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La marche des mystères

Mar 31 Mai 2016 - 17:29

Abel leva les yeux vers le ciel. Les nuages couvraient le soleil de ce début d’après-midi, décidés à plonger les survivants dans une lueur grisâtre et froide. Depuis leur départ du chalet, le temps n’avait pas changé, alors il avait renoncé à l’idée d’une éclaircie. Suivant les consignes, il s’était équipé avec l’un des Smith & Wesson de l’armurerie. Glissé dans sa ceinture, un chargeur dans la poche, il conférait au cinquantenaire une illusion de sécurité tranquillisante. Aujourd’hui ce n’était pas tant le fait qu’il était un novice en matière de mission de ravitaillement qui l’inquiétait, mais plutôt sa compagnie.

Il savait qu’elle s’appelait Lilou et qu’elle était une amie de Tamara. C’était d’ailleurs pour cela qu’en dépit du peu d’attention qu’Abel accordait jusque là aux autres habitants du refuge, il avait retenu son prénom. Les deux jeunes femmes semblaient très différentes pourtant ; là où l’une émanait une force indomptable et rayonnante, l’autre semblait plus fragile, plus renfermée. Le soleil et la lune. En tant qu’aîné, l’ancien agent se sentait naturellement investit du devoir de la ramener saine et sauve au bercail. Mission qu’il prenait très à cœur : il n’avait pas lâché son couteau papillon depuis qu’ils étaient partis. La lame était encore à l’abri de son écrin, mais Abel avait eu bien des mois pour s’entraîner à le manipuler. L’isolement n’a pas que des mauvais côtés. Alors qu’il arrivait à une intersection, une petite route qui se détachait de l’US.101, il expliqua :

- Si j’ai bien compris, les agglomérations alentours ont déjà été visitées plusieurs fois depuis janvier ? Je sais qu’il y a toujours moyen de trouver de quoi faire mais… j’ai pensé à autre chose, il ajusta son sac vide sur ses épaules et fit un signe de tête dans la direction qu’il souhaitait suivre, le Lake Crescent Lodge, tu connais ? Un hôtel 3 étoiles, pas loin du lac Crescent. J’y suis allé y’a pas mal de temps, avec mon ex-femme. Super coin quand on veut être coupés du monde, il s’autorisa un petit sourire nostalgique avant de poursuivre, y’a pas mal de chambre, des petits bungalows en plus du bâtiment principal, sans doute une réserve… y’a des chances que personne n’ait encore eu l’idée de pousser jusque là-bas.

Si aucun rôdeur n’avait été attiré aussi loin des villes, ce serait génial également. Le cinquantenaire n’avait pas de très bons souvenirs des dernières fois où il avait affronté ces choses. Il savait s’en débarrasser mais comme devait certainement avoir dit un sage chinois : la plus belle victoire est celle de la guerre qu’on n’a pas eu à mener.

Il serait presque content de redécouvrir ces paysages teintés de nostalgie si le silence n’était pas aussi lourd. Seuls leurs pas et leurs respirations résonnaient. Il n’y avait pas l’ombre d’un chant d’oiseau, du moins, pas à première écoute. Pourtant c’était le printemps, non ? Est-ce qu’ils se taisaient parce qu’ils avaient peur eux aussi ? Entourée par les arbres, la Lake Crescent Road paraissait encore plus sombre que la nationale, comme si la nuit commençait déjà à tomber. Les yeux bruns d’Abel scrutaient le feuillage qui les enserraient mais il ne voyait rien d’alarmant… ce qui était presque moins rassurant au final.

Il pensa à se détendre quand un bruissement le mit sur le qui-vive. Quelque chose venait de faire frémir un buisson sur le bas-côté, à moins de trois mètres. Sans un mot, il approcha un index de ses lèvres pour faire signe à Lilou de ne rien dire et dévoila habilement la lame de son couteau papillon. Il refusait que la jeune femme prenne la première ligne. A pas lent, il s’approcha, prêt à frapper. La distance lui parut interminable, son cœur battait furieusement contre ses côtes, une goutte de sueur perla à l’orée de sa calvitie. Une ombre jaillit finalement quand l’agent fut à une cinquantaine de centimètres et détala sans attendre pour se réfugier de l’autre côté de la route. Un chat...

- Je suis un peu stressé, s’excusa Abel en rengainant son arme, on n’a qu’à faire connaissance, je crois que ça m’occupera un peu l’esprit. Par exemple, je sais simplement que tu es amie avec Tamriel mais tu es moins… tatouage, chevaliers et dragons, si tu vois ce que je veux dire. Ce n’est pas un jugement, précisa-t-il avec un sourire de malice, vous vous êtes connues à Century ? Qu’est-ce que tu faisais avant ?

Au fond, c’était vrai qu’il avait toujours aimé les mystères, parce qu’il n’était pas trop mauvais pour les percer à jour. Et sa complice du jour paraissait très secrète ; il ne pouvait résister à l’envie de dissiper le brouillard.
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Re: La marche des mystères

Mer 8 Juin 2016 - 4:39

Ce n'était plus un tabou pour le couple. Les missions de ravitaillements étaient de vigueur et le camp désespérait de fournitures et de vivres. Quand Lilou s'étaient portée volontaire pour les armes, c'était certes avec une idée derrière la tête, qui s'était avéré fructifiant. Mais entre Lilou et Edwin, sortir en dehors du chalet, sans l'autre était dur, mais plus un sujet de dispute. S'ils se séparaient, c'était souvent parce qu'ils étaient chacun appeler quelques part. Puis Lilou avait beau se fondre dans son ombre, elle n'arrivait toujours pas à dépendre complètement de lui, pire encore, si quelque chose devait mal se passer, elle ne supporterait tout simplement pas de le voir mourir ou se faire mordre. Elle préférait encore prier un dieu absent et se faire du mauvais sang. A sa ceinture,une machette dans sa gaine et de l'autre côté de sa hanche, pesait l'arme de poing que lui avait coller dans les mains Arthur. C'était encore irréel pour elle de se dire qu'elle devait tirer pour tuer et non pour impressionner. Elle qui n'a jamais eu à se défendre ou se méfier, elle ne savait même pas à quoi pouvait ressembler un spray au poivres. Mais elle ne se démontait pas et chaque jour l'endurcissait un peu plus. Chaque zombie tuer, la ramenait à la raison, chaque pas en dehors du chalet la rendait plus indépendante et entière. Seul son trésor honteux, la ramenait droit dans ses pêchés et l'immobilisait pendant des heures. Des heures qu'elle prétendait surveiller les alentours pour se justifier. Des heures à se cacher pour goûter à son propre paradis artificiel. Difficile de s'isoler de nos jours. La rendant fuyante, presque absente du tableau.

Lilou était néanmoins observatrice et si personne la connaissait pratiquement, elle mémorisait presque tout les noms. Une façon à elle de se sentir de la partie en quelque sorte. Quand Abel lui explique sa proposition, Lilou essaye machinalement de l'imaginer plus jeune, avec sa femme. C'était comme s'imaginer un personnage de roman. D'entendre un passé dont elle ne peut rien voir, lui donne ce même effet lorsqu'elle entend parler de la bible. Des époques qui remontent à un temps ou Lilou n'aurait aucune trace tangible pour s'en assurer. Il fallait juste le croire sur parole. « Je ne connais pas les environs à vrai dire, je ne suis jamais sortie en dehors de Seattle... » Et pour cause, quand Lilou ne s'enfermait pas dans son labo, elle restait enfermée dans son appart', en culotte, à fumer des joints, en attendant que le temps passe et maudissant la mort de lui avoir volé sa mère. « Mais je te suis. »

Sur la route, le temps est un peu long, aucun des deux ne parlent et il faut dire que Lilou n'y met pas du siens. Elle est songeuse, pense ou réfléchit. Se refait un monde dans sa tête, se demande si un jour Edwin finira par découvrir le sale petit secret qu'elle cachait, comment il réagirait. Mal, très certainement. Des pensées qui ne faisait que baisser un peu plus son moral et alimenter son besoin de fuite chimique. Le bruissement qui gèle Abel sur place, elle le perçoit aussi et son souffle s'est immédiatement bloquer. Ses yeux bleu cherchent frénétiquement dans les buissons à la recherche d'une silhouette et elle tendait l'oreille pour percevoir le son d'un râle absurde et significatif. Lilou était tendu et elle semblait immobile. Tellement sur les dents qu'elle sursauta en couvrant sa bouche pour se retenir de crier lorsque la bestiole sortit. Elle qui adorait les félins, elle n'avait jamais autant détester un chat qu'en cette instant.

Abel s'excuse et pourtant, Lilou lui renvoi un regard de soulagement. Elle lui était reconnaissante de s'être mis en avant ainsi, même si ce n'était rien. Une bulle de confiance naquis dans son esprit. Ce même sentiment de sécurité qu'elle avait ressenti quand au commissariat, Gary assurait ses arrières. Elle esquisse un sourire et range une mèche rebelle derrière son oreille.

Parler de Tam était beaucoup plus plaisant et léger comme sujet. Entendre son prénom en entier lui faisait bizarre, elle ne se souvient pas l'avoir déjà entendu dans la bouche de Dante ou de Ed. « Oui, je suis arrivée à Century au tout début, lorsqu'on pouvait encore circuler dans les rues... Ce fut la première à venir me parler. » Un sourire nostalgique et plaisant s'étire sur son visage. « En fait, à l'époque, les gens arrivaient en famille ou accompagnés, mais je n'ai pas pu retrouver mon petit ami de l'époque et j'ai dû débarqué là-bas toute seule... Le monde me rend nerveuse et je n'aime pas m'imposer. » Quand a expliquer ce qui les a rapproché, Tam et elle, c'était une autre histoire. « Tam est venue à moi comme si nous nous connaissions déjà et je crois que j'ai aimé sa façon de faire. Elle est haute en couleur, affiche sur sa peau ce qu'elle est et n'a honte de rien, et le plus important, elle ne juge personne sur ce qu'il paraît. Il m'a été beaucoup plus facile de m'entendre avec elle, qu'avec n'importe qui d'autre. »

Parler de Century ramenaient aussi les mauvais souvenir, le siège des rôdeurs et les nombreux morts qu'elle a vu ce jour là, sans parler du sang qui s'était répandue. Elle se ronge les ongles, déjà bien courts et si peu féminin. « Je ne suis pas de Seattle à vrai dire, ça ne faisait qu'un an et j'y étais pour le travail, un labo m'avait embauché comme laborantine et plus loin j'étais de chez moi en Californie, mieux c'était... » Et au bout du compte, c'était vraiment le cas. Si elle avait du voir le peu restant de sa famille mourir, Lilou n'aurait même pas cherché à survivre. Ne pas savoir était mille fois mieux. « Et toi ? Que fait un bienséant père de famille avec une fille aussi colorée que Tam ? » Lilou ne sous entendait rien d'autre qu'une relation amicale, évidemment. « Tu es de Seattle ou comme moi, le travail t'y as conduit ? 

La jolie blonde s'efforçait de garder la conversation légère et en surface. Si elle n'était pas du genre à déballer sa vie comme ça, elle ne savait pas mentir et de toute manière n'en avait pas envie. Éviter les questions fâcheuses en revanche, c'était un vrai sport pour elle. La route défile alors qu'ils marchent en son centre. Ils ne perdaient pas de vu les alentours pour ne pas se faire surprendre. C'était ainsi plus facile de fuir le regard d'Abel qui pourrait y lire les émotions trop visible de la laborantine. Edwin pense que ça fait d'elle une personne honnête et vrai, mais pour elle, c'était une réelle faiblesse, un handicap. Entre le jeune couple, ils s'étaient passé des semaines avant qu'ils ne s'avouent la vérité, mais Lilou n'aurait certainement jamais approché un homme aussi bon et entier avant l'apocalypse. Plus attirée par les hommes plus brisés qu'elle. Soigner les blessures des autres lui permettait d'oublier les siennes.

Sur le chemin, les force à s'arrêter, deux voitures barrant le passage. Ainsi posée on jurerait à un barrage de fortune, mais le lieux est désert et semble abandonné. Les voitures sont détruites, éventrées, le verre gît sur le sol et sur les siège complètement déchirés. Une des portières arrières du vieux tacos est ouverte et laisse place à l'imagination. Du sang séché imprégnait le tissu mais aucun cadavre. La petite californienne se posait mille et une question. Fallait-il s'en approcher et découvrir des rôdeurs ?
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Re: La marche des mystères

Mer 8 Juin 2016 - 8:52

Abel sourit quand la jeune femme lui expliqua sa rencontre avec Tamara. Cette description lui allait parfaitement. Si bien qu’il l’imagina quelques instants, marchant à ses côtés avec son arc et ses flèches. Ses songes se transformèrent quand Lilou évoqua la raison de sa venue à Seattle : une laborantine californienne alors ? Il la visualisait en blouse blanche, travaillant des heures durant sur dieu sait quel projet. Cette image aussi s’estompa, chassée par le présent. Une femme aux ailes brisées, qui avait survécu, mais rongée de l’intérieur. Elle fuit son regard an l’interrogeant à son tour, l’ancien agent ne voulait pas insister. Pas encore. Le mot « bienséant » l’amusa. Si il l’avait été un jour, il ne l’était plus… plus depuis que protéger Victoria était devenu son mantra.

- Comme pour toi. J’ai mis un peu de temps à… encaisser tout ce qui s’était passé. Chez mon père, au stade, … j’étais réputé pour être tenace avant mais là, ça m’avait mis un sacré coup. Mais Tam est venue vers moi naturellement, et elle m’a fait comprendre pas mal de choses. Elle s’entend plutôt bien avec ma fille aussi, alors moi aussi j’ai laissé tomber mes a aprioris.

Etait-ce entièrement la vérité ? Il n’appréciait toujours pas Bruce, sans doute pour une raison qui n’avait pas lieu d’être. Le cinquantenaire était bien trop borné pour revenir sur leur dernière entrevue et lui présenter des excuses. Le chalet avait beau être petit, il ne se sentait néanmoins pas obligé de s’entendre avec tout le monde. Il avait d’autres projets pour élargir son cercle de connaissances de toute façon…

- Je suis de Seattle, oui. J’ai pas mal voyagé avec mon travail, j’étais agent d’artistes, mais au final, je n’ai jamais bougé.

Avec le recul, il se demandait s’il aurait dû ? Voir plus d’endroits, s’en mettre plein les yeux avant la fin du monde. S’il avait le choix, Abel partirait sûrement faire le tour des endroits où il n’avait jamais songé à mettre les pieds. L’Islande, le Népal, Chypre, St-Pierre-et-Miquelon, le Liechtenstein, … simplement pour dire qu’il n’avait rien manqué.

Il dut abandonner ses pensées quand le barrage de fortune se dressa sur leur chemin. Deux épaves éventrées, agonisantes au milieu de la route. Le cinquantenaire fronça les sourcils et ralentit l’allure. La position des deux voitures était trop atypique pour que ça n’ait pas été fait exprès. Qu’est-ce qu’on avait essayé d’endiguer ? Des gens ? Des mordeurs ? L’aîné du duo n’avait pas rengainé son couteau depuis l’épisode du chat. Une nouvelle fois, il prit les devants pour inspecter les carcasses. A deux mètres, il émit un petit sifflement. S’il y avait quelque chose là-dedans, autant le forcer à se révéler.

Abel réitéra plusieurs fois l’opération, mais il n’y avait rien. Il osa alors franchir la distance qui le séparait de l’une des voitures pour jeter un œil à l’intérieur. Éclats de verre partout, sièges déchirés, traces de sang… en levant les yeux, on pouvait voir des empreintes brunâtres qui s’éloignaient de l’autre côté du barrage, sans distinguer une trajectoire nette. En examinant de plus près les carcasses de fer, il vit des lambeaux de chair putréfiées accrochés ici et là. Comme si des cadavres s’étaient pressés contre les flancs métalliques.

- On dirait que des rôdeurs sont passés par là, estima le cinquantenaire, sans doute plusieurs…

Il n’osait pas dire que quelques jours auparavant, avec Tamara, ils en avaient croisé toute une meute sur la route pour un ravitaillement. Mieux valait ne pas effrayer Lilou plus que de raison, mais la vérité était que ces choses se rassemblaient et se rapprochaient inexorablement de leur périmètre. Il essaya de percer l’orée de la forêt qui les entourait, mais il n’y avait rien. Pas encore. Sans grand espoir, Abel fouilla précautionneusement les boîtes-à-gants, les vide-poches et autres recoins où il pouvait y avoir quelque chose, mais il fit chou blanc. Il s’éloigna finalement des épaves pour revenir auprès de sa comparse, évaluant toujours les dégâts.

- Je serais incapable de te dire si c’est vieux ou pas. Si tu ne veux pas prendre le risque, on peut prendre un autre chemin. J’ai pas l’intention de t’entraîner dans un bourbier… on avait pas fini notre badinage en plus, ajouta-t-il en essayant de détendre l’atmosphère sinistre, tu as parlé d’un « petit-ami de l’époque », rappela le cinquantenaire, ça veut dire que tu en as un autre maintenant ?
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Re: La marche des mystères

Mer 6 Juil 2016 - 19:41

Parce que Lilou est observatrice, elle pouvait très bien imaginer Tam et la fille d'Abel discuter ensemble, voir même la tatouée agir comme une grande sœur. Il ne fallait pas se fier à son look, le sourire et les yeux de la brunette dévoilait complètement son large cœur. Elle était assez contente que son amie soit une valeur sûre et que d'autre la considéré comme elle le faisait. Lilou se voyait comme quelqu'un plus en marge du groupe comparé à la brunette. Sans doute parce qu'elle s'isolait malgré la facilité qu'avait Lilou pour entretenir une conversation bien anodine. Le ton et la voix d'Abel jouait beaucoup en sa faveur. A vrai dire, la blondinette ne jugeait pas au passé ni même aux actions, mais à son instinct et chez Abel, quelque chose la réconfortait, serait-ce parce qu'il cherche à la connaître et s'intéresse à elle ? Ou parce qu'il avait parler de Tam en bien et que ça représente un bon point pour le cinquantenaire.

Devant les carcasses métallique, il serait mentir de dire que Lilou ne craignait rien. Elle ne pouvait s'empêcher de regarder ici et là, aux aguets, prête à reconnaître le moindre mouvement suspect. Laisse Abel prendre les devants, elle ne le lâcha pas trop non plus, laissant juste quelques mètres les séparer. Mais encore rien, personne ni mort, ni vivant. Les détails quand a eux ne lui échappe pas du tout, la chair pourrissante, les traces de sang oxydé et séché, les preuves d'une catastrophe passé. Lilou préfère ne pas user de son imagination, encore bien secouer de ce qu'elle avait pu voir au commissariat avec Gary et les autres. Abel donne son avis et les derniers mots la font sourire.

-De toute manière on sait bien qu'un jour ou l'autre on va tomber sur ces choses, si ils sont beaucoup trop on aura qu'à rebrousser chemin. Depuis des semaines j'ai remarqué qu'ils étaient plus lent.

Elle garde son couteau dégainé à la main et se dit intérieurement, qu'elle ne pourra pas les fuir indéfiniment. Et si le choc est trop lourd, elle savait sur quoi se reposer en rentrant, cacher dans une petite latte sous le plancher de sa chambre.

Ils contournent la scène et continue leurs routes. Peut-être que les morts vivants auront passé leurs chemins et laisseront à Lilou et Abel l'occasion d'arriver dans l'établissement que ce dernier avait parlé.

-Oui, en effet. Penser à Edwin illumine son visage, elle le voit, son sourire, sa chaleur, ces bras rassurants. Il représentait bien plus qu'il ne pourrait l'imaginer et c'était d'autant plus effrayant pour Lilou incroyablement craintive de l'abandon. Quand Ian a disparu, elle avait eu mal, mais l'amour n'était pas encore là, juste la tendresse et aucune promesse n'avait prononcé. Avec le fauconnier, c'était autre chose, de beaucoup plus fusionnel.

-Edwin Cross, je suis sûre que tu l'as déjà croisé dans le chalet. Il est très impliquer dans la vie du groupe, bien plus que moi. Et il se balade souvent avec son faucon sur l'épaule. Sans lui, je n'aurais pas survécu à Century.

Une pensée sombre la traverse, réalisant qu'il était peut-être désormais l'unique raison que la gardait en vie et pleine d'espoir. Mais elle ne voulait pas le peindre ainsi aux yeux d'Abel, ni même dévoilé à quoi sa vie tenait. Mais elle chantait ses louanges sans problème.

-Il rend les choses plus facile, c'est quelqu'un de très positif et qui vous motive des troupes. J'ai vraiment eu beaucoup de chance de le trouver. Enfin un peu comme Tamara, c'est plutôt lui qui est venu vers moi. A l'époque j'avais ma guitare et j'en jouais beaucoup. Préméditant une question sur l'instrument, elle éclaire la situation. « Quand le camp au stade s'est effondré, je n'ai pas pu récupérer sain et sauf ma gratte. Tamara l'avait bien attrapé au vol pour moi, mais dans la cohue, elle s'est brisé et mille marcheurs morts l'ont piétiné pendant qu'on fuyait. »

Le souvenir est tout autant douloureux qu'elle était le dernier cadeau de sa mère mort peu de temps avant son arrivée à Seattle. Elle se mord la lèvre, un peu curieuse.

-Excuse moi si je suis trop curieuse, mais qu'est-il arrivé à ta femme ?

Par cette question, elle pensait irrémédiablement à la fille d'Abel, à ce qu'elle pouvait ressentir, si cette dernière était morte, elle ne pouvait que comprendre ce qu'elle ressentait.
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Re: La marche des mystères

Jeu 7 Juil 2016 - 17:34

Puisque Lilou avait choisi de poursuivre, il ne s’y opposa pas. Heureusement d’un côté car lors de sa dernière expédition, il était revenu bredouille – ou presque. Alors s’il pouvait envisager un trajet sans difficulté majeure, et avec un sac à dos plein en bonus, ce serait idéal. Contournant les épaves, Abel sourit quand sa cadette confirma qu’il avait visé juste. Edwin ! C’était celui qu’il surnommait mentalement « l’homme au faucon » justement, parce qu’il avait toujours été fichtrement incapable de s’en souvenir. Effectivement, un autre des hommes parmi les actifs, quand lui était resté terré des mois à broyer du noir.

- Je vois qui c’est, confirma-t-il dans un blanc.

Sans avoir fait sa connaissance, le cinquantenaire éprouvait un brusque élan d’affection pour ce type – pour avoir sauvé la blondinette de l’enfer du Century Field. Oh bien sûr, on pouvait dire ça de tout le monde, mais il était égoïste et ça ne le gênait pas de penser que, parmi toutes les personnes encore en vie dans ce pays, Lilou était parmi celles qui le méritaient le plus. Elle lui renvoyait une image si délicatement fragile que songer qu’elle se fasse dévorer était insoutenable.

La comparaison avec Tamara fit s’élargir le sourire qui flottait sur son visage. Effectivement, s’il fallait parler des personnes positives qui s’évertuaient à remonter le moral des troupes, on ne pouvait pas ne pas la citer. La métaphore de la lune n’était pas si mal trouvée : comme elle, la laborantine renvoyait la lumière du soleil. Les bienfaits de ses amis se lisaient sur ses traits, chassant ce voile qui avait tendance à les assombrir. Un peu comme toutes les personnes non-musiciennes le réclamaient lorsqu’ils rencontraient un musicien, le cinquantenaire allait ouvrir la bouche pour demander un morceau de guitare quand sa complice le coupa dans son élan.

- Je suis désolé pour elle, commenta Abel comme si le défunt instrument était une personne de chair et de sang.

Ils avançaient toujours au milieu d’une route muette, le vent s’amusant à se glissant entre les feuillages les plus hauts. Leurs murmures avaient le don de hérisser la peau de l’agent de chair de poule. Rien en vue pour le moment – heureusement – si ce n’était cette dépouille squelettique démembrée à moitié enfoncée dans les fourrées. Un pauvre gars qui n’avait pas eu de chance. Il grimaçait encore plusieurs pas après que ses yeux se soient soustraient à cette vision, et ce fut la question de Lilou qui transforma son expression en air surprit. C’était la première fois que quelqu’un l’interrogeait sur elle. Même Tamara n’en savait que très peu mais… vu l’évolution de leur relation, c’était peut-être normal.

- Pas de problème, c’est moi qui ait lancé le jeu, répondit-il avant de s’éclaircir a gorge, en fait… c’était déjà mon ex-femme avant l’épidémie. Ça faisait environ 5 ans qu'on avait divorcé. Déjà..., il prit une petite pause parce que sa voix commençait à flancher, elle habitait sur la côte est depuis, alors je ne sais pas ce qui lui est arrivé. C'était moi qui avait la garde principale de Victoria, c'est pour ça qu'elle est là.

Un petit sourit triste permit de rendre un peu de légèreté à son timbre, qui trahissait bien comme, le concernant, ses sentiments n’étaient pas encore enterrés. Il avait beau ne plus avoir de nouvelles depuis des mois, vivre une osmose sulfureuse – et secrète – avec la vendeuse tatouée, Lily était là. Ancrée si profond en lui qu’on ne pourrait l’en déloger autrement qu’en lui arrachant le cœur.
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Re: La marche des mystères

Lun 5 Sep 2016 - 1:10

Perdre sa guitare avait été une étape difficile. Parce qu'elle représentait quelque chose de fort, un souvenir cher, mais ça, elle n'allait pas le détailler à Abel qui n'en a pas poser la question. Mais elle fut reconnaissante qu'il exprime de l'empathie. Avait-il sans doute ressenti le regret dans les mots de la blonde. La route est plutôt calme malgré un paysage entaché par l'horreur. Des scènes toujours aussi dérangeantes et dégoûtantes, mais qui devenaient malheureusement quotidiennes et inclut dans l'esprit de Lilou désormais. Elle savait désormais, qu'elle n'avait pas fini de voir ces morts sur sa route. Que plus personne ne viendrait les sauver. Elle avait perdue espoir et ne voulait pas penser au futur désormais. Vivre au jour le jour, c'était devenu la devise au chalet.

Elle essaye d'en savoir plus sur son binôme. Après tout, il lui pose des questions et ça serait un peu égocentrique de ne pas s'intéresser à lui aussi. Puis, elle était plutôt curieuse la jeune fille. Même si elle dénigrait beaucoup les racontars et les commères, Lilou appréciait tout de même être dans la confidence, en savoir le plus sur ce qui se dit au seins d'un groupe. C'était paradoxale. Mais elle se valorisait en se disant qu' à l'inverse de certains, elle ne racontait jamais ce qu'elle entendait à ceux que ça ne regardait pas. Elle apprend alors qu'Abel était déjà divorcé. Mais qu'il avait assumé pleinement son rôle de père. Elle fut submergé d'un sentiment d'admiration pour cette homme qui bien avant la fin du monde, avait pris ses responsabilité et aimait sa fille assez pour être présent. Elle se met même à envier cette petite fille qu'elle visualise dans son esprit. « Ta fille a de la chance de t'avoir... Je ne connais pas beaucoup de père qui aurait assumé le rôle de parent à plein temps comme toi. »

Un léger sourire sur ses lèvres, elle était fière qu'un homme puisse faire ça. Elle a longtemps abandonnée l'idée d'avoir son père, il n'était qu'un géniteur à ses yeux. Mais il était certainement la raison de son blocage avec les enfants. Peut-être avait-elle peur d'être abandonnée avec ses enfants elle aussi, comme sa mère. Elle se souvient que trop des difficultés qu'elle et ses frères ont représentés pour la pauvre femme.

Le duo avançait bien et s'affichait devant eux l'hôtel dont avait parlé Abel un peu plus tôt. Un soupire de soulagement envahit Lilou qui presse le pas, un peu impatiente d'y entrer. Savoir que les morts pouvaient rôder dans le coin, lui donnait envie d'en finir le plus vite possible et se jeter dans les bras d'Edwin pour finir la soirée. En espérant qu'elle ne le trouve pas en compagnie de Kass ou Rose. Loin d'être de la jalousie, elle n'aimait tout simplement pas à avoir à les croiser ou leur adressé la parole. C'était difficile à comprendre comment il pouvait les apprécier.

-J'espère qu'on va y trouver des trucs utiles là-dedans ! Je rêve de biscuit au chocolat !

Un petit désir simple mais presque hors de porté depuis que le monde n'est plus. Elle se souvient presque plus quand était la dernière fois qu'elle s'était gavé de friandise sans avoir réellement faim. A croire qu'on réalise sa chance qu'après l'avoir perdue. Avant de pénétrer dans le bâtiment, le duo est prudent et font le tour en restant groupé et sur ses gardes. La verdure autrefois entretenue et maîtriser jusqu'au centimètre près, avait repris le contrôle et poussaient de manière aléatoire sur le sol ou les murs. Du lierre coulaient du toit mais n'atteignait pas encore le sol, cachant cependant les fenêtres à l'étage. C'était paisible songea-t-elle. Ça devait être certainement très agréable d'y séjourner pour s'éloigner des méfaits de la ville. Après une rapide consultation entre eux. Ils décident de rentrer. La double porte semble intacte et les lieux inviolés. Alors que Abel tenait son arme en joug, Lilou amorça la poignée. C'est sans surprise qu'ils constatèrent que c'était fermé. Petite déception mais qui rappela à la californienne que le coin n'avait donc pas été encore fouiller.

A quelques pas de là, s'acheminer un petit groupe de cadavre. Divertit par un faon terroriser qui courrait à travers les bois pour les fuir. Le bruit de sa course les attirer comme un moustique à la lumière. Et dans toute son innocence, l'animal ramenait de plus en plus de rôdeur dans la direction du duo...
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Re: La marche des mystères

Mer 14 Sep 2016 - 0:48

Un léger sourire étira ses lèvres. Victoria avait-elle de la chance de l’avoir ? Oui… sans doute… il n’était pas le mieux placé pour en juger. Il s’était simplement efforcé de ne pas être son père ; ne pas être cet homme absent, aveugle. Est-ce que c’était une réussite sur toute la ligne ? Impossible de le dire. Au final, si le lien tissé avec sa fille était intense, il n’avait pas su garder Lily. Défaite amère. Abel garda le silence, s’accrochant quelques instants à une flopée de souvenirs. Les images traversaient son esprit, douces et tranchantes, mais il ne luttait absolument pas.

Ils arrivaient enfin à destination. Le Lake Crescent Lodge surgit au bord de la route, emprisonné dans le lierre, longeant le lac. On le croirait tout droit sorti d’un rêve, surnaturel, paisible. Le duo se dirigea tout d’abord vers le bâtiment principal, régnant fièrement sur les autres petites maisonnettes, regroupant chacune deux ou trois chambres annexes. Le tour d’inspection terminé, l’agent pointa le canon de son Smith & Wesson vers la double porte en faisant signe à Lilou de l’ouvrir. Verrouillée. Génial.

- T’en fais pas, dit-il sans se laisser démonter, on ne repartira pas sans tes biscuits au chocolat.

Il sourit et leva la tête, essayant d’apercevoir une fenêtre ouverte à l’étage. A première vue, tout était clos. Le personnel devait avoir eu le temps de fermer l’établissement avant de déserter. Jolie précaution, qui ne prévoyait certainement pas que l’interruption de l’activité serait si longue. Faisant claquer sa langue contre son palet, Abel entama un autre tour du propriétaire. Cette fois, il cherchait une dépendance, par exemple, où le jardinier devait ranger ses outils. Il trouva, un peu à l’écart des suites, un modeste cabanon sans fenêtre. Il n’y avait qu’une lucarne et une porte… fermée à clef, elle aussi.

- Bien… je suppose qu’on a pas le choix…

Le cinquantenaire se pencha pour ramasser une lourde pierre. L’air décidé, il revint vers l’avant du bâtiment principal et la lança fortement vers l’une des vitres donnant sur le hall de réception. Le bruit du verre qui vole éclat déchira le silence et parut résonner dans ses kilomètres à la ronde. L’agent leva immédiatement son arme et attendit, prêt à voir une tête putréfiée se montrer à la fenêtre, mais ce ne fut pas le cas. Au bout de quelques longues secondes, il consentit à se décrisper et passa son bras par l’ouverture pour actionner le loquet intérieur. Il put alors ouvrir le passage et s’engouffrer dans l'établissement.

- Bouge pas, je reviens.

En vérité, Lilou aurait certainement pu le suivre, mais c’était une sorte de réflexe paternel. Hors de question que la jeune femme s’écorche les genoux en grimpant par la fenêtre ! Il lui ouvrirait la porte. La lueur du jour éclairait le hall, révélant les quantités de poussière accumulées depuis que l’hôtel avait été abandonné. Personne n’avait pensé à y rester, l’endroit semblait seulement sans vie, laissé pour compte. Abel dut réprimer une crise de toux tellement l'air était saturé. Toujours sur le qui-vive, il s’approcha du bureau d’accueil avec précaution, pistolet levé, mais toujours aucune menace en vue. Il repérait le tableau où étaient accrochées les clefs de chacune des chambres, les couloirs, l’escalier… autant de pistes qu’ils allaient devoir explorer. En fouillant nerveusement dans les tiroirs, il put dénicher ce qui ressemblait à un double des clefs de l’entrée et…

Bingo. C’était le cas. L’ancien agent soupira de soulagement en déverrouillant la porte, permettant à sa complice de le rejoindre sans encombre. Pour détendre l’atmosphère, il imita même un maître d’hôtel, l’invitant à entrer d’un grand geste de bras. Le flingue dans sa main cassait un peu l’effet, mais c’était l’intention qui comptait. Après que Lilou eut pénétré les lieux, le sourire d’Abel s’effaça instantanément. Dans la rue, à une centaine de mètres de là, deux rôdeurs venaient d’apparaître. L’air hagard, ils déambulaient dans leur direction. Sans dire un mot à la jeune femme, ne souhaitant pas l’inquiéter s’il ne s’agissait que deux cadavres de passage, le cinquantenaire ferma la porte – à clef – et se tourna vers elle en désignant les couloirs :

- On commence la visite ?
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