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I didn't want it, but I had to do it

Lun 22 Aoû 2016 - 23:55


Depuis le décès de Kerchak, personne ne pouvait s'empêcher à chaque croisement de couloir de le féliciter. Une tape sur l'épaule, une tape dans le dos. Norman répondait avec un léger sourire. Il n'était pas fier d'avoir abattu cette bête. Ce gorille était comme eux, paniqué, il ne faisait que se défendre, survivre, comme eux le faisait actuellement avec les rôdeurs. La scène qui l'avait marqué était, la protégée de Thalia. Jessie. Elle avait eu de la peine pour cet animal. Elle s'était approchée pour vérifier qu'il était bien mort. Le garçon était resté là, debout à quelque mètre de kerchak, pendant que la rousse caresser la bête inerte, il ne savait pas quoi dire, ni quoi faire.

Cela faisait maintenant quelque jour, qu'il remarquait ses regards. Cela n'avait rien à voir avec les regards que lui lançait les femmes d'habitudes. Elle lui en voulait peut-être. Elle n'avait pas tort de lui en vouloir, il avait tué cette bête de sang froid et n'avait ressentit que de la peine après avoir vu cette scène de la rousse agenouillée au côté de kerchak. Il se dégoûtait, tuer les rôdeurs étaient une chose mais tuer un animal en était une autre. Il était innocent, sa colère reflétait simplement sa peur.

Norman déambulait dans les couloirs, les mains dans les poches. Il rasait les murs, il n'en pouvait plus des compliments sur son tir, sur son courage ou autre connerie. Il voulait qu'on le laisse tranquille, qu'il digère un peu son "meurtre". Le regard plongé sur le sol, il sortit du bâtiment et aperçu la rouquine à l'emplacement où le corps du gorille gisait autrefois.

L'électricien prit une bonne bouffée d'air frais et s'approcha en silence de Jessie. Les mains toujours dans les poches, il arriva à ses côtés et dit d'une voix désolée : "J'aurais voulu que ça ce termine autrement" il marqua une légère coupure puis repris sincèrement "Je ne le voulais pas, mais j'ai...nous avons dû agir pour le bien du groupe..." Norman n'avait pas à se justifier aux yeux de quiconque, mais il avait vu la peine de la rouquine et pour ça, il voulait s'excuser.
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Re: I didn't want it, but I had to do it

Mer 24 Aoû 2016 - 23:07

Que restait-il de l'humanité ? C'est la question que je me pose à mesure que j'observe notre groupe. Nous sommes devenus des bêtes sauvages prêtent à tout pour survivre. Il n'y a plus de place pour les sentimentales telles que moi, je le vois bien. Ils ont tous félicité les tireurs et en particulier Norman, celui qui a assené le coup de grâce. Alors que je suis perçue comme l'inconsciente ayant faillit se faire aplatir par un gorille. Je déteste les regards accusateur que l'on me destine au point de finir par m'isoler une fois encore. Une fois de plus... peut-être une fois de trop. Mes pas m'orientèrent vers le gymnase, j'espérais n'y trouver personne. De toute façon je doutais croiser quelqu'un là-bas avec les récents événement. Je pousse la porte battante et y passe ma tête pour jeter un coup d’œil. Personne. Le champs étant libre, je m'y faufile. J'ai besoin de me ressourcer. De réfléchir.

Je m'assis en tailleurs là où ce majestueux animal était mort sous les feux de mes camarades. J'effleure vaguement le sol taché de sang du bout de mes doigts en me replongeant dans mes songes. J'avais croisé l'électricien à plusieurs reprises depuis le drame, toujours flatté par les autres je demeurais froide dans mes regards. Presque glaciale. Pourtant, avant ce malheureux épisode je l'admirais. De loin. Toujours. A cause de ma timidité. Je l'avais toujours plus ou moins fuis, même si ma curiosité me poussait à l'observer pour en apprendre plus sur lui et son caractère. Je serre le poing. La situation m'agace et je ne parviens pas à exprimer ma colère, ma tristesse, ni même ma déception.

Trop préoccupée par mon état émotionnel, je n'entendis pas la porte s'ouvrir, pas plus que les pas de l'homme qui s'approchait de moi. Sa voix désolée me fit relever mon visage sur sa silhouette.

"J'aurais voulu que ça ce termine autrement"

Je l'examine de la tête au pieds. Je ne lui connais pas cette expression. Il se tient debout à côté de moi, les mains dans les poches. Une certaine nonchalance dans sa posture. Ces mots tournent en boucle dans ma tête. Comment aurait-il voulu que cela se passe ? Il me coupa dans ma réflexion, m'obligeant à garder le silence.

"Je ne le voulais pas, mais j'ai...nous avons dû agir pour le bien du groupe..."

Il a entièrement raison et ça me gêne de l'admettre. Je marmonne sur un ton plutôt neutre :

-Je le sais.

Cela veut tout dire. Pour moi, il n'y a rien de plus à ajouter. Je ne désirais pas discuter et je venais d'y être contrainte. Que pouvait-il faire de plus ? Laisser le gorille tuer d'autres personnes du groupe ? Me tuer ? Nos vies étaient devenues bien trop précieuses pour que l'on accepte un tel danger parmi nous. J'ai pourtant envie de hurler. De lui crier dessus. De lui faire regretter son geste. Je serre les poings et les dents. Baissant mon visage pour fixer le sol. Il ne doit pas voir ma souffrance. Mes yeux au bord des larmes. Je tente de me ressaisir. De me contrôler. Cela ne me ressemble pas de perdre pieds si facilement. C'est à ce moment précis que dans un murmure les mots s'échappent de ma bouche :

-Tu n'es qu'un monstre !

Plus rapide que l'éclair, je n'ai su les retenir. Trop tard. Je les ai prononcés et le regrette déjà. Je ne serais pas surprise qu'il tourne les talons, il n'a pas dû venir ici pour se faire insulter par une jeune femme fraîchement sortie de l'adolescence, sûrement encore qu'une gamine à ces yeux.
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Re: I didn't want it, but I had to do it

Ven 26 Aoû 2016 - 0:11


-Je le sais.

Norman baissa la tête et fixa quelque instant la demoiselle, puis un léger sourire s'installa une fraction de seconde; son regard parcouru le gymnase . Il n'y avait personne, tout le monde était occupé ailleurs. La visite des singes puis du gorille avait mis en alerte le groupe, puis apparemment, une nouvelle menace montrait le bout de son nez. Lui qui pour plaisanter avait prédit l'arrivée d'un félin, après celui des hominidés, bah il aurait mieux fait de ne rien penser. Bordel ils ne pouvaient pas être tranquille ? Respirer un peu. L'épidémie était déjà assez chiante comme ça.

Norman reporta son attention sur la rouquine qui avait les poings serrés et le regard fixé sur le sol. -Tu n'es qu'un monstre ! L'électricien haussa les sourcils d'étonnement. Sa phrase malgré son murmure avait raisonné dans sa tête comme un hurlement de désespoir. Sa voix était fragile et pleine de haine.

"Merci..."
Oui, c'était la seule qui avait osé lui dire que son geste était horrible. Norman n'était pas fièr d'avoir tué cette majestueuse bête, mais il avait dû le faire pour le bien de tout le monde. Cela ne justifiait pas intégralement son geste. "Si être un monstre veut dire protéger les siens, alors ok." Norman s'assit au côté de Jessie et soupira doucement avant de tourner la tête vers elle et reprendre. "Si tu veux, me crier dessus, me frapper, alors fait...Mais ne reste pas comme ça à ruminer ta haine et ta peine...Ce n'est pas un bon truc"

Il le savait par expérience, garder les choses enfouit en soit n'était pas quelque chose de bon. Cela emmenait très vite à la folie. "Maintenant, si ma présence te dérange, je peux dégager ou je peux rester là à te servir de punching-ball" dit-il en faisant un sourire en coin. Les discussions sérieuses ce n'était pas son fort, il préférait jouer sur l'humour et tenter de combattre les conflits par des sourires. "Sache seulement que si tu as envie de parler, malgré la haine profonde que tu as envers moi en cet instant, je suis là..." dit-il d'une voix sincère et calme.

Jessie ne voudrait probablement pas se confier à lui et cela il le comprenait complètement. Elle devait le haïr d'avoir assigné le coup de grâce.
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Re: I didn't want it, but I had to do it

Sam 3 Sep 2016 - 18:32

"Merci..."

Il me remerciait. Sérieusement ? Je le dévisageais interloquée. Pourquoi me remerciait-il ? Pour lui dire ce que je ressentais vraiment ? Pour ne pas faire comme toutes ces cruches lui tournant autour et le flatter... Pour ça pas besoin de me remercier, c'était un plaisir. Il coupa court à mes réflexions le concernant par des mots qui me firent relever la tête.

"Si être un monstre veut dire protéger les siens, alors ok."

Je me repassais sa phrase en boucle dans ma tête, ne prêtant pas attention au fait qu'il s'assied à côté de moi. Il soupira avant de me regarder, mon regard croisa le sien. Il était vraiment peiné par son geste. Je voyais dans son regard qu'il n'était pas fier d'avoir abattu le gorille mais qu'il était nécessaire de le faire. Je devais pouvoir comprendre cela, l'accepter était une autre paire de manche. Devais-je me résoudre à accepter la barbarie sous prétexte que c'est pour notre bien, notre survie ? Ou devais-je nous laisser aucune chance au détriment de créatures animales plus puissantes et des rôdeurs ? Il finit par me faire une proposition alléchante, je pouvais me défouler sur lui sauf que je n'étais pas douée pour m'exprimer que ce soit verbalement ou corporellement. Pas besoin qu'il se moque de moi car je ne sais pas frapper. Je finis par me résigner.

"Maintenant, si ma présence te dérange, je peux dégager ou je peux rester là à te servir de punching-ball"

M'annonça-t-il avec un sourire en coin. Il ne me dérangeait pas vraiment, je ne me sentais pas particulièrement à l'aise en sa présence mais je ne ressentais pas l'envie de fuir les lieux comme la peste. Les genoux contre ma poitrine et le menton posé sur ceux-ci, je l'observe sans ciller.

"Sache seulement que si tu as envie de parler, malgré la haine profonde que tu as envers moi en cet instant, je suis là..."

Je le vis sincère et honnête. Comment pouvait-il accepter mon dédain à son égard avec une tel facilité ? Je l'écoutais sans répliquer depuis un bon moment et il était toujours là. En avait-il besoin ? Je ne sais pas ce qui se passe dans sa tête mais quelque chose me dit que ça l’ennuierait de devoir partir. Mes lèvres s'étirent en un léger rictus ressemblant presque à un sourire. J'aimerais pouvoir répondre et discuter avec autant d'aisance que lui mais tout ceci me paraît bien compliqué. Je cherche mes mots. Comment exprimer ce que je ressens ou ce dont j'ai envie... Il doit bien se rendre contre que je cherche au fond de moi des réponses à lui donner. Mais rien ne sors. Silencieuse. Je me détends. Je souffle. Je meurs d'envie de le frapper, là, un bon coup de poing dans l'épaule. Sans que je m'en aperçoive mon poing rencontre son épaule. Je l'ai cogné. Enfin, si on peut appeler cela cogner. J'ai les yeux écarquillé, presque confuse par ce qui vient de se produire je ne trouve pas mieux à répondre que :

-Ta présence ne me dérange pas !

Idiote. Qu'est ce qu'il me prend ? Voilà, que je cogne sur des inconnus. D'un autre côté il n'a pas tout à fait tort qu'est ce que ça fait du bien. Un bien fou. Une sensation de libération qui me procure le désir d'essayer à nouveau. Il est toujours assis à côté de moi. Je me met à genoux face à lui et le pousse avec force tentant de le faire tomber en arrière. Je recommence plusieurs fois en m'énervant sur le fait que je ne parvienne pas à le coucher sur le sol.

-Je ne te haïs pas.

Qui croirait ces mots en me voyant m'exécuter de la sorte pour le mettre au sol alors qu'il est seulement assis. Je met tout en œuvre pour le clouer au sol en y mettant tout le poids de mon corps. Sans grand succès. Contrainte de me résoudre à cet échec, je rue son torse de coup de poing qui ont l'effet d'un massage sur lui quand on sait la force que j'ai. Celle d'un moucheron. Je me ridiculise, comme toujours. Fronçant les sourcils, ma crise passée je me détache de lui pour retomber sur mes fesses et lui faire face, ajoutant froidement :

-Tu es vraiment nul comme punching-ball, tu sais ?

Il est vrai qu'il ne fit pas d'effort pour que je me sente à la hauteur. Et je me sens vraiment nulle en cet instant. Nulle de lui avoir dit qu'il était un montre. Nulle de le frapper pour me défouler alors qu'il n'y est pour rien. Nulle, de lui en vouloir autant. Je crois que j'avais seulement besoin d'un coupable et il en faisait un idéal. Un peu honteuse, je détourne le regard pour fixer l'endroit ou il y avait anciennement les gradins du gymnase.

-Tu as raison d'accepter d'être un monstre si c'est pour protéger les tiens et j'ai tort de te le reprocher. Moi, j'ai jamais eu le courage de faire quoi que se soit...

Ma gorge se serra et ma voix s'étrangla. Les larmes me montaient aux yeux et je les ravalais pour ne pas faiblir devant un inconnu et un homme qui plus est. J'ai l'impression que le sol se dérobe sous mon corps et que je vais vaciller. Pourtant, je suis toujours là. Toujours aussi distante. Je tente de faire diversion en changeant de sujet et interroge :

-Pourquoi as-tu voulu rester avec moi après ce que je t'ai dit ?

Ma question n'était peut-être pas sans arrières pensées, je me méfiais tellement des gens que j'en oubliais de m'intéresser à eux. Je ne posais que trop rarement des questions personnelles et je n'appréciais pas plus que ça que l'on m'en pose. Mystérieuse ? Peut-être mais surtout apeurée par l'attachement et la douleur que la perte peut procurer. Je jouais machinalement avec une mèche de mes cheveux et commençais à me soucier de ce jeune homme s'étant installé à mes cotés quelques temps plus tôt. Lui avais-je fait mal ? J'en doutais mais je ne pouvais en être certaine. Mon regard trahissais mon inquiétude à son égard et j'étais ravie de ne pas le regarder en face.
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Re: I didn't want it, but I had to do it

Mer 7 Sep 2016 - 3:04

Norman observait le gymnase, il s'imaginait encore les parties de basket qu'il y avait dû avoir ici. Les parents et les amis dans les gradins, les cheerleader non loin du panier qui faisait leur chorégraphie. La salle était maintenant, vide et sans vie. Il y avait eu beaucoup de mort et à certain endroit on pouvait apercevoir le sang qui avait coloré le sol. Une légère frappe sur son bras lui fit tourner la tête vers Jessie.

"Ta présence ne me dérange pas!"

L'électricien arqua un sourcil, pourquoi le frapper alors s'il ne dérangeait pas ? Elle était bizarre cette gamine. La rouquine se plaça devant lui, elle tentait désespérément de le faire tomber à la renverse. Norman avait posé ses deux mains derrières lui et la laissait faire. Il n'y avait aucune chance qu'elle le fasse tomber et si c'était le cas, alors il aurait retourné la situation à son avantage.

"Je ne te hais pas"

Maintenant, elle ne poussait plus, elle lui donnait des coups de point dans le torse. Norman avait envie de la remercier pour cet agréable massage mais il ne disait aucun mot. Elle laissait libre place à sa colère et ses sentiments enfouis. Si ça pouvait la soulager alors, elle pouvait continuer jour et nuit, mais Jessie abandonna rapidement et lui fit face.

"Tu es vraiment nul comme punching-ball, tu sais ?"

Norman se mit à sourire intérieurement. C'est vrai qu'il aurait pu simuler un peu ou laisser du mou, mais ce n'était pas l'aider. Si un jour elle devait se battre alors, ce serait la fin pour elle, et ça ce n'était pas son but. L'électricien voulait protéger le plus de monde même si pour ça il s'oubliait parfois.

"Je ne pense pas que tu es tort de me le reprocher. Nous agissons tous différemment, c'est tout. Dire que tu n'as jamais eu le courage de faire quoi que ce soit, je ne dirais pas ça, sinon tu ne serais pas là... Tu as eu le courage de continuer, de survivre à cette épidémie qui fait rage."

Norman posa une main sur la joue de Jessie et replaça une de ses mèches de cheveux derrière son oreille. "Ne te dévalorise pas, j'ai voulu rester là, parce que je sais ce que s'est. Le fait de tout garder à l'intérieur de soit." Le garçon se leva et obligea Jessie à le suivre. Il se plaça devant elle et attrapa sa main droite qu'il souleva vers lui. Il lui fit fermer le poing et s'auto frappa le creux de la main. "Tu es trop souple dans tes frappes, si tu as le poing ferme et que tu frappes sèchement sans allonger ton coup, tu feras mal."

L'électricien se recula un peu et écarta les bras. "Vas-y frappe et attention ! La main bien ferme sinon tu risques de te faire une entorse ou pire te casser le poignet."
Norman fit un sourire et ajouta : "Pas besoin de te retenir ici, y a que moi, si tu veux pleurer alors pleure, moi aussi je pleure, ce n'est pas une honte, ça fait du bien, si tu as envie de hurler, hurle et si tu as envie de faire mal, alors donne tout ce que tu as...Par contre, on évite les coups en dessous de la ceinture !"

Mieux fallait prévenir que guérir, il tenait beaucoup à ses bijoux de famille.
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Re: I didn't want it, but I had to do it

Mer 7 Sep 2016 - 19:05

Délicieuse faiblesse qui ne m'aide pas à me valoriser, pourtant lui qui ne me connaît pas parvient à trouver des mots, des phrases. Il pense que je suis courageuse. Que j'aspire à survivre. Que je me bat contre l'épidémie qui fait rage... Je soupire. Il ne sait pas. J'ai voulu abandonner tout ceci il y a quelques jours. J'ai voulu partir pour ne jamais revenir. Comment peut-il voir en moi tant de lumière alors que je croyais avoir perdu tout ceci. Ne plus être cette petite étincelle de vie prête à tout pour que le monde retrouve ces couleurs. Il accepta mes reproches sans broncher. Une leçon de sagesse venait de m'être donnée. Puis dans un geste doux sa main frôla ma joue, un contacte chaleureux et si soudain que j'en reste pétrifiée. Il replace une mèche de cheveux derrière mon oreille avant de se détacher de moi. Je ne prononce plus un mot, il m'a perturbé plus que je ne l'aurais voulu. Je le fixe. Silencieuse.

"Ne te dévalorise pas, j'ai voulu rester là, parce que je sais ce que s'est. Le fait de tout garder à l'intérieur de soit."

Plus qu'un conseil, un ordre. Une réponse légère mais loin d'être déplaisante. Je souris timidement. Il sait ce que c'est de tout cacher aux autres alors il sait à quel point c'est compliqué de s'exprimer. Il se leva et se pencha vers moi pour m'aider à me redresser. Je n'ai pas le choix. Je le vois à son regard plus que déterminé. Je m’exécute pour lui faire face. Ma main droite est au creux de la sienne, tiède, ferme. Il me fait serrer mon poing et je me laisse guider. Mon point heurta le creux de sa paume. Où veut-il en venir ? Je ne sais pas encore mais il reprend :

"Tu es trop souple dans tes frappes, si tu as le poing ferme et que tu frappes sèchement sans allonger ton coup, tu feras mal."

Comment ça trop souple ? Trop mole ? J'analyse. J'écoute. J'apprends. J'aime apprendre et je retrouve l'étincelle qui m'anime. Consciencieuse, je répète le geste qu'il m'a montré avec lenteur et application. Il se recule de quelques pas. Je fronce les sourcils interrogative. Que prépare-t-il ?

"Vas-y frappe et attention ! La main bien ferme sinon tu risques de te faire une entorse ou pire te casser le poignet."

Quoi ? C'est si dangereux que ça que de frapper quelqu'un ? Je ne suis pas certaine d'avoir envie de me faire mal. J'hésite. Je dois frapper. Je n'en ai plus envie maintenant, du moins pas sur lui. Incrédule, je vois bien qu'il ne s'en aperçoit même pas. Il me sourit en voyant que je me retiens et ajoute :

"Pas besoin de te retenir ici, y a que moi, si tu veux pleurer alors pleure, moi aussi je pleure, ce n'est pas une honte, ça fait du bien, si tu as envie de hurler, hurle et si tu as envie de faire mal, alors donne tout ce que tu as...Par contre, on évite les coups en dessous de la ceinture !"

Une révélation. Les hommes savent pleurer et l'admettre. Je l'admire pour cette confession. Oui, nous sommes seuls ici. Il se peut que j'ai envie de m'ouvrir mais je ne sais pas m'y prendre, il détend l'atmosphère. Il a toujours un petit mot pour me faire sourire, c'est ce que je remarque depuis que j'échange avec lui. J’apprécie cette petite attention qu'il m'offre. Je m'efforce de me concentrer et de ne pas me laisser déstabiliser par sa personne. Je suis prête. Poing fermé. Frappe sèche. Main ferme et contracté sinon je risque de me blesser. Pas de souplesse. Pas de coup allongés. Je me répète inlassablement ces consignes et je m'exécute. Un coup. Je n'ai pas mit de force. J'appréhende le geste. Je n'ai pas envie de lui faire mal.

-Tu es sûr de toi ? Tu veux que je frappe vraiment ? Non, pas que je pense te faire mal mais j'ai pas envie que cela arrive... tu vois ? Et promis je ne te frappe pas là où il ne faut pas.

Je ris de bon cœur. Je n'ai pas envie de lui ôter sa virilité et que toutes ces groupies m'en veuille à mort. Je trouve l'idée plus suicidaire que les rôdeurs. Ravie qu'il ne sache pas lire dans les pensés, je m'éclaircis la gorge pour me recentrer. Mon bras s'étant légèrement, sèchement et mon poing rencontre les abdominaux de mon adversaire. Un coup bien réalisé mais sans réellement de vigueur ou de force. Je recommence. Plus assurée. Je me focalise sur mon objectif et j'alterne droite, gauche. J'augmente le rythme tout en mettant un peu plus de cœur à l'ouvrage. De la force. J'hésite encore. Il m'a demandé de me lâcher et je n'y parviens pas, j'aimerais pourtant. Pour lui montrer que je suis à la hauteur, que je peux être à la hauteur. Mais je maîtrise toujours l'impacte. Je ralentis mon geste. Je n'appuie pas le coup.

-Excuse moi... Je ne sais pas me laisser aller.

Je suis sincère. L'exercice m'est plus difficile qu'il n'y paraît. Bien que j’acquière la technique et la dextérité avec rapidité, je ne parviens pas à perdre le contrôle pour y mettre de la force. Il me manque le punch. Néanmoins j'apprécie l’exercice, le contact de son torse à celui de mes poings serrés. Je me sens apaisée en quelque sorte vu que mon esprit se focalise sur autre chose que ma tristesse, j'oublie. J'oublie ma rage, mon envie de vociférer à son encontre. Et je ne vois plus que mon bras qui se tend et détends sèchement, qui cogne à un rythme régulier. Un petit tambour sourd qui exécute sa besogne.

-Ça faisait longtemps que j'avais pas fait un peu de sport... j'étais pas nulle !

Je me confie sur un point. C'est vrai que j'adorais le sport au lycée et que je suivais avec intérêt toute les rencontres sportives de Will. Cette époque ou je l'encourageait lors de ces matchs me manque terriblement, un air nostalgique passe dans mon regard et je souris bêtement. Je me suis arrêtée de frapper sans vraiment m'en apercevoir. Un instant. Bref. Je me remémore sa lettre de départ. Un sentiment de rage m'envahit et je frappe Norman avec puissance cette fois. J'ai besoin de lui dire à quel point je le déteste de m'avoir abandonné ici, toute seule. Je cogne. Les larmes inonde mon visage et je refuse de relever la tête, préférant me noyer dans les coups de poing qui martèlent le corps de mon partenaire. Je suis prête. Je le sais. Petit coup. Détente rapide et efficace. Impact puissant. Je recommence. Position implacable. Poignet et main fermement aligné. Pas d'entorse ou pire. Je sais. J'ai comprit. Puis des mots m'échappent malgré moi :

-Tu n'avais pas le droit... will.

Je cris. C'est bien la première fois. Je ne suis pas certaine d'aimer ce que je ressens en ce moment mais au moins je l'ai dit. C'est à lui que je dois toute cette colère enfouie. A lui que je dois la noirceur de mon cœur. A lui que je dois le fais de me renfermer et de m'isoler pour ne plus souffrir. Je finis par me laisser tomber sur le sol à genou.
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Re: I didn't want it, but I had to do it

Mer 14 Sep 2016 - 0:42


-Tu es sûr de toi ? Tu veux que je frappe vraiment ? Non, pas que je pense te faire mal mais j'ai pas envie que cela arrive... tu vois ? Et promis je ne te frappe pas là où il ne faut pas.

Oui il était sûr de lui, sinon il ne lui aurait pas fait la proposition de lui servir de punching-ball. Vu la force qu'elle avait mise pour essayer de le faire tomber, il était très peu probable qu'elle lui arrache une grimace à le frapper. Enfin, après elle pouvait très bien cacher son jeu et lui décoller un bon crochet du droit pour ce venger d'avoir tuer Kerchak. Le garçon hocha la tête et partagea son rire avant de prendre un air plus sérieux. Bien, concentré, il contracta les muscles de son torse et laissa libre cours au coup de Jessie. La demoiselle commença par un léger poing, qui ne le fit pas sourciller puis elle enchaîna des gauches, droites et s'arrêta pour s'excuser.

-Excuse moi... Je ne sais pas me laisser aller.


Il haussa les épaules et fit un sourire en coin : "Ce n'est pas grave, ça viendra, t'inquiète pas, j'ai mis du temps à craquer mon enveloppe, on avance tous à notre rythme."

La rouquine se remit à frapper, avec encore moins d'entrain que la première fois. C'était des caresses pour lui, un petit moment de massage bien mérité. Norman avait eu envie même de mimer l'ennui, mais il n'était pas là pour la rabaisser, au contraire, il devait réussir à la faire lâcher prise, qu'elle s'extériorise un peu.

-Ça faisait longtemps que j'avais pas fait un peu de sport... j'étais pas nulle !

Norman arqua un sourcil et fit un sourire "Bah écoute, si le sport t'intéresse toujours, je suis partant pour être ton partenaire, bon, j'aimais bien le football à l'époque, mais je me suis retranché sur la musculation et la course. Ça reste du sport, mais c'est un peu moins collectif."

Jessie se perdit dans ses songes et le garçon la fixait, là, elle ne bougeait plus, apparemment quelque chose la fit sourire mais son humeur changea rapidement et là il comprit à son coup que la haine parlait, elle avait craqué un pan de son mur, il avait réussi à fissurer une partie de sa carapace. Elle martelait son torse et Norman l'obligea à ce caler contre son torse, elle pleurait. Apparemment ce Will était la cause de son enfermement. Il avait toutes une bête noire et Norman avait réussi à mettre le doigt dessus en quelque minute.

L'électricien serra un peu plus son étreinte et déposa son menton sur le haut de la chevelure rousse. Il lui caressait le dos pour la calmer, pour lui montrer qu'elle n'était pas toute seule, les jambes de la rousse cédèrent et elle se retrouva à genoux au sol, Norman avait un peu amorti sa décente vers le bas et déposa lui aussi ses genoux sur le sol. Il se recula un peu d'elle et essaya tant bien que mal de découvrir son visage, les mèches de ses cheveux collaient à ses chaudes larmes. Il tenta d'essuyer le plus de liquide possible avec ses mains et déposa ses fesses sur ses pieds, le faisant reculer un peu plus.

"Ne t'excuse pas ou ne soit pas honteuse... Je ne suis personne pour te juger." Norman fit un tendre sourire et ajouta "Si tu veux me parler de ce Will, je t'écoute et si tu ne veux pas être toute seule à te confier alors pose moi des questions sur mon passé, sinon on peut rester là, à se regarder dans le blanc des yeux, mais ce ne sera pas très enrichissant..."

Si elle voulait parler, alors il serait ravi de l'écouter, il n'avait pas peur de parler de son passé, les séances chez le psy  étant adolescent lui avait appris à ne pas garder ses sentiments trop enfoui et de laisser parler sa haine sur le moment. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas ressenti cette impression d'être tendu, ou d'avoir les larmes au bord des yeux à la moindre provocation. A l'époque Norman pouvait pleurer alors qu'il était en colère, son adversaire se foutait en général littéralement de sa gueule mais finissait par pleurer de souffrance quand le garçon lui rétamait sa tronche à coup de haine.
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Re: I didn't want it, but I had to do it

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