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Animation - New Beginning
Mer 20 Jan 2016 - 20:49
1 : 07 PM.
Les véhicules ralentissent tous à nouveau, sur le parking désert d'un supermarché. Vous venez de dépasser le panneau « Kent », vous indiquant que vous arrivez dans une ville à la périphérie de Seattle. Sauf que ça fait six bonnes heures que vous roulez pour vous extirper des griffes de la mégalopole, six heures assis à l'arrière d'un camion sur des sièges inconfortables, avec des centaines de questions en tête. Où allez-vous ? Si la priorité est de s'enfuir d'ici, de quitter le centre-ville pour voir si l'herbe est plus verte ailleurs, le monde est vaste, et quoiqu'on en dise, il est surtout infesté par les rôdeurs.
Vous n'avez eu que cinq minutes de répit durant votre voyage. Cinq minutes à peine où l'un des camions a averti ses confrères d'un problème. L'agitation a repris à l'arrière de celui-ci quand June est morte dans les bras de son amie. Son souffle s'est soudainement arrêté au bout de trois heures de ballottement, trois heures où tous s'accrochaient à l'espoir qu'elle s'en sortirait, même handicapée par l'absence d'un bras. Mais June ne l'a pas fait. June a lâché prise une fois le capitole passé et la décision a été prise de trouver un coin désert pour la déposer. Le recueillement aura été bref, la destruction de son cerveau n'aura pris que quelques secondes à un courageux désirant épargner ce supplice à Kassandra.
Puis, tous sont remontés à bord pour retrouver une sortie.
Personne n'a eu le temps de grand chose tant les esprits sont encore traumatisés par les derniers événements. La peur règne et l'angoisse emplit les espaces dans lesquels vous vous trouvez. De même que les questions qui prennent l'ascendant sur tout le reste. Le doute s'installe à mesure et la pression monte d'un cran, que vous le vouliez ou non. Il n'y a que peu d'échanges dans les habitacles après la mort de June, sans doute pour respecter le deuil de sa meilleure amie. Avec le doute, le froid. Vous êtes les uns sur les autres, mais il fait un froid de gueux là où vous êtes. La pluie, quand elle n'est pas de la neige, tombe sans arrêt. Elle est fine, légère, mais elle est le témoin des températures négatives de la région pour l'époque de l'année.
Vous n'avez que vos habits pour vous protéger du temps. La dernière heure de camion devient difficile pour vous tous, notamment parce qu'entre le gel et la fatigue, vous commencez à ne plus seulement être épuisés physiquement. C'est le mental qui en prend un coup, surtout après le traumatisme qui a fait taire durant quelques heures à peine les douleurs de vos corps respectifs. Alors une fois le panneau Kent dépassé, le véhicule en tête de convoi fait un signe aux suivants. Clignotant, ralentissement, arrêt du véhicule, les moteurs se coupent. Et les portières claquent.
La fatigue, il la ressent aussi. Gary. Mais derrière ses cernes constantes, habitué aux nuits blanches et aux insomnies, il y a plus. Il y a six heures à l'arrière d'un véhicule, un mal de crâne puissant et un sentiment bizarre traversant ses yeux. Un mélange de chagrin et de colère. Et malgré ce mélange, il est logé à la même enseigne que tous ici. Il est lancé en marche forcée pour s'éviter de se laisser mourir.
♦ Ceux qui le veulent peuvent entamer la discussion avec des membres du groupe et les PNJ. A savoir que l'ambiance n'est pas au beau fixe, que la plupart des personnages sont éreintés et apeurés, tout le monde a perdu des proches et la menace rôdeur pèse toujours sur les épaules, qu'ils ne savent pas où se rendre pour être en sécurité. Il vous faut prendre la décision de rester ensemble ou non, de trouver une destination ou non,... Bref, la discussion risque d'être tendue. Et le ton peut monter sans problème.
♦ Ceux qui le désirent peuvent s'éviter le débat. Il y a sept voitures abandonnées aux alentours, vous pouvez en piller le réservoir pour vous permettre de poursuivre avec les camions. Pour savoir si vous y parvenez, vous avez sept dés à tirer en partie flood, si vous tombez sur 1 ou 2, le réservoir est vide. Sur le reste, vous pouvez le siphonner sans soucis.
♦ Voici le lien du flood, n'hésitez pas à aller y faire un saut pour réserver votre tour. Voilà le lien vers le règlement de l'animation.
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Re: Animation - New Beginning
Mer 20 Jan 2016 - 22:09
Six heures qu’on était dans ce camion. En ce laps de temps, on aurait eu le temps de se rendre jusqu'à Portland dans l’Oregon. Hélas avec toutes ces voitures, infectés et autres obstacles à éviter, on était toujours dans la ville. Pour aller vers ou ? Personne ne le savait encore. J’étais fatigué, j’avais faim et je voulais une bonne douche. Je puais la mort. Je voulais enlever tout ça, quitte à m’arracher la peau s’il le fallait. La fille amputée était morte peu après notre départ. C’était évident de toute manière. Je sentais que Giulia était assez affectée pensant naïvement la sauver. A présent, il était trop tard pour faire marche arrière. Je voulais rester avec ces gens. Il y avait surement encore de l’espoir. A présent, tout le monde savait que personne ne viendrai nous sauver. Vivre seul ou a deux était tout simplement devenu impossible désormais.
Je me demandais ou les militaires étaient partis. Mais me concernant, je n’allais pas surement le regretter. On allait se défendre nous-même désormais et personne ne viendrai confisquer nos précieuses armes. Les infectés semblaient moins nombreux au fur et à mesure qu’on s’éloignait du centre. Il fallait trouver une arme à tout le monde. Personne ne devait se laisser mordre par ces choses.
Quand le véhicule s’immobilisa, je me sentis soulager. Visiblement, c’était le moment de se restaurer un peu grâce aux caisses que nous avions récupérer du stade. Dehors, il faisait un froid de canard et une pluie glacée commença à laver mon visage et mes vêtements souillés. Certaines personnes commençaient à discuter, a se rassurer. Giulia me murmura calmement :
-Je me demande ou l’on va finir par atterrir. On ne pourra rester dans ce camion ad vidam eternam. Sinon ça va mieux ta mâchoire ?
Je la regardai un moment et lui répondit d’une voix basse :
-Faudrait trouver un village fermé. Sinon on pourrait aller dans le parc national Hoh. Sinon oui, je n’ai plus trop mal !
Elle me regarda un moment et poursuivit :
-Oui, il y a un quartier comme cela a Madison. J’avais une amie enseignante qui y vivait. Mais c’est un peu trop proche du centre. Quant au parc national, c’est inhabité et montagneux. Il faudrait tout construire de nos mains pour y vivre. A moins de trouver un village ou un hôtel à proximité que l’on pourrait nettoyer. On aurait de l’eau potable, du poisson et du gibier à volonté. Des fruits et des champignons aussi!
Je lui souris. Giulia me faisait rêver avec son idée de village-nature préservé de l’infection. J’aimerai tellement que ce soit possible. En tant que biologiste, elle connaissait bien ce parc et les plantes comestibles qui s’y trouvaient. Mais rien ne nous dit que le reste du groupe accepte de s’y rendre.
Je me demandais ou les militaires étaient partis. Mais me concernant, je n’allais pas surement le regretter. On allait se défendre nous-même désormais et personne ne viendrai confisquer nos précieuses armes. Les infectés semblaient moins nombreux au fur et à mesure qu’on s’éloignait du centre. Il fallait trouver une arme à tout le monde. Personne ne devait se laisser mordre par ces choses.
Quand le véhicule s’immobilisa, je me sentis soulager. Visiblement, c’était le moment de se restaurer un peu grâce aux caisses que nous avions récupérer du stade. Dehors, il faisait un froid de canard et une pluie glacée commença à laver mon visage et mes vêtements souillés. Certaines personnes commençaient à discuter, a se rassurer. Giulia me murmura calmement :
-Je me demande ou l’on va finir par atterrir. On ne pourra rester dans ce camion ad vidam eternam. Sinon ça va mieux ta mâchoire ?
Je la regardai un moment et lui répondit d’une voix basse :
-Faudrait trouver un village fermé. Sinon on pourrait aller dans le parc national Hoh. Sinon oui, je n’ai plus trop mal !
Elle me regarda un moment et poursuivit :
-Oui, il y a un quartier comme cela a Madison. J’avais une amie enseignante qui y vivait. Mais c’est un peu trop proche du centre. Quant au parc national, c’est inhabité et montagneux. Il faudrait tout construire de nos mains pour y vivre. A moins de trouver un village ou un hôtel à proximité que l’on pourrait nettoyer. On aurait de l’eau potable, du poisson et du gibier à volonté. Des fruits et des champignons aussi!
Je lui souris. Giulia me faisait rêver avec son idée de village-nature préservé de l’infection. J’aimerai tellement que ce soit possible. En tant que biologiste, elle connaissait bien ce parc et les plantes comestibles qui s’y trouvaient. Mais rien ne nous dit que le reste du groupe accepte de s’y rendre.
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Re: Animation - New Beginning
Mer 20 Jan 2016 - 22:15
Six heures. La route avait été longue et éprouvante, et chacun devait encore être dans la stupeur de s'en être sorti. Mis à part la jeune femme amputée qui avait fini par rendre l'âme, et qu'il avait fallu achever de peur que la maladie ne fasse son office... ils n'avaient pas essuyé de pertes. Ethan était resté fidèle au poste dans la cabine du camion, veillant au grain près d'Arthur. Il avait au moins pu s'assurer que tout allait bien pour sa famille, lorsqu'ils avaient effectué ce rapide arrêt obligatoire... Les enfants avaient fini par se calmer, épuisés d'avoir tant pleuré de peur. Mais tout le monde était sauf, et cela avait au moins enlevé un poids du cœur du père de famille.
Il n'était toutefois pas tranquille. Le temps était exécrable, se gâtant à mesure que les heures passaient. La pluie si coutumière à Seattle avait fini par laisser de plus en plus de place à des flocons de neige, alors que la température baissait. Même dans l'habitacle, le froid pouvait se sentir. Et cela allait devenir un problème pour les réfugiés qu'ils étaient... Ils n'avaient pratiquement rien emportés, tous autant qu'ils étaient. Les problèmes allaient finir par refaire surface, sans compter qu'ils étaient livrés à eux-mêmes dans un monde qui n'était plus celui qu'ils avaient connu. Le jeune homme le savait, pour avoir déjà mis le nez dehors depuis le début de tout cela. Mais il fallait qu'il garde les idées claires. Se laisser abattre ne mènerait à rien.
Le convoi stoppa enfin, pour permettre à tout le monde de faire une pause. Ils ne savaient toujours pas où aller, mais ils ne pouvaient continuer ainsi indéfiniment. Les instructions données par le dénommé Gary furent la ligne de conduite à adopter pour cette courte pause. L'agent fédéral contourna le camion dans lequel il avait voyagé, afin d'aider les survivants à descendre, à l'arrière. Cela lui permit de voir les mines qui en disaient long, reflets de l'horreur qu'ils avaient vécu. La fatigue et le froid marquaient également les traits. Mais au moins, tout le monde avait la chance d'être en vie. Lorsque vint le tour de sa famille de descendre du camion, il eut un soin encore plus particulier pour donner son aide. Les chiens lui firent fête, heureux de le revoir, et eurent droit à des caresses en récompense. Le père de Brooke prit l'initiative de les emmener quelques pas plus loin se dégourdir les pattes et faire leurs besoins. Pendant ce temps, Ethan s'assura que ses fils allaient bien. L'un comme l'autre dormaient, épuisés. Ils étaient emmitouflés du mieux possible. Le jeune homme caressa doucement la tête de Nolan, sans le réveiller, avant d'y déposer un baiser. Ils n'étaient pas au bout de leur peine. Et voir le ciel sombre lui rappelait qu'ils devaient trouver un endroit où s'abriter. Rien n'était sûr, et ce serait encore pire d'ici à la tombée de la nuit... Ils étaient tous vulnérables. Soufflant aux siens qu'ils revenait tout de suite, il se faufila jusqu'à Gary. Puisqu'il avait pris la tête des opérations dans la confusion, autant savoir s'il avait une idée précise de la conduite à tenir... ou s'il agissait juste au feeling.
« Hé... Ca fait un moment qu'on roule. Pendant que tout le monde prend un pause, il faudrait peut-être penser à ce qu'on va faire d'ici ce soir. On ne peut pas rester sur la route. Tu as une idée de l'endroit où on doit se rendre ? Il faut un lieu sûr. On a des personnes fragiles ici... Des personnes âgées, des enfants... Sans compter que tout le monde est éprouvé par tout ça. »
Le tutoiement s'était imposé de lui-même. Comme s'il était naturellement en lien avec les restes de société qui venaient de s'effondrer. Même pas vingt-quatre heures auparavant, l'agent fédéral aurait utilisé le vouvoiement... Mais bref. Un lieu sûr. Il n'était même pas sûr que cela existe réellement, quelque part. Il l'espérait. Il le fallait. Son regard sombre se posa sur l'homme d'un air insistant et interrogatif, ses doigts pianotant sur la crosse de son arme qu'il tenait à la main. Le Glock avait remplacé le Scar, qu'il avait rendu à son propriétaire légitime.
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Re: Animation - New Beginning
Mer 20 Jan 2016 - 22:40
Plus les heures passées plus je faisais de mon mieux pour rester concentrer sur ma route. Heureusement que Dante était à mes côtés pour m’épauler. J’aurais eu bien plus de mal sans lui. L’agitation du départ avait laissé place à un silence, plus personne ne parlait vraiment à l’intérieur du véhicule. J’avais répondu à toutes les questions de Diabo et lui au mien, je fredonnais toujours une chanson pour me maintenir éveillé. Ce n’était pas des plus efficace, mais j’en avais besoin pour ne pas tomber dans la folie. Je suivais le camion d’Arthur, je ne voyais pratiquement pas la route, je regardais fixement cette plaque d’immatriculation.
D’un coup l’agitation commençait à se faire entendre, il fallait qu’on s’arrête, il y avait un souci derrière, je pensais immédiatement à June et mon cœur se serrait. J’activais mes warnings pour faire comprendre qu’on avait un problème et commençait doucement à déceler. Nous avons fini par nous arrêter et ce que j’avais craint le plus fort s’était produit. June n’avait pas survécu. Je n’avais rien fait ni dit. Le corps était resté là et on avait repris la route. Cependant, j’étais tellement exténué que j’avais demandé à Dante de prendre le relais. Je crois qu’il y a conduit un long moment et nous n’avons pas beaucoup plus parlé. Enfin au début je lui ai appris ce que je savais du camion, en soit le plus dur c’était le démarrage à faire en délicatesse après garder une vitesse constante n’importe qui en été capable de faire la même chose.
Je puais toujours cette horrible odeur de zombie pourri, mais j’étais bien trop fatigué pour raller. Sur la route j’avais joué un peu avec ma bouteille d’eau pour me rincer un peu le visage du sang coaguler. J’attachais mes cheveux et nettoyais mes lunettes que je rangeais dans leurs boites. Je les avais portés bien trop longtemps. Ma veste en avait pris aussi, mais je ne pouvais rien faire pour elle. Je ne pouvais cependant pas rester avec ce pantalon. Je fouillais dans mon sac resté sous un siège pour trouver un autre vêtement et remplacer celui que je portais. Après une bonne demi-heure de contorsion, j’avais réussi à me changer.
J’avais somnolé un peu lorsqu’enfin on s’est arrêté. Je me suis étiré avant de descendre du camion. On n’était toujours pas arrivé à une destination potable, mais Gary nous accordait une pause. Il était temps de trouver un endroit où faire notre camp. L’homme qui était en compagnie d’Arthur semblait plutôt d’accord avec mon idée. Alors que j’attrapais de quoi manger, je fis un pas en avant pour prendre la parole.
« Pour ceux qui n’avaient pas entendu, je m’appelle Tamriel ou Tam et avant de parler de trouver un camp. Je voulais vous dire que je suis fière de ce qu’on a fait aujourd’hui. » Motiver les troupes, je sais que c’est le plus important à faire pour essayer de faire remonter le moral. « On a tous perdu quelqu’un aujourd’hui de qui on était de plus ou moins proche. » Mon regard se posait alors sur Kass qui semblait encore bouleverser. « Je ne suis malheureusement pas du coin et je ne sais pas ce qu’il y a à proximité, mais peut-être qu’il y a une carte dans un des véhicules et on pourrait décider tous ensemble démocratiquement d’un endroit où aller. »
Voilà, j’avais donné mon avis et je pense que c’était la meilleure des solutions. Il n’y avait plus qu’à attendre de voir la réaction des gens. Je me dirigeais alors vers Kass pour pouvoir la prendre dans mes bras et l’aider psychologiquement.
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Re: Animation - New Beginning
Mer 20 Jan 2016 - 23:28
Six heures, dix heures, quinze heures ? Combien de temps avait-il eu le cul collé contre le sol de ce camion, le visage collé aux jambes de Lilou, son rapace contre lui, à lui caresser les plumes. Le sommeil l'avait quitté après vingt minutes de somnolence, voire moins. Le voyage s'annonçait plus que long étant donné que pour sortir de la ville en elle-même, il avait fallut passer par une multitudes de chemins et d'axes et ainsi de suite.
Au bout de quelques heures, Edwin observa Playboy quand June rendit l'âme. Son coeur avait cessé de battre, son souffle n'était plus. June avait périt, malgré la vaine tentative pour la maintenir en vie. On l'avait achevé, fait les derniers adieux puis ils étaient tous remontés dans les camions pour reprendre la route. Ed n'avait pas voulu voir ça. Il était resté à l'écart, toujours à sa place. Non, il n'avait pas envie de dire adieu à cette fille dont le sang, mélangé à tous ceux qu'il avait achevé, souillait le blouson. Et puis c'est silencieusement, qu'ils avaient repris la route. Au bout du compte, il avait fini par dormir de nouveau. Ainsi les heures passèrent plutôt vite. Ou elles furent encore plus longues, il ne saurait dire. En tous les cas, c'est une poignée de minutes avant l'arrêt des véhicules qu'il se leva et comme chacun, au stop, il sortit.
Étrangement, il n'avait pas lâché l'arme qu'il portait depuis les évènements du stade. Pire, il la gardait à portée de main, au cas où il fallait à nouveau en découdre. Un des premiers dehors, le jeune homme fit quelques pas, le rapace reposant sur son gant. Tranquillement, il attacha la petite patte à une des portières pour ainsi laisser l'oiseau de proie libre, dans la limite du raisonnable. S'approchant un peu de Gary qui donnait ses instructions et en écoutant les autres, Ed termina par se racler la gorge avant de prendre la parole, histoire de se chauffer la voix après tant d'heures de silence complet.
- Je vais fouiller les caisses, voir ce qu'il y a et faire distribuer les rations.
Sans attendre de confirmation, le fauconnier s'éloigna pour entrer dans le premier camion et se mit à fouiller longuement, inspectant les uns et les autres. Il y avait pas mal de choses intéressantes et utiles. Au moins, ils auraient de quoi faire pendant un moment. Mais pour combien de temps ? En descendant du premier camion, il se dirigea vers les autres pour faire de même et vérifier tout ce qu'ils avaient emporté avec eux. Des trucs toujours plus utiles les uns que les autres. Tant mieux. Finalement, se tenant debout à l'arrière d'un des mastodontes de métal, l'homme haussa légèrement la voix pour qu'on l'entende bien sans faire trop de bruits.
- Hey, écoutez moi. J'ai besoin de quelques volontaires. Ceux encore aptes à se servir d'une arme, approchez, on va vous donner de quoi boire et grignoter. Ensuite vous irez voir Gary, lui, là. Il vous dira quoi faire. J'ai aussi besoin de quelques mains en plus pour distribuer les rations. Les autres, alignez vous. Il est temps de remplir vos estomacs.
Se retournant alors, le fauconnier prit quelques rations d'une des caisses, des trucs énergisants, qu'il posa dans les mains de ceux qui s'étaient désignés pour protéger le camp. Bien vite, il fit scinder la foule en deux, qu'ainsi, la distribution se fasse plus vite. Certes, ce n'était pas le luxe mais au moins, ils pouvaient remplir ces estomacs qui criaient sans doute famine. Pas totalement bête, l'employé de zoo donnait le minimum syndical aux survivants et à ceux rouspétant d'avoir aussi peu de bouffe et d'eau, il expliquait que le but était tout de même d'avoir de quoi survivre pour quand ils trouveraient un lieu où se poser, que d'ici là, il fallait se contenter de grignoter et de boire énormément. Il était vrai que lui même, ça lui faisait mal au cul de se contenter de si peu alors qu'il avait donné beaucoup dans la bataille, comme chacun d'entre eux mais autant rester logique. Tant qu'ils seraient pas en "sécurité" il ne fallait pas faire les idiots à gaspiller leur seule et unique réserve.
En laissant sa place à un survivant venu le remplacer, Ed se rapprocha de ceux qui avaient prit la tête du convois, pour leur filer leur part de casse-croute, en attendant les ordres. Tam avait raison, le vote démocratique pour choisir leur nouveau lieu de vie était la chose à faire. Se mettre d'accord était plus compliqué cependant. A son tour, il se mit à grignoter son casse-dalle avant de boire un peu et de s'étirer.
- Laissons les d'abord se sustenter avant de choisir où aller. J'y retourne.
Sans plus de paroles, l'homme tourna les talons et revint auprès des distributeurs, les aidant en sortant les vivres et préparant les petits lots à donner aux survivants. S'ils n'étaient pas bien nombreux à s'en être sortis, ils n'étaient pas bien nombreux à avoir encore une lueur d'espoir dans le regard. Bon Dieu, est-ce qu'ils arriveraient à s'en sortir et trouver un endroit qu'ils pourront protéger ?
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Re: Animation - New Beginning
Mer 20 Jan 2016 - 23:32
La route s'était avérée mouvementée. Nous avions tout d'abord fait un premier arrêt où une cérémonie improvisée pour June avait été faite ; j'avais hésité à sortir du camion, me disant que tout cela pouvait bien être de ma faute, peut-être avait-elle perdu trop de sang. Mais quand bien même, elle ne serait de toute façon plus en vie avec son bras. Je m'étais traîné hors du véhicule avec difficulté, n'osant m'approcher de trop près en regardant ses proches la pleurer. J'avais jeté un œil à Sven qui s'était un peu avancé vers les autres, et à Christina légèrement devant moi. Elle avait les bras croisés en semblait frissonner, certainement un mélange du contrecoup, de tout ce que nous venions de vivre, et de ce vent gelé qui nous entourait. J'avais pensé à m'approcher d'elle, passer mon bras autour de ses épaules pour la réchauffer ou même y déposer un linge, mais qu'avais-je d'autre que ma chemise pleine de sang et mes bras tout aussi pouilleux ? J'avais bien remarqué dans son regard cette crainte, et j'imagine qu'elle n'avait absolument aucune envie d'en savoir plus pour le moment. Était-elle seulement au courant de ce que j'avais fait ? Pour rien au final. Secouant la tête, j'étais à nouveau entré dans le camion, attendant qu'on reprenne la route.
La suite du trajet s'était à nouveau fait dans un silence presque total, tout le monde était encore sous le choc de ce qu'il venait de se passer et les seuls mots qui sortaient des lèvres des gens concernait ce qui était arrivé, ce qui allait arriver. Pendant le trajet j'avais tourné mon regard vers Christy et Sven ; lui non plus n'avait pas reparlé de tout cela. Ma femme avait les traits tirés et il semblait que l'horreur de tout ce qui venait de se passer restait gravé sur son visage ; j'avais tellement envie de pouvoir faire quelque chose, comme avant, lui sourire, lui dire que tout irait bien, mais je peinais à y croire moi-même. Et j'avais besoin de sortir d'ici, vraiment. Prendre l'air. Les camions s'étaient à nouveau arrêtés ; il fallait que l'on décide quoi faire, et j'espérais que nos conducteurs n'avaient pas eut de soucis majeurs nous forçant à faire ainsi une pause. Me redressant, je posais lentement ma main sur celle de Christina, y mettant une légère pression ; m'éclaircissant la voix, je lui dis de la manière la plus calme possible :
« Il faut que je sorte un peu, je ne serais pas loin. »
J'avais lâché sa main pour replacer une de ces mèches de cheveux derrière son oreille. Nous avions tous des mines horribles, et je supportais très mal de voir toute cette souffrance sur les visages de ceux que j'aimais le plus. Reprenant sa main, j'y déposais un baiser, signe que je comprenais qu'elle n'était pas prête à discuter de tout cela, mais aussi que j'étais toujours là quelque part, malgré tout. Me relevant, je m'aperçus que quelques personnes étaient déjà dehors, les tons montaient par endroits, il fallait trouver quoi faire à présent. Je n'avais cependant pas le cœur à discuter, ayant simplement besoin de laisser le temps à mon esprit d'encaisser tout ça ; c'était forcément bien plus simple à concevoir qu'à réellement accepter. M'asseyant sur un vieux tronc près de l'arrière du camion, je sortais de ma poche mon paquet de cigarette à moitié entamé ; elles n'avaient plus aussi fières allure qu'avant mais elles feraient l'affaire, il le fallait. Tam avait commencé une sorte de discours que j'écoutais d'une oreille à la fois attentive mais absente, comme si plus rien ne me concernait, le mal était fait.Certains également s'étaient attelés à la distribution de ce qu'il y avait dans les caisses ; je me promis d'aller voir s'il n'y avait pas une couverture ou quelque chose pour Christina. C'est là que je vis notre conducteur, Arthur, s'approcher ; un seul regard m'avait suffit à comprendre qu'il était lui aussi ailleurs, présent mais la réalité semblait encore trop lourde à porter. Le voyant porter la main à ses poches, je lui tendis mon paquet en hochant la tête. Après une légère réflexion, et malgré ma difficulté à aligner une phrase correcte, je lui adressais un simple :
« Merci. Je sais pas si j'aurai été capable de prendre le volant. »
Tirant sur ma cigarette, j'aperçus mon fils qui descendait du camion, zieutant à droite à gauche. Christy allait-elle suivre ? Malgré mon grand besoin d'air, je ne pouvais m'empêcher de m'inquiéter pour la suite des choses. Qu'allions nous devenir, que pouvait bien nous offrir ce monde ? Qu'allait-il faire de nous ?
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Re: Animation - New Beginning
Jeu 21 Jan 2016 - 2:18
Je n'étais plus sortis de ce stade depuis si longtemps. Des semaines. Des mois. Combien exactement ? Combien de temps faut il à un monde comme le nôtre pour basculer ? L'histoire de la vie s'habille de nombreuses plumes. De chapitres en chapitres, nous avons tous connu joie, et peine. Larmes et sourires. J'ai connu la guerre, j'ai connu l'amour. Mais jamais je n'aurai pu croire voir ce monde afficher ce visage.. De chapitres en chapitres, nous avons connu l'angoisse, nous avons définit la peur, nous avons réinventé la terreur. Et il nous est aujourd'hui imposé d'apprendre le chaos, et d'écrire à travers le néant. Gris. Froid. Silencieux. Comme une brume, épaisse et inquiétante, qui lentement s'élève depuis la terre vaincue, et s'enroule le long de nos membres, en autant de frissons que de larmes. Sont ce celles de la nature qui glissent sur le vitrage de notre véhicule ? Des larmes froides, givrées par son coeur gelé, désolé de n'avoir pu nous préserver, nous ses enfants.
Le battement des essuie glace rythme le silence lourd et pesant, que nous nous imposons par respect. Quelques mots s'échangent, d'indications en affirmations, parfois de rares teint d'amitié, de compassion dans nos phrases. Je roule. Suivant ce Humvee devant nous. Toujours l'oeil vigilant dans les rétroviseurs, prêt à alerter en cas de perte, ou de problème.
C'est après trois heures de route que je remarque le clignotement orange, dans ce miroir. Alerte silencieuse, bien vu de sa part. C'est Tam' qui me suit, et je n'en attendais pas moins d'elle. Je lance quelques appels de phares, pour avertir le humvee. Le camion derrière nous ralentit et finit par s'arrêter. A mon tour, j'allume les warnings, pour lui assurer ma compréhension, et mon soutiens. Nous nous arrêtons. Un signe de tête à Ethan, et je descend. Sans autre arme que ce couteau que j'ai récupéré, au stade. Au cimetière.. Je nommerai cet endroit comme tel désormais. Je m'approche de Tam', et enfin des autres. Leur agitation.. les sanglots que je peux deviner, ou même imaginer.. Leurs visages meurtris, souillés, portant le masque du deuil.. Oh tout ces regards fuyants.. Je comprend bien vite la nature de l'alerte.
June n'est plus. Certaines questions qui me trottaient dans la tête durant notre voyage viennent de trouver la plus désolante des réponses. Allait elle s'en sortir ? Allait elle réussir à surmonter cette épreuve ? Que ferions nous si, elle aussi, devenait un monstre ? Je croise le regard de certains, à mesure que mes pas se rapprochent de la défunte. Comme avec mon nouvel ami de fortune, les conversations sont courtes, limitées, murmurées. Ce mot que j'ai entendu martèle mon esprit. Achever.. Achever.. mes lèvres se crispent, comme pour tenter de retenir cette sombre idée là où elle germe, mais je n'y arrive pas.. Mon rôle l'emporte sur ma retenue.
" Je vais le faire. "
Cette phrase, celle que l'on lance joyeusement quand il s'agit d'aller tondre la pelouse, faire la vaisselle, alors que l'on est encore un ado prêt à aider ses parents, en échange de leur sourire. Cette phrase que l'on jure, que l'on promet, quand il s'agit de persuader un autre de sa valeur, qu'il est toujours possible de faire confiance. Cette phrase, qui peut sublimer notre corps et notre esprit, devant l'adversité, et qui nous permet de surpasser nos craintes, nos échecs, pour enfin connaître le frisson de la victoire.. Cette phrase.. Lourde de sens en mon cas, m'impliquant personnellement dans un acte contre nature, à l'encontre des coutumes et de l'essence même du respect des morts, qui faisaient loi dans notre civilisation. La survivante verra certainement en moi, désormais, celui qui aura profané la dépouille de son amie. Les autres croiront sans doutes, pour longtemps encore, qu'il s'agit d'un acte fou, terrible, peut être même guidé par un plaisir malsain. Mais il n'en est rien. Bien peu ici peuvent dire avoir donné la mort. Beaucoup ici peuvent encore soutenir le regard d'un homme en assurant avoir les mains propres. Mes mains.. elles sont déjà couverte de sang. Salies par la guerre, le sable, la boue.. Non.. La seule et unique raison pour laquelle je vais le faire, c'est pour leur épargner ça. Pour moi, il est déjà trop tard. Eux peuvent encore sauver leurs consciences, peut être..
Me voilà maintenant face à Kassandra. Je ne la connais même pas. Mais il me faut maintenant devenir celui qui arrache son amie hors de son étreinte. Mes genoux fléchissent, pour que je puisse arriver à sa hauteur, lentement. Mes yeux brillent. Ils sont grand ouverts. Ils la fixent. Mon visage se veut le plus serein possible. Je ne peux dissimuler la compassion, cette peine que je partage vivement, dans l'échange de nos regards. Dans la plus grande des douceurs, et dans le plus respectueux des silences, mes mains tremblantes se posent sur les siennes. Ma poigne devient légèrement plus ferme, les saisissant maintenant pour les joindre, l'une contre l'autre, entre les miennes. Je rompt ainsi le dernier contact entre deux âmes qui étaient liées par une amitié forte et sincère. Je la revois encore tenter de la rattraper, courant après elle, quand elle s'est enfuie, juste avant ma promesse.. Ce que je ressens.. Elle l'aimait, peut être même comme une soeur, peut être même comme j'aime ma propre soeur, Elyse, qui dans sa grande absence ne peut en témoigner. Mes lèvres forment quelques syllabes, mais aucun son ne sort de ma bouche. Pas même un murmure. Il y a ces choses qui s'expriment sans le moindre mot, un regard suffit. Mes yeux.. Ils lui demandent pardon, de ne pas avoir été un héro capable de la sauver. Ils lui souhaitent le courage d'affronter les prochaines heures, les prochains jours, dans le deuil, dans la douleur de l'absence. Et enfin ils lui demandent le droit d'exécuter. J'attends patiemment un signe de sa part. Et quand enfin la force en elle le permet, j'incline humblement la tête, lui offrant ensuite un dernier regard, alors que j'emporte la défunte avec moi.
Je la regarde, son visage si paisible, derrière les traces de toutes ses tentatives de survies. Comme une guerrière tombée au combat. Comme mes frères touchés par les balles de la folie, en Afghanistan. Je ne la lâche pas des yeux, entrant dans cette communion intime, que seuls deux soldats peuvent s'accorder. Deux âmes qui connaissent la présence de la mort, le grand frisson à chaque instant. Une âme encore debout, l'autre qui lentement s'éteint, ou qui a déjà, sans un dernier adieu, sauté dans les abysses d'où nul ne revient jamais.. dans la logique des choses. Je suis ce qui la relie encore à notre monde, celui qui l'emmène pour son dernier voyage. Mes pas sont lents. Encore une fois, je croise les regards fatigués, éreintés de ceux qui ont réussit à survivre à cette journée. Je ne baisse pas les yeux, alors que je passe à travers eux. Au contraire, je finis par les lever aux cieux, gris eux aussi. Je me met alors à imaginer un ciel bleu, radieux, un soleil, brillant, si haut.. J'imagine quelques chants d'oiseaux, une haie d'honneur. Une pelouse fraîchement tondue, et enfin, un tombeau. Une pierre tombale fleurie, où sont gravées les dernières pensées pour cette pauvre fille, tombée là où nul n'aurait dû. Pourtant il me faut enjamber les traces de la fuite et de la survie des hommes, de leurs combats acharnés contre ce qui ne s'explique pas. Je plie une nouvelle fois les genoux, la déposant tout en douceur au sol. Je me saisis de ma lame.
Je la regarde longuement.. Elle est terne. Je ne peux voir mon reflet. Est ce un signe ? Est ce la la représentation de mon âme, par ce qui est l'allongement de ma main ? Je soupire longuement, la faisant tourner, dans l'espoir d'être ébloui par une quelconque lumière. En vain. Une dernière fois, je regarde celle qui n'est plus. Il est temps maintenant d'assumer mon rôle, mes paroles. Cette lourde tâche.. Je me mord les lèvres, approchant la pointe de sa tempe. Mon dieu..
Ma main recule un court instant. C'est.. Non... Je ne peux pas. Je sens cette boule qui me serre la gorge, jusqu'à m'étouffer. Mes yeux me brûlent.. Je respire lourdement.. beaucoup trop vite.. Tuer l'ennemi est une chose. J'ai été formé pour ça. C'était mon travail.. Mais cela n'a jamais été facile. A chaque succès, c'est comme une cicatrice au fond de mon âme. Quatre barres et une dernière en travers, pour faire le compte, un jour. Tuer ces monstres était obligatoire, pour survivre. Mais comment puis je enfoncer une lame dans le crâne d'une pauvre fille, qui n'a fait que ce qu'elle a pu pour survivre ? J'ai beau savoir qu'elle est déjà morte, que mon geste ne pourra que la libérer, j'en tremble d'émotions.. Les larmes coulent sur mes joues, alors qu'il me faut renifler un bon coup pour reprendre mon souffle, mes esprits, ma vigueur. Ces larmes, comment peuvent elles encore couler .. ?
Je passe mon avant bras libre sous mon nez. Je secoue la tête. A nouveau, j'avance ma lame. Je la pose contre sa tempe. Et en un murmure à peine audible, je laisse l'acier tranchant briser les chaînes de la non mort, avant même qu'elle ne puisse ouvrir les yeux.
Le coup est rapide, sec, précis, celui d'un homme formé à cet acte. La lame est enfoncée dans son entièreté. Je la retire, aussi vite qu'elle est rentrée. Une seconde, même pas.
Je regarde de nouveau cette lame, trempée du sang de June. Je me redresse, sans accorder le moindre regard aux autres, sauf à Kassandra, son amie, Alan, celui qui avait tenté le diable pour la sauver, et Izzy, ma femme. J'essuie la lame contre mon jeans, la range soigneusement dans son fourreau, et m'empresse de la rejoindre. Je colle mon front contre le sien, mes mains contre ses joues, mon regard plongé au plus profond du sien. Je ne m'en rend plus compte, mais je pleure comme un gosse, devant elle. Les larmes coulent à flot, hors de mes yeux rougis. Je n'en peux plus, je l'implore dans mon silence de me délivrer de cette folie qui nous entoure.. Comme j'aimerai m'envoler, avec elle, loin de ce chaos.. Mais c'est impossible.
" Je.. j'étais... obligé.. tu comprends... eux ils ne savent pas. Eux ils ne .. peuvent pas * snirf * .. Moi j'ai.. l'habitude tu sais.. j'en suis pas fier.. je... je v... ahum.. je.. "
Je secoue la tête, une fois de plus, dans une tentative désespérée de retrouver mes esprits, de reprendre le contrôle de toutes mes émotions, ce concentré de douleur, de peine, de haine, de rage, qui me consume jusqu'à ne laisser que cendres là où autrefois battait un coeur.
" ... Je voulais.. juste te dire.. que si je suis.. encore en vie.. c'est pour toi.. Que ce soit.. là bas ou.. aujourd'hui.. si je me suis battu.. c'est.. pour toi... Rien que pour .. le plaisir de.. de te revoir encore une fois.. Je.. je t'aime.. Pour toujours.. "
Sans même lui laisser le temps de répondre, je lui offre un baiser court mais passionné, avant de m'arracher à la fusion de nos lèvres, pour reprendre encore mon rôle : Les conduire hors de danger, là où je .. n'en sais strictement rien. De toutes mes forces combinées, j'arrive à produire l'ombre d'un sourire sur mes lèvres, et à l'étirer assez pour tenter, une fois de plus, de la rassurer après ce que je viens de lui montrer.
Je retourne au camion, à ma place. Je m'étonne grandement du silence de Caramel. En fait, il n'a plus rien dit depuis la perte de contrôle. Pourquoi ai-je entendu la voix de mon meilleur ami, dans le plus profond de ma tête ? Là, j'aurai tellement besoin de l'entendre.. ses jurons, ses conneries. Mais il n'est pas là. Putain de merde..
J'offre donc mon regard à Ethan. Mes émotions sont faciles à comprendre. Peut être cette trace de sang fraîche sur mon jeans lui tapera dans l'oeil. En tout cas, je ne lui accorde que la simplicité d'une phrase.
" June est morte. Je l'ai achevée. Ils l'ont.. Bon bref... "
Mes yeux fixent à nouveau la route, le humvee devant, et ce pour trois heures encore. Trois heures de route. Si j'arrive à jongler avec mes ressources physique restantes, mon âme est bien loin d'être indemne. Je baisse le chauffage, pour éviter que la chaleur ambiante ne vienne me déposer dans les bras de morphée en pleine course. Le silence est encore plus pesant maintenant. Je l'ai achevée. Qu'est ce que tu veux dire après ça ? Mis à part les mêmes indications.. Les mêmes affirmations.. Oh diable. J'appuie finalement sur le bouton de la radio. La musique se met à sonner. La musique me libère.. Qu'est ce ? Oh, par chance, un album d'Aerosmith. Un best of semble t il, quand nous passons de Dream on à Cryin. Les succès défilent, comme les kilomètres, comme les heures, comme nos silences entendus. L'ordre de s'arrêter est finalement donné après trois heures de route. Une pause bien méritée. Une pause bien attendue.
La première chose que je fais.. rejoindre Izzy. Je saute du camion, courant presque comme un gosse. Je prend ses mains dans les miennes. Je souris enfin, pour de vrai, pour de bon.. Je suis avec elle.
" Je suis.. désolé pour tout à l'heure. Tout ça, c'est difficile à gérer, même quand on a été soldat, même une star.. haha.. Je ne contrôlais plus mes émotions. Mais le bon côté, c'est que.. que.. j'ai pu enfin t'ouvrir une des dernières portes closes de mon coeur... "
La distribution de vivre commence. Enfin, quelques choses à boire et à manger. Je me contente de peu.. Après tout, j'ai déjà l'habitude d'être rationné. Une boisson énergisante, une barre qui me tombe directement dans l'estomac, et une bouteille d'eau, pour la suite. Je la garde près de moi. J'entend les paroles de Gary, ce mec qui hurlait des ordres dans les gradins. Celui qui hurlait pour... autre chose aussi
" J'vais aller voir ça chérie. On se revoit bientôt. "
Je m'absente encore, dans un dernier sourire que je cache bien vite, tournant la tête vers la grise mine de Gary. Me raclant la gorge, je m'approche de lui. Et même pour un ancien de l'us army, même pour un habitué de la scène, approcher une telle tronche, c'est pas toujours simple. Arrivé à sa hauteur, je le regarde un instant dans les yeux. Je n'ai aucune idée de ce que je dois lui dire... Alors j'improvise.
" Je suis.. le sergent McLeod. Arthur McLeod. J'conduis le camion derrière le humvee. J'vais aller monter la garde, là bas. Garde un oeil sur moi.. Je te fais un signe si je vois un truc qui sent .. la merde.. comme au cim.. Hum.. au stade. "
Et je m'exécute, après un bref passage près de ma femme, histoire de lui donner ma position, et les raisons. Le gardien de cette meute. Bah, dans le fond, cette idée me fait sourire. Smiley.. Après tout.. Pourquoi pas ? Je reste moi même. Pour l'instant, nous sommes sortis des emmerdes. Et pour fêter ça, je plonge la main dans ma poche, après avoir posé ma bouteille. Oh merde.. Y a rien.. Je change mon scar de main, palpant l'autre poche.. Eh non, rien non plus. J'ai arrêté de fumer ? Quelle connerie. Heureusement qu'un paquet m'est tendu, bien amicalement. Mon visage s'illumine.. J'accepte avec plaisir l'invitation. Quand je lève les yeux, je vois que c'est ce mec, Alan, du moins il me semble avoir entendu ce nom. Nous partageons une chose en commun, quelque chose de bien intime.. Le sang de June sur nos mains. De mon regard, je lui signifie que je n'ai pas de feu, non plus. Il allume ma cigarette. Mes lèvres miment un merci. Mon dieu, que ça fait du bien. Cela faisait si longtemps.. J'aspire la fumée, les yeux fermés, me délectant des sensations anciennes, interdites par mes promesses d'antan. Je suppose qu'izzy comprendra.. Je souffle, ouvrant à nouveau les yeux. Je ne lâche pas l'homme du regard. Je ne trouve pas les mots pour percer le silence, pour énoncer l'évidence. Lui et moi avons sûrement besoin de parler de ça. Moi, ouais, j'en ai besoin. Mais je reste derrière mon mutisme, pour l'instant. Toujours aux aguets. Finalement, c'est lui qui prend la parole. Il me remercie, et je laisse un petit rire précéder ma réponse.
" Pas besoin de me remercier. Nous avons tous fait notre possible pour sauver ces gens. Pour veiller les uns sur les autres. " Je tire sur la cigarette, soufflant la fumée en continuant ma réponse. " Parfois, ça foire.. ". Quelques secondes encore, où mon regard lui exprime la douleur qui persiste après mon geste, trois heures plus tôt. " Mais on peut pas s'en vouloir. On peut pas faire plus que notre possible.. " Encore une bouffée. Cette cigarette en est déjà à la moitié.. Fichtre. Ma tête s'embrume un peu, il faut dire, ça faisait longtemps.
" Puis regarde.. On a quand même.. géré, non ? " Je hausse mes sourcils, quittant un instant son regard pour me plonger dans le vide. Réussit ? A quel prix ? Pour moi, c'est celui de mon sang.. Elyse.. Où es tu ?
" T'as plutôt bien géré smiley. J'suis fier de toi mon pote. Fier de voir que t'es resté le même après tout ce temps. Ce même putain d'enfoiré de blanc sur qui on peut compter. "
Caramel.. Mon doux Caramel.. Enfin te revoilà, toi et tes paroles capables de restaurer ma force..
Le battement des essuie glace rythme le silence lourd et pesant, que nous nous imposons par respect. Quelques mots s'échangent, d'indications en affirmations, parfois de rares teint d'amitié, de compassion dans nos phrases. Je roule. Suivant ce Humvee devant nous. Toujours l'oeil vigilant dans les rétroviseurs, prêt à alerter en cas de perte, ou de problème.
C'est après trois heures de route que je remarque le clignotement orange, dans ce miroir. Alerte silencieuse, bien vu de sa part. C'est Tam' qui me suit, et je n'en attendais pas moins d'elle. Je lance quelques appels de phares, pour avertir le humvee. Le camion derrière nous ralentit et finit par s'arrêter. A mon tour, j'allume les warnings, pour lui assurer ma compréhension, et mon soutiens. Nous nous arrêtons. Un signe de tête à Ethan, et je descend. Sans autre arme que ce couteau que j'ai récupéré, au stade. Au cimetière.. Je nommerai cet endroit comme tel désormais. Je m'approche de Tam', et enfin des autres. Leur agitation.. les sanglots que je peux deviner, ou même imaginer.. Leurs visages meurtris, souillés, portant le masque du deuil.. Oh tout ces regards fuyants.. Je comprend bien vite la nature de l'alerte.
June n'est plus. Certaines questions qui me trottaient dans la tête durant notre voyage viennent de trouver la plus désolante des réponses. Allait elle s'en sortir ? Allait elle réussir à surmonter cette épreuve ? Que ferions nous si, elle aussi, devenait un monstre ? Je croise le regard de certains, à mesure que mes pas se rapprochent de la défunte. Comme avec mon nouvel ami de fortune, les conversations sont courtes, limitées, murmurées. Ce mot que j'ai entendu martèle mon esprit. Achever.. Achever.. mes lèvres se crispent, comme pour tenter de retenir cette sombre idée là où elle germe, mais je n'y arrive pas.. Mon rôle l'emporte sur ma retenue.
" Je vais le faire. "
Cette phrase, celle que l'on lance joyeusement quand il s'agit d'aller tondre la pelouse, faire la vaisselle, alors que l'on est encore un ado prêt à aider ses parents, en échange de leur sourire. Cette phrase que l'on jure, que l'on promet, quand il s'agit de persuader un autre de sa valeur, qu'il est toujours possible de faire confiance. Cette phrase, qui peut sublimer notre corps et notre esprit, devant l'adversité, et qui nous permet de surpasser nos craintes, nos échecs, pour enfin connaître le frisson de la victoire.. Cette phrase.. Lourde de sens en mon cas, m'impliquant personnellement dans un acte contre nature, à l'encontre des coutumes et de l'essence même du respect des morts, qui faisaient loi dans notre civilisation. La survivante verra certainement en moi, désormais, celui qui aura profané la dépouille de son amie. Les autres croiront sans doutes, pour longtemps encore, qu'il s'agit d'un acte fou, terrible, peut être même guidé par un plaisir malsain. Mais il n'en est rien. Bien peu ici peuvent dire avoir donné la mort. Beaucoup ici peuvent encore soutenir le regard d'un homme en assurant avoir les mains propres. Mes mains.. elles sont déjà couverte de sang. Salies par la guerre, le sable, la boue.. Non.. La seule et unique raison pour laquelle je vais le faire, c'est pour leur épargner ça. Pour moi, il est déjà trop tard. Eux peuvent encore sauver leurs consciences, peut être..
Me voilà maintenant face à Kassandra. Je ne la connais même pas. Mais il me faut maintenant devenir celui qui arrache son amie hors de son étreinte. Mes genoux fléchissent, pour que je puisse arriver à sa hauteur, lentement. Mes yeux brillent. Ils sont grand ouverts. Ils la fixent. Mon visage se veut le plus serein possible. Je ne peux dissimuler la compassion, cette peine que je partage vivement, dans l'échange de nos regards. Dans la plus grande des douceurs, et dans le plus respectueux des silences, mes mains tremblantes se posent sur les siennes. Ma poigne devient légèrement plus ferme, les saisissant maintenant pour les joindre, l'une contre l'autre, entre les miennes. Je rompt ainsi le dernier contact entre deux âmes qui étaient liées par une amitié forte et sincère. Je la revois encore tenter de la rattraper, courant après elle, quand elle s'est enfuie, juste avant ma promesse.. Ce que je ressens.. Elle l'aimait, peut être même comme une soeur, peut être même comme j'aime ma propre soeur, Elyse, qui dans sa grande absence ne peut en témoigner. Mes lèvres forment quelques syllabes, mais aucun son ne sort de ma bouche. Pas même un murmure. Il y a ces choses qui s'expriment sans le moindre mot, un regard suffit. Mes yeux.. Ils lui demandent pardon, de ne pas avoir été un héro capable de la sauver. Ils lui souhaitent le courage d'affronter les prochaines heures, les prochains jours, dans le deuil, dans la douleur de l'absence. Et enfin ils lui demandent le droit d'exécuter. J'attends patiemment un signe de sa part. Et quand enfin la force en elle le permet, j'incline humblement la tête, lui offrant ensuite un dernier regard, alors que j'emporte la défunte avec moi.
Je la regarde, son visage si paisible, derrière les traces de toutes ses tentatives de survies. Comme une guerrière tombée au combat. Comme mes frères touchés par les balles de la folie, en Afghanistan. Je ne la lâche pas des yeux, entrant dans cette communion intime, que seuls deux soldats peuvent s'accorder. Deux âmes qui connaissent la présence de la mort, le grand frisson à chaque instant. Une âme encore debout, l'autre qui lentement s'éteint, ou qui a déjà, sans un dernier adieu, sauté dans les abysses d'où nul ne revient jamais.. dans la logique des choses. Je suis ce qui la relie encore à notre monde, celui qui l'emmène pour son dernier voyage. Mes pas sont lents. Encore une fois, je croise les regards fatigués, éreintés de ceux qui ont réussit à survivre à cette journée. Je ne baisse pas les yeux, alors que je passe à travers eux. Au contraire, je finis par les lever aux cieux, gris eux aussi. Je me met alors à imaginer un ciel bleu, radieux, un soleil, brillant, si haut.. J'imagine quelques chants d'oiseaux, une haie d'honneur. Une pelouse fraîchement tondue, et enfin, un tombeau. Une pierre tombale fleurie, où sont gravées les dernières pensées pour cette pauvre fille, tombée là où nul n'aurait dû. Pourtant il me faut enjamber les traces de la fuite et de la survie des hommes, de leurs combats acharnés contre ce qui ne s'explique pas. Je plie une nouvelle fois les genoux, la déposant tout en douceur au sol. Je me saisis de ma lame.
Je la regarde longuement.. Elle est terne. Je ne peux voir mon reflet. Est ce un signe ? Est ce la la représentation de mon âme, par ce qui est l'allongement de ma main ? Je soupire longuement, la faisant tourner, dans l'espoir d'être ébloui par une quelconque lumière. En vain. Une dernière fois, je regarde celle qui n'est plus. Il est temps maintenant d'assumer mon rôle, mes paroles. Cette lourde tâche.. Je me mord les lèvres, approchant la pointe de sa tempe. Mon dieu..
Ma main recule un court instant. C'est.. Non... Je ne peux pas. Je sens cette boule qui me serre la gorge, jusqu'à m'étouffer. Mes yeux me brûlent.. Je respire lourdement.. beaucoup trop vite.. Tuer l'ennemi est une chose. J'ai été formé pour ça. C'était mon travail.. Mais cela n'a jamais été facile. A chaque succès, c'est comme une cicatrice au fond de mon âme. Quatre barres et une dernière en travers, pour faire le compte, un jour. Tuer ces monstres était obligatoire, pour survivre. Mais comment puis je enfoncer une lame dans le crâne d'une pauvre fille, qui n'a fait que ce qu'elle a pu pour survivre ? J'ai beau savoir qu'elle est déjà morte, que mon geste ne pourra que la libérer, j'en tremble d'émotions.. Les larmes coulent sur mes joues, alors qu'il me faut renifler un bon coup pour reprendre mon souffle, mes esprits, ma vigueur. Ces larmes, comment peuvent elles encore couler .. ?
Je passe mon avant bras libre sous mon nez. Je secoue la tête. A nouveau, j'avance ma lame. Je la pose contre sa tempe. Et en un murmure à peine audible, je laisse l'acier tranchant briser les chaînes de la non mort, avant même qu'elle ne puisse ouvrir les yeux.
Le coup est rapide, sec, précis, celui d'un homme formé à cet acte. La lame est enfoncée dans son entièreté. Je la retire, aussi vite qu'elle est rentrée. Une seconde, même pas.
Je regarde de nouveau cette lame, trempée du sang de June. Je me redresse, sans accorder le moindre regard aux autres, sauf à Kassandra, son amie, Alan, celui qui avait tenté le diable pour la sauver, et Izzy, ma femme. J'essuie la lame contre mon jeans, la range soigneusement dans son fourreau, et m'empresse de la rejoindre. Je colle mon front contre le sien, mes mains contre ses joues, mon regard plongé au plus profond du sien. Je ne m'en rend plus compte, mais je pleure comme un gosse, devant elle. Les larmes coulent à flot, hors de mes yeux rougis. Je n'en peux plus, je l'implore dans mon silence de me délivrer de cette folie qui nous entoure.. Comme j'aimerai m'envoler, avec elle, loin de ce chaos.. Mais c'est impossible.
" Je.. j'étais... obligé.. tu comprends... eux ils ne savent pas. Eux ils ne .. peuvent pas * snirf * .. Moi j'ai.. l'habitude tu sais.. j'en suis pas fier.. je... je v... ahum.. je.. "
Je secoue la tête, une fois de plus, dans une tentative désespérée de retrouver mes esprits, de reprendre le contrôle de toutes mes émotions, ce concentré de douleur, de peine, de haine, de rage, qui me consume jusqu'à ne laisser que cendres là où autrefois battait un coeur.
" ... Je voulais.. juste te dire.. que si je suis.. encore en vie.. c'est pour toi.. Que ce soit.. là bas ou.. aujourd'hui.. si je me suis battu.. c'est.. pour toi... Rien que pour .. le plaisir de.. de te revoir encore une fois.. Je.. je t'aime.. Pour toujours.. "
Sans même lui laisser le temps de répondre, je lui offre un baiser court mais passionné, avant de m'arracher à la fusion de nos lèvres, pour reprendre encore mon rôle : Les conduire hors de danger, là où je .. n'en sais strictement rien. De toutes mes forces combinées, j'arrive à produire l'ombre d'un sourire sur mes lèvres, et à l'étirer assez pour tenter, une fois de plus, de la rassurer après ce que je viens de lui montrer.
Je retourne au camion, à ma place. Je m'étonne grandement du silence de Caramel. En fait, il n'a plus rien dit depuis la perte de contrôle. Pourquoi ai-je entendu la voix de mon meilleur ami, dans le plus profond de ma tête ? Là, j'aurai tellement besoin de l'entendre.. ses jurons, ses conneries. Mais il n'est pas là. Putain de merde..
J'offre donc mon regard à Ethan. Mes émotions sont faciles à comprendre. Peut être cette trace de sang fraîche sur mon jeans lui tapera dans l'oeil. En tout cas, je ne lui accorde que la simplicité d'une phrase.
" June est morte. Je l'ai achevée. Ils l'ont.. Bon bref... "
Mes yeux fixent à nouveau la route, le humvee devant, et ce pour trois heures encore. Trois heures de route. Si j'arrive à jongler avec mes ressources physique restantes, mon âme est bien loin d'être indemne. Je baisse le chauffage, pour éviter que la chaleur ambiante ne vienne me déposer dans les bras de morphée en pleine course. Le silence est encore plus pesant maintenant. Je l'ai achevée. Qu'est ce que tu veux dire après ça ? Mis à part les mêmes indications.. Les mêmes affirmations.. Oh diable. J'appuie finalement sur le bouton de la radio. La musique se met à sonner. La musique me libère.. Qu'est ce ? Oh, par chance, un album d'Aerosmith. Un best of semble t il, quand nous passons de Dream on à Cryin. Les succès défilent, comme les kilomètres, comme les heures, comme nos silences entendus. L'ordre de s'arrêter est finalement donné après trois heures de route. Une pause bien méritée. Une pause bien attendue.
La première chose que je fais.. rejoindre Izzy. Je saute du camion, courant presque comme un gosse. Je prend ses mains dans les miennes. Je souris enfin, pour de vrai, pour de bon.. Je suis avec elle.
" Je suis.. désolé pour tout à l'heure. Tout ça, c'est difficile à gérer, même quand on a été soldat, même une star.. haha.. Je ne contrôlais plus mes émotions. Mais le bon côté, c'est que.. que.. j'ai pu enfin t'ouvrir une des dernières portes closes de mon coeur... "
La distribution de vivre commence. Enfin, quelques choses à boire et à manger. Je me contente de peu.. Après tout, j'ai déjà l'habitude d'être rationné. Une boisson énergisante, une barre qui me tombe directement dans l'estomac, et une bouteille d'eau, pour la suite. Je la garde près de moi. J'entend les paroles de Gary, ce mec qui hurlait des ordres dans les gradins. Celui qui hurlait pour... autre chose aussi
" J'vais aller voir ça chérie. On se revoit bientôt. "
Je m'absente encore, dans un dernier sourire que je cache bien vite, tournant la tête vers la grise mine de Gary. Me raclant la gorge, je m'approche de lui. Et même pour un ancien de l'us army, même pour un habitué de la scène, approcher une telle tronche, c'est pas toujours simple. Arrivé à sa hauteur, je le regarde un instant dans les yeux. Je n'ai aucune idée de ce que je dois lui dire... Alors j'improvise.
" Je suis.. le sergent McLeod. Arthur McLeod. J'conduis le camion derrière le humvee. J'vais aller monter la garde, là bas. Garde un oeil sur moi.. Je te fais un signe si je vois un truc qui sent .. la merde.. comme au cim.. Hum.. au stade. "
Et je m'exécute, après un bref passage près de ma femme, histoire de lui donner ma position, et les raisons. Le gardien de cette meute. Bah, dans le fond, cette idée me fait sourire. Smiley.. Après tout.. Pourquoi pas ? Je reste moi même. Pour l'instant, nous sommes sortis des emmerdes. Et pour fêter ça, je plonge la main dans ma poche, après avoir posé ma bouteille. Oh merde.. Y a rien.. Je change mon scar de main, palpant l'autre poche.. Eh non, rien non plus. J'ai arrêté de fumer ? Quelle connerie. Heureusement qu'un paquet m'est tendu, bien amicalement. Mon visage s'illumine.. J'accepte avec plaisir l'invitation. Quand je lève les yeux, je vois que c'est ce mec, Alan, du moins il me semble avoir entendu ce nom. Nous partageons une chose en commun, quelque chose de bien intime.. Le sang de June sur nos mains. De mon regard, je lui signifie que je n'ai pas de feu, non plus. Il allume ma cigarette. Mes lèvres miment un merci. Mon dieu, que ça fait du bien. Cela faisait si longtemps.. J'aspire la fumée, les yeux fermés, me délectant des sensations anciennes, interdites par mes promesses d'antan. Je suppose qu'izzy comprendra.. Je souffle, ouvrant à nouveau les yeux. Je ne lâche pas l'homme du regard. Je ne trouve pas les mots pour percer le silence, pour énoncer l'évidence. Lui et moi avons sûrement besoin de parler de ça. Moi, ouais, j'en ai besoin. Mais je reste derrière mon mutisme, pour l'instant. Toujours aux aguets. Finalement, c'est lui qui prend la parole. Il me remercie, et je laisse un petit rire précéder ma réponse.
" Pas besoin de me remercier. Nous avons tous fait notre possible pour sauver ces gens. Pour veiller les uns sur les autres. " Je tire sur la cigarette, soufflant la fumée en continuant ma réponse. " Parfois, ça foire.. ". Quelques secondes encore, où mon regard lui exprime la douleur qui persiste après mon geste, trois heures plus tôt. " Mais on peut pas s'en vouloir. On peut pas faire plus que notre possible.. " Encore une bouffée. Cette cigarette en est déjà à la moitié.. Fichtre. Ma tête s'embrume un peu, il faut dire, ça faisait longtemps.
" Puis regarde.. On a quand même.. géré, non ? " Je hausse mes sourcils, quittant un instant son regard pour me plonger dans le vide. Réussit ? A quel prix ? Pour moi, c'est celui de mon sang.. Elyse.. Où es tu ?
" T'as plutôt bien géré smiley. J'suis fier de toi mon pote. Fier de voir que t'es resté le même après tout ce temps. Ce même putain d'enfoiré de blanc sur qui on peut compter. "
Caramel.. Mon doux Caramel.. Enfin te revoilà, toi et tes paroles capables de restaurer ma force..
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