The Success Story of M. Shepherd

Mer 11 Nov 2015 - 18:58


Adam Shepherd
38 ans • Américaine • Magnat • CenturyLink

i've got a war in my mind

Bon. Soyons clair dès le début : j'aime l'argent. J'aime sa couleur, j'aime son odeur, mais j'aime avant tout ce qu'il permet d'obtenir. Le pouvoir. Quand on a de l'argent, on peut tout avoir, tout se permettre. Oh j'en entends déjà certains. "L'argent ne fait pas le bonheur" blah blah blah... C'est bien une phrase de pauvres ça. Non, non, je n'ai rien contre les pauvres, il faut de tout pour faire un monde. Non ce qui m'agace, c'est ce genre de phrases toutes faites complètement stupides. Ce sont des inepties, rien d'autre. Je peux vous assurer que l'idée de pouvoir partir me détendre une semaine aux Maldives dans une de mes résidences secondaires quand bon me semble fait de moi un homme beaucoup plus heureux que le mec qui trime toute l'année pour se payer une semaine de vacances hors de chez lui. Oui j'ai une résidence secondaire aux Maldives. C'est pas la seule. Oui j'ai plutôt bien réussi. Vous voulez savoir pourquoi ? Je suis déterminé, implacable dans les affaires. C'est tout ce dont vous avez besoin en vérité. De la détermination. Quand on veut quelque chose, il faut se donner les moyens de l'obtenir. Ça sert à rien de rester le cul vissé dans un fauteuil à espérer que les choses vous tombent toutes cuites dans la bouche. Le laisser-aller... Je n'aime pas trop ça, pour être franc. Oui je suis exigeant. Très exigeant. Mais rappelez-vous bien une chose, si je suis exigeant avec les autres, je le suis davantage avec moi-même. Ça m'a valu des déceptions. Beaucoup de déceptions. Pourtant je suis loin de demander la lune. Juste du travail et de la rigueur. Du professionnalisme. C'est important dans le monde des affaires. Oui c'est là-dedans que je travaille. Travaillais ? Avec ce qui passe je ne sais pas trop quel temps employer. Enfin bref. La finance, c'était ça mon domaine. J'adore les chiffres. Vous vous souvenez au lycée quand vous pensiez que les maths ne servaient à rien ? Vous aviez tort. Tout est une affaire de chiffres. Moi ? Je suis doué pour les comprendre, les analyser, les faire parler. J'observe, je calcule, je manipule, je vends. C'est ça mon métier.

Arrogant ? Bien sûr. Je ne vois aucune raison de m'en cacher. Si vous aviez ma réussite, vous le seriez également. Oui, oui je suis fier de ce que j'ai accompli. Et je ne parle pas seulement d'argent, même si on y revient assez rapidement. Le monde tourne autour alors on a pas vraiment le choix. Évidemment, je n'en suis pas arrivé en la jouant tout le temps à la régulière. Il m'a fallu parfois saisir des opportunités, aux risques que d'autres y laissent des plumes. Il m'est arrivé de devoir fréquenter des gens pas pour le plaisir de leur compagnie mais pour ce qu'ils pouvaient m'apporter. Ne faîtes pas les offusqués, on est tous pareil, inutile de se voiler la face. Je ne suis pourtant pas si détestable que ça vous savez. Je sais même me montrer charmant quand il le faut. Vous n'imaginez pas le nombre de portes que peuvent vous ouvrir un large sourire et une franche poignée de mains. L'argent n'étant pas vraiment un problème vous l'aurez compris, j'ai eu le temps de m'intéresser à pas mal de choses. Musique, littérature, histoire, peinture, ballet, opéra, cinéma, sport. J'ai eu de quoi étoffer tout ce qui est nécessaire pour briller en société.


and blood on my hands

Mon visage ne vous dit rien ? Ça n'a rien d'étonnant. Inutile de fouiller dans votre mémoire je vous dis, nous nous sommes peut-être croisés dans la rue mais vous ne m'avez jamais "vu" au sens où vous l'entendez. Non vraiment, moi je fais partie des riches de l'ombre. Ceux qui ont un salaire annuel trois fois plus élevé que celui de vos stars préférées. Ceux dont on n'entend jamais parler. Sauf si on fout en l'air la moitié de l'économie mondiale, alors là oui, dans ce cas-là, vous entendrez parler de nous. À la limite, vous auriez pu voir ma photo, mon nom ou celui de ma compagnie dans la presse spécialisée mais soyons honnête trente secondes, ce n'est pas pour vous n'est-ce pas ? Non, n'y voyez aucune insulte, il n'y en a pas. Vous avez le droit de n'avoir jamais feuilleté ce genre de magazines. Peu de personnes s'amusent à parcourir les pages de Forbes ou de The Economist par pur plaisir. Et non, lire un article ou deux sur internet parce qu'un de vos amis Facebook l'a publié sur son mur en commentant que c'était une super analyse pour se donner du crédit ne fait pas de vous un lecteur de Forbes, désolé. Enfin passons.

Quand j'étais enfant, mon père me rabâchait sans cesse qu'un homme se devait toujours d'être présentable. Il m'a appris à me tenir droit, à bomber le torse, à parler clairement. Il m'a appris à avoir de la prestance. Et en bon fils, j'ai toujours cherché à appliquer ses conseils. Si vous trouvez que j'en impose, et ça je vous en laisse seuls juges, c'est avant tout grâce à ses enseignements. Après tout, physiquement, je suis dans la moyenne. Un mètre quatre-vingt-trois, quelques quatre-vingt kilos. Rien d'extraordinaire. De muscle et d'os, les kilos, je préfère préciser. Si je passe une heure tout les deux jours à faire du sport, c'est pour m'entretenir, pas pour perdre un ventre bedonnant dû à un trop plein de bières consommées devant la Major League. Oui je préfère le baseball au football. J'en ai pratiqué d'ailleurs, tout comme une ribambelle d'autre sport. J'ai même fait quelques sports de combat histoire de me défouler un peu. Pas de soccer par contre, je déteste ça.

La prestance... C'est quand même plus facile quand on a un trois pièces réalisé main et sur mesure par un tailleur milanais, je vous l'accorde. Ce qui tombe plutôt bien puisque c'est mon cas. Le sur-mesure, il n'y a que ça de vrai. Les seules fois où un homme devrait porter un costume d'un grand magasin, c'est lorsqu'il porte le sac poubelle dans lequel il l'a fourré avec le reste de ses ordures. Des costumes, j'en ai des dizaines. Certains détestent porter ça, moi j'adore. De manière générale, j'adore tout ce qui est italien. On a beau dire ce qu'on veut sur le luxe à la française, les meilleurs tailleurs sont italiens. Même mon dernier coup de cœur en matière d'horlogerie est italien. Une Panerai. La Radiomir 1940 3 Days Ceramica, pour être plus précis. La beauté du design à l'italienne mélangé à la qualité de l'horlogerie suisse. Sobre, élégante, cette montre est une pure merveille, j'adore. Bon, après je suis comme le commun des mortels hin, il m'arrive de porter des vêtements beaucoup plus décontractés. Je réserve ça à la maison ou à l'hôtel, lorsque je sais que je vais être seul. Le fait est que ce n'est pas ce qui fait la majeure partie de ma garde robe. Ce qui n'est pas vraiment pratique les temps qui courent. Et non, malheureusement ma montre ne tire même pas de rayons lasers...


a storm is coming

Oh je sais très bien ce que vous pensez. "Il se vante, il se vante. C'est facile de dire tout ça et de la ramener quand on est né avec une cuillère en or dans la bouche !". Et vous avez entièrement raison. À 100%. C'est beaucoup simple de s'en sortir dans la vie quand on s'appelle Kohlberg, Bettancourt ou Walton. Et comme vous le constaterez... Ce n'est pas mon cas. Mmmh ? Ah oui, je ne vous ai pas dit mon nom c'est vrai. Je m'appelle Adam Shepherd. Je suis né le 18 mai 1977, dans une famille de la petite bourgeoisie new-yorkaise. Mon père était expert dans un cabinet comptable. C'est sans doute de lui que me vient cette passion pour les chiffres. Ce n'était pas un monsieur très drôle. Il était rigoureux, rigide peut-être, autant dans sa carrière que dans sa famille mais c'était un homme bon. C'était ma mère, Mary, l'âme de la maison. Elle était décoratrice d'intérieur. C'était une femme de goût, raffinée. Ils se sont rencontrés alors qu'elle avait été engagée pour décorer les nouveaux bureaux de la compagnie dans laquelle mon père travaillait. Le lendemain de ma naissance, mon père, Gordon, a ouvert un compte épargne à mon nom, auquel je n'ai pu avoir accès qu'à ma majorité. Ils y plaçaient deux cent cinquante dollars par mois. Pour les plus fainéants, ça fait cinquante-quatre mille dollars. J'ai eu une enfance heureuse. Vraiment. J'ai eu tout ce dont j'avais besoin pour éveiller mon esprit. Mon père m'a appris à lire et à compter très tôt. Il refusait que son fils soit un benêt. Du coup, j'avais toujours le nez dans un bouquin. Ma mère, elle, se chargeait du côté affectif. Je n'avais pas beaucoup d'amis mais ça m'allait très bien. Je n'étais pas très sociable à cet âge là à vrai dire. C'est venu plus tard.

Mes parents m'avaient répété que l'école, c'était du sérieux, comme tout les parents je suppose. Et moi je faisais parti des gosses qui écoutaient leur parents. Je ne restais pas tout seul dans mon coin pendant la récré, mais mon cas n'était pas très loin de celui du binoclard assis au premier rang qui a réponse à tout, la paire de lunettes en moins. Du coup oui, j'étais un élève très studieux. Je l'ai toujours été. Que ce soit en maternelle ou en secondaire, je ne m'autorisais du bon temps qu'une fois  mes devoirs faits et mes leçons apprises. Bon au début, je reconnais que mon père y veillait avec une certaine attention mais à force j'ai pris le pli et je me suis mis à le faire seul. L'excellence était l'unique critère acceptable. Et j'excellais.

À la fin du secondaire, concrètement, j'avais un peu le choix de l'université où faire mes études. Je suis sûr que vous vous attendez à ce que je dise que je suis allé à Harvard, pas vrai ? Et bien non. J'ai choisi l'université de Stanford, en Californie. Pour plusieurs raisons. Déjà, parce que c'était à l'autre bout du pays. Ça me permettait de m'éloigner de mes parents, de voler de mes propres ailes. Ensuite, justement parce que Stanford n'est pas Harvard. Harvard, c'est le nec plus ultra de l'éducation. Membre de l'Ivy League, son prestige et sa renommée ont un rayonnement mondial, bien sûr. Mais ! Stanford est meilleure. … Enfin, vous devez avoir votre propre opinion sur le sujet et si elle diffère, je suis sûr que vous pourrez pardonner le soutien d'un alumnus, promo 1995, à sa vieille université. Mes résultats m'ont permis de décrocher une bourse d'études basée sur le mérite et j'ai commencé mes études en mathématiques appliquées. Mathématiques financières plus particulièrement. Dans ma chambre d'étudiant, j'ai presque pas eu de vie pendant trois ans. Je me suis tenu très loin de toute fraternité, n'appréciant pas leurs méthodes et souhaitant rester indépendant. Du coup, je passais le plus clair de mon temps à réviser quand certains allaient boire des bières le soir et aller s'éclater une semaine à Cancun pour le Spring Break. Un sacrifice que j'ai fait volontiers et qui a payé puisque j'ai eu mon Bachelor trois ans plus tard en sortant second de ma promo. Ensuite j'ai enchaîné en faisant un master , toujours à Stanford. C'était reparti pour deux ans. Deux ans à se lever à 5 heures tout les matins, à aller en cours, rentrer, travailler jusqu'à 23 heures. J'ai décroché mon master sans problèmes et étais même major de promo cette fois-ci. Il était hors de question pour moi de ne pas finir premier une seconde fois. Nous étions donc en 2000 et je retournais à New-York, diplômé et avec les honneurs, prêt à rentrer dans la vie active.

Ah oui c'est vrai, je vous ai pas raconté ça. Grâce à mes résultats, j'ai été débauché par un chasseur de têtes au cours de ma seconde année de master. Plusieurs à vrai dire. Celui qui m'a convaincu de travailler pour son entreprise bossait pour Kohlberg Kravis Roberts, une firme multinationale de capital-investissement dont vous n'avez certainement jamais entendu parler. J'ai travaillé pour eux pendant quatre ans. Je faisais principalement des analyses financières pour déterminer les investissements juteux qui généreraient le plus de RSI. Je pourrais rentrer dans les détails, vous parler d'analyses asymptomatiques, de théories ergodiques, de volatilité stochastique ou encore du théorème de Girsanov mais vous n'y comprendrez rien et vous me regarderez avec des gros yeux ronds, alors à quoi bon ? En 2003, j'ai demandé une mutation pour la division de Menlo Park, à deux pas de l'Université de Stanford qui a été accepté. Le but ? Je voulais retourner à la fac pour passer un MBA. Ce que j'ai fait. Pendant trois ans, j'ai passé mon temps entre les bureaux la journée et les cours les soirs et week-ends. Je pensais sérieusement avoir eu un rythme pendant mon master mais comparé au MBA c'était rien. C'est au cours de la première année de MBA que j'ai rencontré ma future femme.

Maintenant que je vous dit ça, je me rend compte qu'on a pas encore parlé de femmes vous et moi. Pendant mon adolescence, je n'avais pas vraiment de succès. Enfin si j'en avais, mais auprès des intellectuelles pas des reines du bal de promo. Ça a commencé à changer à l'université. J'ai eu quelques copines là-bas et puis à mon retour à New-York aussi. Et puis il y a eu Amanda. On s'est rencontré sur le campus mais elle faisait des études littéraires. C'était l'amie d'une amie. Vous voyez le genre. On s'est marié en mars 2005. Au début, elle ne m'intéressait pas vraiment. Et puis à force de la fréquenter, ça a changé. En fait ça a surtout changé le jour où j'ai appris son nom de famille. Un grand nom dans le domaine des affaires. Elle était le genre de filles à avoir des connexions. Son père à vrai. Et les connexions, c'était typiquement ce qui me manquait. J'ai fini par les avoir au final. Ce que je m'apprête à dire, j'y ai réfléchi de nombreuses fois. L'ai-je aimé ? L'ai-je un jour véritablement aimé ? Je crois bien que la réponse est non. Je me suis attaché à elle bien sûr, forcément en ayant vécu presque douze ans avec une personne, on finit par s'attacher, mais aimer, je ne pense pas. Et je ne serais jamais en mesure de dire si elle le savait ou non. Je pense qu'elle a dû le sentir mais je ne pourrais pas le confirmer. Et je ne sais pas si elle m'aimait aussi. Je pense surtout qu'elle aimait l'idée qu'elle se faisait de moi, de notre relation et le sentiment de sécurité que la bague qu'elle avait au doigt lui procurait. Je vous l'ai dit, c'était une littéraire, elle était rêveuse. Vous devez me trouver horrible à dire tout cela et pourtant, j'ai toujours fait mon maximum pour la rendre heureuse. Je me sentais... Redevable quelque part. Envers son père principalement. À la fin de mon MBA, j'avais l'intention de continuer à travailler pour KKR & Co., mais il m'a fait rencontrer quelques hauts placés du Blackstone Group. Ils m'ont proposé un meilleur travail, un meilleur salaire. J'ai accepté. Forcément.

J'étais affecté au département des services financiers, responsable de la section "gestion alternative". Un véritable bond dans ma carrière. C'était une chance inouïe. En réalité, ça l'était beaucoup moins. Je suis sûr que vous savez de quoi je parle. Mais si, des centaines de milliards de dollars de pertes, des licenciements à tour de bras, des traders qui se jettent par les fenêtres, Occupy Wall Street. La crise des subprimes. Vous voulez que je vous explique ce qu'il s'est passé ? Quelqu'un, quelque part a merdé grave. Ça a commencé en 2001, lorsque les subprimes, des prêts hypothécaires accordés aux emprunteurs à risque, ont commencé à se généraliser. Et puis les rehausseurs de crédit ont mis leur grain de sel. Par un habile tour de passe-passe, ils ont réussi à faire croire que des produits financiers à risque ne l'étaient pas du tout et étaient au contraire parfaitement rentable. Je ne saurai pas vous dire qui est le petit génie qui est arrivé en premier avec cette idée mais tous ce sont mis à le faire. Pourtant, forte rentabilité et risque minime n'ont jamais fait bon ménage en finance. C'est une leçon de première année quoi. Bien sûr, tant que les taux d'intérêts et le marché de l'immobilier se maintenaient, tout allait pour le mieux, le système n'était pas en danger. Les gens auraient dû se douter que ça merderait quelque part. C'était trop beau pour être vrai. Mais non. On a foncé droit dans le mur. Enfin je dis "on" mais bon, moi, je faisais partie de ceux qui ont vu la chose arriver. J'étais pas le seul. Gramlich, l'un des plus grands économistes de notre temps, tirait déjà la sonnette d'alarme. Le monde de la finance n'a pas écouté et il est arrivé ce qui est arrivé. Lorsque le marché de l'immobilier s'est effondré, on y a tous laissé des plumes, certains plus que d'autres. Moi, ma clairvoyance m'a permis d'éviter, et de faire éviter à mes clients et à leurs investissements, le pire. Mieux même, c'est à cette période que j'ai gagné une bonne partie de ma fortune actuelle. En tout cas, je reconnais volontiers qu'elle m'a été d'une aide précieuse quand il a fallu se sortir de ce bourbier monumental.

Elle, c'est Michaela Lewis, la magnifique brune assise là-bas, regardez. Je me souviens encore du premier jour où elle a passé la porte de mon bureau. La première chose à laquelle j'ai pensé c'était "Super, encore une bimbo incompétente qu'on met là pour faire plaisir à monsieur un tel et qui n'hésitera pas à écarter les cuisses pour de l'avancement. Il va encore falloir que je trouve une excuse pour la réaffecter ailleurs". Autant vous dire que je me suis trompé sur toute la ligne. Dès ce premier instant, j'ai voulu la mettre au test, et franchement, elle m'a fait forte impression. Non seulement c'est une travailleuse acharnée mais en plus nous partageons la même vision du monde. Une véritable petite perle. Du coup, en 2010, lorsque j'ai voulu ouvrir ma propre boîte, il était hors de question que je la laisse derrière moi. Elle a accepté, fort heureusement. En y réfléchissant bien, je ne sais pas ce que ça aurait donné sans elle. Michaela n'a pas été la seule à me suivre dans cette histoire, j'ai pu embarquer avec moi quelques uns de mes plus fidèles investisseurs.

Le premier septembre 2010 donc, la Shepherd Capital Management était lancée. Nous nous sommes spécialisés dans trois domaines d'activités principaux : le gestion alternative de portefeuilles, le capital-investissement et le consulting financier. J'avais investi une bonne partie de ma fortune personnelle, soit quelques dizaines de millions de dollars, dans la société afin qu'on ne manque jamais de moyens. Je ne voulais pas qu'on passe à côté d'un contrat juteux simplement par manque de moyens. Si l'un d'entre nous, peu importe qui, avait besoin de se déplacer pour un rendez-vous commercial, il le faisait. On a eu d'énormes frais, le début a été une période assez dure, il fallait être sur tout les fronts, tant Michaela que moi et le reste de mes employés avons dû travailler nuit et jour pour nous faire une place sur le marché, mais ça a fini par payer. C'est comme ça que nous avons été amené à Shanghaï pour y rencontrer des futurs clients désireux d'investir sur le sol américain.

Avec la création de la société, Michaela était devenue un peu plus qu'une secrétaire glorifiée. Elle était véritablement devenue mon bras droit. Elle m'accompagnait souvent dans mes déplacements et représentait mes intérêts et celui de nos clients lorsque je n'étais pas en mesure de le faire ou que j'étais appelé ailleurs. Tout les deux, nous formions une excellente équipe. C'est pour cela que nous étions ensemble à Shanghaï. Nous avions pris des chambres dans l'un des plus luxueux hôtels de la ville, le Banyan Tree Shanghaï On The Bund. Avec ce que nous gagnions par mois, on pouvait largement payer se payer une chambre à quatre cents dollars la nuit. C'est arrivé au troisième soir de notre voyage en Chine. Les négociations étaient, ma foi, assez banales. Ils voulaient investir, nous regardions où, quand, comment, quelle somme, sur quelle durée. Je baragouine le chinois, donc c'était elle qui faisait la traduction et menait la plupart des discussions. La journée avait été longue puisque nous devions régler les derniers détails avant la signature du contrat le lendemain. J'avais eu envie d'un verre avant de me coucher donc j'avais pris un des cigares que j'avais amené avec moi et j'étais descendu au bar de l'hôtel histoire de savourer un ou deux whiskys. Je pensais être seul. Et puis Michaela m'a rejoint. Ce n'était pas la première fois que nous nous retrouvions seuls autour d'un verre ou au restaurant et je serais bien incapable de vous dire ce qui avait changé mais cette fois-ci, c'était différent. Peut-être était-ce le cadre. Le Banyan Tree est considéré comme l'hôtel le plus romantique de la ville. Peut-être était-ce autre chose, je ne sais pas. Nous avons parlé pendant un temps. Non, en fait nous nous sommes séduits pendant un temps et les choses en entraînant une autre, on a fini par s'envoyer en l'air.

Oui oui, je sais, tromper sa femme c'est pas bien. Je vais pas revenir sur la relation que j'avais avec elle, je suppose que vous avez parfaitement compris que ce n'était pas la femme de ma vie ou quoi que ce soit de ce genre. C'était déjà arrivé. Et ça aussi, je ne serais pas en mesure de dire si Amanda l'ignorait complètement ou si elle savait mais ne disait rien. Donc comme je disais, c'était arrivé quelques fois auparavant mais avec Michaela, ce n'était pas vraiment pareil. Allez savoir, c'était peut-être l'alchimie, je ne sais pas. Vous allez me dire, ça nous pendait au nez à force, après tout je passais plus de temps avec elle qu'avec mon épouse. En quatre ans, depuis notre rencontre, nous avions eu de quoi nous tourner autour. Oui, je vous ai dit que j'avais particulièrement apprécié son professionnalisme mais à aucun moment j'ai dit que je ne la désirais pas. Il faudrait être aveugle ou fou pour ne pas avoir envie d'une pareille femme. Ou gay, et encore, je n'en mettrais pas ma main à couper. Donc oui. Nous avons couché ensemble ce soir. Et puis le lendemain aussi après la signature du contrat. Et après notre notre dîner au Light & Salt. Entre-temps, nous avions décidé de prolonger notre séjour de deux jours. Deux jours pendant lesquels notre activité principale se résumait à rester au lit. Bon d'accord pas que dans le lit. Il y a eu le jacuzzi aussi, le tapis, le transat sur le balcon...

Notre affaire aura duré un mois, à peu de chose près. Que ce soit à New-York après notre retour ou ailleurs, chaque excuse était bonne pour qu'on passe du bon temps ensemble. Au bureau, chez elle, dans la voiture. On s'est même éclipsé au cours d'un gala de charité pour aller faire ça dans les toilettes, gala auquel participait également ma femme, c'est vous dire. Le sexe avec elle n'avait rien de comparable avec les autres. Nous avons tout les deux un caractère dominants alors forcément ça faisait des étincelles. Mais pas tout le temps. Non parfois, on se torturait lascivement, en cherchant à rendre l'autre fou. Et je peux vous dire que dans ce domaine là aussi, elle excelle. Elle n'en avait pas vraiment besoin. Michaela était rapidement devenue une drogue dont je ne pouvais que difficilement me passer. À tel point que ça a fini par impacter l'entreprise. Forcément lorsqu'on laisse tomber un dossier pour tirer un coup, le business finit par en pâtir. Nous devions prendre une décision et c'est ce que nous avons fait. Les affaires avant le plaisir. Nous avons tout arrêté, du jour au lendemain, conscients qu'il suffirait d'une fois pour tomber de nouveau dans cette spirale. Ce n'était pas évident au début, il nous a fallu un peu de temps pour nous réhabituer mais on a réussi à s'en passer.

La vie a repris son cours. L'entreprise marchait bien, notre portefeuille de client s'agrandissait petit à petit, le nombre d'employés aussi. J'ai eu d'autres maîtresses, Michaela d'autres amants. Je n'étais pas spécialement jaloux. Je pense qu'elle non plus. Nous savions que ce n'était pas possible pour le bien de tous. J'ai tout de même hésité à appeler mon yacht Michaela mais par égard pour ma femme, j'ai préféré lui donner un autre nom. Vous connaissez l'expression "The one that got away" ? Pour moi, c'était elle. La femme parfaite, celle avec qui j'aurai pu finir mes jours, si le destin n'en avait pas décidé autrement. Enfin je dis le destin, mais c'était notre décision. Seulement elle aurait pu être différente si la situation l'était également. Si il n'y avait pas eu la compagnie. Si il n'y avait pas eu ma femme. Si une partie de nos actifs ne venaient pas de mon beau-père. C'est d'ailleurs pour ça que je ne pouvais pas simplement divorcer et faire ma vie ailleurs.

Tiens en parlant de mon épouse, elle est tombée enceinte en 2013. C'était une petite fille. Qui n'aura jamais vu le jour malheureusement. Amanda a fait une fausse couche. J'aurai aimé vous dire que j'étais dévasté mais ce serait un mensonge. Je n'étais même pas à son chevet quand c'est arrivé. Non, j'étais en voyage d'affaires à Seattle avec Michaela ce jour-là. Nous signions l'un de nos plus gros contrats, alors forcément. Le champagne coulait à flot lorsque j'ai reçu l'appel. Ça a un peu gâché la fête mais bon... Sa fausse couche a entraîné quelques complications, nous n'avons plus jamais été en mesure d'avoir un enfant. Pas que ça me dérangeait hin, j'ai toujours voulu attendre la quarantaine avant de devoir gérer un marmot.

L'entreprise a vraiment pris de l'ampleur au cours des deux dernières années. Nous avons même fait l'acquisition d'un petit jet pour nos déplacements. Au final avant que tout ça se déclenche, les actifs gérés par la Shepherd Lewis Capital Management s'élevait à environ quinze milliards de dollars, répartis à travers le globe. Ma fortune personnelle, elle, s'élève à 2,5 milliards. Ah oui, je ne vous ai pas dit. J'ai décidé de faire un cadeau très spécial à Michaela pour son anniversaire cette année. Je lui ai offert un statut d'associée, avec des parts dans la société à hauteur de 30%. Du coup, le nom a changé. Il était grand temps que son implication soit appréciée à sa juste valeur.

on the highway to hell

Je suis sûr que vous devinez déjà la raison de ma présence ici. Les affaires. C'est pour ça que nous sommes là, elle et moi, et pas à New-York. Nous avons atterri le treize à l'aéroport international de Seattle-Tacoma avec un agenda quelque peu chargé. Vous vous souvenez de ce client a Seattle dont je vous ai parlé ? Nous avions rendez-vous avec eux le quatorze et le quinze. Un rendez-vous de routine comme il y en avait eu d'autres par le passé, j'ai toujours pensé qu'un contact régulier était la source de relations commerciales durables. Deux jours donc, pendant lesquels nous allions dresser le bilan de leurs actifs, faire un compte-rendu de l'état des placements que nous avions effectués pour leur compte et des retour obtenus. Nous avions un autre rendez-vous de prévu, le 16 et le 17, un consulting de base avec un nouveau client, rien de bien méchant. En principe, ce genre de trucs était géré par nos employés mais vu que nous serions sur place à ce moment-là, Michaela et moi avions décidé de nous en occuper. Ils auraient eu droit aux grands patrons.

Comme vous vous en doutez, notre agenda a été légèrement perturbé. Je ne savais franchement pas quoi penser de toutes ces histoires qui apparaissaient aux quatre coins du pays. Bien sûr que je me tenais informé. Un homme dans ma position se doit de l'être, on ne peut tout simplement pas ignorer ce qu'il se passe dans le monde. Avec suffisamment de recul, les informations peuvent vous aider à définir les tendances de certains marchés. Un pays exportateur de pétrole rentre en guerre ? Le cours va augmenter, vous pouvez en être certains. Donc, oui j'avais vu les informations, j'avais lu les articles dans la presse. Mais ça ne restait que des faits divers, complètement aberrants qui plus est. J'avais pris l'avion avec le cœur léger, assuré qu'il ne s'agissait là que d'une passade.

Évidemment, à peine avions-nous posé un pied sur le tarmac que le gouvernement attestait enfin la présence d'un nouveau virus. Je n'aime pas les virus. Ni les épidémies. C'est bon pour l'industrie pharmaceutique, mais c'est, de manière générale, pas très bon pour le reste. Nous n'avons pas modifié notre planning pour autant et sommes allés, comme convenu, à notre meeting du quatorze. Nous n'aurions pas dû. Le retour a été catastrophique. J'avais l'impression d'être dans un autre monde. C'était... Les mots me manquent. Un bordel innommable. Heureusement qu'Antonio était là. C'est un peu notre homme à tout faire. Chauffeur personnel, livreur. Même garde du corps à ses heures perdues. Nous avons passé les quatre jours suivants à l'hôtel, pendu à la télévision pour suivre les événements. J'essayais de maintenir un contact permanent avec le bureau mais plus le temps défilait plus il était difficile de les joindre. Je ne sais pas ce qu'ils sont devenus.

Lorsque le gouvernement a annoncé la création des camps sécurisés, notre première pensée a été de nous y rendre. Rester à l'hôtel ne nous semblait pas le choix le plus judicieux. Nous n'étions pas chez nous, sans aucune réelle protection, à la merci des infectés et des émeutiers. On a donc pris notre berline de location et filé tout droit jusqu'au stade de CenturyLink, le camp le plus proche du Four Seasons. Évidemment, ça ne s'est pas bien passé. On s'est retrouvé coincé. Contre nos avis, Antonio a décidé de sortir jeter un œil. Ça ne faisait pas une minute qu'il était dehors qu'il se faisait attaquer par un infecté. Je ne l'ai même pas vu venir. Je n'ai même pas eu le temps de le prévenir. C'était une femme. Elle lui a arraché la carotide en un clin d’œil et a continué à s'acharner sur son corps. C'était une chose de voir les vidéos, d'en entendre parler. Mais en être témoin, voir la scène se dérouler à une poignée de centimètres seulement, avec juste une vitre et une portière de voiture comme protection, je peux vous assurer que ça n'a rien à voir.

C'est grâce à Antonio que nous avons pu arrivés ici. Son sacrifice nous a servi de diversion. Michaela et moi sommes sortis et avons couru. Je faisais souvent du footing pour maintenir ma forme et ma ligne, mais là j'ai l'impression de n'avoir jamais couru comme j'ai couru ce jour-là. J'ai du jouer des épaules quelques fois pour qu'on puisse se frayer un chemin à travers la foule. Vous ne pouvez pas imaginé le soulagement que j'ai eu en passant le checkpoint, en foulant pour la première fois la pelouse du stade. Ce qu'on vit ici est à des années lumières de la vie que je menais avant. Qu'on menait. Je pense qu'elle est dans le même état que moi, un peu perdu. Et je dois avouer que ça me rend fou de ne pas être maître de la situation, de savoir que je ne peux rien faire pour changer la donne. Voilà. C'est ça mon histoire. C'est quoi la votre ?

- Lo sentimos señor, hablamos pobres Inglés.

time to meet the devil

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fiche (c) elephant song.
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Re: The Success Story of M. Shepherd

Mer 11 Nov 2015 - 19:05

Bale le retour :Jay:
R'bienvenue & bonne rédaction !
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Re: The Success Story of M. Shepherd

Mer 11 Nov 2015 - 19:38

Bonne rédaction Very Happy
Localisation :rusted hills, j'ai ris Very Happy
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Re: The Success Story of M. Shepherd

Mer 11 Nov 2015 - 19:43

Oooooops x)

C'est corrigé Razz


Merciiii !
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Re: The Success Story of M. Shepherd

Mer 11 Nov 2015 - 19:45

christian bale The Success Story of M. Shepherd 1011461198 The Success Story of M. Shepherd 4160752524
rebienvenue donc The Success Story of M. Shepherd 1442386177
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Re: The Success Story of M. Shepherd

Mer 11 Nov 2015 - 19:51

:smile49:
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Re: The Success Story of M. Shepherd

Mer 11 Nov 2015 - 20:06

T'es vraiment moche comme ça.


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