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NSFW

Jeu 26 Nov 2015 - 20:49



New York, Novembre 2007.

Les poings sur les hanches, un simple kimono en soie sur les épaules, Michaela faisait face à son dilemme quotidien. Quelle paire de chaussure allait-elle bien pouvoir mettre ? Aujourd’hui n’était pas un jour comme les autres. C’était le début de sa vraie vie, le début des choses sérieuses. Dans quelques heures à peine, elle franchirait les portes de Blackstone pour se présenter à l’homme pour qui elle était embauchée. Commencer en tant que simple assistante n’était pas forcément glorieux mais la jeune femme se faisait suffisamment confiance pour savoir qu’il ne s’agissait là que d’une étape. La première marche vers le pouvoir. Et cette première marche s’appelait Adam Shepherd.

Elle n’était pas anxieuse pourtant, Michaela ne l’était que très rarement de toute manière. Elle ferait bonne impression à cet homme, comme elle le faisait à tous les autres, il n’y avait aucun mystère. C’est d’ailleurs dans cette idée qu’elle fit son choix. Les escarpins rouges, ça marchait toujours très bien chez la gente masculine. Elle quitta son appartement pour aller s’engouffrer dans l’imposante berline qui l’attendait devant l’entrée. « Bonjour Pedro. » Lâcha-t-elle sans vraiment lever les yeux vers l’homme qui la trimballait à travers tout New York à longueur de temps.

Rouler dans les rues de New York, peu importe l’heure, demandait une certaine organisation. Et même si elle n’avait pas le permis de conduire, Michaela vivait ici depuis assez longtemps pour l’avoir compris. C’était donc avec une bonne demi-heure d’avance qu’elle traversa les portes du building. Pourtant, il n’était pas question de se présenter immédiatement. Elle arriverait à l’heure, ni en avance, ni en retard mais bien à l’heure précise du rendez vous. Ce qui lui laissait un peu de temps pour aller ajuster sa tenue dans les toilettes. A peine avait elle levé les yeux vers le miroir qu’un petit sourire en coin se dessina sur ses lèvres. Le reflet était plutôt plaisant à regarder. La jupe de tailleur qu’elle portait semblait avoir été dessinée sur elle tant elle mettait ses courbes en valeur, sa chemise blanche au décolleté léger montrait suffisamment sa poitrine pour attirer l’œil sans paraître vulgaire et ses escarpins rouges, n’en parlons même pas. Une petite retouche maquillage et elle était prête. « A nous, M. Shepherd. » Son murmure l’amusa, l’heure des présentations avait sonné.

En arrivant à l’étage, elle fut accompagnée par une blonde tout à fait banale qui s’occupait de réceptionner les visiteurs. Sans elle, Michaela n’aurait sans doute jamais trouvé le bureau où elle devait se rendre. Mais la scène faisait presque peine à voir. La petite femme blonde dans son tailleur gris sorti tout droit d’un magasin basique paraissait bien fade comparé à Michaela qui la dépassait d’une tête et dont la démarche faisait déjà tourner quelques têtes. Elle eut même le droit à quelques regards mauvais auxquels elle ne prêta pas spécialement attention. C’était toujours pareil, qu’importe l’endroit où Michaela se rendait les réactions des gens ne changeaient jamais réellement. Au bout de quelques minutes et de quelques couloirs, la blonde lui désigna la porte où le nom de son nouveau patron était gravé en lui adressant un sourire qui ne signifiait rien d’autre que « bon courage. » Un sourcil levé, elle observa la secrétaire avant de laisser échapper un léger rire. La bonne blague. Cette histoire était gagnée d’avance.

Elle prit tout de même deux minutes, droite comme i, devant la porte pour se préparer. Elle fit glisser sa jupe qui était un peu remontée, remit en place sa poitrine afin qu’elle au maximum de son avantage puis balança ses longues mèches brunes derrières ses épaules avant de se racler la gorge. La tête haute, pleine d’assurance, elle toqua deux fois contre le bois. Une voix grave à l’intérieur du bureau l’invita à entrer. En ouvrant la porte, elle découvrait le visage de son patron. Un homme en costume, rien de bien fantastique, elle en avait déjà croisé une vingtaine entre le rez-de-chaussée et l’étage, cependant elle pouvait lui accorder qu’il le portait mieux que les autres. Visiblement, elle n’avait pas affaire à un homme très avenant ou du moins très heureux de rencontrer sa nouvelle assistante. Michaela s’en fichait, elle n’était pas là pour lui, dans le fond. Il faudrait simplement être patient.

« Michaela Lewis. » Elle envoya son plus beau sourire en tendant la main vers lui. La partie avait commencé, elle devait tout faire pour le séduire. Sa présentation s’arrêta là, nul besoin de lui dire pourquoi elle était présente, l’homme devait être au courant puisqu’il cherchait une assistante. Elle ne balancerait pas de phrase bateau non plus, ni de compliment. Lui dire qu’elle était contente de le rencontrer ne serait pas forcément vrai. Elle était contente de rencontrer le monde du travail et avait hâte de rencontrer le pouvoir mais certainement pas cet homme. S’il voulait se mettre au travail tout de suite, il n’avait qu’à lui dire.

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Ven 27 Nov 2015 - 16:25


Assis sur le rebord du lit, la tête ballante encore embrumée d'un profond sommeil, Adam s'accordait quelques minutes de répit avant que la sonnerie de 6h30 ne retentisse. À ce niveau-là, il était réglé comme une horloge. Chaque matin, il ouvrait les yeux cinq minutes avant que le réveil ne sonne, il s'extirpait des draps et s'asseyait, attendant le signal sonore qui marquerait effectivement le début de sa journée. Ce matin-là n'était pas différent des autres. Inéluctablement, l'appareil sur la table de chevet émit ses trois bips d'affilée et le brun le coupa aussitôt afin de ne pas réveiller sa femme. Véritable rituel du matin, il alla à la cuisine boire un jus d'orange qu'il pressa lui-même. C'était bien mieux que les jus en bouteille pour les vitamines. Et des vitamines, il en avait besoin pour faire sa séance de sport. Oh non, il n'était pas comme Patrick Bateman, à être capable de faire mille pompes le matin, lui était beaucoup plus simple. Une heure, quatre fois par semaine – les lundis, mercredis, vendredis et dimanches – pendant laquelle il suivait, dans la pièce de l'appartement aménagée en salle de sport, la petite routine qu'il avait mis au point. Une routine à l'ancienne, qui ne nécessitait pas des masses de matériel. Vingt tractions et vingt dips, qu'il répétait trois fois, vingt pompes et vingt squats qu'il répétait six fois. De quoi tenir une quarantaine de minutes. Adam consacrait les vingts dernière minutes à réaliser différents exercices pour travailler ses abdominaux. Après ça, la douche avait de suite des allures de bénédiction. Il ne restait plus qu'à finir sa toilette, déjeuner, choisir un costume, une cravate et une paire de chaussures et partir.

Le trajet entre son domicile, au 785 Park Avenue, et les bureaux du Blackstone Group n'était pas très long. Une dizaine de minutes si la circulation était fluide, plus si elle l'était moins. Cela lui permettait de feuilleter le New-York Times, The Economist et surtout le Wall-Street Journal. Ce matin-là, comme tous les autres, Adam continua sa lecture assis dans le fauteuil de son bureau, une grosse tasse de café à la main, sans qu'aucun article ne suscite particulièrement d'intérêts. Un peu comme la suite du programme. Il allait devoir recevoir sa nouvelle assistante, une certaine Michaela Lewis. Ça aurait pu lui plaire, mais non. Il faut dire que Miss Lewis partait déjà avec un gros désavantage : ce n'était pas lui qui l'avait recrutée. Ce n'était jamais le cas de toute façon, son domaine, c'était la finance pas les ressources humaines. Et c'était là que résidait le problème. Depuis plusieurs mois déjà, les grands patrons tenaient à ce qu'il ait une assistante, bien qu'il leur ait dit et répété ne pas en avoir besoin. C'était vrai en soi, Shepherd se débrouillait parfaitement bien tout seul. Il préférait même, c'était mieux que de devoir s'accorder avec les méthodes de travail d'une autre personne, qui évidemment ne seraient pas comme les siennes. À n'en pas douter, Michaela, comme les quelques autres qui l'avait précédée, ne serait pas à la hauteur. Et immanquablement, il devrait demander sa réaffectation à un autre service dans trois semaines. Une belle perte de temps. L'homme d'affaires devait pourtant bien reconnaître qu'elle avait un beau dossier. En élève assidu, il l'avait parcouru de long en large en se posant les mêmes questions que d'habitude. Combien de temps avant qu'elle ne fasse une bourde ? Combien de temps avant qu'elle s'aperçoive qu'elle ne pouvait pas suivre son rythme ? Combien de temps avant qu'elle ne décide d'écarter les cuisses pour de l'avancement ? C'était ce que la dernière en date avait tenté, sans succès. Si Adam n'avait rien contre une petite partie de jambe en l'air, coucher pour réussir était à ses yeux une véritable preuve d'incompétence, un aveu que la personne était incapable de décrocher un meilleur poste par son travail. Alors oui, on aurait pu dire de sa relation avec sa femme qu'il avait fait exactement la même chose pourtant c'était différent. Elle avait des relations, ou du moins son père en avait, ce qui avait permis au trentenaire d'obtenir un poste prestigieux mais c'était bien par son travail et ses résultats qu'il s'en était montré digne.

En voyant l'épaisse reliure qui trônait sur son bureau, Adam poussa un profond soupir. Au final, c'était peut-être bien ça le plus ennuyeux dans toute cette histoire. Michaela allait devoir se mettre à jour. Et c'était lui qui allait devoir la guider. Assister l'assistante, tout un concept. Il relisait encore une fois les différentes informations qu'il avait intégré au dossier sur leurs différents clients, leurs historiques, les rapports sur leurs investissements et tout un tas d'autres détails lorsqu'on toqua à la porte. Un bref coup d'œil à l'horloge. Au moins elle était à ponctuelle, c'était déjà ça de pris. Replongeant dans les pages pleines de chiffres et de tableaux, il prononça un "Entrez" fort et intelligible. Adam ne se leva même pas pour l'accueillir. Il ne leva même pas les yeux vers elle, alors se lever tout court... Le financier ne daigna la regarder que lorsqu'elle s'avança pour se présenter, main tendue. Main qu'il ne serra évidemment pas, préférant plutôt la détailler. Michaela était belle. Tout simplement. Il n'y avait pas besoin d'en rajouter plus ou d'y coller une myriade de superlatifs. Son visage était parfait, maquillée juste comme il fallait, les courbes de son corps étaient impeccablement mises en avant par un tailleur, magnifique il devait bien le reconnaître, qu'elle portait à merveille. Elle se tenait droite, l'allure altière, assurée. Un bon point. Ne restait plus qu'à savoir s'il y avait un cerveau sous cette apparente perfection. Sans le moindre sourire, sans la moindre marque de sympathie, Adam garda le dossier dans une main et ouvrit son porte-feuille de l'autre pour en sortir un carte de crédit. Rapidement, il attrapa un bloc de post-it et griffonna une série de chiffres.

- Prenez ça, fit-il d'un ton monocorde en faisant glisser la carte accompagnée de son post-it sur le bureau. Vous reviendrez avec un tailleur digne de ce nom, continua l'homme avant de se remettre dans son dossier.

L'entrevue était terminée.
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Ven 27 Nov 2015 - 17:14

En réalité, elle ne savait pas vraiment comment allait se passer cette première rencontre. Des hommes de pouvoir, des hommes riches, Michaela en avait croisé toute sa vie. Son père en était un, d’une certaine manière. Il ne dirigeait pas une énorme société qui brassait des millions et des millions mais sa renommée suffisait pour faire de lui un homme important, quelqu’un de très respecté. C’était sans doute pour cela qu’elle n’était pas spécialement impressionnée par cet Adam Shepherd et c’était très certainement pour cela qu’elle ferait la différence, entre toutes les assistantes qu’il avait pu voir ou avoir.

Mais pas seulement. Provenir d’une bonne famille – puisqu’elle ne pouvait vraiment dire qu’elle y était née, mais ça peu de gens le savait – lui offrait certains avantages, mais là où elle se démarquait des autres demeurait dans sa manière de travailler, dans sa perception des choses et surtout des affaires. Elle l’avait prouvé durant ses deux années avant son MBA. Et elle le prouverait avec plus de force chez Blackstone. Ou peut-être pas. La main tendue qu’elle lui offrait resta vide tandis qu’il la scrutait du regard. Les présentations ne commençaient pas aussi bien qu’elle l’avait imaginé. En voyant qu’il ne lui serrerait pas la main, Michaela se contenta de la retirer en l’observant pendant qu’il cherchait quelque chose dans son portefeuille. L’accueil qu’il venait de lui offrir lui donna l’effet d’une douche froide, l’aventure s’annonçait compliqué et s’en était presque excitant. Un peu de challenge, un travail au corps qui demanderait plus d’implication. Si Michaela détestait quelque chose plus que tout le reste, c’était bien qu’on lui résiste. Et là, il n’y avait aucun doute, il n’était pas enchanté de la voir là.

A tel point que les seuls mots qu’il prononça à son attention furent blessants. Enfin, pour n’importe qui d’autres mais pas pour elle. Elle fut tout de même surprise, suivant simplement la carte bleue et le bout de papier qu’il venait de faire glisser jusqu’à elle en lui demandant de revenir une fois correctement vêtue. En tout premier, elle fut outrée. Car il était impossible de ne pas l’être. Se faire envoyer bouler sous prétexte que l’on est mal habillée, surtout pour quelqu’un comme Michaela qui s’offrait les services d’une styliste, était inacceptable. Outrée oui, mais pas blessée. Elle voyait à quel genre d’homme elle avait affaire. Intéressant était le mot. Son sale caractère lui ordonnait de lui envoyer la carte bleue en plein visage et de partir comme une princesse pour finalement attendre le jour où elle aurait réussit professionnellement et aller toquer à son bureau afin lui balancer sa propre carte en pleine gueule et sa réussite par la même occasion. Mais la New Yorkaise était plus intelligente que cela.

L’idée lui vint en une fraction de seconde. S’il voulait la faire partir, Monsieur Shepherd allait se rendre compte qu’il n’avait pas opté pour la bonne tactique. Amusée, elle posa l’index sur la carte bleue qu’elle fit glisser jusqu’au rebord du bureau pour la récupérer et la ranger dans son sac, ne gardant que le post it entre les doigts pour le plier en deux, sans aucune expression sur le visage. Elle hocha la tête et tourna les talons pour quitter le bureau d’un pas rapide qui pouvait paraître énervé, le fait qu’elle claque la porte était également voulu. Le laisser penser qu’elle abandonnait le poste la faisait rire intérieurement. Ce n’était que le début. Il avait donné le premier coup, à elle de répondre désormais.

Il lui fallu à peu près deux bonnes heures pour mettre en place son idée. Pedro avait rappliqué aussitôt puisqu’il était hors de question qu’elle se balade à travers New York et sa neige de Novembre en talons aiguille. Comme toujours, il l’avait emmené à chaque endroit qu’elle lui avait demandé, il avait porté ses courses, avait tenu son sac ou récupéré sa veste lorsqu’elle pénétrait dans les boutiques. On pourrait se demander pourquoi elle faisait tant d’effort à lui rendre la pareille. Après tout, elle aurait très bien pu profiter de la fortune familiale pour ne rien faire de ses journées, mener la parfaite vie de petite héritière écervelée en attendant sagement de reprendre les rennes de la société familiale en s’entourant d’une tripotée de gens compétents pour faire le boulot à sa place. Mais non. Si son nom de famille avait déjà une certaine renommée, elle voulait y participer encore plus. Et ce n’est pas un sombre con en costume qui allait empêcher ça.

D’ailleurs, en parlant de costume. Celui que portait Michaela, encore enveloppé dans la house de protection où le nom de la grande maison de couture était visible, n’était un cadeau pour Pedro ou pour son père. Le costume plié sur un bras, sa sacoche accroché à l’autre, elle avançait dans les couloirs, suivant le même chemin que désigné un peu plus tôt. Pas la peine de lui montrer deux fois, si la petite standardiste s’était levée de sa chaise avec des yeux ronds en voyant Michaela revenir, elle fut bien vite congédié par la brune qui l’invita à s’asseoir. Elle savait parfaitement où elle allait et ce qu’elle faisait. Cela lui vaudrait très certainement son renvoi pur et simple, mais au moins Adam Shepherd aurait conscience de qui il venait de se priver.

Elle ne prit même pas le temps de réajuster sa tenue puisque de toute manière, elle n’en avait pas changé. Et puisqu’elle ne plaisait pas à son patron, elle ne perdrait pas de temps à se rhabiller correctement. Elle toqua, par politesse, mais n’attendit pas une réponse pour ouvrir la porte et s’engouffrer à l’intérieur. Il ne s’attendait certainement pas à la revoir mais elle était bien là. Le bras levé pour ne pas faire trainer le costume bleu nuit que contenait le sac. Rapidement, elle alla accrocher la house au porte manteau et fit glisser la fermeture éclair pour dévoiler un costume sobre, bien plus élégant que celui qu’il portait sur lui.

Lentement et en jouant avec ses doigts, elle fit quelques pas pour finalement s’arrêter face à lui et de croiser les bras. « Prenez ça. » Elle désigna le costume de l’index et plissa les yeux, un sourire en coin, l’air un peu mauvais. « Avant de vous permettre certaines remarques, Monsieur Shepherd, portez un costume digne de ce nom. » Son ton était bas, elle parlait lentement pour qu’il capte chacun de ses mots. En penchant un peu la tête sur le côté pour se donner un petit air adorable après ça, elle glissa la main dans son soutien gorge pour récupérer la fameuse carte bleue qu’elle posa, en douceur, sur le bureau juste sous ses yeux. Elle était allée trop loin. Mais elle se sentait mieux. Elle avait eu le dernier mot et c’était là le plus important. Il était temps qu’elle parte avant qu’il décide d’appeler la sécurité ou pire, qu’il décide de la traîner dehors. « Bonne journée, M. Shepherd. » Sur son visage, l’inscription « va te faire foutre » aurait pu scintiller tellement le sourire qu’elle lui adressait était hypocrite. Pour le changement de vie, c’était loupé. Elle se retrouvait à la case départ. Mais quand même, en tournant les talons pour prendre la porte elle-même comme une grande, elle ne put s’empêcher de sourire. Un grand sourire satisfait.
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Mer 9 Déc 2015 - 18:33


Odieux, Adam avait tout simplement été odieux. Il le savait très bien. Si encore cela avait été justifié, mais non, il s'était montré offensant sans aucune raison, comme ça, gratuitement. Le seul tort de Michaela avait été de passer cette porte. Cela justifiait-il un tel comportement ? Non, bien sûr que non. Pourtant, il avait ses raisons. Si il connaissait le parcours de la jeune femme sur le bout des doigts, il ne pouvait en dire autant de la personne. Il ne la connaissait pas, ne l'avait jamais croisée, ne lui avait jamais adressé la parole. Michaela était une inconnue, un mystère qu'il fallait éclaircir pour qu'il sache si ils pouvaient travailler ensemble ou si la coopération s’avérerait difficile. De plus, le trentenaire était le genre d'hommes à penser qu'une démonstration valait bien mieux que de longs discours. Les réactions de son assistante en diraient long sur sa personne et sa manière de gérer les choses. Le monde de la finance était impitoyable parfois et Adam avait besoin de savoir ce qu'elle avait dans le ventre. Alors certes, la manière était peut-être à revoir, mais la manœuvre servait un but précis. La seule chose qu'il espérait, c'était qu'elle ne fonde pas en larmes. Il détestait les pleurnicheuses. Et si ça devait se produire, non, il n'irait certainement pas présenter des excuses.

Si la tête du financier était penchée sur le dossier qu'il avait entre les mains, ses yeux, eux, scrutaient discrètement la brune. Surprise sans doute, il avait regardé son merveilleux sourire s'éteindre petit à petit, non sans un petit plaisir il fallait bien l'avouer. Qu'elle soit blessée ou pas, elle était en tout cas restée digne et contenue, encaissant sans broncher sa remarque. Son air s'était fermé toutefois. Impassible sans pour autant devenir livide, elle ne lui offrit aucune autre réaction si ce n'est un claquement porte. Seriez-vous donc colérique, Miss Lewis ? À n'en pas douter, de l'autre côté des murs encadrants son bureau, des visages s'étaient relevés, des yeux avaient quitté leur écran d'ordinateur pour assister à la scène. Ce qu'il se passerait hors de son bureau, il n'en saurait rien, il ne pourrait que constater après coup. Dans le pire des cas, Shepherd recevrait une lettre de démission. Les grands patrons l’appelleraient certainement pour lui passer un savon mais ça n'était pas bien grave. Au moins il n'aurait pas perdu son temps. Au mieux, elle reviendrait. Fermant la reliure, il ouvrit un programme sur son premier écran, puis un autre qu'il fit glisser sur le deuxième. 9H30. Pile dans les temps pour l'ouverture de la bourse de New-York.

Adam passa les deux heures suivantes à faire ce pour quoi il était payé. Et si il s'était fait trois millions cinq l'année précédente, ce n'était pas en jouant à Candy Crush au bureau. Il passa quelques coups de fils aux propriétaires des comptes qu'il gérait personnellement, fit quelques prévisions, réalisa plusieurs opérations. On toqua. Il n'eut même pas le temps de prononcer un mot que la porte s'ouvrait déjà. Michaela. Le fait qu'elle n'ait déjà pas jeté l'éponge lui fit tout de même hausser un sourcil, plus d'intérêt que de surprise. Le brun surveilla une nouvelle fois l'horloge. Deux heures s'étaient déjà écoulées ? Dieu que le temps filait vite. Beaucoup trop à son goût. Plus que l'horloge, ce qui attirait avant tout l'attention de l'analyste financier, c'était la housse qu'elle avait sur le bras. Oh, des housses comme ça, il en avait vu des dizaines, il savait pertinemment ce qu'il y avait à l'intérieur. C'était le genre de sac en toile que les boutiques fournissaient pour protéger les costumes, tailleurs, et autres vêtements dans le même style. Est-ce qu'elle comptait lui déballer le tailleur qu'elle avait choisi devant lui pour lui demander son avis ? Ah non, c'était pour lui. Il dut se retenir de ne pas pouffer de rire. Audacieuse, donc. Un autre bon point. Le choix du costume lui confirma ce qu'il savait déjà, la jeune femme avait un goût indéniable. Il n'y avait qu'à voir le tailleur qu'elle portait. Sans mot dire, Shepherd la suivit des yeux lorsqu'elle vint se planter face à lui et resta imperturbable en entendant la réplique de la nouvelle recrue sur son costume à lui. Très audacieuse, en fait. Il fallait tout de même un certain culot pour critiquer un costume de Nobil Homo Sartoria, un atelier de tailleurs milanais qui avait habillé les plus grands financiers que la terre ait porté. Baaah... C'était de bonne guerre. Il avait voulu voir de quoi Michaela et très franchement, il n'était pas déçu du voyage. Elle tourna les talons et Adam compta. Un pas. Deux pas. Trois pas.

- Vous oubliez quelque chose Miss Lewis, fit l'homme pour la stopper dans sa course. Il fit rouler son fauteuil en arrière et se leva, jouant des épaules pour réajuster sa veste. D'une main, Adam attrapa le dossier qu'il parcourait la première fois qu'elle était entrée dans son bureau. Le compte-rendu des fonds que notre département gère, dit-il en lui tendant l'objet. Prenez deux jours pour bûcher tout ça. Il la fixa sans avoir à baisser le regard, les talons de la jeune femme aidant. Bienvenue à Blackstone Miss Lewis. J'ai hâte de travailler avec vous, rajouta-t-il avec un sourire ravageur et un petit hochement de tête charmeur. Il fit demi-tour. Oh pendant que j'y pense, jeta-t-il par dessus son épaule avant de se rasseoir, n'oubliez pas de demander le catalogue de nos décorateurs à Lydia, notre réceptionniste. Lorsque vous aurez fait votre choix, rappelez-moi, je m'occuperai des démarches. Je vous ai laissé mon numéro en première page. Nous ne voudrions pas que votre bureau ne soit pas à votre goût, n'est-ce pas ?

Un autre sourire et il se remit au travail. Test passé, avec superbe qui plus est.
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Re: NSFW

Sam 12 Déc 2015 - 15:57



Est-ce qu’elle venait de faire était vraiment utile dans le fond ? Certainement pas. Le remettre à sa place ne servirait  pas de leçon à cet homme. C’était trop tard pour lui, vu le poste qu’il occupait et l’alliance qu’il portait, nul doute qu’être un connard ne l’avait pas desservit dans la vie. Alors ça ne serait certainement pas l’intervention d’une potentielle assistante au mauvais caractère qui changerait la donne. Elle avait perdu deux heures pour sa simple satisfaction personnelle mais au moins, après ça, elle ne serait pas bouffée par les remords de n’avoir rien fait.

Quitter le bureau donc, c’était la prochaine étape de sa courte aventure chez Blackstone. Si elle s’était déjà donné en spectacle en claquant la porte un peu plus tôt, elle n’était pas prête à se faire sortir par un mec de la sécurité. Devant tout le monde, la honte absolue. Elle tourna donc les talons, prête à rejoindre Pedro qui l’emmènerait directement chez son père, à qui elle devrait expliquer toute cette histoire. Michaela connaissait bien Joseph Lewis et d’avance, elle savait que ce qu’elle venait de faire le ferait rire. Ce qui serait loin d’être le cas de sa mère en revanche. Bien qu’elle ne lui en tiendrait pas rigueur bien longtemps.

Elle fit quelques pas, puis se stoppa net en entendant qu’elle avait oublié quelque chose. Sans grande retenue, elle roula des yeux et soupira. Allons bon, elle oubliait sa lettre de licenciement ? C’était ça la blague ? Lentement, elle tourna sur elle-même, observant M. Shepherd qui se levait de son siège tandis qu’elle pinçait les lèvres en envoyant ses mèches brunes voler derrière ses épaules. Il était peut-être vexé après tout, elle n’en savait foutrement rien puisqu’elle ne le connaissait absolument pas. Enfin si, maintenant elle savait une chose, c’était un incroyable connard, mais c’était bien tout ce qu’elle avait appris sur lui aujourd’hui. En réalité, elle apprenait une autre chose sur lui à cet instant. Il était surprenant. Le bras tendu vers elle, ce n’était pas sa lettre de licenciement qu’il lui donnait, mais bel et bien du travail. Surprise, elle eut une petite moue pour s’empêcher de sourire. Elle récupéra le compte rendu qu’elle aurait épluché dès soir même. En l’entendant lui souhaiter la bienvenue dans l’entreprise, la brune plissa un peu les yeux, scrutant Adam comme si elle cherchait à le décoder. Maintenant il avait hâte de travailler avec elle. Son culot avait payé et c’était peu dire qu’elle en était fière. Relevant la tête pour se tenir bien droite, elle eut tout de même un sourire amusé en voyant le sourire charmeur qu'il venait de lui offrir. Maintenant que leur petite guerre était finie, elle pouvait lui accorder qu'il était plutôt, très très à son goût. L'assurance, sans l'ombre d'un doute, c'était ça qui lui plaisait, c'était terriblement excitant. Mais, hors de question de fantasmer sur son patron, il y avait bien assez d'hommes ailleurs pour ne pas faire cette bêtise là.

Elle venait de comprendre une nouvelle petite partie d’Adam Shepherd. Sa manière de fonctionner, ce qu’il attendait des gens. Il ne serait pas déçu. Elle s’était démarquée, pas forcément de la manière qu’elle l’avait imaginé mais le résultat était le même. Ils s’étaient livré leur premier combat, ils avaient montré les crocs et désormais ils pouvaient travailler ensemble. En glissant le compte rendu dans son sac, elle l’écoutait ses instructions concernant la future décoration de son bureau. Et là, elle ne put s’empêcher de rire un peu avant de reprendre son air sérieux en attrapant la poignée de la porte. La tête penchée, prête à sortir, elle lui adressa son plus beau sourire amusé et lui lança, de sa petite voix suave « Non.. ne voudrions pas ça, effectivement. ». Elle aurait pu quitter la pièce en lui disant que deux jours c’était bien trop long pour étudier le dossier et qu’elle serait là dès le lendemain matin mais elle préférait lui garder la surprise.

Elle sortit du bureau, calmement cette fois, pour rejoindre la fameuse Lydia. Elle récupéra le catalogue sous les yeux surpris de ceux qui avaient assisté à sa sortie quelques heures plus tôt. Eux aussi, ils découvriraient bientôt qui elle était, ce n’était qu’une question de temps. Sans pouvoir dissimuler son petit air satisfait, elle quitta le building et s’installa à l’arrière de la berline.  « Comment c’est déroulé votre entretien, Miss Lewis ? » Se risqua Pedro qui avait du écouter Michaela râler pendant deux heures et qui était donc, parfaitement au courant de l’histoire. La New Yorkaise mit un temps à répondre, croisant ses longues jambes tout en levant les yeux pour observer le bâtiment qu’elle venait de quitter. « Surprenant, je dois dire. » Elle ne rajouterait rien, Pedro n’était que son chauffeur après tout, elle n’allait certainement pas lui raconter sa vie. D’ailleurs, il allait devoir se mettre au boulot. « 65th Street. » Ordonna la jeune femme en pianotant sur son téléphone portable pour donner rendez vous à sa mère. Elle leva une dernière fois le regard vers la tour alors que Pedro se frayait un chemin dans la circulation. Elle le savait, aujourd’hui était le début d’une grande aventure.


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Re: NSFW

Sam 9 Jan 2016 - 17:47


Août 2010.

Adam raccrocha le combiné du téléphone, le sourire aux lèvres. La nouvelle était bonne. Extrêmement bonne même. Elle venait couronner quatre mois de travail. Pas intensif non, pas cette fois-ci. C'était en sous-marin qu'il avait dû travailler sur ce projet, le plus ambitieux qu'il avait entrepris dans toute sa carrière. C'était son bébé. Un bébé qu'il avait dû cacher aux yeux de tous, des  pontes de la société en particulier. Oh bien sûr, quelques personnes étaient au courant. Sa femme forcément. Son beau-père aussi puisqu'il était parti intégrante de ce projet. Quelques uns des propriétaires des fonds que Shepherd gérait personnellement. Ceux avec qui il entretenait de bonnes relations. Certains, il les avait déniché lui-même. D'autres, on lui avait confié la gestion de leur fond et les choses en entraînant une autre, il avait gagné leur confiance. Ceux-là étaient devenus «ses » clients, pas ceux de Blackstone, et ils étaient prêts à le suivre dans sa folle aventure. Folle, elle l'était un peu. Se lancer sur le marché de la finance et espérer tenir tête aux grands de ce monde était osé, peut-être même trop. Pourtant, Adam était convaincu que ça marcherait. Le new-yorkais avait les crocs suffisamment aiguisés et l'appétit suffisamment grand pour faire en sorte que ça marche. Il n'y avait pas d'autres alternatives de toute façon. Comme pour tout ceux qui s'étaient plantés avant lui, si jamais il merdait, il serait grillé dans l'industrie. La finance était un milieu avec une mémoire d'éléphant. Il faudrait des années avant que les gens oublient son échec, des années avant qu'il ne puisse se remettre sur les rails. L'erreur, comme toujours pour M. Shepherd, n'était pas acceptable. Il croquerait le monde, un point c'est tout.

De tout ces collaborateurs les plus proches, la seule qui n'était pas au courant, c'était Michaela. Ce n'était pas une question de confiance, non ça, elle avait amplement prouvé qu'elle en était digne. Sur un plan professionnel, la demoiselle s'était révélée des plus efficaces. Sa presque première impression avait été la bonne et à aucun moment la brune ne l'avait déçu. Ce qui, après deux années à travailler ensemble et vu l'exigence dont faisait preuve le financier, n'était pas vraiment une mince affaire. Sur un plan plus privé, la brune était loin d'être bête. Elle avait rapidement compris que les liens du mariage n'étaient pas si sacrés que ça pour l'analyste et avait su se montrer des plus discrètes sur les petits rendez-vous « d'affaires » qu'il avait de temps à autres. C'était pourtant bien d'affaires qu'il s'agissait, mais pas au premier sens du terme. Que demander de plus ? Qu'elle soit intelligente, belle, drôle, incisive et fasse fureur en société ? Michaela était tout ça. À ses yeux, elle était tout bonnement parfaite. Le genre de perfection dont Adam avait besoin. Et c'était bien pour ça qu'il l'avait gardé hors du coup : il voulait la débaucher, qu'elle quitte Blackstone pour venir dans sa compagnie. On pouvait dire ce qu'on voulait de leur début, le financier s'était clairement entiché d'elle avec le temps. Pas comme on s'entiche d'une femme qu'on oublie peu de temps après non. C'était beaucoup plus profond que ça. Et à vrai dire, Shepherd n'était pas totalement sûr que mener à bien la création de sa propre entreprise ait la même saveur si elle ne faisait pas partie du voyage. Tout aussi exigeante que lui si ce n'est plus, il savait qu'elle verrait les mêmes risques à se lancer en solitaire. C'est pourquoi il avait choisi d'attendre le dernier moment pour lui en parler, pour qu'elle ait tout sous les yeux, qu'elle soit capable de juger en son âme et conscience si le jeu en valait la chandelle ou si elle ferait mieux de rester à Blackstone, d'hériter de sa place et d'une carrière confortable et presque toute tracée pour un peu qu'il n'y ait pas de gros remous durant celle-ci.

Tout était finalement prêt ce jour-là. Elle n'avait presque qu'à lire le dossier et analyser les chiffres prévisionnels. Michaela n'aurait qu'à signer sa lettre de démission et lui, lui à préparer son contrat, si tant est qu'elle décide d'être de la partie. Seize heures. Dans le bâtiment de la Bourse de New-York, la cloche avait dû sonner. L'activité dans les bureaux de Blackstone se calmerait petit à petit. L'heure était idéale. Adam quitta son siège avant de réajuster costume et cravate. Ce jour-là, il avait opté pour un ensemble gris clair et une chemise en soie noire qui rappelait sa paire de Derby noire et faisait ressortir la cravate à peine plus foncée que le reste de l'ensemble. Élégant, fringuant, comme à son habitude. Il quitta son bureau et toqua rapidement à la porte d'à côté. Sans attendre de réponse, le financier rentra aussi sec.

- Tiens, fit l’homme amusé. Les quelques pas qui le séparait du bureau de Michaela furent vites franchies et il déposa sur le mobilier en bois. Du travail à ramener à la maison, continua-t-il sur le même ton. Tout ce qui concerne une nouvelle compagnie dans laquelle il me semblerait judicieux d'investir. Tu me diras ce que tu en penses ! J'ai besoin d'une réponse d'ici demain si je ne veux pas qu'on nous coupe l'herbe sous le pied. Bonne fin de journée, lâcha le brun en tournant les talons sans perdre une seconde de plus mais le sourire tout de même.

Le moment de lui révéler que c'était la propre future compagnie de Shepherd qu'alla analyserait ce soir et qu’elle y avait sa place n'était pas encore arrivé.
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Sam 9 Jan 2016 - 21:16



Deux années s'étaient écoulées depuis que Michaela avait osé renvoyer l’ascenseur à M. Shepherd. Ce jour là, si elle avait du s'imaginer deux ans plus tard, en aucun cas l'idée de se retrouver assise dans son propre bureau d'assistante chez Blackstone ne lui aurait traversé l'esprit. Oh elle aurait sûrement eu un bureau à son nom oui, mais certainement pas dans cet immeuble, pas dans cette entreprise si connue. Et pourtant, elle était bien là, installée sur son siège confortable dans cette pièce joliment décorée par ses soins, à lire les dernières informations sur la fin de la guerre en Irak. Oh, détrompez vous. Si Michaela se sentait tant concernée par la fin de cette guerre ce n'était certainement parce que sa conscience serait soulagée de savoir que des pauvres enfants irakiens cesseraient de mourir injustement. Non, loin de là. Ce qui l'intéressait là dedans concernant plutôt les répercutions économiques. Qui en avait quelque chose à foutre des enfants irakiens de toute façon ? Par contre, l'augmentation du prix du pétrole, là, tout le monde se sentait concerné.

Les jambes croisées tout en lisant l'article qui, bien qu'il n'ait aucun lien direct avec son travail n'en restait pas moins très intéressant à lire, elle ne prit même pas la peine de relever la tête en entendant toquer à la porte. Elle savait pertinemment de qui il s'agissait puisqu'il était le seul à rentrer de cette façon dans son bureau. Et en réalité, il était sûrement le seul à y entrer tout court. Car oui, aussi bien dans le privé qu'au travail, Michaela n'avait pas beaucoup d'amis et ne cherchait pas à s'en faire, bien au contraire. Sans surprise, ce fut Adam qui traversa la pièce pour venir déposer un dossier sur son bureau. Lentement, la jeune femme leva le nez vers son patron avec son habituel air peu aimable. Mais pour le coup, elle fut plutôt intriguée par son comportement. Qu'est ce qui pouvait bien l'amuser autant ? Sans s'en rendre compte, l'un de ses sourcils se leva sans qu'elle ne quitte Adam du regard. Les yeux braqués sur lui alors qu'il lui expliquait qu'il attendait une réponse de sa part dès le lendemain, elle ramena le dossier jusqu'à elle en le faisant glisser sur le bureau et l'ouvrit dans un geste machinal sans même y  jeter un coup d’œil.

Elle se mit à lire les documents, une fois Adam sortit de la pièce. Dès les premières lignes, les premiers chiffres, Michaela fronça un peu les sourcils. Elle ne comprenait pas. Enfonçant son talon dans le sol, elle se fit glisser jusqu'à l'ordinateur où elle vérifia l'emploi du temps d'Adam. Non, aucun rendez vous extra professionnel de prévu aujourd'hui, il n'y avait donc, aucune chance qu'il ait bu. Elle ne comprenait encore moins, ce n'était pas le genre de dossier qu'elle avait l'habitude de voir. Jamais rien d'aussi..risqué ?. En soulevant les feuilles pour atteindre la partie qui l'intéressait et qui déterminerait si oui ou non elle serait du même avis que lui, son geste fut stoppé par la sonnerie de son téléphone portable. « Oui ? » Répondit elle avec un ton blasé si prononcé que la personne de l'autre côté du fil avait sans doute du l'entendre soupirer. « Non, ce soir je ne peux pas finalement. » Tout en restant au téléphone, elle referma le dossier et récupéra sa veste et son sac à main. « Je sais que c'est l'anniversaire de Maman mais j'ai du travail ! » La patience de Michaela n'était pas sa plus grande qualité. « Oui et quoi ? Elle en a un tous les ans d'anniversaire ! On fêtera celui de l'année prochaine. » Sur ces derniers mots, elle coupa la communication et rangea son téléphone en claquant la porte de son bureau pour aller retrouver Pedro qui l'attendait en bas de l'immeuble.

Le lendemain matin, Michaela arriva, comme d'habitude, assez en avance pour ne croiser personne à qui elle serait obligée d'adresser la parole par simple politesse et hypocrisie. Comme d'habitude, elle s'installa dans son bureau en attendant qu'Adam arrive, profitant de son temps d'avance pour relire ses notes même si elle avait tout parfaitement en tête. En entendant son patron arriver, elle se leva de sa chaise et remit sa jupe noire en place, réajusta son chemisier et attrapa le dossier avant de s'élancer dans le bureau voisin. « Bonjour. »Dit elle simplement, le ton léger et un fin sourire sur les lèvres. Adam était bien le seul à qui elle appréciait parler et puis d'un côté, même s'ils s'entendaient bien, elle n'oubliait jamais qu'elle ne restait que son assistante. « J'ai regardé ce que tu m'as donné et ... » Elle s'arrêta le temps de s'asseoir sur la chaise, de croiser les jambes et de renvoyer ses mèches brunes derrière ses épaules. Puis elle détailla Adam sans grande discrétion mais sans que cela soit volontaire. Elle vérifiait simplement son choix de costume qui, comme d'habitude, était absolument parfait. Après s'être légèrement rincé l’œil, elle reprit. « C'est très audacieux mais très risqué. » Elle savait très bien que ces quelques mots ne suffiraient pas à Adam, qu'elle devait argumenter. « J'aime ce qui est audacieux et risqué. » Elle haussa les sourcils d'un air joueur, un sourire charmeur sur les lèvres. Car finalement oui. Si aux premiers instant de la lecture le projet lui avait semblé complètement fou, la soirée qu'elle avait passé à l'étudier l'avait convaincu du contraire. « Je pense que ça peut rapporter. On devrait s'y intéresser avant qu'on nous...coupe l'herbe sous le pied. » En toute honnêteté, elle lui avait donné son avis. Il ne restait plus qu'à attendre le choix final.

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