à la va-vite. A nous demander de comment la situation était passée de « pas terrible » à « complètement merdique ». Mes derniers mots avec mon frère ont été de se retrouver au Centuryfield quand j'aurais réussi à quitter Chicago.
Que je devais quitter Chicago, qu'importait la manière.
Le soir même, on s'est décidées avec Kate à mettre les voiles, c'était plus gérable. On a préparé un sac de voyage, et on s'est grouillées d'aller jusqu'à notre voiture. Le temps de charger les sièges arrière avec nos affaires, des gens nous approchaient, et ils n'étaient pas comme nous. Pas vivant. On a pas attendu d'en savoir plus. Kate a pris le volant et on s'est tiré le plus vite possible. On est passé par les petites rues, sans pouvoir relever le pied de l'accélérateur. Fallait pas qu'on s'arrête, jamais.
Et on a eu un mal fou à s'en sortir. Quand on a réussi à prendre le large, et nos distances, c'était pour prendre la direction de Seattle et jamais dévier du trajet. Et nous rendre jusqu'à là-bas n'a pas été une partie de plaisir : Les cinq cents premiers kilomètres sont passés relativement vite, mais à la fin de notre premier plein d'essence, les choses se sont corsées. On a fini par dévier des grands axes, récupérer les pleins d'autres voitures abandonnées, vivant au jour le jour, en s'arrêtant assez souvent pour camper ou en trouvant des motels miteux. La solidarité a été le mot d'ordre, un peu comme le covoiturage pas toujours évident...
Mais on a réussi à atteindre la banlieue. Au bout de quasiment trois semaines éprouvantes.
Direction Centuryfield.
Ça m'a permis de me changer les idées.
Ça a permis au monde de changer tout court.
En quelques semaines, les informations se sont mises à cracher les mêmes insanités. On est passés des disparitions et des agressions à des mouvements de population, à l'apparition de l'armée dans notre quotidien. A l'apparition d'un virus extrêmement violent qui a changé notre quotidien. J'ai repoussé mon départ pour Seattle de quelques jours encore, et Daryl me disait que la ville n'était pas au mieux de toute façon. Qu'eux aussi avaient les mêmes problèmes, que c'était intenable.
Sauf que Chicago est tombé, très vite. Trop vite. En à peine quelques jours, la situation est passée de « sous contrôle » à « ingérable ». On s'est terrées dans notre appartement avec Kate, en restant sur nos réserves, en observant la rue de notre abri sécurisé à la va-vite. A nous demander de comment la situation était passée de « pas terrible » à « complètement merdique ». Mes derniers mots avec mon frère ont été de se retrouver au Centuryfield quand j'aurais réussi à quitter Chicago.
Que je devais quitter Chicago, qu'importait la manière.
Le soir même, on s'est décidées avec Kate à mettre les voiles, c'était plus gérable. On a préparé un sac de voyage, et on s'est grouillées d'aller jusqu'à notre voiture. Le temps de charger les sièges arrière avec nos affaires, des gens nous approchaient, et ils n'étaient pas comme nous. Pas vivant. On a pas attendu d'en savoir plus. Kate a pris le volant et on s'est tiré le plus vite possible. On est passé par les petites rues, sans pouvoir relever le pied de l'accélérateur. Fallait pas qu'on s'arrête, jamais.
Et on a eu un mal fou à s'en sortir. Quand on a réussi à prendre le large, et nos distances, c'était pour prendre la direction de Seattle et jamais dévier du trajet. Et nous rendre jusqu'à là-bas n'a pas été une partie de plaisir : Les cinq cents premiers kilomètres sont passés relativement vite, mais à la fin de notre premier plein d'essence, les choses se sont corsées. On a fini par dévier des grands axes, récupérer les pleins d'autres voitures abandonnées, vivant au jour le jour, en s'arrêtant assez souvent pour camper ou en trouvant des motels miteux. La solidarité a été le mot d'ordre, un peu comme le covoiturage pas toujours évident...
Mais on a réussi à atteindre la banlieue. Au bout de quasiment trois semaines éprouvantes.
Direction Centuryfield.
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