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Re: Le Prix du Sang

Mer 29 Juin 2016 - 19:37

Préoccupé par l'éclat de folie qu'il distinguait dans le regard de Selene, Gabriel sursauta en entendant le beuglement de Harold. Laissant tomber à leur pieds un corps encore en vie, et pas celui d'un putréfié, l'instituteur fut à moitié soulagé de voir que celui-ci ne leur causerait plus de problème. Mais la proposition que fit soudain l'ancien acteur, puis l'assentiment de Selene qui semblait comme en transe, le fit frissonner. Mais il ne put répondre à cette idée saugrenue car un nouveau mort se précipitait vers eux. Sans rien attendre, Harold se chargea de la créature. Lorsqu'il vit la tête rouler sur le sol, loin de son corps, Gabriel réprima un haut le cœur, portant un main devant sa bouche. Ça allait trop loin ! Et le pire dans tout ça, c'était l'impression qu'Harold prenait son pieds !

Une fois le calme revenu, Selene trancha la question de la torture, demandant expressément à Harold de s'en charger.
« Oula oula ! On va quand même pas se mettre à torturer des gens ! On est pas comme ça ! »
Mais Selene s'éloignait déjà. L'avait t-elle seulement entendu ? Il hésita une fraction de seconde, entre rester là et empêcher Baby de commettre l'irréparable, ou se lancer une nouvelle fois à la poursuite de Selene. Laissant échapper un grognement de frustration, il se tourna vers Harold, un doigt levé pour appuyer ses propos, et lui lança avant de filer :
« C'est hors de question! Ramène le à l’intérieur et attache le s'il le faut. On en rediscutera à tête reposée. »

Sans attendre la moindre réponse, il avait tourné les talons pour se précipiter sur les traces de la furibonde. Il espérait seulement que l'ancien acteur l'écouterait lui plutôt que Selene. Même si au fond de lui, il en doutait fortement. Préférant ne pas y penser, il finit par rattraper la jeune femme. Repérant la lumière de sa lampe torche, ça n'avait pas été difficile de la retrouver dans le noir... Elle ne prenait même plus la peine d'être prudente.
« À quoi tu joues ? » lui lança t-il une fois qu'il l'eut rattrapé.

Mais aussitôt un coup de feu retentit. Se sentant poussé, il se mit à couvert, espérant que la balle n'avait pas fait mouche. Il fallait croire que non puisque la jeune femme répliqua avec une férocité à faire froid dans le dos. Adossé à un arbre dont le tronc avait une assez belle envergure, il regarda Selene sans vraiment la reconnaître. Si elle avait put se transformer en dragon à cet instant, elle aurait brûlé vif leur assaillant et toute la forêt alentour sans plus pouvoir s'arrêter. À défaut, elle se défoula avec son arme à feu. Se bouchant les oreilles tellement le bruit était assourdissant, il laissa retomber ses bras dès lors que Selene cessa de tirer. L'avait-elle eu ? Passant avec précaution la tête à découvert du tronc, il ne vit que l'obscurité. Mais plus personne ne répliquait.

Endossant son rôle de chef, Selene lui ordonna de vérifier qu'elle l'avait belle et bien eu. Et il ferait quoi si jamais il n'était que blessé ? S’attendait-elle vraiment à ce qu'il achève un type de sang froid ? Le connaissait-elle donc si mal ? Elle insista voyant sa réticence. Puis elle fila rejoindre Bobby qui devait être aux prises d'une véritable horde à présent.
Soupirant de dépit, il se dirigea vers l'endroit où il supposait que le tireur devait se trouver. Couteau en main, il avançait prudemment, guettant le moindre bruissement de feuille. Il écarta quelques branches et vit alors le meurtrier, une main posée sur son abdomen et qui rampait désespérément pour se mettre hors d'atteinte. Une longue traînée de sang partait de l'endroit où il était tombé jusqu'à l'endroit où il avait réussi à ramper. Le souffle court et rapide, ses yeux s'arrondirent lorsqu'il vit Gabriel. La panique s'emparait de l'homme à l'agonie.
« Merde... » murmura Gabriel.
« Pi... pitié !!! » implora alors le tireur. « J'ai pas eu le choix ! »
Il se mit à tousser, crachant du sang sur les fougères devant lui. Totalement désarmé, ayant abandonné son arme à feu dans un coin et n'ayant pas la force de dégainer son couteau, il n'était qu'une larve rampant pitoyablement aux pieds de l'instituteur. Bon sang... pourquoi avait-il fallu qu'il survive à ça ? Et maintenant quoi ? Il devait l'achever ? Et puis quoi encore ?
« Mais pourquoi t'es pas mort toi ! » s’énerva t-il , conscient de ce qu'il allait devoir faire.
Posant ses mains derrière sa nuque, il leva les yeux aux ciel, priant pour que le type succombe dans la seconde. Mais il continuait de ramper inlassablement, abreuvant la terre meuble de son fluide vital. Laissant retomber ses bras, il sortit son couteau. N'esquissant pas le moindre geste, il espérait toujours que l'autre allait crever de lui-même s'il attendait encore un peu. Mais alors il se rendit compte que le type rampait dans une direction bien précise. Droit vers son pistolet qu'il avait dû faire tomber lorsqu'il avait été touché. S'en avisant, Gabriel se précipita dessus et le ramassa. Encore quelques secondes et l'autre aurait été assez prêt pour s'en saisir.
« Tu te fous de moi ! Je fais quoi moi maintenant hein ? » il avait presque hurlé, totalement désemparé par ce qu'il devait faire.

Pointant le canon de l'arme à feu contre son propriétaire, son doigts frôlant la détente, il resta ainsi en suspend quelques secondes. Puis, dans son dos, il capta les râles d'un cadavre attiré par le bruit. Se retournant, il vit un homme chauve en décomposition qui peinait à traverser une zone de buisson. Dans quelques secondes il serait sur eux. Un bref instant, il fut tenté de laisser le putréfié se charger du meurtrier. Ce ne serait que justice après tout. Mais mourir dévoré vivant était peut-être un châtiment un peu extrême, même pour une ordure comme lui. Serrant les dents et crispant ses mâchoires, il se retourna vers l'homme qui agonisait et lui tira directement dans la tête. La détonation lui vrilla les tympans. Le visage fermé, plus aucune expression ne venant trahir ses émotions, il abandonna la dépouille aux mains avides du monstres qui approchait et s'en alla retrouver Selene.

Lorsqu'il la rattrapa enfin, il cru qu'il avait une vision. Totalement hystérique, elle frappait, encore et encore dans le crâne d'un homme déjà mort depuis un moment, le visage entièrement rouge de sang et un expression démente déformant les traits de son beau visage. Il tenta de lui attraper le poignet pour la retenir mais elle était comme possédée et il ne parvint qu'à se prendre un coup.
Se tournant alors vers Bobby, rassuré de le voir en vie et indemne, il le supplia de la faire cesser cette folie.
« Il faut qu'on arrive à la calmer ou elle va finir par se faire du mal. »
Avec sa force, nul doute que le géant parviendrait à la faire lâcher prise. Et même si elle ne reprenait pas tout de suite ses esprit, ils pourraient la ramener au chalet de force.
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Re: Le Prix du Sang

Mer 27 Juil 2016 - 11:20

HRP :
Spoiler:


La porte s'ouvrit violemment et Harold apparut comme une vision démoniaque. Sa peau recouverte de sang, ébloui seulement par la lumière de la lune, il semblait revenir de l'enfer. Abi lui suivit du regard, ne prononçant pas un seul mot. Il portait un des hommes qui les avaient attaqué. Peut-être même était-ce celui qui avait tué Flann. Il traversa la maison en silence, pas un seul regard pour la scène qui se déroulait dans la pièce. Abigail fronça les sourcils. Elle termina rapidement le pansement d'Aori, posa une main sur l'épaule de cette dernière, avant de se relever, prenant soin d'attraper l'arme qui avait servi à sauver Flann d'un terrible retour.

La douleur de sa cheville s'était quelque peu estompée, bien qu'elle sentait encore cette sensation aiguë qui la faisait boiter. Elle décida de suivre Baby, sachant pertinemment ce que signifiait tout cela : ils en avait capturé un, et sûrement voulaient-ils le faire parler. Abi était plutôt d'accord. Après tout, ils devaient savoir si dehors il y en avait d'autres, si ils devaient craindre une autre attaque, plus violente, plus grande. Baby se dirigea vers l'atelier, il attacha l'homme encore sonné à une chaise pour qu'il ne puisse pas s'enfuir. Elle rangea l'arme qu'elle glissa entre sa peau froide et sa ceinture et le recouvrit de son t-shirt déchiré et imbibé de sang.

Elle entra à son tour dans l'atelier et échangea un regard avec Baby. Elle avait vu sa surprise mais aussi la peur qu'Abi approuve pas et l'empêche par tous les moyens de réaliser cet interrogatoire. Mais elle ne fit rien. Elle lui fit un léger signe de tête et s'éclipsa dans un coin sombre de la pièce. Silence. Une nouvelle fois, ce putain de silence qui semblait l'étouffer, qui lui écrasait la poitrine. Mais il ne dura pas longtemps. L'homme attaché poussa un râle de douleur et grimaça. Il posa les yeux sur Baby qui n'attendit pas pour lui poser la question. « Il y en a d'autres ? » demanda-t-il, son visage s'approchant de celui du prisonnier. Mais l'homme ne répondit pas. Le premier coup de poing s'écrasa alors contre la mâchoire de l'homme.

Abi plissa les yeux pendant que du sang, sous le coup, avait éclaboussé le sol. Elle ne ressentait aucun dégout, aucune pitié. Juste de la colère. De la colère et la soif de savoir. Pour le moment, toutes ses pensées étaient tournées vers cette obsession. Il devait répondre. Et elle ne doutait pas qu'Harold était capable de faire parler celui qui avait tout détruit. « Il y en a d'autres ? » répéta Baby, d'un ton plus ferme, sa voix s'étant élevée. Mais l'homme ne répondit pas.

Au fil des minutes, les coups pleuvaient. Harold lui avait posé la question au moins cinq fois avant qu'enfin leur prisonnier ne réponde. « Non. » réussit-il à articuler. « Juste nous. » Baby se redressa et Abi en fit de même, collée contre le mur de l'atelier. Elle s'approcha lentement des deux hommes. « Vous avez gagné. » lâcha l'homme en sang. Baby affichait un léger sourire satisfait, mais il ne semblait pas en avoir terminé avec sa victime. Mais pour Abi, c'était terminé. Ils savaient, à présent, il devait mourir. Alors d'un geste vif, elle retira l'arme de sous son haut et sans ménagement, à quelques centimètres de l'homme, elle lui tira une balle dans la tête.

La réaction d'Harold ne se fit pas attendre. « Mais ! Qu'est-ce que tu fous, putain ?! » Il s'était tourné vers elle, l'incompréhension et la colère dans les yeux. Mais Abi restait calme. Elle se sentait mieux à présent. Ils s'étaient vengés. Il n'y avait plus rien à tirer d'eux. Elle ne répondit pas à Baby, qui reprit la parole. « Il était notre seule chance de savoir où ces enfoirés sa cachaient ! Où est leur planque ! Mais quelle conne... ! »

Il se détourna d'Abi, posant ses mains contre sa nuque, dans un geste cherchant à se calmer. De nouveau le silence. Abi porta son attention sur le corps de l'homme inerte puis elle prit la parole à son tour : « On en a rien à foutre. On a eu notre réponse. On voulait savoir si il n'y avait qu'eux. Il n'avait pas besoin de vivre plus longtemps. Il n'en avait pas le droit. » Sur ce, elle tourna les talons et sortit de la pièce, laissant sur place Baby qui continuait de pestait contre elle. Ca lui passerait, elle en était certaine.
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Re: Le Prix du Sang

Sam 30 Juil 2016 - 14:08

Musique d'ambiance:


Le pied-de-biche venait de s’abattre pour la dernière fois dans la marée nauséabonde qui entourait ce récif difforme qu’était le géant balafré. Le corps de la marionnette gorgé de virus réanimateur s’étala sur la terre nourricière, gorgeant les étendues verdoyantes de ses fluides infects. Relevant ses yeux fiévreux par la rage et la fureur, ce berseker des temps modernes se sentait… bien. Libéré de son rôle de victime et de souffre-douleur collectif. Il était devenu le roi de la montagne, le mâle alpha. Ses ennemis doublement morts empilés à ses pieds, tel un tyran démoniaque recouvert du sang des vaincus. Le géant ouvrit son blouson de motard, laissant l’air frais de la nuit s’infiltrer sur sa chemise dégoulinante de sueur. Soufflant comme un phoque, Robert n’eut qu’un regret qui le tétanisa un court instant devant l’horreur de celle-ci. Le mineur aurait tellement voulu durant cet affrontement épique, racheté dans la douleur et son sang sa négligence envers sa famille. De la mort de Flann. Celle qui portait la vie et l’espoir. Ça devrait être son corps laid et répugnant qui refroidissait, que son âme si pure s’élevait vers le firmament. Non celle de la rousse qui avait été si gentille avec lui. Soufflant comme un phoque, récupérant un peu de sa résilience exceptionnelle qu’il venait de dépenser sans compter, une voix percuta l’ouïe amoindrie de la chose. Un appel d’un homme. Sur le coup Robert releva la tête et essaya de focaliser son regard bleuté où la démence du combat et l’inquiétude se livraient une guerre de tranchées pour reprendre le dominion de l’esprit lent et pathétique. Une guerre ouverte entre le monstre réel qui se développait et l’humain débordant de bonté et de gentillesse. Sur le coup le monstre de foire crut que c’était un des agresseurs de sa famille, un homme mauvais qui venait narguer la gargouille défigurée avant de lui loger une balle dans la tête. Un rugissement de colère et de défi franchit ses lèvres exsangues avant que son cerveau lui souffle que c’était Gabriel. L’enseignant le suppliait d’aider l’ange de porcelaine qui semblait être éprise par les folies du combat comme la montagne de muscles disproportionné il y avait quelques instants à peine. Reprenant ses esprits, laissant enfin le véritable Bobby reprendre le contrôle de ce corps atypique et répugnant pour la gent féminine, le regard bleuté si pur débordant de gentillesse refit surface.

Replaçant ses armes aux fourreaux, il fit quelques pas gauches et lents. Un peu comme un ivrogne qui avait trop abusé de la bouteille. L’ivresse du combat avait sapé une grande partie de la réserve d’énergie du colosse et celui-ci grugeait présentement dans ses dernières réserves de forces intérieures. Un peu plus et des yeux peu inquisiteurs aurait confondu la démarche fatiguée de l’homme difforme avec le pas trainant et lent d’une abomination. Voyant l’urgence et la folie briller dans les yeux de Selene, Robert s’accroupit près d’elle. Par deux fois il rata le mouvement frénétique de la main ensanglantée qui plongeait sa lame vers la bouilli qui était il y a peu un visage humain. La troisième fois fut la bonne et la grosse main gantée de cuir saisit l’avant-bras frêle et Robert fut surpris par la force que l’ange damné pouvait déployer. Le sang frais aidant, le bras de la pianiste se dégagea de l’étreinte peu assurée du colosse et la lame fit un nouvel arc. Mais cette fois ce fut un coup ascendant vers le torse de son frère d’âme. La lame couverte d’hémoglobine trancha sans peine le tissu de la chemise, dévoilant un paysage de cicatrices des plus effrayants. Une nouvelle scarification sanglante se creusa sous le tranchant de la lame de l’ange de porcelaine. À cet instant les instincts de soudard sauvèrent la pathétique créature  d’un éventrèrent pur et simple. Se propulsant vers l’arrière, Robert ne put s’empêcher de pousser un gémissement de souffrance.

Luttant contre un nouvel accès de rage qui menaçait de le transformer de nouveau en un monstre assoiffé de carnage, la main de l’homme se referma avec une célérité épouvantable sur le poignet de la musicienne. Appuyant avec son pouce immense sur la base de la paume de l’ange, Robert réussit à la désarmer. Se redressant de toute sa hauteur, entrainant la jeune femme à sa suite pour l’éloigner de la dépouille, Robert reçut pour sa peine plusieurs coups de poings et de pieds rageurs. Tel un parent maitrisant une enfant en pleine crise, le géant l’immobilisa contre son torse large comme une barrique. L’enserrant avec douceur et tendresse, il chuchota alors à l’oreille de la furibonde.

Robert- C’est fini Selene… Euh… Arrête c’est Bobby je ne veux pas que tu te fasses mal tu sais.


Tel un mantra pour une méditation, le ton rocailleux et lent de la chose trouva avec difficulté la véritable Selene cachée dans les tréfonds de la bête sanguinaire qui avait pris possession de son corps. Ne se souciant guère de sa blessure à l’abdomen, ni de la gravité de celle-ci, il berça le corps gracile comme Robert le faisait avec Sandra quand elle recevait de mauvaises nouvelles à l’hôpital. Après des instants qui parurent des minutes et des minutes qui parurent des heures, le corps de la sœur d’âme du monstre de foire s’affaissa doucement. La frénésie avait vidé le corps frêle de toute force. Oubliant la douleur de ses muscles, la perte de sang et honte de son inaction pour Flann, Robert fléchit un peu les genoux. Faisant basculer la jeune femme haletante dans ses bras comme la moribonde un peu plus tôt, il regarda Gabriel dans les yeux. Une détresse et un supplice se mélangeaient maintenant avec l’inquiétude qui tourbillonnait dans la bleutée du regard de l’homme balafré.

Robert- Ne parle pas de ce qui est arrivé avec Selene OK? Les autres n’ont pas à le savoir… Euh… Ramasse le couteau tu veux on part…


Comme toujours, le géant protégeait sa sœur d’âme avec toute la force de l’amour qui l’habitait. Il savait que la jeune musicienne voulait garder ses instants de folie à loin de l’attention de leur famille adoptive. Puissant dans ses derniers retranchements, le colosse ramena son précieux fardeau vers le chalet. Restant alerte pour éviter une mauvaise surprise, le pas du mineur était chancelant et gauche. Mais serrant les dents, il fit preuve d’obstination et de fermeté comme les pierres qu’ils affectionnaient tant. Chantant avec douceur et tendresse, il essaya de ramener la pianiste vers la dure réalité. La nuit d’encre  ne facilitait pas la marche, mais le colosse connaissait le coin comme sa poche et prévint à chaque fois Gabriel d’un possible obstacle. Bientôt le chalet fut en vue et ensuite  l’enseignant ouvrit la porte. Le géant n’eut que le temps de placer l’ange d’ivoire sur le sofa et d’enlever son manteau couvert d’immondice qu’un coup de tonnerre éclata dans l’atelier. Aussitôt Robert se plaça devant le duo dans le salon pour les protéger  à son corps défendant d’un possible agresseur. Paniquer, il cria le nom de ses anges de sa voix rauque et déshydrater …

Robert- ABI, BREANN TOUS LE MONDE EST OK ?

Voyant la tête de celle qui avait capturé son cœur sortir d’une chambre à proximité, le colosse eut un soupir de soulagement. Ensuite l’ange à la chevelure d’or arriva en boitant, les épaules du mastodonte se décrispèrent. Un masque interrogatif et une inquiétude énorme se profilèrent dans le regard bleuté de la chose. L’arme fumante dans la main de celle qui avait affolé autrefois son cœur le mettait mal à l’aise, mais il ne voulait pas poser une question conne ou bien inappropriée. Mais le mineur ne dit rien et fit assoir Abi sur le sofa près du duo.

Robert- Je vais vous chercher de l’eau OK?

Docilement, lançant ses dernières forces dans ce simple geste commun, il fit couler le fluide transparent dans 3 verres et ramena le tout au trio. Comme à son habitude Robert s’était oublié. Tendant les verres avec tendresse et une gentillesse inouïe, il regarda alors l’Irlandaise.

Robert- Ta cheville va mieux ? Euh… J’ai un truc de froid pour ça dans mon sac si tu veux.


Attendant la réponse de l’Irlandaise, le colosse s’assit lourdement en sol. Se laisser tomber serait plus précis. La blessure à son ventre l’avait rappelé à son souvenir. D’une main tremblante, il sortit le ruban gris de sa ceinture à outils et la petite flasque de moonshine pour essayer d’endiguer le flot sanguin. Le golem de chair ne voulait pas déranger Aori ni personne du deuil de la perte de la rousse. Ça aurait dû être lui qui devrait être mort à l’heure qu’il est. Non pas un ange, être d’une telle importance dans ce monde dévasté, mais un monstre qui n’était pas utile à personne…
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Re: Le Prix du Sang

Sam 30 Juil 2016 - 19:10

…Encore. Encore. Encore. Encore. Elle frappait avec une rage inhumaine, absente de son propre corps. Son bras lui faisait mal, il était en feu, mais elle était incapable de s’arrêter. On essayait de la retenir, mais elle ignorait les efforts de ses amis. Selene ne les voyait plus, il n’y avait plus rien d’autre pour elle que ce visage qu’elle réduisait en charpie. Ce criminel. Ça n’avait même pas d’importance qu’il ait, ou non, tué Flann. Il payait… il payait pour tous les autres !

Quelqu’un attrapa son poignet gracile. La musicienne vit rouge : elle pivota vivement, cherchant à poignarder ce nouvel agresseur. Elle le tuerait, elle les tuerait tous ! Quand Bobby réussit à l’immobiliser, la désarmer et la souleva de terre, elle se débattit en poussant des hurlements de bêtes démentes. Ses poings et ses pieds se heurtaient à un roc, mais ils s’obstinaient. La jeune femme cognait, cognait, jusqu’à ce qu’elle reconnaisse la voix douce qui essayait de la calmer. Sa vision se débarrassa de son voile sanglant, ses sens s’exacerbaient, la réalité lui sautait à la figure.

- Bob…, murmura-t-elle faiblement avant de s’effondrer.

Ses forces s’en était allées. La pianiste n’avait tenu jusque là que pour sauver son ami. Mais son corps fragile était à bout, physiquement, psychologiquement. Elle réalisa avec effroi que c’était le géant qu’elle avait blessé, mais n’arrivait même plus à parler. Comme un pantin, elle se laissa porter au milieu des arbres plongés dans les ténèbres. Son ouïe ne percevait que difficilement les sons, alors elle n’entendit pas ce que son ami suggérait à Gabriel, mais ressentait le rythme lourd de ses pas. Chancelants. Lui aussi était exténué, mais il se surpassait, encore, pour elle…

Selene redécouvrait ses blessures. Sa gorge enflammée, sa lèvre ouverte, ses bleus, son épaule brûlée par une balle… délicieuse douleur, parce qu’elle l’empêchait de sombrer. Ses paupières étaient entrouvertes. Aux ténèbres d’encre de la nuit succéda les lumières vives du salon. Ses membres engourdis accueillirent le sofa avec plaisir mais ses mâchoires remuèrent dans le vide quand elle essaya de remercier le colosse. Un coup de feu lui vrilla les tympans. Il résonna longtemps, trop pour qu’elle ne puisse deviner d’où il venait, mais elle vit Abigail revenir de l’atelier. Ah oui… l’otage, le faire parler… apparemment, c’était fini.

Vraiment ? La jeune femme essaya de se souvenir combien Baby disait avoir vu de silhouettes. Quatre ? Alors le compte était bon… la musicienne se redressa doucement. Entre ses blessures et le sang qui maculait son visage, ses mains et ses vêtements, elle faisait peur à voir. D’ailleurs, même les chiens semblaient s’appliquer à ne pas l’approcher. La tête lui tourna, mais elle déclina gentiment le verre d’eau proposé par Bobby. Elle respirait profondément, elle n’avait pas soif, elle voulait… juste assimiler… assimiler qu’ils avaient été attaqués, que Flann était morte.    

Ses yeux bleus ne purent se détacher de son corps quand ils tombèrent dessus. Quelqu’un avait pensé à lui épargner la renaissance, c’était parfait. Assise désormais, Selene était prise d’une crise de tremblements. Avec la retombée de l’adrénaline, la tristesse lui tombaient dessus de tout son poids. Impitoyable. Elle commença à pleurer, une main couverte d’hémoglobine devant sa bouche, comme si elle n’y croyait pas. C’était un rêve, juste un rêve…

Tout venait se mélanger et faire des nœuds dans son encéphale. Les coups de feu, les luttes, les meurtres, la souffrance, la nuit, les rôdeurs… elle fixait le cadavre de sa sœur de cœur, priait intérieurement pour qu’elle ouvre les yeux, mais elle demeurait inerte. Elle n’avait même plus de voix pour hurler, elle ne pouvait que se morfondre, trop faible pour se lever et lui prendre la main. Il fallait qu’elle fuit, mais où ?! Ses jambes ne la porteraient pas, alors ses pensées devaient s’échapper. N’importe où, faire ce qu’elle savait faire le mieux depuis que leur règne s’était achevé.

- Il faut… il faut l’envelopper dans un drap, on l’enterrera demain, sa voix était cassée, un fin filet qui se frayait un chemin entre les larmes, il faudra faire le ménage des rôdeurs aussi… aller les brûler plus loin… et récupérer… ce que ces types avaient…

Piller quelques armes, maigre consolation à côté de ce qu’ils avaient perdu. Une amie, une mère, une âme lumineuse. Selene restait persuadée que parmi toutes les personnes présentes dans cette pièce, la libraire était celle qui méritait de mourir en dernière. Elle était un modèle d’affection, de dévotion, et de courage. Il y avait tellement de choses qu’elles n’avaient pas pu se dire… des conversations qu’elles n’auraient jamais, parce qu’elle n’avait pas su tenir sa promesse. Pour la deuxième fois.
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Re: Le Prix du Sang

Mar 2 Aoû 2016 - 17:59

S'y prenant tout d'abord comme un pied, Bobby finit par réussir à désarmer la jeune femme, non sans écoper d'une nouvelle marque indélébile. Ne se calmant pas pour autant, Selene semblait véritablement possédée. Jamais il ne l'avait vu dans cet état et il sentit sa boule à l'estomac lui enserrer encore un peu plus les entrailles. Il ne supportait pas de voir les gens souffrir. Mais alors la voir souffrir elle... Tout à son habitude, Bobby lui dispensa un câlin forcé duquel elle tenta de se soustraire. Mais la poigne de fer du géant, aussi douce soit-elle, ne lui laissait aucune échappatoire.

Pendant un instant, Gabriel se laissa bercer en pensée par les mouvements tendres et emplis de gentillesse que Bobby prodiguait à sa sœur d'âme. Il regretta de ne pas avoir été capable de la faire sortir de sa folie. Il aurait aimé pouvoir la serrer ainsi dans ses bras. En la rassurant elle, il se serait rassuré lui-même. Il avait beau faire partie de ce groupe, il se sentait encore un peu comme un étranger. Alors que Selene … Elle lui rappelait sans cesse que la vie n'avait pas toujours été aussi lugubre. Alors la voir dans cet état... C'était insupportable.

Il sortit de ses rêveries lorsque Bobby prit la parole de sa voix si particulière. Bien évidemment qu'il ne parlerait de tout ça à personne. Comment le pourrait-il ? Selene était la cheffe de leur petite communauté. Si les autres apprenaient qu'elle avait à ce point perdu les pédales, que penseraient-ils d'elle ? Ils pourraient très bien remettre son autorité en cause. Et alors ce serait tout le groupe qui éclaterait. Ils n'avaient pas besoin de ça. Pas le moins du monde. Sans rien dire, Gabriel hocha simplement la tête pour signifier au géant qu'il resterait muet comme une tombe. Puis il s'empara du couteau que Bobby lui avait désigné.

S'en suivit une bien étrange marche à travers les arbres. Le fredonnement discret de Bobby parvenait à l'apaiser, même s'il n'était pas destiné à lui. Il connaissait les lieux par cœur et Gabriel se contenta de le suivre, prêtant attention à toutes ses recommandations. Peu avant d'arriver en vue du chalet, il repensa au type que Harold avait fait prisonnier. Il lui avait demandé de ne rien lui faire jusqu'à ce qu'ils soient tous réunis. L'avait-il écouté ? Ou bien avait-il écouté Selene ? La logique voudrait qu'il ai obéi à la cheffe du groupe. Mais il espérait que non. Il y avait eu assez de mort pour une seule soirée. Il était inutile d'y ajouter de la torture.

Lorsqu'ils pénétrèrent dans le chalet, tout semblait si calme que lorsque le coup de feu retenti, Gabriel sursauta, à deux doigts de crier de surprise. Il parvint à se retenir toutefois, à moitié paniqué à l'idée que les pillards aient pu pénétrer dans leur refuge. Puis la lumière se fit dans son esprit lorsqu'il vit Abi, arme au poing, le visage fermé.
La peur avait fondu comme neige au soleil d'été. À la place, une sourde colère faisait battre ses tempes avec une vigueur peu commune. Les dents serrées, il foudroya la meurtrière du regard, n’émettant toutefois aucun commentaire. Qu'est-ce que ça aurait changé ? Absolument rien. Mais lorsqu'Abi finit par croiser ses yeux, elle pu y lire à loisir le dégout et la haine que son geste lui inspirait. Peut-être s'en ficherait-elle. Ou peut-être pas. Mais l'heure n'était pas aux remontrances. L'heure était au deuil et à la réorganisation.

Selene prit d'ailleurs rapidement les choses en main. Sa crise de folie semblait s'être calmée et elle parlait avec la ferveur et la conviction d'un leader. Ses ordres ne laissaient place à aucune objection et Gabriel tourna les talons, trop soulagé de pouvoir quitter le chalet qui semblait tout à coup l'étouffer.
« Je vais commencer à rassembler les morts. » Il avait dit ça sur un ton plus agressif que ce qu'il aurait voulu, son visage n'exprimant que du dégoût envers ses propres camarades.
Puis sans attendre que quiconque le suive pour l'aider ou non, il retourna dans la fraîcheur de la nuit, si douce en comparaison de l'atmosphère oppressante du salon. Selene aurait sans doute préféré attendre le lendemain, que le jour leur assure un semblant de sécurité pour effectuer cette pénible tâche, mais il ne se sentait pas le courage de rester enfermé avec le cadavre de Flann et avec  ceux qui n'hésitaient pas à torturer et à achever de sang froid un homme prisonnier.

Le calme était revenu à l'extérieur. Seule l'odeur de décomposition très avancée témoignait de l'horreur qui s'était produite ici. Prenant une grande inspiration, laissant cette puanteur envahir ses narines, il essaya, en vain, de se vider la tête. Mais tirer des cadavres n'était sans doute pas le meilleur moyen de se changer les idées... Il essayait de ne penser à rien d'autre que ce qu'il devait faire. Tirer les corps. Les rassembler en un monticule. Tirer encore d'autres corps. Puis une fois le monticule assez massif, y mettre le feu. Mais ça, ça attendrait que le jour soit levé. Inutile d'attirer d'autres visiteurs impromptus en allumant un brasier au beau milieu de l'obscurité.
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Re: Le Prix du Sang

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