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Rafael Álvarez | Le chaos est plus facile à obtenir que l'ordre.
Sam 28 Jan 2017 - 18:10
23 [16 octobre 1994] ≡ AMÉRICAIN & PUERTO RICAIN ≡ CUISINIER ≡AMERICAN DREAM
i've got a war in my mind
S'affirmer, exister et ne plus être le petit être fragile à protéger, tel a été sa devise tout au long de son adolescence difficile. Sa détermination et sa volonté l'ont clairement aidé à devenir ce qu'il est aujourd'hui. En se laissant couver, surprotéger, materner, il aurait pu ne pas être ce qu'il est. Il est clair qu'il ne frôle pas la force brute de certains engins de guerre comme son frère et qu'il n'atteindra jamais une carrure de maître, mais il n'est surtout pas faible. Il doit sa détermination au sang chaud qui coule dans les veines, aussi brûlant et ardent que le feu au coeur d'un volcan. Ses origines sont gravées sur son visage et il n'en est pas moins fier. Et ce, même si l'Amérique crache sur les minorités, même si l'Amérique ressemble à un amas de burgers périmés et même si ses sbires en uniforme sillonnent les rues pour éliminer ce qu'ils croient être une menace. Si les emmerdes persistent c'est parce que la merde est blanche et que l'État cible mal l'origine problème.
Lorsqu'il parle de tout ça, de ce qu'il a vu en grandissant, de ce que la fatalité a fait de leurs vies, son visage s'anime toujours pour prendre diverses expressions. La colère, la surprise, la haine, l'aigreur, la répugnance, la peur parfois. La liste pourrait s'allonger, mais il n'a pas toujours les mots pour exprimer ce qu'il ressent au plus profond de son être. Les muscles de son visage en disent long sur ses pensées, et il ne sait pas les dissimuler. Puis, lorsqu'un putain de rayon de soleil pointe son nez par la fenêtre, qu'une rencontre agréable vient ponctuer sa journée, ses rides changent de place, son visage paraît plus détendu, et ses yeux rient. Non, décidément, avec ses expressions, il ne peut décidément rien cacher de ses émotions.
Comme tout sang chaud qui se respecte, Rafael on ne lui claque rien de trop stupide entre les dents. Les petits malins, il en fait son quatre heures et il déteste par-dessus tout qu'on le blesse. Que l'on touche à son ego, à sa famille et particulièrement sa mère, à son visage, à ses hobbies, à ses préférences, ses convictions. On ne touche pas à tout ça... On n'essaie même pas... En bref, Rafael est le genre de gars avec un chalumeau entre les mains, et il suffit d'appuyer sur le bouton pour qu'il s'enflamme. D'ailleurs, n'est-ce pas les rides du lion que vous voyez entre ces sourcils, encore discret grâce à de son âge, mais suffisamment marqué pour qu'on les remarque... ?
Vous pouvez toutefois faire un éloge de sa personne. Il aime particulièrement qu'on parle de lui, surtout physiquement parlant. Il a beau s'aimer sincèrement et connaître chaque trait de son visage, il n'est jamais contre un peu de pommade supplémentaire. Le fait d'avoir entendu de la bouche de sa mère qu'il était beau, magnifique, charmant, a très certainement favorisé cet élan d'amour pour lui-même... Avec ces atouts en poche, Rafael n'a jamais eu beaucoup de mal à mettre le grappin sur quelques perfections du quartier... S'il y en avait peu de très belles et que plus de la moitié ressemblait à des déchets jetés sur le bas-côté, il a certainement réussi à charmer les plus jolies.
Dans sa tête, Rafael s'est sûrement arrêté à l'année de ses quatorze ans. L'année où il a fait sa première crise d'adolescente, où tout ce que disaient sa mère et ses frères avaient un goût de vomi dans sa bouche. Rafael est un gamin, il clame qu'il fait ce qu'il veut quand il veut, il aime contredire son entourage et faire le contraire de ce que l'on attend de lui. Rafael est un putain de petit con qui n'en a pas fini avec ses crises de gamin en pleine puberté, et ce n'est pas faute d'avoir jamais eu ce qu'il voulait. Disons plutôt qu'il n'en a jamais eu assez, et qu'il a toujours l'impression qu'on lui donne des ordres. Ce genre de comportement, ce genre de demande mal posé, il les voit comme des déclarations de guerre, de la bonne connerie d'adulte. Il ne supporte pas qu'on lui impose des choses qu'il ne veut pas faire... Et... Quand il doit le faire, parce que son frère s'est clamé mâle dominant de la famille par exemple, bah... Il râle, il insulte, il peste, et il s'exécute quand même mais en faisant le plus mal possible son taf. Un travail vite fait mal fait.
D'ailleurs, le bordel ça lui connaît. Il n'aime pas ranger. Cela lui file des urticaires. Il aime vivre dans le désordre et le pire, c'est qu'il trouve toujours ce qu'il cherche... Sauf quand sa mère décide de ranger une partie de la chambre qu'il partageait avec son lourdeau de frère. Alors... Vous imaginez bien qu'avec le bordel qu'on trouve dans les magasins, les maisons, les appartements et les rues d'aujourd'hui, il est presque content de voir sa chambre en format XXL.
Les amis, il en a toujours eu des tonnes. Il n'a jamais eu de problèmes pour s'en faire, et il s'est certainement procurer beaucoup de choses illégales grâce à ce trait de caractère là. Ses amis très proches le reconnaissent comme infatigable et débrouillard. Se démerder pour ne pas crever, c'est propre à la famille Alvarez, c'est la marque fabrique, un code-barre qu'ils ont tous gravé sur le cul. Ça n'a forcément pas marché de la même façon pour chacun, que cela soit le père, la mère ou les trois frères, mais au moins... Ils savaient se démerder avec ce qu'ils avaient dans les bras et dans le crâne. Enfin, parfois c'était l'un sans l'autre, mais tout le monde se complétait plutôt bien...
Peut-être pas meneur, mais sculpteur de portrait à temps perdu, ça l'a toujours branché. La douleur des autres, ça lui a toujours fait quelque chose de bizarre. Un sentiment au fond de lui qui ne lui a jamais semblé aussi désagréable que cela devait lui paraître. Parfois, il s'est bien amusé à prêter mains fortes aux petits frappes du collège pour cogner sur des têtes de moche. Juste comme ça, parce qu'il fallait bien montrer qui portait la couronne. Ça ne l'a jamais dérangé d'aller harceler quelqu'un ni de s'amuser avec un compas sur le bras d'un souffre-douleur. Ils étaient un peu là pour ça, pour combler son manque de force, et ça l'arrangeait bien à une époque.
Dans l’idée, Rafael s’est passé la bague au doigt plusieurs fois. Aux doigts seraient plus précis. Son côté matérialiste lui a donné un petit penchant pour certaines breloques et particulièrement les bagues en tous genres. Il a abandonné les bracelets et les chaines depuis le tout début de l'épidémie, mais il porte toujours quelques-unes de ses bagues. Avec les morts qui marchent, il a pu récupérer sur certaines quelques chevalières de qualité. Ce qu'il aime particulièrement avec ces bagues, en plus de lui donner un style, c'est qu'elles s'impriment remarquablement bien sûr les joues des gens qu'il n'aime pas. L'inconvénient, c'est que s'il ne fait pas attention, le bruit du métal contre métal peut attirer les rôdeurs et il essaie de les retirer lorsqu'il sort. Mais ces bijoux, c'est sa petite excentricité, son petit plaisir, et il n'arrive pas à s'en défaire.
Il fait un mètre quatre-vingt-un pour soixante-dix kilogrammes. Ses cheveux sont noirs et très épais. Ses grands yeux bleu-gris surmontés d'épais sourcils noirs lui donnent un air assez sombre même si ses sourires effacent parfois cette impression. Sa silhouette est bien ciselée, il a une jolie musculature qu'il s'est sculpté avec des années de sport dans les rues avec ses amis. Les exercices d'escalades dans les parcs d'enfants le soir avaient du bon. Sa barbe souligne sa mâchoire et ses joues sont légèrement creusées. Avec l'année écoulée, ses cheveux et sa barbe partent un peu dans tous les sens.
Son style vestimentaire n'a rien de très glorieux à cette époque puisqu'il récupère des vêtements à droite à gauche. Un jean qui colle suffisamment à la peau, un manteau molletonné avec revêtement de cuir, une écharpe épaisse en laine, des chaussures de marche peu pratiques pour l'hiver mais toujours mieux que des bottes en caoutchouc qui ne tiennent pas au pied... Il n'a rien trouvé de mieux que ces chaussures de marche. Avec l'hiver glacial, il porte plusieurs couches de vêtements, un débardeur, un sous-pull et un pull dans les tons marrons. Ces derniers temps, il garde un peu tout le temps les mêmes vêtements par ce qu'il n'arrive plus tellement à se déplacer avec la couche de neige dehors.
Il porte avec lui un sac de randonnée récupéré vers le début de l'épidémie et qu'il a réussi à conserver. Solide, confortable et spacieux sans être encombrant. On y trouve actuellement une lampe torche pour gamin dans les tons bleus et noirs avec des piles de rechanges. Deux paquets de six. Il possède également un SIG-Sauer P229, un 9mm avec une capacité en quinze coups. Il reste dans son champ quatre balles et il possède une cartouche de rechange perdu au fond de son sac. Même avec l'expérience, il n'est pas encore suffisamment habile pour viser un mort en pleine tête... Il favorisera l'arme blanche avec laquelle il est plus à l'aise. Pour l'arme à feu, il sait qu'elle sera bien plus efficace sur un être vivant pour le ralentir ou pour le menacer. Il porte également une machette avec un manche pacca plus très solide, un couteau fermant qu'il a attaché à l'intérieur de son jeans et un couteau de cuisine en évidence attaché à sa ceinture. Son sac renferme également des mouchoirs, des analgisiques, un reste de Tyrenol pour faire passer les maux de tête, un paquet de cigarette à moitié écrasées par le poids de deux conserves, du chocolat noir, des restes de sauterelles grillées, une gourde d'eau à moitié vide, des bonbons et des chewing-gums à la menthe forte... Sa dernière planque ne renferme pas grand chose...
Il fait un mètre quatre-vingt-un pour soixante-dix kilogrammes. Ses cheveux sont noirs et très épais. Ses grands yeux bleu-gris surmontés d'épais sourcils noirs lui donnent un air assez sombre même si ses sourires effacent parfois cette impression. Sa silhouette est bien ciselée, il a une jolie musculature qu'il s'est sculpté avec des années de sport dans les rues avec ses amis. Les exercices d'escalades dans les parcs d'enfants le soir avaient du bon. Sa barbe souligne sa mâchoire et ses joues sont légèrement creusées. Avec l'année écoulée, ses cheveux et sa barbe partent un peu dans tous les sens.
Son style vestimentaire n'a rien de très glorieux à cette époque puisqu'il récupère des vêtements à droite à gauche. Un jean qui colle suffisamment à la peau, un manteau molletonné avec revêtement de cuir, une écharpe épaisse en laine, des chaussures de marche peu pratiques pour l'hiver mais toujours mieux que des bottes en caoutchouc qui ne tiennent pas au pied... Il n'a rien trouvé de mieux que ces chaussures de marche. Avec l'hiver glacial, il porte plusieurs couches de vêtements, un débardeur, un sous-pull et un pull dans les tons marrons. Ces derniers temps, il garde un peu tout le temps les mêmes vêtements par ce qu'il n'arrive plus tellement à se déplacer avec la couche de neige dehors.
Il porte avec lui un sac de randonnée récupéré vers le début de l'épidémie et qu'il a réussi à conserver. Solide, confortable et spacieux sans être encombrant. On y trouve actuellement une lampe torche pour gamin dans les tons bleus et noirs avec des piles de rechanges. Deux paquets de six. Il possède également un SIG-Sauer P229, un 9mm avec une capacité en quinze coups. Il reste dans son champ quatre balles et il possède une cartouche de rechange perdu au fond de son sac. Même avec l'expérience, il n'est pas encore suffisamment habile pour viser un mort en pleine tête... Il favorisera l'arme blanche avec laquelle il est plus à l'aise. Pour l'arme à feu, il sait qu'elle sera bien plus efficace sur un être vivant pour le ralentir ou pour le menacer. Il porte également une machette avec un manche pacca plus très solide, un couteau fermant qu'il a attaché à l'intérieur de son jeans et un couteau de cuisine en évidence attaché à sa ceinture. Son sac renferme également des mouchoirs, des analgisiques, un reste de Tyrenol pour faire passer les maux de tête, un paquet de cigarette à moitié écrasées par le poids de deux conserves, du chocolat noir, des restes de sauterelles grillées, une gourde d'eau à moitié vide, des bonbons et des chewing-gums à la menthe forte... Sa dernière planque ne renferme pas grand chose...
the last of us
1994. L'année de sa naissance. L'année où il avait agrandi une famille déjà constituée de quatre personnes. Sa mère Maria, son père Cornelio, ses deux frères Hernando et Juan vivaient à cinq dans un appartement trop exigüe. Les jouets ressemblaient à de la récupération, il partageait le canapé-lit avec ses parents jusqu'à ses trois ans. Puis il avait occupé celle de ses frères. Un matelas à même le sol. La cuisine ne pouvait pas être envahie par les trois mômes en même temps, la table prenait la majorité de la place. La pièce de vie où tout le monde se réunissait était le salon. Son père avait réussi à leur dégoter une vieille télévision dont l'image sautait parfois sans raison. Le salon permettait à tous de se retrouver, d'y manger, d'y jouer. C'était l'endroit le plus bruyant, le plus spacieux, et surtout une pièce chargée de souvenirs, autant heureux que malheureux.
Rafael était le dernier dans beaucoup de choses, mais il était le premier à tomber malade lorsqu'une épidémie de grippe, de gastro, de laryngite, sévissait dans les métros, les rues ou à l'école. Ses premières années ont été plus que difficiles et ses parents ont eu du mal à se procurer des médicaments. Trop cher. La médecine alternative devint une solution, avec les plantes médicinales, les méthodes de grand-mère. C'était l'option la plus fiable et à leur portée financièrement. Sa mère trouva de l'aide auprès d'une de ses amies du quartier. La faible constitution de Rafael lui valut quelques répliques tout au long de son enfance, que cela soit sympathique ou non.
En dehors de ces maladies qu'il ramenait à la maison avec une extrême facilité, la présence du père était de plus en plus remise en question. Il travaillait tellement tard le soir que les enfants ne le voyaient pratiquement plus. Les sorties en famille étaient rares, mais lorsqu'il y en avait, les souvenirs étaient tellement vrais que Rafael en oubliait ce vide du quotidien.
En 2000, le décès prématuré de son père avait été un véritable choc. Bien sûr, son état se dégradait et les signes avant coureur ne trompaient personne. Mais les propos rassurants des parents avaient eu le don de calmer l'inquiétude des trois frères. Un cancer était impossible à soigner avec leurs revenus, et les parents n'avaient pas voulu briser ces derniers moments unis. L'incompréhension et la confusion avaient été totales, et le choc de la perte fut immense. Pour Rafael c'était six années d'images fortes qui partaient en fumée, six années où le gamin allait regarder cette photo de famille à cinq posés sur le buffet. Où il allait se demander pourquoi ils avaient menti, pourquoi il n'avait pas eu le droit de savoir, pourquoi ça tombait sur eux, pourquoi ils n'avaient pas le droit à des soins comme les blancs riches à la télévision, pourquoi on les pointait du doigt, pourquoi si pourquoi ça. Il allait détester l'Amérique.
Trop jeune pour comprendre le choix de ses parents, Rafael commença petit à petit à se refermer sur lui-même et son entrée en école élémentaire fut catastrophique. Il n'échangeait plus des choses personnelles avec son frère, il ne le percevait pas comme fiable ou de confiance puisque de toute manière lui non plus ne lui disait rien sur ses sorties... Il ne saurait pas garder un secret. C'était aussi un menteur.
À l'école, il n'écoutait pas le professeur. Mais aussi, il n'aimait pas les mathématiques, il n'aimait pas les cours d'écriture, il détestait la lecture parce que les lettres lui donnaient mal à la tête. Il n'aimait pas rester assis alors qu'il pourrait jouer dehors. Il n'aimait pas cette première année sans son père et ces moments où il se réveillait parfois la nuit, persuadé d'avoir entendu la porte claquée. Au début, il allait même vérifier, persuadé qu'il verrait son père en train d'enlever son blouson de cuir brun tout usé. Mais non, il n'y avait personne, il était mort. Qu'est-ce qu'était vraiment la mort dans son esprit à cet âge-là ?
Sa mère reprit ce même schéma. Elle augmenta ses heures de travail pour pouvoir offrir le plus de choses à ses enfants. De présente elle passa à une présence réduite... Puis à quasiment absente. C'est donc Hernando, le plus grand, qui se retrouva à la tête de la famille. Et à, de ce fait, s'occuper le plus souvent d'eux. Ce qui ne plut pas tellement à Rafael qui développait déjà dès lors, un fort sentiment de colère envers son frère. Comme s'il était capable de faire comme le père... Comme s'il pourrait combler ce vide à la maison... Comme s'il pouvait lui dire ce qu'il fallait faire... Comme si... Tout allait fonctionner comme avant. Quelle belle connerie. Avec les mauvaises choses qu'il devait faire dehors, il n'avait rien à lui dire. Les grandes personnes, l'institution, les plus grands, les plus forts, il n'aimait pas. Seul l'oeil brillant de larmes et de détresse de sa mère pouvait le calmer et le faire abdiquer. Mais les cris de colère du grand le calmaient aussi, des fois.
À douze ans, il entrait au collège. Il apprit aussi à avoir de l'importance aux yeux de ses camarades de classe. Même si pour lui la popularité rimait avec la crainte... Il l'avait compris à l'école élémentaire que dans ces quartiers, c'était la loi du plus fort et rien d'autre. Les convocations pleuvaient, sûrement parce que le petit groupe d'amis n'était pas suffisamment discret. L'inquiétude de sa mère à son encontre ne le laissa pas indifférent, mais c'était plus fort que lui. Cette rupture entre l'école et la maison lui donnait un second souffle. Il se sentait faible à la maison alors que l'école lui donnait la sensation d'être plus fort. Pourquoi en changer alors que cela lui redonnait un peu de couleur aux joues ? Il était bien comme ça.
Chaque fin d'années scolaires était plus difficile. Il ne suivait pas, ses devoirs étaient une vraie corvée, il franchissait tout juste la ligne de la moyenne. Sa mère insistait auprès de son frère pour qu'il fasse ses devoirs, et il était difficile de tenir tête sur le long terme à Hernando...
Mais l'école n'avait rien à voir avec la rue. Rien. Ce n'était plus un jeu où on attendait le petit gringalet du mois devant la grille pour lui tirer son maigre argent de poche, ce n'est plus le groupe de looser qu'on poussait contre un casier pour lui faire peur, ce n'était plus un gobelet renversé sur la fille trop studieuse. C'était plutôt des échanges de tirs, des bagarres récurrentes, des cris dans les appartements, des pleurs, des bruits stridents de sirène qui résonnaient dans la nuit. Et la mort, la vraie, celle que l'on n'a pas le temps de voir parce que la balle vous perce trop vite. Elle siffle. Elle vous perce et vous tue. Point. Rafael commençait à sentir l'odeur de la rue, de la drogue, de la poudre et l'odeur de l'argent. En évoluant dans ce monde de peur, où la société underground évoluait, il commençait à comprendre de quoi étaient faites la vie des minorités. Noir, Latino, pauvre. Des gangs rivaux se battaient sur les territoires avoisinants, et lorsque la police intervenait, les tirs n'en finissaient plus. Rafael en était arrivé à ne plus courir à la fenêtre voir ce qui se produisait, il en arrivait à ne plus sursauter lorsque les coups de feu retentissaient. Peu à peu s'insinuait en lui que cette vie-là devait être normal et que l'Amérique les avait oublié. D'ailleurs, ces odeurs de poudre et de mort, c'était un peu ça qu'Hernando devait sentir en ouvrant lentement la porte de leur chambre pour aller dormir très tard le soir. Comme si de rien était.
À ses treize ans, il eut sa première copine qui avait l'âge de son frère ainé. Elle s'appelait Paige. Elle était amie avec son frère. Et même s'il n'était pas en bon terme avec ce dernier en ce moment et que les disputes étaient fréquentes, sa rencontre avec cette jeune femme avait eu le don de calmer ses débuts de crise d'adolescence. Elle ne fut pas insensible au charme du plus jeune, et ils finirent par sortir ensemble. Le premier amour a toujours un petit goût sucré qu'on n'arriva pas à oublier, ce petit goût de perfection et de nouveauté. Elle a été certainement la seule fille dont il était vraiment tombé amoureux. Un peu plus tard, au printemps 2008, Hernando ramena une blanche à la maison, une fille qui apparemment avait une relation un peu trop approfondie avec l'ainé. Le blanc nacré de sa peau ne lui avait pas plus du tout et il s'était demandé si l'ainé ne se foutait pas de leur gueule. Mais ce qui lui avait donné envie de se planquer dans leurs chambres avait plutôt été l'avertissement stupide du plus grand. Il ne fallait pas faire n'importe quoi, ne pas poser de questions sur sa famille, faire attention à elle, être à ses petits soins. Et puis quoi encore. Il ne resta pas longtemps enfermé dans sa chambre qu'Hernando débarquait comme un furieux pour le ramener à ce repas. En fin de compte, au fil du temps, il a fini par s'habituer à cette Reese et à son tempérament.
Il avait accepté qu'elle soit au bras de son frère. Puis, elle était jolie quand même. Et pas des moindres.
Jusqu'à ce que ce semblant de vie agréable et normale foire en mai 2009 avec la mort de Juan. Juan l'intello, Juan le futur de la famille, Juan et son cerveau démesuré, Juan et l'espoir, Juan et sa positivité, Juan et ses rêves. Ils avaient dû enfuir tout ceci sous terre le 16 mai après midi. D'après la police, Juan était passé au mauvais endroit au mauvais moment et était mort sur le coup en se prenant une balle perdue. Le malheur venait recouvrir les murs jaunâtres de la cuisine, les pleure redevenait un quotidien. L'incompréhension et la colère sont deux choses qui communiquent parfaitement ensemble dans ce genre de moment et Rafael est resté dans cette phase d'incompréhension pendant plus de deux mois. Ses relations avec son frère se dégradèrent encore lorsqu'il décida à son tour de rentrer tard le soir, de faire le mur, d'échapper à ce tourbillon infernal, et à ce couillon de frère. Pour noyer ses pensées, il rencontra les amis de ses amis, il rencontra aussi d'autres filles. Cela se sut et Paige disparut de sa vie. À 16 ans, il rencontra son meilleur ami, Sohan, un gamin au regard ailleurs qui passait sa vie à raconter qu'il était un super héros au chômage et que sa mère avait eu dix enfants avant lui. Sohan était le seul gars en qui Rafael pouvait avoir confiance tout simplement parce que c'était le seul qui ne le contredisait jamais. Il lui donnait pas non plus raison. Mais il l'aidait lorsqu'il était dans la merde.
Ça plus ça, plus ça. Ça le faisait chier. Tout son petit monde s'écroulait, pierre par pierre dieu décidait de décimer son petit monde foireux. Mais il se le répétait encore... Qu'il était sûr que rien ne changerait dans cette vie de merde. D'ailleurs, il avait à peine eu ses 17 ans qu'il avait décidé d'arrêter l'école, comme ça, du jour au lendemain. Sans obtenir ce diplôme, parce qu'il n'en voulait pas ou parce qu'il avait trop peur de le rater... Pas de longue discussion avec maman, ni avec le frère, rien que sa face, son miroir et Sohan qu'il lui disait de faire ce qu'il avait avis et d'envoyer au diable les autres. Alors il prenait la décision de tout arrêter. À quoi cela lui servirait ? Il ne ferait jamais d'études longues, pas l'oseille, pas le cerveau, pas le temps. Ce n'était pas comme Juan qui aurait pu être cette petite fierté de la famille... Lui qui avait les capacités et l'envie. Rafael n'était pas bon à ça... Apprendre, bouffer des lignes et des lignes de chiffres, avaler des connaissances. Non, il préférait aller gagner de l'argent, sortir, vivre cette vie de galère comme son père l'avait fait avant lui. Suer jusqu'à en cracher ses tripes... Vraiment ? C'était réellement ce qui lui faisait envie au fond ?
Mais il se disait qu'il aiderait aussi sa mère Maria. Il serait plus utile qu'à roupiller sur le bois sale des bancs de l'école. Il ne moisissait pas là-bas. Entrer dans la vie active et continuer de faire le tour des squats avec son meilleur ami, c'était un peu devenu une vocation. Il pouvait danser comme il le voulait avec les plus belles beautés du bled, il pouvait boire ce qu'il voulait et fumer ce qu'il arrivait à obtenir. Il pouvait faire partie d'une vraie famille, entrer dans un gang et avoir l'impression d'être utile. Le chemin facile... L'unique chemin... Mais en vrai, qu'est-ce qu'il allait bien faire, d'ailleurs, là-dehors ? Il n'y avait même pas réfléchi. Il apprendrait un métier sur le tas.
Pendant un an jusqu'à ses dix-huit ans, il n'avait fait qu'aller où Sohan l'emmenait. Il goutta pour la première fois à de la marijuana,. En rendant quelques services, il finissait toujours par réussir à s'en fournir. Au début, c'était de temps en temps, puis les voyages entre son chez soi et chez Sohan furent de plus en plus nombreux. Il consommait ce qu'on lui tendait, profitait pour en acheter en rendant des services, des petits rien, mais n'exagérait pas autant que Sohan au niveau de sa consommation.
Jusqu'à ce que lui l'apprenne. Jusqu'à ce que son frère vienne foutre le bordel dans sa vie et qu'il se croit permis de protester contre son mode de vie, tout ce qui lui restait. Il avait fallu d'une descente pour qu'il le remonte à la maison, s'énervant contre ce qu'il commençait à faire, sa manière d'agir, ses attitudes. Rafael ne manqua pas de lui claquer dans les dents quelques remarques acides sur les sorties nocturnes d'Hernando... Après tout, il ne l'avait jamais mis dans la confidence, pourquoi devrait-il l'écouter alors que ce con faisait tout de travers ? Il ne voulait pas qu'il reproduise le même schéma ? Il savait mieux que personne que le travail ne rendait pas les gens riches ici. On mourrait au travail. Alors, l'argent facile, il était légitime que LUI s'y intéresse aussi. Au lieu de ça, il devait fermer sa gueule et retourner dans sa chambre jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Trois mois plus tard, il se trouvait une place dans un restaurant dans l'international district, sur Maynard Alley S. Un oncle éloigné voulait bien le prendre en charge dans son restaurant espagnol. Il testa la salle, manqua de se faire renvoyer pour insubordination et mauvais comportement, puis eut le droit à une deuxième chance en cuisine. Une deuxième et dernière chance comme le disait Luis, le patron. Il passa cette étape, avec un peu plus de facilité. Il s'intéressa même sérieusement aux différentes manières de cuisiner les aliments, trouva en Luis un père et un maître. Les horaires n'avaient rien d'arrangeant et il fallait bouger jusqu'ici, mais il le faisait quand même parce qu'il aimait être là-bas. Les transports coutaient de l'argent comme aller voir ses amis aussi. Il continua de consulter Sohan, malgré les avertissements du grand débile sur ses fréquentations. Rafael apprit juste à être plus discret, et ce n'est que lorsqu'il perdit l'un de ses amis de squat Emilio, qu'il se calma avec la drogue jusqu'à développer une légère allergie. Il s'en défit progressivement en multipliant ses horaires de travail et en acceptant de remplacer des collègues malades. Il faillit perdre son meilleur ami au cours d'une dispute sur sa consommation trop régulière de drogue. Son ami se dégradait.
À 19 ans, il avait pu partir avec son frère et sa mère dans leur pays d'origine. L'argent que le grand avait récolté, sale ou non, leur avait permis de faire un break. Il pensa même à retourner là-bas pour y vivre, mais le retour en Amérique l'obligea à reprendre le cours de cette vie.
Puis une idée avait fini par germer. Pourquoi pas lui ? Pourquoi n'allait-il pas essayer de passer son diplôme puis d'obtenir une formation dans la cuisine ? Ses difficultés en écriture et en lecture, il pouvait toujours essayer de les régler. Mais lorsqu'il avait eu l'idée d'obtenir son diplôme, il n'avait pas vraiment pensé à ses lacunes...
Il avait commencé à en parler à sa mère, qui avait accueilli l'idée avec beaucoup d'engouement, il en avait même un peu parlé avec son frère qui était partie vivre sur Tacoma. Avec ça, un diplôme et une formation, ils pourraient peut-être s'y mettre à deux pour retourner sur les terres de ses parents à Porto Rico. Il avait commencé à faire les démarches, mais toute cette merde avait chamboulé ses projets. Toute cette merde qui avait tout fait foirer. C'était le début de la fin.
Rafael était le dernier dans beaucoup de choses, mais il était le premier à tomber malade lorsqu'une épidémie de grippe, de gastro, de laryngite, sévissait dans les métros, les rues ou à l'école. Ses premières années ont été plus que difficiles et ses parents ont eu du mal à se procurer des médicaments. Trop cher. La médecine alternative devint une solution, avec les plantes médicinales, les méthodes de grand-mère. C'était l'option la plus fiable et à leur portée financièrement. Sa mère trouva de l'aide auprès d'une de ses amies du quartier. La faible constitution de Rafael lui valut quelques répliques tout au long de son enfance, que cela soit sympathique ou non.
En dehors de ces maladies qu'il ramenait à la maison avec une extrême facilité, la présence du père était de plus en plus remise en question. Il travaillait tellement tard le soir que les enfants ne le voyaient pratiquement plus. Les sorties en famille étaient rares, mais lorsqu'il y en avait, les souvenirs étaient tellement vrais que Rafael en oubliait ce vide du quotidien.
En 2000, le décès prématuré de son père avait été un véritable choc. Bien sûr, son état se dégradait et les signes avant coureur ne trompaient personne. Mais les propos rassurants des parents avaient eu le don de calmer l'inquiétude des trois frères. Un cancer était impossible à soigner avec leurs revenus, et les parents n'avaient pas voulu briser ces derniers moments unis. L'incompréhension et la confusion avaient été totales, et le choc de la perte fut immense. Pour Rafael c'était six années d'images fortes qui partaient en fumée, six années où le gamin allait regarder cette photo de famille à cinq posés sur le buffet. Où il allait se demander pourquoi ils avaient menti, pourquoi il n'avait pas eu le droit de savoir, pourquoi ça tombait sur eux, pourquoi ils n'avaient pas le droit à des soins comme les blancs riches à la télévision, pourquoi on les pointait du doigt, pourquoi si pourquoi ça. Il allait détester l'Amérique.
Trop jeune pour comprendre le choix de ses parents, Rafael commença petit à petit à se refermer sur lui-même et son entrée en école élémentaire fut catastrophique. Il n'échangeait plus des choses personnelles avec son frère, il ne le percevait pas comme fiable ou de confiance puisque de toute manière lui non plus ne lui disait rien sur ses sorties... Il ne saurait pas garder un secret. C'était aussi un menteur.
À l'école, il n'écoutait pas le professeur. Mais aussi, il n'aimait pas les mathématiques, il n'aimait pas les cours d'écriture, il détestait la lecture parce que les lettres lui donnaient mal à la tête. Il n'aimait pas rester assis alors qu'il pourrait jouer dehors. Il n'aimait pas cette première année sans son père et ces moments où il se réveillait parfois la nuit, persuadé d'avoir entendu la porte claquée. Au début, il allait même vérifier, persuadé qu'il verrait son père en train d'enlever son blouson de cuir brun tout usé. Mais non, il n'y avait personne, il était mort. Qu'est-ce qu'était vraiment la mort dans son esprit à cet âge-là ?
Sa mère reprit ce même schéma. Elle augmenta ses heures de travail pour pouvoir offrir le plus de choses à ses enfants. De présente elle passa à une présence réduite... Puis à quasiment absente. C'est donc Hernando, le plus grand, qui se retrouva à la tête de la famille. Et à, de ce fait, s'occuper le plus souvent d'eux. Ce qui ne plut pas tellement à Rafael qui développait déjà dès lors, un fort sentiment de colère envers son frère. Comme s'il était capable de faire comme le père... Comme s'il pourrait combler ce vide à la maison... Comme s'il pouvait lui dire ce qu'il fallait faire... Comme si... Tout allait fonctionner comme avant. Quelle belle connerie. Avec les mauvaises choses qu'il devait faire dehors, il n'avait rien à lui dire. Les grandes personnes, l'institution, les plus grands, les plus forts, il n'aimait pas. Seul l'oeil brillant de larmes et de détresse de sa mère pouvait le calmer et le faire abdiquer. Mais les cris de colère du grand le calmaient aussi, des fois.
À douze ans, il entrait au collège. Il apprit aussi à avoir de l'importance aux yeux de ses camarades de classe. Même si pour lui la popularité rimait avec la crainte... Il l'avait compris à l'école élémentaire que dans ces quartiers, c'était la loi du plus fort et rien d'autre. Les convocations pleuvaient, sûrement parce que le petit groupe d'amis n'était pas suffisamment discret. L'inquiétude de sa mère à son encontre ne le laissa pas indifférent, mais c'était plus fort que lui. Cette rupture entre l'école et la maison lui donnait un second souffle. Il se sentait faible à la maison alors que l'école lui donnait la sensation d'être plus fort. Pourquoi en changer alors que cela lui redonnait un peu de couleur aux joues ? Il était bien comme ça.
Chaque fin d'années scolaires était plus difficile. Il ne suivait pas, ses devoirs étaient une vraie corvée, il franchissait tout juste la ligne de la moyenne. Sa mère insistait auprès de son frère pour qu'il fasse ses devoirs, et il était difficile de tenir tête sur le long terme à Hernando...
Mais l'école n'avait rien à voir avec la rue. Rien. Ce n'était plus un jeu où on attendait le petit gringalet du mois devant la grille pour lui tirer son maigre argent de poche, ce n'est plus le groupe de looser qu'on poussait contre un casier pour lui faire peur, ce n'était plus un gobelet renversé sur la fille trop studieuse. C'était plutôt des échanges de tirs, des bagarres récurrentes, des cris dans les appartements, des pleurs, des bruits stridents de sirène qui résonnaient dans la nuit. Et la mort, la vraie, celle que l'on n'a pas le temps de voir parce que la balle vous perce trop vite. Elle siffle. Elle vous perce et vous tue. Point. Rafael commençait à sentir l'odeur de la rue, de la drogue, de la poudre et l'odeur de l'argent. En évoluant dans ce monde de peur, où la société underground évoluait, il commençait à comprendre de quoi étaient faites la vie des minorités. Noir, Latino, pauvre. Des gangs rivaux se battaient sur les territoires avoisinants, et lorsque la police intervenait, les tirs n'en finissaient plus. Rafael en était arrivé à ne plus courir à la fenêtre voir ce qui se produisait, il en arrivait à ne plus sursauter lorsque les coups de feu retentissaient. Peu à peu s'insinuait en lui que cette vie-là devait être normal et que l'Amérique les avait oublié. D'ailleurs, ces odeurs de poudre et de mort, c'était un peu ça qu'Hernando devait sentir en ouvrant lentement la porte de leur chambre pour aller dormir très tard le soir. Comme si de rien était.
À ses treize ans, il eut sa première copine qui avait l'âge de son frère ainé. Elle s'appelait Paige. Elle était amie avec son frère. Et même s'il n'était pas en bon terme avec ce dernier en ce moment et que les disputes étaient fréquentes, sa rencontre avec cette jeune femme avait eu le don de calmer ses débuts de crise d'adolescence. Elle ne fut pas insensible au charme du plus jeune, et ils finirent par sortir ensemble. Le premier amour a toujours un petit goût sucré qu'on n'arriva pas à oublier, ce petit goût de perfection et de nouveauté. Elle a été certainement la seule fille dont il était vraiment tombé amoureux. Un peu plus tard, au printemps 2008, Hernando ramena une blanche à la maison, une fille qui apparemment avait une relation un peu trop approfondie avec l'ainé. Le blanc nacré de sa peau ne lui avait pas plus du tout et il s'était demandé si l'ainé ne se foutait pas de leur gueule. Mais ce qui lui avait donné envie de se planquer dans leurs chambres avait plutôt été l'avertissement stupide du plus grand. Il ne fallait pas faire n'importe quoi, ne pas poser de questions sur sa famille, faire attention à elle, être à ses petits soins. Et puis quoi encore. Il ne resta pas longtemps enfermé dans sa chambre qu'Hernando débarquait comme un furieux pour le ramener à ce repas. En fin de compte, au fil du temps, il a fini par s'habituer à cette Reese et à son tempérament.
Il avait accepté qu'elle soit au bras de son frère. Puis, elle était jolie quand même. Et pas des moindres.
Jusqu'à ce que ce semblant de vie agréable et normale foire en mai 2009 avec la mort de Juan. Juan l'intello, Juan le futur de la famille, Juan et son cerveau démesuré, Juan et l'espoir, Juan et sa positivité, Juan et ses rêves. Ils avaient dû enfuir tout ceci sous terre le 16 mai après midi. D'après la police, Juan était passé au mauvais endroit au mauvais moment et était mort sur le coup en se prenant une balle perdue. Le malheur venait recouvrir les murs jaunâtres de la cuisine, les pleure redevenait un quotidien. L'incompréhension et la colère sont deux choses qui communiquent parfaitement ensemble dans ce genre de moment et Rafael est resté dans cette phase d'incompréhension pendant plus de deux mois. Ses relations avec son frère se dégradèrent encore lorsqu'il décida à son tour de rentrer tard le soir, de faire le mur, d'échapper à ce tourbillon infernal, et à ce couillon de frère. Pour noyer ses pensées, il rencontra les amis de ses amis, il rencontra aussi d'autres filles. Cela se sut et Paige disparut de sa vie. À 16 ans, il rencontra son meilleur ami, Sohan, un gamin au regard ailleurs qui passait sa vie à raconter qu'il était un super héros au chômage et que sa mère avait eu dix enfants avant lui. Sohan était le seul gars en qui Rafael pouvait avoir confiance tout simplement parce que c'était le seul qui ne le contredisait jamais. Il lui donnait pas non plus raison. Mais il l'aidait lorsqu'il était dans la merde.
Ça plus ça, plus ça. Ça le faisait chier. Tout son petit monde s'écroulait, pierre par pierre dieu décidait de décimer son petit monde foireux. Mais il se le répétait encore... Qu'il était sûr que rien ne changerait dans cette vie de merde. D'ailleurs, il avait à peine eu ses 17 ans qu'il avait décidé d'arrêter l'école, comme ça, du jour au lendemain. Sans obtenir ce diplôme, parce qu'il n'en voulait pas ou parce qu'il avait trop peur de le rater... Pas de longue discussion avec maman, ni avec le frère, rien que sa face, son miroir et Sohan qu'il lui disait de faire ce qu'il avait avis et d'envoyer au diable les autres. Alors il prenait la décision de tout arrêter. À quoi cela lui servirait ? Il ne ferait jamais d'études longues, pas l'oseille, pas le cerveau, pas le temps. Ce n'était pas comme Juan qui aurait pu être cette petite fierté de la famille... Lui qui avait les capacités et l'envie. Rafael n'était pas bon à ça... Apprendre, bouffer des lignes et des lignes de chiffres, avaler des connaissances. Non, il préférait aller gagner de l'argent, sortir, vivre cette vie de galère comme son père l'avait fait avant lui. Suer jusqu'à en cracher ses tripes... Vraiment ? C'était réellement ce qui lui faisait envie au fond ?
Mais il se disait qu'il aiderait aussi sa mère Maria. Il serait plus utile qu'à roupiller sur le bois sale des bancs de l'école. Il ne moisissait pas là-bas. Entrer dans la vie active et continuer de faire le tour des squats avec son meilleur ami, c'était un peu devenu une vocation. Il pouvait danser comme il le voulait avec les plus belles beautés du bled, il pouvait boire ce qu'il voulait et fumer ce qu'il arrivait à obtenir. Il pouvait faire partie d'une vraie famille, entrer dans un gang et avoir l'impression d'être utile. Le chemin facile... L'unique chemin... Mais en vrai, qu'est-ce qu'il allait bien faire, d'ailleurs, là-dehors ? Il n'y avait même pas réfléchi. Il apprendrait un métier sur le tas.
Pendant un an jusqu'à ses dix-huit ans, il n'avait fait qu'aller où Sohan l'emmenait. Il goutta pour la première fois à de la marijuana,. En rendant quelques services, il finissait toujours par réussir à s'en fournir. Au début, c'était de temps en temps, puis les voyages entre son chez soi et chez Sohan furent de plus en plus nombreux. Il consommait ce qu'on lui tendait, profitait pour en acheter en rendant des services, des petits rien, mais n'exagérait pas autant que Sohan au niveau de sa consommation.
Jusqu'à ce que lui l'apprenne. Jusqu'à ce que son frère vienne foutre le bordel dans sa vie et qu'il se croit permis de protester contre son mode de vie, tout ce qui lui restait. Il avait fallu d'une descente pour qu'il le remonte à la maison, s'énervant contre ce qu'il commençait à faire, sa manière d'agir, ses attitudes. Rafael ne manqua pas de lui claquer dans les dents quelques remarques acides sur les sorties nocturnes d'Hernando... Après tout, il ne l'avait jamais mis dans la confidence, pourquoi devrait-il l'écouter alors que ce con faisait tout de travers ? Il ne voulait pas qu'il reproduise le même schéma ? Il savait mieux que personne que le travail ne rendait pas les gens riches ici. On mourrait au travail. Alors, l'argent facile, il était légitime que LUI s'y intéresse aussi. Au lieu de ça, il devait fermer sa gueule et retourner dans sa chambre jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Trois mois plus tard, il se trouvait une place dans un restaurant dans l'international district, sur Maynard Alley S. Un oncle éloigné voulait bien le prendre en charge dans son restaurant espagnol. Il testa la salle, manqua de se faire renvoyer pour insubordination et mauvais comportement, puis eut le droit à une deuxième chance en cuisine. Une deuxième et dernière chance comme le disait Luis, le patron. Il passa cette étape, avec un peu plus de facilité. Il s'intéressa même sérieusement aux différentes manières de cuisiner les aliments, trouva en Luis un père et un maître. Les horaires n'avaient rien d'arrangeant et il fallait bouger jusqu'ici, mais il le faisait quand même parce qu'il aimait être là-bas. Les transports coutaient de l'argent comme aller voir ses amis aussi. Il continua de consulter Sohan, malgré les avertissements du grand débile sur ses fréquentations. Rafael apprit juste à être plus discret, et ce n'est que lorsqu'il perdit l'un de ses amis de squat Emilio, qu'il se calma avec la drogue jusqu'à développer une légère allergie. Il s'en défit progressivement en multipliant ses horaires de travail et en acceptant de remplacer des collègues malades. Il faillit perdre son meilleur ami au cours d'une dispute sur sa consommation trop régulière de drogue. Son ami se dégradait.
À 19 ans, il avait pu partir avec son frère et sa mère dans leur pays d'origine. L'argent que le grand avait récolté, sale ou non, leur avait permis de faire un break. Il pensa même à retourner là-bas pour y vivre, mais le retour en Amérique l'obligea à reprendre le cours de cette vie.
Puis une idée avait fini par germer. Pourquoi pas lui ? Pourquoi n'allait-il pas essayer de passer son diplôme puis d'obtenir une formation dans la cuisine ? Ses difficultés en écriture et en lecture, il pouvait toujours essayer de les régler. Mais lorsqu'il avait eu l'idée d'obtenir son diplôme, il n'avait pas vraiment pensé à ses lacunes...
Il avait commencé à en parler à sa mère, qui avait accueilli l'idée avec beaucoup d'engouement, il en avait même un peu parlé avec son frère qui était partie vivre sur Tacoma. Avec ça, un diplôme et une formation, ils pourraient peut-être s'y mettre à deux pour retourner sur les terres de ses parents à Porto Rico. Il avait commencé à faire les démarches, mais toute cette merde avait chamboulé ses projets. Toute cette merde qui avait tout fait foirer. C'était le début de la fin.
Le 19 octobre 2015 exactement, son frère repartait pour Tacoma. Des faits d’actualités étranges paraissaient dans les journaux sous la rubrique faite divers et ces actes de cannibalisme insolite animaient les conversations de comptoir. La première fois que le plus jeune des Alvarez prit connaissance de cette information avait été auprès de sa bande d’amis. Aucune vidéo n’était encore publiée à ce moment-là et les causes du décès des victimes n’étaient que brièvement abordées. À dire vrai, personne dans ses amis ne prenait le temps de parcours les articles d’un journal, mais le bouche-à-oreille dans la cité était la première source de connaissance. Lorsqu’un doyen savait, tout le quartier en entendait parler dans les heures à venir.
Au début, Rafael n’en avait rien eu à faire qu’un sans-abri s’était jeté sur un passant et l’avait mordu. Il aurait été tout à fait incapable de situer cet événement dans le temps tellement cette information lui passait par-dessus la jambe. C’était bien faut pour sa gueule que le blanc se soit fait mordre.
Sa mère Maria, était d’un autre avis. Elle s’était mise à écouter plus régulièrement la radio et celle-ci grésillait même la nuit. Son obsession l’obligea à s’intéressait aux autres faits d’actualités qui se succédèrent. Sa mère restait silencieuse, secrète, mais son inquiétude était si contagieuse qu’il commença petit à petit à avoir peur lui aussi. Les informations sensibles venaient s’incruster dans toutes les conversations, dans l’immeuble où il vivait, dans la rue, à son travail, au téléphone. Mais les informations étaient incomplètes et la colère commençait déjà à monter auprès de ses amis et de ses proches. Les théories se multipliaient, il y prenait part jusqu’à ce que tout le monde finisse par s’énerver, sortir dans la rue et crier sa rage. La rue n’en était pas encore au débordement qui se produisit le soir du 20 octobre. Rafael ne s’y inclut pas et resta auprès de sa mère, observant du troisième étage les voitures qui commençaient à brûler et la ville qui se refermait sur elle-même. Plus que jamais, les bruits des sirènes de pompier, des flicards et des coups de feu devenaient la berceuse du quartier.
Le 22 octobre, son frère l’appelait de Tacoma et les obligeait, une situation d’urgence dans la voix, de rester sur place. Il partait, il était dix-neuf heures, il viendrait le chercher. Il frôlerait certainement les cent vingt kilomètres, manquerait de se tuer, mais Rafael savait qu’il viendrait, qu’il ne mentirait pas là-dessus. « Faites-le moins de bruit possible. N’utilisez pas de sources de lumière. Ca les attire. » Avait été l’avertissement ultime. Il semblait en savoir plus qu’eux sur ce qui se produisait, et ses questions restèrent sans réponse. Ce fut la dernière fois qu’il entendit la voix de son frère, deux jours plus tard, l’électricité de tout l’immeuble subissait une panne d’électricité, puis son téléphone se déchargea entièrement.
Le 25 octobre, on frappait précipitamment à leur porte. S’ils avaient appris à faire attention à tout et que chaque bruit était devenu synonyme de danger, le long silence qui se poursuivit, suivit d’un appel à l’aide d’une voix qu’il connaissait bien, suffit à faire tomber les barrières.
« Raf c’est moi. C’est So… Sohan… Pitié laisse-moi entrer. S’il te… S’il vous plaît. Je suis mort de … peur... Ils ont eu ma copi… ne… M… Ma mère elle, elle l’a… S’il t… »
Il n’attendit pas une seconde avant de lui ouvrir, le regard luisant de terreur de sa mère lui transmettant toute sa peine. C’est de cette façon qu’ils se retrouvèrent à trois à vivre dans cet appartement, à supporter les cris des voisins, et le supplice de la rue…
« Et ce con l’est toujours p’là. » Grognement et protestation. Il ne viendra jamais. Trois longues journées s’étaient écoulées sans nouvelle du basané. Leurs réserves s’amenuisaient et cela commençait à craindre, ça sentait la merde. À côté de ce tas, Sohan n’arrêtait pas de pleurer, de se lamenter, de gémir. Et ça lui portait de plus en plus sur les nerfs. Et quand il s’énervait contre lui, il se recroquevillait comme un faible. Il avait appris que sa meilleure amie s'était fait dévorer dans son sommeil par sa mère qui avait été mordu deux jours plus tôt. Il lui avait parlé de la fièvre qui avait cloué sa mère au lit et la couleur purulente de la plaie sur son poignet. Il lui avait parlé du chemin qu'il avait parcouru pour arriver jusqu'ici. Puis il ne sut que le 28 octobre ce qui rendait son meilleur ami aussi nerveux. Il avait plus de dose.
« Qu'est-ce que tu crois faire là ? Tu ne bouges pas ton cul d’ici ! » Il venait de lui barrer la route de la porte de sortie.
C'était les règles. S'il sortait maintenant, il allait attirer ceux qui rôdaient dans les couloirs de l'immeuble. Mais peut-être qu'en chemin, il se ferait bouffer... et qu'il les occuperait. Une part de lui-même n'avait pas envie de voir son meilleur ami se suicider dehors. Mais plus le temps passait, plus il la réclamait, sa drogue, et ses yeux injectés de sang et son regard fou ne m'étaient pas en confiance. Il devait le laisser partir. Il valait peut être mieux. Il serait assez con pour hurler comme à connard et de les ramener sur sa mère et lui. De la mettre en danger. Sa mère... Dont la flamme s'éteignait un peu plus chaque jour. Tout ça parce que son frère les avait oublié ou qu'il avait été suffisamment nul pour se faire bouffer là-dehors. Une force de la nature envolée, ahah... Quelle bonne dose de conneries. Alors il fallait le laisser partir son meilleur ami ... Vraiment ? Et risquer que les morts s'amassent devant leur porte ? « J’en ai plus. J’en ai plus. Il. M’en. Faut. » Son souffle était rapide et haché, sa respiration était sifflante et Rafael n'avait aucune idée des symptômes qui touchaient Sohan à ce moment-là. Il en avait une idée vague, quand il en voyait certains réclamer leur drogue à un vendeur.
« Tu vas crever dehors. C'est pas le moment d'y r'tourner dans ce merdier. » Souffla t-il en ne bougeant pas de la porte. Son regard s'était glissé sur ce qui dépassait du sac, il eut un doute. « C'est quoi c'trucs que t'amènes ? » Siffla t-il, mauvais. Rafael ne lui avait pas demandé son avis pour tendre les mains vers ce sac et en découvrir le contenu. Tirant violemment ce sac vers lui. Mais il n'en avait eu qu'un bref aperçu parce que Sohan s'était reculé avec violence, tremblant et anxieux. « T'étais vraiment en train d'te barrer avec ce qui nous reste de bouffe ? Sérieux ? » Pesta le latino. Le sang lui montait à la tête, le rouge pigmentait ses joues et sa voix avait pris un ton désagréable. Les uniques choses qui lui traversaient l'esprit étaient que son ami était en train de se barrer avec leurs réserves, incognito... Que c'était un putain de gros connard qui avait bien caché son jeu et qui après avoir bien profité de leurs gueules allaient se barrer et les baiser. Et ce, pour aller chercher sa drogue, et ne jamais revenir. Bon débarras, qu'il crève, qu'il dégage, mais ça, ça restera ICI.
Ce n'était pas par la porte que Sohan allait passer, c'était par la fenêtre. Elle allait se fissurer comme une vulgaire toile d'araignée lorsque le latino éclaterait sa sale tronche contre le carreau. Des multiples images lui traversaient l'esprit. S'énerver contre Sohan c'était une première. Sohan avait toujours eu un tempérament détendu, déconneur, il n'avait jamais eu le mot de trop, il n'était jamais agressif, et était encore moins un... une enflure d'la pire espèce... « Pose ça tout de suite. Pose...ça...tout-d'suite. » Il allait le lui arracher son sac et se jeter sur sa sale tronche s'il ne s'exécutait pas là tout de suite. Il allait le foutre dehors en le faisant passer par cette fenêtre.
Rafael s'était avancé, et au lieu de ça un lac gelé était tombé sur lui puisque le canon tremblant d'une arme à feu était pointé droit sur son thorax, ou sa gueule, les tremblements ne rendaient pas son action très... claire ? ... Sohan tenait une arme et le chien avait été enclenché. « Vire de la porte. VIRE de la porte. L... Laiss... Moi passer ! DÉGAGE ! » Hurlait le jeune adulte furieux. Dans les yeux de son meilleur ami brillait une lueur qui ne lui connaissait pas. De la folie pure. Les mains tendues devant lui en signe de protection, Rafael réalisait qu'il avait commis des erreurs. Mais il était trop tard. Il ne l'avait pas fouillé lorsqu'il était entré. Il l'avait laissé venir librement ici et passer la porte de leur appartement en toute confiance. Il était trop tard. Alors que sa mère s'y trouvait, qu'il devait la protéger. En plus de cela, il avait accepté avec son addiction sans penser aux conséquences et aux manques. Il n'aurait jamais pensé que ça se passerait comme ça. Il était trop tard. Que Sohan agirait de la sorte et... Le basané avait juste pensé aider un ami et c'était comme ça qui le lui rendait ? « Tu vas me descendre, comme ça ? » Avait-il laissé échapper.
Il aurait pu se décaler, obéir sagement, mais une part de lui n'avait aucune envie de bouger. Un peu de peur certainement, mais aussi un puissant esprit de contradiction. Il voulait récupérer le contenu de ce sac. Hé mec, t'es en danger de mort tu sais... Tu devrais écouter. Disait une voix tremblante dans le coin de son esprit. Tu veux finir comme Juan, troué et à te vider de ton sang ? Pleurait la même voix.
Puis l'autre plus brute lui disait, Bute-le, descend-le de son piédestal. T'as rien à perdre. Saute lui dessus, quitte à te prendre un coup. Mais le laisse pas partir comme si de rien était. C'était la voix un peu conne de son esprit, celle qui prenait toujours des décisions stupides. Puis il arrêta de respirer. « DÉGAGE D... DE CETTE P-PORTE ! » Hurla Sohan, plus menaçant encore. Il avait sursauté, et à ce même moment une ombre était passé devant ses yeux, une ombre qui avait crié un no presque étouffé. Une détonation fit siffler ses tympans alors que la masse qui s'était déplacée devant lui venait de s'effondrer.
La suite se produisit en un éclair alors que les larmes de colère lui piquaient les yeux, qu'il ne réalisait pas vraiment ce qui venait de se produire devant ses yeux. Il s'était jeté sur son ami, l'arme avait tiré un autre coup sans le toucher. Sohan bascula en arrière, Rafael au-dessus alors qu'il lui assignait un premier coup de poing sur l'arête du nez. Un craquement sec et brutal lui intima que le nez venait de se fracturer après un deuxième coup. Ce connard lui porta un coup au ventre qui lui coupa le souffle alors qu'il tombait un moment sur le côté, Sohan tenta de se relever, et Rafael tira de justesse sur son blouson bleu marine déjà tâché du sang de sa... mère. Putain il allait le tuer, lui arracher les yeux, le défigurer, l'éclater, le démembrer. Sohan retomba dans un bruit mat sur le sol alors qu'un énième cri de rage s'échappait de sa gorge. Rafael reprenait l'avantage et c'est avec ce qu'il trouva à sa portée qu'il administra un coup sec sur le crâne de cet enfoiré. La radio, c'était ça, il venait de lui écraser la radio de sa mère sur la tête. Et il répéta ce geste, les doigts tremblant et douloureux, même après que le corps de Sohan se soit arrêté de bouger. Encore encore et encore. Son esprit était vidé, focalisé sur cet unique objectif de l'éliminer, et lorsque les bras ballants et ensanglanté il réalisa que sa mère était effondrée sur le sol, un regard macabre tourné vers eux, il reprit ses esprits et hurla une partie de sa rage. Les bruits derrière la porte, les râles... Étaient des sons étouffés qu'il ne percevait même pas dans cet océan d'incompréhension. Il secoua sa mère, l'appela, toucha son corps et son visage, mais le sang se répandait déjà sous son corps, une quantité trop impressionnante, alarmante. Il ne tâta pas son poul, il la savait morte. Une tâche pourpre s'étalait près de sa gorge, donnant une couleur rosée à son pull ivoire. Le coup aurait pu l'atteindre, car la balle avait traversé... Mais ces détails ne lui venaient pas à l'esprit... Il était focalisé sur l'horreur de la scène, sur le fait qu'on lui avait arraché ce à quoi il tenait tant...
Il fallut un quart d'heure à Rafael avant qu'il n'embarque un sac au hasard et qu'il ne se saisisse du minimum syndical. Il déposa le corps de sa mère dans sa chambre, et y jeta plusieurs allumettes, attendit que les flammes prennent avant de partir en quittant l'appartement par le balcon. Il ne lui perça pas le crâne, n'en eut pas la force. Même si cette précaution avait pu être mille fois répété à la radio avant qu'elle ne se mette à émettre le même signal d'alerte en continue. Il supposait vite fait qu'il n'y avait plus personne dans l'immeuble, il avait vu la famille Casal, Vicente et Gomez partir. Lui et sa mère, ils habitaient au deuxième étage. Il réussit à descendre sans se fouler la cheville en tombant sur des buissons. Les mains encore tremblantes et pleines de sang rendaient sa prise moite. Les morts des environs, attirés par les bruits, étaient déjà un certain nombre mais il parvint sans problème à les éviter. Ils étaient trop éparpillés pour être une menace. En quittant la rue, il ne se retourna pas mais ses nuits futures allaient être difficiles. Il allait ressasser, se détester, mourir de honte, de peur et de colère. Prier pour l'âme de sa mère, pester contre son menteur de frère qui n'était jamais venu et qui se faisait certainement bouffer par les décharner. Il ne prononça plus un mot d'espagnol par la suite, les sons si communs de sa langue natale se bloquaient dans sa gorge, comme un cachet d'aspirine qu'on avalait de travers.
Novembre 2015, on en était à la moitié, ou au seizième du mois. Il ne savait pas vraiment. Mais il avait pu récupérer un sac plus solide et faire le tris dans ce qu'il avait. C'était à ce moment-là qu'il avait rencontré un homme dans la quarantaine avec qui il avait décidé de faire un bout de chemin. Pour aller où, cela n'avait pas d'importance. Il n'avait personne à aller chercher, son frère était mort, sa mère, ses amis, sa vie d'avant. Il repensait tous les soirs à ces cadavres qui rôdaient autour mais aussi à eux... et au premier homme qu'il venait de tuer.
Lorsque les morts étaient trop nombreux, ils couraient. Lionel fonctionnait pareil, il évitait les gros groupements comme il pouvait. Lionel avait perdu sa femme et ses deux fils. Mais il était resté vague sur la cause de leurs morts. De son coté, Rafael avait juste précisé qu'il avait perdu tout le monde, rien de plus. Ils n'échangeaient que peu de choses, à part des banalités... Ils restaient là se regarder en chien de faïence, à se juger parfois. Ils ne s'aimaient pas mais admettaient qu'ils avaient besoin de l'autre.
Fin novembre sûrement, un groupe de mecs armé jusqu'aux dents défonçait la porte de leur refuge de la Century House sur 1701 23rd Ave S. Les mecs en question pillèrent ce qu'ils leur restaient de nourriture mais les emmena avec eux jusqu'à leur planque après leur avoir bandé les yeux. Il ne sut que bien plus tard que le groupe avait élu domicile sur la 1846 Valentine Pl S dans North Beacon Hill. Un coin qu'il ne connaissait pas, comme tout le reste de Seattle en faites... mais qu'il apprit à connaître l'endroit lorsqu'il intégra ce groupe de pillard après avoir éliminé Lionel dans un combat à mort. Une sorte de rite d'initiation qu'ils imposaient à certains qu'ils croisaient, surtout s'il avait la peau foncée ou qu'ils étaient noirs. Aucun blanc de peau n'était accepté dans ce groupe. Ils étaient systématiquement éliminés. De ce combat au couteau, il n'en sortit pas tout à fait à l'aise... Il se répéta sans relâche des excuses qui lui permettaient de dormir à peu près correctement. Qu'aurait fait Hernando dans ce cas ?
Il occupa la place de cuisinier dans leur groupe pendant près de huit mois. Bougeant et pillant pour le bien de cette communauté qui se surnommait la Bête Noire. Il eut quelques problèmes internes avec certains membres du groupe à cause de la disparition de stock d'aliments mais un autre coupable fut trouver et éliminer. S'il ne s'était pas plus acclimaté que ça au groupe, il réussit à s'y faire une place courant février, en 2016.
Ils remontèrent sur Squire Park puis Hilltop le même mois à cause d'un nombre trop impressionnant de mort dans la zone. Il fut sur les routes pendant un moment avant qu'il ne soit décidé de s'installer dans la Holly Names Académie. Pillage, massacre, confort, dispute. Il était dans une perpétuelle remise en question, car il appréciait certains de ces types, d'autres moins. Les plus sanguins avaient l'art et la manière de venir l'emmerder... Des cons pour la plupart, mais ils avaient quelque chose de constructif, ils avaient les défenses, la nourriture, l'eau. Et Issa, un noir, lui avait appris à mieux maîtriser une arme à feu, à qui il se confia le plus, avec qui il eut le plus d'affinités.
Mais il ne fallait pas être con pour voir que ces mecs étaient nocifs. Certains disparaissaient dans la nature lorsqu'ils revenaient de mission, et ces actes devenaient tellement réguliers qu'il commença à craindre pour sa propre survie. Surtout lorsqu'Issa disparut de la circulation... S'il ne partait pas aussi souvent que certains en mission, il finit par se porter volontaire pour remonter sur la 15th Ave E pour fouiller le secteur. Il passa à l'arrière d'une maison et traversa Volonteer Park en courant. Il réussit en sortant du parc à trouver un véhicule en fonction, avec une jauge d'essence dans le rouge. Il avait brisé la vitre et reproduit les gestes que l'un des membres du groupe lui avait transmis pour remettre en marche le véhicule.
Il savait que s'il n'avait pas quitté le groupe, la moindre erreur en mission, la moindre marque de faiblesse lui aurait valu un aller simple en enfer.
Le mois de juillet offrait ses plus beaux rayons du soleil et il mit le plus de distance possible entre lui et le groupe. Il récupéra de l'essence sur le chemin grâce à l'équipement d'un autre véhicule.
Il voulut traverser la I-5 de Seattle mais fut contraint de rebrousser chemin et sa voiture tomba en panne en route. Il emprunta un autre axe à pied, le Lakeview Boulevard et s'éloigna un peu au hasard, longeant Fairview Avenue où il se retrouva plus tard dans un restaurant, le Novilhoss, où une famille y habitait. Il tomba en premier sur l'aînée en fouillant un immeuble au bord de mer longeant l'ancienne voie de tramway. Elle resta méfiante à ses débuts, lui posant un millier de questions auxquels il y répondit avec quelques mensonges. Elle finit par baisser son arme et le conduire dans leur refuge.
Il songea à repartir avec leurs réserves, car l'ancien restaurant était à son sens un lieu trop exposé à la possible menace des pillards. S'il y avait bien des endroits à tenter de piller juste après les supermarchés, les épiceries et les stations-service, c'était bien les restaurants. Il n'y avait pas que des produits frais en train de moisir dans la chambre froide, il y avait toujours des pâtes, des boîtes de conserve et surtout des boissons à profusion... Et, cet endroit était parfaitement situé, et tout à fait spacieux.
La famille d'origine brésilienne vivait ici depuis le début de l'épidémie et ils avaient pu accueillir une femme avec ses deux jumeaux et un ancien charpentier qui s'occupait des fondations et de la sécurité. Des défenses avaient été installé tout autour pour éviter l'intrusion des morts. Ce qui rendait à son goût le lieu encore plus susceptible d'être pilier. Pourtant, après une semaine à fuir son ancien groupe, il préféra déposer ses bagages ici. Il s'attacha même à Melissa, l'aînée de la famille et à la doyenne, une grand-mère aux idées ingénieuses qui veillaient sur deux garçons de son fils qui lui n'était jamais revenu de mission. En tout, le grand restaurant dont les vitres avaient été obstruées par des cartons et du bois, était occupé par huit personnes, lui inclu. On lui expliqua que la côte avait été déserté et ils n'avaient trouvé aucun vivant depuis un mois.
On était fin juillet lorsque la grand-mère lui expliqua qu'une horde était passé sur Fairview le mois dernier, descendant vers le Lake Union Park. Une chance disait-elle, qu'une grande partie de la horde ne se soit pas éparpillée dans les environs et qu'ils aient continué leur chemin. D'après Jason, l'homme fort du groupe qui lui tapait sur les nerfs, il se chargeait d'éliminer ceux aux alentours avec Melissa. Il intégra d'ailleurs l'équipe de nettoyage, et ne manqua pas à plusieurs reprises de défier Jason qui n'hésitait pas à critiquer sa manière de faire.
Un soir, vers le 8 ou 10 septembre, Jason remarqua ses lacunes en lecture lorsque le latino prit trop de temps à lire l'étiquette d'une boîte de conserve. Cet épisode réanima les tensions et ils en vinrent aux poings. Après des longs moins sans sortir un mot d'espagnol, il laissa échapper une liste impressionnante d'insultes et de phrase en espagnol à son encontre pendant la lutte. Les tensions ne s'atténuèrent pas pour autant après cette remise en forme, et malgré les efforts de Luciana la doyenne pour ramener un certain confort entre les deux, ils en restèrent à cette haine réciproque. Plus tard, lorsqu'ils furent forcer de cohabiter ensemble lors d'une mission de récupération de médicament en novembre 2016, ils se retrouvèrent encercler et Jason se fit submerger. Contrairement à ce que pensèrent la famille brésilienne et les autres occupants, il n'avait poussé personne dans la mêlée pour sauver sa peau... Il y avait songé mais ne s'y était jamais risqué. Déjà parce que Jason était largement plus massif que lui, mais aussi parce qu'il y avait toujours un risque qu'il y survive. Pourtant, en montant à l'échelle de secours près du magasin, Jason n'arriva pas jusqu'en haut et la pression que les morts avaient donné sur ses jambes le fit tomber.
Il ramena les médicaments pour Melissa, et décembre 2016 fut le mois le plus oppressant qu'il avait vécu. La neige s'accumulait dehors, et on l'accusait toujours d'avoir mis fin à la vie de Jason. On ne lui disait rien directement, mais les regards étaient probants. La pression le poussa plusieurs fois à beugler sur ces connards d'Américains, et particulièrement la femme et ses jumeaux. La doyenne souriait mais ses yeux étaient sombres lorsqu'il la regardait. Quand Melissa sortit de sa grippe fin décembre 2016, lui tomba malade à son tour. Ces connards avaient sûrement souhaité sa mort, et il douta que la grand-mère ait peut-être eu envie de l'empoisonner avec ses tisanes. Mais il n'en fut rien et sortit de cette fièvre désagréable, affaibli mais en vie. Il se rapprocha de Melissa, qui devint plus qu'une confidente. Mais il était clair qu'il n'en était pas amoureux, ce qui n'était peut-être pas le cas de la jeune femme. Il arrivait qu'ils se prennent la tête, mais elle était la seule à ne pas parler de ce qui avait pu se produire avec Jason.
C'est mi janvier qu'il décida de quitter le groupe en les pillant d'une partie de leurs biens. Ne laissant aucun mot d'explication à Melissa qui était de garde avec lui cette fin de nuit là. Il l'assomma, embarqua un minimum d'affaire pour ne pas s'encombrer et partie dès l'aube.
Il ne rencontra aucun signe de vie jusque fin janvier, ou peut être était-ce début février. Il n'avait pas de calendrier pour vérifier, ni d'horloge dans la tête. Il évita de justesse deux hordes impressionnantes sur Garfield Street dans Queen Anne puis sur 15th Avenue W une semaine plus tard. C'est sur 2050 W Dravus St qu'il rencontra une âme vivante, qu'il rencontra un Stewart Jenkins et qu'il lui prêta main-forte.
Au début, Rafael n’en avait rien eu à faire qu’un sans-abri s’était jeté sur un passant et l’avait mordu. Il aurait été tout à fait incapable de situer cet événement dans le temps tellement cette information lui passait par-dessus la jambe. C’était bien faut pour sa gueule que le blanc se soit fait mordre.
Sa mère Maria, était d’un autre avis. Elle s’était mise à écouter plus régulièrement la radio et celle-ci grésillait même la nuit. Son obsession l’obligea à s’intéressait aux autres faits d’actualités qui se succédèrent. Sa mère restait silencieuse, secrète, mais son inquiétude était si contagieuse qu’il commença petit à petit à avoir peur lui aussi. Les informations sensibles venaient s’incruster dans toutes les conversations, dans l’immeuble où il vivait, dans la rue, à son travail, au téléphone. Mais les informations étaient incomplètes et la colère commençait déjà à monter auprès de ses amis et de ses proches. Les théories se multipliaient, il y prenait part jusqu’à ce que tout le monde finisse par s’énerver, sortir dans la rue et crier sa rage. La rue n’en était pas encore au débordement qui se produisit le soir du 20 octobre. Rafael ne s’y inclut pas et resta auprès de sa mère, observant du troisième étage les voitures qui commençaient à brûler et la ville qui se refermait sur elle-même. Plus que jamais, les bruits des sirènes de pompier, des flicards et des coups de feu devenaient la berceuse du quartier.
Le 22 octobre, son frère l’appelait de Tacoma et les obligeait, une situation d’urgence dans la voix, de rester sur place. Il partait, il était dix-neuf heures, il viendrait le chercher. Il frôlerait certainement les cent vingt kilomètres, manquerait de se tuer, mais Rafael savait qu’il viendrait, qu’il ne mentirait pas là-dessus. « Faites-le moins de bruit possible. N’utilisez pas de sources de lumière. Ca les attire. » Avait été l’avertissement ultime. Il semblait en savoir plus qu’eux sur ce qui se produisait, et ses questions restèrent sans réponse. Ce fut la dernière fois qu’il entendit la voix de son frère, deux jours plus tard, l’électricité de tout l’immeuble subissait une panne d’électricité, puis son téléphone se déchargea entièrement.
Le 25 octobre, on frappait précipitamment à leur porte. S’ils avaient appris à faire attention à tout et que chaque bruit était devenu synonyme de danger, le long silence qui se poursuivit, suivit d’un appel à l’aide d’une voix qu’il connaissait bien, suffit à faire tomber les barrières.
« Raf c’est moi. C’est So… Sohan… Pitié laisse-moi entrer. S’il te… S’il vous plaît. Je suis mort de … peur... Ils ont eu ma copi… ne… M… Ma mère elle, elle l’a… S’il t… »
Il n’attendit pas une seconde avant de lui ouvrir, le regard luisant de terreur de sa mère lui transmettant toute sa peine. C’est de cette façon qu’ils se retrouvèrent à trois à vivre dans cet appartement, à supporter les cris des voisins, et le supplice de la rue…
« Et ce con l’est toujours p’là. » Grognement et protestation. Il ne viendra jamais. Trois longues journées s’étaient écoulées sans nouvelle du basané. Leurs réserves s’amenuisaient et cela commençait à craindre, ça sentait la merde. À côté de ce tas, Sohan n’arrêtait pas de pleurer, de se lamenter, de gémir. Et ça lui portait de plus en plus sur les nerfs. Et quand il s’énervait contre lui, il se recroquevillait comme un faible. Il avait appris que sa meilleure amie s'était fait dévorer dans son sommeil par sa mère qui avait été mordu deux jours plus tôt. Il lui avait parlé de la fièvre qui avait cloué sa mère au lit et la couleur purulente de la plaie sur son poignet. Il lui avait parlé du chemin qu'il avait parcouru pour arriver jusqu'ici. Puis il ne sut que le 28 octobre ce qui rendait son meilleur ami aussi nerveux. Il avait plus de dose.
« Qu'est-ce que tu crois faire là ? Tu ne bouges pas ton cul d’ici ! » Il venait de lui barrer la route de la porte de sortie.
C'était les règles. S'il sortait maintenant, il allait attirer ceux qui rôdaient dans les couloirs de l'immeuble. Mais peut-être qu'en chemin, il se ferait bouffer... et qu'il les occuperait. Une part de lui-même n'avait pas envie de voir son meilleur ami se suicider dehors. Mais plus le temps passait, plus il la réclamait, sa drogue, et ses yeux injectés de sang et son regard fou ne m'étaient pas en confiance. Il devait le laisser partir. Il valait peut être mieux. Il serait assez con pour hurler comme à connard et de les ramener sur sa mère et lui. De la mettre en danger. Sa mère... Dont la flamme s'éteignait un peu plus chaque jour. Tout ça parce que son frère les avait oublié ou qu'il avait été suffisamment nul pour se faire bouffer là-dehors. Une force de la nature envolée, ahah... Quelle bonne dose de conneries. Alors il fallait le laisser partir son meilleur ami ... Vraiment ? Et risquer que les morts s'amassent devant leur porte ? « J’en ai plus. J’en ai plus. Il. M’en. Faut. » Son souffle était rapide et haché, sa respiration était sifflante et Rafael n'avait aucune idée des symptômes qui touchaient Sohan à ce moment-là. Il en avait une idée vague, quand il en voyait certains réclamer leur drogue à un vendeur.
« Tu vas crever dehors. C'est pas le moment d'y r'tourner dans ce merdier. » Souffla t-il en ne bougeant pas de la porte. Son regard s'était glissé sur ce qui dépassait du sac, il eut un doute. « C'est quoi c'trucs que t'amènes ? » Siffla t-il, mauvais. Rafael ne lui avait pas demandé son avis pour tendre les mains vers ce sac et en découvrir le contenu. Tirant violemment ce sac vers lui. Mais il n'en avait eu qu'un bref aperçu parce que Sohan s'était reculé avec violence, tremblant et anxieux. « T'étais vraiment en train d'te barrer avec ce qui nous reste de bouffe ? Sérieux ? » Pesta le latino. Le sang lui montait à la tête, le rouge pigmentait ses joues et sa voix avait pris un ton désagréable. Les uniques choses qui lui traversaient l'esprit étaient que son ami était en train de se barrer avec leurs réserves, incognito... Que c'était un putain de gros connard qui avait bien caché son jeu et qui après avoir bien profité de leurs gueules allaient se barrer et les baiser. Et ce, pour aller chercher sa drogue, et ne jamais revenir. Bon débarras, qu'il crève, qu'il dégage, mais ça, ça restera ICI.
Ce n'était pas par la porte que Sohan allait passer, c'était par la fenêtre. Elle allait se fissurer comme une vulgaire toile d'araignée lorsque le latino éclaterait sa sale tronche contre le carreau. Des multiples images lui traversaient l'esprit. S'énerver contre Sohan c'était une première. Sohan avait toujours eu un tempérament détendu, déconneur, il n'avait jamais eu le mot de trop, il n'était jamais agressif, et était encore moins un... une enflure d'la pire espèce... « Pose ça tout de suite. Pose...ça...tout-d'suite. » Il allait le lui arracher son sac et se jeter sur sa sale tronche s'il ne s'exécutait pas là tout de suite. Il allait le foutre dehors en le faisant passer par cette fenêtre.
Rafael s'était avancé, et au lieu de ça un lac gelé était tombé sur lui puisque le canon tremblant d'une arme à feu était pointé droit sur son thorax, ou sa gueule, les tremblements ne rendaient pas son action très... claire ? ... Sohan tenait une arme et le chien avait été enclenché. « Vire de la porte. VIRE de la porte. L... Laiss... Moi passer ! DÉGAGE ! » Hurlait le jeune adulte furieux. Dans les yeux de son meilleur ami brillait une lueur qui ne lui connaissait pas. De la folie pure. Les mains tendues devant lui en signe de protection, Rafael réalisait qu'il avait commis des erreurs. Mais il était trop tard. Il ne l'avait pas fouillé lorsqu'il était entré. Il l'avait laissé venir librement ici et passer la porte de leur appartement en toute confiance. Il était trop tard. Alors que sa mère s'y trouvait, qu'il devait la protéger. En plus de cela, il avait accepté avec son addiction sans penser aux conséquences et aux manques. Il n'aurait jamais pensé que ça se passerait comme ça. Il était trop tard. Que Sohan agirait de la sorte et... Le basané avait juste pensé aider un ami et c'était comme ça qui le lui rendait ? « Tu vas me descendre, comme ça ? » Avait-il laissé échapper.
Il aurait pu se décaler, obéir sagement, mais une part de lui n'avait aucune envie de bouger. Un peu de peur certainement, mais aussi un puissant esprit de contradiction. Il voulait récupérer le contenu de ce sac. Hé mec, t'es en danger de mort tu sais... Tu devrais écouter. Disait une voix tremblante dans le coin de son esprit. Tu veux finir comme Juan, troué et à te vider de ton sang ? Pleurait la même voix.
Puis l'autre plus brute lui disait, Bute-le, descend-le de son piédestal. T'as rien à perdre. Saute lui dessus, quitte à te prendre un coup. Mais le laisse pas partir comme si de rien était. C'était la voix un peu conne de son esprit, celle qui prenait toujours des décisions stupides. Puis il arrêta de respirer. « DÉGAGE D... DE CETTE P-PORTE ! » Hurla Sohan, plus menaçant encore. Il avait sursauté, et à ce même moment une ombre était passé devant ses yeux, une ombre qui avait crié un no presque étouffé. Une détonation fit siffler ses tympans alors que la masse qui s'était déplacée devant lui venait de s'effondrer.
La suite se produisit en un éclair alors que les larmes de colère lui piquaient les yeux, qu'il ne réalisait pas vraiment ce qui venait de se produire devant ses yeux. Il s'était jeté sur son ami, l'arme avait tiré un autre coup sans le toucher. Sohan bascula en arrière, Rafael au-dessus alors qu'il lui assignait un premier coup de poing sur l'arête du nez. Un craquement sec et brutal lui intima que le nez venait de se fracturer après un deuxième coup. Ce connard lui porta un coup au ventre qui lui coupa le souffle alors qu'il tombait un moment sur le côté, Sohan tenta de se relever, et Rafael tira de justesse sur son blouson bleu marine déjà tâché du sang de sa... mère. Putain il allait le tuer, lui arracher les yeux, le défigurer, l'éclater, le démembrer. Sohan retomba dans un bruit mat sur le sol alors qu'un énième cri de rage s'échappait de sa gorge. Rafael reprenait l'avantage et c'est avec ce qu'il trouva à sa portée qu'il administra un coup sec sur le crâne de cet enfoiré. La radio, c'était ça, il venait de lui écraser la radio de sa mère sur la tête. Et il répéta ce geste, les doigts tremblant et douloureux, même après que le corps de Sohan se soit arrêté de bouger. Encore encore et encore. Son esprit était vidé, focalisé sur cet unique objectif de l'éliminer, et lorsque les bras ballants et ensanglanté il réalisa que sa mère était effondrée sur le sol, un regard macabre tourné vers eux, il reprit ses esprits et hurla une partie de sa rage. Les bruits derrière la porte, les râles... Étaient des sons étouffés qu'il ne percevait même pas dans cet océan d'incompréhension. Il secoua sa mère, l'appela, toucha son corps et son visage, mais le sang se répandait déjà sous son corps, une quantité trop impressionnante, alarmante. Il ne tâta pas son poul, il la savait morte. Une tâche pourpre s'étalait près de sa gorge, donnant une couleur rosée à son pull ivoire. Le coup aurait pu l'atteindre, car la balle avait traversé... Mais ces détails ne lui venaient pas à l'esprit... Il était focalisé sur l'horreur de la scène, sur le fait qu'on lui avait arraché ce à quoi il tenait tant...
Il fallut un quart d'heure à Rafael avant qu'il n'embarque un sac au hasard et qu'il ne se saisisse du minimum syndical. Il déposa le corps de sa mère dans sa chambre, et y jeta plusieurs allumettes, attendit que les flammes prennent avant de partir en quittant l'appartement par le balcon. Il ne lui perça pas le crâne, n'en eut pas la force. Même si cette précaution avait pu être mille fois répété à la radio avant qu'elle ne se mette à émettre le même signal d'alerte en continue. Il supposait vite fait qu'il n'y avait plus personne dans l'immeuble, il avait vu la famille Casal, Vicente et Gomez partir. Lui et sa mère, ils habitaient au deuxième étage. Il réussit à descendre sans se fouler la cheville en tombant sur des buissons. Les mains encore tremblantes et pleines de sang rendaient sa prise moite. Les morts des environs, attirés par les bruits, étaient déjà un certain nombre mais il parvint sans problème à les éviter. Ils étaient trop éparpillés pour être une menace. En quittant la rue, il ne se retourna pas mais ses nuits futures allaient être difficiles. Il allait ressasser, se détester, mourir de honte, de peur et de colère. Prier pour l'âme de sa mère, pester contre son menteur de frère qui n'était jamais venu et qui se faisait certainement bouffer par les décharner. Il ne prononça plus un mot d'espagnol par la suite, les sons si communs de sa langue natale se bloquaient dans sa gorge, comme un cachet d'aspirine qu'on avalait de travers.
Novembre 2015, on en était à la moitié, ou au seizième du mois. Il ne savait pas vraiment. Mais il avait pu récupérer un sac plus solide et faire le tris dans ce qu'il avait. C'était à ce moment-là qu'il avait rencontré un homme dans la quarantaine avec qui il avait décidé de faire un bout de chemin. Pour aller où, cela n'avait pas d'importance. Il n'avait personne à aller chercher, son frère était mort, sa mère, ses amis, sa vie d'avant. Il repensait tous les soirs à ces cadavres qui rôdaient autour mais aussi à eux... et au premier homme qu'il venait de tuer.
Lorsque les morts étaient trop nombreux, ils couraient. Lionel fonctionnait pareil, il évitait les gros groupements comme il pouvait. Lionel avait perdu sa femme et ses deux fils. Mais il était resté vague sur la cause de leurs morts. De son coté, Rafael avait juste précisé qu'il avait perdu tout le monde, rien de plus. Ils n'échangeaient que peu de choses, à part des banalités... Ils restaient là se regarder en chien de faïence, à se juger parfois. Ils ne s'aimaient pas mais admettaient qu'ils avaient besoin de l'autre.
Fin novembre sûrement, un groupe de mecs armé jusqu'aux dents défonçait la porte de leur refuge de la Century House sur 1701 23rd Ave S. Les mecs en question pillèrent ce qu'ils leur restaient de nourriture mais les emmena avec eux jusqu'à leur planque après leur avoir bandé les yeux. Il ne sut que bien plus tard que le groupe avait élu domicile sur la 1846 Valentine Pl S dans North Beacon Hill. Un coin qu'il ne connaissait pas, comme tout le reste de Seattle en faites... mais qu'il apprit à connaître l'endroit lorsqu'il intégra ce groupe de pillard après avoir éliminé Lionel dans un combat à mort. Une sorte de rite d'initiation qu'ils imposaient à certains qu'ils croisaient, surtout s'il avait la peau foncée ou qu'ils étaient noirs. Aucun blanc de peau n'était accepté dans ce groupe. Ils étaient systématiquement éliminés. De ce combat au couteau, il n'en sortit pas tout à fait à l'aise... Il se répéta sans relâche des excuses qui lui permettaient de dormir à peu près correctement. Qu'aurait fait Hernando dans ce cas ?
Il occupa la place de cuisinier dans leur groupe pendant près de huit mois. Bougeant et pillant pour le bien de cette communauté qui se surnommait la Bête Noire. Il eut quelques problèmes internes avec certains membres du groupe à cause de la disparition de stock d'aliments mais un autre coupable fut trouver et éliminer. S'il ne s'était pas plus acclimaté que ça au groupe, il réussit à s'y faire une place courant février, en 2016.
Ils remontèrent sur Squire Park puis Hilltop le même mois à cause d'un nombre trop impressionnant de mort dans la zone. Il fut sur les routes pendant un moment avant qu'il ne soit décidé de s'installer dans la Holly Names Académie. Pillage, massacre, confort, dispute. Il était dans une perpétuelle remise en question, car il appréciait certains de ces types, d'autres moins. Les plus sanguins avaient l'art et la manière de venir l'emmerder... Des cons pour la plupart, mais ils avaient quelque chose de constructif, ils avaient les défenses, la nourriture, l'eau. Et Issa, un noir, lui avait appris à mieux maîtriser une arme à feu, à qui il se confia le plus, avec qui il eut le plus d'affinités.
Mais il ne fallait pas être con pour voir que ces mecs étaient nocifs. Certains disparaissaient dans la nature lorsqu'ils revenaient de mission, et ces actes devenaient tellement réguliers qu'il commença à craindre pour sa propre survie. Surtout lorsqu'Issa disparut de la circulation... S'il ne partait pas aussi souvent que certains en mission, il finit par se porter volontaire pour remonter sur la 15th Ave E pour fouiller le secteur. Il passa à l'arrière d'une maison et traversa Volonteer Park en courant. Il réussit en sortant du parc à trouver un véhicule en fonction, avec une jauge d'essence dans le rouge. Il avait brisé la vitre et reproduit les gestes que l'un des membres du groupe lui avait transmis pour remettre en marche le véhicule.
Il savait que s'il n'avait pas quitté le groupe, la moindre erreur en mission, la moindre marque de faiblesse lui aurait valu un aller simple en enfer.
Le mois de juillet offrait ses plus beaux rayons du soleil et il mit le plus de distance possible entre lui et le groupe. Il récupéra de l'essence sur le chemin grâce à l'équipement d'un autre véhicule.
Il voulut traverser la I-5 de Seattle mais fut contraint de rebrousser chemin et sa voiture tomba en panne en route. Il emprunta un autre axe à pied, le Lakeview Boulevard et s'éloigna un peu au hasard, longeant Fairview Avenue où il se retrouva plus tard dans un restaurant, le Novilhoss, où une famille y habitait. Il tomba en premier sur l'aînée en fouillant un immeuble au bord de mer longeant l'ancienne voie de tramway. Elle resta méfiante à ses débuts, lui posant un millier de questions auxquels il y répondit avec quelques mensonges. Elle finit par baisser son arme et le conduire dans leur refuge.
Il songea à repartir avec leurs réserves, car l'ancien restaurant était à son sens un lieu trop exposé à la possible menace des pillards. S'il y avait bien des endroits à tenter de piller juste après les supermarchés, les épiceries et les stations-service, c'était bien les restaurants. Il n'y avait pas que des produits frais en train de moisir dans la chambre froide, il y avait toujours des pâtes, des boîtes de conserve et surtout des boissons à profusion... Et, cet endroit était parfaitement situé, et tout à fait spacieux.
La famille d'origine brésilienne vivait ici depuis le début de l'épidémie et ils avaient pu accueillir une femme avec ses deux jumeaux et un ancien charpentier qui s'occupait des fondations et de la sécurité. Des défenses avaient été installé tout autour pour éviter l'intrusion des morts. Ce qui rendait à son goût le lieu encore plus susceptible d'être pilier. Pourtant, après une semaine à fuir son ancien groupe, il préféra déposer ses bagages ici. Il s'attacha même à Melissa, l'aînée de la famille et à la doyenne, une grand-mère aux idées ingénieuses qui veillaient sur deux garçons de son fils qui lui n'était jamais revenu de mission. En tout, le grand restaurant dont les vitres avaient été obstruées par des cartons et du bois, était occupé par huit personnes, lui inclu. On lui expliqua que la côte avait été déserté et ils n'avaient trouvé aucun vivant depuis un mois.
On était fin juillet lorsque la grand-mère lui expliqua qu'une horde était passé sur Fairview le mois dernier, descendant vers le Lake Union Park. Une chance disait-elle, qu'une grande partie de la horde ne se soit pas éparpillée dans les environs et qu'ils aient continué leur chemin. D'après Jason, l'homme fort du groupe qui lui tapait sur les nerfs, il se chargeait d'éliminer ceux aux alentours avec Melissa. Il intégra d'ailleurs l'équipe de nettoyage, et ne manqua pas à plusieurs reprises de défier Jason qui n'hésitait pas à critiquer sa manière de faire.
Un soir, vers le 8 ou 10 septembre, Jason remarqua ses lacunes en lecture lorsque le latino prit trop de temps à lire l'étiquette d'une boîte de conserve. Cet épisode réanima les tensions et ils en vinrent aux poings. Après des longs moins sans sortir un mot d'espagnol, il laissa échapper une liste impressionnante d'insultes et de phrase en espagnol à son encontre pendant la lutte. Les tensions ne s'atténuèrent pas pour autant après cette remise en forme, et malgré les efforts de Luciana la doyenne pour ramener un certain confort entre les deux, ils en restèrent à cette haine réciproque. Plus tard, lorsqu'ils furent forcer de cohabiter ensemble lors d'une mission de récupération de médicament en novembre 2016, ils se retrouvèrent encercler et Jason se fit submerger. Contrairement à ce que pensèrent la famille brésilienne et les autres occupants, il n'avait poussé personne dans la mêlée pour sauver sa peau... Il y avait songé mais ne s'y était jamais risqué. Déjà parce que Jason était largement plus massif que lui, mais aussi parce qu'il y avait toujours un risque qu'il y survive. Pourtant, en montant à l'échelle de secours près du magasin, Jason n'arriva pas jusqu'en haut et la pression que les morts avaient donné sur ses jambes le fit tomber.
Il ramena les médicaments pour Melissa, et décembre 2016 fut le mois le plus oppressant qu'il avait vécu. La neige s'accumulait dehors, et on l'accusait toujours d'avoir mis fin à la vie de Jason. On ne lui disait rien directement, mais les regards étaient probants. La pression le poussa plusieurs fois à beugler sur ces connards d'Américains, et particulièrement la femme et ses jumeaux. La doyenne souriait mais ses yeux étaient sombres lorsqu'il la regardait. Quand Melissa sortit de sa grippe fin décembre 2016, lui tomba malade à son tour. Ces connards avaient sûrement souhaité sa mort, et il douta que la grand-mère ait peut-être eu envie de l'empoisonner avec ses tisanes. Mais il n'en fut rien et sortit de cette fièvre désagréable, affaibli mais en vie. Il se rapprocha de Melissa, qui devint plus qu'une confidente. Mais il était clair qu'il n'en était pas amoureux, ce qui n'était peut-être pas le cas de la jeune femme. Il arrivait qu'ils se prennent la tête, mais elle était la seule à ne pas parler de ce qui avait pu se produire avec Jason.
C'est mi janvier qu'il décida de quitter le groupe en les pillant d'une partie de leurs biens. Ne laissant aucun mot d'explication à Melissa qui était de garde avec lui cette fin de nuit là. Il l'assomma, embarqua un minimum d'affaire pour ne pas s'encombrer et partie dès l'aube.
Il ne rencontra aucun signe de vie jusque fin janvier, ou peut être était-ce début février. Il n'avait pas de calendrier pour vérifier, ni d'horloge dans la tête. Il évita de justesse deux hordes impressionnantes sur Garfield Street dans Queen Anne puis sur 15th Avenue W une semaine plus tard. C'est sur 2050 W Dravus St qu'il rencontra une âme vivante, qu'il rencontra un Stewart Jenkins et qu'il lui prêta main-forte.
time to meet the devil
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Re: Rafael Álvarez | Le chaos est plus facile à obtenir que l'ordre.
Sam 28 Jan 2017 - 18:11
Rebienvenue toi <3
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Re: Rafael Álvarez | Le chaos est plus facile à obtenir que l'ordre.
Sam 28 Jan 2017 - 18:25
J'espère que le petit frère sera plus sympa que le grand.
Je sais pas si ça m’est déjà arrivé, enfin, on va essayer de ramasser tous les morceaux et de recommencer à zéro, ça va pas être facile mais on est tous ensemble maintenant et je me sens bien.
- Yulia Iojov
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Re: Rafael Álvarez | Le chaos est plus facile à obtenir que l'ordre.
Sam 28 Jan 2017 - 18:39
Re-bienvenue.
Hâte de lire la suite de ta fiche.
Hâte de lire la suite de ta fiche.
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Re: Rafael Álvarez | Le chaos est plus facile à obtenir que l'ordre.
Sam 28 Jan 2017 - 18:41
Rouuuuh qu'il est beaaau
Rebienvenuuuue
Rebienvenuuuue
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Re: Rafael Álvarez | Le chaos est plus facile à obtenir que l'ordre.
Sam 28 Jan 2017 - 18:46
*met un panneau anti-Messiah* À MOI !
Bonjour
Bonjour
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Re: Rafael Álvarez | Le chaos est plus facile à obtenir que l'ordre.
Sam 28 Jan 2017 - 18:51
Reese B. Maddox a écrit:J'espère que le petit frère sera plus sympa que le grand.
Impossible, il va chez les Gaymerican Dream...
Du coup je sais pas si je dis rebienvenue
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