Impossible de fermer l’œil cette nuit là. Tard dans la soirée, les gardes avaient de nouveau donné l'alerte. Une horde s'était rapprochée de la barricade Est et, à deux, ils n'auraient jamais réussi à en venir à bout. Encore éveillée, Blake avait prêté main forte aux deux hommes. Mais même si le problème fut réglé, l'ancienne militaire resta aux aguets, surveillant le moindre cri, le moindre appel à l'aide. Et pendant ces longues heures sans sommeil, Blake s'était rendue à l'évidence. S'ils ne voulaient plus que ce genre de cas arrive, ils devaient nettoyer les environs. Évidemment que cela ne ferait qu'assurer une ou deux nuits tranquille, mais ils n'avaient pas d'autres plans.

Lorsque le camp s'éveilla, Blake était encore installée dans l'un des canapés de la salle commune, Khan endormi à côté d'elle, le museau posé sur la cuisse de sa maîtresse. Penchée sur la table basse où était dépliée la carte des environs, elle griffonnait quelques informations sur une petite fiche, relevant le nez pour saluer les survivants venant chercher de quoi manger. De tout ceux qui s'étaient présenté à elle, aucun n'était celui que Blake cherchait pour mener à bien son plan. Arthur. Voilà qui elle cherchait. Une fois ses notes terminées, la blonde replia la carte et la rangea dans son sac à dos militaire. Il était temps de se préparer et de partir à la recherche de son binôme.

Installée devant le minuscule miroir qu'elle avait dans sa chambre, Blake scruta les cernes violettes installées sous ses yeux. La mâchoire serrée, elle poussa un soupire d’agacement puis après s'être rafraîchit le visage, elle retourne sur son lit, où des vêtements chauds l'attendait. Tout en s'habillant, Blake fit une nouvelle fois le plan des opérations. Comme lors des recherches d'individus, ils ratisseraient leur chemin, tuant tous les rôdeurs qui se présenteraient à eux. Et, tant qu'à être à l'extérieur, ils fouilleraient une nouvelle fois les environs. Avec tous les hectares de foret qui les entourait, il était impossible que le groupe ait tout fouillé. Le seul problème qui se présentait était la neige. Elle n'était pas épaisse et ne tombait que depuis quelques heures seulement. La marche serait rapidement fatigante et douloureuse. Mais ils devaient le faire avant que justement, la neige soit trop gênante et que les rôdeurs deviennent impossible à détecter, camouflés sous un épais tapis blanc.

Une fois le harnais militaire de Khan enfilé, la blonde prit la direction de la chambre des McLeod. Elle avait peut-être une chance de trouver Arthur directement là-bas. Ou alors Isabel qui, avec sa grossesse, restait un maximum entre les murs du chalet. Mais ses trois coups sur le bois de la porte ne reçurent aucune réponse. La seconde possibilité était les cuisines. Après avoir descendu les escaliers, elle tomba nez à nez avec Lucy qui, immédiatement, baissa les yeux vers le sol. Même si Blake l'ignorait, la haine qu'elle ressentait vis à vis d'elle était palpable. « OLIVIA ! » Déjà à courir partout, la petite blonde n'avait même pas vu Blake arriver. « Tu sais où est Arthur ? » Même si elle était en train de boire, Olivia hocha la tête et leva un index de sa tasse, en direction des cuisines. « Merci. »

Une fois dans la pièce, Blake posa la main sur l'épaule d'Arthur, assis à table, en pleine discussion avec sa femme. « Je peux te l'emprunter ? » Demanda elle à Isabel avec un sourire. Khan, content de revoir Arthur, s’immisça devant sa maîtresse pour faire la fête au musicien. « Couché. » Gronda la blonde, le ton menaçant. Il n'en fallut pas plus pour la bestiole se stoppe et s'allonge à ses pieds. Désormais au calme, elle posa son sac sur la table. « Il y a encore eu une horde cette nuit. » Le visage fermé, Blake semblait véritablement soucieuse. « Je pense qu'on devrait aller nettoyer les environs. » Elle haussa les épaules et fit une petite moue. Sans quitter Arthur des yeux, elle alla ouvrir un placard pour en sortir une tasse qu'elle remplit de café, même si elle le savait imbuvable. « Il ne neige pas trop encore et si cela peut nous permettre une ou deux nuit de répit, je ne suis pas contre. »

Elle but une gorgée du liquide trop amer puis, elle donna un coup de menton en direction de l'homme. Elle attendait qu'il lui donne son avis.

L'avantage de vivre en groupe, était tout de même de pouvoir dormir dans un chalet, avec un vrai lit, entouré de plusieurs personnes qui pour la plupart s'avéraient tout de même sympathique. En revanche, ce qui n'était pas avantageux, c'était de devoir se taper la queue à la salle de bain. Surtout, quand elle attendait depuis une demi heure que l'autre mollasse de Jenny daigne en sortir. Alors, elle avait tambouriné à la porte comme une folle dangereuse en espérant la faire sursauter, avant de hurler comme une possédée qu'il valait mieux pour elle qu'elle sorte rapidement avant qu'elle ne perde patience. Tant pis pour tous ceux de l'étage qui dormaient.

Elle allait la manger. Cette foutue branleuse de Jenny qui passait trois ans dans la salle de bain pour ne pas avoir à préparer le petit déjeuner, éviter les ravitaillements ou tenter de se cacher sous un lit pour ne pas avoir à faire le ménage. Putain.
La journée avait pourtant si bien commencé, et le "ça vaaaa" traînant de Jenny alors que Quinn ouvrait la porte de la salle de bain avec fracas ne fit qu'empirer son humeur déjà basse pour la matinée. Au moins, l'autre tanche de Jenny s'était contenté d'un simple soupir suivi d'un regard mauvais à l'attention de la jeune femme, qui se contenta de lui offrir son plus beau sourire. Merci pour ta bienveillante coopération.

CONNASSE VA.

Bien. Au moins, elle pouvait enfin se laver, et s'habiller. Malgré le froid intense qui s'insinuait dans le chalet, elle se contenta d'un jean un peu trop grand et d'une de ses éternelles chemises pour éviter de finir comme Jack Dawson, à se pavaner avec son débardeur. Ses boucles folles furent rapidement disciplinés en une sorte de chignon qu'elle attacha rapidement. 10 minutes. Voilà. Dix putain de minutes pour prendre une douche et s'habiller, alors pourquoi certains y passaient trois plombes, hein ?
Maintenant, il lui fallait du café. Se réveiller un minimum, et voir ou il y aurait besoin d'aide dans le camp.
Tant que ce n'était pas en extérieur ou il faisait environ -68 degrés, tout lui irait de toute manière. Et ce fût avec un sourire satisfait que la légiste descendit les escaliers pour se servir une tasse de café soluble, un sourire presque heureux sur ses lèvres alors qu'elle entrait dans les cuisines.

Presque. Parce qu'en arrivant, elle repéra immédiatement Arthur, Isabel et Blake, dont les deux militaires semblaient en grandes discussion avant que les yeux de la blonde ne se posent sur elle une demi seconde. Quinn lâcha tout de même un timide Bonjour... suivi d'un petit sourire innocent à l'attention de Blake. Elle la regarda, Quinn la regarda, Blake la regarda, bref. Son instinct lui conseillait de se tirer de là avant que son amie ne la prenne pour une sorte de Lara Croft rousse prête à sortir dans le grand froid. Offrant un sourire légèrement crispée à sa sauveuse, elle tourna le dos au trio pour se servir une tasse de café. Si Arthur et Blake étaient déjà habillés de pied en cap, ça n'augurait rien de bon. Posant ses mains sur la tasse de café tiède, sa mission était maintenant de quitter les cuisines avant que Blake ne se dise que ce serait pas mal de l'appeler pour une quelconque sortie dans le Groenland.

Marche lentement, t'es innocente, t'as rien à te reprocher. Dou-ce-ment...

Et pour l'instant, ça avait plutôt l'air de fonctionner. Elle se rapprochait lentement mais sûrement de l'escalier, sans que la militaire ne l'ait encore appelé. Bien. Peut-être allait-elle pouvoir se contenter de faire son boulot au chaud.

A quoi ressemblerait les prochains jours si le camp se contentait de repousser les rôdeurs qui se présentaient à leurs portes ? Blake le savait. L'épuisement viendrait en premier. Exténués, démoralisés, l'erreur humaine ne mettrait pas longtemps à se produire. Et si ce n'était pas la fatigue qui permettrait aux rôdeurs de se frayer un chemin jusqu'au chalet, les morts s'en chargeraient eux-même. En nombre, éparpillés le long de leurs remparts, il serait impossible aux combattant d'être à trois endroits à la fois et de tuer toutes les vagues de macchabée. Ils seraient assiégés, purement et simplement. Condamnés à retourner sur les routes, à abandonner tout ce qu'ils avaient construit. Il y aurait des pertes humaines également, c'était inévitable. Ce scénario, Blake ne pouvait pas l'annoncer à tout le monde mais seulement à quelques personnes de confiance. Chose plutôt rare, d'ailleurs.

Arthur faisait bien évidemment parti de ces personnes. Isabel....Blake ne se prononçait pas concernant la compagne de son ami. Elle aurait aimé le faire pourtant. Elle aurait aimé lui faire confiance, directement , comme ça. Mais elle ne pouvait pas. Tout simplement à cause de l'amitié qu'elle avait avec Lucy. Blake n'était pas bête non plus et ne souhaitait pas constituer des clans. Elle restait tout à fait agréable avec la blonde, elle ne montrait rien de particulier mais elle ressentait un certain malaise, une certaine barrière qu'elle imposait elle même. C'était bête mais elle n'arrivait pas à faire autrement. Volontairement, la blonde esquiva la question d'Arthur concernant son sommeil. Si elle lui répondait franchement, il était certain qu'il l'expédie dans sa chambre en lui disant prendre quelqu'un d'autre pour s'occuper du nettoyage.  Et il en était absolument hors de question. Après un léger soupire trahissant sa lassitude, elle hocha de la tête. « Oui encore... » Elle but une tasse de l'ignoble café puis repris. « Ils étaient plus nombreux cette fois. C'est pour ça qu'on doit s'en occuper aujourd'hui. » Lorsque son ami lui répondit qu'il était partant, le Lieutenant eu un léger sourire. Ils sortaient, ils allaient tuer quelques rôdeurs, la journée s'annonçait pas si mal.

Elle laissa les McLeod se dire au revoir, attendrie par la vision de son ami embrassant le front de sa femme, ronde comme un ballon. « J't'attends. » Elle même étant déjà prête, elle profiterait de ce petit moment pour dégourdir les pattes de Khan. Mais un mouvement attira son attention dans l'encadrement de la porte. Une personne. Une fille, qu'elle connaissait bien. Il s'agissait de Quinn. Muette, Blake resta à l'observer et ne répondit pas à son bonjour. La rouquine tombait à pic. En la voyant tourner lentement les talons pour s'éloigner, Blake posa une main sur le plan de travail et l'autre sur sa hanche avec une certaine lenteur. « Quinn. » La blonde ne cria pas. Elle éleva légèrement la voix et utilisa son habituel ton autoritaire. Oh que non Quinn ne s'en tirerait pas comme ça. « Reviens ici. » Si la jeune femme avait tourné les talons et s'était éloigné c'était pour éviter d'avoir à sortir. En voyant Arthur et Blake en pleine discussion, elle avait sûrement deviner qu'il parlait d'une éventuelle sortie. Sortie à laquelle la rousse ne voulait pas participer. Comme à la plupart des expéditions d'ailleurs. Mais Blake restait persuadée qu'elle devait affronter l'extérieur le plus de fois possible. Elle savait très bien que Quinn n'était pas spécialement à l'aise avec les armes et pas non plus très débrouillarde en corps à corps. Mais comme le disait le proverbe : C'est en forgeant que l'on devient forgeron. »

Presque intimidée, la légiste fit un retour timide dans la cuisine. « Ne crois pas pouvoir y échapper. » Et pour lui montrer que sa petite tentative d'escape avorté l'amusait, Blake lui adressa un sourire tendre. Posant les mains sur les épaules de son amie, elle lui fit faire demi tour et l'avança jusqu'aux escaliers. « T'as dix minutes. » Khan ayant suivi ses moindres mouvement, la blonde se dirigea vers l'extérieur. Sans même se retourner, elle répéta sa consigne. « Dix minutes Q. » Comme pour lui faire comprendre que ce n'était pas en restant plantée là qu'elle allait être prête.

Plus que quelques centimètres, et elle pourrait grimper les escaliers quatre à quatre pour échapper au froid de décembre et aux idées parfois étranges de Blake quand il s'agissait de ravitaillement.
Elle avait tout juste posé un pied sur la première marche de l'escalier que la voix autoritaire de la militaire résonnait jusqu'à elle, alors qu'elle levait les yeux vers le plafond d'un air désespéré.
Et ange gardien dans tout ça bordel de merde ? Ce truc sensé la protéger et lui amener un peu de bonne chose dans sa vie en général, il était ou ce con ? Au Mexique ivre mort à prendre des rails de cocaïne, ça se passait comment ?

Ouiii ?

Elle avait feint un regard innocent alors qu'elle suivait les directives de la blonde, revenant dans la cuisine avec la plus grande timidité, essayant de se cacher du mieux qu'elle pouvait derrière son mug sans succès.
Elle n'allait pas y échapper. Dix minutes. Mais j- Dix minutes, Q.
Ah bah d'accord. Quand Blake lui parlait de la sorte, elle savait qu'elle n'avait pas son mot à dire. Que seul le regard de la militaire lui imposait le respect et surtout de ne pas bouger alors que la grande blonde lui faisait faire demi tour face aux escaliers.
Elle eut tout de même une petite pensée émue pour tous ces cons morts dans le titanic cent ans plus tôt, alors qu'elle allait subir le même sort sans le bateau, sans DiCaprio, et avec en prime toute une bande de rôdeurs.
La.Joie. Un discret faischier, faischier, faischier se fit tout de même entendre le long de son escalade, rapidement stoppé par un éclaircissement de voix de Blake alors qu'elle jetais dans un coin sa tenue polaire idéale pour l'intérieur, regardant brièvement sa montre. Elle avait déjà perdue une minute trente à monter les escaliers, il était temps de se sortir les doigts.

En moins de cinq minute, elle avait enfilé un jean plus épais, un pull over noir un peu trp grand mais qui avait le mérite de lui laisser enfiler un autre pull en dessous ainsi qu'une doudoune sans manches. Moins de neuf minutes s'étaient passées quand elle descendit enfin rejoindre Blake et Arthur en terminant de mettre sans gants. Accordant une caresse à Khan en faisant remarquer à Blake que moins de dix minutes s'étaient écoulés en tapant sa montre, ils avaient rejoint l'extérieur alors qu'elle enfonçait un peu plus son visage dans son écharpe de laine, jusqu'à remarquer le regard insistant du militaire sur son équipement. Une arme à feu donnée par Blake, et un couteau de chasse. T'as un problème ?

BAH QUOI. Tout de suite il la fixait, comme si elle était une pauvre petite chose fragile. Ok d'accord, elle n'avait pas le gabarit de Rambo et n'était pas motivée quelques minutes plus tôt, mais le regard dubitatif d'Arthur lui donna un regain d'énergie à prouver qu'elle était aussi parfaitement capable de se défendre.
Enfin. Sur le papier quoi.

A défaut d'avoir un gps, ouais... Râla la rouquine en suivant le Malinois, avant de jeter un regard à Blake. Tu m'as pas dis pourquoi j'étais embauchée... C'est à cause des rôdeurs ?

Elle n'était pas aveugle, ni sourde. Sans doute que les infectés ne devaient plus avoir grand chose à bouffer en ville tout simplement...