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Must be something in this room
Dim 12 Fév 2017 - 19:12
Les jours se suivaient et se ressemblaient. Clive oscillait entre une humeur assez guillerette quand il croisait ses compagnons survivants dans l’enceinte du lycée et profond désespoir quand il repensait à la date qui approchait. Et ce n’était pas son anniversaire qui l’avait plongé dans une nouvelle vague de tristesse, c’était l’anniversaire de ce jour fatidique où Garfield Highschool avait pris sa liberté par les armes, ce jour fatidique où Alisa avait péri des mains d’un groupe de militaires qui n’avaient plus rien à perdre. C’était une chance qu’il y ait dans ce camp de réfugiés des personnes dignes de son intérêt et de son affection, car sinon il aurait sans doute franchi les lignes pour aller mourir dans un coin. Encore aujourd’hui c’était ce qui l’empêchait d’en finir. Sa sensibilité à fleur de peau n’aidait pas à passer des journées agréables et pleines de joie, mais l’ancien bibliothécaire essayait. Tantôt il aidait à la sécurité du camp, tantôt il trainait dans la bibliothèque du lycée. Elle avait souffert comme un peu toutes les pièces mais il y trouvait toujours une certaine quiétude, il s’y sentait apaisé. Ce jour-là, il avait passé une petite heure assis dans un coin de la bibliothèque, entre le rayon des livres d’histoire et le rayons sciences, feuilletant sa version française des Fleurs du mal.
Après une heure à lire et relire les mêmes vers, Clive avait décidé de quitter la bibliothèque pour rejoindre un peu la populace. Il jouait avec l’anneau qui était passé à sa chaine dans le couloir, jetant des coups d’œil à l’intérieur des classes. Son cœur se serra devant l’une des salles où Alisa lui avait raconté avoir donné son premier cours. Elle était si heureuse à ce moment-là, si souriante, fière et pleine d’enthousiasme à propos de son métier et de leur futur. Il s’arrêta devant la salle en question, la porte était ouverte et sans trop réfléchir il passa la tête à l’intérieur pour finalement s’avancer dans la pièce. Il ne remarqua qu’au dernier moment la jeune femme installée là, mais il remarqua bien plus rapidement qu’elle était en train d’écrire. Elle ne l’avait peut-être pas vu ou entendu, à vrai dire Clive n’y prêta pas plus attention que cela, comme captivé par ce qu’il voyait. Ecrire, lire, ces choses paraissaient si triviales dans un monde où la survie était tout ce qui comptait.
Ne réalisant pas du tout qu’il pouvait avoir l’air d’un individu parfaitement dérangé, Clive resta quelques instants à observer la jeune femme. Il la connaissait vaguement, il avait au moins retenu son prénom mais elle avait tous les droits de le prendre pour un type bizarre. D’ailleurs on l’avait souvent pris pour un type bizarre, capable de passer une journée entière sans adresser la parole à personne pour relire un livre qu’il connaissait par cœur. Ce n’est qu’au bout de quelques secondes lorsqu’il s’avança davantage dans la pièce qu’il se décida à dire quelque chose. « Le prochain Pulitzer est certainement pour vous. » Clive afficha un petit sourire timide, il ne connaissait pas vraiment Lysbeth, le fait que son frère semble la couver comme une véritable mère poule n’avait sans doute pas aidé. « Clive, enchanté, nous avons rapidement été présenté » ajouta-t-il en luttant contre son côté réservé. C’était toujours comme ça, dès qu’il croisait quelqu’un qui écrivait, qui lisait, il se sentait pousser des ailes. Il tendit sa main vers Lysbeth pour la saluer mais ramena rapidement sa main à lui, passant nerveusement ses doigts dans sa barbe sans se départir de son sourire. Saluer quelqu’un en premier c’était déjà énorme pour lui, il ne savait pas vraiment ce qui lui avait pris de lui tendre la main ainsi. C’était sans doute la faute à cette salle remplie d’une sorte d’énergie mystique, celle de sa défunte fiancée qui le poussait à aller de l’avant et ne pas rester renfermé sur lui-même. Surtout à l’approche de ce terrible anniversaire.
Après une heure à lire et relire les mêmes vers, Clive avait décidé de quitter la bibliothèque pour rejoindre un peu la populace. Il jouait avec l’anneau qui était passé à sa chaine dans le couloir, jetant des coups d’œil à l’intérieur des classes. Son cœur se serra devant l’une des salles où Alisa lui avait raconté avoir donné son premier cours. Elle était si heureuse à ce moment-là, si souriante, fière et pleine d’enthousiasme à propos de son métier et de leur futur. Il s’arrêta devant la salle en question, la porte était ouverte et sans trop réfléchir il passa la tête à l’intérieur pour finalement s’avancer dans la pièce. Il ne remarqua qu’au dernier moment la jeune femme installée là, mais il remarqua bien plus rapidement qu’elle était en train d’écrire. Elle ne l’avait peut-être pas vu ou entendu, à vrai dire Clive n’y prêta pas plus attention que cela, comme captivé par ce qu’il voyait. Ecrire, lire, ces choses paraissaient si triviales dans un monde où la survie était tout ce qui comptait.
Ne réalisant pas du tout qu’il pouvait avoir l’air d’un individu parfaitement dérangé, Clive resta quelques instants à observer la jeune femme. Il la connaissait vaguement, il avait au moins retenu son prénom mais elle avait tous les droits de le prendre pour un type bizarre. D’ailleurs on l’avait souvent pris pour un type bizarre, capable de passer une journée entière sans adresser la parole à personne pour relire un livre qu’il connaissait par cœur. Ce n’est qu’au bout de quelques secondes lorsqu’il s’avança davantage dans la pièce qu’il se décida à dire quelque chose. « Le prochain Pulitzer est certainement pour vous. » Clive afficha un petit sourire timide, il ne connaissait pas vraiment Lysbeth, le fait que son frère semble la couver comme une véritable mère poule n’avait sans doute pas aidé. « Clive, enchanté, nous avons rapidement été présenté » ajouta-t-il en luttant contre son côté réservé. C’était toujours comme ça, dès qu’il croisait quelqu’un qui écrivait, qui lisait, il se sentait pousser des ailes. Il tendit sa main vers Lysbeth pour la saluer mais ramena rapidement sa main à lui, passant nerveusement ses doigts dans sa barbe sans se départir de son sourire. Saluer quelqu’un en premier c’était déjà énorme pour lui, il ne savait pas vraiment ce qui lui avait pris de lui tendre la main ainsi. C’était sans doute la faute à cette salle remplie d’une sorte d’énergie mystique, celle de sa défunte fiancée qui le poussait à aller de l’avant et ne pas rester renfermé sur lui-même. Surtout à l’approche de ce terrible anniversaire.
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Re: Must be something in this room
Lun 13 Fév 2017 - 4:17
Dans cette pièce à peine éclairée par la lumière de sa bougie, elle regardait son propre reflet dans son miroir. Les ombres autour d'elle dansaient dans un silence parfait, dans le calme estival de cette nuit de Juillet. Ses yeux luisaient comme ceux d'une déesse grâce à la flamme qui trônait en haut de la cire. De quelques gestes calmes et maîtrisés, elle donnait naissance à une coiffure sublime, des plus élaborées, faite de tresses et de nattes. Ses lèvres étaient teintes d'un rouge qui pourtant était hors de prix pour elle, tout comme le parfum qui se dégageait maintenant de sa nuque. Oh l'argent n'avait plus aucune valeur à ses yeux car si elle se faisait si désirable, c'était pour lui. La pleine lune observait la nuit comme un oeil unique, et entourée de ses étoiles, elle annonçait que l'heure était enfin venue. Ainsi, une silhouette se dessina dans les ombres ambiante. Le sourire de la jeune femme se définissait au rythme des formes qui s'assemblaient près d'elle, pour enfin devenir celui qu'elle attendait. Leurs yeux se croisèrent enfin, pour la première fois depuis trois longues années...
Lysbeth posa son crayon un instant, fermant les yeux pour se laisser porter par son imagination. Elle se voyait être cette jeune femme amoureuse, jouissant enfin du retour de son cher et tendre. Il fallait qu'elle ressente l'émotion pour que de son crayon naissent des mots assez forts et justes pour définir cette scène. Ce n'était pas chose aisée d'écrire de si belles choses en une époque où ne règnait que la mort, le froid et l'apocalypse, mais Lysbeth voulait y parvenir. Elle voulait s'enfuir de cette ambiance obscure, sans nom, ne serait-ce que pour une après-midi, ou un soir encore. Ne plus être cette fille perdue quelque part entre la peur et la faim, mais cette amante qu'elle rêvait d'être dans les lignes qu'elle écrivait.
"
Elle pensa fort à ce mystérieux personnage qui prenait forme à partir des ombres. Evidemment il était beau, cheveux longs de jais et yeux d'un bleu perçant. Un visage angélique sous une douce barbe, et une légère cicatrice à l'oeil droit. Des vêtements de noblesses et une voix grave.. si grave..
"
Elle reprit son crayon entre les doigts et se mordit les lèvres en un léger sourire gêné. Son monde imaginaire était bien le seul endroit où elle s'autorisait de telles émotions aujourd'hui. L'amour, l'envie, l'attirance, tout cela n'avait plus aucune importance dans la réalité en ruine. Elle s'était fermée, car après tout elle n'y croyait plus. Elle n'y croyait simplement plus depuis Irvine, ses fautes, sa main si lourde.
"
Elle fronça les sourcils, chassant son ex de son esprit. Elle l'avait tant aimé, tant haït ensuite, et elle se réconfortait dans l'idée qu'il était sûrement mort désormais.
Mais bon, tout cela ne faisait pas avancer son histoire. Elle cherchait les mots que ses deux personnages allaient s'échanger. Que pouvaient bien se dire un être éthéré et son amante de chair et de sang lorsqu'ils se retrouvaient pour une seule et unique nuit ? Concentrée au possible, elle reposa la pointe de son crayon sur la feuille et se mit à écrire.
"Le prochain Pulitzer est certainement pour vous."
"
Elle releva les yeux pour voir un homme dans sa classe. un HOMME. Dans SA CLASSE. Pendant qu'elle était en train d'écrire. S'il l'avait surprise en petite tenue dans son lit ou pire encore, sous la douche, elle n'aurait pas été aussi gênée. L'homme, aussi indélicat qu'un lendemain de soirée cassoulet dans la famille porcelet, venait de pénétrer dans SON univers, SON monde, alors qu'elle écrivait. Sans réellement être capable de pouvoir l'expliquer, elle voulait que son activité reste secrète. Nul ne devait savoir que Lysbeth Carrie Wyathan passait du temps à écrire. Mis à part Alvin et Lena, évidemment.
"
Elle était dans toutes ses émotions face à lui. Pourtant il n'avait rien fait de mal. Que pouvait-elle lui reprocher ? Il avait été poli et courtois envers elle, lui tendant même une main qu'elle regardait comme s'il s'agissait du trident du diable. En aucun cas elle n'allait la saisir ! Aucun cas ! C'était mort ! Surtout avec ce qu'elle était en train d'écrire !! Oh diable. Il se prenait pour un fantôme d'ombre à apparaître comme ça, sans prévenir ?
"
Il venait d'effleurer son intimité comme peu d'hommes l'avaient fait jusque là. S'il lui avait volé un baiser sans rien dire d'autre, alors qu'elle se baladait tranquillement dans la cour du lycée, elle n'en aurait pas été aussi .. sonore. Clive venait de déchirer le voile qui séparait son monde de celui qui, à son plus grand désespoir, était bien réel.
Elle était troublée en vérité, car cet homme qu'elle ne connaissait que peu avait déjà, parfois, suscité son intérêt. Elle mentirait si elle disait qu'elle n'avait jamais pensé à lui, à la personne qu'il pouvait être, et espéré qu'il vienne à elle pour engager la conversation. Rien de plus évidemment. Car Lysbeth n'allait pas s'ouvrir aussi facilement.
"
Ses excuses étaient sincères, car même si elle lui en voulait réellement de s'être ainsi introduit dans son texte, allant jusqu'à lui faire écrire n'importe quoi sous la surprise, elle était consciente que sa réaction n'était pas très convenable. Elle était juste fidèle à elle-même, suivant ses émotions pour les exprimer de la façon la plus pure qu'il soit. Clive et sa présence la troublaient tellement qu'elle en perdait son calme. Parler lui devenait difficile et elle devait se concentrer pour ne pas bafouiller comme une idiote, jusqu'à être obligée de s'exprimer avec son petit tableau.
"
Elle prit soin de fermer son cahier avant de se relever. Personne, et certainement pas lui, ne devait lire ce qui était écrit sur cette page. Et encore moins vu ce dont l'histoire traitait.
Elle fit quelques pas en sa direction, pour finalement lui adresser un sourire un peu forcé.
"
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Re: Must be something in this room
Lun 13 Fév 2017 - 8:35
Une furie, Clive avait lancé une furie. La douce et délicate Lysbeth qui était quelques instants plus tôt penchée sur son cahier se montrait soudain plutôt contrariée, pourquoi était-il là ? Se passait-il quelque chose ? Les mots s’enchainaient, comme dans le plus parfait des romans, mais c’était un roman d’horreur et à mesure qu’elle parlait Clive commençait à perdre son sourire. « N-non ce n’est certainement pas un moulin » répondit-il en baissant légèrement la tête et en jouant encore plus nerveusement avec sa barbe. Pourtant il le savait, on ne dérangeait pas une personne qui lisait ou qui écrivait. Une personne qui était sans doute comme lui à la recherche d’une alternative à ce monde en ruines. Finalement la tempête se calma, Lysbeth reprit plus calmement ses paroles, s’excusant et expliquant la raison de son trouble. « Quel idiot je fais … » soupira-t-il, prêt à rebrousser chemin mais la brune décida de compléter sa présentation comme il l’avait fait plus tôt. Aussitôt le visage du bibliothécaire s’illumina à nouveau.
Quand comme lui on était une personne avec beaucoup de difficultés à s’adresser aux autres, se faire remballer était la pire chose qui puisse arriver. Il avait déjà passé des journées entières à ne parler à personne quand il était à l’université parce que le premier clampin à qui il avait eu le courage de dire bonjour l’avait ignoré. « Il n’y a pas de mal Lysbeth » souffla-t-il avec un sourire qui cherchait à expliquer sans mot qu’il n’était pas vexé. Certes, il ne s’était pas attendu à une telle réaction mais Clive comprenait que son intrusion ait pu la surprendre. Elle se leva et s’approcha avec un sourire, la toisant d’une bonne vingtaine de centimètres Clive répondit à ce sourire. Il avait envie de fuir, c’était le moment le plus compliqué après avoir réussi à entamer la discussion. Que devait-il dire, que devait-il faire ? Alisa était si douée pour aller vers les gens, comment faisait-elle ? Sa défunte fiancée était un mystère pour lui, un délicieux mystère qu’il avait tenté de comprendre au cours des années passées à ses côtés mais qui ne lui avait malheureusement pas révélé tous ses secrets. Que ferait Dave à sa place ? Clive secoua la tête, il ne pouvait pas adopter l’attitude de son balourd de frère.
« Je passais par-là, répondit-il alors comme si cela justifiait qu’il l’ait interrompue dans son écriture, J’étais … à la bibliothèque pour lire un livre … Cette salle a une signification particulière, je crois. Et je vous ai vu écrire … » Sa main gauche glissa dans sa poche où il avait rangé son livre petit format, cherchant à se rassurer, alors que sa main droite quittait sa barbe pour se poser dans sa nuque, Clive tentant de masquer son appréhension. Il avait le regard fuyant même s’il tentait toujours de sourire. « Vous écrivez, je lis … Ces deux choses paraissent tellement futiles dans ce triste monde, j’y ai vu une lueur d’espoir pour le salut de l’humanité. » Le grand dadais qu’il paraissait être esquissa un nouveau sourire, plus sincère cette fois, moins empreint du besoin de paraître normal. Il avait vraiment pensé cela en la voyant écrire. Nerveusement, il sortit son petit volume en français, toujours marqué à la même page. « L’invitation au voyage, je passe des heures à le lire pour … voyager. Je suis confus d’avoir interrompu votre quiétude, je n’ai simplement pas pu m’empêcher de rester » confessa-t-il un peu honteux. Lorsqu’il travaillait encore à la bibliothèque, avant que tout ce monde ne parte de travers, Clive pouvait perdre un temps fou à observer les lecteurs et les écrivains en herbe ou confirmés qui prenaient place sur les tables faiblement éclairées. Lui son imaginaire se bornait à ce qu’il lisait, son esprit mettait en relief tout ce que les mots lui renvoyaient, mais d’autres étaient capables d’imaginer ce relief et de le coucher sur le papier pour le faire partager à d’autres.
« Est-ce que … est-ce que cela vous dérangerez que je reste ici pour lire ? » Et pour l’observer écrire, c’était son côté bizarre, mais Clive ne pouvait décemment pas lui demander de rester pour juste l’observer, Lysbeth le prendrait pour un fou. D’ailleurs il l’était peut-être fou, car ce monde avait de quoi faire perdre la raison. Il était également curieux de savoir ce qu’elle pouvait écrire, mais connaître l’imaginaire d’une personne était pour lui quelque chose de très intime, ce n’était pas juste savoir comment cette personne voulait aménager son futur loft, non il s’agissait d’un imaginaire plus poussé, bien plus personnel. L’on écrivait pour raconter sa vie jour après jour ou pour s’imaginer une autre vie, dans les deux cas Clive savait pertinemment que c’était quelque chose de très intime et c’était sans doute pour cela que Lysbet avait réagi de la sorte. Son regard s’éclaira légèrement et son visage se fendit d’une moue amusée. « A moins que vous ne soyez en train de comploter pour faire chuter ce camp. » Il se sentit idiot après avoir prononcé cette blague, surtout en repensant à la triste période qui s’annonçait, mais il n’avait pas pu s’en empêcher, cherchant à détendre peut-être l’atmosphère dans la pièce.
Quand comme lui on était une personne avec beaucoup de difficultés à s’adresser aux autres, se faire remballer était la pire chose qui puisse arriver. Il avait déjà passé des journées entières à ne parler à personne quand il était à l’université parce que le premier clampin à qui il avait eu le courage de dire bonjour l’avait ignoré. « Il n’y a pas de mal Lysbeth » souffla-t-il avec un sourire qui cherchait à expliquer sans mot qu’il n’était pas vexé. Certes, il ne s’était pas attendu à une telle réaction mais Clive comprenait que son intrusion ait pu la surprendre. Elle se leva et s’approcha avec un sourire, la toisant d’une bonne vingtaine de centimètres Clive répondit à ce sourire. Il avait envie de fuir, c’était le moment le plus compliqué après avoir réussi à entamer la discussion. Que devait-il dire, que devait-il faire ? Alisa était si douée pour aller vers les gens, comment faisait-elle ? Sa défunte fiancée était un mystère pour lui, un délicieux mystère qu’il avait tenté de comprendre au cours des années passées à ses côtés mais qui ne lui avait malheureusement pas révélé tous ses secrets. Que ferait Dave à sa place ? Clive secoua la tête, il ne pouvait pas adopter l’attitude de son balourd de frère.
« Je passais par-là, répondit-il alors comme si cela justifiait qu’il l’ait interrompue dans son écriture, J’étais … à la bibliothèque pour lire un livre … Cette salle a une signification particulière, je crois. Et je vous ai vu écrire … » Sa main gauche glissa dans sa poche où il avait rangé son livre petit format, cherchant à se rassurer, alors que sa main droite quittait sa barbe pour se poser dans sa nuque, Clive tentant de masquer son appréhension. Il avait le regard fuyant même s’il tentait toujours de sourire. « Vous écrivez, je lis … Ces deux choses paraissent tellement futiles dans ce triste monde, j’y ai vu une lueur d’espoir pour le salut de l’humanité. » Le grand dadais qu’il paraissait être esquissa un nouveau sourire, plus sincère cette fois, moins empreint du besoin de paraître normal. Il avait vraiment pensé cela en la voyant écrire. Nerveusement, il sortit son petit volume en français, toujours marqué à la même page. « L’invitation au voyage, je passe des heures à le lire pour … voyager. Je suis confus d’avoir interrompu votre quiétude, je n’ai simplement pas pu m’empêcher de rester » confessa-t-il un peu honteux. Lorsqu’il travaillait encore à la bibliothèque, avant que tout ce monde ne parte de travers, Clive pouvait perdre un temps fou à observer les lecteurs et les écrivains en herbe ou confirmés qui prenaient place sur les tables faiblement éclairées. Lui son imaginaire se bornait à ce qu’il lisait, son esprit mettait en relief tout ce que les mots lui renvoyaient, mais d’autres étaient capables d’imaginer ce relief et de le coucher sur le papier pour le faire partager à d’autres.
« Est-ce que … est-ce que cela vous dérangerez que je reste ici pour lire ? » Et pour l’observer écrire, c’était son côté bizarre, mais Clive ne pouvait décemment pas lui demander de rester pour juste l’observer, Lysbeth le prendrait pour un fou. D’ailleurs il l’était peut-être fou, car ce monde avait de quoi faire perdre la raison. Il était également curieux de savoir ce qu’elle pouvait écrire, mais connaître l’imaginaire d’une personne était pour lui quelque chose de très intime, ce n’était pas juste savoir comment cette personne voulait aménager son futur loft, non il s’agissait d’un imaginaire plus poussé, bien plus personnel. L’on écrivait pour raconter sa vie jour après jour ou pour s’imaginer une autre vie, dans les deux cas Clive savait pertinemment que c’était quelque chose de très intime et c’était sans doute pour cela que Lysbet avait réagi de la sorte. Son regard s’éclaira légèrement et son visage se fendit d’une moue amusée. « A moins que vous ne soyez en train de comploter pour faire chuter ce camp. » Il se sentit idiot après avoir prononcé cette blague, surtout en repensant à la triste période qui s’annonçait, mais il n’avait pas pu s’en empêcher, cherchant à détendre peut-être l’atmosphère dans la pièce.
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Re: Must be something in this room
Mar 14 Mar 2017 - 17:50
Toujours un peu honteuse de s'être emportée de la sorte, Lysbeth tentait tant bien que mal de se racheter. Certes Clive n'avait pas été très délicat en entrant dans ce qu'elle considérait comme son empire, son intimité et son vaisseau à voyager dans l'imaginaire, mais il était visiblement bien conscient que ce n'était tout de même pas un moulin. Et c'était le principal.
Elle l'écoutait donc présenter des excuses et justifier sa présence. Et ses explications étaient assez logiques. A croire que les bouquins attiraient les bouquineurs comme le miel attirait les abeilles. A cette pensée, elle jeta un coup d'oeil pour vérifier, même si elle le savait déjà, que son cahier était bel et bien fermé.
"Euh.. Clive.. Je suis désolée mais vo..vous ne pouvez pas lire ce que j'écris.. vous comprenez j'espère ? "
Le bel homme ne lui avait pas adressé directement la demande, mais elle savait lire entre les lignes, surtout quand c'était écrit en caractères bien gras. " Vous écrivez et je lis ". Ces mots résonnaient en elle et la secouaient comme si elle était vraiment sur le point d'être percée à jour. Elle avait l'impression d'être sur le point d'être découverte et sondée au plus profond d'elle, de son âme, de ses rêves, et de toutes ces choses qu'elle écrivait car elle n'osait les dire. S'il venait à se saisir de son cahier, elle aurait sûrement l'impression d'être violée. Et elle ne se rendait pas compte que cette peur d'être lue était totalement irrationnelle. Plus encore que sa phobie des rôdeurs.. même si, tant qu'à faire, elle aurait lancé tout ses écrits à la tête de Clive en dansant la samba si cela pouvait l'empêcher de se retrouver face à un rôdeur. Brrr..
Finalement, il lui demanda de rester pour lire. Sûrement ce bouquin en français qu'il venait de lui présenter d'ailleurs. Elle fronça les sourcils, car même si elle se voulait désormais conciliante et avenante, Clive était quand même en train de s'étaler sur son univers comme s'il avait été un surfeur sans gêne venu squatter son parasol. Avec un sourire colgate certes ravageur, mais en laissant un rêve bien ravagé. Bref, elle n'était pas vraiment ravie.
"Euh.. "
Elle détourna le regard en jouant de ses lèvres pour mimer toutes les moues de la réflexion et du désaccord. Oui, elle réfléchissait réellement à sa proposition, elle n'allait pas lui balancer un " non " viscéral et à peine mâché après tout, elle en avait fait bien assez. Elle soupira un instant et planta son regard au plus profond du sien en plissant légèrement les yeux.
"Mais.. vous voulez vraiment lire ici ? Pourquoi.. pourquoi pas ailleurs ? "
Et malgré ses tentatives, ses mots restaient tout de même un peu acérés. Des rasoirs sortaient de sa bouche quand elle parlait, car elle avait bien envie de raser cette magnifique barbe juste pour le punir de s'être ainsi imposé à elle. Puis elle releva son trait d'humour auquel elle n'avait pas réellement prêté attention jusque là. Comploter ? Mais.. la dernière fois qu'elle avait comploté, c'était pour voir Megan mourir, puis se faire tirer dessus, tailler la cuisse, tuer des militaires enragés et voir Ian se péter la jambe en tombant tout seul, ce con. Alors non, elle n'avait FRANCHEMENT pas envie de comploter, surtout qu'elle avait assez confiance en Jaden. Après tout il avait épousé Maxine, et sans Maxine, Lysbeth serait morte. Logique.
" Mais.. je.. non !! Pourquoi je comploterais .. je.. je.. je ne f..f..fais rien de ça ! "
Décidément, l'autre bibliothécaire du coin la mettait vraiment dans tout ses états. Et ça ne lui plaisait pas. Mais après avoir soupiré encore une fois, décidé de ranger son cahier dans un coin et de se montrer supportable pour au moins une heure, elle agita la tête.
".. Bon d'accord.. vous pouvez rester. J'écrirai plus tard. "
Elle plissa les yeux et força un sourire. Elle n'était pas vraiment enchantée, mais elle faisait des efforts. Et ça c'était déjà quelque chose.
" Vous disiez que cette salle avait une.. signification particulière ? C'est.. à dire ? "
Haussant un sourcil, elle revint sur cette déclaration, bien décidée à savoir de quoi il parlait. Sans se douter qu'à son tour, elle allait peut-être piétiner bien joyeusement l'intimité de Clive. Au sens figuré évidemment, elle n'avait pas encore l'envie de le torturer..
Elle l'écoutait donc présenter des excuses et justifier sa présence. Et ses explications étaient assez logiques. A croire que les bouquins attiraient les bouquineurs comme le miel attirait les abeilles. A cette pensée, elle jeta un coup d'oeil pour vérifier, même si elle le savait déjà, que son cahier était bel et bien fermé.
"
Le bel homme ne lui avait pas adressé directement la demande, mais elle savait lire entre les lignes, surtout quand c'était écrit en caractères bien gras. " Vous écrivez et je lis ". Ces mots résonnaient en elle et la secouaient comme si elle était vraiment sur le point d'être percée à jour. Elle avait l'impression d'être sur le point d'être découverte et sondée au plus profond d'elle, de son âme, de ses rêves, et de toutes ces choses qu'elle écrivait car elle n'osait les dire. S'il venait à se saisir de son cahier, elle aurait sûrement l'impression d'être violée. Et elle ne se rendait pas compte que cette peur d'être lue était totalement irrationnelle. Plus encore que sa phobie des rôdeurs.. même si, tant qu'à faire, elle aurait lancé tout ses écrits à la tête de Clive en dansant la samba si cela pouvait l'empêcher de se retrouver face à un rôdeur. Brrr..
Finalement, il lui demanda de rester pour lire. Sûrement ce bouquin en français qu'il venait de lui présenter d'ailleurs. Elle fronça les sourcils, car même si elle se voulait désormais conciliante et avenante, Clive était quand même en train de s'étaler sur son univers comme s'il avait été un surfeur sans gêne venu squatter son parasol. Avec un sourire colgate certes ravageur, mais en laissant un rêve bien ravagé. Bref, elle n'était pas vraiment ravie.
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Elle détourna le regard en jouant de ses lèvres pour mimer toutes les moues de la réflexion et du désaccord. Oui, elle réfléchissait réellement à sa proposition, elle n'allait pas lui balancer un " non " viscéral et à peine mâché après tout, elle en avait fait bien assez. Elle soupira un instant et planta son regard au plus profond du sien en plissant légèrement les yeux.
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Et malgré ses tentatives, ses mots restaient tout de même un peu acérés. Des rasoirs sortaient de sa bouche quand elle parlait, car elle avait bien envie de raser cette magnifique barbe juste pour le punir de s'être ainsi imposé à elle. Puis elle releva son trait d'humour auquel elle n'avait pas réellement prêté attention jusque là. Comploter ? Mais.. la dernière fois qu'elle avait comploté, c'était pour voir Megan mourir, puis se faire tirer dessus, tailler la cuisse, tuer des militaires enragés et voir Ian se péter la jambe en tombant tout seul, ce con. Alors non, elle n'avait FRANCHEMENT pas envie de comploter, surtout qu'elle avait assez confiance en Jaden. Après tout il avait épousé Maxine, et sans Maxine, Lysbeth serait morte. Logique.
"
Décidément, l'autre bibliothécaire du coin la mettait vraiment dans tout ses états. Et ça ne lui plaisait pas. Mais après avoir soupiré encore une fois, décidé de ranger son cahier dans un coin et de se montrer supportable pour au moins une heure, elle agita la tête.
"
Elle plissa les yeux et força un sourire. Elle n'était pas vraiment enchantée, mais elle faisait des efforts. Et ça c'était déjà quelque chose.
"
Haussant un sourcil, elle revint sur cette déclaration, bien décidée à savoir de quoi il parlait. Sans se douter qu'à son tour, elle allait peut-être piétiner bien joyeusement l'intimité de Clive. Au sens figuré évidemment, elle n'avait pas encore l'envie de le torturer..
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Re: Must be something in this room
Ven 17 Mar 2017 - 11:15
Aux premières paroles de la demoiselle, Clive blêmit. Il n’avait pas eu l’intention de la force à lui faire lire ses écrits, il n’y avait aucune arrière-pensée dans ce qu’il avait dit plus tôt mais à bien y réfléchir, entre le fait qu’il soit entré sans s’annoncer et qu’il l’ait surprise en train d’écrire, il pouvait comprendre que ses paroles aient paru poussées. « Bien sûr, bien sûr Lysbeth, loin de moi l’idée de vous forcer la main. » Lorsque le brun lui demanda s’il pouvait rester là à lire sans la déranger, il vit aux mimiques de la jeune femme qu’elle n’était pas forcément ravie. Il était prêt à renoncer, lui laisser son calme, son intimité car après tout Clive n’était pas de ceux qui s’imposaient, c’était même tout le contraire. La question de Lysbeth le conforta dans son idée, elle n’avait pas envie d’être dérangée et il s’imposait comme un malpropre, comme ce genre de personnes qu’il détestait lui-même. Quel idiot faisait-il, pourtant il n’avait pas de mauvaise intention.
Clive passa à nouveau par toutes les couleurs et tous les sentiments lorsque la jeune femme répondit à sa plaisanterie, plaisanterie qu’il aurait peut-être dû taire vu sa réaction. Commençant à lever ses mains devant lui, essayant de mimer des excuses, Clive esquissa un sourire gêné. Mais finalement, cette nouvelle petite tempête se calma alors que Lysbeth rangeait son cahier. « Je … Si vous préférez être seule ici, je ne vous embêterai pas davantage … Loin de moi l’idée de vous priver de votre passion. » La mine basse, Clive se sentait terriblement idiot de l’avoir ainsi dérangée. Si quelqu’un avait fait irruption de la sorte pendant qu’il lisait pour essayer de s’immiscer dans son monde, il aurait fait les gros yeux avant d’aller se renfermer dans son coin.
Mais finalement, la brune lui posa une question. Une question qui le ramena à la raison pour laquelle il était entré dans cette salle. La raison pour laquelle il l’avait initialement dérangée sans le vouloir. Clive baissa un instant son regard vers le sol, un sourire triste se dessina sur son visage. C’était SA salle, cette salle dont elle lui avait tant parlé, la salle de son premier cours dans ce lycée, et Clive entendait encore Alisa lui racontait les moindres détails, même les plus insignifiants. L’ancien bibliothécaire releva finalement son regard bleu vers Lysbeth, souriant toujours. Ce n’était plus vraiment de la tristesse, car même si Alisa lui manquait tous les jours, il se rappelait combien elle était heureuse après ce premier cours. « Cette salle était important pour quelqu’un qui était important pour moi. »
De son index, il désigna le numéro sur la porte. « 428. Il y a quelques années, ici même, se tenait un cours de littérature anglaise devant une classe des plus dissipées. Ils n’écoutaient rien, ils n’étaient pas intéressés par tous les vieux livres ni même par les plus modernes. Ils étaient 27 … ou 28, je ne suis plus sûr, Alisa était seule face à eux, pétrifiée et pourtant elle a mené ce cours d’une main de maître. Du moins c’est ce qu’elle m’a raconté en rentrant le soir. » Clive se mit à rire, se rappelant qu’à leur arrivée au lycée réquisitionné par les militaires, sa fiancée lui avait avoué qu’en réalité, elle avait passé le cours à essayer de calmer les esprits vifs des adolescents qui n’écoutaient rien du tout. « A la fin de l’année, elle avait réussi à les calmer, et même à en rendre certains curieux vis-à-vis de la littérature. Elle pensait donc que cette classe pouvait faire des miracles. » Le regard dans le vide, fixant le tableau noir, Clive réalisa alors qu’il avait raconté l’histoire sans présenter les protagonistes. « Alisa. » Il ajouta simplement son prénom, il ne fallait pas beaucoup réfléchir pour comprendre, et il ne doutait pas des capacités de déductions de Lysbeth.
« Pardonnez-moi, je m’emballe souvent quand je suis lancé sur des sujets qui me tiennent à cœur … Et vous, avez-vous choisi cette salle pour une raison particulière ou était-ce là le fruit du hasard ? » Il se tenait toujours debout, près de la porte et il se trouvait idiot de rester planté là. Clive décida d’attirer à lui une chaise pleine de poussière pour s’asseoir, ce serait sans doute plus confortable. Son regard s’attarda alors sur la jeune femme. Nul doute qu’elle était ravissante, peut-être était-ce le fait qu’il l’ait vue écrire qui la rendait encore plus intrigante également. C’est à ce moment-là que Clive se demanda pourquoi il n’avait pas cherché à connaître ses camarades survivants plus tôt au lieu de rester enfermé le nez dans ses livres. Réalisant qu’il était en train de la fixer à nouveau, le brun se racla la gorge, passant à nouveau nerveusement ses doigts dans sa barbe.
Clive passa à nouveau par toutes les couleurs et tous les sentiments lorsque la jeune femme répondit à sa plaisanterie, plaisanterie qu’il aurait peut-être dû taire vu sa réaction. Commençant à lever ses mains devant lui, essayant de mimer des excuses, Clive esquissa un sourire gêné. Mais finalement, cette nouvelle petite tempête se calma alors que Lysbeth rangeait son cahier. « Je … Si vous préférez être seule ici, je ne vous embêterai pas davantage … Loin de moi l’idée de vous priver de votre passion. » La mine basse, Clive se sentait terriblement idiot de l’avoir ainsi dérangée. Si quelqu’un avait fait irruption de la sorte pendant qu’il lisait pour essayer de s’immiscer dans son monde, il aurait fait les gros yeux avant d’aller se renfermer dans son coin.
Mais finalement, la brune lui posa une question. Une question qui le ramena à la raison pour laquelle il était entré dans cette salle. La raison pour laquelle il l’avait initialement dérangée sans le vouloir. Clive baissa un instant son regard vers le sol, un sourire triste se dessina sur son visage. C’était SA salle, cette salle dont elle lui avait tant parlé, la salle de son premier cours dans ce lycée, et Clive entendait encore Alisa lui racontait les moindres détails, même les plus insignifiants. L’ancien bibliothécaire releva finalement son regard bleu vers Lysbeth, souriant toujours. Ce n’était plus vraiment de la tristesse, car même si Alisa lui manquait tous les jours, il se rappelait combien elle était heureuse après ce premier cours. « Cette salle était important pour quelqu’un qui était important pour moi. »
De son index, il désigna le numéro sur la porte. « 428. Il y a quelques années, ici même, se tenait un cours de littérature anglaise devant une classe des plus dissipées. Ils n’écoutaient rien, ils n’étaient pas intéressés par tous les vieux livres ni même par les plus modernes. Ils étaient 27 … ou 28, je ne suis plus sûr, Alisa était seule face à eux, pétrifiée et pourtant elle a mené ce cours d’une main de maître. Du moins c’est ce qu’elle m’a raconté en rentrant le soir. » Clive se mit à rire, se rappelant qu’à leur arrivée au lycée réquisitionné par les militaires, sa fiancée lui avait avoué qu’en réalité, elle avait passé le cours à essayer de calmer les esprits vifs des adolescents qui n’écoutaient rien du tout. « A la fin de l’année, elle avait réussi à les calmer, et même à en rendre certains curieux vis-à-vis de la littérature. Elle pensait donc que cette classe pouvait faire des miracles. » Le regard dans le vide, fixant le tableau noir, Clive réalisa alors qu’il avait raconté l’histoire sans présenter les protagonistes. « Alisa. » Il ajouta simplement son prénom, il ne fallait pas beaucoup réfléchir pour comprendre, et il ne doutait pas des capacités de déductions de Lysbeth.
« Pardonnez-moi, je m’emballe souvent quand je suis lancé sur des sujets qui me tiennent à cœur … Et vous, avez-vous choisi cette salle pour une raison particulière ou était-ce là le fruit du hasard ? » Il se tenait toujours debout, près de la porte et il se trouvait idiot de rester planté là. Clive décida d’attirer à lui une chaise pleine de poussière pour s’asseoir, ce serait sans doute plus confortable. Son regard s’attarda alors sur la jeune femme. Nul doute qu’elle était ravissante, peut-être était-ce le fait qu’il l’ait vue écrire qui la rendait encore plus intrigante également. C’est à ce moment-là que Clive se demanda pourquoi il n’avait pas cherché à connaître ses camarades survivants plus tôt au lieu de rester enfermé le nez dans ses livres. Réalisant qu’il était en train de la fixer à nouveau, le brun se racla la gorge, passant à nouveau nerveusement ses doigts dans sa barbe.
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Re: Must be something in this room
Lun 8 Mai 2017 - 4:11
Lysbeth n'avait strictement aucune idée du passé de cette classe. Enfin, si évidemment, elle se doutait que ce genre d'histoires s'étaient déroulées ici. Des histoires d'élèves qui auraient préférés rester tranquillement dans leur chambre, de professeurs qui pensaient de plus en plus sérieusement à se reconvertir dans la vente de choux rouges.. le lot habituel des lycées. Combien d'amitiés et de rivalités sont nées ici, entre ces adolescents qui commençaient à peine à écrire leurs histoires ? De toutes les amourettes, aussi mignonnes que fragiles, combien s'étaient terminées en mariage ?
Aux paroles de Clive, Lysbeth se perdait un peu dans ses pensées, voyant défiler devant elle les spectres de ces histoires comme d'étranges flux de magie, qu'elle aurait presque pu toucher du bout des doigts. Elle tendait d'ailleurs sa mains vers l'une de ces étranges apparitions, avant de secouer doucement la tête. Elle reposa le regard sur lui.
"Alisa ? Votre petite amie je suppose ? ", lui demanda-t-elle en haussant un sourcil. Lysbeth se sentait toujours agacée par cette présence qu'elle n'avait pas désiré, mais visiblement, ce sanctuaire ne lui était pas réservé. Elle ne voulait pas passer pour une méchante connasse, alors elle faisait l'effort de l'accepter, et de s'intéresser à ce qu'il disait même.
"Fallait vraiment avoir la passion pour être professeur.. "
Elle cligna des yeux à la question de Clive. Elle avait envie de lui répondre franchement, de lui dire qu'elle avait choisi cette classe car elle était souvent vide, éloignée, abandonnée, oubliée, et qu'elle pouvait ainsi s'y réfugier, sans craindre de voir sa tranquillité voler en éclats. Mais ce n'était qu'une partie de la vérité.
"Je.. j'aime être ici parce que.. quand je suis entrée, il y avait des livres. Partout. Et c'est moins fréquenté que la bibliothèque. Donc j'imagine que.. le hasard a sûrement ses raisons. "
Elle lui adressa un sourire sincère, sans même s'en rendre compte. Le voyant prendre place, elle décida d'en faire de même, et se posa sur une chaise qu'elle amena à elle, à l'envers. Elle posa ses deux bras sur le dossier, pour soutenir son visage entre ses deux mains. Une légère moue aux lèvres, elle lui demanda de parler de cette Alisa, dont elle ne savait rien après tout.
"Parlez moi d'elle. "
Car après tout, si elle devait passer le plus clair de son temps dans cette salle de classe, autant connaître la personne qui en avait fait autant avant elle.
Aux paroles de Clive, Lysbeth se perdait un peu dans ses pensées, voyant défiler devant elle les spectres de ces histoires comme d'étranges flux de magie, qu'elle aurait presque pu toucher du bout des doigts. Elle tendait d'ailleurs sa mains vers l'une de ces étranges apparitions, avant de secouer doucement la tête. Elle reposa le regard sur lui.
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Elle cligna des yeux à la question de Clive. Elle avait envie de lui répondre franchement, de lui dire qu'elle avait choisi cette classe car elle était souvent vide, éloignée, abandonnée, oubliée, et qu'elle pouvait ainsi s'y réfugier, sans craindre de voir sa tranquillité voler en éclats. Mais ce n'était qu'une partie de la vérité.
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Elle lui adressa un sourire sincère, sans même s'en rendre compte. Le voyant prendre place, elle décida d'en faire de même, et se posa sur une chaise qu'elle amena à elle, à l'envers. Elle posa ses deux bras sur le dossier, pour soutenir son visage entre ses deux mains. Une légère moue aux lèvres, elle lui demanda de parler de cette Alisa, dont elle ne savait rien après tout.
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Car après tout, si elle devait passer le plus clair de son temps dans cette salle de classe, autant connaître la personne qui en avait fait autant avant elle.
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Re: Must be something in this room
Lun 8 Mai 2017 - 7:50
Clive esquissa un sourire à la remarque de Lysbeth, évitant pour l’instant soigneusement sa question à propos d’Alisa. Parfois un silence était bien plus parlant que des mots, d’autant qu’il ne savait pas s’il parviendrait à parler d’elle sans tomber dans le gouffre de tristesse qui s’ouvrait devant lui depuis sa disparition. La brune lui répondit quant à son choix, cette salle était pleine de livres, il en aurait sans doute fait de même mais Lysbeth avait été la plus rapide à choisir cette salle. D’ailleurs elle était peut-être installée dans cette même salle quand Alisa lui avait fait visiter le lycée à leur arrivée. Finalement assis, droit contre le dossier, Clive scruta les mouvements de l’écrivaine qu’il avait dérangée dans son œuvre, et elle voulait visiblement en savoir plus à propos d’Alisa. Le brun inspira un long moment, fixant le vide qui les séparait d’un air absent, cherchant à remettre dans l’ordre tout ce qu’il avait à dire sur sa défunte fiancée. « Alisa était ma fiancée, en effet. » Un sourire mélancolique sur le visage, Clive marqua une nouvelle pause, attendant la vague de chagrin qui le pousserait au fond de ce gouffre. Mais à sa grande surprise, il ne ressentit que son manque, elle n’était plus là, elle lui manquait mais il n’avait pas envie d’aller se morfondre dans son coin.
D’un air plus souriant, le brun reprit alors, se laissant légèrement tombé dans la chaise. « C’était un sacré petit bout de femme, non en réalité ce n’était pas qu’un petit bout de femme. C’était une femme extraordinaire. Il y a tant à dire, j’espère que vous avez le temps. » Il savait déjà qu’il la dérangeait dans son écriture, mais qui sait, peut-être que les souvenirs d’Alisa feraient naître en elle l’idée d’un nouveau personnage romanesque. « Alisa était magnifique, haute comme trois pommes, nous voir côte à côte était toujours amusant pour beaucoup. Son père était originaire de la Barbade, c’était un basketteur à la retraite, et sa mère avait des origines danoises et travaillait dans une ONG. Ils étaient tous les deux charmants. Alisa de son côté était étudiante en littérature, anglaise, française, hispanique, rien ne lui résistait, elle avait décidé de devenir professeure pour pouvoir transmettre son amour de l’écriture. Nous nous étions rencontrés à l’université, elle organisait une fête bien trop bruyante dans une chambre bien trop petite, mais elle s’en fichait … » Son sourire et son regard se perdirent dans le vague, comme s’il revoyait encore la métisse ouvrir la porte et lui sourire avec un air étonné sur le visage. Il ressentait encore la chaleur de sa main sur son bras alors qu’elle l’invitait à participer à cette soirée où il ne connaissait personne à part les auteurs sur chaque couverture de livres.
« Elle avait un sacré caractère, à côté d’elle je ne suis rien. Elle … nous a quitté lors du soulèvement, elle qui croyait tant que nous pouvions et que nous devions regagner cette liberté qu’ils nous avaient enlevé. Alisa … je l’ai perdue, sans pouvoir lui dire au revoir ou lui répéter encore une fois tout ce qu’elle était pour moi, alors qu’elle, elle passait encore son temps à me répéter qu’une fois tout ceci terminé, nous organiserions notre mariage et notre lune de miel aux quatre coins de l’Europe. » Clive soupira, la vague arrivait, mais il ne devait pas se laisser submerger, il devait être aussi fort que l’aurait été sa fiancée. « Vous vous seriez sans doute bien entendu toutes les deux, et je suppose qu’elle aurait été moins idiote que moi, elle ne vous aurait pas dérangée en pleine écriture. » Le brun esquissa un sourire, lui-même savait ce que représentait ces heures de calme volées à ce monde fou, et pourtant il avait fait intrusion dans ce calme, Alisa n’aurait jamais fait cela. « Oh et, elle adorait les Fleurs du Mal. » L’ancien bibliothécaire alla récupérer son édition française du recueil pour la tendre à Lysbeth, comme si ce simple fait pouvait l’aider à comprendre ou à connaître mieux Alisa, ou même lui dans le fond. « Vous écrivez plutôt quel genre ? » se hasarda-t-il finalement à demander. A défaut de lire les écrits de la brune, Clive espérait au moins savoir quel genre d’écrits lui correspondait le plus, cela lui permettrait de connaître un peu mieux Lysbeth. Il avait dans le fond des milliers de questions à lui poser, mais la jeune femme n'avait pas l'air du genre à se confier si rapidement, il pouvait le comprendre, lui-même éprouvait parfois des difficultés à parler mais certaines personnes ici lui avaient fait comprendre qu'il ne servait à rien de rester renfermé dans son coin.
D’un air plus souriant, le brun reprit alors, se laissant légèrement tombé dans la chaise. « C’était un sacré petit bout de femme, non en réalité ce n’était pas qu’un petit bout de femme. C’était une femme extraordinaire. Il y a tant à dire, j’espère que vous avez le temps. » Il savait déjà qu’il la dérangeait dans son écriture, mais qui sait, peut-être que les souvenirs d’Alisa feraient naître en elle l’idée d’un nouveau personnage romanesque. « Alisa était magnifique, haute comme trois pommes, nous voir côte à côte était toujours amusant pour beaucoup. Son père était originaire de la Barbade, c’était un basketteur à la retraite, et sa mère avait des origines danoises et travaillait dans une ONG. Ils étaient tous les deux charmants. Alisa de son côté était étudiante en littérature, anglaise, française, hispanique, rien ne lui résistait, elle avait décidé de devenir professeure pour pouvoir transmettre son amour de l’écriture. Nous nous étions rencontrés à l’université, elle organisait une fête bien trop bruyante dans une chambre bien trop petite, mais elle s’en fichait … » Son sourire et son regard se perdirent dans le vague, comme s’il revoyait encore la métisse ouvrir la porte et lui sourire avec un air étonné sur le visage. Il ressentait encore la chaleur de sa main sur son bras alors qu’elle l’invitait à participer à cette soirée où il ne connaissait personne à part les auteurs sur chaque couverture de livres.
« Elle avait un sacré caractère, à côté d’elle je ne suis rien. Elle … nous a quitté lors du soulèvement, elle qui croyait tant que nous pouvions et que nous devions regagner cette liberté qu’ils nous avaient enlevé. Alisa … je l’ai perdue, sans pouvoir lui dire au revoir ou lui répéter encore une fois tout ce qu’elle était pour moi, alors qu’elle, elle passait encore son temps à me répéter qu’une fois tout ceci terminé, nous organiserions notre mariage et notre lune de miel aux quatre coins de l’Europe. » Clive soupira, la vague arrivait, mais il ne devait pas se laisser submerger, il devait être aussi fort que l’aurait été sa fiancée. « Vous vous seriez sans doute bien entendu toutes les deux, et je suppose qu’elle aurait été moins idiote que moi, elle ne vous aurait pas dérangée en pleine écriture. » Le brun esquissa un sourire, lui-même savait ce que représentait ces heures de calme volées à ce monde fou, et pourtant il avait fait intrusion dans ce calme, Alisa n’aurait jamais fait cela. « Oh et, elle adorait les Fleurs du Mal. » L’ancien bibliothécaire alla récupérer son édition française du recueil pour la tendre à Lysbeth, comme si ce simple fait pouvait l’aider à comprendre ou à connaître mieux Alisa, ou même lui dans le fond. « Vous écrivez plutôt quel genre ? » se hasarda-t-il finalement à demander. A défaut de lire les écrits de la brune, Clive espérait au moins savoir quel genre d’écrits lui correspondait le plus, cela lui permettrait de connaître un peu mieux Lysbeth. Il avait dans le fond des milliers de questions à lui poser, mais la jeune femme n'avait pas l'air du genre à se confier si rapidement, il pouvait le comprendre, lui-même éprouvait parfois des difficultés à parler mais certaines personnes ici lui avaient fait comprendre qu'il ne servait à rien de rester renfermé dans son coin.
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