La personnalité de Blake s'est construite par étape. Gamine paumée détestant la terre entière, son entrée dans l'armée lui a permis de se construire, de découvrir ce qu'elle était capable d'être et d'accomplir. Adolescente rebelle, la blonde s'est assagie dès son premier jour en tant que militaire. En fait, cela aurait pu arriver bien plus tôt. C'est grâce à l'autorité et à la hiérarchie que Blake s'est calmée. Elle a su réaliser qu'être encadré pouvait donner une certaine sécurité. Les règles n'étaient pas faites pour rien et qu'il fallait à tout prix les respecter. Les Marines l'ont transformé en une jeune femme beaucoup plus sûre d'elle. Affronter un milieu quasi entièrement masculin n'a pas été de tout repos et pour ne pas se laisser marcher dessus, Blake a du montrer les crocs. Sa répartie et son mauvais caractère l'ont bien aidé à se créer sa place et à être respectée en tant que femme.

Être militaire lui a appris à devenir organisée, méthodique. Pour Blake, rien ne doit être laissé au hasard. Que cela soit dans la vie ou sur le terrain, elle élaborera toujours plusieurs plans et analysera la situation avant de se lancer. Son organisation et sa prudence lui ont toujours réussi même si son perfectionnisme en a exaspéré plus d'un.
Elle a rapidement vu qu'elle avait les épaules pour prendre les commandes, que les responsabilités ne lui faisait pas peur. Mais elle a aussi découvert qu'elle n'appréciait pas être contredite et qu'elle était capable de se mettre dans des colères noires lorsque cela arrivait.Elle estime que sa manière de faire est la plus censée et ne laissera que peu de place aux idées des autres.

Mais ses années dans les Marines lui ont aussi apporté quelques mauvaises choses. Peu démonstrative de ses sentiments, elle renferme ce qu'elle ressent jusqu'à l'explosion. Elle n'est pas vraiment douée avec les gens. Les réconforter elle ne sait pas vraiment faire. Sans doute parce qu'elle n'est du genre à devoir être réconfortée et qu'elle préfère affronter les événements de la vie à sa manière, sans y mêler personne.

Mais Blake cache quelques traits de caractère qu'elle réservait exclusivement à sa famille. Ses sentiments pour John, l'arrivée de Chloé lui ont fait découvrir une douceur qu'elle ignorait. Beaucoup moins autoritaire et plus flexible, elle restait tout de même celle qui gérait la maison. Il n'y a qu'avec qu'eux qu'elle osait montrer vraiment ses sentiments.

Puis l'épidémie est arrivée. Blake aurait pu rester exactement la même si le pire ne lui était pas arrivé. Après la perte de Chloe, Blake s'est cherché une raison de vivre. Alors elle s'est plongée corps et âme dans la vie du groupe d'Evergreen. Volontaire, déterminée, toujours aussi organisée et encore plus autoritaire, Blake à mit ses compétences à profit. En quelque sorte, Blake à fait un retour en arrière et a retrouvé la personnalité qu'elle avait lorsqu'elle était Marines. Elle se mêle sans difficulté aux autres et pourra, dans des cas exceptionnels, se montrer à l'écoute. Parce que c'est aussi ça qui lui garde la tête hors de l'eau, régler les problèmes, permettre aux survivants d'un peu mieux vivre.

Mais même si Blake s'entend bien avec la plupart des membres du groupe, elle reste très mystérieuse sur sa vie. Elle ne dira que le stricte nécessaire et ne se confiera à personne. La perte de sa fille, l'éloignement et la lente descente aux enfers de son mari, Blake n'en parle qu'une seule et unique fois afin que l'information soit comprise. Il est inutile d'insister, vous pourriez la faire basculer dans une colère noire. Parce que le chagrin et la tristesse que renferme l'ancienne militaire la rendent parfois assez lunatique. Pourtant d'ordinaire assez patiente, elle pourra paraître très précipitée en un claquement de doigt. Il est possible qu'en pleine discussion, ses idées noires réussissent à s'installer dans son crâne et qu'elle soit obligée de vous planter là, alors que tout allait très bien. Ou si vous discutez un peu trop longtemps l'ordre qu'elle vous aura donné en extérieur, il est tout à fait possible que vous en preniez pour votre grade.

Malgré tout ça, Blake reste une jeune femme digne de confiance, accessible et souriante qui, on le sait, cache énormément de cicatrices.

Blake est une une femme assez grande. Mesurant près d'un mètre soixante treize elle ne pèse d'une cinquantaine de kilos. Un corps athlétique entretenu par des années d’entraînements sportifs en tout genre, la silhouette de la militaire est plutôt gracieuse. Elle n'a pas des courbes mirobolantes mais il y a ce qu'il faut, là où il faut et ça lui suffit très bien.

Sur le corps, Blake conserve quelques cicatrices.  La plus imposante se trouve sur son bras gauche où elle a été mordue par l'un des chiens de son unité durant l'un de ses voyage en Afghanistan. La seconde se trouve sur sa cuisse droite, elle forme un sillon assez profond et long, celle-ci provient d'une blessure par balle. Une troisième se trouve sur son bas ventre et n'est pas due au danger de son métier. Il s'agit de la cicatrice de la césarienne d'urgence qu'on a du lui faire pour accoucher de Chloe. La dernière, plus fine mais plus longue, se trouve sur sa hanche droite et dépasse un petit peu sur son ventre provenant d'une coupure faite par un barbelé. L'ancienne Marines n'a aucun tatouage et n'a jamais voulu en avoir.

Son visage est assez carré mais la longueur de ses cheveux adoucit quelque peu ses traits. Car oui, Blake à les cheveux longs, très longs. Arrivant jusqu'au milieu du dos, elle les laisse la plupart du temps détachés. Elle n'a jamais coloré sa tignasse raide et elle n'a jamais vraiment de coiffure très recherchée. Il lui arrive de les attacher en queue de cheval. Une dentition impeccable, une peau claire faisant ressortir ses beaux yeux verts, Blake est une belle femme mais ne rentre pas dans les critères de beaucoup d'homme. Sa blondeur et son teint blanc donnent l'impression qu'elle est originaire d'un pays scandinave alors qu'il n'en est rien.


Du côté vestimentaire, Blake a souvent été habituée à ne porter que treillis et autres équipements lourds militaires. SI elle conserve encore quelques vêtements de ce type dans l’armoire de sa chambre, elle s'habillera toujours de la même façon : un jean, une ceinture, un débardeur avec par dessus, un pull noir, la veste en cuir qu'elle traîne depuis le début de l'épidémie. Elle conserve aux pieds une paire de rangers à sa taille.
En accessoire, la blonde ne garde que sa montre, son alliance, ses plaques d'identification, un petit bracelet en argent (son dernier cadeau de fêtes des mères) ainsi qu'un bracelet identique à celui que porte John, tressé par Chloé.


Les deux armes que Blake conserve depuis le départ sont un MK23 rangé dans un holster d'épaule ainsi qu'un M4 qu'elle a l'habitude de tenir en main ou dans le dos grâce à la sangle. Elle a aussi un couteau, un OKC 3S rangé dans un étui noir mais sa première arme de corps à corps est un piolet d'escalade sur glace, qu'elle coince dans sa ceinture. Ces armes sont celles qu'elle préfère utiliser mais Blake est à l'aise avec toutes sortes d'armes, même les plus anciennes récupérées par le groupe.



Tout ce que Blake possède se trouve dans son gros sac à dos militaire. A l'intérieur se trouve de nombreuses feuilles rangées dans une grosse pochette rose. Certaines sont vierges et d'autres sont coloriées par sa fille. Elle a conservé chaque gribouillis mais l'un d'entre eux est plus important que tous les autres : Un dessin de Chloé représentant la famille Callaghan. Elle conserve également la boite en métal qui renferme tous les crayons et feutres qu'utilisait sa fille lorsqu'ils se trouvaient à l'abri, ainsi qu'une peluche d'un lapin, l'ancien doudou de Chloé.

Le sac renferme également deux pochettes : La grande contient une brosse à dent, du dentifrice, du gel douche et quelques autres produits d'hygiène. La petite contient une petite brosse à dent, du dentifrice pour enfant, une brosse à cheveux rose et plusieurs élastiques.

Comme beaucoup d'autres, Blake garde deux bouteilles d'eau pleines dans son sac ainsi que quelques barres protéinées. En vrac se trouve :Un briquet, une maglite, un jeu de carte, plusieurs photos, son portefeuille, le carnet de santé de Chloe, deux livres, des craies, une tasse en inox, une boussole.


Muselière, laisses en cuir, harnais simples et militaires, colliers normaux, à impulsion électrique et de dressage, Blake possède tout un attirail réservé au dressage ou à l'intervention des chiens. Récupéré dans diverses boutiques, tous les équipements militaires (tel que le harnais de Khan) provient de ses propres affaires.

≡ 19 Octobre 2009, Base des Marines de Camp Lejeune, Jacksonville, Caroline du Nord.

« Parlez-moi de vous. » Assise sur sa chaise, vêtue de son un uniforme aux tons beiges, les cheveux attachés en chignon ne laissant dépasser aucune mèche de cheveux, le dos parfaitement droit, Blake resta un instant à fixer le psychologue qui se trouvait en face d'elle. Lui aussi l'observait, un air stricte sur le visage, le menton baissé pour la scruter par dessus ses lunettes. « Avec tout le respect que je vous dois, Monsieur, on m'a demandé de venir vous voir à propos de l'opération Khanjar. Je doute que mes informations personnelles aient une quelconque utilité. » Le respect l'empêchait d'employer le mot « forcé. » mais c'était bel et bien le cas. On ne lui avait pas laissé le choix. L'ordre était venue de bien au dessus d'elle et il était inutile d'essayer de le contrer. Malgré tout, Blake ne comprenait pas la raison de sa venue dans ce bureau et elle comprenait encore moins ce que voulait savoir ce médecin. Parler d'elle. La demande était plutôt vague. « Elles en ont pour moi, Officier Farron. ». Blake laissa son regard dérivé sur le côté de la pièce tandis qu'elle se mordait la joue d'agacement. « Que voulez-vous savoir exactement ? » Répondit la blonde, décidée à ne pas lui faciliter la tâche. Après tout, s'il voulait qu'elle réponde il faudrait qu'il l’anguille un petit peu.

Décollant le dos de son fauteuil en cuir, le Docteur Marshall s'empara d'un dossier qu'il ouvrit et déposa devant lui.  « Commencez par...le commencement par exemple ? » Au ton qu'employait l'homme, Blake sut qu'il était inutile de résister. Il voulait savoir sa vie, toute sa vie visiblement. Incapable de s'en empêcher, Blake inspira puis pinça les lèvres avant de soupirer d'impatience. « Je suis née le 28 Mars 1978, à Nashville. Mon père était ambulancier. Ma mère était couturière. J'ai eu une enfance tout à fait normale. » Volontairement, la blonde appuya sur ses derniers mots, comme pour faire comprendre au médecin qu'aucun traumatisme de l'enfance ne venait encore la hanté. « Vous avez des frères et sœurs ? » Blake ne mit qu'une demi seconde avant de répondre. « Non. Je suis fille unique. » Le ton ferme qu'employa la militaire n'échappa pas à son interlocuteur mais, mis à part rester à la dévisager quelques secondes dans le silence, il n'en fit rien. « Bien. » Un autre silence. « Ensuite ? » Blake s’humecta les lèvres et leva ses yeux verts sur le plafond, concentrée à fouiller dans sa mémoire. « Mon adolescence a été difficile. J'étais terrible avec mes parents et ça s'est aggravé à la mort de ma mère. » Évidemment puisque Blake venait de parler d'une mort dans la famille le médecin montra un air tout particulièrement intéressé. Elle ne lui laissa cependant pas le temps de relever et elle enchaîna directement. « Ma mère est morte l'année de mes 14 ans. A cause de la maladie d'Huntington. Ses symptômes se sont déclarés peu de temps après ma naissance, raison pour laquelle je suis fille unique. » Elle n'entra pas dans les détails. Lui raconter que grandir avec une mère devenant totalement folle et incapable de faire la moindre chose seule n'était pas nécessaire. Elle leva une main pour désigner son dossier médical. « Je ne suis pas atteinte. » Elle eut un sourire crispé, comme s'il s'agissait là d'une évidence. « Je ne me tiendrais pas en face de vous sinon. ».

« Savez-vous pourquoi la situation s'est aggravée après la mort de votre mère ? » Blake leva les mains dans les airs avant de les faire claquer contre ses cuisses. Les raisons étaient multiples. « Je n'étais qu'une adolescente peu sûre d'elle mais avec un caractère de cochon. J'étais en colère, triste, perdue. J'en ai voulu à mon père, sans vraiment réfléchir qu'il n'y était pour rien parce qu'il me fallait un responsable. » Sur le moment, Blake se mit réellement à douter de l'intérêt des questions du médecin. Celle-ci paraissait plus qu'évidente et même le fait que le Docteur Marshall chercher simplement à la faire parler sur le sujet lui semblait totalement inutile. « Comment votre relation avec votre père a elle évoluée ? » Mashall s'était mit à griffonner sur son bloc note, levant le regard par instant sur la militaire. La première réponse qu'eut envie de répondre Blake fut « Elle n'a pas évolué. » Mais elle se garda bien de répondre de la sorte. Une réponse telle que celle-ci ouvrirait un nombre de porte incalculable au médecin qui n'hésiterait pas une seule seconde à s’engouffrer dedans en l'assaillant de question toutes plus personnelles les unes que les autres. « Mon père et moi avons eu nos différends. Depuis sa farouche opposition à mon entrée chez les Marines, nous n'avons plus aucun contact. »


≡ 22 Octobre 2009, Base des Marines de Camp Lejeune, Jacksonville, Caroline du Nord.

« J'aimerai que vous me parliez de votre entrée chez les Marines. La dernière fois que nous nous sommes vu, vous m'avez indiqué que votre père s'était opposé à cela. » Blake était de nouveau assise face au Docteur Marshall, toujours aussi agacée de devoir étaler sa vie à ce parfait inconnu. Même si ce dernier justifiait sa demande avec une raison médicale. «  Je devais avoir...16 ou 17 ans lorsque nos nouveaux voisins se sont installés en face de chez nous. Ils étaient tous les deux militaires. Ce sont eux qui m'ont expliqué en quoi consistait leur métier et ce sont eux qui m'ont donné l'envie d'y rentrer. Mon père n'était pas de cet avis. Trop dangereux, pas adapté à une fille comme moi. Il a fait tout son possible pour m'empêcher d'intégrer les Marines. » Elle fit une brève pause avant de reprendre. « J'ai continué les études pour passer le temps et surtout pour calmer mon père. Mais l'année de mes 22 ans j'ai tout plaqué. Les études, mon père, mon petit copain de l'époque, pour m'engager. » Un peu en retard sur sa lecture, le psychologue ouvrit le dossier de Blake rapidement et en lut quelque lignes. « Racontez moi votre parcours. » Sans pouvoir s'en empêcher, Blake leva une main pour lui désigner ledit dossier. Tout se trouvait à l'intérieur alors pourquoi lui demander. Il contenait tout, absolument tout. « Une liste sur une feuille ne m'explique pas votre parcours, Lieutenant Farron. » Contra immédiatement le médecin, sans doute habitué de devoir traiter des militaires peu coopératifs. Elle devrait lui raconter les neuf dernières années de sa vie. Son parcours, ses déploiements, sa rencontre avec John. Tout. A cette pensée, Blake leva le nez en direction de la pendule accrochée sur le mur. Elle n'était pas prête de sortir de cet endroit.

« Je suis rentrée chez les Marines le 10 Septembre 2000. Comme tout le monde, j'ai fais mes six premiers mois de formations. J'en suis sortie Private First Class, affectée à la deuxième division du 2nd Bataillon. Et j'ai enchaîné directement derrière par la formation pour la spécialisation dans la K9. » Elle fut coupée par le médecin. « Pourquoi la K9 particulièrement ? » Blake resta bête quelques secondes, clignant simplement des yeux en fixant Marshall. « L'instinct. » Répondit Blake, d'un ton neutre. Parce que c'était bel et bien le cas. Hormis le fait que Blake avait toujours possédé des animaux durant sa vie, l'idée d'apprendre à les dresser et à travailler avec des chiens particulièrement intelligents l'avait fortement tenté. « Poursuivez. » Elle reprit donc son récit, là où il l'avait interrompu. « En même temps que je suis passée Caporal, j'ai été envoyée pour la toute première fois en Afghanistan. C'était en 2002. » Le médecin leva son stylo, signe qu'il avait une question à lui poser. « Quel était votre rôle là-bas ? » Se battre ? Non, elle ne pouvait pas lui répondre ça. « Nous avons ramené les chiens de déminage, de détection d'explosifs en tout genre, d'attaque également. Pour le reste, nous étions envoyé au même titre que les autres soldats. Et vous savez pourquoi nous avons été envoyé là-bas, n'est ce pas ? ». Le contraire serait inquiétant, quand même. « J'ai découvert ce qu'était que combattre. J'ai aussi découvert qu'il ne fallait pas s'attacher aux chiens. Qu'une certaine distance était nécessaire. Je ne l'avais pas prise à cette époque malheureusement. »

Sans doute une erreur que beaucoup avant elle avaient du faire. Après tout ce n'était qu'un réflexe humain. Les journées des militaires affectés en unité canine se résumaient à entraîner les chiens. Chaque jour, ils étaient en compagnie de ces bestioles et obligatoirement, en les voyant évoluer, s'améliorer, devenir bon voire même parfois excellent, l'attachement se faisait de lui même sans que les soldats ne doute de quoi que ce soit. « Combien de temps avez-vous été déployée ? » Avec ses cinq déploiements, Blake n'avait pourtant aucun mal à se souvenir des dates exactes. « Cinq mois et douze jours. » Marshall vérifia les dires de la blonde. « Qu'avez-vous fait une fois de retour sur le sol américain ? ». Blake se racla la gorge puis reprit. « J'ai intégré l'école d'officier par le biais du MECEP. Je suis passée Second Lieutenant en 2004. La même année que mon premier déploiement en Irak. » En prenant soin de ne pas paraître déplacée, elle leva une nouvelle fois les yeux vers la pendule. « Nous verrons le reste dans... » Marshall fit bouger la souris de son ordinateur pour ouvrir ce qui devait être son agenda. « Deux jours, Lieutenant Farron. Passez une bonne fin de journée. ».

≡ 24 Octobre 2009, Base des Marines de Camp Lejeune, Jacksonville, Caroline du Nord.

Ce jour là, Blake s'était levée bien plus tôt que d'habitude, abandonnant John encore profondément endormi à côté d'elle. La blonde refusait que sa première activité de la journée soit ce fichu rendez-vous avec Marshall. Alors elle s'était rendue à la base alors que le jour n'était pas encore levé pour s'occuper des chiens qu'elle avait en charge. Après deux bonnes heures d’entraînement, elle fut bien obligée de remettre les chiens dans leurs enclos et de presser le pas jusqu'au bureau du psychologue.

« Comment allez-vous Lieutenant ? » Marshall était arrivé dans son dos, manteau et mallette dans les bras, occupé à fouiller dans les poches à la recherche des clés ouvrant son bureau. « Très bien. » Se contenta de répondre Blake. Le ton n'était pas froid et encore moins méchant. Elle utilisait simplement la façon de parler militaire qui consistait à aller directement à l'essentiel.
Une fois les clés trouvées, le médecin l'invita à rentrer et à s'installer. Une fois prêt, le dossier entre les mains, il reprit ses questions. « Nous nous sommes arrêtés à votre déploiement en Irak en 2004. Si j'en crois votre dossier, c'est à ce moment là que vous avez été blessé ? ». Instinctivement, Blake baissa les yeux vers son bras. « Effectivement, des morsures de chien. De l'un de l'unité. Après avoir pris reçu une balle dans l'arrière train, celui-ci m'a attaqué le bras à trois reprises alors que je tentais de le soulever. » Le médecin fit une petite moue et secoua la tête, pointant Blake de son stylo. « Et cela ne vous a pas donné peur des chiens ? » Elle ne comprit pas immédiatement la question. « Ce chien était blessé, il a tenté de se protéger.  Pourquoi aurais-je du en avoir peur ? » Il haussa les épaules, la même moue toujours installée sur le visage. « Vous avez eu plusieurs points de suture, l'impossibilité d'utiliser votre bras pendant des semaines. Cela aurait pu jouer. » Mais le médecin faisait fausse route. « Cela n'a pas joué. » Répondit fermement Blake, mettant un terme à cette partie de l'histoire.

Comprenant qu'il était temps de changer de sujet, il reprit sa lecture quelques instant avant de se mettre à parler. « Vous êtes donc rentré au pays. Vous êtes passé Lieutenant un an et demi après votre retour d'Irak. Vous avez également changé de division. » Maintenant c'était lui qui lui racontait sa vie. A quoi servait elle ici ?  « C'est exact. Huitième division.» Mais même sa vie en dehors des mobilisations semblait intéresser le médecin. « Qu'avez-vous fait pendant deux ans ? » Elle eut un sourire gêné, scrutant les alentours. Elle ne savait pas par où elle devait commencer. Les sourcils froncés, elle secoua lentement la tête. « Je suis rentrée à la base et deux mois après j'ai déménagé à Wilmington pour m'installer dans ma propre maison. » Il n'y avait guère plus à dire mais le médecin creusa un peu plus sa question. « Vous y avez emménagé seule ? » Elle hocha la tête. « Effectivement. Mon conjoint de l'époque et moi même avions décidé de ne pas nous installer ensemble. Pas immédiatement. » Comme elle savait très bien que le médecin continuerait ses questions, elle prit les devants « Nous nous sommes séparés juste avant mon second déploiement en Irak, à la fin de l'année 2006. » Content d'avoir eu la réponse sans avoir eu à poser la question, Marshall griffonna les informations sur son papier.

« Je vois que vous avez été changé d'affectation durant votre déploiement de 2008 en Afghanistan...mais...nous reviendrons sur ce point un peu plus tard. » Combien de fois devrait elle venir ici au juste. Cette fois-ci, Blake se redressa et s'approcha du bureau. « Combien de temps vais-je devoir être obligée de venir vous voir ? Khanjar est la raison de ma présence ici mais nous n'avons toujours pas évoqué le sujet. »

« Chaque chose en son temps Lieutenant. » Il lui offrit un léger sourire et répéta sa phrase.

Flashback ≡ 20 Mai 2009 - 23h17, Opération Khanjar.
Quelque part en Afghanistan, Base des Marines.

La température avoisinait les 37°C alors que la nuit était tombée depuis plusieurs heures. L'air était étouffant mais, après autant de voyage, Blake avait commencé à s'habituer. Cela faisait déjà deux semaines qu'elle avait quitté les États-Unis pour s'envoler jusqu'en Afghanistan. Et le temps lui paraissait long, incroyablement long. Peut-être parce qu'il s'agissait de la toute première fois que quelqu'un l'attendait réellement à la maison.  Et ce quelqu'un, c'était John.

« Raconte. » Lui balança Emma, l'air amusé d'avoir trouvé quelque chose d'intéressant à apprendre. Emma faisait partie de son unité depuis plusieurs année. Les deux femmes se connaissaient bien. Assez pour que Blake la considère comme une amie et qu'elle s'autorise à lui parler un peu plus d'elle. L'air préoccupé de la blonde en allumant l'ordinateur installé sur la table n'échappa pas à la métisse. « Raconte. » Insista-elle en se rapprochant un peu. « Les seules discussions que j'ai au cours de la journées sont avec les avions qui nous survolent, qui viennent ou repartent. Je t'en supplie, Blake, distrait moi. » Chouina la militaire, faisant plier le Lieutenant Farron. Sans répondre immédiatement, la blonde se contenta de fixer son amie, attendant que cette dernière pose les bonnes questions. Ce qui ne mit pas très longtemps à arriver. « Il s'appelle John. » Les yeux grands ouverts, ultra concentrée, Emma attendit le reste de l'histoire.

« Tu veux tout...tout ? » Elle n'eut presque pas le temps de terminer sa phrase. « Oui. Tout. » Blake soupira mais se mit à rire en voyant l'intérêt de la brune pour les potins. « Quand j'ai été déployée l'année dernière, tu te souviens ? Et bien on m'a fait partir en renfort dans une autre base. Une de l'Army. » Doucement, la blonde ferma l'ordinateur portable, consciente qu'elle ne pourrait pas passer son coup de fil avant un bon moment. « Leur chien de déminage avait été abattu, il en fallait d'autre en remplacement. Je suis partie là-bas, avec trois chiens. » Une pause. « Quand je suis arrivée, j'ai rencontré John et.. » Elle fit un grimace, penchant légèrement la tête. « Ca ne s'est pas spécialement bien passé entre nous. » Emma fronça les sourcils. Les bras croisés sur la table, elle baissa le menton pour le déposer sur ses poignets. « Le commandant me revenait. J'étais déjà Lieutenant, il était Sergent. Il n'a pas voulu en démordre, je ne me suis pas laissée faire. » Elle haussa les épaules. « Mais je n'étais pas chez les Marines, alors j'ai du l'écouter. Enfin...j'ai fait du mieux que j'ai pu disons. » En voyant la tête de Emma dire « ET ENSUITE ? » Blake se sentit obligée de continuer. « Je ne lui ai pas adressé la parole pendant dix jours. » Encore un peu fière, Blake fit une moue. Même si John et Blake avait rediscuté de ce moment, elle boudait encore un peu.

« Et comment..vous avez pu passer de ça. » Demanda Emma en pointant un cas invisible avant de faire un arc de cercle avec son index jusqu'à l'ordinateur. « à ça ? ». Le souvenir lui revint exactement en mémoire. « J'ai pu voir qu'il n'était pas aussi con que je le pensais. » C'était un beau résumé. En réalité, Blake avait assisté à une discussion entre John et ses hommes. Ou plutôt, elle avait malencontreusement entendu l'une de leur conversation. Malheureusement pour elle, son cas était à l'honneur, dans des paroles peu élogieuses de la part des soldats. L'intervention de John qui, pourtant, ne devait pas la porter dans son cœur à ce moment là, l'avait surpris. En demandant à ses hommes de ne plus avoir de tels propos à son égards, Blake constata qu'il n'était pas aussi con qu'elle pouvait bien le penser.

« Les choses sont améliorées progressivement. J'ai compris qu'il ne voulait pas m'écraser en tant que femme lorsqu'il s'est opposé à ma prise de commandement. Mais plus parce qu'il connaissait réellement ses hommes. » Blake leva les yeux au ciel, retirant par la même occasion la casque beige de sa tête. « Je ne sais plus combien de temps après, je l'ai croisé dans la tente de communication. Il parlait à une fille, sa petite amie. Une certaine Stacy. » Blake se mit à rire. « Je te jure Emma que rien qu'au son de sa voix j'aurai pu deviner son métier. C'était le Jersey Shore. » Elle rigola encore un peu. « Je lui ai balancé deux trois piques. Je ne pourrais même plus te dire quoi exactement. Je m'attendais à ce qu'il la défende mais ça n'a pas été le cas. »

« Je me suis prise au jeu. Il me plaisait déjà depuis un bon moment et on avait enfin trouvé un terrain d'entente. » Agitant les mains, Blake accéléra la cadence. « Je vais résumer le reste parce que demain on sera encore là sinon. » Visiblement déçue, Emma hocha tout de même la tête. « Je lui ai donné mon numéro lorsqu'on a été rapparié. Peu de temps après on s'en revu pour dîner et finalement on ne s'est plus jamais vraiment séparés. » En prononçant cette phrase, Blake réalisa qu'elle n'était plus très vraie. « Avant aujourd'hui. ».


≡ 1 Novembre 2009, Base des Marines de Camp Lejeune, Jacksonville, Caroline du Nord.

« Parlez-moi de Khanjar. » Voilà, ils y étaient enfin. Durant les précédents rendez-vous, Blake avait du expliqué la façon dont elle avait rencontré John. Comment ils s'étaient revu et finalement mis ensemble. Le médecin avait tout voulu savoir. Le mois de leur emménagement, leurs projets. Rapidement, Blake s'était retrouvée gênée de parler de l'homme qui partageait sa vie. Parce que même si cela faisait pratiquement un an qu'ils étaient ensemble, le couple avait été séparé de longs mois, durant l'opération Khanjar. « Je suis partie en Afghanistan aux alentours du 5 ou 6 Mai. Nous avons préparé notre attaque et nous sommes parti au combat. L'opération s'est déroulée le 2 Juillet, à l'aube. » Les souvenirs lui venaient dans le désordre, comme si ses pensées étaient toutes désorganisées. « Nous étions dans le district de Garmsir avec mon unité. ». Mais elle fut coupée par le médecin. « Parlez-moi de Toshtay. » Blake se raidit immédiatement et resta silencieuse. Oh non elle n'avait pas oublié ce fameux jour. C'était lors de ces affrontements qu'une balle lui érafla la cuisse. En tentant de garder le ton posé qu'elle utilisait généralement pour parler à ses subalternes, Blake inspira et s'élança lentement. « Nous avons combattu. Ce qu'il s'est passé là-bas à été pire que tout ce que j'ai pu voir. » Pinçant les lèvres, elle se racla la gorge avant de se remettre droite sur sa chaise. Mais ce point là ne semblait pas intéresser le psychologue. « Faites vous des cauchemars depuis votre retour ? » Elle ne savait pas quoi répondre. Oui elle en faisait mais est ce que cela voudrait dire qu'elle était atteinte d'un quelconque trouble psychologique ? L'inverse pouvait tout autant l'être. « Ils étaient très fréquents à mon retour. Ces derniers temps, mes nuits sont plutôt convenables. »

Mais ce ne fut là que la première question du médecin. Tout une autre série arriva derrière lui demandant si lui arrivait de se mettre à pleurer sans raison ou si...ses humeurs changeaient sans que rien ni personne n'en soit la cause ? Tout une ribambelle de question auxquelles Blake répondit avec la plus grande sincérité possible. De toute façon, tout cela, tout son ressenti, tous ses cauchemars, c'était à John qu'elle en avait parlé le premier. Et il n'y avait que lui pour avoir les mots justes, à ce moment là.

≡ And...

Ce fut là la dernière fois qu'elle parla à un psychologue. Khanjar fut son tout dernier déploiement et Blake ne retourna jamais en Afghanistan. Après s'être laissé quelques mois pour souffler, la blonde mit tout en œuvre pour devenir instructeur canin. Mais une surprise pointa le bout de son nez en Octobre 2010. Une surprise prénommée Chloe, ayant élu domicile dans le ventre de Blake pour une durée de 9 mois. Cette grossesse était arrivée bien plus rapidement que la militaire ne l'avait imaginé. Quelques semaines seulement après l'arrêt de sa pilule, le test s'avéra positif. Pourtant, la blonde ne s'était pas précipitée pour l'annoncer à son mari. Elle ne le fit qu'après avoir vu le médecin et avoir fait tous les examens. La réaction de John ne fut pas non plus celle que Blake s'était imaginée. Au lieu d'être totalement figé par la nouvelle ou, au contraire, complètement hystérique, son mari l'avait planté là, lui demandant quelques minutes avant de filer hors de la cuisine. Sur le moment, Blake ne comprit pas vraiment. Jusqu'à ce qu'il revienne, une bague bricolée avec du cordage dans les mains et qu'il pose un genou à terre. Évidemment, Blake accepta sans l'ombre d'une hésitation et à peine un mois après, le couple s'unissait avec seulement quelques proches à leurs côtés.

John fut déployé au mois de Décembre. D'après leurs calculs, il serait de retour juste avant l'accouchement et pourrait profiter des premiers mois de son enfant en toute tranquillité. Sauf que Chloe arriva plus tôt que prévu. Prématurée d'un mois, la petite fille vint au monde  le matin du 7 Avril 2011. L'accouchement ne se déroula pas très bien et une césarienne d'urgence fut imposée à Blake. C'est grâce à Skype qu'elle put apprendre la nouvelle à son mari, encore à l'autre bout du monde. Donner naissance sans lui et s'occuper de CC seule durant les premières semaines fut plus difficile que ce que Blake avait bien pu penser. L'arrivée de leur fille avait changé beaucoup chose dont, principalement, l'inquiétude de la blonde concernant son mari. Désormais, s'il le militaire ne rentrait pas, ce n'était pas seulement une femme qu'il laissait derrière lui mais une famille. Fort heureusement, John revint au pays en vie et fit la connaissance du tout petit être qu'était sa fille. Leur vie prit une nouvelle dimension et elle put voir son mari tomber fou amoureux de sa progéniture.

Blake ne reprit pas immédiatement le travail. Entre son congé maternité et ses congés, elle retourna à Camp LeJeune que lorsque CC fêta ses 10 mois. Malgré leurs emplois risqués, leur vie de famille fut tout à fait normale. Le couple Callaghan assista aux premiers pas de leur fille, à son premier mot, à sa première chute, ses premières dents, à ses premiers dessins sur les murs du salon, à sa première visite à la plage, à sa première tentative  sur un vélo, ses premiers caprices. Leur fille était devenue leur préoccupation principale et le monde tournait parfaitement.

La famille Callaghan déménagea à Olympia suite à la mutation de John dans la base Lewis McChord en 2014. Blake fut elle aussi affectée dans la base des Marines la plus proche et continua à former les unités canines tout en jonglant avec ses obligations de maman. La vie suivait son cours. CC commença l'école et l’éventualité d'avoir un deuxième enfant commença à trotter dans la tête de Blake. Peut-être que celle-ci aurait pu se concrétiser...si tout n'avait pas basculé.

Lorsque le monde bascula à cause  d'une épidémie permettant aux morts de se relever, John fut bien évidemment mobilisé. Sa mission consistait à protéger un camp de réfugié installé dans l'enceinte de l’hôpital de Tacoma. Dès son arrivée, John rapatria CC, Blake et Khan (leur berger malinois). Ils furent rapidement obligés d'expliquer la situation à Chloe qui, éloignée de sa maison, de ses repères, de ses habitudes, ne comprenait pas ce qu'il se passait et pourquoi son père portait l'uniforme et les armes en permanence. A leur manière, ils tentèrent d'expliquer les choses avec les mots qu'une enfant de 4 ans pouvait comprendre. Elle qui ne considérait pas encore réellement ce qu'était la mort devait maintenant comprendre que cette étape de la vie n'était plus la dernière. Volontairement, pas mal d'informations furent laissées sous silence pour ne pas inquiéter la petite mais surtout pour qu'elle ne soit pas traumatisée lorsque tout rentrerait dans l'ordre.

Sauf qu'évidemment, rien ne rentra jamais dans l'ordre et tout empira. Doucement mais sûrement. Vivre dans un camp ne changeait pas vraiment pour John et Blake, habitués à vivre dans des bases bien moins confortables sur le sol Afghan. Mais ce fut une toute autre histoire pour C.C. Comme tous les militaires, Blake participa à la sécurité et aux ravitaillement pour le camp. En découvrant pour la première fois à quoi ressemblait un infecté, comment ils procédaient pour tuer et comme eux devaient faire pour les abattre, la blonde réalisa que Khanjar n'était rien à côté d'une telle chose.

La survie suivit son cours jusqu'à ce que les militaires présents se rendent à l'évidence qu'aucune aide, qu'aucune amélioration, qu'aucun changement ne viendrait. Qu'ils restaient là, à protéger des inconnus alors que leurs proches vivaient les mêmes risques à des kilomètres d'eux. Une fois l'hiver correctement installé, la plupart des soldats quittèrent la base, abandonnant tout simplement le camp derrière eux et les Callaghan n'attendirent pas pour faire de même. Le manque d'homme et la masse de morts qui se trouvaient dans les environs n'annonçaient rien d'autre qu'une catastrophe éminente. Et non, jamais ils ne feraient courir un tel risque à leur enfant. A eux deux, militaires de profession, ils assureraient parfaitement la sécurité de leur progéniture. Ils en étaient persuadés.

Et c'était bien ça qui passait en priorité : La sécurité de CC. John et Blake étaient tombés d'accord : Ils ne feraient confiance à personne et qu'ils n'hésiteraient pas à utiliser la force afin que leur fille puisse vivre le plus normalement possible. Ils étaient deux. Deux adultes armés et formés à tuer. Deux militaires pour protéger une seule petite fille. Et ils en furent incapable.

Le drame se déroula le 7 Janvier alors que la famille Callaghan descendait en direction de Olympia dans le but de retourner chez eux. D'extérieur, la maison qu'ils avaient choisi pour passer la nuit semblait épargnée par les mordeurs. Tous les accès étaient verrouillés. L'intérieur était propre et rangé. Rien ne laissait deviner qu'un infecté s'était enfermé dans la penderie d'une des chambres. Blake serait incapable de dire pourquoi, comment cela était il arrivé. Pourtant, à chaque fois qu'ils vérifiaient une maison, ils procédaient d'une manière bien précise. Rien n'était laissé au hasard. Chaque porte, chaque armoire était vérifiée. Peut-être que le fait que les premières pièces soient totalement vides et que l'intérieur soit toujours impeccable qui joua. La fatigue aussi. L'envie d'expédier rapidement la sécurisation de la maison pour se poser. Non, réellement, Blake ne saurait pas dire pourquoi, ce jour là, elle était passée la première dans la pièce, laissant Khan avec John et que dans son dos, elle avait laissé Chloe découvrir ce qui se cachait dans la penderie.

Deux secondes. Ce fut le temps nécessaire pour que le rôdeur se jette sur le petit corps de Chloe et que ses dents s'enfoncent dans son cou. L'hurlement de sa fille avait suffit à ce qu'elle se retourne et qu'elle se mette à courir vers elle. Le « MAMAN. » de terreur que cria sa fille lui avait procuré la sensation de se déplacer au ralenti. Et c'était bien ainsi que la scène se déroulait sous ses yeux. Au ralenti. Sans trop réfléchir, Blake avait repoussé le rôdeur à mains nues, ne cherchant même pas à l'abattre mais simplement à ce qu'il lâche prise. Le reste, elle ne le vit même pas. Chloe au creux des bras, son sang dégoulinant sur la moquette, Blake fut incapable de la lâcher. Si une partie d'elle était morte en même temps que CC, une autre se consuma lorsqu'elle enfonça le canon de son arme dans les cheveux blonds de son bébé. Lorsque la détonation résonna dans la pièce, Blake eut aussi mal que si la balle avait traversé son cœur.

« Aucun parent ne devrait à avoir à enterrer son enfant. » disait Théoden à Gandalf. Aucun parent sur terre ne devrait connaître cette horrible souffrance. Ils auraient du partir avant elle. Au lieu de ça, ils se retrouvaient dans cette maison, à chercher comment continuer de vivre avec une telle souffrance. Ils passèrent plusieurs jours sans parler, sans manger, sans se regarder. La sensation de faim et de soif n'existait plus. Mais ils ne pouvaient pas non plus rester là. Persuadée que CC les observait d'en haut, Blake se força à se redresser. Suffisamment pour pouvoir marcher et quitter cette maison qui leur avait tout volé.

Le couple n'échangea que quelques mots et même lorsqu'ils croisèrent la route de plusieurs camions, John ne manifesta aucun intérêt à les rejoindre. Blake quant à elle, savait qu'ils ne pouvaient plus rester seuls. Qu'ils devaient se mêler à d'autres survivants. Que sinon, ils ne survivraient pas à leur chagrin. La blonde entama la discussion, gagnant leur place pour le chalet. Comme ceux qui venaient de fuir un certain stade à Seattle, le couple s'installa dans les montagnes, à l'écart des mordeurs.

Si Blake fit tout son possible pour se rendre utile, ce ne fut pas le cas de John dont l'état empira au fur et à mesure des jours. Les disputes, elles aussi, empirèrent avec le temps. Les reproches plurent, les mots méchants également. Le couple n'eut plus rien d'un couple jusqu'à ce que John en signe définitivement la fin en couchant avec Lucy. Ce jour là, elle s'était empêchée d'utiliser la violence. Mais seulement avec Lucy qui écopa d'un regard haineux et de quelques insultes sifflées entre ses dents. En revanche, John eut le droit aux coups. Depuis ce jour là, depuis qu'elle lui a hurlé qu'elle aurait préféré que ce soit lui qui ait été mordu ce jour là, Blake ne lui adresse absolument plus la parole.

Il aura fallu un certain temps pour que Blake s'habitue à cette vie mais elle se devait d'aider les autres. C'est que CC aurait aimé qu'elle fasse.

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