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Please read me Vol. 2
Mar 31 Jan 2017 - 1:46
28 ans ≡ Americaine ≡ Bibliothécaire ≡ Emerald Freedom
i've got a war in my mind
Lysbeth est une fille calme et très amicale de base. Elle est une petite perle de gentillesse et de bonté, capable de faire briller vos journées les plus sombres et de vous faire rire avec ses bêtises, souvent un peu exagérées. En gros, elle est une fille tout à fait adorable et son sourire vous fera sans doutes fondre. Mais attention, elle n'en reste pas moins difficile à vivre si vous lui avez fait quelque chose qu'elle n'apprécie pas. Susceptible et rancunière, ne vous étonnez pas de retrouver vos culottes chez votre voisin de chambre ou un joli doigt d'honneur dessiné au rouge à lèvre sur vos vêtements si vous l'avez contrariée. Très intelligente et créative, elle n'hésitera pas à penser un plan de vengeance machiavélique rien que pour vous.
Heureusement, elle met ses neurones à contribution pour bien d'autres choses. Comme trouver des solutions aux problèmes quotidiens, ou trouver le meilleur moyen d'éviter toute confrontation avec les rôdeurs à l'extérieur. Elle les nomme les "
Lysbeth est une gueularde très caractérielle, et ça vous avez certainement du vous en rendre compte. En plus de rire fort, elle se met souvent à hurler et jurer pour de simples bêtises : une patate pourrie, un coloriage qui dépasse, ou une crotte de souris. Non, elle n'en a pas peur, mais ça l'énerve. Et si vous l'énervez, alors elle vous gueulera dessus, d'une manière très spontanée sans mâcher ses mots - ce qui fait tout son charme et la rend parfois très drôle -. Et il est facile de l'énerver. Si vous faîtes du bruit en mangeant, si vous la regardez trop longtemps, si vous ne la regardez pas, si vous lui parlez pour ne rien dire quand ce n'est pas le moment - ou pas la semaine, là c'est pire -.
Elle est très émotive, et il n'est pas rare de la voir les larmes aux yeux ou de l'entendre hurler de rire. Elle partagera toujours ses émotions les plus vives avec les gens qui l'entourent, et sera toujours là pour vous soutenir, faire la fête avec vous ou pleurer. Malgré ce qu'elle laisse paraître en envoyant paître ses prétendants, Lysbeth reste une parfaite romantique qui n'attend que le prince charmant, celui qui saura gagner son entière confiance. Mais pour ça, le pauvre homme devra s'accrocher, car la route vers le coeur - et la culotte - de la belle est semée de pièges et de tests, et elle mettra sûrement tout en oeuvre pour le décourager, même si elle l'aime bien. - Mais pas trop quand même. -
Finalement, Lysbeth est une fille très courageuse. Elle a traversé de nombreuses épreuves dans sa vie, et ce bien avant l'apocalypse. Mais elle s'est toujours battue pour s'en sortir. Elle trouve toujours la force de continuer, peu importent les rires et les moqueries des autres. De toutes façons, elle s'en venge toujours de ça, tôt ou tard.
Petite brune aux yeux verts, Lysbeth n'est pas vraiment un mannequin et ne sera jamais élue miss univers. Mais ça elle s'en fiche pas mal. Elle est mignonne, et elle le sait. Elle sait comment se mettre en valeur, restant simple et discrète, mais inoubliable. Son charme ne vient pas tant de sa beauté en elle-même, mais surtout de ses petits défauts qui la rendent unique. Sa façon de sourire en élevant trop le côté droit de ses lèvres, ses petits bégaiements quand elle s'énerve trop ou qu'elle est réellement touchée par un compliment, sa manie de toujours frotter ses vêtements ou ses cheveux entre son pouce et son index, et surtout la façon avec laquelle elle pince sa lèvre inférieure entre ses dents quand elle réfléchit, ou qu'elle est gênée. Ce ne sont que des exemples.
Ainsi donc, Lysbeth ne dépasse que difficilement le mètre 60 et a un physique assez mince. Ses formes ne sont pas les plus généreuses du lycée et de toutes façons, elle les cache souvent derrière des vêtements trop larges et trop masculins pour elle. Elle s'attache toujours les cheveux pour sortir et les laisse retomber sur ses épaules quand elle reste à l'intérieur du camp. Elle n'a jamais été sophistiquée dans sa vie de tous les jours et ce n'est pas l'apocalypse qui a changé ça. Cependant, elle garde toujours avec elle une petite trousse de maquillage, et une petite robe noire qu'elle n'hésite pas à sortir aux grandes occasions, même si elles se font rares.
Son équipement n'est pas très étoffé, et elle ne garde comme souvenir de Megan qu'une vieille hache à couper les bûches, que sa défunte amie avait récupéré dans le jardin de sa mère. Celle-ci demeure le plus souvent dans sa chambre, juste pour la rassurer. Elle garde aussi un couteau sur elle, celui qui lui a valu cette vilaine cicatrice à la cuisse droite lors de l'assaut sur le gymnase. En terme d'arme à feu, elle laisse toujours le soin à Jaden ou n'importe qui d'autre de compétent de lui en confier une lors des sorties.
A force d'entraînement d'ailleurs, la belle a appris à tirer comme il se doit. Elle n'a certes pas l'expérience d'un ancien représentant des forces armées ou d'un survivant rompu à la vie en extérieur, mais elle ne rate pas la tête de sa cible si elle est proche ( 10-15m ) et qu'elle est concentrée. En outre, ses connaissances en aïkido, bien qu'encore débutante, peuvent l'aider à se défendre d'une attaque.
Dans sa chambre, elle garde tout ce qui peut l'aider à écrire. Crayons, feutres, stylos, ainsi que de nombreux cahiers et blocs de feuilles. Elle conserve aussi de nombreux livres, ainsi que des cours et des encyclopédies. Après tout, l'apocalypse est aussi une excellente raison pour s'instruire !
the last of us
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Un sourire narquois se dessina sur le visage de son frère. Il semblait bien décidé à rester là, surtout quand il entra dans la pièce comme dans un moulin, en s'appuyant contre l'ancien tableau.
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La belle se mit à sourire doucement, comme elle ne le faisait que trop rarement depuis octobre 2015. Elle lui présenta le cahier à couverture jaune qu'elle cachait dans son dos, et l'agita doucement. Comme si écrire était devenu quelque chose dont elle avait honte.
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Alvin garda sur elle un regard rempli de l'amour fraternel qu'il avait toujours éprouvé pour elle, depuis le jour où il la vit. Puis il sortit, ne laissant derrière lui qu'un silence lourd et pesant. Lysbeth se mordit à nouveau les lèvres. Elle tenta de faire marcher le vieux lecteur de cd portable qu'elle avait retrouvé mais hélas pour elle, les piles étaient mortes depuis longtemps. Et ça, elle le savait déjà.
Elle posa le cahier et se pencha de nouveau sur la feuille. Elle barra l'introduction, et avec un sourire ravi aux lèvres, elle recommença..
***
I.
Le 27 Janvier 1989 naquit une petite fille, que ses parents nommèrent Lysbeth, en hommage à sa grand mère. Lysbeth Carrie Ofelia Wyathan. Il pleuvait ce soir là. Pourtant, le couple Wyathan était heureux pour la troisième fois. La petite fille arriva ainsi dans une famille qui débordait déjà d'amour pour elle. Elle avait tout pour être heureuse. A l'abri du besoin, une grande soeur nommée Lena pour l'aider à mieux comprendre la vie et un grand frère nommé Alvin pour la protéger. Lysbeth était une enfant adorable, gentille, et rêveuse. Elle grandissait vite et montrait un vif intérêt pour de nombreuses choses. Svea, sa mère, lui parlait souvent de sa Suède natale. Son père, James, avait vu en elle une étincelle peut être plus brillante que chez ses deux autres enfants. Il aimait particulièrement cette petite dernière, ses réactions spontanées et ses histoires toujours plus loufoques. Il posait de grands espoirs en elle, car il la savait la plus intelligente des trois. Il en était persuadé, et peut être n'avait-il pas tort. Il l'appelait « sa petite Mink », en référence à Minkowski et son travail sur l'espace-temps. James lui transmit aussi son amour de la musique, particulièrement les légendes du rock.
Professeur de science dans un lycée de grande renommée à Los Angeles, James accepta finalement une mutation dans le nord ouest, près de Seattle, avec moins de pression et plus de temps libre pour s'occuper de sa famille.
II.
L'enfance de Lysbeth fut donc merveilleuse. Jusqu'à ce jour où tout s'arrêta. C'était un jour d'été de 1999 dans la ville de Tacoma, où la famille vivait depuis quatre années déjà. Les enfants étaient en visite chez leurs grand père en Californie. James et Svea profitaient de ces deux semaines de liberté. Malheureusement, un incendie se déclara dans la demeure des Wyathan, alors qu'ils s'étaient tout deux endormis après un long câlin..
En début de soirée, Charles, le père de James, reçut un appel. Ce qu'il apprit lui fit lâcher le téléphone. Lena et Alvin comprirent immédiatement, mais pas Lysbeth. Elle était bien trop jeune pour comprendre ces mots là. Incendie, morts, héritage, orphelins. Non, rien de tout ça n'appartenait à son univers. Elle s'en fichait de ces histoires, et elle ne voulait pas savoir pourquoi ils pleuraient tous. Elle voulait voir ses parents. Et après une crise de larmes et de rage en bonne et due forme, elle dut se rendre à l'évidence : Elle n'allait jamais revoir son père, ni sa mère.
Les trois enfants restèrent chez leur grand père. Ils n'étaient retournés à Tacoma que pour enterrer des cendres. Cette mort brutale leur laissa de profondes blessures. Lena s'en sortait peut être mieux, car elle avait 20 ans déjà. Mais Alvin, qui n'avait que 13 ans, le vivait terriblement mal. Ses crises et sa violence l'obligèrent à voir un psy régulièrement. Lysbeth, quand à elle, n'adressa plus la moindre parole pendant longtemps, très longtemps. Ses visites chez différents psy ne lui apportaient rien. L'enfant de dix ans restait murée dans un mutisme inquiétant. Un soir de Novembre, Alvin eut une idée. Il donna une feuille et un crayon à Lysbeth, et il se mit à écrire des mots sur la sienne. L'enfant, d'abord inquiète et distante, finit par s'ouvrir au jeu, et à communiquer avec son frère par écrit. Il ne s'agissait au début que d'un mot, une phrase, ou un petit dessin. Mais au fil du temps, Alvin et Lysbeth finissaient par s'échanger des feuilles entières de texte. Enfin, de ce que pouvaient être capables deux gamins.. Grâce à leur complicité, ils arrivèrent à surmonter les épreuves. Ils parvinrent à parler de leurs parents au mois de Mars de l'année 2000, toujours par écrit. Après de nombreuses larmes, elle eut enfin un sourire, et il lui jura d'être immortel pour elle.
Charles tomba malade en Avril de la même année. Il fut victime d'un grave AVC. Grâce à Lena, il fut pris en charge à temps, mais malheureusement l'homme ne s'en sortit pas indemne. Il fut comme totalement paralysé du côté gauche. Lena fut contrainte d'abandonner ses études pour s'occuper de sa famille. Les réserves financières de Charles fondaient comme neige au soleil avec sa maladie, et elle fut obligée de chercher un travail pour amortir le choc. Elle trouva une place de livreuse de pizza, et elle y était très mal payée.
Charles trouva la mort dans son sommeil en Septembre 2000. Ainsi donc, Lena était tout ce qu'il restait à Alvin et Lysbeth. Et elle continua son sacrifice. Tout les biens de Charles furent vendus, et la fratrie retourna vivre à Tacoma. Lena y trouva un travail de vendeuse dans le prêt-à-porter. Elle rêvait du jour de ses 25 ans, quand enfin elle pourrait bénéficier de sa part de l'héritage, bloqué jusqu'alors.
Lysbeth n'avait pas encore retrouvé la parole, mais elle se débrouillait pour se faire comprendre. Elle se baladait avec un petit tableau sur lequel elle écrivait. Elle frappait deux fois dessus avec sa craie pour interpeller les gens. Étrangement, et ce bien malgré les moqueries des autres gamins, Lysbeth conservait d'excellentes notes à l'école. C'est ce que désirait son père, aurait-elle pu écrire, si la question se posait.
En dehors de l'école, elle s'exprimait beaucoup.. à travers l'écriture. Ce qu'elle avait instauré avec son frère devint une véritable passion. La petite écrivait au sujet de tout, de rien. Ce qu'elle ressentait, ce qu'elle avait vu, ce qu'elle aurait voulu voir. Aussi, et surtout, elle écrivait à ses parents. Un peu plus à son père. Au fil des mois, elle remplissait l'étagère avec de véritables piles de cahiers. Puis, elle commença quelque chose de nouveau, par « il était une fois ». Il s'agissait évidemment d'une histoire tracée par la plume d'une enfant mais.. la petite s'y sentait bien. Elle aimait ce monde dans lequel elle pouvait tout contrôler. Même rendre la vie à ceux qu'elle avait perdu... Et ce fut une très mauvaise idée. Afin de l'écrire, Lysbeth imagina l'état de ses parents à leur mort. Cette vision d'horreur la terrifia. Elle arracha et déchira la page, gémissants des larmes de haine et de peur que seul Alvin parvint à calmer.
A l'âge de 12 ans, Lysbeth entra au lycée. Le même que celui de son frère. Et elle le fit en compagnie de Leo, son petit tableau. Les moqueries furent très sévères au début, bien plus méchantes qu'auparavant. Alvin déclencha plusieurs bagarres pour laver l'honneur de sa soeur, si bien qu'il fut à la limite d'être renvoyé. Suite à ces incidents, des spécialistes évoquèrent l'idée de placer la gamine en enseignement spécialisé. Du haut de ses 12 ans, elle leur indiqua sur son tableau qu'elle n'avait pas besoin de ça, juste qu'on lui foute la paix. Un des professeurs eut alors l'idée de mettre les autres élèves au même niveau qu'elle. Pendant deux heures de cours, chaque semaines, ils se retrouvaient dans une classe et ne pouvaient s'exprimer que par écrit avec un tableau. C'est Megan qui fut la première à « parler » avec elle de cette manière. Puis d'autres la suivirent. Finalement, la classe entière se prêta au jeu. A terme, l'image du monstre de foire s'en était allée. L'adolescente était enfin acceptée. Elle se lia d'une grande amitié avec Megan, qui joua un rôle essentiel dans son évolution. Grâce à leur complicité, elle commença à s'ouvrir. D'abord de petites choses, de petits secrets. Elle parla assez vite de la mort de son grand père, et de ses lèvres bizarres après son AVC. Quelques semaines plus tard, elle apporta six pages à son amie. Elle y avait écrit le récit de la mort de ses parents et tout ce qu'elle ressentait depuis. Elle lui avoua avoir horriblement peur de la mort. Son amie se confia elle aussi sur la mort de son père. Et après avoir lu cette lettre, Lysbeth lui murmura ses premiers mots depuis deux ans. «
Au fil du temps, elle parlait de plus en plus, si bien qu'avant la fin de l'année scolaire, elle n'eut plus besoin de se servir de Leo.
III.
Libérée de sa prison, elle s'ouvrait à une nouvelle vie. Elle n'avait plus peur, et s'était même fait la promesse de ne plus jamais s'enfermer dans une telle horreur. De ne plus jamais laisser quelque chose la choquer à ce point. A l'âge de 14 ans, elle se mit à se chercher des défis. Elle commença par le skateboard. Elle s'intéressa aussi de nouveau à la musique à ses 15 ans. Lena, qui avait enfin eu sa part de l'héritage, acheta une batterie à sa soeur pour qu'elle puisse se défouler, ainsi que sa première voiture à Alvin. Ce dernier était passionné par les automobiles, et même s'il s'orientait vers la construction pour en faire son métier, il apprenait la mécanique de son temps libre.
A cette époque, Lysbeth entra dans une véritable crise rebelle. Elle n'acceptait plus aucune forme d'autorité, et se jouait de ses professeurs et de tout autre adulte qui aurait eu la sombre idée de vouloir la recadrer. Elle eut de nombreux problèmes à cause de ce comportement et n'accepta de se calmer que sous les ordres de Lena, la seule personne qu'elle acceptait comme « chef ».
Elle ne retrouva un semblant d'équilibre qu'après son 16ème anniversaire. Toujours cette adolescente au caractère fort et ayant le goût du risque, elle apprit cependant à composer avec le monde, tel qu'il était. Sa rébellion prit doucement fin, et ses notes remontèrent en flèche. Elle ne cherchait plus à aller à l'encontre des règles, et acceptait même l'autorité de ses professeurs. Du moins, elle n'y répondait plus.
Elle abandonna la batterie et le skateboard pour s'intéresser au piano. Elle s'essaya aussi au chant, et si sa voix n'était pas celle d'une diva, elle était tout de même agréable à entendre. Sa véritable passion restait l'écriture, aussi voulait-elle en faire son métier. Travailler pour la presse, pour la traduction, peut être avoir la chance un jour de publier des livres, peu lui importait. Elle voulait juste pouvoir écrire. Elle passait d'ailleurs de très longues heures sur un clavier d'ordinateur à écrire de tout et n'importe quoi. C'était plus simple qu'un vieux cahier et puis.. c'était tout de même plus à la mode.
C'est par le biais d'un blog où elle publiait ses écrits qu'elle rencontra Irvine en 2006, à ses 17 ans. Irvine était un jeune homme charmant et sensible, qui savait manier les mots avec assez de douceur et de style pour la toucher. Ils passaient beaucoup de temps à s'écrire, via messenger. Ils ne s'échangeaient aucune photo, préférant garder la surprise pour leur premier rendez vous. Ah.. la jeunesse. Pour se reconnaître, Lysbeth eut l'idée qu'ils portent chacun un petit tableau autour du cou. Elle l'attendait sur le banc face à la fontaine, comme il était aussi convenu. La jeune fille n'avait jamais été aussi stressée. Elle avait passé des heures à se chercher une tenue, à se maquiller, se coiffer, pour finalement tout envoyer chier et se planquer dans un placard. Elle en sortit comme une furie 20 minutes avant le rendez vous, sans dire le moindre mot. Alvin se moqua pourtant d'elle et des vestiges de son mascara, ainsi que de ses cheveux hirsutes et de son magnifique t shirt de Queen deux fois trop large pour elle.
Sur son banc, elle attendait, et il était en retard. Peut être l'avait il vue, et qu'il s'était barré en riant. Peut être qu'elle était moche à hurler de peur, ou qu'il était enfermé dans un compacteur d'ordure d'une station spatiale qui n'était pas une petite lune . Elle enfouit son visage entre ses mains et se mit à murmurer furieusement qu'elle voulait qu'il apparaisse, là, immédiatement. Et finalement, une voix l'interpella. C'était lui. Quand elle leva la tête pour le regarder, elle fut foudroyée. Il était beau, comme elle-même n'avait aucun mot pour le décrire. En vérité, Irvine était un jeune homme comme tant d'autres, avec certes un physique plutôt avantageux, mais pas de quoi devenir l'effigie de Calvin Klein.
Bref. Il lui tendit la main et elle y glissa doucement la sienne. Elle était amoureuse et il l'était lui aussi. Ils passèrent trois après midi sur ce banc, et ils échangèrent un baiser le quatrième jour. Trois semaines après, Lysbeth s'offrait à lui. Elle n'est plus seulement amoureuse, mais elle était simplement sienne.
Cette relation l'inspira au plus haut point, lui faisant sortir ses premières véritables mélodies au piano. Et surtout, elle recommença à écrire en «il était une fois ». Elle eut l'idée de raconter l'histoire d'une jeune Terrienne amoureuse d'un jeune Klazistien. Klazis V était une planète semblable à la terre, tournant sur la même ellipse à la même vitesse, mais à l'opposé total l'une de l'autre. La suite devait donner lieu à une guerre entre les deux mondes, en bref une sorte de Roméo et Juliette avec beaucoup trop de Twilight et de Star Wars là dedans. - Notez bien que Lysbeth eut atrocement honte de cette comparaison, bien plus tard, quand elle retravailla son récit. -
Bref. Lysbeth était amoureuse et heureuse. Alvin voyait d'un bien mauvais oeil ce jeune homme si parfait. Il ne l'aimait pas, mais l'acceptait quand même, tant qu'il ne lui faisait aucun mal. L'apprenti ouvrier baissa sa garde au fil du temps, considérant Irvine comme réellement amoureux de sa soeur.
L'amour entre eux ne cessait de grandir. Peut être était-ce car il partageaient la même passion pour l'écriture.. Oh elle était sûrement plus douée que lui, sa plume était plus douce, plus agréable à lire, mais le jeune homme avait ce talent pour jongler avec les mots. Ils écrivaient souvent ensemble, d'ailleurs. Des récit totalement niais qui traitaient de l'amour éternel, comme si deux adolescents pouvaient y comprendre quelque chose. Quand vint l'heure de choisir sa voie, c'est sans surprise que Lysbeth entama ses études de journalisme, à l'« university of Washington », en compagnie de petit ami, mais aussi avec Megan, car les deux amies étaient inséparables.
Les études se passaient sans encombres. Lysbeth était heureuse et, si bien entourée, elle ne pouvait que réussir. Et ce même si de nombreuses matières l'intéressaient moins. Elle passait beaucoup de son temps libre avec les siens, et pour le reste, elle écrivait. Ses récit commençaient à traiter de choses plus réalistes. Moins fantaisistes. Elle aimait écrire des histoires courtes, commençant par un drame et finissant par le bonheur.
Certaines de ses histoires furent publiées dans le journal de l'université, et plaisaient beaucoup aux lecteurs.
IV.
Les quatre années passèrent vite, avec leurs lots de petits bonheurs et de petites blessures. Lysbeth avait 22 ans et était toujours amoureuse de Irvine, même si certaines rumeurs laissaient naître le doute en elle. Son diplôme en main, elle trouva rapidement une place de rédactrice dans la rubrique «Life» du Seattle time, publié quotidiennement.
Pour fêter ça, Alvin lui acheta une épave de Ford Mustang des années 70, qu'il retapa durant son temps libre. Le bolide était magnifique. Lysbeth l'adorait, car il ressemblait comme deux goûtes d'eau à la voiture que possédait leur père autrefois.
La jeune femme finit par quitter sa soeur pour s'installer avec Irvine, dans le centre ville de Seattle. Malgré les doutes, elle voulait vivre avec lui. Elle désirait qu'il soit le père de ses enfants, qu'ils vivent heureux pour toujours, comme dans ses histoires à l'eau de rose. Mais hélas..
Un an après avoir emménagé ensemble, elle se sentait étouffée par le doute. De nombreuses autres rumeurs, des absences injustifiées et le comportement étrange de son compagnon la poussa à regarder les choses en face et à agir. Un soir où il disait avoir trop de travail pour rentrer à l'heure prévue, elle le suivit, en compagnie de Alvin. Les doutes se confirmèrent rapidement lorsque le bellâtre sortit du bureau en compagnie d'une très jolie blonde, accrochée à son cou. Lysbeth sentit son coeur se briser. Alvin devint fou, et suivit Irvine jusqu'au bar où il avait prévu sa sortie avec la blonde. Le baiser qu'ils échangèrent acheva la pauvre sa soeur, qui s'effondra en larmes.
Alvin sortit du véhicule et empoigna Irvine, lui jurant de lui faire sa fête. Pris sur le fait, il tenta de parler à Lysbeth, mais elle ne voulait rien entendre. Alvin la reconduit chez elle, et le menteur ne tarda pas à revenir. C'est là, dans leur appartement, qu'une violente bagarre éclata entre les deux hommes. Alvin dominait largement, si bien qu'il mit à genoux celui qu'il insultait de tout les noms. Ce dernier s'excusa en crachant le sang qui coulait de son nez, mais en vain. Lysbeth ne voulait plus le voir. Elle prit quelques affaires et retourna quelques jours chez sa soeur.
Mais elle était amoureuse, et elle accorda peut être bien trop de crédit aux excuses mensongères de son petit ami. Contre l'avis de son frère, elle retourna vivre avec lui. Alvin jura au jeune homme de «
Ainsi se termina leur histoire, en 2013. Elle n'eut plus jamais de nouvelles de lui. Elle partit vivre avec Alvin, dans son appartement au centre de Seattle. Elle démissionna du Seattle Time pour travailler dans une bibliothèque. Elle y gagnait moins mais y était plus tranquille, plus à l'aise.
Lysbeth ne croyait plus en l'amour. Son histoire avec Irvine la brisa, même si elle affirmait que tout allait bien. Elle s'interdit elle même de retomber amoureuse, en accord avec ses promesses de ne plus jamais avoir peur. Elle associa définitivement l'amour à la souffrance. Ainsi, au lieu de chercher quelqu'un avec qui continuer sa vie, elle préférait s'amuser dans ce qu'elle appelait ses «
Elle continua sa vie, en lettre, en musique, en sourire auprès de sa famille et de son amie Megan. Un train train quotidien s'était presque installé. Elle se trouva deux nouvelles passions. La première était l'Aïkido. En effet, la belle voulait apprendre à se défendre, après avoir été humiliée par Irvine. Elle fut séduite par l'idée de ne pas avoir à combattre, puisqu'elle serait capable d'arrêter le combat dès son commencement.
Sa seconde passion fut simplement la conduite. Oui, conduire, pour le plaisir de le faire, au volant de sa vieille Mustang. Au début de l'été 2015, les Wyathan et Megan se retrouvèrent pour accomplir un tour à travers le pays complet, passant par Los Angeles, puis toute la route 66, avant de revenir. Au final ils avaient parcouru plus de 6000 miles et passé près de 40 jours ensemble, dans cette voiture. C'était leur dernier souvenir vraiment heureux ensemble..
V.
Les premiers jours, Lysbeth ne s'inquiétait pas trop de ces étranges histoires qui faisaient le buzz. Pour elle, il s'agissait de petits incidents que les médias n'hésitaient pas à grossir pour se faire un peu de blé dessus. Ce qu'elle pouvait lire et voir sur internet lui faisait hausser les épaules. Elle n'avait pas peur, ou du moins, elle ne voulait pas avoir peur. Malgré tout au fond d'elle, un étrange malaise se formait. Elle sentait que quelque chose ne tournait pas rond..
Elle commença à prendre l'histoire au sérieux à partir de ce qui était connu comme étant le jour 5. Ce soir là, des patrouilles de police circulaient partout en ville. Les informations parlaient d'un hôpital en quarantaine et relayaient des images d'une rare violence. La boule dans son ventre pesait de plus en plus lourd, mais elle refusait de s'abandonner à la peur. Ce soir là, Alvin appela Lena et l'invita à venir se planquer chez lui, juste au cas où. Lysbeth en fit de même avec Megan.
Le lendemain, jour 6, elles arrivèrent à l'appartement. Elles expliquèrent que la police continuait à placer des barrages et Megan, elle, prétendit voir des uniformes militaires. Ainsi Alvin décida d'aller faire un maximum de provisions, en compagnie de Lysbeth. Megan décida d'en faire autant de son côté. Ainsi, le petit groupe cherchait déjà à s'organiser, sentant que le pire pouvait bien être devant eux.
Lysbeth était choquée de voir les premières présences militaires, mais elle était aussi rassurée de voir que tout se mettait en oeuvre pour contrôler la situation. Même si cela devait se faire dans la violence..
Les jours passèrent, et s'ils avaient de quoi tenir encore une bonne semaine et demi, le groupe s'inquiétait des rumeurs, et des forces de l'ordre toujours plus présentes. Ils entendaient parler d'histoires, de morts se relevant pour dévorer les vivants. Lysbeth ne voulait pas y croire et voulait quitter la ville, pour aller se planquer dans un endroit plus isolé, plus sécurisé. Alvin refusa, persuadé qu'ils étaient bien plus à l'abri au centre ville. Ils firent encore quelques ravitaillement, dans ce qui était, bien qu'il l'ignoraient encore, les derniers jours de l'argent. Les discours du président arrivaient à les rassurer, encore. Cependant..
La nuit du jour 15 au 16, des combats éclatèrent au pied de l'immeuble où ils habitaient, au 5 ème étage. Réveillés par les coups de feu et une petite explosion, le groupe assistait impuissant à une scène d'horreur, derrière la vitre. Dans les rues, ils y voient un groupe de militaires et de policiers se faisant tirer dessus par des émeutiers cagoulées. Ils l'ignoraient, mais la cause de l'incident était l'attaque de quelques infectés sur un policier, qui déclencha la première salve de tir. Le groupe d 'émeutier fut alerté par le bruit et engagea le combat, certains de protéger des innocents de la folie de l'état.
Il y avait une voiture en flamme, les hommes et les femmes hurlaient, et des ombres déambulaient vers des cibles qu'ils choisissaient au hasard. Les tirs résonnaient au plus profond de Lysbeth. Elle était face à la mort et.. elle avait peur.
La décision fut prise. Ils ne pouvaient pas rester là. Ils devaient quitter le quartier, et tenter de rejoindre l'un des bâtiments sécurisés. Chacun fourra un maximum de vivres et de vêtements dans plusieurs sacs. Alvin sorti un pistolet. Quand Lysbeth le vit, elle se mit à trembler. Il embrassa le front de sa jeune soeur pour la rassurer. Il n'était pas un émeutier, et ne voulait pas faire de mal aux gens. Juste protéger les siens.
Ils quittèrent l'appartement, alors que des civils armés se cachaient à l'entrée de l'immeuble. Pour éviter la confrontation, Alvin guida le groupe vers la sortie de secours. Ils étaient dehors. Ils ne prirent pas de voiture, de peur de se retrouver coincé dans un barrage, ou pire.. Alors ils marchèrent, durant une bonne heure, à travers la ville. Alvin préféra emprunter les petits chemins plutôt que les grands axes, évitant ainsi tout rassemblement. Pourtant.. arrivés dans une ruelle, entre deux bâtiments, ils tombèrent face à un groupe d'infectés. Quelle horreur. Lysbeth se figea de peur devant ces choses, ces monstres. Ils ressemblaient à la mort. Et si ces rumeurs étaient vraies ? S'ils étaient réellement morts, mais encore vivants ?
Les infectés avancèrent vers eux, malgré les menaces de Alvin. Ils semblaient ne plus rien entendre, ne plus rien comprendre, ne plus réfléchir. Ils étaient dangereux.. ils le savaient tout les quatre. Lysbeth.. Lysbeth avait le pantalon trempé. Elle ne réagissait plus. Ses yeux étaient grands ouverts et ils fixaient ces choses horribles. Elle ne disait plus rien, pas même pour répondre à son frère qui lui hurlait de fuir, ses deux mains posées sur ses joues. L'un des infectés posa sa main sur elle, et l'attira vers lui. Vers sa gueule béante. La jeune femme se mit à hurler de toutes ses forces, si bien que Alvin en fut horrifié et tira, comme par réflexe. Il tira trois fois dans le torse. Le monstre s'écroula mais.. il se releva bien vite, sous les yeux incrédules de l'ouvrier. Il embarqua alors Lysbeth dans ses bras et ordonna aux deux autres de courir.
Les coups de feu – et les
Le lendemain, ils récupérèrent ce qu'ils pouvaient. Lysbeth était blanche comme un linge, et n'osait presque plus parler. Elle était morte de trouille. Heureusement pour elle, elle avait des ... vêtements de rechange. Personne ne se moqua de sa « fuite », et heureusement, car elle aurait explosé de honte. Elle ne comprenait pas elle-même comment il était possible d'avoir peur à ce point..
Pour tenter de combattre cette phobie qu'elle venait de se découvrir, Lysbeth baptisa les infectés les « Eddies », en référence au monstre qui servait de mascotte au groupe Iron Maiden.
Vers midi, le groupe se mit en route vers la demeure de la mère de Megan. Comme elle le redoutait, elle n'était pas présente. Aux dernières nouvelles, cette femme était bloquée à New York, ne pouvant prendre l'avion pour rentrer à Seattle depuis le gel du trafic, deux jours avant ça.
La maison se situait à Madrona, dans la 35ème avenue. C'était leur nouvelle demeure, le temps que tout s'arrange. Si cela devait s'arranger un jour.
Pendant deux semaines, ils restèrent planqués là dedans. Alvin et Megan, qui commençaient à se rapprocher, s'occupaient seuls du ravitaillement, tandis que Lysbeth restait planquée dans la maison, morte de trouille. Lena veillait sur elle.
Durant ces deux semaines, la situation empirait, encore et toujours. La ville entière résonnait de coups de feu et d'explosions. La télévision et la radio ne relayait plus que les mêmes messages, indiquant aux « survivants » de se diriger vers les camps militaires. Si au début il refusait de le faire, Alvin fut bien contraint d'envisager l'idée. A quatre, ils n'avaient que bien peu de chances..
VI.
Finalement, c'est grâce à une patrouille du camp « Emerald Freedom » qu'ils furent sauvés, au milieu du mois de Novembre. Lysbeth se sentait rassurée, même si elle restait intimidée par les militaires. Ils ne furent pas séparés, et organisaient leur vie dans ce camp, toujours dans l'attente d'une amélioration qui semblait bien compromise. Alvin eut à travailler pour les militaire en premier, et ses connaissances furent bien utiles. Lena, Megan et Lysbeth furent employées aussi au début du mois de décembre. Peu à peu, ce qu'ils considéraient comme une forteresse, devint une prison.
S'ils étaient d'une nature discrète au sein du camp, les Wyathan jouèrent leurs rôles dans le soulèvement qui suivit l'histoire du viol, en Février 2016. Lysbeth se vit confier pour mission d'essayer de tirer des informations au Doc, alias Bateson. Elle tenta d'y arriver par la séduction.. en vain. Suite à cet échec, elle camoufla ce qui pouvait être son attirance pour lui en une sorte de désintérêt total, jusqu'à finalement totalement l'ignorer.
Lysbeth était dans le Gymnase, lors du massacre. Elle vit Megan mourir devant ses yeux. Et elle n'eut la vie sauve que grâce à Maxine, qui la traîna à couvert alors qu'elle gisait sur le sol, complètement sonnée et perdue. Plus tard, elle fut sauvée par Ian et ses tirs sur un soldat qui allait l'abattre à bout portant. Ce jour là, Lysbeth tua quatre hommes, alors qu'elle était tout simplement incapable de tenir une arme.
Grandement peinée par la mort de Megan, elle essaya tant bien que mal de se reconstruire après cette attaque, maintenant libre du monstre qui était à la tête du camp. Elle promit à Jaden, qu'elle surnommait «
Ainsi elle participa à plusieurs entraînement, où elle apprit à viser – et a enlever la sécurité.. -. Elle se souvint de ses cours d'Aikido, et de la sérénité, de la confiance en elle qui en découlait. Après plusieurs semaines de travail, plusieurs mois même, elle se sentait enfin prête à sortir. Les premières expéditions furent compliquées, mais au bout de compte, elle parvenait à surmonter sa peur. Elle finit même par se montrer réellement utile, que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur. N'ayant pas peur des animaux, la jeune femme se montra bien utile lors de l'invasion des bêtes sauvages.
Au final, les trois Wyathan, soudés plus que jamais, faisaient tous leurs possible pour s'intégrer au camp, et aider à le faire tourner. Et même si le monde s'était effondré, s'ils avaient tous perdu quelqu'un, Lysbeth gardait l'espoir qu'un jour, tout puisse rentrer dans l'ordre..
***
Lysbeth coinça le stylo entre ses dents. Elle fronça les sourcils et tourna les pages, pour en revenir à la première. Elle se mit à lire tout ce qu'elle venait d'écrire, sans s'interrompre. Ainsi, elle se plongea encore dans de bons, puis de moins bons souvenirs. Elle soupira en se redressant. Dehors, il faisait déjà nuit, et elle se souvint de son frère, plus tôt dans la journée. Elle sourit doucement, et quitta la pièce, son cahier à la main. Marchant le long du couloir, elle s'arrêta devant une porte, qu'elle regarda longuement. Elle hésita un moment, puis déposa le cahier contre le mur, près de la porte. Sur la couverture jaune de ce cahier étaient écrit les mots «
time to meet the devil
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