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N'oublie pas le sel

Jeu 12 Mai 2016 - 20:35

Nous n'étions plus revenus ici depuis des mois. Madrona, notre quartier.. Notre ancienne vie. Tout a changé, aujourd'hui. Plus rien n'est comme avant. Nous le savions déjà en traversant chaque rue de la ville.. Une aventure où chaque instant peut être le dernier. Nous étions face aux dangers évidents, mais nous les affrontions pour atteindre notre but.. notre maison. Celle que nous avions abandonné suite aux émeutes, de plus en plus violentes. Les combats entre les forces de l'ordre, sûrement bien plus présentes ici qu'ailleurs vu que nous étions en plein quartier de riche, et les émeutiers, cherchant à piller et donc.. à le faire là où étaient les choses les plus précieuses.

Nous avons traversé des rues encombrées de morts et de destruction, de chaos et d'abominations. Chacune de ces visions d'horreur me soulevait le coeur. Seattle.. Ma ville, celle où j'ai passé tant et tant d'années. Cette émeraude merveilleuse, que j'ai eu la chance de traduire à travers mes films. C'est ici que je suis devenu celui que j'ai été pendant si longtemps, jusqu'à ce que l'absurde ne balaie tout ce que j'avais bâti d'un revers de la main.
A chaque coin de rue, des souvenirs. Jeunesse, travail, amour, vie, naissance.. Des souvenirs bien plus proches aussi, en remontant en sens inverse ces rues que nous avions empruntées pour fuir la mort et le jugement du peuple, nous pauvres innocents, victimes de mon succès. Nous sommes même passé par cette ruelle.. Celle où nous avions passé une nuit haut perchés, loin des monstres, jusqu'à ce qu'une patrouille militaire basée à CenturyLink Field ne nous retrouve. CenturyLink Field.. Nous avions évité le stade. Il n'y a que mort et désolation là bas, j'en suis certain. Je n'ai aucune envie d'être confronté à cette terrible réalité, dont nous nous sommes échappé à bord de camions, qui sont si loin maintenant, vers l'inconnu..

Quand enfin nous nous sommes retrouvé face à notre ancienne demeure, presque à l'intersection de la 35eme et de E. Cherry Street. Nos grilles, en lesquelles nous avions toute confiance pour nous protéger de la folie, étaient éventrées. Nos dernières défenses ainsi percées.. Nous avons eu raison de fuir.


" Papa.. Ils.. ils ont réussi à entrer.. Tu crois qu'ils y sont toujours ?

Non Sandra.. Il n'y a plus rien ici. Plus rien, ni personne. "

En étais je sûr ? Non. Bien sûr que non. Mais ma fille avait besoin d'être rassurée, alors j'ai agi comme un père, non comme un survivant.
La porte et les fenêtres de notre maison étaient brisées. Notre voiture sortie du garage et retournée sur le flanc, brûlée. A quoi bon faire ça ?.. Notre ancien jardin était complètement détruit. Entre leurs cocktails molotov, leurs bottes et leur folie, aucune de nos anciennes plantes, de nos fleurs n'avait survécu. Seule la végétation sauvage commençait déjà à reprendre ses droits, sous la surveillance de notre vieux pommier, toujours bien debout. Le voir tenir comme ça m'avait rendu un semblant de sourire.

Je me suis demandé comment notre maison n'avait pas brûlé. J'avais peur de ne retrouver que cendre.. mais non, au moins avions nous encore un toit. A l'intérieur, plus rien. Ce qui n'avait pas été emporté par les pillards avait été détruit, brisé, massacré. La télévision, l'ordinateur, ces choses qu'ils auraient autrefois emporté en priorité, mais qui n'avaient plus aucune valeur depuis la fin du monde. Pour le reste, j'ai retrouvé nos livres aux pages arrachées. Nos armoires étaient grandes ouvertes, et les vêtements qu'ils ne désiraient pas jonchaient là, sur le sol. Nos vêtements d'été pour la plupart.
Le reste de la demeure était tout aussi ravagé. Les tapisseries déchirées, et la moindre décoration était brisée sur le sol. Je soupirais de rage.. Pourquoi faire ça.. ?

Mais nous avions encore un toit. Et en quelques jours, j'ai réussi à redonner un semblant de sécurité à notre domaine. J'ai redressé et renforcé les grilles, grâce à de lourds panneau de bois que j'ai récupéré chez nos voisins directs, partis ou morts depuis bien longtemps. J'ai barricadé les fenêtres, et réparé comme je le pouvais l'ancienne porte d'entrée. Elle n'est pas ce qu'il y a de plus esthétique aujourd'hui mais.. elle tient. Elle ferme..
De nombreuses chaînes cadenassées et barres d'acier tiennent la porte de la grille fermée, elle aussi. Pour passer, il serait plus simple de grimper et de risquer de finir empaler sur les piques plutôt que d'espérer enfoncer ou crocheter l'entrée.. Mis à part peut être avec un camion.

Notre ancienne demeure est devenue notre bastion et cette fois, je ne laisserai rien ni personne nous en déloger.. Du moins, j'espère n'avoir à dissuader personne. Le quartier est complètement désert. Cela fait maintenant trois semaines que nous sommes revenus ici, et nous n'avons croisé aucune âme qui vive, ou ne vive plus. A croire que nous sommes les derniers survivants de cette ville maudite..

Aujourd'hui, nous devons sortir. Nous devons aller nous ravitailler.. Les vivres sont rares dans notre voisinage, depuis longtemps emporté par les pillards. Le peu que nous avons retrouvé a déjà été consommé, en majeure partie. Il nous reste plusieurs endroits à visiter encore. Ces magasins, superettes, restaurants que nous avions l'habitude de fréquenter autrefois, quand tout allait bien encore.

Sandra et moi partons donc à l'aventure. Je suis armé de mon fusil et de ma lance, elle d'un pistolet que nous avons récupéré, durant notre voyage. Je porte deux grands sac à dos, elle un seul. Nous sommes prêts à récupérer tout ce qui est primordial.. Principalement de la nourriture et de l'eau, mais aussi, peut être, des vêtements, des munitions, des armes.. Voilà qui est bien évident, n'est ce pas ? Si d'autres survivants peuplent encore cette ville, ils font tous de même, croyez moi.

La fouille est fructueuse, sans pour autant parler de corne d'abondance. Nous trouvons de nombreuses conserves, des paquets de pâtes, des bouteilles d'eau et de soda, parfois même de petites surprises, comme des boites de cookies chocolat-noisette. Voilà qui met Sandra en pleine euphorie !


" WAOUH ! Regarde papa ! Des cookies ! Oh mon dieu des COO-KIES !

Haha, je vois ça oui.. T'en as de la chance.

NOUS avons de la chance ! On va se les partager, ça va être génial !

Merci ma puce, mais je te les laisse. Disons que ce sera ton cadeau d'anniversaire à l'avance, je ne suis pas certain de pouvoir t'offrir un poney cette année..

Ah non ! C'est Noël en retard ! Pour mon anniversaire, tu devras te dé-brou-iller ! "

Un véritable rayon de soleil. Heureusement que je l'ai près de moi..
En sortant de ce magasin, et bien que nos sacs soient déjà assez lourds à porter, nous décidons de profiter de notre chance et de continuer notre fouille.. en allant plus loin cette fois. Un grand magasin.. le grocery outlet.

Le magasin a déjà été visité.. malheureusement. Mais il reste pas mal de chose à récupérer. Assez pour remplir nos sacs encore et encore. Nous n'avons croisé rien, ni personne. Et pourtant.. tout porte à croire que nous ne sommes pas seuls, car un bruit, quelques rayons plus loin, se fait entendre..
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Re: N'oublie pas le sel

Sam 14 Mai 2016 - 18:38

Les beaux jours revenaient, et c'était plutôt une bonne chose lorsqu'on était réduit à survivre le plus clair de son temps sur les routes. Affronter l'hiver et un printemps plutôt frais avait été compliqué. Peut-être que le soleil allait ramener un peu d'espoir. Caitlyn baissa les yeux en sentant son ventre gargouiller furieusement. Une douleur liée à la faim grimpa le long de son estomac en remontant jusqu'à sa gorge. Il fallait qu'elle trouve quelque chose à manger, et vite. Cela faisait trois jours qu'elle ne s'était plus rien mis sous la dent, ayant terminé sa dernière ration. Malheureusement, elle n'avait pas trouvé où se ravitailler dans le coin, fuyant les zones urbaines comme son père le lui avait conseillé. Elle n'était pas une excellente chasseuse. Autant dire que même les souris et les rats qui hantaient une ancienne station essence qu'elle avait squatté la semaine passée étaient hors de sa portée. Les rongeurs avaient contribué à diminuer les maigres provisions qui lui restaient. Et elle avait tellement faim qu'elle en était arrivée à envisager d'en attraper pour s'en faire griller un ou deux à la broche. Idée qui avait quelque chose de révoltant pour n'importe qui n'étant pas arrivé à cette extrémité. Mais elle s'était avérée incapable d'attraper une de ces petites créatures vives et furtives, et elle avait regretté de ne pas avoir Gandalf près d'elle. Lui en aurait sans doute été capable. Hélas, son chat avait disparu depuis belle lurette, dès les débuts de l'épidémie. Dieu seul savait ce qu'il était devenu. Il lui manquait, et un pincement au cœur lui venait toujours quand elle songeait à lui.

L'écrivaine rajusta la sangle de son sac sur son épaule. Elle y avait toutes ses maigres possessions. À la main, elle tenait son arme à feu, un Beretta qui appartenait auparavant à son père. Grimaçant légèrement à cause des ampoules qu'elle avait aux pieds, causées par ses chaussures qui avaient connu des jours meilleurs et qui étaient presque usées jusqu'à la trame, elle avançait vers un but qui l'emplissait d'appréhension. Cette fois, elle se rendait en ville. Et pas n'importe laquelle : la périphérie de Seattle. Son défunt père lui avait toujours vivement recommandé de ne pas se rendre en ville. Trop dangereux, la gueule de la mort, ni plus ni moins. Elle le croyait, et elle avait pu voir ce qui s'était passé à Portland quand elle y vivait encore. Mais là, il s'agissait d'une urgence vitale. Elle éviterait le centre-ville, qu'elle supposait plus infesté que le reste. Si elle pouvait fouiller quelques maisons et y dénicher de la nourriture... et puis un peu d'eau potable et de nouveaux vêtements. Des chaussures, surtout, celles qu'elle possédaient étaient décidément en bout de course. Son rêve aurait été de trouver un moyen de se laver. L'idée d'un bain relevait du doux rêve. Ses cheveux étaient poisseux et tombaient en mèches filasses et encollées, tant la crasse s'accumulait. Elle ne pouvait même pas s'en révolter. Elle sentait le fauve, et elle le savait. Mais que pouvait-elle y faire ? Traîner sur les routes et dormir dans des trous à rats, cela marquait. Il fallait faire ce que l'on pouvait pour survivre.


* Je sais, papa... mais si je ne me lance pas maintenant, je vais finir par crever lentement de faim...*

Quelques temps plus tard, une ombre rasait les murs dans le quartier de Madrona. La jeune femme sentait son cœur battre comme un fou à ses tympans, à un tel point qu'elle n'entendait presque que ça. Elle se donnait du cœur au ventre en se disant qu'elle n'avait pas le choix. Que c'était prendre le risque, ou crever lentement de faim. Et si elle continuait à se serrer comme ça la ceinture sur son ventre creux, c'est ce qui finirait par arriver, inévitablement ! Depuis qu'elle était entrée en milieu urbain, elle avait croisé quelques infectés. Silencieuse, elle avait pu les éviter. Heureusement pour elle, ce n'étaient pas les premiers qu'elle voyait de sa vie. Elle avait emmagasiné un peu d'expérience en la matière, ces derniers mois. Sans tarder, elle avait tenté sa chance sur les premières maisons du quartier résidentiel, du moins celles qui se trouvaient dans un coin tranquille. Mais elle s'était heurtée à des portes closes, voire barricadées, et elle s'était révélée incapable de passer.
Caitlyn continua sa marche, et finit par tomber sur quelque chose d'intéressant. Un centre commercial, dont les portes ouvertes semblaient l'appeler. Tant pis si les ouvertures ressemblaient à des bouches noir d'encre prêtes à l'avaler. Son ventre gargouilla encore, et la poussa en avant. Au moment d'entrer, elle marqua une hésitation. Tendit l'oreille. Rien. Elle remarqua que ses mains tremblaient, et elle se força au calme. Encore un peu, et le stress allait se charger de la tuer. Encore plus vite que la faim. L'endroit avait été visité, pillé même. Mais il était désert, et il restait des choses à récupérer. Dédaignant un certain nombre de rayons, elle se rua vers ceux qui concernaient conserves ou nourriture à longue consommation. Les étals de fruits et légumes qu'elle dépassa contenaient encore de vagues et rares reliefs formés d'agglomérats de pourriture et de moisissures diverses. Elle les ignora. En découvrant enfin de la nourriture consommable, sous la forme de paquets de céréales oubliés, elle retint à grand-peine un petit cri de triomphe. Sans plus se soucier de ce qui pouvait lui rester de dignité, elle se jeta sur le premier paquet dont elle éventra le carton de ses doigts tremblants de fébrilité. Le sachet connut un sort semblable, libérant des flocons de maïs sucrés et intacts. Elle se mit à les dévorer par poignées affamées, mangeant le plus vite possible pour combler ce trou douloureux dans son ventre. Bon Dieu, elle se sentait revivre ! Adressant mentalement une prière de remerciement au Tout-Puissant, elle ferma les yeux et se força à mastiquer plus lentement. À savourer. Juste quelques instants. C'était délicieux, et de simples céréales devenaient un mets de choix.

L'écrivaine se reprit après ce petit moment d'égarement. Jetant dans un coin le carton encombrant, elle roua le sachet déjà bien entamé et le fourra dans son sac. Elle entreprit alors de le bourrer avec tout ce qu'elle pouvait, récupérant même des biscuits moisis dont elle gratta les taches vertes, avant de passer au rayon conserves. Elle avait gardé de la place pour cela. En voyant que des conserves avaient été oubliées dans les rayons et par terre, elle crut que c'était le plus beau jour de sa vie. Sans considération pour le poids qu'elle allait porter sur son dos, elle en fourra dans son sac déjà bien plein. Et tant pis si certaines étaient bosselées, elle n'allait pas faire la fine bouche ! Dans son empressement, elle en fit cependant tomber une avec un fracas métallique. Cela la figea, et elle jura intérieurement en se penchant pour la ramasser. Faire du bruit pouvait être synonyme de mort. Ça, c'était un concept qu'elle avait particulièrement bien imprimé.
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Re: N'oublie pas le sel

Dim 15 Mai 2016 - 17:21

Ce bruit, qui brise le silence. Un fracas métallique, retentissant en ces lieux oubliés, convoités de tous. Nous étions comme les découvreur de la cité d'or, et maintenant notre sang se fige. Nos deux têtes se relèvent immédiatement, alertées par ce qui est l'accusation manifeste d'une présence non souhaitée. Qu'est ce ? L'un de ces cadavres affamés, peut être accompagné de ses semblables, qui auraient passé outre notre vigilance ? Une âme encore solidement ancrée dans un corps au sang chaud ? Et si tel est le cas, est ce une âme recommandable ou prête à tuer pour ne pas avoir à souffrir le jugement divin ? .. Et s'il s'agissait simplement d'un rat trop aventureux, se laissant guider par l'odorat pour trouver de quoi se nourrir ?

Les yeux grands ouverts, affichant la mine du coupable pris la main dans le sac, je me tourne vers ma fille. Nous n'échangeons pas le moindre mot, mais pourtant nous nous comprenons.. "C'était quoi, ça ? Qu'est ce qu'on fait ? Il faut aller voir ! Mais c'est sûrement dangereux.. Oh, ça l'est encore plus de rester ici à ne rien faire. Et si on essayait de fuir ? Non.. Nous devons aller voir..".. Voici le fil de nos pensées qui se manifeste hors de nos orbites. Je soupire légèrement.. Il est évident qu'il nous faut découvrir l'origine de ce bruit. Il faut être prêt à agir selon la rencontre à venir.

Je me redresse lentement, moi qui étais agenouillé pour remplir mon sac de nos dernières trouvailles, des légumes en conserve. Nous laissons le chariot derrière nous, bien trop bruyant pour l'opération furtive que nous entamons. Nos sacs sont sur nos dos, lourds et impitoyables, mais s'il faut fuir, au moins ils sont avec nous. Il est inenvisageable de les laisser derrière, pas après tout ce que nous avons fait.. Ils sont la promesse de longues semaines à ne plus avoir à se soucier du menu.

Avançant lentement, silencieusement, je tiens mon arme improvisée à deux mains, bien fermes, prêt à planter l'extrémité d'acier dans le crâne du premier non-mort venu. Si la localisation du bruit reste absolument abstraite dans nos esprits, nous nous dirigeons cependant vers ce que nous estimons en être l'origine. Nous longeons les rayons, jetant toujours un long coup d'oeil avant de progresser. C'est la survie qui nous apprend à le faire..

Et finalement, le coeur prêt à exploser, nous nous engageons dans cette dernière allée. Une silhouette humaine se faufile et disparaît au coin de l'étalage. Sommes nous repérés ? Qui est ce donc ? Je me mord la lèvre et fronce les sourcils. Nous ne pouvons plus reculer.. J'accélère le pas, bien décidé à rattraper cette personne, et à en avoir le coeur net.

Et je tombe nez à nez avec elle, cette jeune femme à l'apparence fragile. L'expérience me fait comprendre que si elle s'en est sortie jusque là, elle ne l'est en aucun cas.. Je la regarde longuement, elle ressemble à une sauvageonne sortie d'une grotte gardée par des yétis. Mon oeil de mâle m'averti cependant que lorsque le monde tournait rond encore, elle devait être plutôt mignonne. Elle ne semble pas être une menace. Je connais les prédateurs, et elle n'en a pas le regard. A moi maintenant de me montrer paisible.

Je ne m'approche pas, je reste figé devant elle, respectant la distance qui nous sépare. Même si je sens le stress monter en moi, je m'efforce de garder une mine impassible, neutre, calme.. Faire comprendre à cette femme que non, je ne lui veut aucun mal. Je prends une grande inspiration et m'adresse à elle, à voix aussi basse, calme et posée.


" C'était vous, le bruit ?

Avant de me lancer dans les discours de présentation, il me faut savoir si c'est bien elle qui nous a alerté. Afin d'être certain de ne pas avoir à craindre la présence d'autre chose, même si le silence n'est en rien un gage de sécurité.. Mais sentant la tension de la scène, je préfère la mettre à l'aise.

Je suis Antonius. Et voici ma fille, Sandra. Nous.. sommes venus ici pour trouver de quoi manger... comme vous, je suppose.

J'ai des cookies au chocolat.. vous.. vous en voulez ?

Sandra s'avance légèrement, timide mais déterminée à m'aider. Elle lui présente un léger sourire, puis me regarde, comme pour chercher mon approbation. Je lui adresse un signe de tête, les yeux clos, pour lui dire que c'est okay.

Vous avez l'air mal en point.. Vous avez besoin d'aide ? N'ayez crainte, je ne vous ferai aucun mal. "

Me voilà à parler comme je le faisais pour décrire des paysages, ou parler d'animaux dans mes reportages. Qu'est ce que ça va donner ? Du bon, je l'espère. Je n'ai sincèrement aucune envie de nuire à cette femme. Bien au contraire.
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Re: N'oublie pas le sel

Mar 17 Mai 2016 - 1:07

Caitlyn venait de tirer fébrilement la languette de la fermeture éclair de son sac, lorsqu'elle entendit des pas se diriger vers elle. Pas ceux lents et irréguliers des rôdeurs, mais ceux rapides et décidés d'être humains bien vivants. Comment avait-elle pu passer à côté, ne pas les remarquer ? Elle n'était pas seule ici, c'était encore pire que ce qu'elle pensait. Si son père avait encore été de ce monde, il n'aurait pas manqué de lui faire d'interminables reproches sur le sujet. Elle croyait presque l'entendre dans sa tête, furieux. Seule réaction possible de son point de vue, elle tenta de mettre le plus de distance entre elle et ses poursuivants. Elle détala du rayon, en essayant de ne pas faire trop de bruit. Pourtant, l'écho de ses pas comme ceux de ses poursuivants résonnaient à ses oreilles aussi puissamment que des cloches à la volée. Du moins, c'était l'impression que cela lui faisait.
Malheureusement pour elle, elle se retrouva nez à nez avec un homme qui la dévisageait. Un blond aux cheveux mi-longs. Elle se figea, le souffle déjà court, et sa main se referma sur son arme. Elle n'avait pas été confronté à un autre humain bien portant depuis... quand, déjà ? Les errances qu'elle avait connues avec son père l'avaient maintenue loin de leur contact. Elle hésitait donc sur la conduite à tenir. Devait-elle le menacer de son arme ? Elle se savait assez douée pour le toucher, peut-être même en pleine tête. Elle s'y était entraînée quand son père était encore là, et si elle ne réussissait pas à tous les coups, au moins avait-elle des succès satisfaisants.

L'écrivaine en était encore à se poser des questions au moment où l'inconnu lui parla. Il lui demanda simplement si c'était elle qui avait fait ce bruit. Elle se contenta de continuer à le dévisager avec l'air farouche et résolu d'un animal acculé qui sait que la confrontation risque d'être inévitable pour survivre. Pourtant, il avait l'air aimable. Mais elle ne devait pas s'y fier. Sourcils froncés, elle remonta légèrement son arme comme pour la tendre devant elle... mais elle se ravisa en se rendant enfin compte qu'il y avait une jeune fille avec lui. Le genre qui lui ressembler assez pour être de sa famille. Sa fille, sans doute. Étrangement, cela la rassura. Peut-être parce que cela lui rappelait un peu la situation dans laquelle elle survivait il n'y a pas si longtemps encore. Alors, en guise de réponse à la question, elle opina lentement de la tête. Elle restait sur ses gardes, même si elle était moins catégorique sur ce qu'ils lui voulaient.
L'homme lui expliqua qui il était, et que sa fille et lui étaient là pour trouver de quoi manger. Quoi de plus naturel, après tout ? L'être humain moderne se trouvait démuni face à la pénurie de ressources. Alors, il se tournait vers ce qui restait des grandes surfaces pour y trouver des vestiges de nourriture. Lorsque cela ne serait plus possible, et bien... nul doute que les survivants aviseraient. La jeune femme regarda la fille approcher en proposant des cookies, et son ventre se mit à grogner douloureusement en guise de réponse à la question. Apparemment, la dose de céréales qu'elle avait englouti peu avant n'avait pas suffi. Finalement, elle se décida à parler, s'éclaircissant la voix pour être compréhensible. Malgré tout, le manque de pratique récent lui donna tout de même une voix légèrement pâteuse.


« Moi c'est Caitlyn. Ca fait... longtemps que j'avais plus rien à manger, alors...

Caitlyn se retint de préciser qu'elle était toute seule. Qu'ils tirent leurs conclusions. Elle ne parvenait pas à se défaire de toute la défiance que son père avait instillée en elle. Peut-être avait-il été un brin paranoïaque, mais cela lui avait bien servi. Il n'avait pas eu totalement tort. Et même s'ils semblaient animés des meilleures intentions, elle n'arrivait pas à leur faire confiance. Pas aussi vite. Elle renifla avant d'observer à nouveau le paquet de cookies, et de tendre une main hésitante dans cette direction. Son attention se reporta toutefois vers l'homme, qui lui proposait de l'aide. Elle eut un sourire pincé, donnant une réponse qui ne l'engageait trop à rien.

- Je crois que j'ai besoin de... repartir du bon pied. »

Dans tous les sens du terme, et quand on voyait ses chaussures, c'était le moins que l'on puisse dire.
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Re: N'oublie pas le sel

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