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Blake Spencer - Fire meet Gasoline

Mer 25 Nov 2015 - 21:41


Blake Spencer
27 ans • Américaine • Artiste peintre • CenturyLink Field

i've got a war in my mind



Aux premiers abords, le personnage peut être choquant : la jeune femme s'exprime beaucoup en criant et le beuglement peut sembler être son seul moyen de communication avec ses pairs ; de ce fait, elle n'est pas très facile à vivre au quotidien. Rien ni personne ne peut avoir grâce à ses yeux et chacune des personnes qui la côtoie au quotidien se fera engueuler au moins une fois dans la journée, à titre justifié ou non. Elle est très critique et exigeante, beaucoup avec les autres mais encore plus avec elle. Du fait de l'éducation qu'elle a reçue, elle a beaucoup de difficulté à s'ouvrir aux autres mais c'est un peu malgré elle puisque on ne lui a jamais vraiment enseigné à communiquer, à partager ses émotions. C'est d'ailleurs probablement pour cela qu'elle crie autant : elle ne sait tout simplement pas faire autrement. Ce n'est certes pas une tendre mais si on sait l'apprivoiser, c'est une jeune femme avec qui il est agréable de discuter de tout et de rien.

Son âme d'artiste s'explique peut-être par ça, cette incapacité à s'exprimer par des moyens conventionnels. Si la jeune femme est d toute évidence peu encline à se confier et à faire preuve de douceur, ses oeuvres, elle, trahisse cette grande fragilité qui l'habite et qu'elle ne permet de laisser transparaitre qu'à travers les grands traits d'aquarelle qui marbrent les toiles de son atelier. La maxime ''Aboyer fort mais ne pas mordre'' qualifie très bien Blake. Son cynisme, sa froideur apparente et son mauvais caractère ne sont qu'un épais mur de glace qu'il peut être intéressant, quoique laborieux, de tenter de percer.

Comme elle n'a pas beaucoup de charisme et qu'elle se laisse difficilement approcher, très peu de gens forment son cercle d'amis, qui est plus que restreint. La jeune femme n'a donc logiquement que très peu d'amis et lorsque le monde tournait encore rond, ses soirées se résumaient à s'enfermer dans son atelier en compagnie d'une bonne bouteille de vin rouge et sa toile du moment. Forte et indépendante, surtout du côté des histoires de coeur, Blake se refuse à considérer qui que ce soit comme conjoint potentiel. Les coups d'un soir sont son quotidien et aller flâner dans les bars pour trouver une conquête d'un soir l'amuse profondément, c'est d'ailleurs les seuls moments où elle s'autorise à déployer un quelconque charme pour arriver à ses fins.

Elle a cependant, comme tout le monde, quelques bons côtés. Son humour, même si il peut être considéré comme bizzare et décalé pour certaines personnes, fait partie intégrante de sa personnalité. Lorsqu'elle n'est pas occupé à gueuler, elle aime beaucoup plaisanter avec les gens qui l'entoure. Très portée sur le second degré et l'ironie, les gens qui ne la connaissent pas peuvent la prendre pour une idiote lorsqu'elle dit ce qui est pour elle une blague. C'est une fonceuse et une battante et c'est certainement pour cela qu'elle est encore en vie. Les obstacles et les gens qui tentent de lui mettre des bâtons dans les roues sont autant de raison de se battre et d'avancer. Tout au long de sa vie, tout ceux qui doutaient d'elle et de ses capacités à s'en sortir lui ont permis de se dépasser et de leur prouver à tous qu'ils avaient tort. Non n'est pas un mot qu'on peut se permettre de lui dire.

Jamais depuis le début des événements elle n'a eu envie d'abandonner et elle méprise ceux qui l'ont fait. Depuis le début de la fin du monde tel qu'on le connaissait, la jeune femme ne se laisse pas décourager et chaque jour que Dieu fait, elle se lève en ayant qu'une seule idée en tête : survivre. Pas très sociable et plutôt sauvage dans son 'ancienne' vie, elle se dit que si côtoyer des gens peut l'aider à survivre, elle le fera. Certes pas de gaieté de coeur et souvent en affichant une mauvaise foi plutôt désagréable, mais elle le fait. Elle est reconnaissante envers ceux qui l'aident mais elle n'hésitera pas à écarter de son chemin ceux qu'elle considère comme nuisibles.

En résumé, si on arrive à l'approcher et à la supporter au quotidien, c'est une alliée redoutable qui sait se montrer utile et reconnaissante.



and blood on my hands

C'est qu'elle a pas l'air très avenante Blake, avec son regard froid comme l'acier qui semble vous toiser comme si vous étiez le dernier des abrutis. C'est peut-être pour ça que vous ne vous attardez pas plus longuement sur elle, sur son visage, ses longs cheveux bruns qui cascadent plus ou moins harmonieusement le long de son dos légèrement vouté : à force de peindre et d'ainsi passer son temps penchée devant son chevalet, elle n'est plus des plus gracieuses. Sinon ses grands yeux pas très avenants, il n'y a pas spécialement quelque chose à signaler. Pas de style vestimentaire particulier, pas de piercings, juste un long tatouage le long de sa cuisse qu'il vous est de toute façon impossible d'apercevoir.

Civile de base, la brune ne possède pas d'arme particulière, sinon le grand couteau de cuisine qu'elle a glissé en catastrophe dans son sac à dos au moment où son voisin est venu la récupérer . Des vêtements simples et pratiques complètent l'attirail, de même qu'un grand cahier aux pages déjà bien remplies, depuis le temps qu'elle a passé à Century.

a storm is coming



C'est l'histoire d'une enfance qui est aussi classique que triste. Papa est PDG, gagne les sousous. Les sousous ont transformé maman en folle dingue de la haute société. Papa boit pour oublier que maman est folle. Maman boit pour oublier que papa boit pour oublier. Et au milieu de ce bordel, on retrouve une petite brunette en tout point semblable aux autres petites brunettes de son âge. Des yeux bleus pétillants d'une enfance qui lui filera bien trop vite entre les doigts et une nounou antillaise qu'elle prendra pour sa mère jusqu'à ses 4 ans. Certes, la gamine n'est pas malheureuse et elle ne manque de rien, sinon d'un cadre familial normal. Elle comprend qu'elle est différente des autres lorsqu'une grosse berline se frait un chemin entre les familiales pour venir la chercher, à la sortie des cours.  

A l'école, elle est cataloguée comme la fille Spencer, la fille des riches Spencer et personne ne veut trop s'approcher d'elle pour cette raison. Les enfants la rejette pour ses nattes trop bien coiffées, pour ses goûters qui viennent du traiteur et pour ses chaussures trop vernies. Les gamins savent se montrer particulièrement cruel et redoutable, et Blake en fait quotidiennement les frais. La petite rentre tous les soirs en ravalant ses larmes devant son père qui aurait vite fait de l'engueuler de pleurer pour des gens tellement inférieurs à sa caste. En attendant lui, le Picsou, l'avare de Molière, refuse de l'inscrire dans une école privée où au lieu de détonner elle ferait enfin partie d'un groupe. Alors pendant les cours elle ne dit rien, s'asseoit au fond de la classe en espérant pouvoir un jour passer entre la colle et le papier peint. Bien sûr, son professeur de l'époque remarque que la gamine se renferme de plus en plus sur elle et aussi bien sûr le traitement que ses petits camarades lui réserve à la récré. Il appelle le père Spencer et ce dernier fait ce que tout père qui ne sait pas communiquer avec son enfant fait : il envoie un domestique accompagner sa fille unique chez le psy.

C'est un grand monsieur chauve qui n'inspire pas du tout confiance à la petite brune.

-Alors, tu viens me voir pourquoi?

La gamine hausse les épaules.

-Tu ne veux pas parler?

Les boucles brunes s'agitent de gauche à droite.

-Tu ne veux pas me parler de tes parents?

-Papa travaille. Et maman mange du médicament.

Et ainsi de suite. Séances sur séances. Années après années. Blake devient une grande adolescente efflanquée qui n'ouvre la bouche qu'une ou deux fois par jour. L'adolescence n'est pas une partie de la vie facile pour elle - l'est-elle pour quelqu'un ? - et la frustration qu'elle aura accumulée tout au long de son enfance explose, un soir de novembre, autours du rôti de porc et des pommes de terres au four. Les couverts et les mots volent sans que personne ne soit là, ou n'aie l'envie de les arrêter. Blake a 18 ans, toute la rancune du monde au bord des lèvres mais son père est plus rapide qu'elle.

-Casses-toi de chez moi! Je t'ai jamais aimé, t'es la pire erreur que j'ai faite de toute ma vie! Ta mère quand elle était enceinte de toi, j'aurais dû la pousser dans les escaliers, j'aurais fait d'une pierre deux coups. Casses-toi! Maintenant! Je veux plus jamais te voir!

Elle n'avait rien d'autre en poche que sa carte de crédit platine que son père n'eut jamais la bonne idée de couper. C'est la seule chose qu'il lui restera de lui et jamais elle n'éprouvera de cette situation le moindre regret. Pensait-elle à sa mère, parfois? Avec beaucoup de rancoeur, oui. Elle n'eut plus jamais de nouvelle d'elle, à croire que sa naissance et son existence n'était qu'une vague souvenir dont il valait mieux se débarrasser. Blake apprit quelques temps plus tard que sa génitrice était décédée d'une crise cardiaque. Via la presse locale, bien sûr. Son père? Pouf, évanoui dans la nature grâce à un tour de passe-passe dont il avait eu le secret toute sa vie.

Elle loua un petit appartement au centre ville de Chicago et s'inscrivit à des cours de peinture. Durant son adolescence, cloîtrée dans sa chambre comme une sauvage, elle passait des heures entières devant ses carnets, ses toiles, à lire des livres sur ces grands maîtres qu'elle considérait plus comme une famille que celle qu'on lui avait attribué à la naissance. Elle dévorait depuis sa tendre enfance tout ce qui portait sur ce même sujet et sans pouvoir déterminer exactement ce qui lui plaisait tant là-dedans, elle ne se voyait pas faire autre chose de sa peau. Pour la première fois de sa vie, elle se sentait enfin épanouie... Et comptait bien faire payer son retard là-dedans à tout le monde. Plus elle prenait d'assurance et plus la jeune femme prenait de la place au sein de ses cours. Il n'était pas rare de l'entendre beugler au fond de la classe, engueulant autant ses camarades que son elle-même. Rapidement, elle devint première de sa promotion et c'est sans difficulté, une fois son diplôme des Beaux Arts en poche, qu'elle trouva un petit bout d'atelier pour pratiquer son art en toute impunité.

Sa première exposition arriva quelques années seulement après sa sortie des bancs d'école : un mécène avait remarqué ses bouts de cahiers alors qu'elle trainait dans un énième musée. Il lui donna sa carte, promettant de passer voir ses petits 4 mètres carrés d'atelier à down town Seattle. blake était sceptique, les choses trop belles lui semblaient souvent aussi trop fausses pour être réelles. L'homme, un grand monsieur vêtu d'un imperméable impeccablement coupé et arborant une moustache tout aussi bien entretenu, parlait un anglais enrobé d'un charmant accent français qui détonnait par son raffinement au milieu de ses pots d'aquarelle tâchés d'avoir trop servi. Les choses commencèrent doucement, il lui prit une petite toile, puis deux et décida, vu le succès qu'elles rencontraient chez ses clients - il était marchand d'art et se targuait d'avoir le nez pour dénicher les jeunes talents - de l'exposer une bonne fois pour toute. Le succès ne fut pas immédiat mais fut suffisant pour que Blake investisse dans l'achat d'un grand appartement lumineux dans un bon quartier de Seattle.

Pour boucler les fins de mois, il lui arrivait de faire des toiles sur commande et illustrait avec plaisir des livres de contes pour enfants. Elle menait son petit bout de chemin sans ne plus rien devoir à personne et si sa vie ne brillait pas de mille feux, était suffisamment heureuse pour que chaque jour qui se levait soit un plaisir à accueillir.



on the highway to hell



Bon. Dire que c'était la merde était un joli pléonasme, une petite douceur qu'on ne pouvait plus se permettre de déblatérer au péril de se faire taxer de malade mental par son entourage immédiat. C'était se voiler la face aussi. Surtout. Oh, Blake avait bien essayé de faire comme si il ne se passait rien : A l'époque des premières infos, des premières paniques, c'était même un jeu qu'elle trouvait relativement sympatique que d'acheter un pauvre paquet de céréales et 3 pommes alors que tous les autres, avec leur tête d'Apocalypse Now, empilait les packs d'eau et des quantités de conserves dignes d'une famille de 12 ans enfants. Ca la faisait beaucoup rire même.

Hilarant.

Telle la cigale quand la bise fut venue, la brune se retrouva avec ses grands yeux pour pleurer et plus que ses pauvres doigts à manger. Dans un premier mouvement pour suivre la panique ambiante, Blake traça sa route jusqu'au plus grand supermarché du coin et ramassa au petit bonheur la chance les dernières conserves qui se battaient en duel sur les étagères, quelques pauvres bouteilles d'eau et avait ramené ses maigres rations de survie jusqu'à son cocon de pauvre cigale décidément bien conne et avec un sens de l'humour douteux.

Quand la bise fut venue : Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.


Ouep, c'était exactement là où l'avait mené son déni et ses vannes douteuses par rapport à la panique ambiante, là où son snobisme pour la panique ambiante l'avait gentiment guidé : à se retrouver à bouffer des mouches ou des vermisseaux. Pas littéralement bien sûr, non, c'était trop dégueulasse et notre cigale brune avait certaines principes dont l'ingestion d'insectes ne faisait de toute évidence par partie. Elle se retrouva simplement à rationner la moindre bouchée de nourriture qui se trouvaient dans ses 75 mètres carrées, du pain de mie qui faisait la gueule à la conserve de raviolis au fromage qui trônait comme une reine sur ses étagères poussiéreuse et presque, désespérément, vides. Personne à appeler pour prendre des nouvelles, aucun numéro à composer pour se rassurer sur la crise ambiante : il y avait longtemps que Blake avait cessé d'espérer avoir des nouvelles de l'extérieur. Dans ses quartiers qui avait bien peu à envier à toute planque de survivants qui se respectaient, mlle Spencer attendait que la vie passe avec pour seul compagnie son ventre qui revendiquait incessament quelque chose à grailler.

Dans la fable de ce charmant La Fontaine, c'était la cigale qui allait, en dernier recours et bien embêtée de son étourderie, cogner chez sa copine la fourmis. Dans le conte qui est si joliment - ahem - raconté ici présent, c'est la bestiole marron qui n'avait pas dansé tout l'été qui vint toquer chez sa voisine bien débile : Elle avait un plan la fourmi, et une voiture pour le mettre à exécution. Et dans sa grande mansuétude de Formicidae, elle voulait bien emmener sa copine qui savait décidément pas faire autre chose que de crever de faim sur le sol de sa cuisine, roulée en position foetale. Glorieux, glorieux moments s'ils en étaient. Ni d'une ni deux, Blake, qui faisait décidément une excellente cigale - opportuniste et arriviste, tout ça tout ça - emporta sa conserve de raviolis, des vêtements et ce qu'il lui semblait le plus aptes à survivre dans un sac à dos qui fut bien vite rempli. Au sommet de ses affaires trainait un ultime cahier vierge et une petite palette d'aquarelle.

Si le monde venait à chuter, tel que l'annonçait tous les signes extérieurs qu'elle se refusait à voir depuis plusieurs semaines déjà, autant essayer de l'immortaliser sur ses pages blanches. C'était ce qu'elle savait faire de mieux : observer et attendre. Wait and see. Le sport ça n'avait jamais vraiment été son truc, mais son voisin avait entendu parler d'un camp de réfugiés monté au coeur du Century Link Field. Oui. Wait and see.



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