evil eye. (juliane – texas, début 2015)
Ven 6 Nov 2015 - 1:30
don’t believe in god don’t believe in that shit,
i’d like to bring them down
i’d like to bring them down
Fallait que ça lui arrive à lui. La panne sur le bord d’une route où personne ne passait jamais, dans le fin fond du trou du cul du monde. Et bien sûr, pas de matériel pour réparer tout ça. Trop tard dans la soirée pour qu’il puisse joindre un dépanneur — et de toute manière, son téléphone n’affichait pas la moindre barre de réseau. Il était condamné à rester planté là comme un con, et à donner de furieux coups de pied dans une touffe d’herbe qui avait miraculeusement échappé à la grillade du soleil texan. Il fallait qu’il se calme. Qu’il se reprenne. Qu’il cesse de s’énerver contre ce morceau de nature qui ne lui avait rien fait, et qu’il cherche une solution pour sortir de là. Réfléchir. Réfléchir.
Y avait rien qui venait et ça le gonflait, le Shepard. Le moteur commençait à moins fumer sous le capot ouvert, mais il savait qu’il faudrait plus qu’un peu de patience pour que les choses se remettent en ordre. Sa caisse d’outils avait disparu lors de son passage à Dallas, et il n’avait rien d’un McGyver, capable de se débrouiller avec trois fois rien. Plus il y pensait, et plus ça l’énervait. Plus il y songeait, et plus il se disait qu’il allait finir par foutre les warning pour avertir les autres automobilistes de sa présence, se coucher, et pioncer là. Mais demain, le réseau ne serait probablement pas revenu. Demain, il ferait peut-être jour, mais personne ne passerait davantage par là.
À cette pensée, l’envie de frapper à nouveau le bosquet le reprit. Il la contint furieusement, et ouvrit avec une violence gratuite la pauvre porte du camping-car. Il s’enfonça dans l’habitacle, tâtonna quelques instants. Lorsqu’il ressortit de là, ce fut avec une flasque d’alcool en main, et un paquet de cigarette enfoncé dans l’une des poches arrière de son jean. Il fit le tour du véhicule, ouvrit le côté conducteur, mit les warning, et claqua finalement la portière pour s’y adosser. Une cigarette entre les lèvres, et il sortit le briquet du fond de sa poche. Après plusieurs tentatives vaines d’en faire jaillir la moindre petite flamme, il ne put qu’en déduire qu’il n’avait plus de gaz. Un coup de sang, et voilà le pauvre objet qui effectuait un superbe vol plané, s’enfonçant dans une obscurité qui ne permit pas de voir à son propriétaire où il atterrit. C’était à croire que cette soirée avait décidé d’élire domicile dans le record des plus mauvaises de sa vie.
Maugréant tout ce qu’il savait, il rouvrit la porte côté conducteur, s’affala sur le siège et étendit le bras pour atteindre la boîte à gants. Devait bien y avoir des allumettes par là. Après quelques longues secondes de recherches infructueuses, il sentit enfin la petite boîte en carton sous ses doigts. Il l’extirpa de là, referma la porte et reprit sa position initiale. Par miracle, le vent ne souffla ni l’allumette ni la cigarette tout juste allumée, et il put commencer à remplir ses poumons de tabac en toute tranquillité. Il dévissa brièvement sa flasque pour en boire une gorgée, et la sensation de brûlure dans le fond de la gorge lui fit le plus grand bien. Les clignotants flashaient leur lumière orange autour du camping-car, prévenant d’éventuels passants. Et lui tournait la tête à droite puis à gauche, guettant une éventuelle présence, le signe que quelqu’un viendrait le sortir du malheur de cette foutue soirée. Et même s’il se doutait qu’attendre ne servirait probablement à rien, qu’avait-il de mieux à faire pour le moment ?
Et pourtant, le miracle survint. Au milieu de sa deuxième cigarette, alors qu’il était en train de se laisser glisser contre la carrosserie pour s’asseoir au sol, la lumière des phares apparut au loin. Qui que ce soit, il avait intérêt à s’arrêter. Quoi qu’il ait prévu de sa soirée, pas question qu’il ne lui passe sous le nez. Alors il laissa son sang ne faire qu’un tour dans ses veines, et en un bond, il fut debout. Clope coincée entre les lèvres, il se planta au milieu de la route, comme le parfait inconscient qu’il était. En pleine nuit, avec seulement les phares de l’autre et ses propres clignotants pour l’éclairer, sûrement était-il trop peu visible. Mais au point où il en était, il s’en foutait. Ce connard allait s’arrêter, un point c’est tout. Ce serait ça, ou l’explication du sang sur le pare-brise quand il arriverait au boulot le lendemain.
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Re: evil eye. (juliane – texas, début 2015)
Ven 6 Nov 2015 - 17:04
Le pick up roulait à allure modéré sur la grande route bordée de champs, à mesure que le soleil se couchait. Deux doigts se posèrent sur le bouton qui gérait le volume du poste, et le son fut poussé plus fort. La guitare électrique qui débutait le morceau American Woman de Lenny Kravitz retentit dans l’habitacle et Juliane se mit à tapoter sur le volant tout en bougeant la tête. Lorsque le chanteur commença, la jeune femme l’accompagna avec toute son énergie. Elle lâcha le volant de la main gauche quelques secondes afin de remettre en ordre ses cheveux, qui ne cessaient de lui tomber devant les yeux tant elle était à fond dans la musique.
Juliane avait passé une très bonne journée. Depuis quelques mois elle était bénévole dans un club d’escalade, donnant des cours aux plus jeunes. L’ambiance était bonne, et c’était vraiment plaisant de pouvoir se rendre un peu utile ailleurs qu’au cœur de la ferme familiale qui commençait à lui peser. Après le cours, elle était passée faire quelques courses, profitant du fait d’être en ville pour acheter des trucs plus riches en glucide ! Elle adorait vivre à la campagne, mais elle aimait aussi la civilisation et un bon burger de temps à autres. A fond dans sa chanson et d’excellente humeur, elle fronça néanmoins les sourcils. Un peu plus loin sur la route, elle avait l’impression de distinguer des feux de détresse.
La jeune femme baissa un peu le son de la musique, tout en poursuivant sa route en direction du véhicule étranger. Attention ! Il ne faut pas parler aux gens qu’on ne connait pas ! Surtout s’il s’agit d’un homme ! Ça s’était les instructions pourris de son père. Qui en même temps en bon Chrétien disait vouloir aider son prochain ! Paradoxe ! Enfin de toute façon, Juliane ne se posa pas trente six questions, s’était sur sa route, alors elle allait s’arrêter pour voir si on avait besoin d’un coup de main. Plus que quelques mètres et elle serait à côté du véhicule. Mais son pied s’écrasa contre le frein lorsqu’elle distingua d’un seul coup dans la lumière des phares qu’un mec était planté au beau milieu de la route. Le vieux pick up cala et Juliane donna un coup dans le volant en jurant. Mais il était complètement con ou quoi celui là ? Un peu de plus et il finissait sur le pare-brise ! La jeune femme enclencha à son tour les warnings, et elle ouvrit la portière, callant son bras au dessus, ne descendant pas tout de suite elle lança : « -t'es complètement con?! ou alors je fais merder ton suicide ! » Elle hésita à ajouter un petit sobriquet bien sympathique, mais elle se dit qu’elle avait passé une trop bonne journée pour s’énerver. La jolie brune ne savait pas si le mec était capable de la voir parce qu’elle lui braquait les pleins phares dans la tronche. En tout cas elle, elle pouvait distinguer à la perfection sa bouille. Et il était plutôt pas mal dans son genre. Elle soupira en levant les yeux au ciel.
Ah un homme seul ! Passe ton chemin Jill ! Va de retro satanas !
Pff… Son père était parano ! Il n’y avait pas un connard pervers à chaque coin de rue ! Enfin, elle avait surtout pitié de ce type, seul pommé ici. Peu de personne passaient par là. Jill fourra les clés dans la poche de short, et elle descendit enfin de voiture, baissant au passage les feux. « -le coup de la panne, comme c'est original... » Tout en disant cela, elle s'était avancée vers l’étranger, et avec un sourire sur les lèvres elle ajouta : « -du combien de temps t’es planté ici ? C’est ton jour de chance que je passe pas là. » Oui, elle l’avait tutoyé directement. Elle était comme ça, naturelle, sans tact parfois. Et surtout sans prise de tête. Elle lui tendit la main et dit : « -moi c’est Juliane. »
La jeune femme aurait bien regardé la panne, mais il faisait bien sombre. Elle s’y connaissait un peu en mécanique, ayant appris avec son père lorsqu’elle était plus jeune. Mais vu l’heure, ce n’était pas forcement judicieux de mettre les mains dans le cambouis maintenant. « -à cette heure-ci, ça va être compliqué de trouver une dépanneuse… » lâcha-t-elle souriant toujours.
Juliane avait passé une très bonne journée. Depuis quelques mois elle était bénévole dans un club d’escalade, donnant des cours aux plus jeunes. L’ambiance était bonne, et c’était vraiment plaisant de pouvoir se rendre un peu utile ailleurs qu’au cœur de la ferme familiale qui commençait à lui peser. Après le cours, elle était passée faire quelques courses, profitant du fait d’être en ville pour acheter des trucs plus riches en glucide ! Elle adorait vivre à la campagne, mais elle aimait aussi la civilisation et un bon burger de temps à autres. A fond dans sa chanson et d’excellente humeur, elle fronça néanmoins les sourcils. Un peu plus loin sur la route, elle avait l’impression de distinguer des feux de détresse.
La jeune femme baissa un peu le son de la musique, tout en poursuivant sa route en direction du véhicule étranger. Attention ! Il ne faut pas parler aux gens qu’on ne connait pas ! Surtout s’il s’agit d’un homme ! Ça s’était les instructions pourris de son père. Qui en même temps en bon Chrétien disait vouloir aider son prochain ! Paradoxe ! Enfin de toute façon, Juliane ne se posa pas trente six questions, s’était sur sa route, alors elle allait s’arrêter pour voir si on avait besoin d’un coup de main. Plus que quelques mètres et elle serait à côté du véhicule. Mais son pied s’écrasa contre le frein lorsqu’elle distingua d’un seul coup dans la lumière des phares qu’un mec était planté au beau milieu de la route. Le vieux pick up cala et Juliane donna un coup dans le volant en jurant. Mais il était complètement con ou quoi celui là ? Un peu de plus et il finissait sur le pare-brise ! La jeune femme enclencha à son tour les warnings, et elle ouvrit la portière, callant son bras au dessus, ne descendant pas tout de suite elle lança : « -t'es complètement con?! ou alors je fais merder ton suicide ! » Elle hésita à ajouter un petit sobriquet bien sympathique, mais elle se dit qu’elle avait passé une trop bonne journée pour s’énerver. La jolie brune ne savait pas si le mec était capable de la voir parce qu’elle lui braquait les pleins phares dans la tronche. En tout cas elle, elle pouvait distinguer à la perfection sa bouille. Et il était plutôt pas mal dans son genre. Elle soupira en levant les yeux au ciel.
Ah un homme seul ! Passe ton chemin Jill ! Va de retro satanas !
Pff… Son père était parano ! Il n’y avait pas un connard pervers à chaque coin de rue ! Enfin, elle avait surtout pitié de ce type, seul pommé ici. Peu de personne passaient par là. Jill fourra les clés dans la poche de short, et elle descendit enfin de voiture, baissant au passage les feux. « -le coup de la panne, comme c'est original... » Tout en disant cela, elle s'était avancée vers l’étranger, et avec un sourire sur les lèvres elle ajouta : « -du combien de temps t’es planté ici ? C’est ton jour de chance que je passe pas là. » Oui, elle l’avait tutoyé directement. Elle était comme ça, naturelle, sans tact parfois. Et surtout sans prise de tête. Elle lui tendit la main et dit : « -moi c’est Juliane. »
La jeune femme aurait bien regardé la panne, mais il faisait bien sombre. Elle s’y connaissait un peu en mécanique, ayant appris avec son père lorsqu’elle était plus jeune. Mais vu l’heure, ce n’était pas forcement judicieux de mettre les mains dans le cambouis maintenant. « -à cette heure-ci, ça va être compliqué de trouver une dépanneuse… » lâcha-t-elle souriant toujours.
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Re: evil eye. (juliane – texas, début 2015)
Sam 7 Nov 2015 - 0:43
Il était complètement fou. Un brin suicidaire, avec ça. Et surtout vraiment très con. Il n’avait plus besoin de se le dire à lui-même ; il entendait suffisamment ce putain de refrain à longueur de journée, et n’y répondait plus rien d’autre qu’un sourire plein de mauvaise volonté. Et ce soir, il prouvait une fois encore que la connerie, c’était sûrement génétique. Que son cas, c’était un brin de bravoure pour trois brins de folie. Et qu’il n’avait absolument pas peur de prendre des risques inconsidérés, tout ça pour un peu de mauvaise humeur.
Le pick-up qui s’approchait pila brutalement, signe que la conductrice ne l’avait vraiment vu au dernier moment. Il s’arrêta néanmoins à une distance encore sécuritaire de l’homme, qui avait senti tous ses muscles se tendre au crissement des roues sur le bitume. Un bond sur le côté aurait été rapidement effectué, si besoin d’éviter il y avait eu. Mais ce besoin ne s’était pas trouvé, et il n’avait pas bougé d’un pouce. La voiture cala, et le conducteur mit à son tour ses warning, avant de sortir. La première phrase que la voix féminine lui balança eut le don de le faire intérieurement ricaner. Son visage, lui, conservait la même impassibilité ; cigarette au coin des lèvres, pas l’ombre d’un sourire pour trancher avec la mauvaise humeur apparente qu’il respirait, il fixa la petite silhouette, sans réussir à bien la distinguer. Aveuglé par les pleins phares qu’elle avait laissé allumés. « J’suis juste complètement con. Si j’avais voulu m’tuer, j’aurais pas mis les warning. » C’est rien qu’du gros bon sens, ma grande. Rien qu’du gros bon sens.
Elle finit par baisser les feux, descendant enfin de la voiture. Il put laisser son bras retomber devant son visage, cesser de se protéger de la lumière. Il expulsa une brève volute de fumée d’entre ses lèvres, avant d’y recaler à nouveau la cigarette. Un regard à la fille, alors qu’elle lui mentionnait le coup de la panne ; il lui donnait vingt-cinq ans passés, et fallait avouer qu’elle était plutôt pas mal. Du moins, on aurait s’attendre à pire, surtout pour un chauffard à cette heure avancée de la soirée. « Ben ouais, c’est ça, le coup d’la panne. J’ai qu’ça à foutre de soulever mon capot pour faire des signaux d’fumée à onze heures passées, dans un endroit paumé où personne passe jamais. » Et elle souriait, en plus. Il la toisa de haut en bas, ses jambes fines, sa taille athlétique, son visage aux traits plutôt doux. Et ce sourire, qui eut le don de lui rappeler que malgré la bonne humeur de cette passante, mieux valait ne pas trop l’offusquer. Il avait besoin qu’on l’aide, et pour ça, être gentil n’allait pas payer de mine. Alors « on n’a pas gardé les cochons ensemble », ç’allait rester comme une bile dans la gorge, et il allait pas faire chier pour si peu. T’façon, il tutoyait gratuitement les gens, lui aussi. Ç’aurait réellement été par pur esprit de contradiction, s’il s’était avisé de répliquer. « J’sais pas. ‘Doit faire une demi-heure. Peut-être plus. Ou moins. J’ai pas r’gardé l’heure. Mais ouais. J’ai bien cru que j’allais dormir là. » Il arrivait bientôt au bout de sa cigarette. D’une pichenette, il l’envoya au sol, l’écrasant du bout du pied. L’habitude de ne jamais vraiment les terminer — comme pour se dire que sur le nombre qu’il en aurait fumé dans sa vie, on pouvait au moins en soustraire un cinquième, si on mettait bout à bout toutes celles qu’il n’avait pas finies.
Un instant de flottement. Il regarda la main, comme si cette simple petite chose, trop polie pour être vraie — trop polie pour lui —, allait le bouffer. Ou pire : le contaminer. « … Connor. » répondit-il finalement. Il serra brièvement la main de la jeune femme, avant d’la relâcher. Pas la vexer, pensa-t-il, tout du long de la rapide poignée. C’était pas son genre, mais pour se sortir de là, il était prêt à tout. Même à essayer d’être gentil.
Il regarda un instant le camping-car, se frottant pensivement l’arrière de la tête. « Ouais, c’est bien ce que je me disais. Ça peut toujours attendre demain. Le truc, c’est que j’ai rien pour téléphoner. Mon portable trouve pas de réseau, et j’suis pas encore passé sur les signaux basse-fréquence de l’armée. » Blasée, la plaisanterie de mauvais goût était sortie sans qu’il n’y pense. Il haussa les épaules. « Et à mon avis, le souci se sera pas réglé de lui-même d'ici là, et vous aurez pas non plus équipé vos cambrousses de réseau. » Il prit la peine de jeter, à ces mots, un rapide coup d’œil à la plaque d’immatriculation du pick-up. « Z’êtes d’ici ? » Ses yeux retournèrent sur la fille, alors qu’il la considérait une nouvelle fois. Presque sceptique qu’un sourire puisse être conservé, aux abords de tant de mauvaise volonté.
Le pick-up qui s’approchait pila brutalement, signe que la conductrice ne l’avait vraiment vu au dernier moment. Il s’arrêta néanmoins à une distance encore sécuritaire de l’homme, qui avait senti tous ses muscles se tendre au crissement des roues sur le bitume. Un bond sur le côté aurait été rapidement effectué, si besoin d’éviter il y avait eu. Mais ce besoin ne s’était pas trouvé, et il n’avait pas bougé d’un pouce. La voiture cala, et le conducteur mit à son tour ses warning, avant de sortir. La première phrase que la voix féminine lui balança eut le don de le faire intérieurement ricaner. Son visage, lui, conservait la même impassibilité ; cigarette au coin des lèvres, pas l’ombre d’un sourire pour trancher avec la mauvaise humeur apparente qu’il respirait, il fixa la petite silhouette, sans réussir à bien la distinguer. Aveuglé par les pleins phares qu’elle avait laissé allumés. « J’suis juste complètement con. Si j’avais voulu m’tuer, j’aurais pas mis les warning. » C’est rien qu’du gros bon sens, ma grande. Rien qu’du gros bon sens.
Elle finit par baisser les feux, descendant enfin de la voiture. Il put laisser son bras retomber devant son visage, cesser de se protéger de la lumière. Il expulsa une brève volute de fumée d’entre ses lèvres, avant d’y recaler à nouveau la cigarette. Un regard à la fille, alors qu’elle lui mentionnait le coup de la panne ; il lui donnait vingt-cinq ans passés, et fallait avouer qu’elle était plutôt pas mal. Du moins, on aurait s’attendre à pire, surtout pour un chauffard à cette heure avancée de la soirée. « Ben ouais, c’est ça, le coup d’la panne. J’ai qu’ça à foutre de soulever mon capot pour faire des signaux d’fumée à onze heures passées, dans un endroit paumé où personne passe jamais. » Et elle souriait, en plus. Il la toisa de haut en bas, ses jambes fines, sa taille athlétique, son visage aux traits plutôt doux. Et ce sourire, qui eut le don de lui rappeler que malgré la bonne humeur de cette passante, mieux valait ne pas trop l’offusquer. Il avait besoin qu’on l’aide, et pour ça, être gentil n’allait pas payer de mine. Alors « on n’a pas gardé les cochons ensemble », ç’allait rester comme une bile dans la gorge, et il allait pas faire chier pour si peu. T’façon, il tutoyait gratuitement les gens, lui aussi. Ç’aurait réellement été par pur esprit de contradiction, s’il s’était avisé de répliquer. « J’sais pas. ‘Doit faire une demi-heure. Peut-être plus. Ou moins. J’ai pas r’gardé l’heure. Mais ouais. J’ai bien cru que j’allais dormir là. » Il arrivait bientôt au bout de sa cigarette. D’une pichenette, il l’envoya au sol, l’écrasant du bout du pied. L’habitude de ne jamais vraiment les terminer — comme pour se dire que sur le nombre qu’il en aurait fumé dans sa vie, on pouvait au moins en soustraire un cinquième, si on mettait bout à bout toutes celles qu’il n’avait pas finies.
Un instant de flottement. Il regarda la main, comme si cette simple petite chose, trop polie pour être vraie — trop polie pour lui —, allait le bouffer. Ou pire : le contaminer. « … Connor. » répondit-il finalement. Il serra brièvement la main de la jeune femme, avant d’la relâcher. Pas la vexer, pensa-t-il, tout du long de la rapide poignée. C’était pas son genre, mais pour se sortir de là, il était prêt à tout. Même à essayer d’être gentil.
Il regarda un instant le camping-car, se frottant pensivement l’arrière de la tête. « Ouais, c’est bien ce que je me disais. Ça peut toujours attendre demain. Le truc, c’est que j’ai rien pour téléphoner. Mon portable trouve pas de réseau, et j’suis pas encore passé sur les signaux basse-fréquence de l’armée. » Blasée, la plaisanterie de mauvais goût était sortie sans qu’il n’y pense. Il haussa les épaules. « Et à mon avis, le souci se sera pas réglé de lui-même d'ici là, et vous aurez pas non plus équipé vos cambrousses de réseau. » Il prit la peine de jeter, à ces mots, un rapide coup d’œil à la plaque d’immatriculation du pick-up. « Z’êtes d’ici ? » Ses yeux retournèrent sur la fille, alors qu’il la considérait une nouvelle fois. Presque sceptique qu’un sourire puisse être conservé, aux abords de tant de mauvaise volonté.
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Re: evil eye. (juliane – texas, début 2015)
Jeu 12 Nov 2015 - 8:12
Ah ba comme ça, elle était fixée ! Il ne pouvait pas être plus clair ! Mais ce n’était pas cette affirmation concernant sa connerie qui allait faire changer d’avis la jeune femme. Généralement les gens qui se revendiquaient ainsi, étaient des personnes de caractères. Et niveau caractère de merde, Juliane ne posait là. Elle ne releva pas la réplique concernant les feux de détresse. Ça lui passa bien haut dessus. Pas plus que la réponse qu’il fait au sujet de la panne. Monsieur semblait de mauvaise humeur, et c’était compréhensif. Si elle se mettait à sa place quelques secondes, Juliane savait qu’elle serait surement aussi d’une humeur de chien. Enfin peut-être que c’était naturel chez lui. Allez savoir.
Alors elle se contenta de continuer à lui sourire, c’était parfois ce qui énervait le plus les autres. De toute façon, elle n’allait pas remonter dans sa voiture et le laisser en plan ici. Une demi-heure qu’il était ici. Hum… Il avait vraiment un sale caractère. Parce que c’était quoi une demi heure ? C’était rien ! Et comme elle venait de lui dire, il était plutôt chanceux qu’elle soit passée dans le coin. Juliane ne baissa pas sa main tendue même en voyant qu’il hésitait à lui rendre son salut. Etait-il plus méfiant qu’elle ? Mais de quoi pouvait-il avoir peur ? Qu’est ce qu’un petit brin de femme comme elle pourrait lui faire ?
Connor. Tiens… C’était marrant il y avait con dans son prénom ! Comme si cela l’avait destiné à être ainsi. Enfin, Juliane garda cela pour elle, préférant parler d’une dépanneuse qu’il ne trouverait pas ce soir, souriant toujours à cet homme qu’elle ne connaissait pas. Son sourire s’étira un peu plus lorsqu’il parla de son téléphone et du réseau qui restait inexistant. « -c’est certain qu’ici, tu pourras pas passer de coup de fils. » Enfin ça, il l’avait compris lui-même visiblement. « -et qu’est ce qui t’as poussé à venir t’y perdre dans ma cambrousse ? » demanda-t-elle en appuyant bien sur le dernier mot. Parce que si c’était un camping qu’il cherchait, et bien il était au mauvais endroit. Juliane suivit des yeux le regard de Connor avant de répondre en avançant vers sa voiture : « -ouais je suis d’ici. Mes parents habitent à quelques kilomètres. » Elle se tourna vers lui tout en faisant deux pas en marche arrière et conclue : « -on choisit pas d’où on vient… » Une petite moue sur les lèvres et un haussement de sourcils avant qu’elle n’ouvre la portière passager qui grinça quelque peu. Juliane se pencha en avant, ouvrit la boite à gant et en sortie une grosse lampe torche. Lorsqu’on vit en cambrousse il faut savoir être équipé ! La jeune femme claqua la portière, et elle avança cette fois-ci vers l’avant du camping-car. Elle alluma la lampe, qu’elle fit claquer dans la paume de sa main pour que la lumière se fixe enfin, et elle braqua le faisceau lumineux sur le moteur capricieux. S’il fallait qu’elle demande à son père à coup de main autant qu’elle sache à peu près de quoi il s’agissait, histoire de ne pas faire un aller retour pour rien.
Elle tourna le visage pour regarder le dénommé Connor, et elle le toisa des pieds à la tête. Il comptait rester planté là ? Bref… Bougeant la lampe de la main droite, elle scruta le moteur, cherchant des yeux ce qui pouvait clocher et demanda en même temps : « -ça c’est stoppé net ou pas ? » Elle n’était pas non plus garagiste de formation, mais ce petit détail pouvait aider à aiguiller pour identifier la panne. Le moteur avait un peu refroidit, et c’était pas plus mal. Juliane poussa un soupir, avant d’allonger la main vers l’une des pièces. Après quelques minutes, elle finit par dire : « -d’après moi, y’a une pièce à changer. Mais mon père sera t’en dire plus. » Un petit clic du pouce et elle coupa la lampe torche, avant de retourner vers sa voiture. Elle ouvrit la portière, démarra le pick-up, avant de passer à nouveau le visage par la fenêtre, le corps en dehors de la cabine : « -ba alors tu viens ? A moins que tu souhaites dormir au milieu de nulle part. »
Alors elle se contenta de continuer à lui sourire, c’était parfois ce qui énervait le plus les autres. De toute façon, elle n’allait pas remonter dans sa voiture et le laisser en plan ici. Une demi-heure qu’il était ici. Hum… Il avait vraiment un sale caractère. Parce que c’était quoi une demi heure ? C’était rien ! Et comme elle venait de lui dire, il était plutôt chanceux qu’elle soit passée dans le coin. Juliane ne baissa pas sa main tendue même en voyant qu’il hésitait à lui rendre son salut. Etait-il plus méfiant qu’elle ? Mais de quoi pouvait-il avoir peur ? Qu’est ce qu’un petit brin de femme comme elle pourrait lui faire ?
Connor. Tiens… C’était marrant il y avait con dans son prénom ! Comme si cela l’avait destiné à être ainsi. Enfin, Juliane garda cela pour elle, préférant parler d’une dépanneuse qu’il ne trouverait pas ce soir, souriant toujours à cet homme qu’elle ne connaissait pas. Son sourire s’étira un peu plus lorsqu’il parla de son téléphone et du réseau qui restait inexistant. « -c’est certain qu’ici, tu pourras pas passer de coup de fils. » Enfin ça, il l’avait compris lui-même visiblement. « -et qu’est ce qui t’as poussé à venir t’y perdre dans ma cambrousse ? » demanda-t-elle en appuyant bien sur le dernier mot. Parce que si c’était un camping qu’il cherchait, et bien il était au mauvais endroit. Juliane suivit des yeux le regard de Connor avant de répondre en avançant vers sa voiture : « -ouais je suis d’ici. Mes parents habitent à quelques kilomètres. » Elle se tourna vers lui tout en faisant deux pas en marche arrière et conclue : « -on choisit pas d’où on vient… » Une petite moue sur les lèvres et un haussement de sourcils avant qu’elle n’ouvre la portière passager qui grinça quelque peu. Juliane se pencha en avant, ouvrit la boite à gant et en sortie une grosse lampe torche. Lorsqu’on vit en cambrousse il faut savoir être équipé ! La jeune femme claqua la portière, et elle avança cette fois-ci vers l’avant du camping-car. Elle alluma la lampe, qu’elle fit claquer dans la paume de sa main pour que la lumière se fixe enfin, et elle braqua le faisceau lumineux sur le moteur capricieux. S’il fallait qu’elle demande à son père à coup de main autant qu’elle sache à peu près de quoi il s’agissait, histoire de ne pas faire un aller retour pour rien.
Elle tourna le visage pour regarder le dénommé Connor, et elle le toisa des pieds à la tête. Il comptait rester planté là ? Bref… Bougeant la lampe de la main droite, elle scruta le moteur, cherchant des yeux ce qui pouvait clocher et demanda en même temps : « -ça c’est stoppé net ou pas ? » Elle n’était pas non plus garagiste de formation, mais ce petit détail pouvait aider à aiguiller pour identifier la panne. Le moteur avait un peu refroidit, et c’était pas plus mal. Juliane poussa un soupir, avant d’allonger la main vers l’une des pièces. Après quelques minutes, elle finit par dire : « -d’après moi, y’a une pièce à changer. Mais mon père sera t’en dire plus. » Un petit clic du pouce et elle coupa la lampe torche, avant de retourner vers sa voiture. Elle ouvrit la portière, démarra le pick-up, avant de passer à nouveau le visage par la fenêtre, le corps en dehors de la cabine : « -ba alors tu viens ? A moins que tu souhaites dormir au milieu de nulle part. »
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