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John Callaghan - If you're gonna hate me, you should take a ticket
Jeu 5 Jan 2017 - 1:24
37 ≡ Américaine ≡ Militaire – US Army, CoE ≡ Evergreen Ridge
i've got a war in my mind
D’après les théories relativistes, la quatrième dimension, c’est le Temps. Les Hommes, eux, ne sont que des êtres en trois dimensions. Largeur, hauteur, profondeur. Ils sont incapables d’aborder le temps autrement que comme une ligne continue, un cours d’eau qui ne s’écoule que dans une seule direction. Passé. Présent. Futur. Pourtant, certains avancent que le temps est un cercle, une boucle, un seul continuum qui ne peut être ni changé, ni altéré. Qu’il n’y a qu’une seule course d’actions possible, qu’une seule et même superposition d’événements. Il n’y a ni début, ni fin. Il n’y a ni précédents, ni suivants. Chaque événement, chaque point du cercle est aussi vrai que n’importe quel autre. Ce qui est valable pour le Temps est également valable pour les Hommes. Et donc pour John. L’adolescent turbulent n’a pas disparu pour laisser place à l’homme plus calme et discipliné. L’homme calme et discipliné n’a pas disparu pour laisser place à l’homme brisé. Ils sont toujours là, aussi vrai les uns que les autres. Ils existent encore, quelque part.
Jeune, John Callaghan est un gamin difficile. Il ne s’est jamais réellement montré intéressé par l’école et préférait de loin semer la zizanie en classe et dans la cours de récré. Bagarreur, c’est dans cette dernière qu’il a fait ses classes. La castagne, il aime ça. Pourtant, il n’a pas nécessairement mauvais fond. Entouré de sa bande d’amis, dès lors qu’il est en dehors du cadre familial, c’est même un garçon assez chaleureux. Mais c’est une forte tête, butée et difficile à mater.
Pourtant il y a bien quelque chose qui a réussi à le faire. La United States Army. Bien que son penchant pour distribuer des châtaignes ne se soit pas envolé et qu’il ne soit pas à l’abri de quelques sautes d’humeur, l’armée l’a clairement calmé. Comme beaucoup d’autres avant lui, John est rentré dans le moule. Il est devenu un homme discipliné, pragmatique, avec un certain sens du commandement. Observateur, il est capable de faire preuve d’une minutie extrême dans ce qu’il pense, dit ou fait. Un détail qui révèle toute son importance quand on se retrouve la gueule à quinze centimètres d’une mine irakienne prête à vous vaporiser et qu’il faut la désamorcer pour permettre à celui de vos hommes qui a marché dessus de rentrer au bercail. D’une loyauté à toute épreuve une fois qu’elle est acquise, il pourrait se coucher sous un camion pour ceux qu’il considère comme ses amis.
Il n’y a pas que l’Army qui a su comment le gérer. Une autre personne y arrive et celle-ci, John lui a passé la bague au doigt et elle lui a donné une magnifique petite fille. Blake et Chloe sont les amours de sa vie. Ses deux rayons de soleil. Il n’y a qu’avec elles que Callaghan se sent réellement heureux, qu’avec elles qu’il se sent réellement vivre. Ils les aiment plus que tout au monde. Peut-être même trop.
John est un peu mort le jour où sa petite fille est morte. Il a tout perdu ce jour-là. Il l’a perdue elle. Il a perdu Blake. Et il s’est perdu lui. C’est un homme brisé, complètement aveuglé par la colère et la souffrance. Il ne lui reste plus que ça. Il ne voit plus que ça. Colère et souffrance. Il ne se reconnaît plus dans le reflet que renvoie la glace et sa femme et lui sont devenus comme des étrangers. Froid, que ce soit avec elle ou les autres, tout dialogue est presque rompu d’avance. Préférant rester seul dans son coin, plus nerveux que jamais, il se montre souvent agressif, à la limite de la violence. La haine qu’il ressent, envers le monde entier mais avant tout envers lui, obsèdent la moindre de ses pensées. Bien qu’il ne se complaise absolument pas dans son malheur, la perte du couple Callaghan est trop grande et il est incapable de la surmonter. De ce fait, John a perdu toute vision sur le long terme. Il ne vit plus que l’instant présent. C’est d’ailleurs bien pour ça qu’il s’occupe toujours. Toujours. N’importe quoi est bon prendre. N’importe quoi qui pendant cinq minutes, dix, vingt, une heure, trois voire même plus, n’importe quoi qui puissent lui occuper l’esprit et l’empêcher de voir défiler dans sa tête les images de sa petite agonisante. N’importe quoi qui puisse le libérer de sa peine.
Jeune, John Callaghan est un gamin difficile. Il ne s’est jamais réellement montré intéressé par l’école et préférait de loin semer la zizanie en classe et dans la cours de récré. Bagarreur, c’est dans cette dernière qu’il a fait ses classes. La castagne, il aime ça. Pourtant, il n’a pas nécessairement mauvais fond. Entouré de sa bande d’amis, dès lors qu’il est en dehors du cadre familial, c’est même un garçon assez chaleureux. Mais c’est une forte tête, butée et difficile à mater.
Pourtant il y a bien quelque chose qui a réussi à le faire. La United States Army. Bien que son penchant pour distribuer des châtaignes ne se soit pas envolé et qu’il ne soit pas à l’abri de quelques sautes d’humeur, l’armée l’a clairement calmé. Comme beaucoup d’autres avant lui, John est rentré dans le moule. Il est devenu un homme discipliné, pragmatique, avec un certain sens du commandement. Observateur, il est capable de faire preuve d’une minutie extrême dans ce qu’il pense, dit ou fait. Un détail qui révèle toute son importance quand on se retrouve la gueule à quinze centimètres d’une mine irakienne prête à vous vaporiser et qu’il faut la désamorcer pour permettre à celui de vos hommes qui a marché dessus de rentrer au bercail. D’une loyauté à toute épreuve une fois qu’elle est acquise, il pourrait se coucher sous un camion pour ceux qu’il considère comme ses amis.
Il n’y a pas que l’Army qui a su comment le gérer. Une autre personne y arrive et celle-ci, John lui a passé la bague au doigt et elle lui a donné une magnifique petite fille. Blake et Chloe sont les amours de sa vie. Ses deux rayons de soleil. Il n’y a qu’avec elles que Callaghan se sent réellement heureux, qu’avec elles qu’il se sent réellement vivre. Ils les aiment plus que tout au monde. Peut-être même trop.
John est un peu mort le jour où sa petite fille est morte. Il a tout perdu ce jour-là. Il l’a perdue elle. Il a perdu Blake. Et il s’est perdu lui. C’est un homme brisé, complètement aveuglé par la colère et la souffrance. Il ne lui reste plus que ça. Il ne voit plus que ça. Colère et souffrance. Il ne se reconnaît plus dans le reflet que renvoie la glace et sa femme et lui sont devenus comme des étrangers. Froid, que ce soit avec elle ou les autres, tout dialogue est presque rompu d’avance. Préférant rester seul dans son coin, plus nerveux que jamais, il se montre souvent agressif, à la limite de la violence. La haine qu’il ressent, envers le monde entier mais avant tout envers lui, obsèdent la moindre de ses pensées. Bien qu’il ne se complaise absolument pas dans son malheur, la perte du couple Callaghan est trop grande et il est incapable de la surmonter. De ce fait, John a perdu toute vision sur le long terme. Il ne vit plus que l’instant présent. C’est d’ailleurs bien pour ça qu’il s’occupe toujours. Toujours. N’importe quoi est bon prendre. N’importe quoi qui pendant cinq minutes, dix, vingt, une heure, trois voire même plus, n’importe quoi qui puissent lui occuper l’esprit et l’empêcher de voir défiler dans sa tête les images de sa petite agonisante. N’importe quoi qui puisse le libérer de sa peine.
Militaire de carrière, John Callaghan transpirait la rigueur martiale et présentait le maintien qui accompagne d’ordinaire le port de l’uniforme. Ce n’est plus le cas depuis le décès de CC. Du moins en partie. Habitué à se tenir bien droit, son mètre quatre-vingt trois est maintenant légèrement voûté par le poids que fait peser la culpabilité sur ses épaules. Malgré cela, il reste tout de même un homme soigneux de son apparence. Ses cheveux, bruns foncés, sont toujours proprement coupés et coiffés naturellement en arrière. Sa barbe est quant à elle quotidiennement rasée à blanc. Cela pourrait paraître stupide vu l’état actuel du monde et la perte que le couple Callaghan a subi mais c’est pour l’homme un moyen de garder une certaine continuité, un moyen de ne pas sombrer complètement. Une chose, aussi infime soit-elle, à laquelle il peut se rattacher. Il en va de même pour les exercices auxquels il s’adonne depuis son entrée à l’école militaire afin de maintenir une certaine condition physique. Son corps présente donc une musculature sèche qui, si elle n’égale pas celle d’armoires à glace, offre néanmoins au sergent une carrure athlétique qu’il a pu également travailler grâce à sa pratique de la boxe anglaise. Suite à la mort de Chloe, les traits de son visage se sont durcis et son regard, bleu, est devenu aussi froid que la glace, renforçant ainsi l’attitude sévère que dégage le soldat.
Si John est un homme soucieux de son apparence physique, on ne peut pas en dire autant de sa garde robe. Préférant de loin les tons sombres, ses tenues civiles étaient des plus sobres. Jamais rien d’extravagant ou de très coloré. Des jeans, des pantalons cargo, des pulls – à capuche ou non, des t-shirts, quelques chemises, des baskets, des rangers. C’est donc ce genre de vêtements qu’il a emporté avec lui lorsque l’épidémie a frappé le monde. Étant originaire de Californie, Callaghan a toujours eu du mal à supporter le froid. Il ne sera donc pas rare de le croiser bien couvert avec un gros blouson sur les épaules. Si ses vêtements recouvrent les quelques cicatrices qui ornent sa peau ça et là, ils laissent généralement apparaître le seul signe distinctif de John : un tatouage représentant une étoile à huit branches, sur le côté gauche de son cou (et, oui, même si c’est interdit dans l’armée, je m’en fiche). S’il ne cherche pas particulièrement à le couvrir, Blake est la dernière à en connaître la signification. Malgré la distance qui s’est installée entre son épouse et lui, le sergent garde toujours son alliance à l’annulaire ainsi qu’un bracelet confectionné par Chloe, le même que porte sa femme. Dernier véritable souvenir de sa fille, il ne s’en sépare jamais, tout comme ses plaques d’identifications qui pendent encore à son cou.
Toutes ses affaires, John les a trimbalé dans un gros sac militaire rectangulaire arborant le camouflage standard de l’armée. Un autre sac à dos, plus petit et lui aussi en camouflage UCP, lui sert à transporter son nécessaire de survie lors de ses sorties. Rations, gourdes, kit de premiers secours, lampe torche, cordage, et autres munitions y trouvent leur place. Le couple Callaghan ayant fui leur premier camp en emportant du matériel militaire avec eux, John est relativement bien armé puisqu’il possède un fusil d’assaut M4 équipé de quelques accessoires. Ils sont au nombre de trois : une poignée fixée sur le rail Picatinny pour une meilleure stabilité, un viseur point rouge M68 CCO et une lampe tactique. Si il ne l’emporte pas à chaque expédition, le sergent ne sort en revanche jamais sans son Colt M1911a1 qu’il garde dans un holster attaché à sa cuisse. Classique et indémodable, fiable au possible, c’est de loin son arme de prédilection. Le brun garde également à la ceinture un couteau de combat qu’un œil novice pourrait considérer particulier puisqu’il s’agit d’un MPK "Mission", d’ordinaire utilisé par les unités spécialisées dans le déminage et le désamorçage d’Engins Explosifs Improvisés.
Si John est un homme soucieux de son apparence physique, on ne peut pas en dire autant de sa garde robe. Préférant de loin les tons sombres, ses tenues civiles étaient des plus sobres. Jamais rien d’extravagant ou de très coloré. Des jeans, des pantalons cargo, des pulls – à capuche ou non, des t-shirts, quelques chemises, des baskets, des rangers. C’est donc ce genre de vêtements qu’il a emporté avec lui lorsque l’épidémie a frappé le monde. Étant originaire de Californie, Callaghan a toujours eu du mal à supporter le froid. Il ne sera donc pas rare de le croiser bien couvert avec un gros blouson sur les épaules. Si ses vêtements recouvrent les quelques cicatrices qui ornent sa peau ça et là, ils laissent généralement apparaître le seul signe distinctif de John : un tatouage représentant une étoile à huit branches, sur le côté gauche de son cou (et, oui, même si c’est interdit dans l’armée, je m’en fiche). S’il ne cherche pas particulièrement à le couvrir, Blake est la dernière à en connaître la signification. Malgré la distance qui s’est installée entre son épouse et lui, le sergent garde toujours son alliance à l’annulaire ainsi qu’un bracelet confectionné par Chloe, le même que porte sa femme. Dernier véritable souvenir de sa fille, il ne s’en sépare jamais, tout comme ses plaques d’identifications qui pendent encore à son cou.
Toutes ses affaires, John les a trimbalé dans un gros sac militaire rectangulaire arborant le camouflage standard de l’armée. Un autre sac à dos, plus petit et lui aussi en camouflage UCP, lui sert à transporter son nécessaire de survie lors de ses sorties. Rations, gourdes, kit de premiers secours, lampe torche, cordage, et autres munitions y trouvent leur place. Le couple Callaghan ayant fui leur premier camp en emportant du matériel militaire avec eux, John est relativement bien armé puisqu’il possède un fusil d’assaut M4 équipé de quelques accessoires. Ils sont au nombre de trois : une poignée fixée sur le rail Picatinny pour une meilleure stabilité, un viseur point rouge M68 CCO et une lampe tactique. Si il ne l’emporte pas à chaque expédition, le sergent ne sort en revanche jamais sans son Colt M1911a1 qu’il garde dans un holster attaché à sa cuisse. Classique et indémodable, fiable au possible, c’est de loin son arme de prédilection. Le brun garde également à la ceinture un couteau de combat qu’un œil novice pourrait considérer particulier puisqu’il s’agit d’un MPK "Mission", d’ordinaire utilisé par les unités spécialisées dans le déminage et le désamorçage d’Engins Explosifs Improvisés.
the last of us
John est né le 17 Juin 1979 à Bakersfield, en Californie. Cadet de la famille, lui et son frère Peter – d’un an son aîné – ont grandi dans la ville qui les a vu naître. Fils de militaire, son père, James, un vétéran de la guerre du Viêt Nam, devint instructeur au Centre National d’entraînement à Fort Irwin peu de temps après sa naissance. Souvent absent, c’est donc à leur mère, Mae, que revint la lourde tâche de les élever. Ce qui fut tout sauf une partie de plaisir. Également prise par un travail contraignant, leur génitrice a rapidement été dépassée par la situation. Il faut dire que ses garçons ne lui ont pas rendu la tâche aisée. Bakersfield, c’est au milieu de nulle part et loin de tout. Du moins aux yeux d’un enfant. Le chef-lieu du comté de Kern est à un peu plus d’une heure de la Sequoia National Forest et de Fresno. Environ deux heures de Los Angeles et autant de Santa Barbara et son front de mer. Trois de Fort Irwin. Quatre de San Francisco et Las Vegas. La ville n’a rien d’exceptionnelle ni rien de vraiment attractif. Il n’y a pas grand chose à y faire. Alors forcément les gamins Callaghan s’occupaient comme ils pouvaient. Aventuriers dans l’âme, ils partaient souvent en vélo aux alentours de la maison et rentraient tout aussi souvent contusionnés, les genoux abîmés, les bras griffés. Une chance que Mae ait été infirmière et qu’elle ait à sa disposition un stock assez conséquent de pansements et autres bandages. Si elle n’aimait pas les voir rentrer amochés et les vêtements sales, elle préférait de loin ça au fait de les avoir à la maison. Leurs excursions, c’était le seul moment où la fratrie s’entendait bien. Une fois rentrés, ils étaient intenables. Des bêtises à faire, ils en trouvaient des tas. Infernaux, ils se chamaillaient pour un rien et la situation dégénérait très souvent en bagarre avant de finir par quelques larmes, d’un côté ou de l’autre. John avait beau être le petit, il avait déjà un certain tempérament et ne se laissait pas marcher dessus par son grand frère. Bien sûr, quand le père rentrait, ils avaient droit à une bonne rouste et filaient droit pendant quelques jours. Jusqu’à ce qu’il reparte et que leurs mauvaise habitudes reviennent au galop.
Ce fut donc dans ce cadre que John passa les premières années de sa vie avant de rejoindre les bancs de l’école. Et malheureusement, celle-ci n’arrangea rien à son comportement. Il écoutait les leçons d’une oreille distraite. Même s’il comprenait relativement vite, il ne s’investissait guère en classe et ses résultats étaient plus que passables. Le soir venu, John s’arrangeait pour expédier ses devoirs afin de retourner jouer avec ses Legos. Ou de se chamailler avec son frère parce que ce dernier les lui avaient pris. Construire des trucs ça par contre, il adorait. Il pouvait passer des heures à démonter les petites briques en plastique pour les remonter d’une autre manière. Bien que rien ne changea à la maison, la fratrie Callaghan trouva néanmoins un terrain d’entente dans la cour de l’école. Au lieu de passer leur temps à se battre entre eux – même si cela arrivait encore parfois – c’est avec les autres que les deux petits démons se battait. Unis, il devinrent les terreurs de la récré. Les punitions et autres tirages d’oreilles dont ils écopaient étaient tout autant de médaille à accrocher à leur palmarès. Leur mère continua de s’arracher les cheveux avec les garnements, leur père, de leur flanquer des tannées lorsqu’il rentrait à la maison et apprenait leurs récents exploits.
Le secondaire arriva bien vite et si Peter gagna en maturité, ce fut pas le cas de John. Si la pratique de la boxe lui permettait de se défouler, il commença néanmoins à collectionner les retenues. À seize ans, après une altercation à la sortie des cours plus violente que les précédentes, sa place dans le lycée fut mis sur la sellette et John dut passer devant un conseil disciplinaire. James se décida finalement à prendre le taureau par les cornes. La sanction fut immédiate. C’est à l’école militaire que John terminerait ses études en tant que cadet. Bon gré mal gré, il rejoignit donc Camp San Luis Obispo et intégra l’école qui serait rebaptisée quelques années plus tard la Grizzly Youth Academy. Le changement d’atmosphère lui fit tout drôle. Le camp était à plus de deux heures de route de Bakersfield. John était loin de sa famille, de ses amis et de tout ce qui composait son petit monde. Il devait non seulement composer avec des types parfois pires que lui et parfois moins mais il devait également se faire à la rigueur martiale. Et étrangement, il n’eut aucun mal à se plier aux règles. Il trouva dans l’académie militaire l’encadrement et la figure autoritaire, pas celle dont il manquait à la maison non, mais celle qui arriverait à canaliser et rediriger son tempérament difficile.
Le suite coula rapidement de source pour Callaghan. C’était là qu’était sa place, dans l’armée, comme son père. Une fois le lycée terminé, en 1997, John fit part à ses parents de sa décision de s’engager directement. Ayant toujours eu un côté manuel, il choisit d’intégrer le Corps des ingénieurs en tant que Combat engineer et s’envola pour le Missouri direction Fort Leonard Wood où il reçut à la fois son entraînement basique et sa formation d’ingénieur. En 1998, affecté à la 20th Engineer Brigade, John quitta le centre de formation après s’être spécialisé dans le déminage et rejoignit Fort Bragg, en Caroline du Nord. Callaghan connut son premier véritable contact avec la guerre au cours de la même année. Lui et son unité furent déployés dans les Balkans alors que le conflit au Kosovo touchait lentement mais sûrement à sa fin. Il rentra au bercail huit mois plus tard – un grade de Specialist en poche – et profita de sa permission pour rendre visite à ses parents en Californie. Ce fut lors de cette réunion de famille que Peter annonça qu’il avait obtenu son diplôme et rejoignait Camp Benning et l’école d’officier pour intégrer l’Army à son tour.
Pendant quelques temps, John resta au pays en suivant son train de vie quotidien partagé entre ses devoirs envers l’armée, ses permissions et ses quelques fréquentations. Jusqu’en 2001. Jusqu’à ce que les États-Unis se lance dans la guerre contre le terrorisme et qu’il ne soit envoyé en Afghanistan. L’objectif de la brigade aéroportée était simple : construire et fortifier des camps militaires, dégager des routes pour faciliter le mouvement des troupes de la coalition, rechercher et détruire des mines et autres EEI, notamment à l’aide d’Ishtar, la chienne de son unité. Si le brun pensait avoir eu une première expérience du combat avec le Kosovo, il se trompait fortement. Les Balkans n’étaient rien comparés aux montagnes et autres paysages afghans. Il revint toutefois en seul morceau sept mois plus tard. Ayant prouvé ses capacités sur le terrain, il obtint son grade de Sergeant en 2003 et on lui confia tant sa propre unité et que son premier déploiement en tant que sous-officier, mais en Irak cette fois-ci. Les années qui suivirent, Callaghan enchaîna les mobilisations entre les deux conflits. 2004, promu Staff Sergeant, il dirigeait sa propre escouade. 2005, Irak. 2007, Afghanistan. 2008, Afghanistan, encore.
Ce fut au cours de ce déploiement qu’il rencontra celle qui deviendrait plus tard son épouse. Lors d’une mission de routine, Ishtar se fit abattre par un tireur embusqué. Si les hommes de l’unité réussirent à abattre le fils de putain qui avait fait ça, ils n’en étaient pas moins dévasté. Ishtar était plus qu’une chienne. C’était leur chienne. Leur mascotte. Leur amie. Leur sœur d’armes. La perte était dure à avaler, encore plus pour Hank, son maître. Alors forcément lorsqu’ils virent la Lieutenant Blake Farron arriver avec son clébard pour soutenir l’escouade dans ses opérations de déminage, le premier contact ne fut pas évident. Surtout pour John, dont l’autorité au sein de son unité était remise en question par un membre d’un autre corps d’armée plus gradé que lui. Malgré ça, il n’avait pu s’empêcher de la trouver belle au premier coup d’œil. Pas le genre de beauté habituelle mais elle était belle, oui. Et particulièrement bien foutue. Ça même avec l’uniforme, il était capable de le dire. Quelqu’un avait dû vouloir en profiter. Il voyait déjà la bonne femme faire jouer les rouages de la hiérarchie pour prouver que non, elle n’était pas passée sous le bureau d’un général et qu’elle méritait son grade. Que la blonde les laisse faire leur travail, lui c’était tout ce qu’il demandait. Forcément, il y eut quelques accrochages. Pourtant, ce fut grâce à ces prises de becs que Callaghan comprit que la lieutenant n’était pas là par hasard et qu’elle en avait dans la caboche. Et qu’elle lui plaisait également. En tout cas plus que Stacy.
Stacy, c’était sa copine de l’époque. Stacy était coiffeuse. Stacy aussi était belle. Mieux, Stacy était bonne. C’était d’ailleurs uniquement pour ça qu’il était avec elle. Parce qu’autrement... Stacy était sacrément conne. On aurait pu la croire toute droit sortie d’une émission de télé réalité. Incroyablement débile, c’était le genre de nénettes à dire tout ce qui lui passait par la tête. Et comme, il ne lui passait pas grand chose par la tête à part sa dernière paire de chaussures, sa coiffure, sa manucure, les derniers potins de ses copines et ceux de ses clientes... Comme si elle ne réalisait pas le métier que faisait son gars, c’était d’ailleurs des potins qu’elle racontait à John la fois où Blake avait surpris leur conférence Skype. Immanquablement, la lieutenant ne s’était pas gênée pour lui envoyer quelques vannes bien senties. Loin de se démonter, John lui avait fait comprendre que la relation n’avait rien de très sérieux à ses yeux et qu’une autre personne titillait pas mal son intérêt. Ce fut sa première approche. Et, d’un côté comme de l’autre, ce ne fut pas la dernière.
Le déploiement de Callaghan prit fin au début de juillet de la même année. Ce fut avec le numéro de téléphone de Blake en poche et la possibilité qu’ils se voient une fois qu’ils auraient récupéré de leur mobilisation que l’homme retourna au pays. John prit rapidement les choses en main et largua sa coiffeuse sans détour. Vers la fin du mois, la blonde et lui convenait d’un dîner. Chance pour eux, ils n’habitaient pas très loin l’un de l’autre, lui sur sa base à Fort Bragg, elle à Wilmington à environ deux heures de route. Il pourrait toujours faire l’aller retour dans la soirée si les choses se passaient mal. Elles se passèrent bien. Le dîner se transforma finalement en week-end, bientôt suivi d’un autre dès lors que leurs permissions le permirent. Puis d’un autre, puis d’un autre, jusqu’à ce qu’ils décident finalement de se voir même si leur temps libres ne concordaient pas, quitte à devoir faire la route le soir. Ils officialisèrent leur relation en septembre et John emménagea chez Blake.
Le jeune couple de militaires traversa sa première épreuve dès l’année suivante. Tandis que Callaghan restait sur base, Blake était déployée en Afghanistan et prenait part à l’opération Khanjar. Les mois de séparations furent difficiles. La savoir loin, la savoir en danger, sous les tirs ennemis tandis que lui était tranquille au pays, ça n’avait rien d’évident, oui. Mais plutôt que de voir le mauvais côté des choses, John préférait se dire que si ils tenaient là, c’était gagné, leur couple tiendrait malgré tout les autres déploiements, toutes les autres difficultés que la vie mettrait sur leur chemin. Pour palier au manque et à l’inquiétude, il prenait des nouvelles autant que possible et elle en donnait dès qu’elle pouvait. Les semaines passèrent et sa blonde revint en septembre. Le couple avait passé cette épreuve. Et John était là pour la soutenir dans la suivante : éviter d’arracher les yeux au psy qui la suivait.
En 2010, Blake faisait de lui le plus heureux des hommes. Le brun se souviendrait certainement toute sa vie de cette journée. C’était le 3 octobre. En pleine matinée, elle le fit s’asseoir avec elle à la cuisine et rentra immédiatement dans le vif du sujet : elle était enceinte depuis près de quatre semaines. Le déclic fut immédiat. John se leva en lui disant de lui donner quelques minutes. Sans réfléchir, il alla chercher un bout de paracorde et bricola ce qui ressemblait de loin à un anneau. C’était certainement la bague de fiançailles la plus tarte de l’Histoire mais il n’avait rien d’autres sous la main. À sa défense, il n’avait pas vraiment prévu de demander Blake en mariage. Pas tout de suite en tout cas. Pourtant, il avait su. Dès lors qu’elle lui avait dit qu’il allait être papa, il avait su ce qu’il devait faire. Ou plutôt, il avait réalisé quelque chose qu’il savait déjà en son for intérieur. Cette femme était la femme de sa vie et il voulait passer le reste de ses jours avec elle. Résolu, Callaghan posa un genou au sol et fit sa demande. Elle accepta. Le mois suivant, ils se juraient amour et fidélité au cours d’un mariage en petit comité. Le mois d’après, ce fut au tour de John d’être mobilisé.
Ça ne devait durer que six mois. Six mois, c’était un peu moins que le temps qu’il restait avant que Blake n’accouche. C’était aussi parfait que ça pouvait l’être. Ça l’emmerdait d’être déployé. Il ne pourrait pas suivre et assister à la grossesse de son épouse mais le principal était qu’il serait là pour l’accouchement. Ce fut ce que pensa John tout au long de son déploiement. Il se trompait. Quelques semaines avant son rapatriement, lors d’un appel sur Skype, l’écran d’ordinateur afficha l’image de sa femme allongée dans un lit en tenue d’hôpital. Un profond sentiment de panique gagna l’homme, bientôt rassuré par sa blonde. Tout allait bien. Il y avait eu quelques complications avec sa grossesse mais tout allait bien à présent. Et elle avait quelqu’un à lui présenter. Une petite fille. Sa petite fille.
John revint en mai 2011 avec un immense sourire aux lèvres mais la boule au ventre de rentrer au pays en étant père. À distance, le couple avait déjà pu s’accorder sur le prénom. Chloe. Chloe Callaghan. CC. Dès qu’il la prit dans ses bras et posa les yeux sur elle, il sut immédiatement qu’il l’aimerait plus que tout au monde. Elle était merveilleuse. Une magnifique petite fille, la plus belle qu’il ait jamais vu. Sa petite princesse. Son ange. Rien n’était trop beau pour sa fille. Il lui aurait décroché la lune si elle lui avait demandé. En un claquement de doigts, il était pour ainsi dire devenu un papa gâteau. Il en était raid dingue. Et pour elle, il était son héros. Son vaillant papa qui partait à la guerre. Les étoiles qu’il y avait dans les yeux de sa fille lorsqu’il était revenu de son déploiement en Irak en 2013 resterait à jamais gravé dans sa mémoire. Avec elles, Blake et CC, avec cette famille qu’ils fondaient, il goûtait au bonheur le plus parfait.
Oui, John était heureux.
Plus heureux qu’il ne l’avait jamais été.
Il avait un travail dans lequel il s’épanouissait malgré la difficulté et les risques. En 2014, suite au remplacement de la 20th Engineer Brigade par la 555th, il avait d’ailleurs été promu Sergeant First Class et assigné à sa nouvelle section au Camp Lewis-McChord, dans l’État de Washington.
Il avait construit un véritable foyer, une famille aimante qui n’avait pas hésité à le suivre à l’autre bout du pays suite à sa promotion. Il avait une femme superbe en tous points. Une petite fille qui l’émerveillait chaque jour un peu plus. John était un homme comblé.
"C’est difficile de parler du bonheur. Le temps passe et on se sent trop vite à l’abri."
Ce fut donc dans ce cadre que John passa les premières années de sa vie avant de rejoindre les bancs de l’école. Et malheureusement, celle-ci n’arrangea rien à son comportement. Il écoutait les leçons d’une oreille distraite. Même s’il comprenait relativement vite, il ne s’investissait guère en classe et ses résultats étaient plus que passables. Le soir venu, John s’arrangeait pour expédier ses devoirs afin de retourner jouer avec ses Legos. Ou de se chamailler avec son frère parce que ce dernier les lui avaient pris. Construire des trucs ça par contre, il adorait. Il pouvait passer des heures à démonter les petites briques en plastique pour les remonter d’une autre manière. Bien que rien ne changea à la maison, la fratrie Callaghan trouva néanmoins un terrain d’entente dans la cour de l’école. Au lieu de passer leur temps à se battre entre eux – même si cela arrivait encore parfois – c’est avec les autres que les deux petits démons se battait. Unis, il devinrent les terreurs de la récré. Les punitions et autres tirages d’oreilles dont ils écopaient étaient tout autant de médaille à accrocher à leur palmarès. Leur mère continua de s’arracher les cheveux avec les garnements, leur père, de leur flanquer des tannées lorsqu’il rentrait à la maison et apprenait leurs récents exploits.
Le secondaire arriva bien vite et si Peter gagna en maturité, ce fut pas le cas de John. Si la pratique de la boxe lui permettait de se défouler, il commença néanmoins à collectionner les retenues. À seize ans, après une altercation à la sortie des cours plus violente que les précédentes, sa place dans le lycée fut mis sur la sellette et John dut passer devant un conseil disciplinaire. James se décida finalement à prendre le taureau par les cornes. La sanction fut immédiate. C’est à l’école militaire que John terminerait ses études en tant que cadet. Bon gré mal gré, il rejoignit donc Camp San Luis Obispo et intégra l’école qui serait rebaptisée quelques années plus tard la Grizzly Youth Academy. Le changement d’atmosphère lui fit tout drôle. Le camp était à plus de deux heures de route de Bakersfield. John était loin de sa famille, de ses amis et de tout ce qui composait son petit monde. Il devait non seulement composer avec des types parfois pires que lui et parfois moins mais il devait également se faire à la rigueur martiale. Et étrangement, il n’eut aucun mal à se plier aux règles. Il trouva dans l’académie militaire l’encadrement et la figure autoritaire, pas celle dont il manquait à la maison non, mais celle qui arriverait à canaliser et rediriger son tempérament difficile.
Le suite coula rapidement de source pour Callaghan. C’était là qu’était sa place, dans l’armée, comme son père. Une fois le lycée terminé, en 1997, John fit part à ses parents de sa décision de s’engager directement. Ayant toujours eu un côté manuel, il choisit d’intégrer le Corps des ingénieurs en tant que Combat engineer et s’envola pour le Missouri direction Fort Leonard Wood où il reçut à la fois son entraînement basique et sa formation d’ingénieur. En 1998, affecté à la 20th Engineer Brigade, John quitta le centre de formation après s’être spécialisé dans le déminage et rejoignit Fort Bragg, en Caroline du Nord. Callaghan connut son premier véritable contact avec la guerre au cours de la même année. Lui et son unité furent déployés dans les Balkans alors que le conflit au Kosovo touchait lentement mais sûrement à sa fin. Il rentra au bercail huit mois plus tard – un grade de Specialist en poche – et profita de sa permission pour rendre visite à ses parents en Californie. Ce fut lors de cette réunion de famille que Peter annonça qu’il avait obtenu son diplôme et rejoignait Camp Benning et l’école d’officier pour intégrer l’Army à son tour.
Pendant quelques temps, John resta au pays en suivant son train de vie quotidien partagé entre ses devoirs envers l’armée, ses permissions et ses quelques fréquentations. Jusqu’en 2001. Jusqu’à ce que les États-Unis se lance dans la guerre contre le terrorisme et qu’il ne soit envoyé en Afghanistan. L’objectif de la brigade aéroportée était simple : construire et fortifier des camps militaires, dégager des routes pour faciliter le mouvement des troupes de la coalition, rechercher et détruire des mines et autres EEI, notamment à l’aide d’Ishtar, la chienne de son unité. Si le brun pensait avoir eu une première expérience du combat avec le Kosovo, il se trompait fortement. Les Balkans n’étaient rien comparés aux montagnes et autres paysages afghans. Il revint toutefois en seul morceau sept mois plus tard. Ayant prouvé ses capacités sur le terrain, il obtint son grade de Sergeant en 2003 et on lui confia tant sa propre unité et que son premier déploiement en tant que sous-officier, mais en Irak cette fois-ci. Les années qui suivirent, Callaghan enchaîna les mobilisations entre les deux conflits. 2004, promu Staff Sergeant, il dirigeait sa propre escouade. 2005, Irak. 2007, Afghanistan. 2008, Afghanistan, encore.
Ce fut au cours de ce déploiement qu’il rencontra celle qui deviendrait plus tard son épouse. Lors d’une mission de routine, Ishtar se fit abattre par un tireur embusqué. Si les hommes de l’unité réussirent à abattre le fils de putain qui avait fait ça, ils n’en étaient pas moins dévasté. Ishtar était plus qu’une chienne. C’était leur chienne. Leur mascotte. Leur amie. Leur sœur d’armes. La perte était dure à avaler, encore plus pour Hank, son maître. Alors forcément lorsqu’ils virent la Lieutenant Blake Farron arriver avec son clébard pour soutenir l’escouade dans ses opérations de déminage, le premier contact ne fut pas évident. Surtout pour John, dont l’autorité au sein de son unité était remise en question par un membre d’un autre corps d’armée plus gradé que lui. Malgré ça, il n’avait pu s’empêcher de la trouver belle au premier coup d’œil. Pas le genre de beauté habituelle mais elle était belle, oui. Et particulièrement bien foutue. Ça même avec l’uniforme, il était capable de le dire. Quelqu’un avait dû vouloir en profiter. Il voyait déjà la bonne femme faire jouer les rouages de la hiérarchie pour prouver que non, elle n’était pas passée sous le bureau d’un général et qu’elle méritait son grade. Que la blonde les laisse faire leur travail, lui c’était tout ce qu’il demandait. Forcément, il y eut quelques accrochages. Pourtant, ce fut grâce à ces prises de becs que Callaghan comprit que la lieutenant n’était pas là par hasard et qu’elle en avait dans la caboche. Et qu’elle lui plaisait également. En tout cas plus que Stacy.
Stacy, c’était sa copine de l’époque. Stacy était coiffeuse. Stacy aussi était belle. Mieux, Stacy était bonne. C’était d’ailleurs uniquement pour ça qu’il était avec elle. Parce qu’autrement... Stacy était sacrément conne. On aurait pu la croire toute droit sortie d’une émission de télé réalité. Incroyablement débile, c’était le genre de nénettes à dire tout ce qui lui passait par la tête. Et comme, il ne lui passait pas grand chose par la tête à part sa dernière paire de chaussures, sa coiffure, sa manucure, les derniers potins de ses copines et ceux de ses clientes... Comme si elle ne réalisait pas le métier que faisait son gars, c’était d’ailleurs des potins qu’elle racontait à John la fois où Blake avait surpris leur conférence Skype. Immanquablement, la lieutenant ne s’était pas gênée pour lui envoyer quelques vannes bien senties. Loin de se démonter, John lui avait fait comprendre que la relation n’avait rien de très sérieux à ses yeux et qu’une autre personne titillait pas mal son intérêt. Ce fut sa première approche. Et, d’un côté comme de l’autre, ce ne fut pas la dernière.
Le déploiement de Callaghan prit fin au début de juillet de la même année. Ce fut avec le numéro de téléphone de Blake en poche et la possibilité qu’ils se voient une fois qu’ils auraient récupéré de leur mobilisation que l’homme retourna au pays. John prit rapidement les choses en main et largua sa coiffeuse sans détour. Vers la fin du mois, la blonde et lui convenait d’un dîner. Chance pour eux, ils n’habitaient pas très loin l’un de l’autre, lui sur sa base à Fort Bragg, elle à Wilmington à environ deux heures de route. Il pourrait toujours faire l’aller retour dans la soirée si les choses se passaient mal. Elles se passèrent bien. Le dîner se transforma finalement en week-end, bientôt suivi d’un autre dès lors que leurs permissions le permirent. Puis d’un autre, puis d’un autre, jusqu’à ce qu’ils décident finalement de se voir même si leur temps libres ne concordaient pas, quitte à devoir faire la route le soir. Ils officialisèrent leur relation en septembre et John emménagea chez Blake.
Le jeune couple de militaires traversa sa première épreuve dès l’année suivante. Tandis que Callaghan restait sur base, Blake était déployée en Afghanistan et prenait part à l’opération Khanjar. Les mois de séparations furent difficiles. La savoir loin, la savoir en danger, sous les tirs ennemis tandis que lui était tranquille au pays, ça n’avait rien d’évident, oui. Mais plutôt que de voir le mauvais côté des choses, John préférait se dire que si ils tenaient là, c’était gagné, leur couple tiendrait malgré tout les autres déploiements, toutes les autres difficultés que la vie mettrait sur leur chemin. Pour palier au manque et à l’inquiétude, il prenait des nouvelles autant que possible et elle en donnait dès qu’elle pouvait. Les semaines passèrent et sa blonde revint en septembre. Le couple avait passé cette épreuve. Et John était là pour la soutenir dans la suivante : éviter d’arracher les yeux au psy qui la suivait.
En 2010, Blake faisait de lui le plus heureux des hommes. Le brun se souviendrait certainement toute sa vie de cette journée. C’était le 3 octobre. En pleine matinée, elle le fit s’asseoir avec elle à la cuisine et rentra immédiatement dans le vif du sujet : elle était enceinte depuis près de quatre semaines. Le déclic fut immédiat. John se leva en lui disant de lui donner quelques minutes. Sans réfléchir, il alla chercher un bout de paracorde et bricola ce qui ressemblait de loin à un anneau. C’était certainement la bague de fiançailles la plus tarte de l’Histoire mais il n’avait rien d’autres sous la main. À sa défense, il n’avait pas vraiment prévu de demander Blake en mariage. Pas tout de suite en tout cas. Pourtant, il avait su. Dès lors qu’elle lui avait dit qu’il allait être papa, il avait su ce qu’il devait faire. Ou plutôt, il avait réalisé quelque chose qu’il savait déjà en son for intérieur. Cette femme était la femme de sa vie et il voulait passer le reste de ses jours avec elle. Résolu, Callaghan posa un genou au sol et fit sa demande. Elle accepta. Le mois suivant, ils se juraient amour et fidélité au cours d’un mariage en petit comité. Le mois d’après, ce fut au tour de John d’être mobilisé.
Ça ne devait durer que six mois. Six mois, c’était un peu moins que le temps qu’il restait avant que Blake n’accouche. C’était aussi parfait que ça pouvait l’être. Ça l’emmerdait d’être déployé. Il ne pourrait pas suivre et assister à la grossesse de son épouse mais le principal était qu’il serait là pour l’accouchement. Ce fut ce que pensa John tout au long de son déploiement. Il se trompait. Quelques semaines avant son rapatriement, lors d’un appel sur Skype, l’écran d’ordinateur afficha l’image de sa femme allongée dans un lit en tenue d’hôpital. Un profond sentiment de panique gagna l’homme, bientôt rassuré par sa blonde. Tout allait bien. Il y avait eu quelques complications avec sa grossesse mais tout allait bien à présent. Et elle avait quelqu’un à lui présenter. Une petite fille. Sa petite fille.
John revint en mai 2011 avec un immense sourire aux lèvres mais la boule au ventre de rentrer au pays en étant père. À distance, le couple avait déjà pu s’accorder sur le prénom. Chloe. Chloe Callaghan. CC. Dès qu’il la prit dans ses bras et posa les yeux sur elle, il sut immédiatement qu’il l’aimerait plus que tout au monde. Elle était merveilleuse. Une magnifique petite fille, la plus belle qu’il ait jamais vu. Sa petite princesse. Son ange. Rien n’était trop beau pour sa fille. Il lui aurait décroché la lune si elle lui avait demandé. En un claquement de doigts, il était pour ainsi dire devenu un papa gâteau. Il en était raid dingue. Et pour elle, il était son héros. Son vaillant papa qui partait à la guerre. Les étoiles qu’il y avait dans les yeux de sa fille lorsqu’il était revenu de son déploiement en Irak en 2013 resterait à jamais gravé dans sa mémoire. Avec elles, Blake et CC, avec cette famille qu’ils fondaient, il goûtait au bonheur le plus parfait.
Oui, John était heureux.
Plus heureux qu’il ne l’avait jamais été.
Il avait un travail dans lequel il s’épanouissait malgré la difficulté et les risques. En 2014, suite au remplacement de la 20th Engineer Brigade par la 555th, il avait d’ailleurs été promu Sergeant First Class et assigné à sa nouvelle section au Camp Lewis-McChord, dans l’État de Washington.
Il avait construit un véritable foyer, une famille aimante qui n’avait pas hésité à le suivre à l’autre bout du pays suite à sa promotion. Il avait une femme superbe en tous points. Une petite fille qui l’émerveillait chaque jour un peu plus. John était un homme comblé.
"C’est difficile de parler du bonheur. Le temps passe et on se sent trop vite à l’abri."
Le plus dur, c’était encore d’expliquer la situation à CC. John avait déjà du mal à se faire lui-même à l’idée. Ce truc dépassait l’entendement. Alors comment expliquer ça à une petit fille ? Comment expliquer qu’un virus touchait le pays, non, le monde ? Que ce virus semblait défier toutes les lois de la nature ? Que les gens morts ne le restaient pas ? Que pour lutter contre cette chose, le gouvernement avait décrété l’état d’urgence ? Que papa devait aller fortifier un hôpital pour qu’il serve de camp de survivants ? Qu’à partir de maintenant et pour une durée indéterminée, c’était là-bas que les Callaghan habiteraient ? Qu’à cause de ça, elle n’irait plus à l’école et ne pourrait plus voir ses copines jusqu’à ce que la situation soit sous contrôle ?
Les Callaghan n’eurent pas d’autres choix que de le faire pourtant. Difficile de préserver son enfant lorsque ce nouveau virus était sur toutes les bouches. Les médias et les réseaux sociaux ne parlaient plus que de ça. À la base, les hommes semblaient sur le pied de guerre. Tous étaient dans l’expectative, tendus, attendant fébrilement les directives de l’état-major et du président. À la maison, le couple de militaires savait que ça ne tarderait pas et qu’ils devaient se tenir prêt à agir. L’intervention martiale paraissait inévitable et personne ne fut réellement surpris lorsque les ordres de mission tombèrent. La 555th allait être dispatchée entre les trois villes principales de l’état. Leur rôle figurait parmi les plus importants puisque c’était à eux qu’incombait en grande partie la tâche de construire et de mettre en place des camps afin d’abriter et protéger la population civile. Pour John et sa section, cela signifiait se rendre à Tacoma avec tout un contingent de soldats et sécuriser le Multicare Allenmore Hospital. Des places de choix étaient réservées aux hommes ayant leur famille à proximité. Un coup de fil plus tard, Blake savait où emmener CC. Et avant même que ses blondes n’arrivent, l’incroyable logistique militaire avait fini de mettre en place les barricades destinées à sécuriser le périmètre établi autour de l’hôpital.
Si au début, il était encore envisageable d’avoir un minimum d’espoir, John déchanta rapidement. La vie qu’ils menaient dans le camp était devenue leur quotidien et le serait pendant encore longtemps. Il n’y aurait ni mieux ni retour à la normale. La situation dehors se dégradait continuellement, un constat qu’il avait fait de ses propres yeux en participant aux ravitaillements comme tous les autres militaires qui gardaient l’hôpital. Le nombre d’infectés dans les rues ne diminuaient pas au contraire des ressources qu’ils cherchaient. La perte des réseaux de communications avait rompu tout contact avec la chaîne de commandement. Eux et les autres camps de la ville qu’ils arrivaient encore à joindre grâce aux radios à courte portée... Face à cette crise sans précédents, ils étaient désormais seuls. Ce qui se passait à Washington ou ailleurs n’avait pas la moindre importance. La seule chose qui comptait, c’était comment eux s’en sortaient.
Et au début, ils ne s’en tiraient pas trop mal. Entre le stock de médicaments et le personnel médical de l’hôpital, son groupe électrogène qui leur apportait une électricité des plus précieuses et les vivres récupérés par les différentes sorties hors de la safe zone, leur situation n’était pas des plus catastrophiques. Au début seulement. Après un mois sans aucune amélioration, certains militaires commençaient à s’impatienter. Beaucoup n’avait pas la même chance que John d’avoir avec lui sa famille. Beaucoup voulait partir, tenter de retrouver les leurs. Même dans sa section, il en avait surpris certains parlant d’abandonner le camp. Évidemment, le colonel en charge de l’hôpital ne voyait pas les choses ainsi. Fin novembre, des dissensions apparurent et les premières désertions suivirent rapidement. Callaghan ne pouvait absolument pas les blâmer. Le sergent de première classe comprenait parfaitement qu’aux yeux de ses hommes et des autres, retrouver et protéger leur famille était bien plus important que jouer la nounou pour des inconnus. Et lui aussi partageait leur point de vue. CC et Blake était ce qui avait le plus d’importance à ses yeux. La famille avant le reste. Aussi lorsqu’il fut clair que le nombre de soldats restants n’était pas suffisant pour défendre le camp face aux rôdeurs, eux aussi n’hésitèrent pas à plier bagage, prendre quelques équipements et partir à la faveur de la nuit. C’était à la mi-décembre. Et peut-être était-ce là leur plus grande erreur.
Le couple avait mis en place un plan et un itinéraire simple. Quitter Tacoma, longer Lewis-McChord afin de voir s’il restait encore une présence militaire, rejoindre Olympia et leur maison pour y récupérer ce qui pouvait être récupéré. Mais voyager avec une enfant de quatre ans dans un tel monde n’avait rien de simple. Peu importe ce qu’il se passait hors du camp, préserver CC était primordial. Les deux parents trouvaient toujours un moyen de l’occuper, d’attirer son attention ailleurs que sur les cadavres qui erraient dans les rues. Les Callaghan s’étaient mis d’accord. Ils ne reculeraient devant rien pour protéger leur petite, quitte à menacer, armes à la main, les autres survivants pour qu’ils ne s’approchent pas d’eux. Ça aussi c’était peut-être une erreur.
Peut-être que ce qui est arrivé ce 7 janvier 2016 était un châtiment divin, une "juste" rétribution pour avoir abandonné les civils du camp et ne pas avoir tendu la main aux rescapés qui croisaient leur route. Et peut-être pas.
Les images de cette journée défilent sans cesse dans la tête du sergent de première classe. Ils étaient en bordure d’Olympia. Encore un jour ou deux et ils arriveraient chez eux. Après quoi, ils pourraient se poser et envisager la suite. Comme presque chaque jour depuis leur départ du camp, les Callaghan avaient trouvé une maison dans laquelle passer la nuit. John n’était pas là lorsque c’est arrivé. Il était dans une autre pièce, au bout du couloir, à s’assurer qu’elle ne contenait aucun infecté. Il n’était pas là. Il n’a pas vu. Tout ce qui lui reste de cet instant, c’est le cri de douleur de sa petite fille. Ce cri qui encore à ce jour déchire ses tympans à chaque fois qu’il ferme les yeux. Ce cri qui l’a brisé comme on briserait un vulgaire miroir. Un cri. Et la panique. La panique qui l’avait gagné aux premiers pleurs de sa princesse. Et la colère. Une colère profonde, indicible, viscérale qui le consuma en un battement cil. Une colère qu’il déversa immédiatement sur la créature en la martelant de coups jusqu’à ce que sa tête ne soit plus qu’une mélasse pulpeuse. Et ses larmes. Celles qu’il a versées, effondré au sol, en regardant impuissant la vie s’échapper de sa petite fille. Celles qui vinrent se mêler à la terre alors qu’il creusait une tombe pour enterrer CC. Et le silence. Le silence, la faim et la soif qui avaient accompagné les jours suivants, l’un comme l’autre étant incapable de parler ou d’avaler quoique ce soit.
Même si, après leur départ, le couple se remit à parler, à manger et à boire, ça n’était en rien une amélioration. Pas pour John en tout cas. Tout ce qu’il faisait était automatique, machinal. Il buvait parce qu’il fallait boire. Parce que son corps le réclamait. Il mangeait pour les mêmes raisons. Mais plus rien n’avait de goût. Plus rien n’avait de saveurs. Tout n’était que cendre dans sa bouche et à ses yeux. Il n’était plus qu’une carapace, vide de tout. Un automate. Machinalement, il avançait. Il suivait Blake ou Blake le suivait. Et machinalement, il monta dans ces camions qui avaient croisé leur route et dont les passagers avaient proposé de les prendre avec eux après que sa blonde ait mené la discussion. Peut-être que c’était bien de les suivre. Et peut-être pas.
L’air frais de la montagne était tout aussi insupportable que n’importe quel autre. Les discussions de la communauté que les Callaghan avaient intégré étaient autant de bourdonnements assourdissants à ses oreilles. John fuyait les contacts autant que possible. Il se contentait de s’occuper dans son coin. Qu’on le laisse tranquille était la seule chose qu’il demandait. Certains comprirent. D’autres, non. Un en particulier. Un afro-américain dont il n’avait pas retenu le nom – comme la majeure partie des autres survivants du groupe. "Nous avons tous perdu quelqu’un tu sais", avait-il commencé à lui dire. Il n’en fallut pas plus pour que la colère refasse surface. Le sergent ne lui laissa pas le loisir de continuer. Les coups plurent. Sans doute qu’il aurait pu le tuer si Blake n’était pas intervenue pour calmer son mari. C’était peut-être regrettable mais au moins le message était passé.
Les journées se changèrent en semaines, les semaines en mois. Hiver, printemps, été. Et rien ne changea. John restait souvent seul, en marge du groupe, avec sa peine et sa colère. Et une bouteille, aussi souvent que possible. Le seul avec qui il parvenait à entretenir des rapports plus ou moins amicaux selon les jours, c’était ce type avec qui il bossait sur les barricades. Samuel. Les autres... Organiser des courses de sacs à patate avec l’arrivée des beaux jours. Voilà. Non mais sérieusement... À quel moment précisément étaient-ils passés de la fin du monde connu à celui des Bisounours ? Comment pouvaient-ils mettre de côté ce qui se passait là dehors aussi bêtement ? Qu’est-ce qui ne tournait pas rond chez eux ? Comment Blake pouvait se démener pour ces gens ? Pour... Ça ?
Blake, Blake... Avec le temps, les Callaghan n’avaient plus grand chose d’un couple. Ils ne s’adressaient que peu la parole. Se regardaient à peine. Et si il leur était arrivé de faire l’amour quelque fois après la mort de CC plus pour s’occuper l’esprit qu’autre chose, ils ne se touchaient plus. Ce ne fut pourtant pas pour assouvir une pulsion physique qu’il alla dans les bras de... De... Comment s’appelait-elle déjà ? Ça n’avait pas d’importance. Elle ou une autre, c’était du pareil au même pour le militaire. Elle était nouvelle. Plus ou moins. Arrivée depuis pas si longtemps que ça au final. Brune, au contraire de son épouse. Sans doute qu’il aurait pu la trouver belle ou à son goût même si ça aussi, ça n’avait aucune importance. Il avait compris de suite que c’était le genre de nanas à vouloir régler les problèmes de la Terre entière. Et c’était bien pour ça qu’il l’avait ciblé elle. Parce que ça serait facile. Et ce fut le cas. John n’eut quasiment aucun effort à fournir pour amener son exutoire à écarter les cuisses. Car c’était tout ce qu’elle était au final. Un exutoire. Qui était Machine ne comptait pas. Seul importait le fait que pendant une dizaine de minutes, entre les cuisses de l’autre, il oublierait CC. Pendant une dizaine de minutes, il n’allait pas revoir le visage souriant de son ange. Pendant une dizaine de minutes, il n’allait pas entendre son rire cristallin. Ni le cri strident qui avait déchiré les entrailles du père. Ni ses pleurs de douleur. Ni ses suppliques. Pendant une dizaine de minutes, il ne verrait ni le sang recouvrir ses vêtements ni la pâleur de la mort s’installer sur son visage. Pendant une dizaine de minutes, il serait libéré de sa peine.
Ce que l’ingénieur de combat n’avait pas prévu, c’était que Blake les surprenne. Il ne chercha ni à justifier son acte ni à se protéger des coups qu’elle lui mit. Dans quelques semaines, cela ferait un an que CC était morte. En un an, bien engagé dans son sentier d’auto-destruction, John s’était attelé à détruire tout ce qu’il avait construit. Lui, son mariage, l’amour que sa femme avait pu lui porter. Après le premier déploiement de Blake, il pensait que leur couple tiendrait vaille que vaille. Il se trompait. Lorsqu’elle avait quitté la pièce ce jour-là, il savait qu’il avait tout perdu. Tout. À ses yeux, il n’avait plus aucune raison de vivre. Et pourtant... Pourtant quelque chose, il aurait été incapable de dire quoi mais quelque chose l’empêchait de se foutre en l’air. Blake lui avait dit en partant qu’elle aurait préféré que ce soit lui qui ait été mordu ce jour-là.
Lui aussi l’aurait préféré.
Lui aussi.
Les Callaghan n’eurent pas d’autres choix que de le faire pourtant. Difficile de préserver son enfant lorsque ce nouveau virus était sur toutes les bouches. Les médias et les réseaux sociaux ne parlaient plus que de ça. À la base, les hommes semblaient sur le pied de guerre. Tous étaient dans l’expectative, tendus, attendant fébrilement les directives de l’état-major et du président. À la maison, le couple de militaires savait que ça ne tarderait pas et qu’ils devaient se tenir prêt à agir. L’intervention martiale paraissait inévitable et personne ne fut réellement surpris lorsque les ordres de mission tombèrent. La 555th allait être dispatchée entre les trois villes principales de l’état. Leur rôle figurait parmi les plus importants puisque c’était à eux qu’incombait en grande partie la tâche de construire et de mettre en place des camps afin d’abriter et protéger la population civile. Pour John et sa section, cela signifiait se rendre à Tacoma avec tout un contingent de soldats et sécuriser le Multicare Allenmore Hospital. Des places de choix étaient réservées aux hommes ayant leur famille à proximité. Un coup de fil plus tard, Blake savait où emmener CC. Et avant même que ses blondes n’arrivent, l’incroyable logistique militaire avait fini de mettre en place les barricades destinées à sécuriser le périmètre établi autour de l’hôpital.
Si au début, il était encore envisageable d’avoir un minimum d’espoir, John déchanta rapidement. La vie qu’ils menaient dans le camp était devenue leur quotidien et le serait pendant encore longtemps. Il n’y aurait ni mieux ni retour à la normale. La situation dehors se dégradait continuellement, un constat qu’il avait fait de ses propres yeux en participant aux ravitaillements comme tous les autres militaires qui gardaient l’hôpital. Le nombre d’infectés dans les rues ne diminuaient pas au contraire des ressources qu’ils cherchaient. La perte des réseaux de communications avait rompu tout contact avec la chaîne de commandement. Eux et les autres camps de la ville qu’ils arrivaient encore à joindre grâce aux radios à courte portée... Face à cette crise sans précédents, ils étaient désormais seuls. Ce qui se passait à Washington ou ailleurs n’avait pas la moindre importance. La seule chose qui comptait, c’était comment eux s’en sortaient.
Et au début, ils ne s’en tiraient pas trop mal. Entre le stock de médicaments et le personnel médical de l’hôpital, son groupe électrogène qui leur apportait une électricité des plus précieuses et les vivres récupérés par les différentes sorties hors de la safe zone, leur situation n’était pas des plus catastrophiques. Au début seulement. Après un mois sans aucune amélioration, certains militaires commençaient à s’impatienter. Beaucoup n’avait pas la même chance que John d’avoir avec lui sa famille. Beaucoup voulait partir, tenter de retrouver les leurs. Même dans sa section, il en avait surpris certains parlant d’abandonner le camp. Évidemment, le colonel en charge de l’hôpital ne voyait pas les choses ainsi. Fin novembre, des dissensions apparurent et les premières désertions suivirent rapidement. Callaghan ne pouvait absolument pas les blâmer. Le sergent de première classe comprenait parfaitement qu’aux yeux de ses hommes et des autres, retrouver et protéger leur famille était bien plus important que jouer la nounou pour des inconnus. Et lui aussi partageait leur point de vue. CC et Blake était ce qui avait le plus d’importance à ses yeux. La famille avant le reste. Aussi lorsqu’il fut clair que le nombre de soldats restants n’était pas suffisant pour défendre le camp face aux rôdeurs, eux aussi n’hésitèrent pas à plier bagage, prendre quelques équipements et partir à la faveur de la nuit. C’était à la mi-décembre. Et peut-être était-ce là leur plus grande erreur.
Le couple avait mis en place un plan et un itinéraire simple. Quitter Tacoma, longer Lewis-McChord afin de voir s’il restait encore une présence militaire, rejoindre Olympia et leur maison pour y récupérer ce qui pouvait être récupéré. Mais voyager avec une enfant de quatre ans dans un tel monde n’avait rien de simple. Peu importe ce qu’il se passait hors du camp, préserver CC était primordial. Les deux parents trouvaient toujours un moyen de l’occuper, d’attirer son attention ailleurs que sur les cadavres qui erraient dans les rues. Les Callaghan s’étaient mis d’accord. Ils ne reculeraient devant rien pour protéger leur petite, quitte à menacer, armes à la main, les autres survivants pour qu’ils ne s’approchent pas d’eux. Ça aussi c’était peut-être une erreur.
Peut-être que ce qui est arrivé ce 7 janvier 2016 était un châtiment divin, une "juste" rétribution pour avoir abandonné les civils du camp et ne pas avoir tendu la main aux rescapés qui croisaient leur route. Et peut-être pas.
Les images de cette journée défilent sans cesse dans la tête du sergent de première classe. Ils étaient en bordure d’Olympia. Encore un jour ou deux et ils arriveraient chez eux. Après quoi, ils pourraient se poser et envisager la suite. Comme presque chaque jour depuis leur départ du camp, les Callaghan avaient trouvé une maison dans laquelle passer la nuit. John n’était pas là lorsque c’est arrivé. Il était dans une autre pièce, au bout du couloir, à s’assurer qu’elle ne contenait aucun infecté. Il n’était pas là. Il n’a pas vu. Tout ce qui lui reste de cet instant, c’est le cri de douleur de sa petite fille. Ce cri qui encore à ce jour déchire ses tympans à chaque fois qu’il ferme les yeux. Ce cri qui l’a brisé comme on briserait un vulgaire miroir. Un cri. Et la panique. La panique qui l’avait gagné aux premiers pleurs de sa princesse. Et la colère. Une colère profonde, indicible, viscérale qui le consuma en un battement cil. Une colère qu’il déversa immédiatement sur la créature en la martelant de coups jusqu’à ce que sa tête ne soit plus qu’une mélasse pulpeuse. Et ses larmes. Celles qu’il a versées, effondré au sol, en regardant impuissant la vie s’échapper de sa petite fille. Celles qui vinrent se mêler à la terre alors qu’il creusait une tombe pour enterrer CC. Et le silence. Le silence, la faim et la soif qui avaient accompagné les jours suivants, l’un comme l’autre étant incapable de parler ou d’avaler quoique ce soit.
Même si, après leur départ, le couple se remit à parler, à manger et à boire, ça n’était en rien une amélioration. Pas pour John en tout cas. Tout ce qu’il faisait était automatique, machinal. Il buvait parce qu’il fallait boire. Parce que son corps le réclamait. Il mangeait pour les mêmes raisons. Mais plus rien n’avait de goût. Plus rien n’avait de saveurs. Tout n’était que cendre dans sa bouche et à ses yeux. Il n’était plus qu’une carapace, vide de tout. Un automate. Machinalement, il avançait. Il suivait Blake ou Blake le suivait. Et machinalement, il monta dans ces camions qui avaient croisé leur route et dont les passagers avaient proposé de les prendre avec eux après que sa blonde ait mené la discussion. Peut-être que c’était bien de les suivre. Et peut-être pas.
L’air frais de la montagne était tout aussi insupportable que n’importe quel autre. Les discussions de la communauté que les Callaghan avaient intégré étaient autant de bourdonnements assourdissants à ses oreilles. John fuyait les contacts autant que possible. Il se contentait de s’occuper dans son coin. Qu’on le laisse tranquille était la seule chose qu’il demandait. Certains comprirent. D’autres, non. Un en particulier. Un afro-américain dont il n’avait pas retenu le nom – comme la majeure partie des autres survivants du groupe. "Nous avons tous perdu quelqu’un tu sais", avait-il commencé à lui dire. Il n’en fallut pas plus pour que la colère refasse surface. Le sergent ne lui laissa pas le loisir de continuer. Les coups plurent. Sans doute qu’il aurait pu le tuer si Blake n’était pas intervenue pour calmer son mari. C’était peut-être regrettable mais au moins le message était passé.
Les journées se changèrent en semaines, les semaines en mois. Hiver, printemps, été. Et rien ne changea. John restait souvent seul, en marge du groupe, avec sa peine et sa colère. Et une bouteille, aussi souvent que possible. Le seul avec qui il parvenait à entretenir des rapports plus ou moins amicaux selon les jours, c’était ce type avec qui il bossait sur les barricades. Samuel. Les autres... Organiser des courses de sacs à patate avec l’arrivée des beaux jours. Voilà. Non mais sérieusement... À quel moment précisément étaient-ils passés de la fin du monde connu à celui des Bisounours ? Comment pouvaient-ils mettre de côté ce qui se passait là dehors aussi bêtement ? Qu’est-ce qui ne tournait pas rond chez eux ? Comment Blake pouvait se démener pour ces gens ? Pour... Ça ?
Blake, Blake... Avec le temps, les Callaghan n’avaient plus grand chose d’un couple. Ils ne s’adressaient que peu la parole. Se regardaient à peine. Et si il leur était arrivé de faire l’amour quelque fois après la mort de CC plus pour s’occuper l’esprit qu’autre chose, ils ne se touchaient plus. Ce ne fut pourtant pas pour assouvir une pulsion physique qu’il alla dans les bras de... De... Comment s’appelait-elle déjà ? Ça n’avait pas d’importance. Elle ou une autre, c’était du pareil au même pour le militaire. Elle était nouvelle. Plus ou moins. Arrivée depuis pas si longtemps que ça au final. Brune, au contraire de son épouse. Sans doute qu’il aurait pu la trouver belle ou à son goût même si ça aussi, ça n’avait aucune importance. Il avait compris de suite que c’était le genre de nanas à vouloir régler les problèmes de la Terre entière. Et c’était bien pour ça qu’il l’avait ciblé elle. Parce que ça serait facile. Et ce fut le cas. John n’eut quasiment aucun effort à fournir pour amener son exutoire à écarter les cuisses. Car c’était tout ce qu’elle était au final. Un exutoire. Qui était Machine ne comptait pas. Seul importait le fait que pendant une dizaine de minutes, entre les cuisses de l’autre, il oublierait CC. Pendant une dizaine de minutes, il n’allait pas revoir le visage souriant de son ange. Pendant une dizaine de minutes, il n’allait pas entendre son rire cristallin. Ni le cri strident qui avait déchiré les entrailles du père. Ni ses pleurs de douleur. Ni ses suppliques. Pendant une dizaine de minutes, il ne verrait ni le sang recouvrir ses vêtements ni la pâleur de la mort s’installer sur son visage. Pendant une dizaine de minutes, il serait libéré de sa peine.
Ce que l’ingénieur de combat n’avait pas prévu, c’était que Blake les surprenne. Il ne chercha ni à justifier son acte ni à se protéger des coups qu’elle lui mit. Dans quelques semaines, cela ferait un an que CC était morte. En un an, bien engagé dans son sentier d’auto-destruction, John s’était attelé à détruire tout ce qu’il avait construit. Lui, son mariage, l’amour que sa femme avait pu lui porter. Après le premier déploiement de Blake, il pensait que leur couple tiendrait vaille que vaille. Il se trompait. Lorsqu’elle avait quitté la pièce ce jour-là, il savait qu’il avait tout perdu. Tout. À ses yeux, il n’avait plus aucune raison de vivre. Et pourtant... Pourtant quelque chose, il aurait été incapable de dire quoi mais quelque chose l’empêchait de se foutre en l’air. Blake lui avait dit en partant qu’elle aurait préféré que ce soit lui qui ait été mordu ce jour-là.
Lui aussi l’aurait préféré.
Lui aussi.
time to meet the devil
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Re: John Callaghan - If you're gonna hate me, you should take a ticket
Jeu 5 Jan 2017 - 1:44
T'ES TELLEMENT UN MOCHE VERT ! BOUH COMME T'ES MOCHE.
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Re: John Callaghan - If you're gonna hate me, you should take a ticket
Jeu 5 Jan 2017 - 2:00
OUI BAH JE SAIS !
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Re: John Callaghan - If you're gonna hate me, you should take a ticket
Jeu 5 Jan 2017 - 6:31
Graou joli ! Pas mal le duo qui débarque
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Re: John Callaghan - If you're gonna hate me, you should take a ticket
Jeu 5 Jan 2017 - 8:22
Bienvenuuue Mister ! =)
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Re: John Callaghan - If you're gonna hate me, you should take a ticket
Jeu 5 Jan 2017 - 8:43
OH BAH TIENS DONC
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Re: John Callaghan - If you're gonna hate me, you should take a ticket
Jeu 5 Jan 2017 - 9:05
BONJOUR MONSIEUR GRUMPY !
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