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Over the rainbow

Mar 26 Avr 2016 - 0:26

De nouveau sur le départ. Une nuit à la station de ski - où il n’avait pas plus fermé l’oeil que quand il dormait dehors, à la merci du moindre danger - et Daryl se préparait encore à partir, pas aussi frais qu’il l’aurait voulu, le visage toujours marqué par autant de nuits qu’il lui faudrait rattraper. Un gringalet lui avait d’ailleurs imprudemment fait remarquer qu’il avait une mine à tuer un mort. Le brun l’avait remballé assez sèchement, arguant qu’il ferait mieux de se mêler de ses affaires. Plus précisément, mêle toi de ton cul et va voir dehors si j’y suis, lui avait-il dit d’une voix rauque. Stupéfait, il n’avait pas répondu, ce qui arrangeait bien son agresseur qui pour une fois n’avait pas grande envie de se lancer dans une joute verbale. Inutile de dire qu’il n’était pas d’une humeur des plus joviale en ce moment, surtout avec quelqu’un dont la tête ne lui revenait pas.

De toute façon, même en cherchant un peu, l’aîné Cooper ne voyait pas trop ce qui pourrait le tirer de son cafard. Il avait appris, avec une pointe de déception, que les Karlson étaient partis. Il croisait dans les couloirs des nouvelles têtes et était bien incapable de coller un nom dessus. Lui-même avait l’impression parfois de devenir un étranger, prenant petit à petit conscience que quelque chose ne tournait pas tout à fait rond. Enfin, c’était une évidence, vu qu’il avait perdu sa famille ; mais il y avait comme une ombre nouvelle, une touche d’un noir sombre qui s’était ajoutée au tableau. Y’a quelque chose qui déconnait.

Mais Daryl était devenu un expert quand il s’agissait de se voiler la face, son ex-femme en avait bien été la preuve. C’était donc parti pour la même rengaine: tôt aux aurores, il se préparait à prendre le large.

Son moyen de locomotion l’attendait sans broncher à quelques mètres du robuste chalet de bois. Un vieux pick-up Ford, qui, de prime abords, ne payait pas de mine: une direction juste bonne à vous casser les bras, une carrosserie cabossée, si rouillée qu’on pourrait parier que le plancher serait troué d’ici l’hiver prochain. Sans parler du kilométrage: l’engin avait eu une vie bien remplie, vu les miles qu’il affichait au compteur. Mais peu importe: pour ce que Daryl en savait, le modèle avait un moteur réputé fiable et ne consommait pas grand chose. Tant pis s’il faudrait le rafistoler à coups de rouleaux de scotch entiers. Il n’avait de toute façon pas mieux sous la main et, à vrai dire, n’avait pas cherché. S’il y a bien quelque chose qu’il avait appris de son vieux - paix à son âme - c’est qu’on pouvait se contenter de pas grand chose, et ce bien plus souvent qu’on ne le pense. D’ailleurs, le brun comptait bien léguer ce même enseignement à sa fille. Elle en aura besoin, vu le monde dont cette dernière allait hériter.

Il chargea quelques sacs, d’une contenance moyenne, dans l’habitacle. Au cas où la route lui apporterait quelque chose d’intéressant à ramener. C’était d’autant plus utile s’il allait passer plus d’un jour à l’extérieur: en fait, il ne le savait jamais vraiment à l’avance, et prenait juste ses dispositions si tel s’avérerait être le cas. En général, comme il n’y avait plus de risques qu’il finisse coincé par la neige, ce n’était pas plus de deux ou trois jours d’escapade. Dieu merci, l’hiver était enfin fini: entre se geler les couilles ou dégouliner au soleil, Daryl préférait largement la seconde option.

Dans le hall, enfin prêt, il accorda quelques signes de têtes aux matinaux habitués à son petit manège. L’odeur fugace du café que l’un d’eux buvait lui faisait presque envie. Presque, parce qu’il savait qu’il s’agissait sûrement d’une espèce de lavasse sortie tout droit d’un filtre réutilisé. Cette simple idée lui provoqua illico un haut-le-coeur.

A sa surprise, il croisa également Colleen: elle aussi, comme la majorité, venait du stade. Le brun avait déjà échangé quelques mots avec elle, supposant à chaque fois qu’Emily apprécierait sûrement la couleur inhabituelle de ses cheveux.

Salut, fillette, marmonna-t-il à son attention, l’attitude bien visible de l’homme qui n’avait pas le temps de discuter cette fois. Ce qui était pourtant autrement plus agréable que la réponse cinglante qu’avait obtenu le gringalet de tout à l’heure.
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Re: Over the rainbow

Jeu 9 Juin 2016 - 22:08




Over the rainbow
And the dreams that you dreamed of, dreams really do come true

COLLEEN & DARYL
Ce matin-là, Colleen s'était levée tôt, comme presque tous les jours depuis le début de l'apocalypse. Avant, quand sa vie ressemblait à peu près à quelque chose de normal, elle dormait tout l'après-midi quand elle n'avait pas cours. Mais depuis que le monde était parti en live, elle ne pouvait s'empêcher de garder un œil ouvert. Elle était toujours à l’affût du moindre bruit, du moindre mouvement, et elle gardait son katana près d'elle en permanence, même la nuit. Depuis que le stade était tombé, ses insomnies avaient redoublées. Tellement de gens avaient péri ce jour-là, et elle ne pouvait s'empêcher de penser que ça pouvait recommencer à tout moment. Et cette fois-ci, ce serait peut-être elle qui crèverait. Cette idée la terrifiait. Pas maintenant. Pas comme ça. Pas après tout ce qu'elle avait traversé. Alors elle cogitait toute la nuit et s'endormait quelques heures à peine aux aurores. Cette nuit-là, elle ne s'était pas endormie. Pas une seule seconde. Elle n'avait cessé de cogiter à propos d'Alan. Etait-il toujours en vie ? Et s'il l'était, comment ferait-il pour la retrouver, maintenant qu'elle était à des heures de Seattle ? C'était, bien entendu, des questions que la jeune femme se posait tous les jours, quasiment en permanence, mais cette nuit-là, son esprit semblait encore plus torturé que d'habitude. Bref. Elle s'était levée peu après le soleil, qui d'ailleurs refaisait son apparition, pour la plus grande joie de tous. Pour sa part, Colleen aimait bien l'hiver. Elle préférait sentir l'air froid lui paralyser les membres plutôt que de fondre littéralement sous une chaleur insoutenable. Et puis, le décor enneigé dans lequel ils se trouvaient était époustouflant. Si blanc que ça en devenait aveuglant. Colleen avait toujours été fascinée par la neige, et elle était plutôt déçue à l'idée que la poudreuse disparaisse. Il était vrai que le décor ne suffisait pas à ce que qui que ce soit, elle y compris, se réjouisse de leur sort, mais quand on avait tout perdu et qu'on vivait probablement la fin de l'humanité, se rendant enfin compte qu'on pouvait mourir à tout instant, on apprenait à apprécier même les choses les plus insignifiantes. Colleen se leva donc difficilement. Certes, elle était fatiguée, mais peu importe; elle rattraperait bien son sommeil un jour ou l'autre. En attendant, elle savait qu'elle ne pourrait pas se rendormir avec le chalet qui commençait à s'animer et les rayons du soleil qui filtraient à travers les ridicules rideaux qui étaient pourtant sensés plonger la chambre dans le noir selon la bonne volonté de son occupant. Colleen n'avait jamais pu dormir avec ne serait-ce que la moindre minuscule lueur à proximité. Elle commença par la routine, se passer rapidement de l'eau sur le visage et s'habiller chaudement, car même si le beau temps pointait le bout de son nez, ils restaient dans les montagnes et le mercure frôlait tout de même parfois les 5, 6 degrés. Elle passa dans la salle à manger, où de nombreuses personnes prenaient déjà leur petit-déjeuner. Apparemment, elle n'était pas la seule qui ne dormait plus que sur une oreille. Elle décida de s'installer pour manger rapidement, puis de sortir. Peut-être pour partir en mission, s'il y avait quelque chose à faire. Il restait toujours quelque chose à faire. Ou alors juste pour marcher un peu. Histoire de se changer les idées. Elle s'assit en face de deux quarantenaires qu'elle connaissait un peu, gentils mais pas assez intéressants pour que Colleen daigne leur accorder la moindre importance, si ce n'est en ce qui concerne l'intérêt général. Quoi qu'il en soit, ils semblaient en plein milieu d'une conversation acharnée sur un autre habitant du chalet. L'un disait qu"il" sortait encore, ce à quoi l'autre répondait qu"il" allait encore se volatiliser pendant des jours, comme d'habitude. Le premier renchérit qu'un jour, il ne reviendrait pas, ou du moins pas sous sa forme actuelle, et c'est là que Colleen comprit de qui les deux complices parlaient. Daryl. Un mec un peu bourru, dans la trentaine ou peut-être un peu plus. Il avait perdu de vue sa sœur et sa fille lors des événements au Centurylink Field. Et son ex-femme était morte. Depuis, il partait souvent en excursion, parfois des jours durant, dans l'espoir de retrouver sa famille. Colleen ne le connaissait pas énormément, mais il lui inspirait de la sympathie, elle qui pourtant arrivait très rarement à affubler un être humain de cette qualité. Il avait l'air froid au premier abord (exactement comme elle, et au deuxième aussi) mais il était juste torturé par le fait de ne pas avoir réussi à garder sa famille ensemble, et ce sentiment de ne pas savoir où sont les personnes qu'on aime le plus, ni même ce qui leur est peut-être arrivé, Colleen était bien placée pour savoir ce que ça faisait. Elle jeta un regard noir à peine dissimulé à l'encontre des deux quarantenaires, regard qui les incitait à se la fermer s'ils ne voulaient pas connaître le goût de sa lame. Elle quitta en vitesse la salle à manger, remontant rapidement vers sa chambre. Elle ouvrit le minuscule placard où s'entassaient le peu d'affaires qu'elle avait, en sortit des vêtements pour deux jours, les fourrant dans un grand sac qui traînait là, y ajoutant quelques accessoires de survie, enfila un manteau, jeta le sac sur son épaule, récupéra son katana et redescendit au rez-de-chaussée. Avec un peu de chance, Daryl n'était pas encore parti. Elle courait partout, cherchant le trentenaire des yeux. Elle ne voulait pas le laisser partir seul. Certes, il se débrouillait plutôt bien et il était équipé, mais cela ne suffisait pas. Il ne ferait pas le poids si un groupe de rôdeurs lui tombait dessus. C'était quelqu'un de solitaire, et Colleen était bien placée pour comprendre cela, il devait préférer rester seul dans ces moments, à chercher sa famille sans avoir à parler à qui que ce soit ou devoir rendre des comptes, mais c'était un bon élément, ainsi qu'une bonne personne, Colleen en était persuadée, et Evergreen ne pouvait se passer de lui. Après avoir tourné en rond pendant un bon cinq minutes et avoir fini par être persuadée qu'il était déjà parti, la jeune femme trouva Daryl dans le hall d'entrée, fin près pour partir.
Salut, fillette.

Ce fut les seules paroles qu'il lui adressa en la voyant s'approcher. Il était comme ça Daryl : simple, direct. C'était à cause de cela que pas mal de gens ne l'appréciaient pas, mais au contraire, c'était cette caractéristique qui faisait vaguement sourire Colleen. Elle ne retint pas le mot "fillette" bien que l'homme qui se tenait devant elle devait avoir tout au plus dix ou quinze ans de plus qu'elle, ce qui selon la jeune femme ne faisait pas grande différence, et afficha un air grave mais restant légèrement moqueur.

Tu comptes aller où comme ça ? Non en fait peu importe. Je t'accompagne. Si tu continues à t'aventurer tout seul on ne sait où en te la jouant Indiana Jones, un jour tu te feras bouffer. Bon, on va pas s'éterniser ici non ? J'peux connaître ton plan, vieillard ?

Dit-elle en le reprenant au tac-au-tac, appuyant bien sur sa dernière expression. Elle se redressa bien droite, replaçant son sac plus confortablement et réajustant son katana. Elle était fin prête, et Daryl n'avait pas son mot à dire : elle était du voyage.
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