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Mémoires d'un voyageur {Done}

Sam 11 Fév 2017 - 20:57


DANIEL DAWSON
43 ans Canadien Biologiste Traveler
i've got a war in my mind

Explique ici le caractère actuel de ton personnage.

Son regard se pose sur la baie. Chaque vague entraîne avec elle une partie de sa conscience, qui trouve écho dans de lointains souvenirs. À ses pieds gisent trois sacs de viande au teint gris. Chacun d’eux a un trou au crâne d’où coule un liquide d’un rouge si sombre qu’on le dirait noir. Dawson ne leur jette pas un coup d’œil. Ils ne sont pas humains, se dit-il. Ce qui leur arrive n’a plus d’importance.

Et toi, es-tu humain ?

Cette question fait surface à nouveau dans son esprit à la manière d’un naufragé qui émerge enfin. Quel genre d’homme est-il ? Vaut-il mieux que ces monstres assoiffés de sang et de chair ? La réponse ne vient pas aisément. Même s’il tente de se convaincre que oui, une part de son esprit se refuse à le croire. Tout ce qu’il a fait, tout ce qu’il a vu… Et pourtant, il tient encore debout. Mais il a toujours été résilient. Ce n’est rien de nouveau. Une rupture, un abandon, de faux espoirs, une apocalypse, où est la différence ?

La différence, c’est que le monde extérieur reflète enfin son état véritable.

Secouant la tête, Dawson repousse son idée et fait demi-tour, laissant la baie derrière. Les mots persistent dans sa tête. Lâche. Menteur. Traître. Profiteur. Monstre. Il les chasse comme il le peut, mais il ne peut éviter la vérité. Malgré tout ce qu’il a toujours voulu se faire croire, il n’a jamais été une personne exceptionnelle. Au final, s’il reconnaît avoir menti, ses plus gros mensonges, ils étaient pour lui-même. Il a toujours refusé de voir ses propres vérités. Rien de surprenant. Il a toujours été borné.

Un très mince sourire se dessine au coin de ses lèvres. Un avantage de ce Nouveau Monde, c’est que ses crises ont diminué. Les sources d’anxiété sont réduites au minimum quand plus rien n’existe. Elles n’ont pas disparu, évidemment. Mais au moins, leur nombre a diminué. Quoi d’autre ? Il doit bien y avoir d’autres avantages à être seul au monde. Enfin, façon de parler. Ce n’est pas qu’il n’y a plus personne, mais plutôt qu’il évite les gens. Il le faisait déjà avant que ça ne commence, à quoi bon arrêter maintenant ? Les autres vivants sont devenus tout aussi dangereux que les morts, à sa connaissance. Sa méfiance naturelle vient simplement lui rendre service.

Il passe une main sur son menton où se dressent maintenant quelques poils. Un autre avantage. Les apparences ne comptent plus. Un instant, il s’amuse devant sa propre hypocrisie. Avant que le monde ne tombe, il vivait dans une constante ambivalence avec la société. Rasé, coiffé, bien habillé, bien propre, il passait pour un homme digne et fier. Pourtant, ceux qui le connaissaient bien ne voyaient en lui qu’un pauvre garçon incapable de prendre soin de lui-même. La vaisselle s’empilait aux côtés de l’évier, ses vêtements traînaient çà et là dans sa chambre, ses papiers s’entassaient sans qu’il ne s’en occupe. Maintenant, rien de tout cela n’avait d’importance.

Et, maintenant, sous le soleil de Seattle, en cette magnifique journée de fin du monde, il ne pouvait s’empêcher de repenser à ses problèmes. Même si plus rien n’avait de sens, même s’ils appartenaient à un passé enterré sous des dizaines de cadavres, ils revenaient le hanter, exactement comme les infectés. La grande différence venait de leur résistance ; impossible de se débarrasser du passé d’un trou dans le crâne.

Quoi qu’il en soit, aussi obstiné soit-il, le passé finit par retourner d’où il vient et le laisse à sa balade. Alors, Dawson s’arme enfin d’un sourire plus sincère. Temporaire, certes, mais sincère. Parce qu’une fois de plus, c’est le mensonge qui l’emporte. Il se souvient de cette vérité altérée de lui, de ce masque qu’il parvenait à garder en tout temps. Celui du gentil garçon, généreux, doux, gentil toujours prêt à aider ceux qu’il aimait. Il se souvient de ce scientifique curieux qu’il a été, de ses projets, de ses ambitions et de ses réussites. Les échecs prennent un chemin obscur, loin de sa conscience, et il ne se rappelle plus que leurs opposés glorieux.

Est-il humain ?

Bien sûr que oui. Un bon humain. L’un des meilleurs dans son domaine, ingénieux et audacieux, investi corps et âme dans une multitude de causes. Il était… quelqu’un de bien, quoi. Était-ce sa faute si les choses s’étaient mal passées ? Bien sûr que non. Lui, il avait fait de son mieux, jusqu’au bout. Avec tout le monde, il avait tout donné. Il était un homme fidèle, prêt à tout sacrifier pour ceux qu’il aimait. Et les choses s’étaient mal passées parce que cela devait être ainsi, tout simplement. Parce que… cela devait arriver. De toute façon, même si les choses s’étaient déroulées autrement, quelle aurait été la différence ? Le monde serait tombé de toute manière.

C’est derrière cette fatalité que se cache Daniel Dawson. Ce même défaitisme dans lequel il a vécu toute sa vie. Comme toujours, il se ment à lui-même pour continuer à avancer. Parce que, derrière cet homme tendre, généreux et loyal, derrière ce génie de la zoologie, se cache un homme brisé que la fin du monde a libéré. Elle l’a libéré de sa propre vérité, celle d’un enfant oublié, d’un amant rejeté et d’un ami délaissé, mais aussi celle d’un mythomane méfiant et d’un ermite malheureux.



Explique ici les caractéristiques physiques de ton personnage..

Lorsqu’il s’arrête devant la vitrine d’un magasin, Daniel ne peut s’empêcher de s’attarder un instant devant son reflet. Il n’est pas particulièrement grand, à peine dépasse-t-il le mètre soixante-quinze. Il n’a jamais été bien en forme non plus, mais la dernière année joue contre ses anciennes habitudes. À force d’errer et de survivre, on n’a pas le choix de se remodeler. Le teint pâle, les yeux sombres, les cheveux blond foncé et les tempes grisonnantes, il arbore maintenant une barbe de quelques jours, faute d’avoir trouvé un nouveau rasoir depuis qu’il a perdu son dernier.

Quelques rides sillonnent son front, mais ses cheveux les couvrent en bonne partie, agités par un vent frais. Avec l’hiver qui sévit, il vaut mieux bien être habillé. Heureusement, sous sa vieille veste de cuir, un épais chandail de qiviut le protège du froid. Ses pantalons, des bigbills rendus gris par la saleté, sont d’un moins grand support, mais Dan a l’habitude des grands froids. Il louche sur ses bottes de marche, couvertes du brun de la route et du noir des rôdeurs.

Un léger frisson parcourt ses épaules à la pensée des revenants. Il a été mordu, une fois, bien avant la fin du monde. Diable d’ourson, il porte encore la marque de ses dents sur sa jambe gauche. Cette expérience, bien que bénigne, suffit à lui faire redouter suffisamment les dents des morts.

Le large sac de voyage qui pèse sur ses épaules lui donne l’air plus costaud. Ce vieux sac, qui le suit depuis des années, est l’un des derniers vestiges de son passé. Dedans s’entassent ses quelques vêtements : un autre manteau, quelques pantalons, t-shirts et sous-vêtements, quelques babioles et outils et ses maigres rations. La machette qui lui servait autrefois à trancher la végétation tape contre sa cuisse gauche dans son étui brésilien. De l’autre côté, le couteau Bowie qu’il a pris sur un corps lui assure une sûreté de plus. Les deux armes sont propres, bien entretenues. Après s’être assuré que ses armes sont toujours bien attachées, il jette un dernier regard à son image puis lui tourne le dos.

the last of us

Explique ici l'histoire de ton personnage avant l'épidémie.

Premier jour de février selon mon calendrier.

La porte grince quand je l’ouvre, puis je la referme prestement. Une barre de métal entre les mains, je m’assure que la pièce est aussi vide que lorsque je l’ai quittée trois heures plus tôt. Inutile, je sais, mais mon dédain des morts et ma méfiance des vivants l’emportent sur ma paresse. Il faudrait un sacré coup de chance – ou de malchance – pour qu’un rôdeur se faufile jusqu’ici. Quant aux vivants, ils n’y trouveraient pas grand-chose. Je me laisse tomber sur mon matelas de branchage et de couvertures et frotte mes mains l’une contre l’autre. Vivement la fin de l’hiver. Sous les couvertures, je récupère une bouteille de scotch à moitié entamée et en boit une légère gorgée pour me réchauffer. Après quoi, je me cante contre le mur et me laisse aller à mes pensées.

Je suppose que tout le monde considère être le héros de sa propre histoire. Pour ma part, je ne crois pas aux héros. De toute façon, même s’ils existaient autrefois, s’ils ont survécu, je ne fais certainement pas partie du lot. Je suis né à Vancouver, au Canada. Mon père était pharmacien et ma mère architecte. J’ai eu une enfance que je devrais nommer banale. Parfois, on a tendance à exagérer les événements de sa propre vie. On tient à se démarquer, à donner un sens à qui l’on est et on voit tout avec de grands yeux. J’aimerais pouvoir me déresponsabiliser… tout mettre sur le dos de mes parents, mais ce serait faux. Mes parents m’aimaient. Peut-être pas assez, peut-être pas de la bonne façon, mais ils m’aimaient. Ils ont fait de leur mieux.

J’étais un enfant turbulent, toujours porté à attirer les ennuis. Ce n’est pas que j’étais un rebelle : j’avais simplement un don pour prendre les mauvaises décisions. Suivre la mauvaise personne, ne pas admettre mes erreurs et m’enfoncer dans mes propres problèmes… Ça n’aurait pas dû suffire à me marquer. Vient un temps dans la vie où on délaisse l’enfant que l’on était et où l’on forme une nouvelle personne. Je n’ai jamais su le faire. Ce regard vers l’arrière, ces regrets de ce que j’étais mon toujours suivi. Et, partout où ils m’ont suivi, j’ai laissé derrière moi de nouveaux problèmes.

Jeune adulte, j’étais dissocié de la masse. Mes amis, peu nombreux, ne m’appréciaient pas particulièrement. On tolérait ma présence, mais on ne tenait pas à me voir. Avec ma famille, je considérais l’histoire terminée depuis longtemps. En dehors de quelques rencontres polies pour les fêtes et les vacances, nous n’échangions que peu de mots. Quant aux filles… Disons que mes relations étaient loin d’être mes plus grands succès. En bon idiot, je m’attachais à ces femmes qui me prenaient en pitié. Je leur servais d’ami, fidèle jusqu’au bout, mais rarement plus. Les rares fois où elles ressentaient quelque chose pour moi, je les détrompais rapidement, souvent inconsciemment, d’autres fois non. Quand on est obsédé par la personne que l’on n’est pas devenue, on s’embourbe facilement à la moindre promesse de joie.

Pour compenser mes échecs sociaux, je me suis plongé dans le travail. J’ai fait mes études en biologie, que j’ai concentrées jusqu’au Doctorat. Spécialiste des mammifères, j’avais un horaire chargé. Tantôt en voyage par-là, plus tard de ce côté-ci, je passais quelques semaines, quelques mois un peu partout pour superviser des projets de recherche. J’ai eu la chance de voir le monde comme très peu le font et, pourtant, je ne prenais pas le temps de l’apprécier. J’étais toujours centré sur l’échec que je voyais en moi. Je me voyais pour ce que j’étais : un homme seul, sans personne. Dès qu’une personne entrait dans ma vie, elle ne tardait à en sortir, de ma faute ou non.

C’est en 2013, lors d’un séjour au Japon, que les choses ont pris du mieux. J’ai rencontré Aiko. Les choses se sont déroulées comme jamais auparavant. Après quantité d’échecs et d’abandons, je me retrouvais enfin avec une personne pour partager ma vie. Il ne m’a fallu que peu de temps avant de mettre mes nombreux projets en pause et pour emménager avec elle. Aiko travaillait comme interprète au centre où j’étais venu offrir mes services. Je suis donc resté là-bas et j’ai travaillé sur les macaques japonais pendant bon nombre de mois, toujours pour retrouver ma tendre traductrice sous les draps.

Il n’a pas fallu un an avant que les cauchemars ne commencent. Incapable de dormir, tourmenté par l’irréalisme de cette belle vie, j’ai fui. Je suis parti aussi loin que je le pouvais en bavassant n’importe quoi. Je me suis voilé les yeux, ce jour-là. J’ai quitté le Japon sans aucun égard pour mon bonheur ou pour le sien. Pendant six mois, j’ai travaillé en dément pour ne pas y penser. C’était comme une façon de me punir, peut-être, ou de me remettre à la place que je croyais être la mienne. Six mois à faire l’autruche. Le réveil a été brutal. Quand j’ai réalisé ce que j’avais fait, j’ai voulu réparer mon erreur. Pour une fois, je suis parvenu à voir la vérité et j’ai voulu l’admettre. J’ai voulu faire quelque chose de bien, pour une fois. Mais il était trop tard. Un cœur brisé ne peut être rapiécé aisément.

Rejeté par la femme que j’avais moi-même rejetée, la seule avec qui j’avais entrevu un réel avenir, je suis retourné au Canada. Et là, je me suis enfin admis quelque chose. J’étais malheureux. Pas parce qu’elle m’avait repoussé, non. Je l’étais bien avant. Si je l’avais repoussée au départ, c’était parce que j’étais déjà malheureux. Je trainais cette tristesse avec moi depuis si longtemps que je n’arrivais même pas à comprendre d’où elle venait.

J’aurais pu faire ce que n’importe quel être sensé devrait faire dans un tel cas. Prendre le téléphone, trouver un psychologue et prendre rendez-vous. Essayer de voir ce qui n’allait pas et tenter de régler le problème. Aller mieux. Être heureux. Mais j’ai agi comme à l’habitude : même conscient du problème, j’ai préféré l’enterrer. Une fois de plus, j’ai trouvé refuge dans mon travail. J’ai trouvé un assistant et j’ai fait route vers le nord, pour étudier les bœufs musqués. Je me souviens de ce dernier regard que j’ai jeté à la ville, alors que nous partions. Si j’avais su ce qui nous attendait…

Explique ici l'histoire de ton personnage depuis l'épidémie.

L’automne 2015 venait de commencer quand nous avons perdu tout contact avec la société. Là-bas, perdus dans le nord, loin de tous, nous n’avions pas conscience de la gravité de la situation. Cela faisait déjà plusieurs mois que nous travaillions ensemble, Hendricks et moi. C’était un chouette garçon. Silencieux, tranquille, déterminé à apprendre. Il faisait un bon assistant. Le meilleur que j’avais eu, à vrai dire. Il savait comment me gérer. Après des mois en duo, il avait appris à me connaître. Je crois qu’il était conscient de mes problèmes, et qu’il savait quand me tenir compagnie et quand ne pas le faire.

Au départ, le manque de contact ne nous a pas embêtés. Nous avions l’habitude de passer plusieurs semaines ainsi. Les relais devaient avoir eu un empêchement. Après quelques semaines sans nouvelles, cependant, nous avons commencé à nous poser des questions. Nos réserves étaient limitées et nous ne pouvions rester là indéfiniment.

Quand nous avons atteint le village le plus proche, le raz-de-marée n’avait pas encore frappé le nord. Les cas se multipliaient, mais la situation n’était pas perdue. Malheureusement, quiconque est passé au travers sait que la panique des vivants a probablement été plus fatale à notre société que le nombre des morts. Les familles fuyaient. Tout le monde cherchait à se réfugier au loin, là où il n’y avait personne. Un imbécile a pris notre véhicule et nous nous sommes retrouvés à pied, Hendricks et moi.

Il nous a fallu un moment avant de comprendre ce qui arrivait réellement.À l’époque, personne ne comprenait vraiment ce qui se passait. Non que l’on comprenne aujourd’hui : c’est plutôt que, dans ces premières semaines de fin du monde, on réagissait plus que l’on agissait. Sans vraiment comprendre la portée de cette catastrophe, nous avons pris une stupide décision : rentrer chez nous.

Les dernières semaines de l’humanité telle que nous la connaissions se sont écoulées rapidement. Nous n’avions traversé que quelques villages quand nous avons dû nous rendre à l’évidence : la situation était perdue. Les villes commençaient à être de plus en plus dangereuses, alors nous nous sommes éloignés. Pendant quelques semaines, nous avons erré dans les bois, toujours plus loin vers le sud. L’hiver approchait et nous ne voulions pas être coincés par les neiges dans un endroit trop froid. Nous ne mangions pas énormément, mais nous mangions bien. En plus des conserves et vivres que nous dénichions parfois dans
les rares dépanneurs encore intacts, nous savions comment nous arranger en forêt. Nous pêchions et nous chassions en plus de profiter des plantes que la forêt nous offrait.

Hendricks n’a pas passé le premier hiver. En janvier, nous nous sommes aventurés dans une petite ville, où un rôdeur l’a mordu bêtement, dans un stationnement. Je n’ai pas pris la peine de l’enterrer, ni même de l’achever. Il ne représentait plus rien, qu’un corps froid qui se relèverait bientôt. Un de plus. Je me suis longtemps fasciné de ce détachement que j’avais éprouvé à le voir mourir. Ses cris résonnaient à mes oreilles tels des échos lointains. Il me suppliait de l’aider, il m’appelait en hurlant, mais j’ai continué de m’éloigner. Il était trop tard pour lui : inutile de risquer ma vie pour rien.

Sans la carabine qu’il portait, chasser c’est relevé bien plus difficile. Les semaines qui ont suivi sa mort, j’ai dû me contenter des maigres rations que je trouvais dans les villages abandonnés. Fruits en canne, compotes et nourriture pour chien m’alimentaient la majeure partie du temps. Quand j’étais chanceux, je parvenais à attraper un oiseau, mais mes repas de viande se faisaient rares. Heureusement, je n’ai pas eu à endurer cette privation bien longtemps. Moins d’un mois après sa mort, j’ai rencontré Douglas, Phil et Marie. Avec leur aide, j’ai poursuivi mon voyage vers le sud. Tout comme moi, ils voulaient atteindre une région chaude d’ici le prochain hiver. Avec un peu de chance, une fois à Vancouver, nous espérions trouver un bateau et mettre le cap sur les tropiques. Selon Phil, il serait plus aisé de survivre si nous trouvions une île quelque part.

Inutile de m’attarder sur leur sort. Ils n’étaient pas les premiers que je perdais dans cette histoire, et ils ne seraient pas les premiers. Je m’estime chanceux : leur présence m’a permis de passer à travers les derniers mois de l’hiver. Et, grâce à eux, j’ai pu atteindre Vancouver, au début de l’été. Bien sûr, la ville était perdue. Avec prudence, j’ai pu me glisser dans mon logement. Je n’étais cependant pas le premier à y passer. On avait retourné les meubles et les armoires avaient été vidées. Coup de chance, dans leur précipitation, les survivants qui étaient passés n’avaient pas fouillé toute ma chambre. J’ai pu récupérer quelques souvenirs de voyage plutôt pratique, dont ma machette brésilienne, qui trainait sous mes vieux vêtements.

J’allais quitter en direction du port quand quelqu’un est entré chez moi. Plutôt que de me risquer, je me suis caché dans le placard. Idée stupide, j’en suis conscient, mais peut-être est-ce ce qui m’a sauvé la vie. Elle s’appelait Sophie. Lorsqu’elle m’a découvert, elle a braqué sur moi un pistolet, prête à tirer. Apparemment, si je n’avais été installé aussi pathétiquement, elle aurait fait feu. En cas de surprises, les gens ont tendance à tirer d’abord. Quoi qu’il en soit, elle ne l’a pas fait et nous avons passé la nuit dans mon appartement, où nous avons pu nous installer hors de danger. Les jours suivants, nous avons décidé de renforcer la place. Après tout, mon logement était bien situé et nous pouvions le défendre aisément.

Sophie était policière. Peut-être pas la plus adroite avec une arme, mais elle savait se défendre. Ensemble, nous faisions une bonne équipe. Une routine s’est rapidement installée. Le matin, nous sortions en mission de ravitaillement. L’après-midi, nous travaillions sur notre logement. Nous améliorons les défenses du bloc, nous tentions d’assurer un meilleur approvisionnement d’eau. Puis, le soir, après notre maigre repas et une partie de cartes, nous dormions sans crainte. La première fois où nous avons fait l’amour, tout s’est passé rapidement. Après tout ce que nous avions vécu, nous en avions besoin. Les nuits suivantes, cependant, nous devenions de plus en plus intimes et sincères. Cependant, malgré nos rapprochements, je me refusais à voir en elle davantage qu’une partenaire.

Au cœur de l’été, je lui ai parlé de mes projets de quitter le Canada. Mon plan se tenait, elle a accepté de se lancer à l’aventure, peut-être par confiance, peut-être par amour. Nous avons exploré les quais à la recherche d’un bateau. J’ignorais encore à quel point les gens pouvaient être dangereux. Sophie et moi avons été capturés par trois hommes. J’ignore quels étaient leurs plans pour nous, mais ils ont commencé violemment. J’ai profité du fait qu’ils se la partageaient pour me libérer de mes liens. J’aurais pu partir et l’abandonner à son sort, mais je ne l’ai pas fait. Loyauté ou orgueil, je ne saurais dire, mais j’ai empoigné la première chose qui est passée à ma portée : une chaise.

Je l’ai abattue sur le dos de l’un d’eux. Le reste est flou. Je me souviens avoir reçu quelques coups de poing, mais je ne me rappelle pas la douleur. Dans ma furie, j’ai frappé ces hommes encore et encore, autant de mon arme que de mes pieds. Quand tout s’est terminé, il était trop tard pour Sophie, mais j’étais libre. Je venais de tuer trois hommes et j’étais vivant. J’ai laissé les corps derrière et je suis retourné à mon vieil appartement, d’où je ne suis pas sorti pendant une semaine. Quand j’ai finalement remis les pieds dehors, je n’ai jamais voulu retourner au port. J’ignorais s’il y avait d’autres hommes comme ceux qui nous avaient agressés et je ne tenais pas à le savoir. Je me suis tenu loin des quais et loin des rares gens que je croisais.

Près d’un an après mon départ du nord avec Hendricks, j’ai réalisé que l’hiver revenait. J’étais bien installé à Vancouver, mais je ne tenais pas à y affronter la saison froide. J’ai plié bagage et dit adieu à mon ancien logement. De nouveau sur la route, j’ai mis le cap vers le sud. Une fois de plus, je me nourrissais de ce que je trouvais sur mon passage. Sur mon chemin, j’ai croisé des rôdeurs par centaine. Je tente usuellement de les éviter mais, lorsque nécessaire, je sais me débrouiller. Il en va autrement avec les vivants. Je les évite davantage, ils sont dangereux. Parfois, il m’arrive de voyager avec l’un d’entre eux, mais notre route n’est généralement pas bien longue.

Les gens meurent, de nos jours. J’ai perdu le compte de ceux qui sont tombés depuis mon départ. Hendricks. Douglas. Phil. Marie. Sophie. Dave. Ian. Ellie. Le blond. Thomas, ou Tommy ? Ensuite il y a eu les cinq latinos, avec qui j’ai fêté Noël, dans une bibliothèque. Je ne suis pas resté longtemps avec eux, ils prenaient tout à la blague et je savais qu’ils ne tarderaient pas à attirer des ennuis. Ils sont probablement morts, à l’heure qu’il est. Ils voulaient aller au nord. Le froid, ça ralenti les morts, disaient-ils. J’en conviens, mais il ne facilite pas les choses pour nous non plus.

Après une série de rencontres écourtées, je suis tombé sur Dennis, il y a deux semaines. C’était un grand type baraqué avec une coupe à la militaire, même si je savais pertinemment qu’il n’avait jamais servi de sa vie. J’étais à mi-chemin entre Seattle et Portland, à ce moment. Dennis arrivait de San Diego. Selon lui, j’étais fou de vouloir m’y rendre. Apparemment, dans le sud, la situation est plus critique. J’ai donc abandonné mes projets de descendre davantage, et nous avons erré dans les forêts des environs. Sans être particulièrement brillant, Dennis faisait un bon compagnon de route. Il était meilleur chasseur que moi et nous partagions des repas de lièvre presque chaque jour, en plus de la biche que nous avions tuée au lendemain de notre rencontre.

En suivant Dennis, je suis retourné envers Seattle. C’est là que nos chemins se sont séparés. C’est arrivé pendant que nous inspections un motel, en quête d’un abri pour la nuit. En ouvrant une salle, nous avons libéré des dizaines de rôdeurs enfermés là. Trop pour que l’on puisse s’en débarrasser. Nous avons pris la fuite et, dans la cohue, nous nous sommes séparés. J’ignore ce qu’il est advenu de lui. Les jours suivants, j’ai tenté de le retrouver, sans succès. Je ne m’en afflige pas outre mesure. S’il n’est pas mort, il n’aurait tardé avant de l’être. C’est ce que font les gens, de nos jours, après tout.

Je poursuis donc mon errance, seul à nouveau. Peut-être trouverai-je de nouveaux compagnons, peut-être que non. Puisque ni le sud ni le nord ne m’appellent, je me contente d’aller là où la nourriture est. Pour l’instant, Seattle me convient. Il reste de quoi manger et mon refuge est suffisamment chaud pour moi, en plus d’être bien caché. Je passe mes journées à fouiller la région à la recherche de nourriture et de matériel, ou simplement pour passer le temps. J’ai trouvé un violon mais je n’ose y toucher, de peur d’attirer les rôdeurs.

Le monde est tombé. Tous les gens que j’ai connus sont probablement morts et mon passé n’a plus d’importance. Il me hante toujours. Il le fera probablement jusqu’à mon dernier souffle, qui pourrait tout aussi bien être demain. Pourtant, je me sens léger. Malgré tout ce qui a pu se passer, malgré le fait que l’humanité fait face à sa propre extinction, je me sens libre. Parce que même si Aiko, mes parents et ma jeunesse me pèsent sur les épaules, je sais qu’ils appartiennent à un monde révolu. Je serai probablement mort avant longtemps, mais d’ici là, je compte profiter de cette liberté qui m’est donnée et trouver la paix.


time to meet the devil
≡ pseudo › R.
≡ âge › 23 ans.

≡ comment as-tu découvert le forum ? › Top.
≡ et tu le trouves comment ? › Actif, hâte de voir comment sont les gens.
≡ présence › Fréquente à moins de surplus de travail.

≡ code du règlement › Ok - Jay
≡ crédit › RFT / Giphy.
fiche (c) blue walrus.
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Re: Mémoires d'un voyageur {Done}

Sam 11 Fév 2017 - 21:27

Bienvenue voyageur ! Bon courage pour la création de ta fiche et bonne chance pour la suite ! Parait qu'il y a des mangeurs d'hommes un peu partout dans les rues Surprised
Bref, hâte de lire ta fiche Smile (j'aime bien les biologistes héhé)
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Re: Mémoires d'un voyageur {Done}

Sam 11 Fév 2017 - 21:39

Bienvenue à toi Smile
J'ai hâte d'en voir un peu plus en tout cas j'aime bien l'avatar que tu as choisi même si tu as pas mis encore de vava ^^

(C'est un lupus... ou pas xD)
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Re: Mémoires d'un voyageur {Done}

Dim 12 Fév 2017 - 1:27



bienvenue sur le forum !

Te voilà fraîchement inscrit sur The Walking Dead RPG ! Après avoir lu consciencieusement le règlement du forum, voilà quelques petites choses à retenir pour tes débuts parmi nous :

1 – Le délai pour finir ta fiche est de 10 jours. Un délai supplémentaire peut être accordé par un Administrateur.

2 – Si tu as oublié de le faire avant de t'inscrire, jette un petit coup d’œil aux bottins des noms, des prénoms, des métiers et des avatars.

3 – Lors du choix de ton avatar, il est important de bien respecter ces deux points du règlement : Les images choisies doivent être cohérentes avec le contexte, et l'âge de ton personnage avec l'aspect physique de ta célébrité.

4 – Afin d'éviter les RP répétitifs d'intégration dans un camp, nous te conseillons d'intégrer ton personnage à un groupe dès son histoire ! Si tu choisis d'intégrer le groupe des solitaires, il te faudra conserver ce statut durant 1 mois minimum avant de pouvoir t'installer dans l'un des groupes sédentaires.

5 – Si ton histoire comporte des personnages que tu souhaiterais proposer en Scénario, sache qu'il faudra également patienter 1 mois et être actif en zone RP.

6 – Une fois ta fiche terminée, signale le dans ce sujet AVERTIR ▬ FICHE TERMINÉE.

Bonne rédaction !
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Re: Mémoires d'un voyageur {Done}

Dim 12 Fév 2017 - 2:21

Hé Wilson.

Bienvenue parmi nous.
Bon courage pour ta fiche.
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Re: Mémoires d'un voyageur {Done}

Dim 12 Fév 2017 - 8:21

Bienvenue à toi ! Mémoires d'un voyageur {Done} 2736068674
bon courage pour ta fiche : )
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Re: Mémoires d'un voyageur {Done}

Dim 12 Fév 2017 - 10:02

Salut et bienvenue Smile
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Re: Mémoires d'un voyageur {Done}

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