John n’aurait sur dire à quel moment il avait sombré dans le sommeil. La nuit devait être plutôt bien avancée. Ce qui était certain en revanche, c’était la sensation de faim avec laquelle il s’était réveillé. Les vivres étaient au plus bas. Même l’alcool, vers lequel il aimait bien se tourner, manquait sérieusement à l’appel. Et forcément... C’était à prévoir. À s’enfermer dans un trou paumé perdu, en plein milieu des montagnes... À un moment ou à un autre, ce genre de trucs allait arriver. Riche idée. Oh pour sûr, ils en avaient tous bien profité. Ils avaient été plus ou moins tranquilles pendant de longs mois. La faible présence de rôdeurs les rendaient pas si menaçant depuis leur perchoir. La chasse pouvait en partie subvenir au besoin du groupe pendant la belle saison.

Cette dernière semblait si loin derrière eux avec l’hiver qu’ils se tapaient. Moins d’animaux. Des déplacements toujours plus difficile à mesure que la couche de neige grossissait, le fait de devoir partir toujours plus loin... Des rôdeurs toujours plus nombreux. Leur isolement leur offert le calme oui. Mais maintenant les morts se rappelaient à leurs bons souvenirs chaque jour un peu plus. Qu’il soit juste ou pas, le retour de bâton était sévère. Comme quoi la politique de l’autruche, ça n’avait jamais apporté rien de bon.

C’était fut le vent qui l’avait réveillé ce jour-là. Son sifflement lugubre résonnait même entre les murs du chalet. Il s’écrasait contre les fenêtres, faisant claquer celles qui avaient le plus de jeu dans leurs gonds. C’en était presque sinistre comme réveil. L’ancien militaire avait passé une main sur son visage, comme si ce simple geste pouvait faire disparaître les dernières brumes que le sommeil avait laissé sur son esprit. Un autre passage de main, dans le cheveux cette fois, et il était sorti de sous sa couverture. Le semblant d’agitation qu’il semblait y avoir en bas éveilla en lui un soupçon de curiosité. Le temps qu’il se prépare, qu’il récupère son couteau de combat sous son oreiller et passe la sangle de l’étui à sa ceinture et il rejoignait, d’un pas presque résigné, le rez-de-chaussée.

Quelques secondes, il lui fallut juste quelques secondes et une nana pleine de sang, pour voir à quel point cette agitation était en réalité une situation des plus merdiques. Pauvre conne de Skyler. Non contente de s’être bouffée la gorge, il fallait qu’elle laisse le champ libre aux cadavres. Son instinct reprit le dessus. Dégainant son couteau, il fonça droit sur la porte, donnant un coup d’épaule pour la fermer avant que d’autres ne passent et qu’ils aient un problème bien plus grave sur les bras. Le temps qu’il se retourne, les deux morts goûtaient une nouvelle à l’autre idiote. Deux coups de couteau, rapides, précis, méthodiques, et ils s’effondrait sur le sol.

John inspira profondément avant de se retourner de nouveau vers la porte.

*Et merde* songea l’homme.

La peur était un sentiment omniprésent qui me bouffais de l’intérieur, Abel était parti avec Dante et les autres. Ils ne revenaient pas, je savais bien qu’un refuge ne se trouverait pas du jour au lendemain, mais mine de rien, je m’inquiétais… Et si l’un d’eux ne revenait jamais ? J’avais évidemment préparé mes bagages depuis bien longtemps, mais j’avais toujours cette boule au ventre. Je devais prendre soin de Victoria ce qui ne me posait pas de problème en temps normal, mais qui pourrait sans doute devenir un peu plus coton si la situation se corsait. J’avais beau me dire que ce n’était pas le cas, dans le fond, j’avais tout de même peur. Pour une fois, je n’avais plus de sourire sur les lèvres, je n’en avais simplement plus la force. Je devais continuer de faire comme si tout allait bien pour la fille d’Abel, mais c’était si dur…

Nous n’étions visiblement pas prêts pour ce qui nous tombait dessus à ce moment-là, ce fut John le plus réactif. Skyler était morte, jamais elle ne rapportera du bois et les mobs commençaient déjà à vouloir rentrer dans la maison. Ils s’agglutinaient autour des fenêtres, brisant la vitre par endroit. Il fallait s’armer et se battre. Même avec un ventre gros comme un ballon. J’étais bien contente de pouvoir compter sur le soutien de Plutarch à côté de moi. Je ne sais pas pourquoi il m’avait pris sous son aile, mais je n’allais pas m’en plaindre. Je me tournais vers Victoria et commençais à lui signer quelques mots. « Je ne vais pas te mentir, ça ne va pas. Tu prends ton couteau et surtout, quoi qu’il arrive, tu restes avec moi d’accord ? » La petite avait hoché la tête, et nous voilà tous les trois à nous approcher d’une des fenêtres pour nous en prendre aux têtes qui voulait passer à travers.

Je ne saurais pas vraiment dire combien, j’en avais tué à ce moment-là, un, peut être deux, mais je n’avais pas perdu la main, c’était avec des coups nets que je plantais ma lame dans les têtes devant moi. C’était toujours aussi répugnant de s’en prendre à ses créatures, j’étais bien contente de pouvoir avoir un peu de soutien pour le coup, je savais que je ne pourrais pas tenir la cadence longtemps, mais j’avais bon espoir que l’adrénaline m’aide à tenir et à faire face à la situation. Tant que je pouvais compter sur mes amis, ça devrait bien se passer non ? Si on se serre tous les coudes…

Déjà quatre jours que Blake et le reste de l'équipe étaient partis, et qu'ils attendaient leur retour. C'était de bonne heure qu'elle s'était levée, attendant patiemment des nouvelles des autres. Un signe, un indice, n'importe quoi. Sauf que toute réponse à ses questions n'était qu'un sifflement désagréable du vent et de la tempête au dehors qui faisait rage. Enroulée dans une couverture en essayant tant bien que mal d'oublier le froid extérieur, elle avait pourtant rapidement bondi de son siège en voyant Skyler revenir teintée d'une couleur rouge.

L'espace d'un instant, son sang s'était figé dans ses veines alors qu'elle entendait les râles incessants des rôdeurs alors que John s'occupait de fermer la porte. Super Skyler, merci pour le cadeau quoi. Quitte à crever elle aurait au moins pu le faire proprement et fermer la porte derrière elle cette gourdasse.

Mais non. Et l'autre intello qui s'était mis à hurler partout alors que tout le monde commençait à paniquer, ça n'aidait pas. Mais il va la fermer sa gueule ?! Avait-elle émis comme question à voix haute avant de partir en trombe récupérer son arme. Le spectacle de panique qui s'offrait sous ses yeux n'avait rien d'agréable. Et visiblement, aucun d'entre eux ne semblait se dire qu'il fallait peut-être commencer par aller à la source du problème. Donc, au dehors.

OH. Alors qu'elle terminait de recharger son arme en se remémorant les remarques incessantes de Blake sur le sujet, elle parcourut rapidement le groupuscule avant de rajouter. Ca sert à rien d'attendre ici sagement, ils finiront par la défoncer cette putain de porte ! Alors les gamins, les vieux et les grosses, c'est en arrière, et le reste, DEHORS.

Les grosses. Les femmes enceintes n'allaient pas apprécier, c'était sûr, mais quelle idée aussi de se foutre en cloque à ce moment précis quoi. Et puis à part leur rouler dessus elles espéraient faire quoi franchement ? D'ailleurs, elle n'avait pas attendu que l'un d'entre eux lui dise que c'était une mauvaise idée, non. D'un coup sec, elle avait ouvert la porte que John avait refermé plus tôt. Braquer, inspirer, bloquer. Le premier coup de feu était parti dans la tête du rôdeur le plus proche qui s'écroula, avant qu'elle ne sorte du chalet pour voir le spectacle de la horde agglutinée contre le bois du bâtiment. Hurlant plus pour se donner du courage qu'autre chose, son couteau était venu s'enfoncer dans la tempe d'un second mort. Et vu ce qu'il restait, elle avait tôt fait d'espérer que le reste des survivants l'ait suivi. Auquel cas elle risquait de rejoindre Skyler plus vite que prévu.