Tout au long de sa vie, de ses rencontres, Zoey avait rarement du prendre les devants. Comme la plupart des filles, au moment de passer à l'acte, elle s'était laissée guidé par l'homme. C'était souvent ainsi, souvent eux qui prenaient les devants et guidaient la marche. Mais pas là. Peut-être parce qu'elle savait que Jack n'oserait pas vraiment le faire à cause des derniers événements. En retirant son t-shirt et s'affichant quasi nue, Zoey ne ressentit aucune gêne, aucun complexe. Au contraire, l'envie de sentir les mains de Jack sur cette partie de son corps qu'elle ne lui avait jamais montré jusque là se fit encore plus pressante. Elle fut parcouru d'un frisson lorsqu'elle se pencha un peu plus sur lui, ses doigts faisant glisser le vêtement le long de ses épaules, et que sa poitrine effleura son torse. Et comme si Jack avait pu lire dans ses pensées, il déposa ses lèvres au creux de son cou et joua avec ses sens en lui effleurant la peau du bout des doigts. Bizarrement, même si l'envie devenait de plus en plus pressante, Zoey ne voulait pas que ce moment s'arrête. Parce que là, assise sur lui, à le laisser découvrir son corps, rien d'autre n'existait. Il n'y avait que lui et après ça, il n'y aurait toujours que lui. En sentant les lèvres de l'ouvrier descendre au même rythme que ses doigts, elle réalisa combien il était important pour elle. Au final, il était tout. Elle avait souvent repensé à ce jour où, exténuée, elle était venue coller le nez à la fenêtre de cette maison. La première fois qu'elle avait croisé le regard de Jack. Elle ne se serait jamais douté, à ce moment là, qu'un jour ils finiraient dans cette situation. A croire que Zoey avait encore une bonne étoile au dessus de la tête. Que malgré toutes les galères de la survie, cette dernière continuait de veiller sur elle. Elle était chanceuse oui, elle le savait.

Les mains posées sur ses larges épaules, elle ferma légèrement les yeux pour savourer chaque caresse jusqu'à ce Jack interrompe l'instant brutalement. Sans comprendre ce qu'il venait de se passer, Zoey cligna des yeux, cherchant des réponses dans ceux de Jack. Elle n'eut qu'à suivre son regard pour comprendre. Sa blessure. La mine de l'ancienne organisatrice de mariage se ferma quelque peu, déçue que cette saletés de coupure viennent gâcher ce moment. Pourtant, elle n'avait absolument rien senti. Elle n'était même pas certaine qu'il y ait vraiment touché en réalité. Il n'était pas impossible que Jack ait paniqué en sentant simplement le rebord du pansement. Elle ne devait pas laisser ça comme ça. Elle devait réagir immédiatement, éviter à Jack de se mettre à marmonner dans sa barbe et que, braqué, il refuse de la toucher à nouveau. Délicatement, elle déposa une main sur la joue de l'homme, cherchant à détourner son attention de la blessure et qu'il se concentre exclusivement sur elle. Le voir ainsi, le visage attristé à l'idée de lui avoir fait mal, lui fendit le cœur. Il s'inquiétait bien trop et en venait à paniquer d'approcher la zone où se trouvait sa blessure. Il ne devait pas. Il ne fallait pas. Mais pour qu'il le comprenne, Zoey n'avait pas d'autre solution que de lui expliquer. Seulement, hors de question de se mettre à parler de tout ça là, de casser ce qu'elle avait commencé pour se lancer dans une grande discussion. Alors elle attrapa la main fautive de Jack et alla la déposer sur son corps. Ses lèvres elles allèrent retrouver leurs semblables, pour reprendre là où ils s'étaient arrêtés.

L'hésitation de Jack était encore palpable, malgré ses baisers. Il tenta même de lui demander si elle était réellement certaine de vouloir continuer. Elle ne lui répondrait pas. En tout cas, pas avec sa voix. Au lieu de ça, elle s'attela à l'embrasser avec plus de force et de passion, allant enrouler ses bras autour de son cou et coller son corps contre le sien. Oui elle était certaine et non elle ne voulait pas qu'il hésite. La poitrine écrasée contre le torse de l'homme, elle ne bougea pas d'un millimètre lorsqu'il la souleva. Elle ne quitta pas non plus ses lèvres, s'inquiétant peu de ce que Jack comptait faire en la portant. Finalement, il la déposa sur le lit avec douceur et se cala entre ses cuisses pour la surplomber. Les mains de l'ancienne organisatrice de mariage allèrent se poser sur le torse de l'homme puis, du bout des doigts, elle effleura sa peau jusqu'au tissu de son pantalon. Elle quitta ses lèvres quelques secondes, le temps de faire sauter le bouton du pantalon que portait encore Jack. L'instant de flottement, de silence, où leurs lèvres étaient séparées et où seules leurs respirations devenues plus bruyantes pouvaient s'entendre, ne la gêna pas. En serpentant un peu, elle réussit à se débarrasser du dernier bout de tissu qui les séparait et, de la pointe du pied, elle envoya voler la culotte un peu plus loin. Voilà, elle était désormais complètement nue. La lumière faible de la lampe à huile posée sur la table basse à côté d'eux avait tamisé la pièce, rendant la chose encore plus intime.

Un sourire tendre sur les lèvres destiné à rappeler qu'elle était bien sûre d'elle, Zoey observait Jack se défaire de ses derniers vêtements avant de revenir sur elle. Dès le moment où il fut assez près, la brune s'empressa de venir retrouver ses lèvres un court instant. Mais elle s'arrêta, pour plonger son regard dans celui de son amant. A partir de maintenant, tout allait changer. Ils s'apprêtaient à se lier d'une manière qui n'avait rien à voir avec le reste, avec ce qu'ils avaient pu construire entre eux. Et elle était sûre d'elle. Pour le faire comprendre à Jack, elle hocha doucement la tête pour lui donner le signal avant de venir l'embrasser de nouveau. Cette fois, c'était à lui de mener la danse.

Le temps qu’il étende la femme sur le lit, Jack ne pensait déjà presque plus au léger incident qui avait eu lieu. Les gestes de Zoey étaient le meilleur pardon qu’il pouvait recevoir pour excuser sa maladresse, ses lèvres, le meilleur remède pour balayer les inquiétudes du brun. La passion qu’elle mettait dans ses baisers était comme le flot tumultueux d’un torrent emportant tout sur son passage. Pour chaque seconde qui s’écoulait, comme une branche perdue au milieu des eaux, ballottée par le courant, son appréhension était repoussée toujours un peu plus loin. Chaque impression des lèvres de la brune sur les siennes, chaque serpentage de sa langue autour de la sienne, chaque centimètre parcouru par ses doigts sur sa peau étaient tout autant de remous et de rocs sur lesquels sa crainte venait se briser. Et lorsque les doigts de la sud-africaine atteignirent le bouton de son jean et le défirent, sa peur avait disparu, happée dans les profondeurs de son esprit, et il ne restait plus rien. Plus rien si ce n’est l’irrépressible désir de faire cette femme sienne.

Lentement, il s’écarta, délaissant les lèvres de Zoey pour retirer les vêtements qui le couvraient encore. Tourné vers elle, Jack ne la quitta pas pour autant des yeux. Non, alors qu’il retirait son pantalon, Matheson continuait de se délecter de la vision du corps de la femme, de ses courbes, de ses seins maintenant légèrement écrasés par la gravité, de cette culotte qui glissait le long de ses jambes pour dévoiler la plus belle fleur que cette terre pouvait porter. Comme un artiste observant son modèle, il s’imprégnait de chaque proportion, de chaque détail afin d’imprimer la vue dans sa mémoire. Son jean atterrit au sol dans un bruissement de tissu, caleçon et chaussettes le rejoignant promptement. Nu, l’homme se releva et fit face à la brune pour, à son tour, se dévoiler entièrement. Posant un genou sur le matelas, tel un prédateur s’insinuant près de sa proie, Jack se rapprocha de Zoey et fondit doucement sur ses lèvres.

Le baiser fut de courte durée. Si leur visage s’éloignèrent l’un de l’autre, leur regard, eux, se croisèrent une fois encore. La trentenaire hocha de la tête et il sourit. Elle était prête, tout comme lui le devint à cet instant. Il n’y avait plus l’appréhension quant à la blessure sur sa cuisse, plus la crainte de lui faire mal. Il n’y avait plus la peur de l’avoir perdue, la peur de la perdre encore et de devoir vivre dans un privé de Zoey. Il n’y avait plus la fatigue de la journée, l’engourdissement dû au labeur. Il n’y avait qu’elle et lui, au bord d’un précipice, prêts à se jeter dans le vide, dans un acte qui les unirait d’une manière complètement différente. Cela allait tout changer, oui. Leur relation ne serait plus la même que celle qu’ils avaient eu avant ce moment. Ensemble, ils allaient donner corps aux sentiments qu’ils nourrissaient l’un pour l’autre. Ensemble, ils allaient s’engager sur un nouveau chemin, un chemin qu’ils n’avaient pas encore emprunté. Vraiment ? Était-il pour autant si différent de celui parcouru jusqu’à présent ? Si on lui avait demandé, Jack aurait probablement dit que non. Au final, cela avait même été certainement toujours le même chemin tant la continuité était si logique, si limpide. Si naturelle tout bêtement.

La main fautive lui servant d’appui, leurs bouches se retrouvèrent de nouveau et Jack se glissa en elle. Un premier coup de rein entre les cuisses de Zoey, lent et profond, le força immédiatement à quitter les lèvres de son amante pour souffler bruyamment l’air, trop comprimé par l’envie, qui s’était accumulé dans ses poumons. La sensation de relâchement qui l’accompagna était des plus douces et l’euphorie qu’il avait commencé à ressentir quelques minutes plus tôt s’intensifia davantage. Un sentiment de plénitude le gagna rapidement. Là, en elle, les bras de la brune l’enlaçant, l’homme se sentait bien. Juste bien, aucun superlatif ne pouvant refléter convenablement le degré de bien-être qu’il éprouvait. Une autre ruade, similaire à la première. Puis une autre. Puis une autre. À chacune d’entre elles, la main libre de l’ouvrier redécouvrait un peu plus la peau de sa compagne, s’attardant ses tétons, le galbe de ses seins, caressant la ligne de son flanc, celle de son visage, se posant sur son cou. Sa main descendit finalement le long du corps de la sud-africaine et à mesure qu’elle descendait, la cadence de ses assauts s’accélérait et sa respiration se faisait plus rauque et difficile. Attrapant la cuisse non meurtrie de Zoey pour la coller un peu plus contre sa taille, de plus en plus grisé à chaque seconde qui s’écoulait, Jack alla nicher ses lèvres dans le cou de la brune.