How to understand an artist?
Dim 18 Sep 2016 - 18:14
Encore et toujours le même banc. Les mois défilent et ils n'ont pas vraiment d'impact sur ce vieux banc de pierre autre blanche aujourd'hui grisâtre. Je me réfugie souvent ici pour étudier, cogiter, m'isoler et écrire dans mon journal. C'est ce que je suis venue faire en ce début d'après-midi ou le soleil se fait timide en tentant quelques apparitions au milieu des nuages. Toujours fidèle à moi même je m'installe. Assise. Jambes croisées. Mon journal sur mes genoux. Je commence à écrire mes cheveux se balançant devant mon visage, de temps en temps je relève la tête pour essayer de formuler mes sentiments. Un travail de longue haleine pour moi. Mon stylo gratte le papier tandis que je soupire en levant les yeux au ciel.
Douce illusion. Lorsque que l'on vous fait croire qu'il est utile de se reconstruire dans ce bourbier. J'en ricane. J'y ai pourtant cru, mais voilà le résultat est bien moche. Quoi que tu fasses dès que tu t'attaches, tu souffres. Thalia et Ian me l'on prouvé. Des jours et jours que l'un comme l'autre sont absents. Des excuses. Des non-dits. Au début je me suis dit qu'ils avaient chacun de leur côté trop de travail à fournir pour la communauté, qu'ils n'avaient pas le temps pour moi. En faite, la réponse est qu'ils préfèrent passer du temps ensemble à présent au point de m'oublier. Ian n'a même pas prit le temps de m'évaluer sur le travail qu'il me donne depuis déjà une semaine. J'ai l'impression qu'il fait ça pour se débarrasser de moi. Étrange. Après notre conversation pour mettre les choses à plat je pensais qu'il serait fier et flatté que j'ai tant d'estime pour lui, mais je me suis fourvoyée. Une fois de plus. Je ne l'ai pas vu venir se rapprochement. Ian me semblait si détruit. Si mal. Jamais je n'aurais cru le voir se rapprocher d'une autre femme aussi rapidement, certes je lui ai conseillé d'oublier Rosaleen car elle le faisait souffrir sans la moindre explication. Mais de là à se jeter dans les bras de Thalia si rapidement... Thalia en plus. Celle que je considère comme une grande sœur. Chacune veillant sur l'autre depuis le décès de son mari. Même elle me met à l'écart. Et je ne sais pas. Je ne suis pas censée savoir mais j'ai des doutes. Je les ai vu s'embrasser à l'abri des regards. Oui, je sais que ce n'est pas très malin de ma part de les avoir suivit, seulement je voulais en avoir le cœur net. Maintenant que c'est fait, je me suis réfugiée ici, sur ce banc pour ruminer. Seule. Encore et toujours plus seule. Pourquoi suis-je à ce point renfermée ? J'ai l'impression d'être trop mature pour mon âge et trop jeune pour comprendre. Nous ne sommes pas nombreux à Emerald dans ma tranche d'âge et je dois avouer que cela me pèse beaucoup. Sachant que je ne facilite la tâche à personne, je me montre distante. Solitaire. Renfermée. Selene ajouterait complètement coincée. Elle avait tendance à me faire plus ouverte, elle m’entraînait vers l'extravagance mais nous n'avons pas eu le temps d'approfondir avec ce joyeux bordel. Je ne sais même pas si elle a survécu et à force de toujours penser qu'à Will et mes parents, j'en avais oublié mon amie de fortune. Si Selene était ici avec nous, elle péterait les plombs. Elle m'aurait surtout secoué les puces. L'idée me fait sourire. Je l'entends me sermonner et me dire de prendre le taureau par les cornes. Je crois même qu'elle serait déjà prête à affronter les rôdeurs elle.
Je ris. Seule. Mes pensées me rende plus légère. J'aime toujours autant écrire, c'est mon petit jardin à moi. Je entrain de papillonner quand un insecte volant vient me tourner autour. Je ne suis pas rassurée. Je grimace. L'angoisse se lit sur mon visage tandis que je tente d'analyser la nature de la bestiole. Son bourdonnement me stresse et je constate qu'il s'agit là d'une guêpe. J'en ai la phobie. Au point de détaller comme une furie avec mon journal perdant mon stylo au vol. Je cours. Je regarde derrière moi si l'insecte me poursuit. Puis je heurte quelque chose. Je suis stoppée net dans ma course folle. Sur les fesses, un peu sonné j'ai face à moi un homme et autour de moi un tas de feuilles éparpillées. Je suis confuse. Mon journal se trouve au milieu de tout ce fourbis. Je ne le vois pas. Je commence à rassembler les feuilles autour de moi avec soin.
-Pardon. Je suis désolée. Je...
Ma phrase demeure en suspens. Ce sont des dessins que je range, des portraits plus exactement... de moi. Je me reconnais sur certains croquis et j'en reste perturbée. Je tourne les œuvres entre mes mains complètement abasourdie. C'est bien moi, pas d'erreurs possible. Je lève les yeux sur l'homme. Depuis quand ce cinglé me dessine ? Je ne suis pas la seule à l'inspirer visiblement mais je suis choquée. Il a certes un bon coup de crayon ponctué d'une certaine obsession. Je le dévisage bouche bée. Je me montre impolie et désemparée. Je tiens un éventail de feuille entre mes mains comme si j'attendais une explication à cette soudaine révélation. Je secoue la tête l'air d'attendre ma réponse, les yeux rond comme des billes et mes iris bleu un laser entrain de le foudroyer. Je suis toujours assise sur le sol à choir comme une imbécile. Cette rencontre impromptue à eu le mérite de me faire complètement oublier cette pauvre guêpe à la recherche de nourriture très certainement. Devant son mutisme, je m'agace :
-C'est normal tout ces croquis de moi ? Ça fait longtemps que vous m'observez en douce ?
Mon ton est plus sec que je ne l'aurais voulu mais il faut comprendre que je suis un brin surprise par cette découverte des plus anormales. Personne n'espionne une gamine de dix-huit ans pour la coucher sur du papier ? Je dois admettre que ça me ressemble énormément mais ce n’est pas suffisant pour m'apaiser en cet instant.
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Re: How to understand an artist?
Dim 18 Sep 2016 - 23:58
Pour une fois, il faisait beau. Enfin Ayden pouvait retrouver ses sorties à l'extérieur pour recommencer à dessiner. C'est ce qu'il faisait quand il n'était pas avec Rosaleen ou avec Seth. Tant mieux, être seul, ça ne faisait pas de mal et puis, il pourrait reprendre le temps de faire sa bande dessinée pour les gamins. Certains réclamaient la revue de plus en plus souvent. Comment leur faire comprendre que ça prenait beaucoup de temps ? Et puis surtout, il s'inspirait des gens du camp pour mettre en place des histoires. Dans tous les cas, son petit plaisir était tout trouvé, il irait se dégourdir les jambes. Carnet ouvert entre les mains, sacoche en bandoulière, l'homme ne regardait pas vraiment devant lui, se contentant de laisser défiler les croquis, portraits et autres œuvres à mesure que les pages tournaient.
Et PAF ! C'est le drame.
Quand on disait qu'il fallait regarder où on allait, c'était pour ça. Parce que lorsqu'on ne voyait pas où on allait, on se faisait rentrer dedans ou alors, on fonçait dans quelqu'un. Le carnet de l'illustrateur ainsi que de nombreuses feuilles, rajoutées avec le temps, s'éparpillèrent autour de lui et de la personne bousculée. Un coup d'oeil vers l'individu et il retint un sourire. Jessie, la petite demoiselle qui traînait souvent avec Thalia ou alors à l'infirmerie avec Ian. Il avait déjà pu constater que la toute jeune femme avait cette tendance à s'enfermer dans sa bulle comme le témoignait les croquis qu'il avait pu faire d'elle, pour les fois où il était parvenu à la voir, même de loin. Elle avait un je-ne-sais-quoi attendrissant. Sans doute son jeune âge. Cependant, elle, n'avait pas l'air d'apprécier l'idée d'être le centre d'intérêt, se mettant même à gronder comme s'il s'agissait d'une faute. L'observer en douce ? Quoi ? Mais le muet ne s'était jamais caché quand il dessinait quelqu'un, tout le monde le savait qu'il avait tendance à poser les différents visages sur ses feuilles. Enfin... Tout le monde sauf... Elle. Son ton agressif à mesure qu'elle réclamait des explications au français faisait comprendre, à son sens, qu'effectivement, quand elle s'enfermait dans son monde, elle ne le faisait pas qu'à moitié. Est-ce qu'elle s'attendait vraiment à ce qu'il parle ? N'avait-elle donc pas entendu parler de l'illustrateur muet ? Pourtant, ce n'était pas comme si on n'avait pas parlé de lui à un moment, surtout quand avec Kaycee, ils avaient fait la fresque commémorative après la rébellion, pas comme si le fils Lockharts n'avait pas parlé à ses copains les peintures sur les murs dans la chambre de Rosaleen. Bref, en général, on savait que c'était lui, le mec qui parlait jamais...
Soupirant, s'agaçant déjà d'un tel accueil, l'homme récupéra ses feuilles, son carnet et prit le second bouquin étalé sur ses travaux. En l'observant un peu, il comprit que ça ne lui appartenait pas et tendit l'objet à son propriétaire. Sa main de nouveau libre, l'homme prit un stylo dans sa sacoche et se mit à rédiger un billet.
- Ouais, ça va faire un an que je t'observe. Toi, comme tout le monde dans ce camp. Tu as vu mes dessins, il n'y a pas que toi. Vieux comme jeune, je prend tout le monde pour modèle, Jessie. Si ça te plaît pas, alors je ne le ferai plus, je peux même aller à jeter mes dessins de toi. Pourrais-tu être plus agréable maintenant ?
Agacé qu'on avait dit ? Oui, pour le coup, il grinçait presque des dents, le monsieur. Après une longue inspiration, il expira pour finalement lâcher un soupir. Bah ! Pourquoi se fâcher, ça ne servait à rien, après tout. S'excusant d'un mouvement de tête, Ayden se décala pour rejoindre un coin de cour. C'était malin, maintenant il devait ranger chaque papier selon la catégorie du dessin et puis les portraits aussi, selon les dates de créations. Punaise, ça allait prendre une plombe...
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Re: How to understand an artist?
Sam 24 Sep 2016 - 14:40
Tout s'emmêle dans mon esprit, comme cette tornade blanche qui vient d'éclater. Silencieuse. Violente. Je le fixe avec mon expression renfrognée. Je ne suis pas aimable, je dois l'admettre mais ça ne me semble pas très important. Pourquoi me dessine-t-il ? Je ne sais pas. Ce que je vois de moi me paraît étrange. Je semble si lointaine. Absente. Il capte des instant où je suis trop concentrée pour m’apercevoir de quoi que se soit autour de moi. Est-ce volontaire ? Encore une fois je n'ai pas les réponses. Il soupire d'agacement. Fronçant les sourcils surprise que ce soit lui le plus agacé de nous deux, il me tend mon journal. Je m'en empare et tente un sourire de remerciement. Ce n'est pas un sourire mais une grimace. Un léger rictus en coin que je lui adresse, incapable de mettre mon mécontentement totalement sur la touche. Puis, il récupère ces dessins en me les arrachant presque des mains, ma poigne est douce et le papier glisse entre mes doigts. Il aurait pu me couper si il avait été plus vif dans son geste, mais heureusement je n'ai rien . Je suis seulement surprise. Je l'observe. Il sort un stylo de sa sacoche et se met à griffonner. Perplexe. Je patiente. Profitant de ce moment de répit pour me redresser. Je me relève sans la moindre douleur, ce qui est bon signe. Je n'ai visiblement rien de cassé ou de foulé. Je tape mes mains contre mes fesses et mes cuisses pour enlever les restes de végétation éventuellement resté dessus. J'ai les cheveux devant les yeux quand un mot est mit en évidence sous mon nez. Je le prend, entre mon pouce et mon index.
« Ouais, ça va faire un an que je t'observe. Toi, comme tout le monde dans ce camp. Tu as vu mes dessins, il n'y a pas que toi. Vieux comme jeune, je prend tout le monde pour modèle, Jessie. Si ça te plaît pas, alors je ne le ferai plus, je peux même aller à jeter mes dessins de toi. Pourrais-tu être plus agréable maintenant ? »
Je ne sais plus où me mettre. Je n'ai pas de mots. J'entre-ouvre la bouche pour parler mais je me ravise. Je suis stupide. Je n'avais pas réellement fait attention à lui, ni son physique et sur le coup je n'ai pas pensé au dessinateur. Ayden, je crois me souvenir de son prénom. Je me mord la lèvre inférieur confuse. J'ai presque honte de moi, de m'être ainsi comportée. Ce n'est pas à mon habitude mais il est vrai que ces derniers temps mes émotions me jouaient de sales tours. Immobile. Je ne sais plus quoi faire. Je le laisse soupirer et s'éloigner. Ayant remarqué sa mâchoire serrée, je me fais toute petite et me concentre sur mes affaires. Mon journal n'a rien et je n'ai visiblement rien perdu. Soulagée. Je me détend un peu. La moue pleine de culpabilité que j'arbore, ne m'aide pas à me sentir mieux... Je n'y suis vraiment pas allée de main morte avec le français et j'aimerais au moins réparé ça. Comment ? Il me paraît très irrité. A le voir entrain de commencer à trier ces feuilles, je me sens mal. C'est un peu à cause de moi. D'un pas mal assuré, je me dirige vers lui peu fière. Je ne suis pas douée pour m'exprimer mais je fais un effort :
-Désolée... tu peux garder tes dessins de moi.
Je n'allais pas obligé cet homme à jeter ces œuvres simplement par ce que je me sentais mal à l'aise d'être observée et couchée sur du papier. Il avait réussit à capter des moments où je me croyais seule, révélant des expressions que je ne me connaissais pas. Il essai de trier ces œuvres. J'ai mit une sacrée pagaille et il a énormément de feuille à ranger. Il est peut-être maniaque ou simplement ordonné. Je pars du principe ou je lui dois bien un coup de main. Il n'a pas besoin de m'expliquer, je ne suis pas idiote et plutôt perspicace. Les portraits d'un côté et les paysages de l'autre, le tout classé par ordre de création du plus ancien au plus récent. Je prends un petit paquet de feuille posé à ces côtés et je commence à l'aider. Je n'ai pas envie de m'exprimer. Je ne ferais que lui faire perdre son temps si il devait sans cesse m'écrire un petit mot pour me répondre. Je ne connais pas la langue des signes et je ne suis pas très douée pour faire la causette. Alors, finalement sa compagnie est plutôt intéressante.
Je prends mon temps. Je suis minutieuse. Divisant les œuvres, je suis sa méthode de classification avec soin pour qu'il n'y ai pas d'erreur. J'espère lui faire gagner du temps et me faire pardonner de mon agressivité. Je n'ose même pas lui jeter un regard. Qui pourrait après ce que j'ai fait ? Je ne suis pas le genre de fille à monter en pression, mais ces derniers temps je trouve que c'est compliqué de garder son calme. Moi, je me sens toujours seule et vide. Je suis en colère après Thalia et Ian, et mon incapacité à leur exprimer me fait devenir impulsive avec ceux qui m'entoure. A mesure que le rangement s'opère je me sens me relâcher, comme si la cocotte minute que je suis venait de s'ouvrir pour laisser s'échapper la vapeur. Je n'ai plus de feuille entre les mains à part une. Un croquis de moi. J'esquisse un sourire. Je me trouve plus jolie vue par lui que de voir mon reflet dans le miroir. J'ai l'impression d'être vivante. Je sens son regard se poser sur moi et je relève la tête.
-Oh ! Pardon...
Je lui rends machinalement le feuillet pensant qu'il en avait besoin pour terminer sa classification. Je n'ai pas besoin de mot pour le comprendre, il est tellement expressif que c'est relativement simple je trouve. Je m'interroge et j'hésite à le faire de vive voie. Mon regard doit trahir ma curiosité mais je ne sais pas comment m'y prendre. Je crois qu'il n'y a pas réellement de réponses... Il ne me dessine pas que moi mais beaucoup de personnes du camps, dont certaines que j'ai pu reconnaître. Ce n'est pas du voyeurisme, j'ai saisit. Ces illustrations sont bien plus que cela, elles sont pour lui ce que mon journal est pour moi et je me sens bête à présent. Maintenant que je comprends, il doit me trouver ridicule. Je soupire. Dépassée par mes propres réactions. Je finis tout de même par questionner d'une petite voie :
-Pourquoi est ce que tu me dessines ? Je n'ai rien d'extraordinaire comparée à quelques autres de tes portraits que j'ai pu voir. En plus, je suis souvent dans ma bulle quand tu immortalise un instant me concernant...
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Re: How to understand an artist?
Jeu 29 Sep 2016 - 23:20
Comment est-ce que c'était possible qu'on pourrisse la journée de quelqu'un en si peu de temps ? Les phrases bidon sur Internet disaient vrai, à l'époque. Une seule personne pouvait tout changer et en l'occurrence, Jessie venait de changer la journée d'Ayden. Pour une fois qu'il ne se donnait pas d'air taciturne, voilà qu'on l'agaçait pour des broutilles. Le muet s'était éloigné de la petite rousse pour de laisser tomber sur un banc. Les nombreux papiers, ornés de travaux en tout genre, se virent posés sur la surface de bois. L'illustrateur soupira une nouvelle fois et prit une poignée de feuilles, les posant sur ses genoux dans le but de les trier et les ranger sommairement, se promettant de le faire plus en détails après, une fois au calme. Perdu dans ses pensées, l'homme ne capta la présence de la rousse que lorsque la chevelure de celle-ci se fit apparente dans le champ de vision du bonhomme n'ayant pas entendu ses excuses et l'autorisation qu'elle lui donnait. Ce dernier tourna alors la tête et ouvrit la bouche comme s'il cherchait à parler, surtout surpris de voir l'humeur changeant de la demoiselle. Est-ce qu'elle était lunatique, bipolaire ou une connerie du genre ? Non parce que juste avant elle lui hurlait presque dessus et là, elle venait aider le mec sur qui elle avait passé ses nerfs. L'artiste chercha à capter le regard de la jeunette, comprenant qu'elle l'esquivait volontairement. Aaaah, quand la culpabilité nous tenait, personne n'échappait aux envies de se faire pardonner. Haussant les épaules plus pour lui que pour les autres, le français se remit à sa tâche, profitant silencieusement du calme pour organiser ses dossiers.
A eux deux, le tas de feuilles s'organisait et le muet les plaçait dans son carnet selon ses propres critères, une à une, avec énormément de précaution, comme s'il s'agissait d'oeuvre d'art tel la Joconde ou Guernica ou même encore La nuit Étoilée. Bref, comme s'il s'agissait d'oeuvre de musée. Pensant d'ailleurs à ces lieux auxquels l'homme vouait un culte, il se demandait ce que devenaient les pièces rares, à quoi ressemblait désormais les salles entières vidées de ses touristes ou alors... pleines de grignoteurs... Chassant son questionnement, Ayden se tourna vers son acolyte pour prendre le dernier feuillet et se mit à sourire plutôt. La jeune femme admirait un des derniers travaux en date. Elle-même, concentrée sur son activité favorite, la lecture. L'artiste adorait ça, que les spectateurs constatent à quoi il ressemblait quand on osait leur voler un morceau d'intimité, quand on capturait l'image de ce qu'ils étaient vraiment. Et là, Jessie avait ce regard où un mélange de surprise, d'interrogation et d'appréciation trônait. En constatant que le muet l'observait, elle s'excusa une nouvelle fois et lui tendit l'objet du délit. L'homme, d'un geste doux, récupéra son portrait et se mit à sourire paisiblement, heureux de pouvoir dire que son précieux putain était revenu à sa place, dans ce carnet qu'il tenait tous les jours comme un besoin constant de noter en dessin ce que devenait leur vie à tous. La voix de la rouquine retentit une nouvelle fois alors qu'il s'étirait. Que lui répondre ? L'homme se mit à réfléchir un instant en se gratouillant la barbe puis il sourit, sortant son calepin de communication.
- Tu sais, je suis muet de naissance. Avec le temps, j'ai appris à m'exprimer comme je pouvais et le sommet de mon art se trouve dans mes illustrations. Tu as pu constater que je fais de tout et de rien. Aujourd'hui tu me demandes pourquoi je te dessine ?
Premier feuillet décrocher pour le tendre à la miss, attendant son approbation pour poursuivre ses explications plus en profondeur. L'autorisation obtenue, le muet se remit à écrire et au bout d'une poignée de minutes, il lui tendit son billet.
- Tu penses ne pas avoir quelque chose d'extraordinaire mais tout le monde a quelque chose de particulier. Je vois, je comprends, je ressens, ce que les biens portants ne peuvent pas capter. Quand je te dessine alors que tu es en pleine lecture, je constate que tu es dans ton monde, que tu échappes à notre réalité actuelle pour être toi-même dans des aventures lointaine. Enfin, c'est ainsi que je le ressens. Alors je pose sur papier ce que tu me fais voir. Tu es aussi extraordinaire que Thalia et son enfant, aussi extraordinaire que Jaden mettant en place le nécessaire pour nous faire survivre dans ce monde. Aussi extraordinaire que n'importe qui ici. Chaque dessin est un sentiment différent, une action différente, un univers différent. Si, dans quelques secondes sort pour fumer une cigarette, je voudrai dessiner cette personne parce qu'elle se demande comment faire pour s'envoler comme la fumée. Tu vois. C'est ce que je retranscris dans mes portraits.
Pendant que la demoiselle lisait, l'homme s'était déjà attelé à la tâche, dessinant tranquillement deux gardes qui échangeait leur équipement, quelques secondes plus tôt. L'un était épuisé et l'autre montrait qu'il voulait faire de son mieux.
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