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Rowen Defreine ~ Le premier jour du reste de ma vie
Jeu 17 Nov 2016 - 19:29
27 • Américaine • Illustrateur • Emerald Freedom
Rowen est un homme timide et très réservé. Pas par crainte, ou par défiance, plutôt parce qu’il vit dans son propre monde. Un univers aux frontières de l’onirisme et du mystique, où le commun des mortels a difficilement accès. Intuitif, il aime se laisser porter par ce qu’il ressent, bien plus que par ce qu’il pense. A ses yeux, les émotions et les sentiments sont bien plus « vraies » que les paroles ou le paraître. Une façon d’être qui peut aller dans le bon, comme dans le mauvais sens, car cela peut le rendre impulsif. Que ce soit pour faire un cadeau ou risquer sa vie pour sauver quelqu’un : si son cœur parle, son corps agit.
L’illustrateur a hérité de sa mère son amour de la nature, du « Tout », de l’équilibre, de la vie, du partage. Il croit, même s’il ne pratique pas. Il donne sa chance à tout le monde, à toutes les pensées, toutes les fois, parce qu’il aime à se dire qu’il voit au-delà de ce qu’on voit. Car débarrassés des noms, des convictions, des images, des couleurs… les gens – les Hommes – n’aspirent qu’à une chose : vivre heureux et en paix. Il aime faire du bien pour faire du bien, ça lui donne envie de sourire.
Ça peut parfois lui jouer des tours. Difficile, quand on se veut compréhensif et tolérant, de réussir à dire stop quand quelqu’un abuse. Rowen aura souvent tendance à tendre l’autre joue, plutôt que de se lancer dans un conflit. Il n’aime pas les conflits, il préfèrera chercher la solution pacifiste. Et quand elle n’existe pas, il choisira de faire en sorte que « ça s’oublie ». On lui reconnait alors une certaine passivité, celle qui n’est pas toujours bonne ; l’âme d’un conciliateur ou d’un suiveur, pas d’un leader.
Il est un peu naïf aussi : il s’attache vite, s’entiche vite, donne un peu vite le bon dieu sans confession. Jeune, il est souvent tombé amoureux « trop vite ». Une petite amie ? Une amie ? Une camarade de classe ? Même une fille de l’école dont il ne connaissait pas le nom, pouvait faire battre son cœur. Au moins, l’élue de son cœur peut être sûre d’une chose – et ça vaut pour chaque personne proche de lui : il est fidèle, dévoué, premier quand il est question de donner un coup de main.
L’illustrateur a hérité de sa mère son amour de la nature, du « Tout », de l’équilibre, de la vie, du partage. Il croit, même s’il ne pratique pas. Il donne sa chance à tout le monde, à toutes les pensées, toutes les fois, parce qu’il aime à se dire qu’il voit au-delà de ce qu’on voit. Car débarrassés des noms, des convictions, des images, des couleurs… les gens – les Hommes – n’aspirent qu’à une chose : vivre heureux et en paix. Il aime faire du bien pour faire du bien, ça lui donne envie de sourire.
Ça peut parfois lui jouer des tours. Difficile, quand on se veut compréhensif et tolérant, de réussir à dire stop quand quelqu’un abuse. Rowen aura souvent tendance à tendre l’autre joue, plutôt que de se lancer dans un conflit. Il n’aime pas les conflits, il préfèrera chercher la solution pacifiste. Et quand elle n’existe pas, il choisira de faire en sorte que « ça s’oublie ». On lui reconnait alors une certaine passivité, celle qui n’est pas toujours bonne ; l’âme d’un conciliateur ou d’un suiveur, pas d’un leader.
Il est un peu naïf aussi : il s’attache vite, s’entiche vite, donne un peu vite le bon dieu sans confession. Jeune, il est souvent tombé amoureux « trop vite ». Une petite amie ? Une amie ? Une camarade de classe ? Même une fille de l’école dont il ne connaissait pas le nom, pouvait faire battre son cœur. Au moins, l’élue de son cœur peut être sûre d’une chose – et ça vaut pour chaque personne proche de lui : il est fidèle, dévoué, premier quand il est question de donner un coup de main.
Cheveux chaton foncé, yeux bleu-vert, mâchoire carré, les oreilles un poil pointues. Rien de vraiment original, même si on notera sa taille qui sort un peu de l’ordinaire : 1m65, pour un homme, c’est un peu juste. Rowen a souvent été plus petit que ses rares camarades, que certaines filles de sa classe, même de sa petite sœur quand elle met des talons. Pour contrer un peu cette caractéristique qui lui donne un air d’éternel enfant, il apprécie se laisser pousser un peu la barbe.
En dehors de ça, il reste quelqu’un de très banal. Il n’a jamais été un grand amateur de sport, alors il a une corpulence standard sans être musclée. Il fait juste attention à ce que les vêtements qu’il porte ne soient pas désassortis, sans être à la pointe de la mode. Les cheveux, il les préfère courts sur les côtés, un peu plus longs sur le dessus : la solution de facilité.
Même si un an dans une nature post-apocalyptique a tendance à remodeler un homme, Rowen reste très peu bagarreur et encore moins expert en arme. A son arrivée au camp, il n’avait qu’un poignard trouvé au cours de son périple et une arme de poing basique dont il se servait le moins possible.
En dehors de ça, il reste quelqu’un de très banal. Il n’a jamais été un grand amateur de sport, alors il a une corpulence standard sans être musclée. Il fait juste attention à ce que les vêtements qu’il porte ne soient pas désassortis, sans être à la pointe de la mode. Les cheveux, il les préfère courts sur les côtés, un peu plus longs sur le dessus : la solution de facilité.
Même si un an dans une nature post-apocalyptique a tendance à remodeler un homme, Rowen reste très peu bagarreur et encore moins expert en arme. A son arrivée au camp, il n’avait qu’un poignard trouvé au cours de son périple et une arme de poing basique dont il se servait le moins possible.
Dans la famille Defreine, cela faisait plus de deux générations que la foi commune tournait autour des croyances celtes. Ce n’était plus vraiment de la Wicca, estimée trop jeune, trop standardisée, presque hollywoodienne à la fin du XXè siècle. Ils cherchaient plus loin, à la source de la Roue de l’année, des valeurs de partages et de tolérance ; les énergies, la balance, la réincarnation, l’intuition, la nature,…. Alors en 1988, quand Anaelle Defreine tombe enceinte à même pas 17 ans, ses parents ne la dénigrent pas, ni ne la blâment. Oh bien sûr, ils la sermonnent un peu, lui font comprendre la portée de sa situation, mais ils lui laissent le choix. Pas un ultimatum, pas une menace, une véritable décision. Et Anaelle prend le chemin que lui dicte son cœur, aussi déraisonnable que ça puisse paraître : elle le garde. Même si le père se dégonfle et se fait oublier.
Rowen nait peu après minuit, à Atlanta, le 21 décembre 1988. Yule. Pour toute la famille, c’est un signe merveilleux. Dans le culte, ce jour est un sabbath particulier, celui où le Dieu (re)vient au monde, après sa mort deux mois auparavant. Aucun regret, aucun reproche. La mère et les grands-parents s’occupent de ce petit en très bonne santé, même un peu plus costaud que la moyenne des nourrissons.
Anaelle n’avait pas terminé ses études, mais elle avait une âme d’artiste. Elle dessinait depuis petite, avait dessiné toute sa grossesse, et dessinait encore le lendemain de son accouchement. Tout son entourage était d’accord pour dire qu’elle était douée, un talent exacerbée par le travail, alors c’est comme ça qu’elle voulut subvenir à ses besoins. Dès qu’elle en avait l’occasion, c’est-à-dire dès que les horaires de secrétaire à mi-temps de sa propre mère lui permettaient de lui laisser la garde de son fils, elle partait chercher un emploi. Pas de diplôme mais un book de croquis plein à craquer : nature morte, portrait, bande dessinée, illustration, couleur, encre, aquarel… et son acharnement finit par payer. La jeune femme commença au plus bas de l’échelle : pigiste dans divers magazines, payée au lance-pierre, pour des encarts blagues ridicules ou des caricatures pas drôles, mais elle tenait à participer aux frais pour Rowen.
Le temps passe, l’enfant grandit, et Anaelle a un travail plus stable. Au moment de mettre son fils à l’école, elle déménage dans un petit appartement, pour enfin quitter le nid familial. Rowen est timide, il va peu vers les autres, mais est un petit garçon adorable : ses institutrices sont unanimes. Il a peu d’amis, mais ceux qu’il a sont comme lui : rêveurs, réservés, mais pas méchants pour un sou. Plus le temps passe, et plus il est imprégné de la foi de sa mère, mais surtout de sa passion pour le dessin. Avant les cahiers d’écriture, Rowen avait déjà des petits livres plein de tracés enfantins, des tonnes de coloriages, et des peintures à ne plus savoir où les accrocher.
En 1994, Anaelle fréquentait déjà régulièrement un homme. Un peu plus vieux qu’elle, séduit par son aura mystérieuse, son art et sa beauté naturelle. Ils sont ensembles depuis longtemps, parlent de mariage ; ce dénommé Brandon a même des élans paternels pour l’enfant de sa petite amie. Ils ont un appartement communs, le petit garçon timide est un élève un peu distrait mais travailleur, les croyances Defreine sont compatibles avec ce couple…
Rien ne change, mais en 1996 resurgit une vieille connaissance de Brandon. Une ancienne petite amie en fait : le genre de premier amour tortueux ; jamais éteint, jamais facile, jamais contrôlé. A force de promesse, de discussion, d’intrusion, l’autre femme finit par persuadé son ancien amant de lui revenir. Presque du jour au lendemain, il quitte Anaelle, la tête basse, la larguant au beau milieu de leurs projets d’avenir. La concernée prend un coup, déçue, déchirée, mais elle encaisse. Repart chez ses parents quelques temps, son fils discret avec elle bien sûr, et découvre quelques semaines plus tard… qu’elle est enceinte. Encore. D’un père absent. Encore. Et elle le garde. Encore.
Rowen a 9 ans quand naît sa petite sœur, Ewen. L’année suivant, la maman célibataire ne s’est pas laissé abattre : bien au contraire. Recrutée pour un travail dans une maison d’édition basée à Seattle, elle déménage avec ses deux enfants à l’autre bout du pays. Elle doit jongler avec des horaires infernaux et la nounou pour prendre soin de sa famille, mais ça fonctionne. Sa fille est un bébé aussi bavard que son aîné était calme, et il l’est toujours d’ailleurs : irréprochable à l’école, on le reprend surtout pour avoir rêvassé ou dessiner en classe. Première fois qu’il parle d’une fille à la maison aussi : Lina. Ahlala… Anaelle en a entendu parler jusqu’à avoir l’impression de la connaître personnellement, mais les deux enfants se sont perdus de vue au moment d’entrer au secondaire.
L’adolescence de Rowen a été plutôt classique. Les cours, quelques amis, quelques copines. Peu nombreuses au final, car on le cataloguait vite comme un individu marginal, trop réservé, trop « ailleurs », mais… ce genre de garçon avait aussi son public. Sans doute un peu malgré lui, car bien trop peu à l’aise ou capable d’empêcher de se faire marcher sur les pieds, il avait subi quelques désillusions. Surtout des petites amies qui le laissaient tomber brusquement, une fois lassée du côté « mystique » de sa personnalité, mais aussi…
Isabel. Ils avaient 18 ans. Elle l’aimait. Il l’aimait. Enfin… en tout cas, sur le principe. Ils étaient restés ensembles 3 ans. Un long laps de temps rythmé par toute sorte de crises émotionnelles, de violences sentimentales et autres souffrances. Mais Rowen pardonnait, même quand elle en demandait trop, même quand elle passait ses nerfs sur lui, même quand elle piquait des crises de jalousie inexpliquée. Ça a été une période difficile, parce que l’adolescent trouvait difficilement son courage pour ses études au Cornish College of the art, parce que ça le coupait un peu de sa mère et de sa sœur qu’il adorait.
Après cet épisode, il se remet doucement, loin des histoires de cœur, redoublant d’effort pour son travail et sa passion. Une fois son diplôme en poche, non sans un coup de pouce des contacts d’Anaelle, il a la possibilité de se faire embaucher comme illustrateur dans une maison d’édition spécialisée dans les ouvrages de fiction jeunesse. A 24 ans, il a son propre appartement en périphérie de la métropole et surtout… il rencontre Rosaleen. On ne peut pas vraiment parler de coup de foudre, parce que ce n’est pas la même chose qu’avec Isabel, mais… il y avait un truc. Son âme l’attire, ses yeux l’attirent, ses paroles l’attirent, et pas dans un sens charnel. Il y a quelque chose de sacré presque.
Il devient l’un de ses premiers amis et cesse bien vite de compter les heures à échanger sur leurs croyances respectives, puis les heures à se parler tout court. Rowen n’a jamais voulu lui avouer qu’il est amoureux. Il ne veut pas tout gâcher, il veut continuer à entendre son rire, à voir ses cheveux roux flamboyer au soleil, et à la voir prendre son travail avec autant de passion. Les années filent comme des éclairs. Il a 27 ans quand le drame commence et s’il avait su… il lui aurait peut-être dit.
Rowen nait peu après minuit, à Atlanta, le 21 décembre 1988. Yule. Pour toute la famille, c’est un signe merveilleux. Dans le culte, ce jour est un sabbath particulier, celui où le Dieu (re)vient au monde, après sa mort deux mois auparavant. Aucun regret, aucun reproche. La mère et les grands-parents s’occupent de ce petit en très bonne santé, même un peu plus costaud que la moyenne des nourrissons.
Anaelle n’avait pas terminé ses études, mais elle avait une âme d’artiste. Elle dessinait depuis petite, avait dessiné toute sa grossesse, et dessinait encore le lendemain de son accouchement. Tout son entourage était d’accord pour dire qu’elle était douée, un talent exacerbée par le travail, alors c’est comme ça qu’elle voulut subvenir à ses besoins. Dès qu’elle en avait l’occasion, c’est-à-dire dès que les horaires de secrétaire à mi-temps de sa propre mère lui permettaient de lui laisser la garde de son fils, elle partait chercher un emploi. Pas de diplôme mais un book de croquis plein à craquer : nature morte, portrait, bande dessinée, illustration, couleur, encre, aquarel… et son acharnement finit par payer. La jeune femme commença au plus bas de l’échelle : pigiste dans divers magazines, payée au lance-pierre, pour des encarts blagues ridicules ou des caricatures pas drôles, mais elle tenait à participer aux frais pour Rowen.
Le temps passe, l’enfant grandit, et Anaelle a un travail plus stable. Au moment de mettre son fils à l’école, elle déménage dans un petit appartement, pour enfin quitter le nid familial. Rowen est timide, il va peu vers les autres, mais est un petit garçon adorable : ses institutrices sont unanimes. Il a peu d’amis, mais ceux qu’il a sont comme lui : rêveurs, réservés, mais pas méchants pour un sou. Plus le temps passe, et plus il est imprégné de la foi de sa mère, mais surtout de sa passion pour le dessin. Avant les cahiers d’écriture, Rowen avait déjà des petits livres plein de tracés enfantins, des tonnes de coloriages, et des peintures à ne plus savoir où les accrocher.
En 1994, Anaelle fréquentait déjà régulièrement un homme. Un peu plus vieux qu’elle, séduit par son aura mystérieuse, son art et sa beauté naturelle. Ils sont ensembles depuis longtemps, parlent de mariage ; ce dénommé Brandon a même des élans paternels pour l’enfant de sa petite amie. Ils ont un appartement communs, le petit garçon timide est un élève un peu distrait mais travailleur, les croyances Defreine sont compatibles avec ce couple…
Rien ne change, mais en 1996 resurgit une vieille connaissance de Brandon. Une ancienne petite amie en fait : le genre de premier amour tortueux ; jamais éteint, jamais facile, jamais contrôlé. A force de promesse, de discussion, d’intrusion, l’autre femme finit par persuadé son ancien amant de lui revenir. Presque du jour au lendemain, il quitte Anaelle, la tête basse, la larguant au beau milieu de leurs projets d’avenir. La concernée prend un coup, déçue, déchirée, mais elle encaisse. Repart chez ses parents quelques temps, son fils discret avec elle bien sûr, et découvre quelques semaines plus tard… qu’elle est enceinte. Encore. D’un père absent. Encore. Et elle le garde. Encore.
Rowen a 9 ans quand naît sa petite sœur, Ewen. L’année suivant, la maman célibataire ne s’est pas laissé abattre : bien au contraire. Recrutée pour un travail dans une maison d’édition basée à Seattle, elle déménage avec ses deux enfants à l’autre bout du pays. Elle doit jongler avec des horaires infernaux et la nounou pour prendre soin de sa famille, mais ça fonctionne. Sa fille est un bébé aussi bavard que son aîné était calme, et il l’est toujours d’ailleurs : irréprochable à l’école, on le reprend surtout pour avoir rêvassé ou dessiner en classe. Première fois qu’il parle d’une fille à la maison aussi : Lina. Ahlala… Anaelle en a entendu parler jusqu’à avoir l’impression de la connaître personnellement, mais les deux enfants se sont perdus de vue au moment d’entrer au secondaire.
L’adolescence de Rowen a été plutôt classique. Les cours, quelques amis, quelques copines. Peu nombreuses au final, car on le cataloguait vite comme un individu marginal, trop réservé, trop « ailleurs », mais… ce genre de garçon avait aussi son public. Sans doute un peu malgré lui, car bien trop peu à l’aise ou capable d’empêcher de se faire marcher sur les pieds, il avait subi quelques désillusions. Surtout des petites amies qui le laissaient tomber brusquement, une fois lassée du côté « mystique » de sa personnalité, mais aussi…
Isabel. Ils avaient 18 ans. Elle l’aimait. Il l’aimait. Enfin… en tout cas, sur le principe. Ils étaient restés ensembles 3 ans. Un long laps de temps rythmé par toute sorte de crises émotionnelles, de violences sentimentales et autres souffrances. Mais Rowen pardonnait, même quand elle en demandait trop, même quand elle passait ses nerfs sur lui, même quand elle piquait des crises de jalousie inexpliquée. Ça a été une période difficile, parce que l’adolescent trouvait difficilement son courage pour ses études au Cornish College of the art, parce que ça le coupait un peu de sa mère et de sa sœur qu’il adorait.
Après cet épisode, il se remet doucement, loin des histoires de cœur, redoublant d’effort pour son travail et sa passion. Une fois son diplôme en poche, non sans un coup de pouce des contacts d’Anaelle, il a la possibilité de se faire embaucher comme illustrateur dans une maison d’édition spécialisée dans les ouvrages de fiction jeunesse. A 24 ans, il a son propre appartement en périphérie de la métropole et surtout… il rencontre Rosaleen. On ne peut pas vraiment parler de coup de foudre, parce que ce n’est pas la même chose qu’avec Isabel, mais… il y avait un truc. Son âme l’attire, ses yeux l’attirent, ses paroles l’attirent, et pas dans un sens charnel. Il y a quelque chose de sacré presque.
Il devient l’un de ses premiers amis et cesse bien vite de compter les heures à échanger sur leurs croyances respectives, puis les heures à se parler tout court. Rowen n’a jamais voulu lui avouer qu’il est amoureux. Il ne veut pas tout gâcher, il veut continuer à entendre son rire, à voir ses cheveux roux flamboyer au soleil, et à la voir prendre son travail avec autant de passion. Les années filent comme des éclairs. Il a 27 ans quand le drame commence et s’il avait su… il lui aurait peut-être dit.
« Tiens, elle te protègera pendant que je ne serai pas là »
C’était l’une des dernières choses que lui avait dit sa petite sœur avant de passer la porte vers la salle d’embarquement. Ils étaient très proches, et elle avait toujours affirmé être le second ange gardien de son frère. Ewen pratiquait beaucoup, une vraie sorcière, au sens moderne et réaliste du terme. Quand elle ne se plongeait pas dans la litothérapie ou ne confectionnait pas ses propres baumes à base de plantes, l’adolescente étudiait le français et le coréen. Elle voulait devenir interprète, avoir la possibilité de rencontrer des gens tout autour du globe. C’était la raison pour laquelle ce 29 septembre 2015, Rowen la regardait partir avec leur mère : son avion pour Paris l’attendait, Anaelle allait l’aider à s’installer. Dans sa main droite, il serrait une belle Œil de Tigre.
Sa sœur en route pour ses études francophones, sa génitrice avec elle, ses grands-parents à Atlanta, c’était la première fois que l’illustrateur se retrouvait aussi détaché du cocon familiale. Ça faisait un vide, mais ce n’était pas plus mal. Il y avait toujours Rosaleen, fidèle au poste dans sa boutique, comme pour leurs sorties en fin de semaine.
Le vendredi 9 octobre 2015, Rowen était à 1000 lieux des quelques violences signalées à Seattle. L’un de ses collègues, et ami, Bruce Hamilton, l’invita à une semaine à la campagne avec ses parents. Rien qu’un chalet et l’Elwha River, à une quinzaine de minute de Port Angeles. Un endroit rêvé pour la pèche au saumon ! Et s’il n’était pas bien doué, l’aîné Defreine aimait ça, la pèche. C’était calme, ça lui laissait le temps de rêver. Ce n’était pas la première fois qu’il venait : les parents Hamilton le connaissaient bien maintenant. Il y avait April, une femme de la quarantaine, chargée de communication, avec un charme certain. Elle aussi avait eu son premier fils tôt et restait presque aussi jeune dans sa tête que son cadet adolescent, resté en ville chez un ami. Quant au beau-père, Arthur, il était une véritable armoire à glace de cinquante ans. Ancien boxeur qui avait troqué le ring pour les camions de déménagement.
Dès le samedi midi, l’illustrateur avait réussi à faire tomber son smartphone à l’eau, le rendant complètement inutilisable. Pas d’ordinateur à la campagne, alors il avait juste pu prévenir Rosaleen de son indisponibilité sur les réseaux sociaux – via le portable de Bruce – et s’appliqua à profiter de ses vacances.
Mi-octobre, un appel d’Antwan – le fils resté à Seattle – corrobora les faits que les campagnards voyaient fleurir sur la toile, quand le réseau le permettait. L’épidémie, la cohue, les militaires qui arrivaient dans la métropole. L’inquiétude monta d’un cran, mais ils n’étaient qu’à deux jours de leur retour, alors… autant attendre. Le 19 octobre, revenu la veille au soir, Rowen s’était réveillé au son d’émeutiers qui hurlaient dans la rue. Les choses semblaient empirer, pas de nouvelles de sa mère et de sa sœur, trop peu de Rosaleen aussi. Il essaya de les joindre sur son ordinateur, mais pas de réponse. Bon signe ? Mauvais signe ? Aucune idée.
Ce n’est que le 21 qu’il se décide à se bouger : aller voir chez sa meilleure amie, dans sa boutique, mais rien. Aucune trace indiquant qu’elle allait mal, mais aucune attestant de sa présence. Cette fois, c’était la panique ; se déplacer dans les rues était dangereux, entre ceux qui laissaient éclater leurs désirs de chaos, ceux qui fuyaient en catastrophe, et…les autres. L’illustrateur ne savait plus vers qui se tourner, alors il alla voir les Hamilton, dans leur maison à Alki Point. Ils n’en menaient pas large, scrutant la rue avec anxiété, mais ils étaient « prêts ». Provisions pour tenir un siège, plein d’essence, volets clos.
Et le drame tourna à l’Enfer. Rues transformées en jungle urbaine, communications coupées, retransmissions télévisuelles interrompues, plus de courant. Arthur avait simplement répondu à un instinct de prévoyance élémentaire, comme quand on annonçait un cyclone en Floride, mais il n’avait pas pensé véritablement que sa famille serait réduite à manger des réserves comme en temps de guerre. Trop peu de paroles, trop peu de rires, octobre, puis novembre, furent maussades.
Rowen avait été accepté, sans qu’aucune question ne lui soit posée, ni aucune contrepartie demandée en retour. Pourtant il en passait du temps à se morfondre, voir à pleurer un peu, pour sa famille et son amie. Il n’avait pas du mal à accepter ce qui se passait, non : ses croyances étaient tellement tournées vers l’ésotérisme – voire l’occulte – qu’il pouvait l’admettre. Simplement, il ne comprenait pas.
Fin novembre, Antwan se fit mordre. Ils connaissaient trop peu de choses sur les infestés, alors quand l’adolescent était sorti avec son père et son frère pour essayer de faire du réapprovisionnement, ils ne s’étaient pas assez méfier. Il n’avait suffit que d’un cadavre pour entamer la chair de son bras et, horrifié, ses parents n’avaient pu faire son agresseur laissé tomber qu’en lui brisant le crâne. Bras cassé, mâchoire disloquée, côtes fracturées, cet « homme » bougeait toujours ! C’était ce qu’avait raconté Arthur en entrant, le corps livide de son cadet dans ses bras.
Puis la suite : fièvre, mort, chagrin, renaissance. Encore une fois, comment savoir ? Ils avaient veillé le corps tellement longtemps, sans être capable de le déplacer, qu’il avait fini par se réveiller. Premier instinct ? Mordre son grand frère, bien sûr. A la gorge. Bruce était mort, la moitié du visage dévoré, quand April découvrit la scène et hurla comme une démente. C’était Rowen qui l’avait sauvée, c’était lui qui avait maitrisé l’adolescent, jusqu’à ce que son propre père doive se résoudre à lui briser le crâne à coup de marteau.
En décembre, ils étaient partis. Trop dur de continuer à exister dans cette maison qui empestait le sang, la maladie et l’infanticide. Le couple Hamilton n’avait même pas posé la question, à savoir si l’illustrateur les suivait : c’était évident. Ils étaient une famille désormais. Eteinte, décolorée, mais vivante et combative. Tout l’hiver, il avait été en mouvement. Premier halte dans l’ancienne maison d’Anaelle et Ewen, puisque le domicile du rêveur avait déjà été malmené. Toujours ensemble, toujours soudés, ils durent apprendre sur le tas : comment trouver à manger, à boire, comment s’abriter, comment se débarrasser proprement de ces « choses » quand ils n’avaient pas le choix. Ils finirent pas comprendre qu’il suffisait d’abîmer le cerveau, pas nécessairement de l’exploser ; qu’ils étaient attirés par les bruits et l’odeur ; qu’ils n’étaient pas très malins. Courant janvier, ils avaient enfin une arme à feux chacun. Rowen ne savait même pas comment s’appelait la sienne, et il savait à peine s’en servir d’ailleurs. Arthur s’y connaissait un peu, il donna quelques bases, mais l’illustrateur préférait encore l’esquive. Et puis… il avait encore l’Œil de Tigre de sa sœur.
Au printemps, le trio était bien affaibli, le jeune homme avait même chopé une grippe début mars. Ils avaient déjà croisé, de loin heureusement, quelques pilleurs, mais n’avaient encore jamais eu affaire à la véritable cruauté des survivants. Un petit groupe de quatre « voyous » leur était tombé dessus au sud de Seattle. Ils comptaient littéralement les « mettre à poil ». Armes, vivres, outils, vêtements, chaussures… ils eurent beau demander, négocier, supplier un soupçon de bonté. Inutile. Est-ce qu’ils allaient céder ? Aucun ne le saurait jamais, car au moment où l’un des inconnus posa ses mains sur April avec la visible intention de s’offrir un « bonus », le poing d’Arthur lui fendait la pommette. Il devint alors fou : le père qui avait vu mourir ses fils et avaient dû les tuer, celui qui avait assuré la protection des siens pendant tout un hiver glacial, il ne laisserait pas ces types blesser sa femme.
Les agresseurs avaient beau être en surnombre, ils ne savaient que faire de cette montagne de muscles déchaînée. Après quelques coups de lames et une balle dans le vendre, Arthur se défendait toujours. Il soufflait comme un animal blessé, mais il avait déjà assommé deux des délinquants. Les autres ? Ils avaient reculé, tétanisés. Parce qu’ils savaient qu’ils pouvaient le cribler de plomb, mais est-ce que ça suffirait ? Ils ne voulaient pas y passer. Ça ne valait pas vraiment le coup. Dommage. Le temps qu’ils réfléchissent à ce qu’il fallait faire, April les avait mis en joue avec un sang froid étonnant et avait tiré. Dix fois. Des larmes roulaient sur ses joues creusées, parce qu’elle savait que ce n’était plus qu’une question de temps. Son mari allait mourir. Lui aussi.
A deux, ils avaient pu aider Arthur à marcher jusqu’à l’appartement le plus proche. Se barricader : il n’y avait pas d’autres choix, les mordeurs envahissaient les rues, attirés par les détonations. Les « possédés » comme les appelait maintenant Rowen. Ils n’étaient pas médecin, ils n’avaient pas de médicament ni la moindre compresse, alors il n’y eut rien d’autre à faire que contempler le patriarche rendre son dernier souffle. La veuve avait pleuré une nuit entière, réfugiée dans les bras de l’illustrateur. Lui aussi avait sangloté, encore. Pour ceux qu’ils avaient perdu, mais aussi ceux dont il n’avait pas de nouvelles. « Je suis sûr qu’ils vont bien » se répétait-il, mais… vraiment ?
Le lendemain, nouvelle leçon. Arthur ne s’était pas fait mordre, mais il se réanima quand même. Affamé. April n’avait plus de larmes à verser, elle était vide, blafarde, ternit. Ce fut elle qui acheva son époux d’une balle dans la tête ; puis elle l’avait recouché dans le canapé, l’avait embrassé sur le front, et ils étaient repartis. A deux.
Pourquoi ne pas quitter Seattle ? Peut-être parce qu’au fond de leurs âmes brisées, il y avait de l’espoir. Voir la civilisation renaître, le courant revenir, et entendre un hélicoptère passer avec le sigle de la croix rouge. Ouai… si les choses s’amélioraient, ça commencerait sans doute en ville. L’été, la déambulation du duo de survivants les avait conduits dans l’est de la métropole. Ils n’avaient plus de voiture depuis longtemps, plus de balles aussi et quasiment rien à manger. Les possédés se zonaient en meute, les salauds également, ils l’avaient bien vu, alors ils rasaient les murs. La peur au ventre, la faim dans les entrailles, April et Rowen se déplaçaient ensemble, dormait ensemble, veillaient ensembles, déprimaient ensemble. Ils n’avaient plus besoin de mots pour se comprendre ; ils étaient mère et fils de substitution.
En août, ils avaient échappé in extremis à un fauve. La bête devait s’être échappée du zoo et devait crever la dalle, elle aussi. Pour ne pas risquer de rester sur son terrain de chasse, ils étaient partis. Le nord, puis l’ouest, retour à Alki Point. On était en automne, fin octobre. Un an, déjà. Même si ça faisait mal, April tint à revenir voir leur ancienne maison. Simplement la voir, dans son enveloppe de silence macabre, usée par des mois d’intempéries et de passage de horde. Elle ne voulait pas entrer toutefois et l’illustrateur respecta ce choix. Ce fut dans ce quartier justement, qu’ils rencontrèrent les Brooks. Un père et une fille, visiblement éprouvés, mais bien vivants. Ils durent sans doute prendre en pitié les deux complices aux allures de fantômes, parce qu’ils les invitèrent à les suivre.
Eux aussi, venaient de revenir dans le quartier. Ils ne pensaient pas revoir quelqu’un – du moins, quelqu’un d’autres que des pirates modernes. Rowen remarqua que la fille n’avait plus qu’un bras, et le père expliqua qu’on lui avait coupé suite à une morsure. Sa mère était chirurgienne, c’était ce qui lui avait permis de survivre à une amputation sauvage… et c’était visiblement ce qui l’avait sauvé de la contamination.
Quelques jours plus tard, la quarantenaire et l’illustrateur étaient repartis. Ils ne voulaient pas s’imposer, ni profiter de ce qui leur était gracieusement mis à disposition. Ils avaient laissé en échange quelques conserves trouvées dans les environs, puis avaient repris la route. Vers où ? Vers quoi ? Aucune idée. Ils passaient de refuge en refuge, s’arrêtaient quand ils étaient fatigués ou/et quand ils trouvaient à manger. Toujours plus de balles, mais les flingues vides faisaient quand même de beaux coups de bluff ; comme quand un sale type avait voulu piller Rowen, avant de s’apercevoir qu’il était accompagné par une femme endurcie avec un 9mm au bout du poing. Il s’en était allé finalement, le ventre plus gros que ses couilles.
Mi-novembre, encore l’est de Seattle. Mais cette fois, ce fut différent. Cette fois… l’illustrateur n’osait plus y croire, mais il croisa Rosaleen. Sa Rosaleen. Et elle était vivante. C’était un signe – forcément un signe.
C’était l’une des dernières choses que lui avait dit sa petite sœur avant de passer la porte vers la salle d’embarquement. Ils étaient très proches, et elle avait toujours affirmé être le second ange gardien de son frère. Ewen pratiquait beaucoup, une vraie sorcière, au sens moderne et réaliste du terme. Quand elle ne se plongeait pas dans la litothérapie ou ne confectionnait pas ses propres baumes à base de plantes, l’adolescente étudiait le français et le coréen. Elle voulait devenir interprète, avoir la possibilité de rencontrer des gens tout autour du globe. C’était la raison pour laquelle ce 29 septembre 2015, Rowen la regardait partir avec leur mère : son avion pour Paris l’attendait, Anaelle allait l’aider à s’installer. Dans sa main droite, il serrait une belle Œil de Tigre.
Sa sœur en route pour ses études francophones, sa génitrice avec elle, ses grands-parents à Atlanta, c’était la première fois que l’illustrateur se retrouvait aussi détaché du cocon familiale. Ça faisait un vide, mais ce n’était pas plus mal. Il y avait toujours Rosaleen, fidèle au poste dans sa boutique, comme pour leurs sorties en fin de semaine.
Le vendredi 9 octobre 2015, Rowen était à 1000 lieux des quelques violences signalées à Seattle. L’un de ses collègues, et ami, Bruce Hamilton, l’invita à une semaine à la campagne avec ses parents. Rien qu’un chalet et l’Elwha River, à une quinzaine de minute de Port Angeles. Un endroit rêvé pour la pèche au saumon ! Et s’il n’était pas bien doué, l’aîné Defreine aimait ça, la pèche. C’était calme, ça lui laissait le temps de rêver. Ce n’était pas la première fois qu’il venait : les parents Hamilton le connaissaient bien maintenant. Il y avait April, une femme de la quarantaine, chargée de communication, avec un charme certain. Elle aussi avait eu son premier fils tôt et restait presque aussi jeune dans sa tête que son cadet adolescent, resté en ville chez un ami. Quant au beau-père, Arthur, il était une véritable armoire à glace de cinquante ans. Ancien boxeur qui avait troqué le ring pour les camions de déménagement.
Dès le samedi midi, l’illustrateur avait réussi à faire tomber son smartphone à l’eau, le rendant complètement inutilisable. Pas d’ordinateur à la campagne, alors il avait juste pu prévenir Rosaleen de son indisponibilité sur les réseaux sociaux – via le portable de Bruce – et s’appliqua à profiter de ses vacances.
Mi-octobre, un appel d’Antwan – le fils resté à Seattle – corrobora les faits que les campagnards voyaient fleurir sur la toile, quand le réseau le permettait. L’épidémie, la cohue, les militaires qui arrivaient dans la métropole. L’inquiétude monta d’un cran, mais ils n’étaient qu’à deux jours de leur retour, alors… autant attendre. Le 19 octobre, revenu la veille au soir, Rowen s’était réveillé au son d’émeutiers qui hurlaient dans la rue. Les choses semblaient empirer, pas de nouvelles de sa mère et de sa sœur, trop peu de Rosaleen aussi. Il essaya de les joindre sur son ordinateur, mais pas de réponse. Bon signe ? Mauvais signe ? Aucune idée.
Ce n’est que le 21 qu’il se décide à se bouger : aller voir chez sa meilleure amie, dans sa boutique, mais rien. Aucune trace indiquant qu’elle allait mal, mais aucune attestant de sa présence. Cette fois, c’était la panique ; se déplacer dans les rues était dangereux, entre ceux qui laissaient éclater leurs désirs de chaos, ceux qui fuyaient en catastrophe, et…les autres. L’illustrateur ne savait plus vers qui se tourner, alors il alla voir les Hamilton, dans leur maison à Alki Point. Ils n’en menaient pas large, scrutant la rue avec anxiété, mais ils étaient « prêts ». Provisions pour tenir un siège, plein d’essence, volets clos.
Et le drame tourna à l’Enfer. Rues transformées en jungle urbaine, communications coupées, retransmissions télévisuelles interrompues, plus de courant. Arthur avait simplement répondu à un instinct de prévoyance élémentaire, comme quand on annonçait un cyclone en Floride, mais il n’avait pas pensé véritablement que sa famille serait réduite à manger des réserves comme en temps de guerre. Trop peu de paroles, trop peu de rires, octobre, puis novembre, furent maussades.
Rowen avait été accepté, sans qu’aucune question ne lui soit posée, ni aucune contrepartie demandée en retour. Pourtant il en passait du temps à se morfondre, voir à pleurer un peu, pour sa famille et son amie. Il n’avait pas du mal à accepter ce qui se passait, non : ses croyances étaient tellement tournées vers l’ésotérisme – voire l’occulte – qu’il pouvait l’admettre. Simplement, il ne comprenait pas.
Fin novembre, Antwan se fit mordre. Ils connaissaient trop peu de choses sur les infestés, alors quand l’adolescent était sorti avec son père et son frère pour essayer de faire du réapprovisionnement, ils ne s’étaient pas assez méfier. Il n’avait suffit que d’un cadavre pour entamer la chair de son bras et, horrifié, ses parents n’avaient pu faire son agresseur laissé tomber qu’en lui brisant le crâne. Bras cassé, mâchoire disloquée, côtes fracturées, cet « homme » bougeait toujours ! C’était ce qu’avait raconté Arthur en entrant, le corps livide de son cadet dans ses bras.
Puis la suite : fièvre, mort, chagrin, renaissance. Encore une fois, comment savoir ? Ils avaient veillé le corps tellement longtemps, sans être capable de le déplacer, qu’il avait fini par se réveiller. Premier instinct ? Mordre son grand frère, bien sûr. A la gorge. Bruce était mort, la moitié du visage dévoré, quand April découvrit la scène et hurla comme une démente. C’était Rowen qui l’avait sauvée, c’était lui qui avait maitrisé l’adolescent, jusqu’à ce que son propre père doive se résoudre à lui briser le crâne à coup de marteau.
En décembre, ils étaient partis. Trop dur de continuer à exister dans cette maison qui empestait le sang, la maladie et l’infanticide. Le couple Hamilton n’avait même pas posé la question, à savoir si l’illustrateur les suivait : c’était évident. Ils étaient une famille désormais. Eteinte, décolorée, mais vivante et combative. Tout l’hiver, il avait été en mouvement. Premier halte dans l’ancienne maison d’Anaelle et Ewen, puisque le domicile du rêveur avait déjà été malmené. Toujours ensemble, toujours soudés, ils durent apprendre sur le tas : comment trouver à manger, à boire, comment s’abriter, comment se débarrasser proprement de ces « choses » quand ils n’avaient pas le choix. Ils finirent pas comprendre qu’il suffisait d’abîmer le cerveau, pas nécessairement de l’exploser ; qu’ils étaient attirés par les bruits et l’odeur ; qu’ils n’étaient pas très malins. Courant janvier, ils avaient enfin une arme à feux chacun. Rowen ne savait même pas comment s’appelait la sienne, et il savait à peine s’en servir d’ailleurs. Arthur s’y connaissait un peu, il donna quelques bases, mais l’illustrateur préférait encore l’esquive. Et puis… il avait encore l’Œil de Tigre de sa sœur.
Au printemps, le trio était bien affaibli, le jeune homme avait même chopé une grippe début mars. Ils avaient déjà croisé, de loin heureusement, quelques pilleurs, mais n’avaient encore jamais eu affaire à la véritable cruauté des survivants. Un petit groupe de quatre « voyous » leur était tombé dessus au sud de Seattle. Ils comptaient littéralement les « mettre à poil ». Armes, vivres, outils, vêtements, chaussures… ils eurent beau demander, négocier, supplier un soupçon de bonté. Inutile. Est-ce qu’ils allaient céder ? Aucun ne le saurait jamais, car au moment où l’un des inconnus posa ses mains sur April avec la visible intention de s’offrir un « bonus », le poing d’Arthur lui fendait la pommette. Il devint alors fou : le père qui avait vu mourir ses fils et avaient dû les tuer, celui qui avait assuré la protection des siens pendant tout un hiver glacial, il ne laisserait pas ces types blesser sa femme.
Les agresseurs avaient beau être en surnombre, ils ne savaient que faire de cette montagne de muscles déchaînée. Après quelques coups de lames et une balle dans le vendre, Arthur se défendait toujours. Il soufflait comme un animal blessé, mais il avait déjà assommé deux des délinquants. Les autres ? Ils avaient reculé, tétanisés. Parce qu’ils savaient qu’ils pouvaient le cribler de plomb, mais est-ce que ça suffirait ? Ils ne voulaient pas y passer. Ça ne valait pas vraiment le coup. Dommage. Le temps qu’ils réfléchissent à ce qu’il fallait faire, April les avait mis en joue avec un sang froid étonnant et avait tiré. Dix fois. Des larmes roulaient sur ses joues creusées, parce qu’elle savait que ce n’était plus qu’une question de temps. Son mari allait mourir. Lui aussi.
A deux, ils avaient pu aider Arthur à marcher jusqu’à l’appartement le plus proche. Se barricader : il n’y avait pas d’autres choix, les mordeurs envahissaient les rues, attirés par les détonations. Les « possédés » comme les appelait maintenant Rowen. Ils n’étaient pas médecin, ils n’avaient pas de médicament ni la moindre compresse, alors il n’y eut rien d’autre à faire que contempler le patriarche rendre son dernier souffle. La veuve avait pleuré une nuit entière, réfugiée dans les bras de l’illustrateur. Lui aussi avait sangloté, encore. Pour ceux qu’ils avaient perdu, mais aussi ceux dont il n’avait pas de nouvelles. « Je suis sûr qu’ils vont bien » se répétait-il, mais… vraiment ?
Le lendemain, nouvelle leçon. Arthur ne s’était pas fait mordre, mais il se réanima quand même. Affamé. April n’avait plus de larmes à verser, elle était vide, blafarde, ternit. Ce fut elle qui acheva son époux d’une balle dans la tête ; puis elle l’avait recouché dans le canapé, l’avait embrassé sur le front, et ils étaient repartis. A deux.
Pourquoi ne pas quitter Seattle ? Peut-être parce qu’au fond de leurs âmes brisées, il y avait de l’espoir. Voir la civilisation renaître, le courant revenir, et entendre un hélicoptère passer avec le sigle de la croix rouge. Ouai… si les choses s’amélioraient, ça commencerait sans doute en ville. L’été, la déambulation du duo de survivants les avait conduits dans l’est de la métropole. Ils n’avaient plus de voiture depuis longtemps, plus de balles aussi et quasiment rien à manger. Les possédés se zonaient en meute, les salauds également, ils l’avaient bien vu, alors ils rasaient les murs. La peur au ventre, la faim dans les entrailles, April et Rowen se déplaçaient ensemble, dormait ensemble, veillaient ensembles, déprimaient ensemble. Ils n’avaient plus besoin de mots pour se comprendre ; ils étaient mère et fils de substitution.
En août, ils avaient échappé in extremis à un fauve. La bête devait s’être échappée du zoo et devait crever la dalle, elle aussi. Pour ne pas risquer de rester sur son terrain de chasse, ils étaient partis. Le nord, puis l’ouest, retour à Alki Point. On était en automne, fin octobre. Un an, déjà. Même si ça faisait mal, April tint à revenir voir leur ancienne maison. Simplement la voir, dans son enveloppe de silence macabre, usée par des mois d’intempéries et de passage de horde. Elle ne voulait pas entrer toutefois et l’illustrateur respecta ce choix. Ce fut dans ce quartier justement, qu’ils rencontrèrent les Brooks. Un père et une fille, visiblement éprouvés, mais bien vivants. Ils durent sans doute prendre en pitié les deux complices aux allures de fantômes, parce qu’ils les invitèrent à les suivre.
Eux aussi, venaient de revenir dans le quartier. Ils ne pensaient pas revoir quelqu’un – du moins, quelqu’un d’autres que des pirates modernes. Rowen remarqua que la fille n’avait plus qu’un bras, et le père expliqua qu’on lui avait coupé suite à une morsure. Sa mère était chirurgienne, c’était ce qui lui avait permis de survivre à une amputation sauvage… et c’était visiblement ce qui l’avait sauvé de la contamination.
Quelques jours plus tard, la quarantenaire et l’illustrateur étaient repartis. Ils ne voulaient pas s’imposer, ni profiter de ce qui leur était gracieusement mis à disposition. Ils avaient laissé en échange quelques conserves trouvées dans les environs, puis avaient repris la route. Vers où ? Vers quoi ? Aucune idée. Ils passaient de refuge en refuge, s’arrêtaient quand ils étaient fatigués ou/et quand ils trouvaient à manger. Toujours plus de balles, mais les flingues vides faisaient quand même de beaux coups de bluff ; comme quand un sale type avait voulu piller Rowen, avant de s’apercevoir qu’il était accompagné par une femme endurcie avec un 9mm au bout du poing. Il s’en était allé finalement, le ventre plus gros que ses couilles.
Mi-novembre, encore l’est de Seattle. Mais cette fois, ce fut différent. Cette fois… l’illustrateur n’osait plus y croire, mais il croisa Rosaleen. Sa Rosaleen. Et elle était vivante. C’était un signe – forcément un signe.
passeport :♦ recensement de l'avatar. - Code:
Daniel Radcliffe ♦ <bott>Rowen Defreine</bott>
♦ recensement du prénom. (prénom utilisé uniquement)- Code:
♦ Rowen
♦ recensement du nom. (nom utilisé uniquement)- Code:
♦ Defreine
♦ recensement du métier. - Code:
♦ Illustrateur
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Re: Rowen Defreine ~ Le premier jour du reste de ma vie
Jeu 17 Nov 2016 - 19:31
Je l'approuve très fort l'avatar o/
Amuse toi avec lui et si tu veux un rp une fois validé, j'en cherche actuellement sur Ian
Amuse toi avec lui et si tu veux un rp une fois validé, j'en cherche actuellement sur Ian
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Re: Rowen Defreine ~ Le premier jour du reste de ma vie
Jeu 17 Nov 2016 - 19:46
Je sais pas si ça m’est déjà arrivé, enfin, on va essayer de ramasser tous les morceaux et de recommencer à zéro, ça va pas être facile mais on est tous ensemble maintenant et je me sens bien.
- Yulia Iojov
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Re: Rowen Defreine ~ Le premier jour du reste de ma vie
Jeu 17 Nov 2016 - 19:47
Wouaaah mais ça fait trop longtemps que j'n'ai pas vu sa bouille sur les forums rpg (autre qu'hp évidemment) et j'approuve totalement le choix de groupe etc. Re bienvenue avec ce quatrième compte !
En tout cas très bon choix (et j'adore ses traits de caractère) va être poto avec Wade dit
En tout cas très bon choix (et j'adore ses traits de caractère) va être poto avec Wade dit
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Re: Rowen Defreine ~ Le premier jour du reste de ma vie
Jeu 17 Nov 2016 - 20:01
Bwaaaaaaah
(oui, c'est tout c'que j'ai à dire de constructif )
(oui, c'est tout c'que j'ai à dire de constructif )
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Re: Rowen Defreine ~ Le premier jour du reste de ma vie
Jeu 17 Nov 2016 - 20:44
Comme tu as demandé qu'on te passe MV c'est ce que j'ai fait parce que je suis comme ça, j'aime faire plaisir aux gens.
J'espère que ta couleur te plaîîîît
J'espère que ta couleur te plaîîîît
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Re: Rowen Defreine ~ Le premier jour du reste de ma vie
Jeu 17 Nov 2016 - 20:51
Lily Harlow a écrit:Comme tu as demandé qu'on te passe MV c'est ce que j'ai fait parce que je suis comme ça, j'aime faire plaisir aux gens.
J'espère que ta couleur te plaîîîît
MDR je savais que y'en aurait un pour me prendre au sérieux xD. M'en fout c'est cool le rose !
Et sinon merci à tous ! Et sinon Jasper, rendez-vous dans les liens :p
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