I need you now | Emy & Sam
Lun 29 Fév 2016 - 23:41
❝I need you now❞ Emy & Sam On dit souvent que lorsque l'on s'approche de la mort, on revoit toute notre vie défiler devant nos yeux. Je me demande si c'est vrai. Je me suis toujours posé cette question à vrai dire. Mais comment savoir si c'est réellement ce qui se passe? Après tout, ce n'est pas comme si quelqu'un était revenu d'entre les morts pour nous dire premièrement comment ça se passe quand on meurt et aussi comment ça se passe après. Enfin... Normalement, quand on a aux alentours de la vingtaine d'année, on se croit immortels. On se dit que jamais rien ne pourra nous arriver et qu'on est au dessus de tout ce qui peut se passer autour de nous... Je crois qu'à jamais je verrai son sourire qui s'illuminait depuis toute petite quand quelque chose lui faisait plaisir. Son rire qui égayait n'importe qui qui pouvait l'entendre. Ses cheveux qui voletaient au vent quand elle sautait comme une cascadeuse professionnelle sur son skateboard alors que je passais mon temps à lui gueuler dessus en lui disant qu'elle risquait de tomber. Ses yeux qui pouvaient à la fois renfermer toute la joie du monde mais en même temps qui ont si souvent reflété une profonde tristesse qu'elle tentait de cacher aux yeux de tous. Beaucoup ont cru à sa carapace apparente. A sa soi-disant force dont elle se vantait sans cesse. Mais moi je la connaissais. Par cœur. Presque mieux que je ne me connais moi-même. Et c'était pareil dans l'autre sens. Elle était capable de lire en moi comme dans un livre ouvert. Bien souvent, il n'était même pas nécessaire de parler pour que l'on se comprenne. Un simple regard suffisait. Elle était tout pour moi. Et pourtant je n'ai pas été capable de la sauver. Je lui avais promis que tout allait bien se passer. Les derniers mots que je lui ai dits étaient des mensonges. J'ai vu toute sa douleur s'exprimer sans problème dans ses yeux qui s'humidifiaient de larmes. Je passais mes mains tremblantes sur ses joues, mes larmes se mêlant aux siennes en s'écrasant sur ses pommettes.J'avais eu l'impression que le temps s'était arrêté autour de moi. Peu m'importait après tout ce qui pouvait bien se passer... Rien n'avait plus d'importance. Je sentais mon haut s'humidifier au fil des secondes, mais je ne le voyais pas. Je ne le voyais pas virer de sa couleur grise habituelle à la couleur rouge caractéristique du sang humain. Ce n'était pas n'importe quel sang. C'était celui de ma petite sœur. Et je n'ai pas été capable de la protéger. En voyant lentement ma cadette s'éteindre, j'ai senti qu'une partie de moi partait avec elle. Et sans que je ne sache pourquoi, j'espérais qu'elle trouve un monde meilleur. Je n'ai jamais cru à ce genre de choses. Mais au moment où ma sœur m'a quittée... Je me suis mise à espérer. Espérer que quelque chose de bien l'attende. C'est toujours les meilleurs qui partent les premiers. Oui... Ils ne croient pas si bien dire... Je serre lentement dans mes mains l'un des hauts de ma sœur et j'attrape ma lèvre inférieure entre mes lèvres pour tenter de retenir mes larmes. Pourquoi ?.. Pourquoi avait-il fallu qu'elle se prenne une balle perdue ? J'aurais tellement voulu être à sa place... Elle méritait de vivre... Elle était bien trop jeune pour mourir. Et c'était ma petite sœur. J'aurais dû tout faire pour la sauver. Et pourtant, elle est morte dans mes bras. On essayait de se mettre à l'abri quelque part. Elle m'avait fait promettre de ne pas prendre part au combat et j'avais respecté ma promesse. Malgré mon tempérament forcément attiré par une rébellion, je n'ai rien fait. Pour Liz. Mais ça bien entendu, ça n'a rien changé. S'il existe vraiment un dieu là en haut... Pourquoi est-ce qu'il m'a pris ma petite sœur ? Je sens mes jambes trembler comme si d'un coup, la gravité était devenue trop forte pour moi et ne me permettait plus de tenir debout. Mes genoux s'écrasent dans le sol et quelques gouttes viennent s'écraser sur la terre fraîchement retournée. Ou en tout cas, retournée il y a peu. Pourtant, il ne pleut pas. Depuis mes yeux, mes larmes ruissellent le long de mes joues et viennent s'écraser au sol comme mon corps entier semble le faire. Devant moi se trouve l'endroit où j'ai tant bien que mal enterré le corps meurtri de ma cadette. Il n'y a rien autour... Juste elle. A l'écart du reste. A la limite de ce qui nous est permis par les enceintes érigées autour du bastion. On dit qu'il existe des étapes dans le deuil d'une personne. Certaines d'entre elles sont le déni, la négociation, le choc, la culpabilité, la colère... Vient enfin l'acceptation. Mais je crois que jamais je ne parviendrai à accepter ça. Un seul affrontement entre civils et militaires. Un bain de sang qui a fait trop de victimes. De chaque côté. Car non seulement j'ai perdu Liz dans cet affrontement... Mais j'ai également perdu la femme que j'aimais. Je ne faisais peut-être que me bercer d'illusions à son égard et peut-être qu'on ne se serait jamais remises ensemble. Mais il n'empêche que... Je l'aimais toujours. Et elle aussi, on me l'a arrachée. A quoi bon vivre encore ? A quoi bon se forcer à chaque jour ouvrir les yeux et se donner la motivation pour passer la journée ? Et rebelote chaque jour... Je ne veux plus de tout ça... J'aimerais juste que la douleur s'arrête. J'aimerais pouvoir, l'espace d'un instant, revoir ma petite sœur... Et lui dire tout ce que je n'ai pas pu lui dire. Lui dire que je l'aime. Et qu'elle sera toujours dans mon cœur. Quoi qu'il se passe. Jamais je ne pourrai la déloger de là où elle se trouve. Quoi qu'il advienne... Liz... Je t'aime... Je t'en supplie... Retrouve maman... Et soyez toutes les deux heureuses ensemble... Pour moi... Ma voix se brise à la fin de ma phrase et je fonds en sanglots. J'enfouis mon visage dans le haut laissé par Liz dans mes affaires par inadvertance et je sens son parfum remonter dans mes narines et réveiller en moi une myriade de souvenirs plus beaux les uns que les autres. Pourtant, cela ne fait qu'augmenter encore l'intensité de mes pleurs. C'en est au point que je ne remarque même pas que je ne suis plus seule, près de cette tombe. |
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Re: I need you now | Emy & Sam
Mar 1 Mar 2016 - 11:53
Qu'est-ce que ça avait fait d'eux ? Qu'est-ce que ça allait faire d'eux ?
Emerson s'était posée cinquante fois la question lorsqu'elle était coincée dans le Kindred Hospital, en tentant d'en discuter en partie avec Carter lorsqu'il était encore de ce monde. A ce moment de sa vie, quelques mois avant, la blonde était encore pleine d'un espoir qui la caractérisait comme au début de son existence. Que ce n'était pas parce des tuiles nous tombaient sur le coin de la figure qu'on devait mettre à distance l'humain qui était en nous. Elle y tenait. Elle s'y était tenue. En arrivant au lycée Garfield avec son sauveur, elle avait persisté à y croire malgré le sang qu'elle avait sur le main. Le sang de toutes les personnes qu'elle n'avait pas réussi à sauver, et celui de Carter, qu'elle avait du abattre après sa morsure.
Mais mis en parallèle, elle n'avait que peu d'estime pour cet homme, quand bien même, l'impression de l'avoir abattu comme un clébard qui avait la rage lui restait coincé dans la gorge. Ça n'était pas elle. Ça n'avait jamais été elle. Mais elle avait pressé la détente avec une froideur incroyable, et elle avait sorti le dernier survivant de son campement avec elle, avant que lui ne retrouve ses esprits et ne prenne le relaie. Et voilà où ils en étaient. Ils avaient passé, tous, des jours entiers à évacuer et éliminer les cadavres du campement, avaient creusé des tranchées pour les enterrer, ou les brûler, selon le coin. Ils avaient nettoyé le parquet du sang de leur proche. Des familles entières, déjà réduites, à présent mortes ou détruites. Et ceux encore debout, les derniers à rester, qui n'avait plus que leurs yeux pour pleurer.
Qu'est-ce que tout ça faisait d'eux ? Qu'est-ce que cette révolte avait fait d'eux ?
Emerson jeta un coup d'oeil en arrière. Les bras croisés sur sa poitrine, elle fixa sa jeune fille occupée à grandir trop vite, et son mari lui apprendre dieu savait quoi. Ça faisait quelques minutes qu'elle les regardait, tous les deux, sans pouvoir prêter l'oreille. Mise à part, peut-être, à un bourdonnement oppressant qui commençait à lui donner la migraine. Et nul doute pour la chirurgienne à ce propos, ce ronronnement régulier était le bruit que faisait sa conscience maintenant qu'elle se réveillait.
Depuis quelques jours, Emerson avait l'impression de tenir une arme entre les mains. L'arme que Kaycee lui avait ramené pour les défendre, qu'elle avait tenu de sa main droite, celle qui menait, et avec laquelle elle avait mis à terre deux hommes venus pour les tuer. Devait-elle s'exonérer de ce crime ? Elle n'en avait, jusqu'ici, pas discuter avec Kendale. Mais elle se sentait sale, souillée, meurtrie à l'intérieur, et elle était loin, très loin d'être fière de ce qu'il lui était arrivé. Elle n'avait fait ça que pour Kaycee. Et pour Megara, qu'elle s'était échinée à sauver. Mais quand même...
Mais quand même.
Elle avait besoin d'air.
C'était comme si, soudainement, l'oxygène avait commencé à lui manquer. Elle fit un sourire à son époux lorsqu'elle croisa son regard, et fit ensuite volte face pour s'en aller, loin, très loin d'ici. Laissant derrière elle des pensées diverses, emportant avec elle des angoisses. Alors qu'elle s'éloignait, la blonde blêmissait à vu d’œil, avant de finir par se cacher quelque part. Elle étouffait. Un peu plus à chaque pas, elle sentait ses poumons se réduire à peau de chagrin. De l'air. Elle avait besoin d'air. Mais le chagrin, elle n'était pas la seule à le porter, et des sanglots finirent par attirer son attention et la pousser à se reprendre. Quelques pas de plus et elle distingua une blonde enserrant un t-shirt, faisant partie probablement de ces familles décomposées aujourd'hui solitaire à jamais.
Elle ne devait pas penser ça. Elle ne devait pas rester seule à jamais. Alors malgré son angoisse, la blonde s'arma d'un sourire bienveillant et lui lança d'un voix douce :
Je dis souvent à ma fille qu'on ne devrait jamais être obligé de traverser un moment dur seule. Qu'on a toujours des gens qui nous aiment pour nous aider. Et si ce n'est pas le cas, on devrait toujours pouvoir trouver une épaule pour en parler.
C'était maladroit, n'est-ce pas ? Mais c'était toujours mieux que rien.
Si tu veux rester seule, je comprendrais. Je peux partir. Ou je peux rester. Si tu me le demandes, je reste et tu n'auras pas à être seule face à cette perte.
Emerson s'était posée cinquante fois la question lorsqu'elle était coincée dans le Kindred Hospital, en tentant d'en discuter en partie avec Carter lorsqu'il était encore de ce monde. A ce moment de sa vie, quelques mois avant, la blonde était encore pleine d'un espoir qui la caractérisait comme au début de son existence. Que ce n'était pas parce des tuiles nous tombaient sur le coin de la figure qu'on devait mettre à distance l'humain qui était en nous. Elle y tenait. Elle s'y était tenue. En arrivant au lycée Garfield avec son sauveur, elle avait persisté à y croire malgré le sang qu'elle avait sur le main. Le sang de toutes les personnes qu'elle n'avait pas réussi à sauver, et celui de Carter, qu'elle avait du abattre après sa morsure.
Mais mis en parallèle, elle n'avait que peu d'estime pour cet homme, quand bien même, l'impression de l'avoir abattu comme un clébard qui avait la rage lui restait coincé dans la gorge. Ça n'était pas elle. Ça n'avait jamais été elle. Mais elle avait pressé la détente avec une froideur incroyable, et elle avait sorti le dernier survivant de son campement avec elle, avant que lui ne retrouve ses esprits et ne prenne le relaie. Et voilà où ils en étaient. Ils avaient passé, tous, des jours entiers à évacuer et éliminer les cadavres du campement, avaient creusé des tranchées pour les enterrer, ou les brûler, selon le coin. Ils avaient nettoyé le parquet du sang de leur proche. Des familles entières, déjà réduites, à présent mortes ou détruites. Et ceux encore debout, les derniers à rester, qui n'avait plus que leurs yeux pour pleurer.
Qu'est-ce que tout ça faisait d'eux ? Qu'est-ce que cette révolte avait fait d'eux ?
Emerson jeta un coup d'oeil en arrière. Les bras croisés sur sa poitrine, elle fixa sa jeune fille occupée à grandir trop vite, et son mari lui apprendre dieu savait quoi. Ça faisait quelques minutes qu'elle les regardait, tous les deux, sans pouvoir prêter l'oreille. Mise à part, peut-être, à un bourdonnement oppressant qui commençait à lui donner la migraine. Et nul doute pour la chirurgienne à ce propos, ce ronronnement régulier était le bruit que faisait sa conscience maintenant qu'elle se réveillait.
Depuis quelques jours, Emerson avait l'impression de tenir une arme entre les mains. L'arme que Kaycee lui avait ramené pour les défendre, qu'elle avait tenu de sa main droite, celle qui menait, et avec laquelle elle avait mis à terre deux hommes venus pour les tuer. Devait-elle s'exonérer de ce crime ? Elle n'en avait, jusqu'ici, pas discuter avec Kendale. Mais elle se sentait sale, souillée, meurtrie à l'intérieur, et elle était loin, très loin d'être fière de ce qu'il lui était arrivé. Elle n'avait fait ça que pour Kaycee. Et pour Megara, qu'elle s'était échinée à sauver. Mais quand même...
Mais quand même.
Elle avait besoin d'air.
C'était comme si, soudainement, l'oxygène avait commencé à lui manquer. Elle fit un sourire à son époux lorsqu'elle croisa son regard, et fit ensuite volte face pour s'en aller, loin, très loin d'ici. Laissant derrière elle des pensées diverses, emportant avec elle des angoisses. Alors qu'elle s'éloignait, la blonde blêmissait à vu d’œil, avant de finir par se cacher quelque part. Elle étouffait. Un peu plus à chaque pas, elle sentait ses poumons se réduire à peau de chagrin. De l'air. Elle avait besoin d'air. Mais le chagrin, elle n'était pas la seule à le porter, et des sanglots finirent par attirer son attention et la pousser à se reprendre. Quelques pas de plus et elle distingua une blonde enserrant un t-shirt, faisant partie probablement de ces familles décomposées aujourd'hui solitaire à jamais.
Elle ne devait pas penser ça. Elle ne devait pas rester seule à jamais. Alors malgré son angoisse, la blonde s'arma d'un sourire bienveillant et lui lança d'un voix douce :
Je dis souvent à ma fille qu'on ne devrait jamais être obligé de traverser un moment dur seule. Qu'on a toujours des gens qui nous aiment pour nous aider. Et si ce n'est pas le cas, on devrait toujours pouvoir trouver une épaule pour en parler.
C'était maladroit, n'est-ce pas ? Mais c'était toujours mieux que rien.
Si tu veux rester seule, je comprendrais. Je peux partir. Ou je peux rester. Si tu me le demandes, je reste et tu n'auras pas à être seule face à cette perte.
What a lovely day.
- Maxine E. Reynolds
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Re: I need you now | Emy & Sam
Mar 15 Mar 2016 - 10:06
❝I need you now❞ Emy & Sam Dans la logique des choses, c'est toujours normalement les plus anciens qui meurent en premier. En un sens, cela paraît normal. L'âge, le rythme de vie, etc... C'est pour ça qu'il est plus « facile » de perdre un parent que de perdre un enfant. En tout cas il s'agit de quelque chose qui est plus simple à accepter au fond de soi. C'est ce que je me dis. C'est ce qu'on se dit tous au fond. C'est la raison pour laquelle j'avais tenu le coup quand maman était morte. Je me suis dit qu'au moins, Liz était toujours là. Qu'elle avait son père, qu'elle m'avait moi. Qu'il fallait que je me montre forte pour elle, pour nous tous. Tout ça pour ça... J'aurais tellement préféré que ça soit moi qui me prenne cette balle. Après tout, depuis notre arrivée ici je n'ai passé mon temps qu'à m'attirer les foudres de quiconque ne faisait pas quelque chose qui convenait à ma vision des choses. Un militaire dont la tronche me revient pas ? Pas cinq minutes ne passaient sans que je ne lui vole dans les plumes. Une femme tentait de dérober des affaires appartenant à ma cadette ? Elle n'avait même pas le temps de dire ouf qu'elle était déjà dehors avec mon poing dans le pif. Quand je pense qu'à chaque fois, c'est Kristen qui venait me sortir de là... Elle a toujours eu le chic pour ça. Venir me sortir des situations improbables dans lesquelles j'avais réussi à me fourrer. Je pense que ça fait partie des nombreuses raisons pour lesquelles je l'aimais toujours... Pour lesquelles je l'aime toujours. Parce que même si je ne la reverrai plus jamais... Je ne sais pas si j'arriverai à tourner la page. Je n'ai pas réussi à le faire auparavant, alors que je ne savais même pas si elle était vivante ou morte. Alors maintenant... J'aurais vraiment voulu pouvoir mourir à leur place. Qu'elles soient toutes les deux en vie. Certes je ne pourrais plus en profiter, mais au moins je serais morte en sachant qu'elles vivaient. Peut-être que c'est une réaction égoïste. Peut-être que je dis ça parce que je n'en peux plus de souffrir. Que je n'en peux plus d'avoir l'impression que quelqu'un est constamment en train de s'asseoir de tout son poids sur ma cage thoracique pour m'empêcher de respirer correctement. D'avoir ce nœud à l'estomac qui m'empêche d'avaler le moindre truc. D'avoir cette sensation dans la gorge comme si on serrait une corde autour. D'avoir cette incessante impression que l'on est en train de me transpercer le cœur d'un million d'aiguilles... Je ne veux plus de tout ça. A quoi bon ? N'ayant toujours pas remarqué que je n'étais plus seule, je sursautais en entendant une voix provenir de derrière moi. Rapidement, j'essuyais mes yeux comme pour essayer de me donner une sorte de contenance face à cette femme. Je savais pertinemment pourtant qu'elle m'avait vue et entendue, et qu'elle était certainement là depuis un petit bout de temps déjà. Je reniflais un peu, me redressant par la suite pour essayer de faire face à la jeune femme qui se dressait face à moi. Pourtant je n'étais pas capable de me remettre debout. J'avais la très nette impression que je n'allais pas tenir sur mes jambes. Comme si elles n'étaient plus constituées que de coton. Sa réflexion sur ce qu'elle disait d'habitude à sa fille m'arracha un petit sourire à la fois triste et ironique. C'était le genre de choses que j'étais capable de sortir à ma petite sœur, sans pour autant en être moi-même convaincue. La blonde enchaîna sur le fait qu'elle pouvait rester si je le lui demandais. Sinon, elle partirait et me laisserait seule si tel était mon désir. En temps normal, j'aurais certainement préféré rester seule. Mais cette fois, ce n'était pas le cas. Et en plus, elle m'avait déjà vue pleurer. Alors je n'avais pas trop d'excuse. Et la fierté ou l'orgueil n'en étaient absolument pas des valables. Je hochais lentement la tête, baissant le regard sur le haut que je gardais toujours dans mes poings serrés. J'ai tout perdu... Ma petite sœur... Elle détestait la violence. Elle voulait qu'on aille se mettre à l'abri elle et moi... Et elle s'est pris une balle. Elle a transpercé son poumon et elle a fini par se noyer dans son sang... Et j'ai aussi perdu la femme que j'aimais... Elle était militaire... Non, je n'ai jamais ressenti de gêne quant au fait de dire aux autres que je ne suis pas comme la majorité des citoyens des États-Unis. Je suis gay. Je vais pas m'en cacher. Ceux à qui ça ne plaît pas, qu'ils aillent bien se faire voir... C'est encore moins maintenant que je vais commencer à m'en préoccuper. Je me fiche totalement de ce que les gens peuvent penser de moi. Tous ceux dont l'avis m'importait sont morts. Alors à quoi bon ? Je soupire et me passe une main dans les cheveux en sortant de la poche de mon jeans une enveloppe. Les coins étaient pliés, le papier froissé, mais elle ne semblait pas plus abîmée que cela. On pouvait voir écrit sur l'avant de l'enveloppe mon prénom, écrit de la main de Kristen. Je reconnaîtrais son écriture entre des milliers... Pourtant, on voyait bien que je n'avais rien fait pour l'ouvrir et voir ce qu'elle contenait. Mon regard se releva sur la jeune femme après avoir erré pendant quelques instants sur le papier que je tenais dans l'une de mes mains. C'est une lettre d'elle justement. J'ai pas encore réussi à l'ouvrir... J'ai pas envie d'être seule en fait pour le faire... Et au fait, moi c'est Sam... Mais j'veux pas que tu te sentes obligée de rester avec moi juste parce que j'fais assez pitié là tout de suite... Le tact, la gentillesse, comme d'habitude. L'art de montrer aux autres que je suis reconnaissante pour ce qu'ils font à mon égard. Rien ne la forçait à venir me parler, si elle l'a fait et qu'elle a dit ces mots, c'est certainement qu'elle avait envie de m'aider. Pas que je la faisais chier et pitié. Mais bon. C'est mon habituelle façon de tenter de me donner une carapace alors que je ne vais pas bien du tout, juste pour ne pas le montrer aux autres. Sauf que là c'est foutu. Bref. En un sens, je venais de lui demander de rester tout de même avec moi. Je n'avais pas envie d'être seule. Mais d'un autre côté, je savais que j'allais rester seule pendant un très long moment... Voire même pour toujours. |
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Re: I need you now | Emy & Sam
Mar 15 Mar 2016 - 21:00
Emerson. Mais on m'appelle Emy, déclara la blonde d'une voix douce en lui adressant un petit sourire confus.
Elle ne restait pas avec elle parce qu'elle avait pitié, mais parce que Sam avait besoin de soutien. Sans s'étonner de tout le reste, elle se chagrinait des circonstances qui avaient amené cette rencontre. Dans une autre situation, sans doute que tout ça aurait été mieux, plus simple à vivre, à endurer. Mais après cette révolte meurtrière, après qu'on ait tiré dans la masse avec des armes à feu, après avoir affronté et regardé la mort dans les yeux, c'était toujours difficile d'aborder le monde du bon pied. Parfois, Emy sentait ses mains trembler d'horreur en se rappelant ce qu'elle avait été obligé de faire. Pour protéger Megara et sa fille, certes, elle avait pressé la détente en fusillant deux hommes de sang froid. Elle avait fait le pire. Et sans doute qu'elle le referait.
Mais toutes deux marchaient sur des cendres désormais. Sur des cadavres, sur des restes. Sur les restes de gens qu'elles connaissaient. Elles avaient laissé dans leur sillage la mort et des proches, pour Sam, deux personnes qui comptaient le plus et qui justifiaient sa survie. Maintenant, tout devait lui sembler vide. Emy arrivait à se mettre à sa place. Que serait le monde si Kendale n'était plus de ce monde ? Si Kaycee l'y avait rejoint ? Si au retour de cette révolte, son époux n'était pas rentré, et n'était qu'un nom à ajouter à la liste des victimes ? Un cadavre qu'on aurait mis dans un fosse ? Et sa fille... Si elle avait eu sa tombe non loin du gymnase pour que sa mère vienne s'y recueillir, comment aurait-elle fait pour y survivre ?
Tout ça n'aurait jamais dû arriver. En fait... Ceux qui sont arrivés dans le gymnase, ils... La chirurgienne s'arrêta, baissant les yeux. Elle avait honte de ce qu'il s'était passé. Honte que mademoiselle lambda n'ayant rien demandé à personne se retrouve seule par la faute des siens. Ce monde allait la dévorer toute crue, Carter l'avait prévenu : ça n'aurait jamais dû arriver, je suis désolée.
Emy vint s'asseoir à côté de Sam, pour être à son niveau. La petite blonde tenait entre ses doigts une lettre encore fermée, qui lui était adressé, lui avait-elle expliqué. Une lettre de son aimante, une femme qu'elle avait aimé plus que raisonnablement, et qui était partie elle aussi, avec sa sœur. Sam avait perdu beaucoup. Des familles entières arrachées à la vie avec tant de violence. En quelques minutes à peine, une poignée de seconde, où l'on dérobait ce qu'il y avait de plus cher sur terre désormais.
Tu veux l'ouvrir maintenant ? questionna la chirurgienne d'une voix douce.
Posant sa main fraîche sur le bras de la jeune fille, elle lui adressa un sourire. Ça n'était pas seulement la curiosité qui la faisait rester, ni même la pitié. C'était parce que Sam avait besoin de soutien, et qu'elle s'imaginait que si les places étaient inversées, alors elle aurait voulu et souhaité, de toutes ses forces, que quelqu'un en fasse autant pour la soutenir dans ses derniers temps de vie. Parce que pour Emy, il était sûr, et certain, que si on lui avait enlevé Kaycee et Kendale, elle n'aurait pas chercher à poursuivre son existence plus longtemps. Pas dans ces conditions, c'était inenvisageable, ingérable, impensable.
Tu veux que je te l'ouvre ?
Et parce que Sam était parfois secouée par des sanglots, parce que ses doigts fins tremblés et abimés le papier de l'enveloppe, Emy se dit qu'elle aurait sûrement besoin d'un petit coup de main pour en venir à bout.
Elle ne restait pas avec elle parce qu'elle avait pitié, mais parce que Sam avait besoin de soutien. Sans s'étonner de tout le reste, elle se chagrinait des circonstances qui avaient amené cette rencontre. Dans une autre situation, sans doute que tout ça aurait été mieux, plus simple à vivre, à endurer. Mais après cette révolte meurtrière, après qu'on ait tiré dans la masse avec des armes à feu, après avoir affronté et regardé la mort dans les yeux, c'était toujours difficile d'aborder le monde du bon pied. Parfois, Emy sentait ses mains trembler d'horreur en se rappelant ce qu'elle avait été obligé de faire. Pour protéger Megara et sa fille, certes, elle avait pressé la détente en fusillant deux hommes de sang froid. Elle avait fait le pire. Et sans doute qu'elle le referait.
Mais toutes deux marchaient sur des cendres désormais. Sur des cadavres, sur des restes. Sur les restes de gens qu'elles connaissaient. Elles avaient laissé dans leur sillage la mort et des proches, pour Sam, deux personnes qui comptaient le plus et qui justifiaient sa survie. Maintenant, tout devait lui sembler vide. Emy arrivait à se mettre à sa place. Que serait le monde si Kendale n'était plus de ce monde ? Si Kaycee l'y avait rejoint ? Si au retour de cette révolte, son époux n'était pas rentré, et n'était qu'un nom à ajouter à la liste des victimes ? Un cadavre qu'on aurait mis dans un fosse ? Et sa fille... Si elle avait eu sa tombe non loin du gymnase pour que sa mère vienne s'y recueillir, comment aurait-elle fait pour y survivre ?
Tout ça n'aurait jamais dû arriver. En fait... Ceux qui sont arrivés dans le gymnase, ils... La chirurgienne s'arrêta, baissant les yeux. Elle avait honte de ce qu'il s'était passé. Honte que mademoiselle lambda n'ayant rien demandé à personne se retrouve seule par la faute des siens. Ce monde allait la dévorer toute crue, Carter l'avait prévenu : ça n'aurait jamais dû arriver, je suis désolée.
Emy vint s'asseoir à côté de Sam, pour être à son niveau. La petite blonde tenait entre ses doigts une lettre encore fermée, qui lui était adressé, lui avait-elle expliqué. Une lettre de son aimante, une femme qu'elle avait aimé plus que raisonnablement, et qui était partie elle aussi, avec sa sœur. Sam avait perdu beaucoup. Des familles entières arrachées à la vie avec tant de violence. En quelques minutes à peine, une poignée de seconde, où l'on dérobait ce qu'il y avait de plus cher sur terre désormais.
Tu veux l'ouvrir maintenant ? questionna la chirurgienne d'une voix douce.
Posant sa main fraîche sur le bras de la jeune fille, elle lui adressa un sourire. Ça n'était pas seulement la curiosité qui la faisait rester, ni même la pitié. C'était parce que Sam avait besoin de soutien, et qu'elle s'imaginait que si les places étaient inversées, alors elle aurait voulu et souhaité, de toutes ses forces, que quelqu'un en fasse autant pour la soutenir dans ses derniers temps de vie. Parce que pour Emy, il était sûr, et certain, que si on lui avait enlevé Kaycee et Kendale, elle n'aurait pas chercher à poursuivre son existence plus longtemps. Pas dans ces conditions, c'était inenvisageable, ingérable, impensable.
Tu veux que je te l'ouvre ?
Et parce que Sam était parfois secouée par des sanglots, parce que ses doigts fins tremblés et abimés le papier de l'enveloppe, Emy se dit qu'elle aurait sûrement besoin d'un petit coup de main pour en venir à bout.
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