Le voyant était dans le rouge depuis quelques minutes déjà. Du siège arrière, il voyait le voyant clignoter, alerte. Ce voyage était une étape importante, il devait à tout prix remplir les jerrycans vident dans leur coffre. Lorsque Jasper avait posé un pied au sol, il avait laissé son regard se promener sur les alentours. Désertique. La neige avait recouvert le tout et quelques tâches sanglantes parsemées celle-ci. Les portières de certains véhicules étaient grands ouvertes et de là où il était encore, il n'était pas très sûr de ce qu'il pourrait ou pas y avoir à l'intérieur. La neige et le gèle avait rendu tout visibilité interne du véhicule inexistante. Il faudrait se rapprocher, braver les dangers, rester alerte au moindre bruit. Les autres magasins ne les intéressaient pour le moment pas, il fallait s'occuper des véhicules alentours et surtout de cette station service. D'une voix sombre et basse il précisa aux autres survivants et pointant des morts qui s'agitaient sur des pieux en bois disposé autour du magasin. Il n'aurait su dire si la barricade était récente ou ancienne. « S'il y a quelqu'un de vivant là-dedans il nous a sûrement repéré... » Et ils étaient clairement pas à couvert. « Mais les morts coincés là-dedans sont en train d'en ramener d'autres. » Ses doigts tenaient fermement le couteau de cuisine qui le suivait déjà depuis quelques mois. Encore suffisamment solide, le manche n'avait montrer aucune faiblesse, comme la lame. Utiliser une arme à feu, celle sceller à sa ceinture, était encore une option bien secondaire. Ils étaient tous d'accord pour dire que c'était le dernier recours et qu'ils fallaient qu'ils soient le plus méthodique possible. Ils devaient pouvoir avoir le temps de remplir ces bidons, si les pompes possédaient encore du jus évidemment...

    Encore assis au volant de la Jeep, je zieutais d'un air mi-sceptique mi-nerveux la station service juste devant. Cette expédition... c'était quitte ou double. Puisant dans nos dernières réserves en essence pour venir jusque là, siphonnant même la Dodge de Happy afin d'être certains de ne pas tomber en rade en pleine route, nous y étions finalement. Il ne restait désormais plus qu'à prier pour trouver ici de quoi faire le trajet retour, au moins. Outre ce stress là, je ne pouvais m'empêcher d'être un peu nerveux au vu de la composition de notre groupe. Comment gérait Ashley en extérieur ? Et le psy ? S'il faisait un truc con on serait bien. Quoi que le concernant, je me doutais bien qu'il ne ferait rien d'idiot en la présence de Carmen, au moins pour la protéger elle.

    Descendant à mon tour du véhicule après avoir pris une profonde inspiration, je ne pu m'empêcher de frissonner à cause du froid, manquant déjà de glisser bêtement en posant un pied dans la neige, me tenant de justesse à la portière. Bien. Super journée. Entre le trajet horriblement chiant et les macchabées que nous avions déjà eu à tuer, cette sortie s'annonçait vraiment gé-niale.

    Récupérant mon sac dans le coffre, dans lequel j'avais mis une lampe de poche et quelques chiffons, je pris ma machette bien en main et me dirigeais vers le reste du petit groupe. Des pièges en bois étaient positionnés tout autour. Top. Comme si la journée n'était déjà pas assez merdique, sans omettre les trois cadavres qui braillaient juste devant nous.

« Il ne doit pas y avoir trop de macchabées dans le coin, on peut les contourner ceux-là. Si des vivants se pointent et les tuent, on saura que quelque chose cloche. »

    Pour l'instant ils ne représentaient pas une réelle menace alors à quoi bon les aider à se sortir de leur misérable vie ? Et mon argument n'était pas si idiot que ça, mais je me doutais bien que les autres ne voudraient pas les laisser comme ça. Observant le coin attentivement, je lançais par moment des regards à mes partenaires, espérant que l'un d'eux ait une idée concrète pour passer ce bordel.

L'endroit était lugubre, et même si le trajet lui avait semblé durer des heures à cause de l'épaisse couche de neige, le côté un peu féerique du trajet avait rapidement laissé place à la réalité alors qu'elle frissonnait en sentant l'air glacé gifler son visage. S'emmitouflant un peu plus dans sa veste pour ne pas geler sur place, la jeune femme suivit le reste du groupe en dehors du véhicule, jetant un regard d'espoir vers la station essence. A ce rythme, si la fouille ne s'avérait pas fructueuse, ce serait à pied qu'ils devraient rebrousser chemin et là... Quelque chose lui disait qu'ils n'étaient pas prêts de rentrer chez eux si tel était le cas. Restait plus qu'à espérer qu'ils puissent  

Rapidement, elle termina de s'armer, glissant son sac à son épaule avant de récupérer l'un des jerrycans alors que les râles des wendigo empalés s'intensifiaient. Forcément, sans doute devaient-ils commencer à avoir faim. Depuis combien de temps étaient-ils coincés sur ses piques ? Baissant le regard vers le sol jonché d'objets laissé à l'abandon. Axel et Jasper y étaient allés de leurs avis alors que la brune tournait la tête dans la direction d'Ashley. Leurs râles va en amener d'autre, Jasper à raison. On ferait mieux de les tuer, et de jeter un coup d'oeil aux environs avant de tenter d'entrer. On s'assure que la voie est libre.

Du moins, si on ne comptait pas les pieux de bois. Restait à savoir si Ashley serait partante pour achever les trois monstres qui ne cessaient de râler, afin de pouvoir continuer leur fouille dans le calme, et si possible sans attirer tous les autres du coin...

    Comme je m'y attendais, les trois étaient d'accords pour tuer les macchabées. Ne pouvant m'empêcher de lever les yeux au ciel, je comprenais néanmoins leur point de vue et, de toute façon, nous n'avions pas le temps de nous mettre à tergiverser.

« Bon allons y alors, pas la peine de les regarder bêtement. »

    Une nouvelle fois, mon agacement avait pris le dessus sur le reste, le froid n'aidant en rien à arranger les choses. Serrant un peu plus fort ma machette, je me mis en direction d'un des cadavres coincés dans les pics. Un pauvre vieux qui a tout l'air d'être d'avoir tourné il y a bien longtemps déjà. Ne m'attardant pas plus que cela sur son état pitoyable, je lui assène un coup bien placé dans le crâne, mettant immédiatement fin à sa seconde vie misérable.

    Cela fait, je lance un regard à mes compagnons tout en m'éloignant. Une nouvelle fois, un de mes pieds dérape, me faisant reculer rapidement vers les pics. Tombant presque en avant, je me rattrape au sol, pestant une nouvelle fois. Je me relève, doucement cette fois-ci, pour éviter une nouvelle chute qui pourrait s'avérer bien plus dangereuse, je me frotte tant bien que mal les mains pour y ôter la neige.

« Et maintenant ? On passe par où ? »

Tout le monde s'était mis d'accord, et Axel trouva juste de faire une remarque quand a leur non activité. Aurait-il était mieux d'agir tout de suite, sans se concerter avec monsieur ? Non. Il aurait trouvé quelque chose à dire aussi. Jasper ne souleva pas, il ne prit même pas la peine de lever les yeux au ciel. Les petits commentaires mécontents d'Axel étaient presque devenu une chanson de jukebox en fond sonore. Il suivit ses pas jusqu'aux trois rôdeurs bloqués qui continuer de s'agiter. Il se décala vers une femme vêtu d'une robe dont la couleur était méconnaissable. Sûrement la robe avait été jaune canari, là elle avait un jaune pisse passablement horrible. Mais quel importance. Tout en scrutant les environs et en jetant de bref coup d'oeil aux fenêtres barricadées de la station, il s'avança vers le mort-vivant le couteau de cuisine en avant. Il marcha doucement sur la neige qui craqua sur son passage, veillant à ne pas glisser sur une éventuelle plaque de verglas formé sous la neige. Ses chaussures à crampon couplés avec son équilibre lui permirent de rester stable alors qu'il plantait le métal dans le crâne noirâtre de l'ancienne femme. Il veilla à reculer lentement alors qu'Axel se retrouvait par terre. Comme chaque fois en mission, il évita de se prononcer sur quoique ce soit pour éviter de s'embrouiller avec le second. Il aurait aimé lui dire de changer de chaussure déjà, des bottes en caoutchouc auraient presque étaient plus efficaces sur la neige. Il attendit que le dernier rôdeur soit éliminer avant de préciser : « La porte de service sur la droite est certainement fermée, mais on peut toujours essayer de la forcer. » De toute façon, si rencontre indésirable il y avait, il essayait déjà de s'y préparer mentalement. L'épisode quelques mois plus tôt qui avait failli voler la vie à la cheftaine avait été une bonne leçon de méfiance.