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Garrett - There is an answer to the darkest times
Jeu 19 Jan 2017 - 19:26
26 ANS ≡ AMERICAINE ≡ POMPIER PROFESSIONNEL ≡ EVERGREEN RIDGE
i've got a war in my mind
Gentil garçon ; probablement le premier qualificatif qui vous viendrait à l’esprit s’il vous fallait décrire Garrett. Et sur ce point, difficile de vous donner tort. A vingt-six ans, le jeune brun possède toutes les qualités du gendre idéal, et ce n’est pas Norma qui vous contredira. Prévenant avec les êtres qui lui sont chers, il veille toujours à leur bien-être et leur sécurité, quitte à se sacrifier – bien volontiers – pour qu’eux ne manquent de rien. Le cœur sur la main, il ne refuse jamais son aide à ceux qui le lui demandent. Gentil jusqu’à l’absurde, seriez-vous en droit de penser, et ce n’est pas totalement faux. Garrett aide son prochain sans jamais rien demander en retour. Pour lui, s’entraider est tout ce qu’il y a de plus naturel, surtout par les temps qui courent, où l’individualité tend à primer sur le collectif (ce qu’il ne comprend pas, pas plus qu’il ne le cautionne). C’est pourquoi il n’hésite jamais à se porter volontaire pour partir en mission hors du camp, malgré le danger qui l’attend au-dehors. Mais il n’a pas peur, Garrett, au contraire. Si le danger rebute beaucoup d’entre eux, ce n’est pas son cas : le danger l’attire, l’électrise, l’exalte… L’adrénaline qui coule dans ses veines dans une situation à risque est, de son propre aveu, la meilleure des drogues. Il ne se sent jamais aussi en vie que lorsqu’il frôle la mort. D’aussi loin qu’il se rappelle, le danger a toujours fait partie intégrante de sa vie, il en a d’ailleurs fait son métier. Son attitude peut en laisser plus d’un perplexe. Est-il complètement inconscient ou terriblement casse-cou ? Ni l’un ni l’autre, et probablement un peu des deux.
La curiosité est un vilain défaut, parait-il, mais pas pour Garrett. C’est cette même curiosité qui le pousse, chaque jour, à en apprendre toujours plus. Et il a cette chance formidable que de pouvoir reproduire les choses uniquement en observant les autres à la tâche. Si Garrett n’a jamais vraiment eu une scolarité exemplaire, il n’en est pas moins un garçon intelligent, et son esprit logique est probablement son plus grand atout. Surtout en ce moment. Pas besoin de lui expliquer les choses, il se débrouille très bien tout seul. Touche-à-tout, multitâche, vous pouvez lui confier n’importe quel travail les yeux fermés : Garrett le fera de bon cœur, et ne vous décevra pas. Exigeant, surtout avec lui-même, il ne rechigne jamais à se salir les mains et aime le travail bien fait, ne supportant pas l’approximatif. C’est un défaut autant qu’une qualité : il n’a véritablement confiance qu’en son travail. Quand il s’occupe de quelque chose, au moins, il s’assure que le travail sera correctement exécuté et il n’hésite pas à repasser derrière les autres, ce qui peut en agacer plus d’un.
Garrett est un homme bon, répète souvent Norma. Sa gentillesse et sa bienveillance sont, pour beaucoup, sa principale faiblesse, celle qui causera inévitablement sa perte. Qui signera son arrêt de mort. La méchanceté n’a pas sa place dans le cœur de Garrett. Il ne fera jamais volontairement de tort ou de mal à quelqu’un, pas plus qu’il n’abandonnera quelqu’un à son sort. Il ne peut se résigner à laisser l’un d’entre eux derrière lui ; même quand la situation peut paraitre désespérée, il retourna le chercher, au péril de sa propre vie. Garrett n’est pas pompier pour rien. Il porte en lui ce besoin de voler au secours d’autrui, non pas pour jouer les héros ou flatter son égo, mais par pur altruisme. Décidemment, Garrett est trop gentil, et tout le monde ici est conscient que c’est ce qui finira par le tuer.
Mais Garrett est loin d’être parfait ; il a ses défauts, comme tout le monde, et pas des moindres. Obstiné, têtu, tête de mule, opiniâtre, tenace… Appelez-le comme vous voudrez, au final, le résultat est le même. Il est extrêmement difficile de lui faire entendre raison quand il a une idée derrière la tête. Il se plie volontiers à l’autorité hiérarchique, mais pas quand il est convaincu d’avoir raison, ou que sa vision des choses est la bonne. Il ne compromettra jamais la sécurité du groupe pour l’un de ses coups de tête, seulement la sienne. Il a pertinemment conscience que sa vie importe moins que la communauté, et il ne prendra jamais le risque de nuire à ses amis, sa nouvelle famille, même. Alors bien sûr, il en apprécie certains plus que d’autres, se dispute parfois avec certains d’entre eux, mais n’y en allait-il pas ainsi dans toutes les familles ? Leur groupe est soudé : ils se soutiennent les uns les autres, s’entraident, se protègent mutuellement. Et c’est pour cette raison que Garrett peut parfois se montrer extrêmement méfiant – voire soupçonneux – à l’égard des nouveaux venus. A chaque nouvelle apparition, il s’octroie lui-même le rôle de surveiller les nouveaux arrivants, sans même s’en cacher, jusqu’à qu’il soit complètement certain qu’ils ne représentent aucun danger. Il ne cherche pas à jouer les fouteurs de merde, seulement à protéger les siens. Et tant pis s’il passe pour un sale con.
Impatient et tête brûlée, il lui arrive – souvent – d’agir sur un coup de tête, à se mettre en danger inconsidérément. Il est plutôt du genre à agir d’abord, et à réfléchir ensuite. Ou cogner d’abord et parler ensuite. Si on lui tendait un piège, il serait typiquement du genre à foncer dedans tête baissée. Nerveux, il accepte difficilement cette situation, et leur nouvelle vie. Il a toujours du mal à s’endormir le soir, de peur que les goules, comme il les appelle, n’envahissent leur chalet dans son sommeil. Même quand tout semble calme, il n’est jamais complètement serein, ces monstres ne quittent jamais vraiment son esprit. Il ne perd jamais de vue que ce monde n’est plus le leur, et qu’ils doivent désormais se battre pour continuer à y vivre.
Garrett contemple le monde du haut de son mètre quatre-vingt-six. Il serait bien incapable de vous donner son poids exact, désormais (les balances ne sont plus vraiment des objets de la vie courante), sans compter le fait qu’il a tout de même maigri, depuis le début des évènements. Malgré tout, il n’a rien perdu de sa silhouette athlétique que le sport et la persévérance lui ont sculptée au fil des années, et même maintenant, ses muscles se devinent encore sans peine sous ses vêtements. Brun aux yeux clairs, il a toujours eu du succès auprès des femmes, même si, de son point de vue, il ne se trouve pas particulièrement beau gosse. Si ses yeux bleus ont toujours été son principal atout, ses cheveux, en revanche, sont son pire cauchemar ! Indomptables, de grosses boucles brunes poussent anarchiquement sur sa tête, et il ne réussit à les coiffer qu’en les coupant au plus court. Mais en ce moment, difficile de mettre la main sur un salon de coiffure, ou même une paire de ciseaux, si bien qu'il se retrouve à nouveau avec un champ de bataille sur la tête.
Garrett ne se sent véritablement à l’aise qu’en jean et en t-shirt (voire en sweat, quand les températures diminuent), mais sa préférence va à sa tenue de pompier (d’intervention, cela va de soi – même s’il a gardé le casque de sa tenue de feu en imaginant qu’il pourrait servir un jour) dans laquelle il est véritablement libre de ses mouvements et qu’il conserve précieusement avec lui, dans tous ses déplacements. Il garde toujours ses Rangers aux pieds, malgré les ampoules qui en découlent inévitablement (les premiers jours ont été les plus horribles), mais elles protègent efficacement de la morsure d’une goule rampante.
Avant de quitter la caserne, il s’est emparé d’un pied-de-biche qui ne le quitte plus, et qui lui a toujours été très utile, autant pour exploser le crâne des goules que pour forcer des portes fermées. En fuyant le stade, il a également trouvé un Beretta sur le corps d’un militaire, qui, submergé par la terreur, s’était donné la mort (il a d’ailleurs failli y laisser sa peau en le récupérant). Le chargeur est plein (moins une balle), ce qui porte le total à 14 balles. Trop peu, pour compter survivre dans ce monde uniquement grâce à cette arme. De toute façon, il ne s’en est encore jamais servi. Garrett connait les armes à feu mais n’en a jamais vraiment utilisé une ; il s’imagine donc qu’il n’excelle pas vraiment au tir. Malgré tout, posséder cette arme le rassure.
Petite anecdote : Garrett est gaucher. Du fait de son métier de pompier, il connaît et maîtrise les premiers soins.
Objets :
→ Une tenue de pompier d’intervention
→ Une parka de la tenue d’intervention d’intempéries
→ Un casque de la tenue de feu
→ Des Rangers
→ Un jean déchiré + un t-shirt + un sweat à capuche Star Wars
→ Un pied-de-biche
→ Un Beretta, avec 14 balles
→ Une trousse de secours complète prise à la caserne
→ Un harnais, des cordes et des mousquetons pris à la caserne
→ Un sac à dos pris à la caserne
→ Une couverture de survie pris à la caserne
→ Une lampe torche, prise à la caserne + 2 piles de rechange
→ Un paquet d’allumettes déjà entamé
→ Trois barres protéinées périmées
→ Un rasoir, à la lame de plus en plus émoussée
the last of us
Si vous vous attendez à découvrir une histoire palpitante, pleine d’aventures et de rebondissements, vous allez être déçus. La sienne commence comme toutes les autres, par une naissance, la sienne, un jour enneigé de décembre, à Shoreline. Comme d’autres enfants avant lui, Garrett n’a jamais connu son père ; il a dû – très probablement – se tirer en apprenant la grossesse de sa conquête du moment. Garrett n’a que des suppositions, aucune certitude. Sa mère a toujours catégoriquement refusé de lui parler de son père, alors même qu’il la harcelait de questions sur le sujet. Ce n’est pas facile de grandir sans père, sans modèle masculin auquel se référer, mais c’est encore pire quand vous ignorez tout de l’homme (jusqu’à son nom !) qui vous a transmis 50% de ses gènes. Plus jeune, il s'inventait des dizaines et des dizaines d’histoires sur ce père fantôme, dans lesquelles il avait toujours une bonne raison de l’abandonner : tantôt de sang royal, tantôt espion ou aventurier, pourchassé par des méchants, obligé de fuir pour sauver sa famille, son fils. La vérité est sans doute beaucoup moins flatteuse. Il s’est probablement tiré parce qu’il ne voulait pas de gosse. Point.
Garrett n’a pas eu beaucoup plus de chance avec sa mère qui, mentalement instable, était souvent incapable de s'occuper de lui. Aujourd’hui encore, il réalise à quel point il a de la chance d’être toujours en vie, tant il aurait pu mourir mille fois sous sa garde, privé de soins adéquats. Sa mère pouvait rester des jours sans quitter son lit, sans même s’occuper de lui ; il se rappelle s’être retrouvé seul pendant quatre jours d’affilée, âgé de seulement quatre ans, en se nourrissant exclusivement de céréales, rangés dans un placard à portée de main. Ses absences n’étaient pas inhabituelles, et plusieurs fois, il avait été obligé de se prendre en main, de se préparer seul pour aller à l’école, tout en prenant soin de sa mère pour qu’elle ne dépérisse pas. A côté de ça, quand elle retrouvait ses esprits, c’était une mère aimante et formidable, à laquelle il n’avait rien à reprocher. Mais plus il grandissait, et plus elle restait couchée au lit, enfermée dans un monde dont il était exclu. Si elle avait consulté un médecin ou un psychiatre, ils auraient diagnostiqué sa bipolarité, et auraient pu lui prescrire un traitement qui aurait amélioré sa vie. Et celle de Garrett. Alertée par sa maigreur et son état général plutôt déplorable, l’une de ses professeurs avertit les services de protection de l’enfance. Il avait huit ans, quand on le retira à sa mère. Baladé dans un premier temps de foyers en foyers, il fuguait toujours, avec la ferme intention de retrouver sa mère. Les pédopsychiatres de l’époque décelèrent chez lui un syndrome de Stockholm : malgré les mauvais traitements qu’elle lui infligeait indirectement, il a toujours soutenu et défendu sa mère, et ne souhaitait qu’une chose, retourner vivre avec elle. C’est à cette époque qu’il commença à devenir violent, et à se battre pour un oui ou pour un non, que ce soit dans la cour d’école, ou avec les deux garçons de sa famille d’accueil (ce qui lui a valu plusieurs exclusions à l’école et de nombreuses punitions à la maison). Un professeur de sport, touché par son mal-être, lui donna des cours privés de boxe pour lui apprendre à canaliser sa violence ; c’est là que les choses commencèrent à aller mieux pour lui. Passionné par ce sport, il s’y abandonna corps et âme, et plus il devenait bon en boxe, plus ses résultats scolaires s’amélioraient. Garrett ne vous parlera jamais de son passé. Jamais.
En revanche, il vous racontera sans problème ses années lycées, période de sa vie qu'il affectionne tout particulièrement. Ses résultats scolaires, sans être excellents, étaient acceptables. Plutôt populaire, il jouait dans l’équipe de football américain de son lycée (tout en continuant la boxe), et était le meilleur ami du quarterbake. C’est à ce moment qu’il a rencontré son premier véritable amour, Emily, après d’innombrables petits flirts sans intérêt. Elle était pompom girl, et tous deux formaient un couple digne des séries télévisées les plus clichées. Son diplôme en poche, il se tourna vers des études de sport, tandis qu’Emily s’envolait à Miami pour entrer à la faculté et suivre des études de droit. Leur amour ne survécut pas à la distance, et s'éteignit petit à petit, sans bruit, comme une bougie qui se consume. L’année de ses vingt-ans, un incendie se déclara dans l’immeuble où il louait un petit studio. Les pompiers dépêchés sur les lieux l’impressionnèrent tellement qu’il postula le lendemain même à la Fire Station 5 de Seattle. Ce métier était fait pour lui, c'était l'évidence même ; un métier qui associait son amour pour le sport à son envie d'apporter son aide aux autres. Il vécut alors cinq années sans nuage, s'épanouissant chaque jour un peu plus dans son métier. Si Garrett n'avait plus de famille, il pouvait compter sur le soutien de ses collègues, avec qui il s'entendait très bien, et notamment de Sam, qui devint rapidement son meilleur ami. C'était eux, sa nouvelle famille désormais, et il n'avait pas perdu au change. La violence et le sang auxquels il était confronté tous les jours ne le rebutait pas, il s'y était rapidement habitué. S'il aimait beaucoup les interventions de premier secours, il préférait par-dessus tout se déplacer pour un incendie. Il ne se sentait jamais aussi vivant qu'au coeur du brasier, à lutter contre les flammes. Au bout de quatre années et en ayant passé les formations requises, Garrett s'éleva au rang de caporal, avec l'ambition de monter en grade.
Entre temps, Garrett s'acheta son propre appartement, et vécu plusieurs histoires amoureuses, sans qu'aucune ne devienne vraiment sérieuse. Il finit par croire que son seul véritable amour était sa chatte, Freya, qu'il avait adopté deux ans auparavant.
Je vous l'avais dit : rien de bien extraordinaire. Une vie banale, pour un homme qui l'était tout autant.
9 Octobre 2015
Le camion, appelé pour une intervention, fendait en deux les files de voitures qui s’écartaient pour ouvrir un passage, tel Moïse devant la Mer Rouge. Garrett appréciait beaucoup cette sensation de puissance que lui offrait momentanément une virée à bord d’un véhicule prioritaire : c’était grisant, de brûler ainsi tous ces feux rouges en toute légalité, et de rouler aussi vite au centre-ville. « J’espère qu’on y sera avant les flics, cette fois. », plaisanta Sam, assis à l’arrière à ses côtés, lui qui se sentait toujours en compétition avec les policiers, et pour qui arriver en premier sur les lieux d’intervention était une question d’orgueil. Ils avaient été envoyés sur place pour une sombre histoire d’agression, mais les témoins qui avaient appelés les secours avaient été, semble-t-il, trop choqués pour expliquer clairement la situation. Garrett espérait simplement que ce n’était pas un acte terroriste ; c’était ce qu’il redoutait le plus, en ce moment. Avec tous ces trucs déments qu’on voyait à la télé…
« Merde, ils sont déjà là. », pesta Sam, en apercevant de sa petite fenêtre, une voiture de police garée sur les lieux. Des cris, au-dehors, l’alarmèrent ; il avait presque envie de sauter en marche pour comprendre ce qu’il se passait. Trois détonations les firent sursauter tous les deux, et ils se lancèrent un regard étonné. « Ces tarés sont en train de tirer ?! » « Arrête-toi, Ben ! , ordonna-t-il au conducteur. Vas pas plus loin. » Par mesure de précaution, autant de ne pas arriver en plein milieu d’une fusillade. Garrett n’attendit pas que le camion soit complètement à l’arrêt, il ouvrit la porte arrière et sauta au sol, suivi de Sam. D’un coup d’œil, il s’assura qu’aucun danger ne les menaçait directement, avant de rejoindre un jeune flic qui tenait un pistolet à la main, blanc comme un linge. Deux corps étaient allongés par terre, l’un dans une mare de sang, l’autre non, et d’autres personnes étaient assises au sol ; certaines hurlaient, d’autres pleuraient. C’est quoi ce bordel ?
« Il… Il ne voulait pas arrêter. Je lui ai dit d’arrêter, il ne l’a pas fait. J’ai tiré, je n’avais pas le choix. Il ne s’arrêtait pas. », répétait le flic en boucle, semblant vouloir se convaincre lui-même. Garrett s’approcha du premier corps : c’était un homme dont la blessure à la gorge ne pouvait être que mortelle. Par acquis de conscience, il prit le pouls du second, celui qui s'était pris les balles, et constata qu'il était bel et bien mort. Un homme au teint livide était assis sur le trottoir un peu plus loin, le bras ensanglanté. « Sam, par ici ! », appela-t-il son collègue, qui le rejoignit avec une trousse de premier secours. « Occupe-toi de monsieur, je me charge de l’autre blessé. » Garrett extirpa une petite bouteille de sérum physiologique pour nettoyer la plaie, afin de mieux observer la blessure qui se cachait derrière ce sang. C’était profond, il faudrait des points de suture. Il appliqua un coussin hémostatique contre la plaie, qu’il maintint en place en l’entourant d’une bande crêpe. « Que s’est-il passé ? » « L’homme… Un homme étrange s’est jeté sur ce monsieur, il désigna le premier corps d’un mouvement de tête, et… oh, bon sang, il l’a mordu à la gorge, comme un chien ! On s’est interposé pour les séparer, et il m’a mordu au bras ce salopard. Non mais vous y croyez, vous ! Un enragé pareil ! s’emporta-t-il. On avait beau le faire reculer, il revenait toujours à la charge, cet enfant de salaud. Quand les flics se sont pointés, il s’en est pris à eux, et le jeunot là-bas a tiré. Il a eu raison, d’ailleurs. Ce fou furieux n’écoutait rien. Il aura mon témoignage et mon soutien, s’ils lui collent un procès. … Et cet homme… Il puait. Oh mon dieu, cette odeur. Il sentait vraiment la mort. » « On va vous conduire à l’hôpital, monsieur. Il vous faut des points de suture. »
Garrett rejoignit Sam, qui de la même façon, s’était occupé d’un homme qui avait été mordu à la main. « C’est quoi cette histoire de dingue, sérieux ? Un mec qui pète un plomb et qui saute sur tout ce qui bouge. » « Il était peut-être ivre, ou sous l’emprise de stup’. Tu sais comme moi que ces merdes te vrillent complètement le cerveau. »
« Par ici, vite ! Il n’est pas mort ! » hurla un policier. Garrett tourna rapidement les talons et s’approcha de l’homme blessé à la gorge, qui commençait à se relever. Pourtant, avec la quantité de sang qu’il avait perdu, Garrett aurait juré qu’il était mort. « Restez allongé, monsieur, vous avez perdu beaucoup de sang. », lui intima-t-il, et quand il tenta d’observer sa plaie, l’homme se jeta sur lui avec la vivacité d’un homme en bonne santé. Merde ! Ayant de bons réflexes, Garrett recula d’un bond, avant que sa mâchoire ne se referme sur ses doigts. Le blessé se releva comme si de rien n’était, et continua d’avancer vers lui, et un grognement guttural s’éleva de sa gorge. Sa gorge… bon sang, il la voyait plus clairement, à présent. Ce type ne pouvait pas continuer à avancer, à vivre tout simplement, avec une aussi grave blessure. La carotide et la jugulaire sectionnées pendait lamentablement d’un côté de son cou. « Quoi ? » Et alors qu’il se jetait à nouveau sur lui, un coup de feu l’atteignit en pleine poitrine, et le fit reculer de quelques pas. Mais reculer, seulement. Il se tourna à présent vers le policier qui avait ouvert le feu, qui était à deux doigts de chier dans son pantalon, et avança tranquillement vers lui. « Arrêtez-vous, monsieur, ou je tire. » Et comme l’homme n’obtempéra pas, il pressa la gâchette plusieurs fois, sans effet, jusqu’à ce qu’une balle ne l’atteigne à la tête. Et en quelques secondes, tout était fini. Incrédule, blanc comme un linge, Garrett se tourna vers Sam en quête d’explications, qui ne lui offrit comme réponse qu’un mouvement de tête décontenancé. « Emmenez les blessés à l’hôpital, on se charge du reste. », leur conseilla ce même policier. Après un mouvement de tête entendu avec Sam, ils chargèrent les blessés dans le camion, et repartirent pour l’hôpital, les quatre pompiers dépêchés sur les lieux et les deux victimes, aussi choqués et hagards les uns que les autres.
12 Octobre 2015
« Arrête, Sam. Il était mort, bordel ! Mort ! Tu as vu sa plaie au cou. Impossible qu’il survive à ça, et encore moins qu’il soit encore en forme pour me sauter dessus. », s’emporta Garrett en claquant violemment la porte de son casier. « Je ne sais pas pourquoi ils racontent ces conneries à la télé, mais c’est impossible que ce soit vrai. », dit-il en enfilant le t-shirt de sport qu’il tenait à la main ; un entrainement de sport était prévu ce matin, et ça ne lui ferait pas de mal de se défouler, après les jours merdiques qu’il venait de passer. « J’comprends rien à toute cette histoire, j’en dors plus, Sam. C’est trop bizarre… Trop bizarre. », répéta-t-il pour lui-même. « C’est vrai que ça tourne pas rond,, lui concéda son ami, mais des trucs bizarres, c’est pas la première fois qu’on en voit, dans ce boulot. », ajouta-t-il d’une voix distraite en nouant les lacets de ses baskets. « Ok, mais à ce point ? Faut pas déconner, vieux. Il n’y a rien qui t’inquiète, toi ? » Sam, avec toute la nonchalance dont il pouvait faire preuve, lui offrit un haussement d’épaules indifférent. « Tu sais que pour moi, tant que j’ai de la bouffe et des meufs, la vie est parfaite. Tu devrais baiser plus souvent, Emerson. Et la petite brune, Jill, tu la vois toujours ? » « Non, fut-il obligé d’avouer, elle s’est tirée avec un autre. » Ses relations amoureuses étaient toutes désastreuses, en ce moment, et dépassaient rarement le stade des six mois. « Mais qu’est-ce que tu fous, sérieux ?
« Tu sais ce qui est bizarre, aussi ? » enchaîna-t-il sans relever la question de son ami. Il ouvrit la porte des vestiaires pour gagner le couloir. « Non, quoi ? », lui répondit Sam, qui s’attendait encore à ce que Garrett lui parle de femmes. « C’est que le premier mec, là, celui qui s’est pris des balles avant qu’on arrive. J’ai remarqué un truc d’étrange en constatant le décès. J’avais pas fait gaffe tout de suite, mais ça m’est revenu, après. Il saignait pas. Il a pris trois balles, et il saignait pas. » « Encore avec cette histoire ! C’est pas notre job, ok ? Laisse les flics faire le boulot, et arrête de te triturer la tête avec ces conneries. » « Et le mec dans le journal, alors ! Celui que j’ai pris en charge, et qui est mort à l’hôpital, tu l’expliques comment ? J’ai vu sa blessure, elle n’avait rien de mortelle. » « Il a peut-être fait une infection. Tu sais la bouche d’un mec, y’a rien de plus dégueulasse. », réfuta son ami. « N’empêche, j’ai un mauvais pressentiment. » « Oh, Garrett. Tu as des mauvais pressentiments sur tout ! Les dames d’abord ! » se moqua-t-il en lui ouvrant la porte de la salle de sport.
14 Octobre 2015
Trois jours qu’il ne dormait plus. La sirène de la caserne hurlait sans cesse sa peur et son désarroi. Leurs services étaient débordés d’appels d’urgence, mais il savait qu’ils n’étaient pas les seuls ; il en allait de même pour toutes les casernes de la ville, et les hôpitaux ne désemplissaient pas. Garrett se passa un filet d’eau sur le visage dans l’espoir de se réveiller, et de retrouver ses esprits, mais en vain. Il était épuisé, au bout du rouleau, et il se demandait comment il parvenait encore à tenir debout. Ils étaient à peine rentrés à la caserne qu’il leur fallait déjà ressortir. Les interventions défilaient et se ressemblaient toutes : d’étranges agresseurs s’en prenait violemment – et sans raison – aux victimes et l’on constatait à chaque fois la présence de morsures. Quand ils le pouvaient, les policiers arrêtaient les suspects, sinon ils ouvraient le feu. C’était la panique. Le carnage. La folie s’était abattue sur Seattle. Des émeutes éclataient, parfois violemment réprimées par les forces de l’ordre. L’armée avait pris le contrôle de la ville ; par moment, Garrett se croyait dans un film post-apocalyptique. Lui qui aimait tant la science-fiction, il se serait bien passé d’être le héros, malgré-lui, d’un mauvais film de série B. Poussé par une pulsion, il quitta les vestiaires et s’empara d’un sac à dos, dans lequel il fourra des affaires qui pourraient lui servir. Trousse de secours, couverture de survie, lampe-torche, harnais, corde et mousquetons. Juste au « cas-où ». Au cas-où le monde deviendrait complètement fou, et qu’il ne pourrait plus compter sur lui-même. Il ne savait pas à quel point il était proche de la réalité à venir.
19 Octobre 2015
« Je suis affecté au Garfield High School. », lui apprit Sam. C’était le lycée où Garrett avait passé les meilleures années de son adolescence, mais tous les bons souvenirs qui le rattachaient à ce lieux s’étaient évaporés, désormais. « Merde, ils auraient pu nous laisser ensemble. Moi je vais au stade. » Les hommes entre eux ne sont pas des sentimentaux, et ils jouent au gros dur, mais Garrett mit de côté ses préjugés pour serrer son ami dans ses bras. « Fais bien attention, là-bas. Prends soin de toi, vieux. » Il lui donna une petite tape dans le dos avant de reculer. « Je ferai gaffe. De toute façon, on est des durs à cuire, pas vrai Emerson ? » Garrett aurait aimé le croire, mais il n’en était plus certain, à présent. « Je suis sûr qu’on se reverra vite. Et que tu reviendras me faire chier avec tes conneries. » « Compte sur moi. », lui assura son ami. Garrett ne reverra plus jamais Sam.
L’armée avait instauré la loi martiale. Vadrouiller en ville était devenu extrêmement dangereux, mais les militaires qui les escortaient sécurisaient leurs déplacements. Un hélicoptère survolait même la zone, avec pour ordre de tirer à vue sur les infectés. Sa mission du jour était d’accompagner des civils jusqu’au camp de réfugiés qui s’était monté dans le stade. Dans un immeuble du centre-ville, il toqua à toutes les portes d’appartement (certains avaient déjà pris la précaution de se barricader), en ordonnant aux habitants de préparer leurs valises et de se rassembler au pied du bâtiment. Si les civils étaient apeurés, ils semblaient toutefois rassurés d’être pris en charge par l’armée. « Comment vous appelez-vous, madame ? » demanda-t-il à la femme d’un certain âge dont il portait les bagages. « Norma, et voici ma petite fille Olivia. » Le pompier leur offrit un sourire qui se voulait rassurant. « Ne vous en faites pas, tout ira bien, désormais. On vous escorte jusqu’au stade, où vous serez en sécurité. » Mais les militaires postés aux alentours qui ouvraient le feu (tout le monde savaient très bien ce qu’ils visaient, à présent) venaient contredire ses paroles.
25 Décembre 2015
Le pompier était rudement mis à contribution, au camp de réfugiés du stade du Century. Quand il n’était pas envoyé en mission de ravitaillement, il aidait les médecins et les infirmiers auprès des malades, ou les policiers et les militaires à se débarrasser des infectés qui grouillaient aux alentours du stade. Il n’avait pas beaucoup de temps pour lui, et il était épuisé aussi bien physiquement que moralement. Ce qui ne devait être que provisoire s’était éternisé ; cela faisait un peu plus de deux mois qu’ils étaient tous rassemblés au stade, et à en croire les amis qu’il s’était fait dans l’armée, les choses n’étaient pas prêtes de changer. Pas avant le printemps, en tout cas. Quand il avait quelques minutes de libre, il les passait souvent en compagnie d’Olivia et de Norma, les deux femmes qu’il avait escortées jusqu’ici et dont il se sentait – allez savoir pourquoi – personnellement responsable. Au début, il leur rendait visite pour s’assurer que tout allait bien pour Olivia et sa grand-mère, mais après, il les retrouvait plus fréquemment, et sans véritable raison. Garrett appréciait beaucoup Norma, et il aimait passer du temps avec Olivia, qui arrivait toujours à le faire sourire, malgré la situation qui n’était pas des plus favorables. Il ne pouvait pas nier non plus qu’elle lui plaisait, mais il refoulait son attirance pour la jeune fille. Ce n’était pas le moment, et puis, elle avait sans doute un petit-ami, même si elle n’en parlait jamais. Il ne le lui avait jamais demandé, et n’oserait de toute façon pas le faire. Ça ne le regardait pas. Point.
Aujourd’hui était un jour un peu particulier, puisque c’était Noël. Les cuisiniers avaient tenté de faire un effort pour marquer le coup, mais difficile de préparer un repas de fête avec si peu de matériel. La nourriture qu’on leur servait habituellement était principalement composée de conserves, fournies par les militaires. Ce n’était pas un quatre étoiles, mais ils avaient cette chance de manger à leur faim. Après avoir fait la queue pendant des heures, bien sûr. Il y avait tellement de monde, ici, que la gestion du camp était devenue difficile. Il s’approcha de l’endroit où Norma et Olivia étaient logées, et ne trouva que cette dernière, assise sur sa couchette de fortune. Il se sentit d’abord soulagé que Norma ne soit pas là pour assister à la scène, mais rapidement l’inquiétude prit les devants. « Où est Norma ? », s’enquit-il auprès d’Olivia. « Elle s’est portée volontaire pour donner des cours aux enfants, en remplacement d’une institutrice qui ne se sentait pas très bien aujourd’hui. Salut Garrett. » ajouta-t-elle avec un sourire qui le fit fondre sur place. « Salut. », ne trouva-t-il rien de plus inspiré à répondre. « C’est un jour un peu particulier aujourd’hui, et… Enfin, je suis sorti en mission tout à l’heure, et je t’ai ramené ça. » Il lui tendit un cadeau emballé dans un mouchoir. « Le mouchoir est propre., lui sembla-t-il approprié de préciser. Garrett, mon vieux, tu es un vrai con. Joyeux Noël. » « Un cadeau pour moi ? » Elle semblait surprise, et son air candide ne fit qu’amplifier sa beauté. Il la regarda ouvrir le mouchoir pour y trouver un collier qu’il avait trouvé – bon d’accord, volé – dans une bijouterie aux alentours du stade. « Techniquement, c’est du vol, mais si tu me dénonces, je te ferai tomber avec moi pour recel. plaisanta-t-il. « Je ne sais pas si tu aimes les bijoux. J’espère que ça te plait. » « Tu rigoles ? Il est magnifique. Merci Garrett. » Elle se jeta dans ses bras pour l’enlacer, et le pompier ne se fit pas prier pour lui rendre son étreinte. Bon sang, il voulait que cet instant dure pour toujours, mais il devait retourner au travail. C’est lui qui se dégagea le premier, à contre-cœur. « Je dois filer. J’ai encore plein de choses à faire. » « Garrett ? Il se retourna une dernière fois pour l’observer. « Ne t’en fais pas, je tiendrai ma langue. », lui promit-elle en lui adressant un clin d’œil.
10 Janvier 2016
Garrett bouscula les gens sans ménagement. Il fallait absolument qu’il trouve Norma et Olivia, et qu’il les emmène en lieu sûr. Les morts se relevaient. Littéralement. Garrett tenta de faire le point dans ses idées, qui se bousculaient tellement qu’il ne parvenait plus à réfléchir. Il y avait seulement une heure de cela, il effectuait un massage cardiaque à un homme victime d’un malaise. Son cœur avait lâché, et malgré son acharnement à vouloir le maintenir en vie, le malheureux était décédé. Il s’était alors occupé d’autres blessés légers (pour soulager les infirmiers et les médecins débordés) quand des cris d’effroi avaient retenti. L’homme qui était mort une demi-heure plus tôt s’était relevé, avec la ferme intention de grignoter tout (et tous) ce qui lui passerait sous les dents. Garrett était pétrifié sur place, complètement abasourdi. Cet homme n’avait pas été mordu, il en aurait mis sa main au feu ! Dans la panique, il avait eu le temps de mordre plusieurs personnes, et Garrett avait alors compris qu’ils étaient tous foutus. Tous, jusqu’au dernier. Enfermés avec des cannibales, ils avaient creusé leur propre tombeau. Conseillant à ceux dont il s’occupait jusque-là de se trouver une bonne cachette jusqu’à ce que les choses se calment, il prit les jambes à son cou jusqu’à sa couchette pour récupérer ses affaires. Mais les choses ne se calmèrent pas, bien au contraire. Son sac sur le dos et son pied-de-biche à la main, il était prêt à se battre pour sauver sa peau, et celle de ses amies. Son cœur battait la chamade, et il était terrorisé comme il ne l’avait jamais été, mais il se força à garder la tête froide et les idées claires. Trouver Norma et Olivia. Une fois qu’il les aurait rejoint, il pourrait penser à la suite. Les cris et les hurlements des pauvres qui tombaient aux mains des infectés lui glacèrent le sang, mais il ne pouvait rien pour eux. Trouver Norma et Olivia. La panique le gagna à l’idée de les perdre, elles, deux femmes que pourtant ils ne connaissaient pas trois mois auparavant. Il voulut hurler leur nom, mais dans cette cohue, elles ne pourraient pas l’entendre. Elles ne se trouvaient pas à leur couchette. Merde ! Où pouvaient-elles bien être ? Parviendraient-ils à les trouver ? Et si jamais les goules … Non, n’y pense pas, Garrett. Elles sont en vie, quelque part. Il le faut. Trouve-les. Et vite !
Les tirs ne s’arrêtaient pas, ce qui accentuait davantage, si c’était encore possible, la peur qu’il ressentait. Il essaya de se raisonner : c’est lorsqu’il n’entendrait plus aucun coup de feu qu’il pourrait commencer à avoir peur. Pour l’instant, la situation était probablement sous contrôle. Oui, Garrett, c’est pour ça que tu veux fuir avec Norma et Olivia. Parce que tout va bien, ici. Finalement, à force de courir partout comme un dératé, il finit par tomber sur elles. Soulagé de les savoir toujours en vie, il les prit dans ses bras le temps d’un battement de cœur. « On se tire d’ici. Suivez-moi. » Contrairement aux autres survivants qui montaient dans les gradins pour fuir les cannibales, Garrett, lui, préféra rester en bas et se battre contre les goules. Il n’y avait pas d’issue en haut, à part leur propre mort. Il joua du pied-de-biche contre les monstres pour ouvrir un passage pour Norma et Olivia, et les quelques rescapés qui les suivaient. Finalement, il tomba sur un groupe de survivants qui semblaient savoir ce qu’ils faisaient, et décida de les suivre. Leur plan, qui avait été aussi le sien, était de fuir en empruntant les camions qui servaient pour les missions de ravitaillement, garés au sous-sol. C’était leur unique chance de s’échapper d’ici. En se débarrassant d’une multitude de goule au passage, ils atteignirent les camions, et se séparèrent en plusieurs groupes. C’est tout naturellement que Garrett s’installa au volant d’une camionnette, avec Norma et Olivia à ses côtés dans la cabine, et les autres entassés à l’arrière. « On se tire de là ! », exulta-t-il en enfonçant les clefs (cachées dans le pare-soleil, comme il en était convenu) dans la serrure, et en faisant rugir le moteur. « Pour aller où ? » « J’en sais rien, loin de ce merdier », conclut-il en pressant l’accélérateur. « On va suivre les autres. C’est parti ! » Bye bye Seattle. On ne te regrettera pas. Ils quittèrent le stade sans un regard en arrière pour les pauvres encore coincés dedans, pris au piège. Il n’y avait pas prêté attention jusqu’à présent, mais les tirs s’étaient arrêtés.
Janvier 2017
Ils avaient trouvé refuge dans un immense chalet, dans une station de ski, et la vie s’était peu à peu réorganisée. Ça n’avait pas été facile, au début, mais ils avaient fini par trouver leurs marques. Les personnes avec qui il avait fui étaient devenu sa nouvelle famille. Garrett ne s’entendait pas avec tous et se méfiait même de certains, mais qu’importe, ils veillaient tous les uns sur les autres, et se protégeaient mutuellement. L’année qui s’était écoulée n’avait pas été de tout repos, mais ils avaient quand même passés de bons moments, ensemble. Ils n’étaient pas si mal tombés, au fond. Ils avaient même eu de la chance. Garrett continuait à faire du sport, quand il le pouvait, pour conserver son endurance. Il se portait toujours volontaire pour les missions à l’extérieur et puis, il n’aimait pas vraiment rester enfermé à ne rien faire. L’hiver qui s’était abattu sur eux était un des plus rudes. Si la neige ralentissait les goules, elle les empêchait aussi de se mouvoir comme ils l’auraient voulu. Peut-être même ne pourraient-ils plus sortir du chalet avant quelques mois. Cette idée inquiétait particulièrement Garrett ; il ne savait pas s’ils pourraient tenir aussi longtemps, avec leurs maigres réserves. Il avait entendu l’histoire d’un avion écrasé dans une chaine de montagnes, où les survivants avaient fini par s’entredévorer pour survivre, et il craignait qu’ils en arrivent-là, eux aussi. Les jours à venir allaient être difficiles, et il devait tout faire pour protéger Norma et Olivia.
Le camion, appelé pour une intervention, fendait en deux les files de voitures qui s’écartaient pour ouvrir un passage, tel Moïse devant la Mer Rouge. Garrett appréciait beaucoup cette sensation de puissance que lui offrait momentanément une virée à bord d’un véhicule prioritaire : c’était grisant, de brûler ainsi tous ces feux rouges en toute légalité, et de rouler aussi vite au centre-ville. « J’espère qu’on y sera avant les flics, cette fois. », plaisanta Sam, assis à l’arrière à ses côtés, lui qui se sentait toujours en compétition avec les policiers, et pour qui arriver en premier sur les lieux d’intervention était une question d’orgueil. Ils avaient été envoyés sur place pour une sombre histoire d’agression, mais les témoins qui avaient appelés les secours avaient été, semble-t-il, trop choqués pour expliquer clairement la situation. Garrett espérait simplement que ce n’était pas un acte terroriste ; c’était ce qu’il redoutait le plus, en ce moment. Avec tous ces trucs déments qu’on voyait à la télé…
« Merde, ils sont déjà là. », pesta Sam, en apercevant de sa petite fenêtre, une voiture de police garée sur les lieux. Des cris, au-dehors, l’alarmèrent ; il avait presque envie de sauter en marche pour comprendre ce qu’il se passait. Trois détonations les firent sursauter tous les deux, et ils se lancèrent un regard étonné. « Ces tarés sont en train de tirer ?! » « Arrête-toi, Ben ! , ordonna-t-il au conducteur. Vas pas plus loin. » Par mesure de précaution, autant de ne pas arriver en plein milieu d’une fusillade. Garrett n’attendit pas que le camion soit complètement à l’arrêt, il ouvrit la porte arrière et sauta au sol, suivi de Sam. D’un coup d’œil, il s’assura qu’aucun danger ne les menaçait directement, avant de rejoindre un jeune flic qui tenait un pistolet à la main, blanc comme un linge. Deux corps étaient allongés par terre, l’un dans une mare de sang, l’autre non, et d’autres personnes étaient assises au sol ; certaines hurlaient, d’autres pleuraient. C’est quoi ce bordel ?
« Il… Il ne voulait pas arrêter. Je lui ai dit d’arrêter, il ne l’a pas fait. J’ai tiré, je n’avais pas le choix. Il ne s’arrêtait pas. », répétait le flic en boucle, semblant vouloir se convaincre lui-même. Garrett s’approcha du premier corps : c’était un homme dont la blessure à la gorge ne pouvait être que mortelle. Par acquis de conscience, il prit le pouls du second, celui qui s'était pris les balles, et constata qu'il était bel et bien mort. Un homme au teint livide était assis sur le trottoir un peu plus loin, le bras ensanglanté. « Sam, par ici ! », appela-t-il son collègue, qui le rejoignit avec une trousse de premier secours. « Occupe-toi de monsieur, je me charge de l’autre blessé. » Garrett extirpa une petite bouteille de sérum physiologique pour nettoyer la plaie, afin de mieux observer la blessure qui se cachait derrière ce sang. C’était profond, il faudrait des points de suture. Il appliqua un coussin hémostatique contre la plaie, qu’il maintint en place en l’entourant d’une bande crêpe. « Que s’est-il passé ? » « L’homme… Un homme étrange s’est jeté sur ce monsieur, il désigna le premier corps d’un mouvement de tête, et… oh, bon sang, il l’a mordu à la gorge, comme un chien ! On s’est interposé pour les séparer, et il m’a mordu au bras ce salopard. Non mais vous y croyez, vous ! Un enragé pareil ! s’emporta-t-il. On avait beau le faire reculer, il revenait toujours à la charge, cet enfant de salaud. Quand les flics se sont pointés, il s’en est pris à eux, et le jeunot là-bas a tiré. Il a eu raison, d’ailleurs. Ce fou furieux n’écoutait rien. Il aura mon témoignage et mon soutien, s’ils lui collent un procès. … Et cet homme… Il puait. Oh mon dieu, cette odeur. Il sentait vraiment la mort. » « On va vous conduire à l’hôpital, monsieur. Il vous faut des points de suture. »
Garrett rejoignit Sam, qui de la même façon, s’était occupé d’un homme qui avait été mordu à la main. « C’est quoi cette histoire de dingue, sérieux ? Un mec qui pète un plomb et qui saute sur tout ce qui bouge. » « Il était peut-être ivre, ou sous l’emprise de stup’. Tu sais comme moi que ces merdes te vrillent complètement le cerveau. »
« Par ici, vite ! Il n’est pas mort ! » hurla un policier. Garrett tourna rapidement les talons et s’approcha de l’homme blessé à la gorge, qui commençait à se relever. Pourtant, avec la quantité de sang qu’il avait perdu, Garrett aurait juré qu’il était mort. « Restez allongé, monsieur, vous avez perdu beaucoup de sang. », lui intima-t-il, et quand il tenta d’observer sa plaie, l’homme se jeta sur lui avec la vivacité d’un homme en bonne santé. Merde ! Ayant de bons réflexes, Garrett recula d’un bond, avant que sa mâchoire ne se referme sur ses doigts. Le blessé se releva comme si de rien n’était, et continua d’avancer vers lui, et un grognement guttural s’éleva de sa gorge. Sa gorge… bon sang, il la voyait plus clairement, à présent. Ce type ne pouvait pas continuer à avancer, à vivre tout simplement, avec une aussi grave blessure. La carotide et la jugulaire sectionnées pendait lamentablement d’un côté de son cou. « Quoi ? » Et alors qu’il se jetait à nouveau sur lui, un coup de feu l’atteignit en pleine poitrine, et le fit reculer de quelques pas. Mais reculer, seulement. Il se tourna à présent vers le policier qui avait ouvert le feu, qui était à deux doigts de chier dans son pantalon, et avança tranquillement vers lui. « Arrêtez-vous, monsieur, ou je tire. » Et comme l’homme n’obtempéra pas, il pressa la gâchette plusieurs fois, sans effet, jusqu’à ce qu’une balle ne l’atteigne à la tête. Et en quelques secondes, tout était fini. Incrédule, blanc comme un linge, Garrett se tourna vers Sam en quête d’explications, qui ne lui offrit comme réponse qu’un mouvement de tête décontenancé. « Emmenez les blessés à l’hôpital, on se charge du reste. », leur conseilla ce même policier. Après un mouvement de tête entendu avec Sam, ils chargèrent les blessés dans le camion, et repartirent pour l’hôpital, les quatre pompiers dépêchés sur les lieux et les deux victimes, aussi choqués et hagards les uns que les autres.
12 Octobre 2015
« Arrête, Sam. Il était mort, bordel ! Mort ! Tu as vu sa plaie au cou. Impossible qu’il survive à ça, et encore moins qu’il soit encore en forme pour me sauter dessus. », s’emporta Garrett en claquant violemment la porte de son casier. « Je ne sais pas pourquoi ils racontent ces conneries à la télé, mais c’est impossible que ce soit vrai. », dit-il en enfilant le t-shirt de sport qu’il tenait à la main ; un entrainement de sport était prévu ce matin, et ça ne lui ferait pas de mal de se défouler, après les jours merdiques qu’il venait de passer. « J’comprends rien à toute cette histoire, j’en dors plus, Sam. C’est trop bizarre… Trop bizarre. », répéta-t-il pour lui-même. « C’est vrai que ça tourne pas rond,, lui concéda son ami, mais des trucs bizarres, c’est pas la première fois qu’on en voit, dans ce boulot. », ajouta-t-il d’une voix distraite en nouant les lacets de ses baskets. « Ok, mais à ce point ? Faut pas déconner, vieux. Il n’y a rien qui t’inquiète, toi ? » Sam, avec toute la nonchalance dont il pouvait faire preuve, lui offrit un haussement d’épaules indifférent. « Tu sais que pour moi, tant que j’ai de la bouffe et des meufs, la vie est parfaite. Tu devrais baiser plus souvent, Emerson. Et la petite brune, Jill, tu la vois toujours ? » « Non, fut-il obligé d’avouer, elle s’est tirée avec un autre. » Ses relations amoureuses étaient toutes désastreuses, en ce moment, et dépassaient rarement le stade des six mois. « Mais qu’est-ce que tu fous, sérieux ?
« Tu sais ce qui est bizarre, aussi ? » enchaîna-t-il sans relever la question de son ami. Il ouvrit la porte des vestiaires pour gagner le couloir. « Non, quoi ? », lui répondit Sam, qui s’attendait encore à ce que Garrett lui parle de femmes. « C’est que le premier mec, là, celui qui s’est pris des balles avant qu’on arrive. J’ai remarqué un truc d’étrange en constatant le décès. J’avais pas fait gaffe tout de suite, mais ça m’est revenu, après. Il saignait pas. Il a pris trois balles, et il saignait pas. » « Encore avec cette histoire ! C’est pas notre job, ok ? Laisse les flics faire le boulot, et arrête de te triturer la tête avec ces conneries. » « Et le mec dans le journal, alors ! Celui que j’ai pris en charge, et qui est mort à l’hôpital, tu l’expliques comment ? J’ai vu sa blessure, elle n’avait rien de mortelle. » « Il a peut-être fait une infection. Tu sais la bouche d’un mec, y’a rien de plus dégueulasse. », réfuta son ami. « N’empêche, j’ai un mauvais pressentiment. » « Oh, Garrett. Tu as des mauvais pressentiments sur tout ! Les dames d’abord ! » se moqua-t-il en lui ouvrant la porte de la salle de sport.
14 Octobre 2015
Trois jours qu’il ne dormait plus. La sirène de la caserne hurlait sans cesse sa peur et son désarroi. Leurs services étaient débordés d’appels d’urgence, mais il savait qu’ils n’étaient pas les seuls ; il en allait de même pour toutes les casernes de la ville, et les hôpitaux ne désemplissaient pas. Garrett se passa un filet d’eau sur le visage dans l’espoir de se réveiller, et de retrouver ses esprits, mais en vain. Il était épuisé, au bout du rouleau, et il se demandait comment il parvenait encore à tenir debout. Ils étaient à peine rentrés à la caserne qu’il leur fallait déjà ressortir. Les interventions défilaient et se ressemblaient toutes : d’étranges agresseurs s’en prenait violemment – et sans raison – aux victimes et l’on constatait à chaque fois la présence de morsures. Quand ils le pouvaient, les policiers arrêtaient les suspects, sinon ils ouvraient le feu. C’était la panique. Le carnage. La folie s’était abattue sur Seattle. Des émeutes éclataient, parfois violemment réprimées par les forces de l’ordre. L’armée avait pris le contrôle de la ville ; par moment, Garrett se croyait dans un film post-apocalyptique. Lui qui aimait tant la science-fiction, il se serait bien passé d’être le héros, malgré-lui, d’un mauvais film de série B. Poussé par une pulsion, il quitta les vestiaires et s’empara d’un sac à dos, dans lequel il fourra des affaires qui pourraient lui servir. Trousse de secours, couverture de survie, lampe-torche, harnais, corde et mousquetons. Juste au « cas-où ». Au cas-où le monde deviendrait complètement fou, et qu’il ne pourrait plus compter sur lui-même. Il ne savait pas à quel point il était proche de la réalité à venir.
19 Octobre 2015
« Je suis affecté au Garfield High School. », lui apprit Sam. C’était le lycée où Garrett avait passé les meilleures années de son adolescence, mais tous les bons souvenirs qui le rattachaient à ce lieux s’étaient évaporés, désormais. « Merde, ils auraient pu nous laisser ensemble. Moi je vais au stade. » Les hommes entre eux ne sont pas des sentimentaux, et ils jouent au gros dur, mais Garrett mit de côté ses préjugés pour serrer son ami dans ses bras. « Fais bien attention, là-bas. Prends soin de toi, vieux. » Il lui donna une petite tape dans le dos avant de reculer. « Je ferai gaffe. De toute façon, on est des durs à cuire, pas vrai Emerson ? » Garrett aurait aimé le croire, mais il n’en était plus certain, à présent. « Je suis sûr qu’on se reverra vite. Et que tu reviendras me faire chier avec tes conneries. » « Compte sur moi. », lui assura son ami. Garrett ne reverra plus jamais Sam.
L’armée avait instauré la loi martiale. Vadrouiller en ville était devenu extrêmement dangereux, mais les militaires qui les escortaient sécurisaient leurs déplacements. Un hélicoptère survolait même la zone, avec pour ordre de tirer à vue sur les infectés. Sa mission du jour était d’accompagner des civils jusqu’au camp de réfugiés qui s’était monté dans le stade. Dans un immeuble du centre-ville, il toqua à toutes les portes d’appartement (certains avaient déjà pris la précaution de se barricader), en ordonnant aux habitants de préparer leurs valises et de se rassembler au pied du bâtiment. Si les civils étaient apeurés, ils semblaient toutefois rassurés d’être pris en charge par l’armée. « Comment vous appelez-vous, madame ? » demanda-t-il à la femme d’un certain âge dont il portait les bagages. « Norma, et voici ma petite fille Olivia. » Le pompier leur offrit un sourire qui se voulait rassurant. « Ne vous en faites pas, tout ira bien, désormais. On vous escorte jusqu’au stade, où vous serez en sécurité. » Mais les militaires postés aux alentours qui ouvraient le feu (tout le monde savaient très bien ce qu’ils visaient, à présent) venaient contredire ses paroles.
25 Décembre 2015
Le pompier était rudement mis à contribution, au camp de réfugiés du stade du Century. Quand il n’était pas envoyé en mission de ravitaillement, il aidait les médecins et les infirmiers auprès des malades, ou les policiers et les militaires à se débarrasser des infectés qui grouillaient aux alentours du stade. Il n’avait pas beaucoup de temps pour lui, et il était épuisé aussi bien physiquement que moralement. Ce qui ne devait être que provisoire s’était éternisé ; cela faisait un peu plus de deux mois qu’ils étaient tous rassemblés au stade, et à en croire les amis qu’il s’était fait dans l’armée, les choses n’étaient pas prêtes de changer. Pas avant le printemps, en tout cas. Quand il avait quelques minutes de libre, il les passait souvent en compagnie d’Olivia et de Norma, les deux femmes qu’il avait escortées jusqu’ici et dont il se sentait – allez savoir pourquoi – personnellement responsable. Au début, il leur rendait visite pour s’assurer que tout allait bien pour Olivia et sa grand-mère, mais après, il les retrouvait plus fréquemment, et sans véritable raison. Garrett appréciait beaucoup Norma, et il aimait passer du temps avec Olivia, qui arrivait toujours à le faire sourire, malgré la situation qui n’était pas des plus favorables. Il ne pouvait pas nier non plus qu’elle lui plaisait, mais il refoulait son attirance pour la jeune fille. Ce n’était pas le moment, et puis, elle avait sans doute un petit-ami, même si elle n’en parlait jamais. Il ne le lui avait jamais demandé, et n’oserait de toute façon pas le faire. Ça ne le regardait pas. Point.
Aujourd’hui était un jour un peu particulier, puisque c’était Noël. Les cuisiniers avaient tenté de faire un effort pour marquer le coup, mais difficile de préparer un repas de fête avec si peu de matériel. La nourriture qu’on leur servait habituellement était principalement composée de conserves, fournies par les militaires. Ce n’était pas un quatre étoiles, mais ils avaient cette chance de manger à leur faim. Après avoir fait la queue pendant des heures, bien sûr. Il y avait tellement de monde, ici, que la gestion du camp était devenue difficile. Il s’approcha de l’endroit où Norma et Olivia étaient logées, et ne trouva que cette dernière, assise sur sa couchette de fortune. Il se sentit d’abord soulagé que Norma ne soit pas là pour assister à la scène, mais rapidement l’inquiétude prit les devants. « Où est Norma ? », s’enquit-il auprès d’Olivia. « Elle s’est portée volontaire pour donner des cours aux enfants, en remplacement d’une institutrice qui ne se sentait pas très bien aujourd’hui. Salut Garrett. » ajouta-t-elle avec un sourire qui le fit fondre sur place. « Salut. », ne trouva-t-il rien de plus inspiré à répondre. « C’est un jour un peu particulier aujourd’hui, et… Enfin, je suis sorti en mission tout à l’heure, et je t’ai ramené ça. » Il lui tendit un cadeau emballé dans un mouchoir. « Le mouchoir est propre., lui sembla-t-il approprié de préciser. Garrett, mon vieux, tu es un vrai con. Joyeux Noël. » « Un cadeau pour moi ? » Elle semblait surprise, et son air candide ne fit qu’amplifier sa beauté. Il la regarda ouvrir le mouchoir pour y trouver un collier qu’il avait trouvé – bon d’accord, volé – dans une bijouterie aux alentours du stade. « Techniquement, c’est du vol, mais si tu me dénonces, je te ferai tomber avec moi pour recel. plaisanta-t-il. « Je ne sais pas si tu aimes les bijoux. J’espère que ça te plait. » « Tu rigoles ? Il est magnifique. Merci Garrett. » Elle se jeta dans ses bras pour l’enlacer, et le pompier ne se fit pas prier pour lui rendre son étreinte. Bon sang, il voulait que cet instant dure pour toujours, mais il devait retourner au travail. C’est lui qui se dégagea le premier, à contre-cœur. « Je dois filer. J’ai encore plein de choses à faire. » « Garrett ? Il se retourna une dernière fois pour l’observer. « Ne t’en fais pas, je tiendrai ma langue. », lui promit-elle en lui adressant un clin d’œil.
10 Janvier 2016
Garrett bouscula les gens sans ménagement. Il fallait absolument qu’il trouve Norma et Olivia, et qu’il les emmène en lieu sûr. Les morts se relevaient. Littéralement. Garrett tenta de faire le point dans ses idées, qui se bousculaient tellement qu’il ne parvenait plus à réfléchir. Il y avait seulement une heure de cela, il effectuait un massage cardiaque à un homme victime d’un malaise. Son cœur avait lâché, et malgré son acharnement à vouloir le maintenir en vie, le malheureux était décédé. Il s’était alors occupé d’autres blessés légers (pour soulager les infirmiers et les médecins débordés) quand des cris d’effroi avaient retenti. L’homme qui était mort une demi-heure plus tôt s’était relevé, avec la ferme intention de grignoter tout (et tous) ce qui lui passerait sous les dents. Garrett était pétrifié sur place, complètement abasourdi. Cet homme n’avait pas été mordu, il en aurait mis sa main au feu ! Dans la panique, il avait eu le temps de mordre plusieurs personnes, et Garrett avait alors compris qu’ils étaient tous foutus. Tous, jusqu’au dernier. Enfermés avec des cannibales, ils avaient creusé leur propre tombeau. Conseillant à ceux dont il s’occupait jusque-là de se trouver une bonne cachette jusqu’à ce que les choses se calment, il prit les jambes à son cou jusqu’à sa couchette pour récupérer ses affaires. Mais les choses ne se calmèrent pas, bien au contraire. Son sac sur le dos et son pied-de-biche à la main, il était prêt à se battre pour sauver sa peau, et celle de ses amies. Son cœur battait la chamade, et il était terrorisé comme il ne l’avait jamais été, mais il se força à garder la tête froide et les idées claires. Trouver Norma et Olivia. Une fois qu’il les aurait rejoint, il pourrait penser à la suite. Les cris et les hurlements des pauvres qui tombaient aux mains des infectés lui glacèrent le sang, mais il ne pouvait rien pour eux. Trouver Norma et Olivia. La panique le gagna à l’idée de les perdre, elles, deux femmes que pourtant ils ne connaissaient pas trois mois auparavant. Il voulut hurler leur nom, mais dans cette cohue, elles ne pourraient pas l’entendre. Elles ne se trouvaient pas à leur couchette. Merde ! Où pouvaient-elles bien être ? Parviendraient-ils à les trouver ? Et si jamais les goules … Non, n’y pense pas, Garrett. Elles sont en vie, quelque part. Il le faut. Trouve-les. Et vite !
Les tirs ne s’arrêtaient pas, ce qui accentuait davantage, si c’était encore possible, la peur qu’il ressentait. Il essaya de se raisonner : c’est lorsqu’il n’entendrait plus aucun coup de feu qu’il pourrait commencer à avoir peur. Pour l’instant, la situation était probablement sous contrôle. Oui, Garrett, c’est pour ça que tu veux fuir avec Norma et Olivia. Parce que tout va bien, ici. Finalement, à force de courir partout comme un dératé, il finit par tomber sur elles. Soulagé de les savoir toujours en vie, il les prit dans ses bras le temps d’un battement de cœur. « On se tire d’ici. Suivez-moi. » Contrairement aux autres survivants qui montaient dans les gradins pour fuir les cannibales, Garrett, lui, préféra rester en bas et se battre contre les goules. Il n’y avait pas d’issue en haut, à part leur propre mort. Il joua du pied-de-biche contre les monstres pour ouvrir un passage pour Norma et Olivia, et les quelques rescapés qui les suivaient. Finalement, il tomba sur un groupe de survivants qui semblaient savoir ce qu’ils faisaient, et décida de les suivre. Leur plan, qui avait été aussi le sien, était de fuir en empruntant les camions qui servaient pour les missions de ravitaillement, garés au sous-sol. C’était leur unique chance de s’échapper d’ici. En se débarrassant d’une multitude de goule au passage, ils atteignirent les camions, et se séparèrent en plusieurs groupes. C’est tout naturellement que Garrett s’installa au volant d’une camionnette, avec Norma et Olivia à ses côtés dans la cabine, et les autres entassés à l’arrière. « On se tire de là ! », exulta-t-il en enfonçant les clefs (cachées dans le pare-soleil, comme il en était convenu) dans la serrure, et en faisant rugir le moteur. « Pour aller où ? » « J’en sais rien, loin de ce merdier », conclut-il en pressant l’accélérateur. « On va suivre les autres. C’est parti ! » Bye bye Seattle. On ne te regrettera pas. Ils quittèrent le stade sans un regard en arrière pour les pauvres encore coincés dedans, pris au piège. Il n’y avait pas prêté attention jusqu’à présent, mais les tirs s’étaient arrêtés.
Janvier 2017
Ils avaient trouvé refuge dans un immense chalet, dans une station de ski, et la vie s’était peu à peu réorganisée. Ça n’avait pas été facile, au début, mais ils avaient fini par trouver leurs marques. Les personnes avec qui il avait fui étaient devenu sa nouvelle famille. Garrett ne s’entendait pas avec tous et se méfiait même de certains, mais qu’importe, ils veillaient tous les uns sur les autres, et se protégeaient mutuellement. L’année qui s’était écoulée n’avait pas été de tout repos, mais ils avaient quand même passés de bons moments, ensemble. Ils n’étaient pas si mal tombés, au fond. Ils avaient même eu de la chance. Garrett continuait à faire du sport, quand il le pouvait, pour conserver son endurance. Il se portait toujours volontaire pour les missions à l’extérieur et puis, il n’aimait pas vraiment rester enfermé à ne rien faire. L’hiver qui s’était abattu sur eux était un des plus rudes. Si la neige ralentissait les goules, elle les empêchait aussi de se mouvoir comme ils l’auraient voulu. Peut-être même ne pourraient-ils plus sortir du chalet avant quelques mois. Cette idée inquiétait particulièrement Garrett ; il ne savait pas s’ils pourraient tenir aussi longtemps, avec leurs maigres réserves. Il avait entendu l’histoire d’un avion écrasé dans une chaine de montagnes, où les survivants avaient fini par s’entredévorer pour survivre, et il craignait qu’ils en arrivent-là, eux aussi. Les jours à venir allaient être difficiles, et il devait tout faire pour protéger Norma et Olivia.
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time to meet the devil
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Aaron Johnson <bott>Garrett Emerson</bott>
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Pompier professionnel
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Re: Garrett - There is an answer to the darkest times
Jeu 19 Jan 2017 - 19:34
Ouaiiiiiiiiiiiiiiiiiiis !
Bienvenue officiellement alors !
Hâte de te revoir à l'action en RP
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Re: Garrett - There is an answer to the darkest times
Jeu 19 Jan 2017 - 19:51
J'en connais une qui va être contente !
Bienveeeeeeeeenuuuue !
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Re: Garrett - There is an answer to the darkest times
Jeu 19 Jan 2017 - 19:58
Bienvenuuuuuuuuuuuuue !
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Re: Garrett - There is an answer to the darkest times
Jeu 19 Jan 2017 - 20:17
Bienvenue.
Bon courage pour ta fiche.
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Re: Garrett - There is an answer to the darkest times
Jeu 19 Jan 2017 - 20:30
Bienvenue et bonne rédaction de fiche !
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