Cela faisait plusieurs jours qu’elle marchait, ne sachant pas trop où aller. Shanti vagabondait tout simplement, s’éloignant le plus possible de ses bourreaux. Elle était seule désormais, plus de Dave, de Eric, de Manson. L’indienne préférait tout enfouir au fond d’elle et se concentrer sur sa survie. Cela lui occupait l’esprit et elle n’avait pas le temps de penser à ses anciens compagnons de survie. La jeune femme était même désormais peu tentée d’avoir un ou plusieurs compagnons de route. Si c’était pour s’attacher et les perdre ou pire, qu’elle revive des mois de cauchemars, non  merci. Dans ce monde, l’humain était horrible, pourri, c’est de cette façon qu’elle pensait et qu’elle imaginait penser jusqu’à ce qu’elle se fasse avoir par le jeu sordide de la mort.

Shantipriya marchait dans la rue, constamment en alerte. Les environs semblaient calme, pas un bruit autour de sa personne. Ce n’était pas pour autant qu’elle baissait sa garde mais elle ne pouvait s’empêcher d’être partagée entre un possible soulagement et la peur. Le soulagement de peut-être être tranquille pendant une heure ou deux et la peur que le danger lui saute à la figure, comme une “belle” surprise. La correctrice repéra un commerce entrouvert. Sortant son Glock, elle pénétra lentement à l’intérieur. Si elle trouvait pas de vivre, elle souhaitait seulement s’abriter du vent froid qui allait finir par geler ses doigts. Elle devait trouver des gants, les mitaines ne protégeaient pas ses doigts fins. L’indienne marchait discrètement, faisant le moins de bruit possible, elle observe les moindres recoins du lieu, pointant son arme contre une menace peut-être présente au sein du bâtiment.

Cela semblait être un magasin de vêtements pour homme. La Yash retenu un soupir d’agacement. C’était déjà une boutique qui vendait des fringues autrefois, mieux que rien. Elle trouverait peut-être des gants, même si la paire n’était pas à sa taille, tant qu’elle réchauffait ses paumes, Shanti se foutait éperdument si c’était trop grand. La solitaire continua d’avancer au sein du commerce quand elle entendit un bruit. Se figeant, elle se concentra sur le son. C’était devant elle, dans un coin du magasin. Aucun râle mais pour elle, cela ne voulait rien dire. S’avançant lentement, elle se tourna en direction du bruit. Ce n’était pas un mort, c’était un homme bien vivant qui fouillait près des vestes d’hiver. Il en avait bien besoin, il n’était pas assez couvert pour cet hiver. Elle le scruta un instant, lorsqu’elle voulut effectuer un mouvement, un nouveau bruit se fit entendre. Un bruit, venant d’elle lorsqu’elle avait écrasé un morceau de verre, venant d’une vitre brisée au dessus d’elle. ”Merde…” L’inconnu se retourna soudainement. En voyant la lueur dans son regard, Shanti sut de suite, que cela n’allait pas être une partie de plaisir. Au contraire, l’homme se jeta soudainement sur elle alors que l’indienne était sur le point de presser la détente. Les deux humains tombèrent au sol, le Glock de Shanti lui échappant des mains, elle se retrouvait seulement avec son canif caché dans sa poche. L’indienne fouilla la salle du regard avec rapidité, repérant son arme presque cachée en dessous d’un rayon, la panique lui prit aux tripes. La jeune femme tenta de se relever quand soudainement une brûlure atroce se fit ressentir dans sa jambe, la forçant à retomber lourdement sur le sol. Il venait de la planter avec un couteau, elle en était persuadée. Sonnée et grognant de douleur, elle voulut glisser sa main dans son jean pour récupérer son arme blanche mais la correctrice sentit une poigne lui comprimer la gorge. Instinctivement, ses paumes vinrent tenter de desserrer la prise sur son cou. L’air de parvenait plus à arriver jusqu’à ses poumons, les larmes lui montaient aux yeux alors que la brûlure sur sa jambe semblait être toujours plus agressive. Shanti comprit que cela ne servait de tenter de retirer les mains de son agresseur hors de sa gorge. Elle entreprit donc d’abandonner une de ses mains, la faisant glisser sur son jean pour atteindre son canif. La solitaire entendait de vagues “désolé” venant de l’inconnu.

”Malheureusement pour toi, je ne le suis pas.” La lame de son couteau pénétra le cou de l’individu, l’indienne l’observa silencieusement agoniser, le sang giclant hors de sa blessure alors qu’il poussait des plaintes douloureuses. L’arme de Shanti vint ensuite se loger dans son crâne, endommageant le cerveau. La Yash ne voulait pas se mettre dans une nouvelle situation dangereuse, surtout qu’elle était blessée. Repoussant le corps encore chaud à côté d’elle avec toute la force de ses bras, l’indienne se traîna ensuite contre le rayon en face d’elle, récupérant son Glock qu’elle avait perdu lors de l’altercation.

La survivante observa sa blessure. Elle ne pouvait rien dire, elle était pas médecin, elle savait juste qu’il lui fallait un garrot et sûrement cautériser la plaie. La solitaire était encore apte à le faire mais se serait compliqué de rester immobile et silencieuse. La jeune femme espérait juste que ce n’était pas particulièrement grave. Shanti voulut observer sa blessure de plus près mais son geste irradia sa cuisse de douleur, un grognement s’extirpant de ses lèvres.

Fixant le corps mort face à elle, Shantipriya entendit soudainement du bruit à l’extérieur, se rapprochant de la boutique. Une silhouette vint se poster devant la porte alors qu’elle le pointa avec son arme, légèrement tremblante mais le regard déterminé.

Un autre homme, grand, baraqué et brun, se tenait devant elle, l’observant, elle et sa blessure. Son regard ne semblait pas particulièrement menaçant mais Shanti avait toujours été méfiante. Son Glock restait pointé sur cet inconnu, le cadavre de son agresseur se trouvant entre eux.

”Ne bouge pas...si tu ne veux pas finir comme lui.” La correctrice n’avait pas réellement l’envie de tuer un autre humain aujourd’hui, aussi pourris qu’ils sont, ils restent vivants. Tuer un être vivant était toujours légèrement culpabilisant.

Grimaçant à la douleur ressentie dans son corps, elle fixait le survivant face à elle. L’indienne voulait qu’il se barre, qu’il lui foute la paix. Elle voulait de la tranquillité avant que des morts-vivants rappliquent ici et tentent de la bouffer.

”Casses-toi…” Sa voix était froide mais fatiguée, faisant perdre quelque peu la crédibilité du ton qu’elle avait pris. Si cet homme ne comptait pas partir, ce n’était pas son ordre qui allait le faire changer d’avis.

La lumière l'aveugla un instant, assez pour qu'elle baisse sa garde une fraction de seconde. Pourtant l'homme ne tenta rien, la fixant en souriant. Un sourire que n'apprécia aucunement la correctrice. Est-ce qu'il se foutait réellement d'elle ?

- Ce n'est pas une brindille qui va me dire ce que je dois faire. Moi aussi j'ai le droit de venir faire mes courses. En attendant, c'est pas moi qui suis blessé. Sa voix était plus douce que ce à quoi elle avait été habituée. Rien d'autoritaire, d'agressif ou de pervers. Lorsqu'il s'accroupit face à elle, Shanti se crispe, sa prise sur son Glock se resserre. Il a beau être plus "chaleureux" que les dernières personnes qu'elle a croisé, il se fout littéralement d'elle et ça ne lui plaît pas. L'indienne voulait juste qu'il aille se faire foutre.

- A mon humble avis, si personne, ou en l'occurrence je, ne t'aide pas, tu finiras très vite par te vider de ton sang, et ton cadavre servira de pâté pour infectés. Par contre décide toi vite, parce que le sang les attire. Et ils vont plus vite que tu ne le penses.

"Tu crois que tu m'apprends quelque chose, le grand malin ? Tu veux que j'applaudisse pour avoir remarqué ce que tout le monde sait ?" La Yash n'avait pas pu s'empêcher de répliquer mais avait résisté à l'envie de l'applaudir avec la plus grande moquerie qu'elle pouvait encore lui servir. Pour elle, cet inconnu faisait réellement son prétentieux parce qu'il se sentait en position de force.

Il s'éloigne d'elle, cherchant parmi les rayons, sûrement pour des vêtements d'hiver. Shanti sait qu'elle doit ravaler sa fierté. Si elle ne lâche pas l'affaire, elle va crever ici à côté de l'homme qu'elle a tué. Mourir d'hémorragie ou d'une balle dans la tête pour ne pas se faire bouffer vivante. Mais demander de l'aide à cet homme, cela voulait dire remettre sa vie entre ses mains, lui faire confiance. Hors, la solitaire ne savait pas si elle était encore capable de donner sa confiance comme ça, aussi facilement. Elle a vécu trois mois d'enfer, vient de se faire agresser. La Yash est définitivement réticente à accepter l'aide de cet individu.

- Quelle piètre mort, je trouve. La correctrice lève les yeux au ciel. Elle en avait rien à carrer de son avis, il pouvait se le garder. Ce gars, elle ne le connaissait pas. Pourquoi son opinion serait importante ? Et pourquoi il devrait la donner ?

"J'ai déjà failli mourir de manière bien moins digne." Violée et tuée par ses bourreaux par exemple. C'était la mort qu'elle avait toujours redouté pendant ces trois mois. Shanti sentait constamment les regards pervers de ce groupe cruel, elle était persuadée que si elle était restée un peu plus longtemps, sa dignité se serait envolée et elle serait sale aujourd'hui. Les cicatrices sur son dos n'avaient déjà rien de bien glorieux alors ça...au fond, aujourd'hui encore, Shanti a peur de cette mort plus que tout. Elle préfèrerait être mangée vivante que de s'éteindre de cette manière.

Le bruit de fouille de l'inconnu la sortit de ses pensées. Elle n'avait pas le choix, définitivement pas. De toute manière, il l'aiderait et la laisserait tranquille. Oui, il ferait sûrement cela.

"Hey euhm...grand malin." La correctrice soupira et l'observa la regarder à travers les rayons alors qu'elle ravalait difficilement sa fierté si présente en elle, qui se battait pour rester. "Désolé de t'avoir braqué mon flingue." L'indienne pointa du doigt le cadavre de l'homme qu'elle avait tué quelques instants plus tôt. "Robert m'a...légèrement perturbée." Shanti inspira longuement, ça lui crevait le coeur de demander de l'aide et l'inconnu devait le sentir...et probablement jubiler. "J'avoue que j'aurai peut-être besoin d'un peu d'aide...je serai plus vivable." Elle s'attendait à ce qu'il lui rit à la figure et s'en va en se moquant du fait qu'elle avait cru qu'il allait l'aider. Pourtant, la Yash fut surprise de le voir se rapprocher d'elle à nouveau. La jeune femme se crispa à nouveau, de manière purement instinctive. La correctrice baissa les yeux sur sa blessure.

"Il me faut un garrot et...j'ai de quoi cautériser la plaie. Par contre j'ai rien pour désinfecter ou quoi...je sais pas trop comment faire." Toutes les techniques dans les films qu'elle avait vu semblaient s'éclipser de son esprit sous la frustration d'être en position de faiblesse et la peur qu'il l'abandonne à son sort. C'était con, il le ferait sûrement mais inconsciemment, une lueur d'espoir était réapparue au fond d'elle. Il était le premier inconnu à proposer de l'aider. Certes de manière foutrement agaçante mais il l'avait fait.

Restant méfiante, elle relève le regard en direction de l'homme, l'observant soigneusement. La conversation c'était pas son truc, elle était généralement silencieuse. Surtout que dans cette situation, elle ne savait que dire.

Elle avait demandé de l'aide. Cela lui arrachait une grimace d'agacement. C'était quand la dernière fois qu'elle a demandé de l'aide ? Des années sûrement. Shantipriya avait toujours été débrouillarde et elle refusait souvent l'aide proposée. Sauf que aujourd'hui, elle n'avait pas le choix. Si la jeune femme voulait vivre, demander le coup de main de cet inconnu était indispensable.

La correctrice était persuadée que le "grand malin" allait ricaner un moment et s'en aller. Il est humain après tout et son agression survenue plus tôt ne la met définitivement plus en confiance envers qui que se soit. Pas que cet homme inerte à terre mais aussi le groupe que la Yash a été forcée d'endurer pendant trois mois. Elle s'était échappée il y a seulement quelques jours. Ces deux hommes dans le magasin sont les premiers que la survivante croise depuis qu'elle a perdu Manson.

Le grand brun s'avance pourtant vers elle sous les yeux surpris de la solitaire. Allait-il la dépouiller ? Même blessée, elle pouvait encore lui en foutre une belle mais avec la force qu'il devait avoir dans les bras, il pourrait venir à bout d'une "brindille" comme il disait. L'inconnu s'accroupit près de la blessée, lui tendant sa source de lumière qu'elle s'empressa de prendre pour l'éclairer. Sa blessure était moche mais l'indienne la regardait seulement en s'insultant mentalement de ne pas avoir tué "Robert" plus tôt. Elle perdait de la force et devenait un handicap pour elle-même et pour le survivant face à elle qui devrait la laisser pour le bien de sa survie. Mais la correctrice l'observe, toujours surprise, saisir une ceinture et l'utiliser comme garrot près de sa blessure pour stopper le saignement, lui arrachant une grimace de douleur.

- En tout cas, j'ai été plutôt surpris de voir que tu n'allais pas de main morte pour te défendre.

La jeune femme ne put s'empêcher d'esquisser un faible sourire. Les jeux de mots pourris c'était le truc de Dave, toujours à les balancer quand il ne fallait pas. Pourtant, Shanti arrivait toujours à sourire. Sa carapace froide et fière ne le montrait pas mais elle avait été une véritable casse-cou dans sa jeunesse. Son sourire faiblit quand elle se rend compte qu'il l'a vu tuer l'autre survivant. Son étonnement ne se fait que plus grand. Il l'aidait alors qu'il l'avait vu tuer de sang froid ? Il était peut-être comme elle ou alors le fait que ça soit de la légitime défense rachetait son acte.

"Joli jeu de mots. J'en aurai jamais eu l'idée." C'était tout ce qu'elle voulait dire. Shanti était consciente qu'elle devait rester vivable pour ne pas être abandonnée à son sort. Une petite phrase et le grand brun pouvait décider de la laisser agoniser dans ce magasin.

Lorsqu'il signala son absence temporaire, Shantipriya hocha légèrement la tête, peu convaincue qu'il reviendrait cette fois. La correctrice était pessimiste sur ce coup mais vivre trois mois parmi de parfaits connards sans coeur et sans valeurs avaient suffi à détruire toute la confiance et tout l'espoir qu'elle détenait. L'indienne avait récupéré son matériel mais à l'intérieur, dans son esprit, ils avaient presque tout pris.

Une minute...deux minutes...quatre minutes...six minutes...neuf minutes...le temps passait et la solitaire restait convaincue que le grand brun ne reviendrait pas. Il était stupide de penser cela quand elle avait pu l'observer lui faire un garrot mais elle ne pouvait s'en empêcher. Pourtant il revint encore une fois. La Yash ne peut retenir un froncement de sourcils quand elle aperçoit la silhouette baraquée de l'inconnu s'approcher d'elle avec une trousse de soins. L'inconnu s'agenouilla à nouveau et nettoya sa plaie sous le regard étonné de la correctrice. Une fois qu'il eut terminé, il éteignit sa lampe frontale qu'il avait allumé plus tôt pour faire son garrot et l'observa. Shanti plongea son regard dans le sien, le scrutant à son tour lorsque des bruits extérieurs se firent entendre. Des râles qui n'avaient d'humain. Pensant à sa blessure, elle eut du mal à garder son calme mais se força intérieurement à ne pas paniquer. La survivante pensait à Manson l'attrapant par les épaules, l'intimant d'inspirer profondément et de la rassurer, lui assurant qu'elle pourrait relâcher la pression plus tard. En une fraction de seconde, l'indienne retrouva calmement ses esprits alors que la voix du grand brun attira son attention.

- Que tu le veuilles ou non on doit partir. Ma voiture est pas loin. On va aller dans un endroit un peu plus calme et plus sûr, où je pourrai mieux m'occuper de ta jambe. Par contre, il faut me faire confiance, si tu en es capable. Mais une fois que ça ira mieux, tu pourras repartir d'où tu viens, je te le promets.

Shanti n'avait pas à réfléchir un instant. Elle hocha vivement la tête, glissant la lampe de l'inconnu dans son jean et plaçant son arme par terre avant de poser ses deux mains au sol, se soulevant assez pour qu'elle puisse remettre un pied à plat sur le sol, se retenant de gémir de douleur. L'indienne se saisit rapidement de son Glock et du foulard que l'inconnu avait pris pour ensuite lui lancer un regard. Le survivant comprit aussitôt et l'aida à la relever alors qu'elle étouffa un son plaintif en se mordant fortement la lèvre inférieure. Inspirant grandement, gardant son Glock dans sa main, elle hocha une nouvelle fois la tête. Ils se mirent en route pour sortir de la boutique. La Yash se forçait à suivre le rythme, se retenant maintes fois de lâcher un gémissement de douleur. Ce n'était pas le moment pour cela et sa fierté était toujours bien présente malgré sa capitulation.

"Où est ta voiture ?" Sa voix n'était qu'un murmure pour éviter d'attirer l'attention. Il lui donna la direction alors qu'ils continuaient de marcher pour retrouver sa voiture. Les sens en alerte, la main serrée sur son arme, la Yash observait les alentours, tentant de faire abstraction de la douleur du mieux qu'elle pouvait. L'indienne pourrait souffler une fois dans le véhicule de son sauveur.

Continuant d'avancer, Shanti remarqua plusieurs morts-vivants devant eux. Se détachant du grand brun pour s'appuyer sur le capot d'une voiture, attirant son attention, elle lui pointa du doigt le petit groupe des sans vies devant eux, la voiture sur laquelle elle était adossée, la cachant temporairement.

"Je pense que ça va être compliqué de les tuer silencieusement avec moi à traîner. A moins que tu sois un Stalone en herbe, faut trouver quelque chose. Attirer leur attention quelque part, truc comme ça." Elle voyait pas d'autres solutions que d'attirer l'attention pour dégager le passage. Dans son état, elle ne pouvait pas se permettre de faire grand chose mais elle était prête à aider et l'inconnu devait s'en douter. Question de survie.

- J'ai une idée. Reste cachée là, je vais les attirer ailleurs. Shanti hocha lentement la tête, gardant la hache avec elle et s'appuyant sur le capot, l'observant courir à l'opposé de sa position. "Bordel mais où il va ? Il va pas ce les faire..." Non, le grand brun ne comptait pas faire cela. La correctrice entendit très vite un coup de feu, provenant de son fusil à pompe et aperçu l'inconnu galoper dans sa direction. Il saisit sa hache et lui intima qu'il fallait bouger et atteindre sa voiture. Ils attendirent un moment qui parut une éternité pour l'indienne avant d'enfin arriver à la caisse du grand brun. Celui-ci l'aida à monter dans sa voiture, la Yash le remercia d'un hochement de tête qu'il ne dut pas voir puisqu'il fonça monter côté conducteur. Ils avaient réussi à fuir, ils roulaient vers l'inconnu. C'était silencieux dans l'habitacle, Shanti ne savait pas réellement quoi dire. Ce gars était un inconnu qui lui avait sauvé la vie, elle aurait pu dire "merci" mais ça restait coincé dans sa gorge. Elle n'avait jamais eu l'habitude des remerciements, ce n'était pas inscrit dans son éducation. Elle aurait probablement dû s'entraîner devant son miroir.

- On va essayer de trouver un endroit à peu près en sécurité où on pourrait s'occuper de ta blessure. Et lorsque ça ira mieux, tu pourras repartir d'où tu viens, si tu le souhaites. Sa voix la fit sursauter légèrement alors que la douleur revint comme une claque. Shantipriya grimaça un long instant avant de répondre.

"Okay, je suis carrément partante pour ce plan. Meilleur plan." La correctrice fronça soudainement les sourcils et lâcha un sourire en coin, d'une voix plus légère. "Si je le souhaite ? Hum...je vais retenir cela." L'indienne ne savait pas vraiment si elle était capable de rester avec quelqu'un, si cet inconnu lui avait réellement fait une proposition indirecte ? Elle avait tout le temps d'y réfléchir, tout comme lui.

Ils roulaient depuis un certain temps, le silence était presque pesant. Shanti entreprit de l'interrompre à son tour. "Je suis Shantipriya. Mais appelle moi Shanti, personne n'arrive jamais à prononcer mon prénom correctement." Un rire s'échappa de ses lèvres quelques secondes avant qu'elle reprenne la parole. "Et toi, ton prénom ? T'appeler "grand malin" ne me dérange pas particulièrement mais je ne pense pas que ça va te plaire."

Shantipriya était définitivement plus agréable loin du danger. Il fallait dire qu'elle avait eu la chance de ne pas être tombé sur un mauvais gars qui aurait pu en profiter pour la violer, la voler puis la tuer. Non, elle était tombée sur un gars taquin mais sympathique. Il lui rappelait un peu ses deux meilleurs amis. Rien que de penser à eux, son sourire s'estompa légèrement. C'était encore une blessure ouverte et elle préférait ne pas s'aventurer trop loin dans les souvenirs. Manson et son père lui avait appris à ne pas regarder en arrière. Elle leur avait toujours obéi mais cela pouvait être difficile parfois. La solitaire se tourna à nouveau en direction de son sauveur l'observant sans réelle gêne, plus pour analyser son comportement. Il la prit sur le fait rapidement, elle offrit un sourire un poli et regarda le paysage pour qu'il ne se sente pas gêné. Ils se trouvaient dans un coin calme, dans la nature même. Ils avaient roulé combien de temps ? Moins d'une heure pour sûr mais sûrement un joli trajet.

"Tu connais le coin ? On pourrait trouver quelque chose, non ? C'est plus calme que tout ce qu'on a vu jusqu'ici, je pense que ça a le mérite qu'on jette un coup d'oeil tout en restant sur nos gardes." Il fallait la soigner et vite. Elle n'en pouvait plus d'attendre, elle pourrait crever d'infection. L'indienne voulait pas vivre cela, elle voulait que sa petite personne, reine des emmerdeuses reste bien vivante. Le monde des vivants avaient sûrement encore besoin de son sarcasme.