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Wendigo ou humain...

Mer 23 Mar 2016 - 0:27

Musique d'ambiance...:

Une autre journée sans réel espoir venait de poindre dans le quotidien malheureux de la chose pathétique qu’était Robert. Comme à son habitude, depuis les 6 derniers mois, il avançait dans les bois comme le ferait un être atteint de cette étrange maladie. Plus qu’une fois les goules, ces choses abjectes et des fois ayant une meilleure apparence que lui s’était jeté sur l’immense carcasse du monstre de foire avaient l’intention d’arracher la chair disproportionnée de son corps repoussant. Mais une mince lueur de volonté, de combativité guidait encore les réflexes du sosie de Frankenstein. À chaque aberration qu’il tranchait le fil de la non-vie il pensait que cet être maléfique ne pourrait pas causer le déchirement d’une nouvelle famille. Au début Robert se voulait de lever sa hache couverte de sang noirâtre vers d’autres personnes, mais même son esprit lent et ayant des carences intellectuelles avait compris que les infectés n’étaient plus vivants.
Comment un humain pouvait vivre avec les tripes à l’air, les bras arrachés ou bien le cou cassé dans une position bizarre? La puanteur de la mort et de la décomposition accompagnait les pas trainants et chancelants de ces êtres dotés d’un appétit douteux. Chaque coup de hache était maintenant rendu mécanique et tristement mortel.

Robert avançait maintenant en suivant sa carte de la région. Le géant avait quitté le chalet dans les monts enneigés pour dénicher une subsistance. Voilà deux jours qu’il tournait en rond, trouvant un refuge pour la nuit dans des maisons de montagnards des fois hanté par leurs anciens propriétaires.  Les nuits où les cauchemars reprenaient leurs assauts impitoyables sur le subconscient si pur de Robert. L’attaque se produisait toujours sournoisement. La majorité du temps, il y l’ange à la chevelure cuivrée qui partageait la vie de l’homme difforme. Juliane apaisait la bête et lui permettait de se sentir humaine pour une des rares fois de sa vie. Mais elle était partie pour aller voir le magicien et lors de ces moments seuls, la fatalité de sa vie revenait au galop pour les quatre destriers de l’apocalypse.

Son esprit lent et hésitant baissa pavillon pour se réfugier dans la pénombre de sa conscience. Doucement, les paupières lourdes de fatigues se fermèrent et les traits atypiques et du colosse disproportionné se fermèrent. Soupirant lourdement, Robert se prépara à revoir le film peu glorieux de sa vie qui commença à tourbillonner sur le paravent de ses rideaux de chaires fermé. Étant un spectateur muet du carrousel d’images de son existence médiocre, le géant déformé ne pouvait que sourire au tout début. La naissance de son ange, les merveilleuses promenades dans le bois, les chants et les contes ne pouvaient que ravir le cœur débordant de bonté et d’humanité de Robert. Mais ce que redoutait tant le monstre de foire surgit alors des tréfonds de sa mémoire, tels un spectre qui se nourrissait de la terreur et l’angoisse de l’homme pétrifié. Dans un premier souffle la maladie de Sandra. Ces longs mois de souffrance et d’impuissance que le mineur vivait chaque jour. Il ne voulait pas perdre son ange, celle qui était si gentille avec lui et qui le comprenait si bien. L’homme à la constitution malséante s’était caché pour rester avec sa nièce adorée dans la chambre de l’hôpital. Il avait été là juste à sa rémission.  Ce faux sentiment de sérénité qui venait de soulager le cœur si meurtri de la bête.

Et maintenant la scène finale, les cadavres déchiqueter et complètement éviscérer de sa sœur et de sa nièce. Le bruit écœurant de son propre cœur qui venait de fendre en mille morceaux. De ses larmes salines qui embrouillaient sa vision bleutée. Ses mains rugueuses et immenses caressant une dernière fois la chevelure des deux êtres qui avaient permis au monstre qu’il fût de partager ces moments divins en leur compagnie. Mais de la nouveauté macabre venait de se rajouter à l’horreur de ce cauchemar.  Les yeux de ses anges s’ouvrir tout à coup, un voile blanchâtre recouvrant totalement la surface. Des gémissements de faim s’échappèrent de leurs lèvres ensanglantées et elles se remirent sur leurs pieds vacillants. Tout l’être du mastodonte voulait s’échapper, mais un espoir fou maintenait ses pieds bien ancrés au sol. Si ce n’était que le fruit de son imagination. Que sa sœur et sa nièce n’étaient que blessées légèrement. Robert ne put qu’ouvrir ses bras immenses en signe de bienvenue à celles qu’il croyait à tort d’avoir perdu. Une étreinte se produisit et les dents acérées des anges de sa vie commencèrent à gruger la chaire du colosse. Et celui-ci ne pouvait qu’accepter le baiser de la mort, heureux de rejoindre Sandra et Rosalie dans un monde où ils ne seraient jamais séparés…

Après un réveille en sursaut, le cœur déchiqueté de l’homme tapant à toute allure dans sa poitrine difforme. La sueur s’échappait de ce corps monstrueux et souvent un cri de terreur accompagnait ce réveil brutal. Alors, l'ancien mineur se leva pour affronter une autre journée dans ce monde chaotique et infernal qui était son quotidien. Seule compensation, il était près de la nature. Ce lieu où les animaux se foutaient de son apparence et ne l’injuriaient aucunement. Robert pouvait même laisser ses doutes et ses peurs des gens de côté. Il pouvait être un peu l’homme que ses anges voyaient.

Avança à grands pas dans la direction qu’il avait sélectionnée la veille, lieu de sa prochaine fouille pour trouver des produits essentiels sa survie, Robert souriait maintenant grandement. Ce sourire, si souvent absent de son horrible faciès, repoussait au loin la laideur de l’homme pour ne laisser pulser toute la bonté et la gentillesse du géant au cœur d’or. Respirant l’air vivifiant, mais froid de ce mois d'hiver, la douceur modelait les traits durs du visage du golem de chair. Un apaisement sublime semblait avoir chuté sur les épaules massives de l’être à l’intellect douteux. Avançant tel un soldat au rythme chantant des oiseaux nichés dans les branches dépourvues de leurs parures, Bobby s’enfonça sans craindre dans les bois qui hibernaient de par cet hiver saisissant. Bientôt une neige, plus un ballet de cristaux gelé, déposa sa froideur sur l’homme. Robert profita de ce petit plaisir, si simple et si souvent ignoré des gens en général, en basculant sa tête vers l’arrière. Laissant les flocons merveilleux atterrir sur les traits atypiques de son visage, Bobby apprécia la douceur de cette caresse que la nature offrit à la lie de l’humanité. Mais l'attitude sereine du mineur changea subitement. Le concert privé qui ravissait totalement le cœur tendre du géant s’arrêta subitement et celui-ci se pétrifia telle une statue grossière faite par un artisan peu doué en la matière. Ses pensées allèrent vers ses anges disparus depuis si longtemps.

Sa nièce, Sandra qui avait su voir au-delà de la laideur du monstre et voir l’homme tapi au tréfonds de l’âme de Bobby, lui avait dit de se tenir loin des déluges de violence.  Juliane qui lui enjoignait de partir au plus vite, de ne pas affronter plus que nécessaire les abominations cannibales. L’esprit lent du mineur allait ordonner au corps disproportionné de rebrousser chemin quand l’humanité du géant s’offusqua avec véhémence. Si une personne bien vivante était en train de se faire encercler par des goules au teint cadavérique ? La conscience de l’homme massif ne pouvait se résigner à laisser des gens souffrir. Dans un sens n’est-il pas sur terre pour éviter aux gens qu’il aimait de souffrir? Le corps de la chose était parsemé des sévices cruels et barbares que les gens normaux avaient laissés au fil des années. Des stigmates autant physiques que psychologiques avaient procuré une carapace bien solide pour l’être si souvent diminué. N’écoutant que sa conscience, cette petite voix qui allait à coup sûr tuer l’erreur de la nature, Bobby reprit ses gigantismes enjambés vers le lieu où il croyait qu’un destin funeste se préparait.

S’il mourait loin de Juliane, celle-ci s’en porterait surement mieux. Plus de colosse stupide à materner, la Texane pourra vivre sa vie comme elle l’entend. Autre avantage si la faucheuse coupait le fil de sa vie, il pourrait revoir sa famille. D’entrevoir le visage si doux de sa sœur et de sa nièce bien installé au paradis avant que son âme monstrueuse soit plongée vers les abysses de l’enfer. S’avançant lourdement dans la pureté virginale de la neige, laissant des traces immondes  ici et là, le monstre de foire accéléra le pas. Une peur grandissante nouait les tripes de la chose, mais aussi une sorte d’espoir guidait ses gestes. Une possible rédemption pour ne pas avoir su être près de ses anges lorsqu’elles avaient de sa protection. De mourir avec elles.

En farfouillant, le sol à la recherche d’indices, les yeux bleus si purs du géant notèrent une anomalie. Comme si le destin avait décidé d’emmener l’abruti de service à cet endroit précis. Tout doucement, l’homme se pencha pour récupérer un contenant d’un ton kaki. L’esprit lent associa l’objet en question à un mot. La gourde semblait percer cabosser et le propriétaire avait laissé à l’abandon l’objet sur un rocher couvert de neige. Sans comprendre le pourquoi, il plaça le récipient dans son sac à dos et il remarqua que quelqu’un s’était déplacé droit devant lui. De la neige défoncée par des pas rapides, des petites taches rougeâtres et des branches cassées indiquaient la voie à suivre pour l’être cauchemardesque.

Le cœur de l’homme battait la chamade lorsqu’il suivit la piste. Une petite éminence devant lui apparut graduellement à sa vision, mais l’âme de Robert hurla silencieusement. Sur un bouleau près de lui, une empreinte sanglante semblait s’être figée par la froideur hivernale. Tout à sa découverte, aidée grandement par l’affolement et l’état lunatique qu’il plongeât quotidiennement, Robert ne remarqua aucunement le regard mortel de la goule tapie dans les bois. La créature d’outre-tombe, vêtue encore de son équipement de soldat avec armes et équipements, épiait les moindres faits et gestes du géant avec un appétit vorace. Il venait encore une fois se placer inconsciemment en danger pour aider des inconnues.

Robert- J’espère ne pas arriver trop tard… Euh… Pouvoir aider la personne blessée.

Un panache de fumée sortit en même temps de la bouche aux dents mal alignées de l’homme. Comme si le nuage voulait souligner de la véracité des mots du mineur. Une inquiétude latente et une réelle compassion enrobaient chacune des syllabes projetées dans l’air frisquet. Robert pencha de nouveau sa tête vers le sol pour essayer de deviner le trajet chancelant de l’être blessé qui allait surement être effrayé par la vision d’horreur que le géant représentait. Mais une forme d’une autre couleur que la blancheur de la neige sauta aux yeux bleutés de la chose. Comme si une parcelle de couleurs vives s’était réfugiée dans cette contrée froide. Une rivière coulait en contrebas et la silhouette solitaire se dirigeait vers le fluide de toute vie. Ne voulant pas l’effrayer, le colosse fit un pas de côté pour essayer de dissimuler sa grande carcasse derrière le tronc du chêne endormi.  La masse du géant dépassait de tout bord tous côté. Toute l’attention de l’homme  étant tournée vers la silhouette gracile, Bobby ne remarqua aucunement la mort blanchâtre et putréfier qui se préparait à lui sauter dans le dos…
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Re: Wendigo ou humain...

Lun 4 Avr 2016 - 22:00

Une fois la vaisselle terminée avec Tam, Rebecca se dirigea vers sa chambre pour se préparer à une grande expédition... Aller chercher de l'eau à la rivière... Dit comme ça, cela pouvait paraître anodin et simple, mais elle était à quelques kilomètres du chalet, devoir traverser un forêt, mais c'était surtout la neige qu'avait laissé la tempête qui rendait l'avancée un peu plus hasardeuse, et il fallait donc être prudent si jamais un Odöda se trouver recouvert, il fallait donc s'équiper un minimum afin qu'une morsure ne traverse pas les vêtements.... Bizarrement c'était une corvée qu'elle aimait bien faire, elle s'équipait presque comme si elle allait en randonnée, même si c'était loin d'être le cas, malheureusement, mais ça lui permettait de s'évader un peu, à l'air libre et seule, bien qu'elle avait appris à apprécier de vivre en groupe, elle en avait besoin.

Après avoir prévenu les autres de ce qu'elle faisait et en ayant pris soin de na pas oublier les bouteilles vide, elle s'éloigna du chalet, les bruits de ses pas étouffés par la certaine épaisseur de neige...Elle aimait bien. Cela lui rappelait des souvenirs, les randonnées qu'elle avait faites dans les scandes... même si ça n'avait rien à voir aujourd'hui, cela avait des souvenirs inoubliable pour elle, les moments où elle s'échappait de sa famille. Le semblant de famille qu'elle avait aujourd'hui était beaucoup plus aimante que celle qu'elle avait eu avant, alors elle n'avait pas vraiment besoin de s'échapper de ça... Mais elle trouvait son épanouissement dans ces moments là.

Arrivant à la forêt, elle ne put s’empêcher d'être curieuse sur la flore avoisinante, elle n'avait pas vraiment eu l'occasion de voir avec cette neige... Peut être trouverait-elle des trucs utile là dedans, elle ne connaissait pas vraiment la flore locale, alors elle attendait le printemps avec impatience, que la neige fonde et que tout pousse à nouveau, ce cycle naturel qui était toujours resté imperturbable malgré toutes les interventions de l'homme. Pour elle cela montrait la supériorité de la nature sur l'homme, elle arrivait toujours à résister et à trouver des solutions pour survivre, ce qui arrivait actuellement n'était pas un hasard.
Regardant le sol et les alentours, la suédoise aperçut quelques traces de sang sur la neige, sortant son Glock et son couteau, en épiant le moindre Odöda qui pourrait apparaître, cela faisait un moment qu'elle n'en avait pas vu et bizarrement, elle prit un certain plaisir à avoir un peu d'action mais surtout éliminer une menace potentielle. C'est alors qu'en se rapprochant de la rivière un peu plus bas, qu'elle put apercevoir trois d'entre eux, étonnée d'en voir autant au même endroit, un près de la rivière et deux autres derrière un arbre, l'un d'eux était d'ailleurs immense et elle fut bien heureuse de l'avoir vu avant que lui ne la voit. La décomposition de son corps n'avait pas l'air d'être total contrairement aux deux autres et elle aurait eu probablement du mal à s'en débarrasser si il l'avait attaqué par surprise. Il avait surement du se faire mordre par les deux autres. Cependant, celui qui était le plus proche d'elle, derrière le colosse, semblait s'approcher dangereusement de ce dernier, avec envie... Elle prit conscience enfin qu'il ne devait pas faire partir de l'un d'entre eux, mais elle se demandait pourquoi il était inactif devant la scène.
S'approchant discrètement derrière lui, elle planta son couteau dans le crâne tout en l'écartant sur le côte afin qu'il ne tombe pas sur le grand homme, elle pointa son arme sur ce dernier, restant tout de même méfiante.

- Qu'est ce que vous faîtes ici ? lui demanda-t-elle un peu hésitante n'ayant pas vraiment l'habitude de menacer quelqu'un avec une arme. Elle garda tout de même un œil sur l'autre marcheur, s'approchant sans raison vers la rivière, n'ayant visiblement pas entendu ce qu'il se passait autour de lui.


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Re: Wendigo ou humain...

Mar 5 Avr 2016 - 15:20

Le colosse regarda la silhouette qui avait pris pour un être vivant. En restant attentif aux mouvements, il se rendit compte que c’était les pas hésitants et gauches d’une goule. Soulevant ses épaules massives, le monstre de foire soupira lourdement. Il croyait avoir découvert un signe de vie. Une personne qui l’aurait pu aidé à revenir sur ses pas et retrouver le chalet. Ce lieu où la solitude était quelques fois brisée par la visite de sa chère amie. Juliane passait voir le géant au grand cœur, passait quelques jours en sa compagnie et repartait vers d’autres horizons. Et alors pour Robert l’attente recommençait. La routine ennuyeuse reprenait son cycle. Couper du bois, essayer de trouver des trucs à manger, éliminer à coup de hache les goules égarées. Et un sentiment de découverte l’avait poussé à partir, explorer les environs pour se changer les idées. Le golem de chair avait bien laissé une note écrite d’une main malhabile pour la Texane. Au moins, elle sait qu’il est parti vers le soleil couchant en haut de la montagne. Mais une tempête de neige l’avait fait dévier de sa route.

Lunatique comme à son habitude, il n’avait qu’entendu les gémissements de faim du militaire transformé en abomination qu’à la dernière seconde. Essayant de se tourner pour opposer une défense désespérer le mineur eut la surprise de voir son putride adversaire chuter au sol en biais de lui. Derrière lui se trouvait une petite femme. Une beauté presque surnaturelle. Elle irradiait presque comme un ange descendit du ciel. Un air déterminé était apposé sur son visage aux traits fins et magnifiques. Des yeux d’émeraudes si magnifiques qui étaient inquisiteurs fac à la bête. Un couteau ensanglanté dans une main, elle menaçait le géant d’une arme de poing.

Dame- Qu'est ce que vous faîtes ici ?

Ne sachant plus quoi faire, ne voulant surtout pas que l’étrangère ne panique en voyant son allure cauchemardesque, la bête de ces bois fit un pas latéral. Un pas chassé absurde en quelque sorte pour se placer dans l’ombre bienfaitrice du chêne. Alors là il prit une grande respiration. Dans un premier lieu pour oxygéner son corps puissant et intimidant. Mais aussi pour se donner un courage qui n’était que des braises à peine rougeâtres. Devant les monstres assoiffés de chair, le mineur ne tremblait aucunement. Ces pauvres hères ne jugeaient pas le mastodonte sur son apparence ni son intellect, mais bien sûr sa valeur nutritive. Et souvent il faisait un rempart de son corps défendant pour préserver les êtres célestes qui avaient accepté d’être près d’une parodie d’hommes tel que lui. Émergeant d’un passé troublé par tant de souffrance, Robert avait accepté d’être le gardien de ces deux âmes pures. Quitte à mourir pour elles. Il savait que s’il trépassait, il allait être accueilli avec amour et tendresse par ses anges au paradis. Mais sa criante, son angoisse à peine camouflée était et sera toujours les humains. Vil, méchant, rancunier et voulant toujours démontrer au géant désabusé leur suprématie. Son corps était parsemé des sévices cruels et barbares que les gens normaux allaient laisser au fil des années.

Se retournant lentement, les pieds bien ancrés sur le sol, le spectacle pitoyable de la laideur du colosse se dévoila à la blonde déesse. Des pantalons noirs à bretelle, une chemise ayant connu des jours meilleurs et un vieux parka militaire entrouvert. L’ange au pistolet pouvait deviner aisément une puissante et solide ossature, des muscles volumineux et même disproportionnés cachés à grand-peine dans l’armure de tissus. Des mains géantes et grosses comme des boulets de canon. Une d’entre elles tenait serré le long de sa jambe une hache. Robert le tenait avec l’aisance de l’habitude. L’autre main, ayant des doigts de la circonférence de saucisses, était levée dans un signe universel de reddition. Les pieds, extraordinairement pointés vers l'extérieur et des plus stables, se dandinaient sous l’effet de la gêne et surtout de l’angoisse de ce moment stressant. La cage thoracique bien développée et un cou aussi large que son crâne. Des trapèzes laissant présager une force conséquente dans le haut de ce corps impressionnant. Robert devait dépasser la femme en face de lui  de plusieurs centimètres et devait peser presque le double. Devant le regard bleuté de l’individu, le géant devait être plus associé au monstre des films d’horreur qu’au genre humain. Ce mastodonte semblait être sorti droit des rêves fous d'un savant ayant perdu le contact avec la réalité. Une tête en forme d'œuf, une dentition irrégulière, une mâchoire carrée et virile, des lèvres minces et presque exsangues, une fossette entre ses deux sourcils, des oreilles décollées, une barbe et des cheveux châtains rasés d'une main malhabile et des orbites enfoncées. Tout pour qualifier ce visage aux traits atypiques de faciès monstrueux et repoussant. De son angle de vu, l'intrus pouvait dénombrer la multitude de cicatrices qui lézardaient sur les mains et les avant-bras de la chose difforme en face de lui.

Tel un prédateur devant sa proie, leurs regards se fracassèrent dans onde de choc. Robert ne pouvait aucunement deviner les intentions de l’ange, mais celle-ci pouvait lire comme un livre ouvert l’amalgame d’émotions qui soufflait du regard bleuté de la chose. Elle pouvait plonger au travers des yeux de Bobby et contempler ces fenêtres donnant un libre accès à l'âme de cet imposant individu. Un mélange saisissant de mélancolie, d’angoisse, de prudence se reflétait dans les iris de l’homme déformé. Mais aux fins fonds des yeux, aux reflets dansants faisant penser au bleu si profond d'un océan par temps clair, doux et rempli de compassion. Un mystérieux mélange d’humanité grandiose et de bienveillance des plus déplacés dans ce corps d’être digne de figurer dans le bas échelon de la société humaine. Robert prit une seconde respiration, son ton rauque s’éleva alors dans l’air froid de ce jour d’hiver. Les mots furent mâchés, mastiqués même avec des roulements de pierres dans la bouche.

Robert- Je suis perdu à cause de la tempête… Euh… Il a neigé très fort ces derniers jours…


Le ton hésitant avait toutefois les accents d’une franchise presque enfantine. Aucun sarcasme n’ébranlait la voix de l’être si souvent diminué. Une honnêteté et une franchise désarmante se mélangèrent alors au relent d’une peur qui noua les tripes de la chose grotesque. Laissant tomber sa hache au sol, Bobby leva les deux mains pour prouver à la dame qu’il n’était pas un danger pour elle.

Robert- Euh… Ne tirer pas madame… Euh…  J’ai l’air d’un monstre, mais je n’en suis pas un… Euh… Vous entendez les oiseaux ont arrêté de chanter… Des méchants qui mordent vont arriver.

Comme pour prouver son fait, la neige bougea légèrement près de la jambe de la douce apparition. Un peu comme des sables mouvant, mais à la place de faire sombrer une victime, il recracha une aberration de l’enfer blanc. Une main couverte de givre aux veines striées de sangs figés s’accrocha à la jambe. Un visage décomposé, fié dans la froidure de l’hiver se releva avec l’attention de satisfaire sa faim morbide dans la chair de l’amazone armée. Voir  ce danger fit naitre une puissante pulsion chez Robert. Son instinct de protecteur si développé prit le relai.  Mugissant tel un Minotaure, le colosse fit deux pas quand une puissante détonation se fit entendre. Les quelques oiseaux dans l’arbre s’envolèrent. Lançant sa bottine au bout ferré, Robert persécuta de toutes ses forces phénoménales la tête de la goule des neiges. Il y eut un craquement sec, signe que les vertèbres n’avaient aucunement encaissé pareille puissance. Le tronc de la chose, car il manquait les jambes à l’abomination, fut soulever dans ne bourrasque de neige et atterrit à plusieurs pas de là.

Mais une piqure, semblable à une aiguille chauffée à blanc, se propagea sur le côté gauche de ce visage. Un air ahuri se peignit alors sur les traits atypiques de l’homme. Robert porta sa main, curieux de comprendre le pourquoi de cette chaleur subite, à son oreille. Le contact poisseux et collant du sang chaud donna la réponse au colosse. Il avait été touché par le tir de l’ange. Une partie de son oreille, le lobe ou bien la totalité, avait été apportée par le projectile. Ouvrant la bouche dans un cri muet, de la souffrance parcourant son regard devenu une mer agitée par l’angoisse et l’incompréhension, le géant tomba à genou. Un peu comme un condamné à mort en train de supplier son bourreau. Un grondement sourd dans son conduit auditif menaçait de lui faire perdre le peu d'équilibre qui lui restait. Des larmes de frustration et de douleurs coulaient en abondance sur son visage à peine sculpté. Lavant au passage une petite partie du sang qui s’échappait de sa zone meurtrie…
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Re: Wendigo ou humain...

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