Si Ryann était encore en vie, après autant de temps passé en étant complètement seule, c'était tout simplement grâce à sa détermination et à son esprit logique. On pourrait même dire que le fait qu'elle ne soit plus vraiment toute seule dans sa tête l'avait aidé à ne pas errer dans les rues, à la recherche de viande fraîche. Donc, forcément, son plan était le plus rapide, le plus fiable et le seul qui pourrait les mener aux vivres que contenait ce fameux garage. Brent semblait réaliser que son plan n'était si bien étudié que celui de la brune. Mais un véritable problème se posa. Visiblement, le jeune homme n'était pas très doué face aux mordeurs. En fronçant les sourcils, la jeune femme se demanda si, en réalité, il ne s'agissait pas d'une blague. Elle n'était pas baby sitter. Elle voulait bien l'aider mais pas non plus le materner. Et si ils se lançaient dans le plan, il fallait qu'ils se sortent les doigts parce qu'elle ne pouvait tout simplement pas tout faire elle même.

Ryann ne répondit pas à sa question. Bien évidemment que ça n'irait pas. Et elle fut totalement dépitée en le voyant sortir son pauvre petit couteau de cuisine. Son arme valait quand même un peu mieux. Elle ferait très certainement plaisir à Alistair. Hors de question qu'elle garde ça sur elle, Ryann détestait les armes à feu et ce, depuis le début de la merde. Aucun doute qu'il s'agissait du moyen le plus sûr pour se débarrasser des ennemis mais à son sens, cette arme était bien trop bruyante et surtout, une fois à court de munition, elle ne servait plus à rien. Non, pour rien au monde elle se serait séparé de sa lame. Avec, elle avait coupé et fracassé pas mal de crânes pourris, c'était devenu son arme fétiche. Elle s'était d'ailleurs dit qu'il fallait lui trouver un nom. Mais elle n'avait pas d'idée arrêtée pour l'instant.

Lorsque Brent se mit à souffler qu'elle n'était pas avec le meilleur des coéquipiers, Ryann se mit à râler. « Oh c'est bon ça va. Arrête de chouiner. J'ferai l'boulot, t'auras qu'à rester derrière. Mais si tu t'sors pas les doigts tu finiras comme eux. » Dit elle en désignant la porte avec son coupe-coupe. Sans répondre immédiatement à sa question concernant une éventuelle autre sortie, l'étudiante reprit son sac à dos, le rangea correctement et l'installa sur ses épaules. « Ouais. » Elle se tourna vers lui et avec son plus beau sourire elle enchâina. « La porte d'entrée. » Elle écarquilla les yeux, comme si son idée était complètement dingue. Elle se moquait juste un peu de lui. « J'vais soulever la grille métallique, tu passes avec eux. » Eux, c'était bien évidemment les chiens « Quand t'es dehors, tu viens m'tenir la grille pour que j'puisse passer. » Elle rangea sa lame dans l'étui en cuir qu'elle s'était fabriqué et qu'elle gardait constamment sur le dos. « Ca va aller champion ? » Se moqua Ryann. « Tu vas quand même pas t'pisser d'ssus j'espère. »

Délicatement, la brune glissa ses doigts entre les deux paroies de verres qui constituaient, à l'époque, une porte à ouverture automatique. Juste derrière se trouvait le fameux rideau de fer qu'elle devrait soulever. Un dernier coup d'oeil à Brent pour vérifier qu'il était prêt. « Ready ? ».

Pas besoin de connaître parfaitement Brent pour savoir qu'il n'était pas rassuré. Ce qui était, pour elle, un atout. S'il n'était pas débrouillard à l'extérieur, il le serait encore moins lorsqu'elle le dépouillerait de ses affaires. Mais ce n'était pas encore le bon moment. Même que, elle commençait presque à le trouver bêtement attendrissant. Comme si elle avait trouvé un nouveau chien appeuré et qu'il fallait le dresser pour survivre. Seulement, elle le savait. Jamais elle n'aurait la patience de lui apprendre. L'idée de le ramener dans le groupe lui traversa l'esprit quelques secondes, alors qu'elle maintenait la grille pour le laisser passer. Mais en deux jours, il se ferait martyriser par Alistair ou Leroy. De toute façon, elle devait attendre de voir ce qu'il valait à l'extérieur. S'il était combatif. S'il montrait qu'il avait assez de cran et qu'il comprenait que la survie obligeait à commettre certains actes, alors peut-être qu'elle ferait perdurer leur entretien pour en savoir un peu plus sur sa personne.

En tout cas, l'heure était à l'aventure. C'était toujours le cas lorsqu'elle se trouvait à l'extérieur. Une fois sortie, il ne fallut pas longtemps avant que les rôdeurs ne se pointe. Elle passa devant, comme elle l'avait dit un peu plus tôt. La machette dans la main, elle s'amusa à la faire tournoyer avec désinvolture avant de la planter violemment dans le crâne du premier rôdeur qui vint à sa rencontre. Et elle se mit à rire en le voyant tomber sur le sol. C'était un jeu tellement amusant. Pour elle les rôdeurs n'avaient plus rien d'humain. Elle ne s'encombrait pas l'esprit en imaginant quelle vie ils avaient bien pu avoir avant de se faire contaminer. Ils était morts et leurs seuls souhaits étaient de lui croquer un bout. C'était largement suffisant pour les abattre tous, les uns après les autres. Alors pourquoi ne pas prendre cela comme un jeu ? La situation était bien assez merdique pour rester sérieux. Il fallait s'en amuser. Les dégommer tous et quitte à devoir découper des têtes, autant le faire en s'amusant.

Dans son petit jeu où parfois elle s'acharnait sur des infectés, elle tourna la tête vers Brent, un large sourire sur les lèvres qui dévoilait ses grandes dents blanches. « Bah alors ?! » Elle jeta un œil au rôdeur qu'il venait de pousser et fronça les sourcils. « Bah tue-le. Qu'est ce que t'attends ? » Là, elle ne rigolait plus vraiment. Faire tomber les rôdeurs. Est ce que quelqu'un pouvait lui expliquer le but de la manœuvre ? Non parce qu'elle ne comprenait vraiment mais alors VRAIMENT pas. « Un en moins, c'est un qui ne pourra pas te mordre. » Retroussant la lèvre, la brune siffla deux petits coups pour rappeler les chiens qui sautillaient entre les derniers rôdeurs. Il n'en restait que trois. « Tue celui là. » Dit elle en lui désignant le dernier qu'il avait fait tomber sur le sol. « Et celui là. » Continua l'étudiante en lui pointant l'un des trois rôdeurs encore debout. « J'm'occupe des deux autres. » Elle le fixait avec tout le sérieux du monde. Elle voulait bien l'aider. Elle voulait ses vivres mais elle n'allait certainement pas se mettre en danger pour trois pauvres conserves.