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Arthur - Chroniques.

Dim 1 Nov 2015 - 17:01


Arthur E. McLeod
   
42ans •Américain •  Chanteur-musicien / Sergent de l'US army• /


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Tire, putain !! - Juin 2006, Quelque part en Afghanistan...

Lun 7 Mar 2016 - 8:50

Tire, putain !! - Juin 2006, Quelque part en Afghanistan...



La guerre, dans toute son horreur. Je pensais savoir à quoi m'attendre, mais j'avais tort. Lorsque je suis entré dans l'armée, lorsque j'ai signé des papiers, lorsque je suis arrivé ici même, j'ignorais absolument tout du vrai visage de la guerre. Aujourd'hui.. Je le sais.
Depuis un mois, il ne s'agit plus de veiller sur une ville et ses habitants, comme je l'ai toujours fait. La situation est totalement merdique. Nous avons le droit à une rébellion. Des civils se sont joints au résistants, aux terroristes, aux salopards.. peu importe comment on les appelle. Ces gens sont impitoyables, et n'hésitent pas à s'faire sauter la gueule si ça peut faire une victime dans nos rangs. A la base, on nous a parlé d'un accident de camion qui aurait mal tourné.. Mouais. Je suis certain qu'il y a bien plus que ça. Vu le comportement de certains des nôtres, qui se prennent pour des conquérants, c'était évident qu'un jour... ça allait se remettre à péter sévèrement.

L'US Army est envoyée au front. Notre mission est de trouver et d'éliminer plusieurs camps rebelles. Et nous venons tout juste d'en trouver un, grâce à nos renseignements. Notre section est envoyée au combat. Nous sommes près de cinquante soldats, appuyés par deux hélicoptères d'assaut, et trois blindés légers. Ils ne nous ont pas envoyés pour rigoler.. C'est ce que j'essaye de faire comprendre à mon escouade. J'suis le sergent McLeod, c'est à moi de motiver mes soldats..


" Okay les mecs. Cette fois c'est pas pour déconner. On va pas se contenter d'être là et de se balader avec nos m4 et nos humvees. Les ordres sont clairs : élimination de la menace. Ils veulent qu'on leur foute assez fort sur la gueule pour qu'on fasse saigner leurs mémés.. Alors on va le faire. Je sais que c'est la première mission pour certains d'entre vous. Je sais que d'autres devaient être au pays et que c'est à cause de ces putains d'enfoirés que c'est pas le cas..

- Ouais Smiley, on devait être au pays à aller se boire des putains de bières devant un putain de match de foot, merde !

Je regarde caramel, mon meilleur ami, ce mec de mon escouade sans qui je ne sortirai même pas. Je lui souris légèrement, haussant les sourcils sous mon casque.

... Putain c'est clair ça.. Vous savez quoi ? On va leur en donner un, de match. On va leur montrer comment on récupère nos miles. Préparez vous ! Soyez efficace, et cassons leur la gu...

Boom. Ca me cloue carrément le bec, ça. Le problème quand on se bat sur la terre de nos ennemis, c'est qu'ils la connaissent parfaitement. Ils savent où se planquer, ils savent par où on va passer. Ils savent, et nous, même avec un siècle de technologie d'avance, on ne voit rien. Boom.. C'est le bruit que fait une roquette de RPG qui explose un Humvee. Celui qui était derrière nous... Je fixe caramel dans les yeux. Lui et moi, nous savons que cette journée va marquer nos âmes au fer rouge, à jamais. Davis, le soldat sur la tourelle, mitraille dans la direction du tir ennemi, jusqu'à gueuler que la cible est abattue. Ces cibles ne sont jamais seules.. hélas. J'entend les balles ricocher contre les plaques de métal qui composent notre véhicule. Les snipers s'en prennent à notre tireur.. Quel rôle de merde, pas vrai ? Toujours le premier à se faire ouvrir. Heureusement pour lui, l'ennemi tire de trop loin pour assurer la touche avec leurs dragunov.

La radio se met à hurler. Morts confirmés. Véhicule totalement explosé. Nous sommes à deux, peut être trois kilomètres de la cible. Les infos des hélicos arrivent, d'autres RPG sont confirmés, planqué dans les hauteurs surplombant notre route. Goulet de la mort..
L'ordre est donné, on s'arrête ici et on se fout à couvert pour engager le combat.


DEHORS ET LOIN DU HUMVEE ! VOUS VOUS PLANQUEZ DERRIÈRE UN ROCHER OU QUE SAIS JE ET VOUS ATTENDEZ AVANT D'ENGAGER !

Je hurle les ordres, et nous quittons le humvee sans demander notre reste. Nous vérifions tous nos armes. Je retire le viseur laser qui devait me servir de point de mire, pour y installer rapidement une lunette acog. Le combat aura lieu à longue distance.
La radio hurle encore. Mouvements ennemis confirmés depuis leur camp.. Ils arrivent. Ils sont plus que nous, entassé dans des jeep, brandissant leurs armes pour confirmer leur envie de tâcher leur sol de notre sang. Embuscade.. Les renseignements ont dû être relayés par des habitants.. Putain, on ne sait même pas quel visage a l'ennemi..

Nos deux hélico balayent la zone avec leur mitrailleuses lourdes. Ils ne peuvent pas approcher du camp sans s'offrir aux tirs mortels ennemis.. Le vacarme des tirs retentit et nous saisit les tripes. Putain.. C'est réel. On y est, en plein dedans.. Mon escouade et moi sommes planqués derrière de hauts rochers, nous cachant à la vue des snipers sur les hauteurs. Mais ils sont partout. Je vois un reflet, de l'autre côté. Ce reflet là.. C'en est un ! Il vise vers nous, alors j'empoigne Davis et le cloue au sol. Deux tirs retentissent, je les entends parfaitement malgré les hélicos. Les deux balles s'écrasent dans la roche, sifflant au dessus de nous.


SNIPER ! A SIX HEURE !!

Nous nous déployons, fonçant vers l'arrière en zig zag pour tromper les tireurs. Une deuxième roquette vole vers nos véhicules, mais manque sa cible.. Une chance pour nous, ces mecs restent bien peu efficaces. Je surveille l'endroit depuis lequel le sniper nous allume, vérifiant sans cesse dans ma lunette sa présence. Il se planque pour l'instant.. Je le cherche, à gauche, à droite, certain qu'il change simplement de position. Pourtant non. Je le vois se redresser et pointer son fusil vers nous. Il n'a pas le temps de tirer. Deux tirs de ma part. Je l'ai eu du premier, en pleine tête. Le second n'était là que pour assurer la suppression et l'obliger à rester planqué le temps d'arriver près de lui, s'il n'était pas mort. C'est ce qu'on nous apprend, à l'école de l'armée.. Je viens de tuer un homme, un inconnu. C'était lui ou nous..

CIBLE ABATTUE ! ON EN RESTE PAS LÀ ! ON PASSE DERRIÈRE ET ON GRIMPE SUR LES HAUTEURS POUR LES ENGAGER À MI DISTANCE ! SI ON Y ARRIVE ILS SONT CUITS ET ON LEUR RETOURNE LEUR EMBUSCADE DANS LA GUEULE ! UNE AUTRE ESCOUADE VA NETTOYER L'AUTRE FLANC ! ON VA SE LES FAIRE CES ENFOIRÉS !

Je hurle pour relayer les ordres de la radio. Je ne suis plus moi même.. Je suis le soldat, le roc. Il le faut si on veut tous s'en sortir.. Les hélicos continuent de mettre la pression sur les tireur embusqués, les empêchant au mieux de pouvoir nous aligner comme du gibier. Nous pouvons progresser rapidement. Grimper ces putains de hauteurs, avec la chaleur, la soif et la trouille n'est pas chose aisée, malgré l'adrénaline... Mais nous le faisons, sans broncher, comme de bons petits soldats, prêts à mettre nos vies en danger. Nous y sommes presque. Je suis a bout de souffle, mais je n'ai pas trois secondes pour le reprendre. Planqués derrière ce que l'endroit nous offre comme protection, nous tirons tous trois fois. Tir de suppression encore. On fonce ensuite et.. Pan. Davis s'écroule au sol comme une marionnette à qui l'on vient de couper les fils. Une brume de sang s'est élevée dans l'air.. Je la regarde, fixement, laissant ce quart de seconde durer une éternité. Je n'entend plus que ma lourde respiration qui expire. Mon coeur loup un battement.

Puis vient ce réflexe. Viser. Identifier. Engager. Cinq tirs sortent de mon arme. Deux morts.. Et je ne ressens rien. Je me rue sur Davis pour le traîner à couvert. Je le retourne ensuite sur le dos, giflant sa joue pour le maintenir avec moi


MEDIIIIIIIIIC.. !

Il est bien trop tard. Le gamin s'est mangé la balle en pleine gorge. Il me fixe droit dans les yeux, pâle comme l'hiver. Ses lèvres remuent, pourtant il ne dit rien. Il n'y arrive pas.. Seul cet horrible gargouillis parvient à s'élever jusqu'à mes oreilles. Je le regarde, moi aussi. Je ne lâche pas ses yeux. Sa main empoigne mon épaule, de toute la force qu'il lui reste, et moi je saisis son poignet. Je veux qu'il reste avec moi. Je ne veux pas le perdre, et pourtant, la vie glisse hors de son regard. Il tremble, son visage et ses mains.. Je le sens partir. Après ces trois secondes de fraternité, ses yeux quittent les miens, et se plongent dans l'immensité du ciel. Ses lèvres sont immobiles. Je ne sens plus aucune force dans son bras.. Quand je le lâche, il s'effondre lamentablement au sol. Davis est mort. Il avait 19 ans. Le medic arrive enfin, pour constater à son tour que c'est hélas bel et bien fini pour lui. Je me redresse, l'épaule et les mains tâchées du sang de Davis. Nous avons une bataille à remporter.. Je ne peux pas abandonner les miens en me laissant emporter par mes émotions.

... ON CONTINUE. DAVIS EST MORT.. ON REVIENDRA LE CHERCHER. VILLA, TU RESTES ICI, TU NOUS COUVRE. CARAMEL ET HARD, AVEC MOI ! GO !

Des ordres. Des responsabilités. Nous sommes trois encore. Le chef d'escouade, moi. Le soutien, Caramel. Le medic, Hard. Villa est le tireur d'élite, et sa position actuelle lui permet de veiller sur nous. Un des deux hélicos passe au dessus de nous, et revient immédiatement sur nos ennemis. Il les arrose. Les tirs soulèvent la poussière, qui masque notre avancée. Nous sommes à mi distance.. Je donne les ordres avec les bras. L'un à gauche, l'autre à droite. Je reste au milieu. L'arme en joue, nous avançons lentement mais sûrement à travers la poussière. Mon arme est réglée en rafale. Une ombre surgit, et s'écroule dès que je presse la détente. Une autre tombe sous le grondement de la m60 de Caramel. Nous sommes dans le nid des embusqués.. Ils sont là. A couvert un instant, je fixe la baïonnette sur mon arme. J'avance ensuite, tirant encore sur une ombre assez proche. Deux tireurs nous allument à l'aveugle.. Et ne touchent rien. Hard abat l'un d'eux. Je fonce hors de la poussière et tombe nez à nez avec le dernier. Je le met en joue, lui aussi. Nos regards se fixent, lourds, les yeux grands ouverts. Il ne s'agit que d'un gamin. Un pauvre ado, d'une quinzaine d'année. Il tient sa vieille AK 47 d'une manière qui prouve son manque d'expérience et d'assurance. Il a peur.. Je le tiens devant moi. Il ne fera plus rien, je le sais. Que dois je faire ? Le laisser en vie ? La lui ôter ?

LACHE TON ARME ! PUTAIN LACHE TON ARME ENFOIRÉ ! M'OBLIGE PAS À TE BUTER ! J'AI PAS ENVIE DE LE FAIRE MAIS JE LE FERAI BORDEL ! LACHE TON ARME MERDE !

ARTHUR!! TIRE PUTAIN !

Et là, ses paupières se plissent. Ses lèvres laissent échapper un murmure, que je devine distinctement. Son visage se ferme, comme si la peur s'était envolée. Il va tirer. Il va me tuer. Cette réalité me tombe dessus, comme si c'était le monde entier qui prenait appuis sur mes épaules. Ce gosse est mon ennemi, et c'est lui ou moi.. Je n'ai jamais voulu ça...
Mon doigt presse la détente. Le gamin est projeté sous la force des trois balles qui percent son torse. Il meurt sur le coup. Je le regarde fixement, laissant la haine et la douleur se mêler, me donnant cette expression.


J't'avais dit de lâcher ton arme.. Merde.."

"Oh, smiley.. T'as fait ce que tu devais faire."

Trois explosions me sortent de cet instant. Elles viennent d'en bas, ce ne sont pas nos humvees. La radio confirme l'élimination des jeeps ennemies, sous les roquettes d'un de nos hélicos. Le camp est à notre portée, maintenant..
Nous avons perdu dix hommes. Eux en ont perdu près de cent, au total. Nous avons remporté la bataille.. Mais j'y ai laissé un peu plus de moi-même. J'y ai lacéré mon âme encore plus. De retour à la caserne après cette victoire, je m'enferme dans les logements. Je ne fais rien. Pendant toute la route du retour, j'imaginais écrire une lettre pour en parler. Une chanson peut être, avec ma guitare. Ou tout simplement un texte. Mais rien. Je fixe longuement cette feuille blanche et ma guitare. Immobile. Comme ce verre d'eau sur la table. Je redresse la tête, et me regarde dans le miroir. Je ne vois pas mon visage, mais celui de Davis. Puis celui de ce gamin que j'ai tué.. Mon coeur s'arrête !

... Et je me réveille en sursaut. En haletant. Ma sueur trempe les vêtements que j'ai gardé pour dormir. Je regarde autours de moi. Où suis je ? Evergreen Ridge, dix ans plus tard. Mes mains se posent sur mon visage, jusqu'à l'enfouir complètement. Je souffle longuement, me frottant les yeux. Izzy se réveille, et me regarde étrangement. Je ne sais pas quelle heure il est, mais il est bien trop tôt pour le réveil.. Je la regarde, me forçant à sourire. Elle me demande si tout va bien, et je lui réponds que je lui en parlerai plus tard.
Je me lève, je me change, me passe un peu d'eau de ce seau que nous gardons dans notre chambre sur le visage. Je prend le scar et une lampe de poche.


" C'est mon tour de garde chérie. Dors.. Je reviendrai bientôt près de toi. "

Cette fois, je souris pour de vrai, même si je masque un peu la vérité. Ce n'est pas mon tour de garde. Pas encore. J'ai tellement envie et besoin de lui parler de cette journée là. Et des autres aussi.. Mais je n'en ai pas encore la force. Il faudra bien que je le fasse, ces cauchemars reviennent bien trop souvent, depuis la chute du stade.
Une clope au bec, finalement, je me joins à celui qui assurait déjà notre garde. Une nouvelle journée commence ...
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Re: Arthur - Chroniques.

Mar 20 Déc 2016 - 20:55

Embuscade - Septembre 2007. Quelques kilomètres de Kaboul, Afghanistan.




Isabel. Je n'arrive pas à la sortir de mes pensées. Rester focalisé sur la mission me semble être une chose de plus en plus difficile. Mes engagements envers mon pays, mon peuple et la liberté me semblent bien légers, au moins autant que l'est mon coeur depuis que j'ai croisé son regard. Et que je me suis vautré comme un connard en lui.. parlant d'aspirateurs.
Mes yeux se perdent dans le vide se situant quelque part entre les deux bottes d'un des gars de mon unité. Je hausse un sourcil de temps à autre, je souris comme un con le reste du temps. J'ai le ventre au chaud et j'ai envie de me barrer de là. Je dois bien me l'avouer, j'ai trouvé un sens réel à ma vie. La séduire, l'aimer, la chérir, me casser d'ici avec elle, et enfin connaître le bonheur. Et au diable ces conneries ! .. Mouais. C'est bien beau de rêver. J'ai signé des papiers, et j'ai bien trop d'honneur pour revenir là dessus. Et puis.. je ne la connais pas encore assez. Pourquoi suis je donc fleur bleue à ce point ?

Un coude percute mes côtes. Je relève la tête, sourcils froncés, pour regarder Andy droit dans les yeux. Il me toise d'un air tellement moqueur qu'il n'a même pas besoin d'éclater de rire pour me massacrer les oreilles et me pourrir le peu d'orgueil qu'il me reste.


" - Eh du con. T'as fini de penser à ta blonde là ?

- Mais je ne pense pas à elle..

- Oh mais bien sûr ! T'es pas en train de penser à ses blanches fesses pour y balader tes sept mains ! ET MOI JE SUIS GANDHI ?

- Non.

- Non quoi ?

- Non, j'pense pas à ses fe.. oh putain mais t'as fini de m'emmerder ?

- Elles sont si blanches que ça ses fesses ? Faudrait penser à lui offrir des vacances à c'te blonde.

Je tourne la tête, pour fixer maintenant Sean Williams. L'un des gars de mon unité. Et un véritable ami aussi. Certes moins que ce bon vieux Caramel, mais je l'apprécie grandement. Sauf là, maintenant, quand il parle des fesses d'Isabel.

- Vous me faîtes chier.

- Smiley ne veut pas simplement pécho, attention ! MOSSIEUH est sérieux en AMOUR !

Andy se met à devenir bien trop théâtral à mon goût, prenant une voix insupportable pour se foutre encore plus de ma gueule. Et il mime un violon. J'en ai .. marre.

- Mais ferme la donc, pauvre con.

Je lui envoie à mon tour mon coude dans les côtes. Ce qui vu notre tenue ne doit pas lui faire un grand effet.

- Hey Andy.. Tu l'as vue cette fille ? Elle vaut le coup ?

- Oh putain ça ouais mon pote.

- Alors p'tête qu'Artie est vraiment amoureux. Tu devrais lui foutre la paix avec ça.

- Merci Sean. Prends exemple sur lui, banane.

- Vos gueules. On arrive..

On arrive. La mission. Je plisse les yeux et l'image d'Isabel retourne quelque part dans un coin de ma tête. Ou de mon coeur. Je regarde mon équipe. Chacun à leur tour, un regard droit dans les yeux.

- Okay les mecs. Alors récapitulatif avant le bal. Un groupe de talibans est sensé se trouver dans un gros tas de merde, quelque part dans le coin. Le but du jeu est de les neutraliser, pour les ramener avec nous. Ils veulent leur poser quelques questions. Et les morts ne répondent pas, alors, on se calme sur la gâchette. On ne tire qu'en cas d'extrême urgence. Et on vise les bras et les genoux. C'est bien pigé ?

- OUAIS MON POTE !

- Mon pote ?

- SERGENT OUI SERGENT !

- C'est mieux. Allez bande de trous du culs, on y va. Nombre de perte : Zéro. C'est assez clair ?

- Pas que ça à foutre de crever ici.

- CLAIR ET NET M'SIEUR ! "

Les portes du véhicule s'ouvrent. Cette fois, j'ai eu le temps de finir mon speech, mais le fantôme de la guerre me hante encore. Il y a un peu plus d'un an, j'ai perdu des hommes en mission. De braves hommes. Et je suis horrifié à l'idée d'y penser. Alors je m'efforce d'écarter mes visions. Peut être est ce pour ça que je pensais autant à Isabel durant le trajet ? Isabel.. Je souris. Je sors, sous la chaleur torride, sous le soleil éclatant.

" Go go GO !! "

Et tous me suivent. Nous sommes cinq. Nous fonçons droit vers notre cible : quelques maisons regroupées en dehors d'un petit village abandonné. Les impacts de balles sur les murs de merde séchée peinte en blanc me dégoûtent. Ici aussi, la mort s'étend. Arrivé à une centaine de mètres, là où un coup d'chance pourrait permettre à leurs ancêtres russes de nous toucher, nous commençons à nous planquer. Andy scrute l'endroit avec ses jumelles. Il est mes yeux. Et je lui fais entièrement confiance.

" - Clear.

- On progresse lentement, à couvert. On passe par la gauche. "

Les ordres sont clairs et précis. Andy, en retrait, passe la tête toutes les dix secondes pour vérifier. Rien. Le vide.
Nous arrivons à notre but. Nous y sommes.


" Santini, Flakes, vous ouvrez. Williams, tu suis. On vous couvre. "

Les deux premiers se placent près de la porte, et attendent mon signal. Williams est prêt à agir. Un signe de la main, ils exécutent les ordres. Andy scrute le moindre recoins, et je fais tout pareil, ma M4 prête à descendre le premier trou du cul qui fait quelque chose qui me déplaît. J'emmerde les ordres. Si j'dois tuer pour survivre, j'le ferai. Encore. Sans hésiter.

" - Putain de merde Arthur.. Il sont là bas.. à six heures, cent cinquante mètres. J'en ai un en visu, il fait des signes..

- Hostile ? Armé ?

- J'en sais rien putain.. je v.. Armé ! Il a un sniper. SVD.

- Hostile ?!

- N.. je.. il reste planqué derrière son putain de rocher.

- Bordel Andy ! HOSTILE ou PAS ?

Les chuchotements se font plus secs.

- Hostile..

- Tu l'allumes dès que tu peux.

- Fait chier.. On doit les ramener vivants ces enculés !

- Et on les ramène comment avec une balle entre les deux yeux ? Tu flingues ce taré dès que tu peux. On ramènera les autres.

- .. Il fuit. Artie ! Il fuit !

- .. Okay. Les autres reviennent. Toujours clear de mon côté. Toi ?

- Clear Sergent.. Clear. "

Ils reviennent. Ils n'ont rien trouvé. Il reste deux bâtiments à fouiller.

" Go ! Gauche ! "

Nous fonçons vers le second bâtiment. Même modus operandi. Alors qu'ils fouillent, nous entendons des tirs, à 500 mètres. Le son et la cadence ne trompent pas.. Ce sont des ak 47. Et leurs balles sont sûrement destinées à un autre escadrons.

" - Ces fils de putes ont ouvert le match..

- Quel merdi.. "

Des tirs proviennent de cette maison. J'entends les miens hurler des ordres et des insultes. Andy et moi entrons rapidement.. Quel merdier en effet. Un de ces enculés gît à terre et baigne dans son sang. Un autre tremble en collant ses mains sur sa tête, à genoux, son arme devant lui. C'est bon on en tient un. On rentre. Andy signale notre prise au commandement. Un humvee est en route pour nous reprendre. Et pourtant, à peine sortis de là.. le sniper qui s'était enfui loge une balle dans le front de notre cible. Mieux vaut mort que dans nos mains ? Mieux vaut mort que trop bavard ?

" A COUVERT !! "

Et on se planque. Putain. Andy annonce la nouvelle à la radio. Il reprend sa m14 et cherche l'enfoiré qui a fait ça.

" Putain j'aurais dû lui niquer l'front à ce.. LA ! JE L'AI !

FEU ! "

Et Andy le tue. En réponse, d'autres tirs proviennent du troisième bâtiment.

" Y en a marre de ces conneries ! "

Santini part seul. Tête baissée vers l'ennemi.. Il est fou ?!

" Bordel de.. ON LE COUVRE ! "

Nos tirs visent les fenêtres, pour les empêcher de tirer sur notre frère d'arme. Et Williams se met à courir à sa poursuite.

" PUTAIN WILLIAMS !! REVIENS ICI !! PUTAIN DE MERDE ! GO GO GO ! ON LES SUIT ! G.. "

Et ce taudis de malheur explose. Je sens le souffle ardent comme une baffe en pleine gueule. J'me retrouve sur le cul. Andy et Flakes aussi. Bordel..
Je secoue la tête, le temps de reprendre mes esprits. Je n'entends plus rien. Andy me regarde droit dans les yeux, Flakes me hurle des trucs mais j'comprends rien. Je fronce les sourcils, pour me concentrer. Qu'est ce qu'il me veut.. Merde. Où suis je ?
Ca y est, ça revient. Oh merde !! Santini ! Williams !!

Je me rue vers eux, et je me casse la gueule. Je me redresse encore. Je vois un mec couché au sol. Un mec avec notre équipement. Je fonce sur lui.. C'est Sean.


" Merde ! Sean ! T'es okay ? Sean ? Putain réponds.. Réponds moi sale con ! Qu'est ce que t'as foutu merde ?! Qu'est ce que t'as FOUTU ? PUTAIN ! T'as du sang PARTOUT du con ! J'en.. j'en ai marre t'entends ?! J'en ai MARRE ! Tu vas pas crever ici connard !! TU VAS PAS CREVER ! "

Je le secoue, je le serre contre moi. Encore un frère d'arme qui s'en va ? Non.. pas cette fois. Pas lui. Il ouvre les yeux et laisse échapper un râle.

" - Putain ce.. que je .. viens de prendre mec..

- On va t'sortir de la mon pote ! On te ramène ! MEDIIIC !! MEDIIIC BORDEL !

Le humvee se pointe, et Flakes, le medic, se charge de Williams. Andy vient me voir.. aucune trace de Santini. Il doit être quelque part. Un peu partout. Il m'affirme l'avoir vu entrer. Les flammes de l'enfer et l'immense colonne de fumée noire ne laisse aucun espoir possible.

- J'en ai marre de.. de tout ça..

- Moi aussi mon frère..  

- Putain on le perd .. MERDE ! Williams lâche pas ! LÂCHE PAS TU M'ENTENDS ?! Accroche toi.. putain d'enfoiré de suicidaire va.. Putain.. Fais pas chier comme Santini.. "

J'assiste impuissant à la scène. Williams a lutté. Mais il a été vaincu. Il est mort ici, pour ramener quelques uns de ces enfoirés. Mort pour rien. Comme Santini.
Le humvee nous ramène à la base. On passe à l'infirmerie. On apprend qu'ils ont retrouvé les plaques de Santini avec la moitié de son corps, et un cocktail de morceaux de talibans. On apprend que Williams s'est mangé une balle en plus de l'explosion. Et qu'il était foutrement foutu. On apprend que l'autre équipe a ramené trois de ces fils de putes. Trois. On comprend que nos frères sont vraiment morts pour rien. Et moi.. je n'ai plus qu'une envie. Voir Isabel, pour ne jamais lui parler de ça.
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Re: Arthur - Chroniques.

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