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When you wake from your broken dream I hope the pain in your world never ends

Mer 22 Fév 2017 - 22:43


Hannah McMurray
17 ans Américaine Lycéenne Travelers
i've got a war in my mind
Ah, c’est donc par ça qu’il faut commencer ?! J’ai l’impression de passer un entretien d’embauche, même si je n’en ai, heureusement, jamais eu. Je vais débuter par les qualités, c’est le plus important et j’ai que ça, je pourrais t'en citer des dizaines et des dizaines, mais comme t'en veux que six, ça ne va pas être facile de les choisir. Pour commencer, je dirais que grâce à l'absence de mes parents à cause de leurs boulots, j'ai dû rapidement me débrouiller seule. Alors oui, ils embauchaient souvent des femmes pour entretenir la maison ou s'occuper de moi, mais je préférais être tranquille dans mon coin, elles étaient toutes plus nulles les unes que les autres, à part pour la cuisine. C'est d'ailleurs grâce à elles, il faut le reconnaître, que j'ai appris les bases pour finalement, dès mes douze ans, commencer à me faire à manger comme une grande. Ça m'a donné goût à l'indépendance, alors j'ai continué dans cette voie tout du long. Un autre avantage est d'avoir développé ma créativité. Il faut dire que mon frère a le double de mon âge, donc jouer à la poupée avec sa sœur quand on est adulte, ce n'est pas la priorité et je le comprends, je ne lui en veux pas. Mais du coup, je racontais beaucoup d'histoires en imaginant les folles aventures vécues par mes jouets, un peu à la Toy Story. En lâchant les poupées en grandissant, je lisais énormément et de tout. Que ce soit des romans, des magazines scientifiques, des livres d'histoires ou de bricolage, peu importait, il y avait toujours des choses intéressantes et qui me sont utiles aujourd'hui.
Quoi d'autre... Ce que j'ai le plus de mes parents, je pense que c'est ce côté à ne pas lâcher le morceau, si tu le tiens alors tu ne dois pas le laisser à l'adversaire quoi qu'il arrive. Je ne suis peut-être qu'une maigrichonne, ça ne m'empêche pas d'affronter les autres et d'en venir aux mains s'il le faut, même si la bataille est perdue d'avance, je m'en fous, je ferai face. Et si tu décides de m'aider pour une chose où une autre, je ne l'oublierai pas de sitôt, déjà, tu auras le droit à ma reconnaissance éternelle, ce qui pourrait être suffisant je te l'accorde, mais je n'hésiterai pas à te renvoyer l'ascenseur ! Je sais que la vie n'est pas facile pour tout le monde, je n'en suis pas à plaindre, et il y a des moments où il faut admettre les choses et les voir. J'avais déjà conscience de la brutalité dans laquelle nous vivions, mais ce n'est en rien comparable avec ce qu'on vit maintenant, c'est bien pire là, je me laisse pas bercer par les illusions. Ça n'était pas le cas avant, alors pourquoi est-ce que ça aurait changé ? Sinon comme tu l'as remarqué, je parle presque tout le temps, j'aime ça, je trouve que c'est cool de discuter avec des gens ou seule, ce n’est pas dérangeant. Par contre, je sais quand m'arrêter si ça peut te rassurer.

Pour les défauts… J’ai beau y réfléchir je n’en trouve pas, en tout cas pas des gros parce que je suis vraiment une fille bien je t’assure ! T’y as cru ? Peu importe que ce soit ou non le cas en fait, mais tu viens d’en voir un ; le mensonge. J’adore ça, c’est tellement facile de berner les gens, et puis comme on dit, plus c’est gros et plus ça passe ! Mes fameuses histoires imaginées avec mes jouets ont dû m’aider aussi, mais je n’en dis pas à tout le monde non plus, cela va dépendre. Sinon, je ne manque pas de mordant, si je trouve que t’as une sale gueule, que tu ressembles à rien ou si tu me saoules, compte sur moi pour te le dire et si ça te vexe, c’est ton problème, mais saches que j’aime appuyer là où ça fait mal, quitte à utiliser tes petits secrets pour en plus les retourner à mon avantage et me jouer de toi.
J’ai beau avoir ‘’que’’ 17 ans, oui les guillemets sont importants, j’arrive à avoir du recul sur moi-même. Il peut m’arriver de temps à autre de laisser mon jeune âge prendre le dessus, mais c’est à cause de maman et papa ça ! Ils ont toujours cédé à mes caprices, alors forcément, si je n’arrive pas à avoir ce que je veux tout de suite, je vais m’énerver et réclamer pour l’obtenir. Oui, bon, ça contredit un peu ce que j’ai dit avant roh, pas la peine de te prendre pour je ne sais qui hein. Bref, quoi d’autre… Oh, oui, on m’a souvent dit que je changeais d’avis comme de chemise, mais je ne comprends pas trop pourquoi en fait, il n’y a rien de mal à ça. Enfin bon, voilà, j’ai fini. Comment ça non ? Encore un ? Holala, mais t’es curieux et chiant surtout ! Bon, laisse-moi réfléchir un peu… Un défaut supplémentaire… Hm… Je suis une vraie fille, dans le sens où depuis toujours, même en regardant un téléfilm de Noël, je prenais l’histoire à cœur jusqu’à pleurer comme une cruche. T’as voulu savoir, bah voilà, alors ne te moque pas !


Porter un haut avec un décolleté plongeant, une minijupe, des talons, mettre plein de maquillage et tout ça, faut oublier parce que ça ne me correspond pas. Demande à mon vieux père ce qu'il en pense un coup, tu verras à quel point il est déçu de sa fille et de sa garde-robe. Il y a un certain standing à tenir, alors tu comprendras sans souci que j'ai l'air d'une plouc avec mes jeans, mes débardeurs, mes polos et mes Convers pour lui. Je ne suis pas une fana de mode, ça ne doit pas être mon truc apparemment et ça m'est bien égal. La simplicité a du bon, surtout par les temps qui courent, ne l'oublie pas.
Sinon t'as des yeux, alors tu vois que mes longs cheveux sont blonds vénitiens et mes yeux bleus. Je fais un mètre soixante-cinq pour cinquante-deux kilos, en tout cas avant. Maintenant, j'ai perdu du poids forcément vu qu'on parvient rarement à être rassasiés. Je fume de temps à autre, plus par plaisir que par réel besoin et ça ne plaît pas à mon frère, Nigel, alors je le fais en cachette.

J’ai encore mon sac à dos Eastpak rouge utilisé pour aller au lycée, bon, je te l’accorde, niveau camouflage on fait mieux, mais depuis le temps la couleur est passée, se ternissant en devenant bien moins vive alors ça passe. Si tu l’ouvres, tu trouveras dedans de l’eau, toujours, et si j’ai de la chance, un truc à manger, mais ça devient de plus en plus rare de réussir à faire des réserves même minimes. Il y aussi une vieille bombe au poivre que papa m’a donné il y a plusieurs années, je ne sais même pas si elle peut encore être utile, mais je la garde quand même. Et puis, comme je bouge beaucoup, j’ai des fringues aussi, ça d’ailleurs, j’aime bien changer régulièrement pour éviter d’avoir une odeur de fennec constamment sur moi. Sinon, pour vraiment me défendre j’ai avec moi un couteau de cuisine, je l’ai pris de chez moi sans trop savoir pourquoi en fait, mais je le trouvais beau alors j’ai craqué. Tout ce que je peux te dire, c’est que la lame fait vingt-quatre centimètres, je le sais parce que ma maman était fière d’avoir toute cette gamme composée de couteaux de différentes tailles, donc oui, j’ai pris le plus grand. Celui-là, je le garde précieusement à la ceinture en permanence. En vrac, j’ai aussi une lampe torche à dynamo qui est bien pratique, un sac de couchage, une montre à gousset, une carte de l’Etat et une boussole. Tout ça récupéré durant les diverses fouilles. Oh, et j’ai un vélo aussi depuis peu, c’est vachement pratique pour se déplacer et bien mois crevant ! Voilà, je crois que tu sais ce qu’il y a à savoir !
the last of us
En l’an de grâce dix-neuf-cent quatre-vingt-dix-neuf, naquît à Portland, dans le Maine, une… Non, mais t’as vraiment pensé que j’allais parler comme ça ? Bref, retiens quand même bien cette année-là et le 29 septembre pour me souhaiter mon anniversaire, ça fait toujours plaisir. Mes parents étaient un couple un peu atypique, papa avait 53 ans quant à maman seulement 30 quand ils m’ont eu. Ça faisait deux courtes années qu’ils se fréquentaient, alors autant dire que leur relation faisait jaser, mais eux, ils s’en fichaient pas mal, ils étaient heureux. Si j’étais le premier enfant de maman, ce n’était pas le cas pour papa, il a eu un fils 18 ans plus tôt prénommé Nigel. J’aurais pu être sa fille en fait. Je ne le voyais pas beaucoup, en tout cas je n’ai pas énormément de souvenirs de lui de quand j’étais petite car j’ai vécu que 8 ans dans ma ville natale avant que papa ne soit muté sur Seattle pour un meilleur poste, et forcément, maman et moi l’avons suivi. J’ai appris plus tard en grandissant, que Nigel et papa ne s’entendaient pas, mais malgré la distance, vu que mon frère vivait toujours dans le Maine et la différence d’âge, on a réussi à créer une vraie relation avec le temps. On aime tous les deux se chamailler, se lancer des piques, mais surtout rire. Et même si on ne se le dit pas, on s’aime, on le sait. Quand il me trouve trop insupportable il m’appelle Murray, dans ce cas, je lui dis dickhead parce que ça me fait toujours marrer de l’imaginer avec un gland lui servant de tête. Mais ce nom s’est transformé en Dicky, un peu plus affectueux au final.

Par rapport au déménagement, je me rappelle que cela m’avait fait beaucoup de peine de devoir quitter notre maison, et surtout l’école où j’étais inscrite où il y avait tous mes amis. Les premiers jours dans la nouvelle n’ont pas été faciles, il a fallu que je trouve mes marques pour me faire une place. Heureusement que déjà petite j’aimais parler, ça a facilité mon intégration, je le sais parce que lorsque Seth est arrivé un an plus tard, il était si timide, qu’on en oubliait presque sa présence ! D’ailleurs, en parlant de lui, quand il s’est décoincé on a vachement accroché jusqu’à devenir les meilleurs amis qui soient. On a suivi le même parcours, et par chance, on se retrouvait toujours dans la même classe, ce qui rendait les autres jaloux vu qu’eux étaient séparés. En tout cas, j’ai toujours eu de bonnes notes, le seul C que j’ai eu était à cause d’un travail de groupe où on avait compris le sujet un peu de travers, mais sinon j’avais bien plus souvent des A qu’autre chose, et en plus, sans vraiment réviser. Ça t’énerve avoue-le, tu devais travailler de longues heures pour retenir peu de choses et t’en sortir avec la moyenne je suis sûre ! Allez, je vais en rajouter une couche en te disant qu’à part écouter en classe et relire une fois les cours, je ne faisais rien de plus. Papa m’a dit une fois que c’était parce que j’avais une mémoire visuelle et que ça me permettait de ressortir les leçons en voyant où chercher la réponse sur les différentes pages de notes que je gardais en tête, alors au début ça me faisait rire, je trouvais ça un peu idiot parce qu’au final ce n’est pas vraiment de l’intelligence ou du savoir, c’est comme si tu trichais en regardant tes notes, tu vois, mais après je me suis dit que j’étais chanceuse, que ça me permettait d’avoir du temps libre et de m’amuser.

Mes parents et moi, on ne se voyait pas beaucoup, surtout avec papa qui partait souvent tôt le matin et rentrait tard le soir à cause du travail, alors que maman se débrouillait toujours pour qu’on passe au moins une soirée dans la semaine ensemble, ce qui était mieux que rien. Ça m’embêtait par moment, surtout quand mes amis me parlaient de leurs soirées passées en famille où je dois bien avouer que ça donnait envie, mais en général je ne m’en plaignais pas trop parce que ça me permettait de faire ce que je voulais, quand je le voulais. Alors je laissais libre court à mon imagination, que ce soit via des dessins, de la peinture, de la lecture ou même de l’écriture, mais surtout, j’arrivais à sortir facilement. Bon, il ne faut pas non plus croire que je faisais n’importe quoi, que je rentrais à pas d’heure, c’était juste que ça me permettait d’être libre au final. Je sais, tu vas me dire ‘’Et les employées embauchées par tes parents, elles ne te surveillaient pas ?’’ ce à quoi je te dis non. Enfin, quand j’étais petite, si forcément, mais dès l’adolescence je n’avais plus de nounou ou quoi que ce soit dans le genre, il s’agissait d’aide-ménagères, mais le soir elles rentraient chez elles et j’étais donc tranquille. Va pas t’imaginer que j’étais malheureuse parce que tu serais dans l’erreur la plus totale parce qu’à part ces absences parfois un peu dures, pour le reste tout allait très bien, je me sentais vraiment heureuse et épanouie. Je manquais de rien, j’avais mes amis et mon frère aussi.

C’est justement à partir de mes 12 ou 13 ans que Nigel et moi nous sommes rapprochés. On s’appelait plusieurs fois par semaine en parlant de tout et de rien. Je ne sais pas vraiment pourquoi ça s’est déclenché à cette période, mais je me dis que c’est certainement parce que j’étais moins gamine et que lui avait évolué vers autre chose peut-être, quoi qu’il en soit, ça m’avait réellement fait plaisir d’avoir à partir de ce moment-là une vraie relation frère-sœur. Il venait des fois sur Seattle, et d’autres, j’allais à Raymond pour lui rendre visite. C’est un frère en or, et je ne dis pas ça pour être gentille hein ! Nigel a toujours su m’écouter et me conseiller. Il est l’un des rares à qui je ne mentais pas, en tout cas pas trop et jamais à propos de choses trop importantes. Vers mes 14 ans, je l’ai appelé en pleurs parce que papa m’avait frappé. Bon, pas de là à me casser quelque chose, c’était une gifle du revers de la main, mais une si grosse que je me suis retrouvée avec une griffure causée par sa chevalière, une coupure même vu que ça m’a fait saigner ! C’était la première fois qu’il levait la main sur moi tout ça parce qu’avec Seth et deux autres amis on s’était amusé à faire une course de caddie. Bon, manque de pot, dans une descente alors que je le poussais, le caddie s’est renversé. Direction les urgences, mais au final rien de bien grave si ce n’était un plâtre au bras gauche de Seth et quelques égratignures pour moi. En soi, je comprends que papa ait eu peur et que ce soit celle-ci qu’il a évacué, mais on ne faisait rien de mal, on s’amusait simplement. A la limite on avait volé ou cassé des trucs, d'accord, mais ce n'était pas le cas.

Sinon, côté cœur, je n’ai jamais connu quelque chose de sérieux, en même temps, vu mon âge ce n’est pas totalement illogique. J’ai eu trois petits amis si l’on peut dire, dont un virtuel rencontré sur internet, mais à part les trouver sympas et mignons, ils n’avaient rien de plus. Enfin, si, une chose ; la crédulité. Parce que oui, je l’avoue, je m’amusais à les laisser croire des choses pour simplement les faire plier à mes volontés allant d’une glace à un MP3. Les garçons s’emballent tellement vite, il suffit de leur sourire, de jouer à un côté timide et gêné et hop, le tour est joué. Ils sont vraiment stupides. Du coup, j’ai voulu tester mes talents avec une fille, mais ça n’a pas véritablement fonctionné, peut-être parce que je n’y mettais pas autant de cœur qu’avec les autres, mais bon. Oh, d’ailleurs, avec Seth, quand on avait seize ans, notre amitié a évolué vers une petite relation amoureuse, bon c’était nos débuts, alors on s’est un peu trop laissé emporter, mais ça a duré une petite dizaine de jours, pas plus, avant qu’on se rende compte que ce n’était vraiment pas ce qu’on voulait. Ça va, on s’en est rendu compte avant d’aller trop loin et de le regretter. On en plaisante encore aujourd’hui d’ailleurs ! Enfin, aujourd’hui… Avant.

Durant l’été 2015, Nigel est venu sur Seattle pour son futur livre et mine de rien, il réussissait plutôt bien, il a rapidement connu le succès je trouve, mais là n’est pas le sujet. Donc en août il est venu chez nous à Madison Park, c’était vraiment chouette de l’avoir à la maison, en plus, maman et papa partaient faire un tour d’Europe jusqu’à la fin de l’année alors on était tranquille ! Bon, je dois bien avouer qu’au début je m’inquiétais un peu parce que jusqu’à présent on avait dû passer une semaine ou dix jours maximum ensemble, alors je me demandais comment se passerait la cohabitation et si on arriverait à se supporter. Mais ça s’est bien passé ! En plus, comme il devait travailler, on n’était pas collé l’un à l’autre, mais on en profitait aussi pour sortir, se balader, se faire des restos… Vivre tout simplement.
Au début, je ne m’inquiétais pas, mais alors, pas du tout ! Pour moi, c’était juste des idiots comme on en voyait tous les jours à la télé qui s’imaginaient tout de suite le pire et déraillaient en en profitant pour tout mettre sans dessus dessous. Je voyais déjà les futurs panneaux publicitaires pour des abris antiatomiques chez soi, les gens se précipiter pour faire des réserves de nourriture et d’eau… Ah si seulement on avait su, on aurait nous aussi fait des stocks de vivres, mais ça, on ne pouvait pas le prévoir. Le 12 octobre, Nigel voit sur un site Internet une information comme quoi des morts revenaient à la vie, et là non plus, ça ne nous a pas inquiété, je trouvais ça presque marrant que des gens y croient. Pourtant, le lendemain on apprend que cet hôpital est en quarantaine, même si la nouvelle est des plus surprenantes, ça ne reste qu’un bâtiment. Pourtant, les jours suivant commencent à nous faire un peu plus paniquer. Alarmé par le voisinage et ce vieux Monsieur Keller de 85 ans, puis par la multiplication des cas étranges, Nigel se la joue mâle alpha et m’ordonne de ne plus sortir autant. Forcément, ça ne passe pas ! Mais quand il a commencé à m’expliquer calmement la situation et tout ce qui se déroulait, j’ai vite changé d’avis ! On était plutôt tranquille dans notre quartier, mais il fallait tout de même se montrer méfiant. Et puis, le 20 octobre, j’ai réalisé de façon plutôt violente qu’on n’était pas à l’abri ici non plus. J’étais sortie pour faire quelques courses à l’épicerie du coin et en repartant j’ai vu deux hommes agresser une caissière et casser les vitrines du magasin. Je me suis dépêchée de rentrer en prenant mes jambes à mon cou, je n’avais jamais couru aussi vite de mes courtes dix-sept années de vie. Arrivant essoufflée à la maison, j’ai tout de suite annoncé la nouvelle à Nigel qui prit une décision radicale ; quitter Seattle.

Pour ce faire, il réserva deux places d’avion pour Portland, puis après on se rendrait à Raymond, chez lui. Le départ était prévu pour le surlendemain, donc le 22 si tu préfères. Je n’étais pas très chaude à l’idée de partir, surtout si maman et papa revenaient plus tôt que prévu. J’ai essayé plusieurs fois de les joindre, mais n’ai jamais réussi à les avoir parce que le réseau était saturé. Je voulais les rassurer, leur dire que j’allais avec mon frère, ce genre de choses quoi. Du coup, j’avais prévu de leur laisser un mot, juste au cas où. Nigel et moi sommes restés enfermés dans la maison durant ce temps, et alors que je préparais mes affaires, ce qui n’était vraiment pas une mince affaire tant je ne savais pas trop quoi prendre, j’avais envie de tout emmener, il est monté me rejoindre dans ma chambre à moitié en panique pour me dire que les autorités prenaient la décision de geler les vols. Ça foutait nos plans en l’air, on ne savait plus trop quoi faire parce que partir en voiture et faire ce long trajet semblait idiot et dangereux, alors on a décidé d’attendre un peu en nous pensant être à l’abri dans la maison.

Le 26 octobre, soit quatre jours après, Monsieur Keller a déboulé chez nous en disant qu’un homme était entré chez lui et l’avait attaqué pour finalement le mordre. Franchement, ça n’a pas été facile de ne pas rire, il perdait la tête avec son âge avancé digne d’un fossile. Parce que oui, on ne le prenait pas du tout au sérieux. Pour nous, ça devait être un chien au pire des cas, le vieux Monsieur ne différenciait plus rien voilà tout, mais il faut bien avouer qu’il était dans un sale état, au point qu’environ une heure après, il expia son dernier souffle dans le salon, couché sur le canapé. Là, ça a foutu un nouveau coup dur au moral… J’ai tout de suite repensé à ce virus, j’ai questionné Nigel qui fut honnête en me disant qu’il n’en savait rien. Il a alors appelé les forces de l’ordre, sans succès, et s’est finalement décidé à se rendre au commissariat. Comme il est tête en l’air, il commençait à s’énerver à cause de la panique parce qu’il ne trouvait pas les clés, mais comme je l’étais aussi, je lui ai répondu en gueulant à moitié « Les clés… Je sais pas c’est toi qui les avait Dickhead ! » vu que je conduisais presque jamais. Bon, il a fini par faire fonctionner sa petite tête pour réussir à se rappeler où il les avait mises et est parti. J’attendais comme une conne, il faut appeler un chat un chat, je restais dans le salon en observant Monsieur Keller.

Ça me faisait de la peine quand même, il avait beau être un voisin un tantinet envahissant, il n’était pas non plus méchant ou mauvais, juste trop curieux et seul. Je ne parvenais pas à détacher mon regard de lui, laissant quelques larmes couler le long de mes joues. Et puis, il rouvrit les yeux et les miens s’écarquillaient. Je pensais que Nigel s’était trompé et que Monsieur Keller était en fait juste endormi, mais en voyant le regard du vieil homme, de longs frissons ont parcouru tout mon dos car il était vide de toute vie, me fixant uniquement. Je sentis juste après une très forte pression sur mon avant-bras, il venait de me l’agripper avec sa main droite. « Lâ… Lâchez-moi, vous me faites mal ! » lui hurlais-je en tirant pour tenter de me libérer, mais rien à faire, il le tenait bien trop fermement. Je continuais à vouloir récupérer mon bras, Monsieur Keller se laissa tomber du canapé avant de se redresser et de se mettre sur ses jambes. Je lui répétais encore et encore de me lâcher, ça n’y changeait rien il me dévorait du regard et semblait être totalement ailleurs. Prise de panique, j’attrape le premier objet qui me tombe sous la main, une statuette, et le frappe une première fois sur la tempe, ce qui ne le fait pas réagir plus que cela, alors je lui assène un second coup, puis un troisième, mais toujours rien de significatif à part le faire vaciller, il ne me lâchait pas. J'étais totalement paniquée, je voulais qu'une seule chose ; me libérer de lui. Alors j'ai continué à le frapper encore et encore jusqu'à ce que le vieil homme finisse par s'écrouler en m'emmenant avec lui dans sa chute. Lâchant l'objet, je réussis tant bien que mal à me détacher les mains fermement serrés sur moi. Il ne bougeait plus, mais plus du tout ! Du sang s’échappait de sa boîte crânienne et tâchait le tapis. « Mon Dieu… Mais qu’est-ce que j’ai fait… C’est… C’est pas possible… » J’étais totalement horrifiée, je n’arrivais plus à penser. Mon regard toujours fixé sur lui, je reculais doucement jusqu’à sentir un mur contre mon dos et m’y laisser glisser au sol avant d’enfouir ma tête entre mes mains et de m’effondrer en larmes. Je ne réagissais plus, la seule chose à laquelle je pensais était le fait que je venais de tuer ce pauvre homme, si bien que je ne remarquais pas le retour de Nigel et c’est seulement lorsqu’il me touche le bras que je bondis et hurle en pensant qu’il s’agissait de Monsieur de Keller. Mon frère pouvait lire la peur dans mon regard, alors, pour me rassurer certainement, il m’enlaça et j’en fis de même en le serrant très fort. J’ai repris doucement mes esprits et il m’a ensuite demandé ce qui s’était passé, je lui ai donc raconté, il m’écoutait et ne m’a pas grondé pour ça. Il avait compris que je n’avais pas eu vraiment le choix. Il s’est ensuite occupé de l’octogénaire en le sortant dans le jardin pendant que j’étais dans ma chambre, allongée sur mon lit en pleurs.

Suite à cela, on a quitté la maison, rester ici devenait non seulement insupportable parce qu’à chaque fois que je passais dans le salon je repensais à Monsieur Keller, mais l’insécurité grandissait dans le quartier, on entendait bien plus de cris que de sirènes des forces de l’ordre. Différents camps avaient été créés, peut-être y en avait-il encore plus près, mais on a décidé de rejoindre le CenturyLink Field. C’est à ce moment-là qu’en dernière minute, j’ai récupéré le couteau dans la cuisine, sans savoir qu’un jour il me serait utile, mais je voulais prendre quelque chose pour ne pas revivre cette scène en me sentant à ce point vulnérable. C’est peut-être pour ça que par automatisme j’ai pris celui avec la plus longue lame d’ailleurs. J’en ai profité pour laisser un petit mot si jamais mes parents avaient pu par miracle quitter l’Europe et passaient, pour les rassurer et leur dire ce qu’on allait faire avec Nigel. Par rapport au stade, j’espérais y trouver Seth, mais ce ne fut pas le cas. On parlait beaucoup par texto ou sur les réseaux sociaux, du moins au départ, parce qu’à force, on ne pouvait plus échanger. Il habitait à une grosse demi-heure en voiture de chez nous, alors on n’arriverait pas à se voir, mais ce qui me rassurait était que lors de notre dernière conversation, il m’a parlé du fait qu’il rejoindrait un camp avec ses parents et son frère, malheureusement, on n’était pas dans le même. Quoi qu’il en soit, la vie au stade était étrange. Si au début le contrôle des militaires avait un côté rassurant et sécurisant, il se faisait tout de même de plus en plus lourd au quotidien pour moi. J’étais habituée à vivre ma vie tranquillement, à faire ce que je voulais quand je le voulais, mais là il fallait se plier à leur autorité. Et pour ne rien arranger, on n’avait aucune information sur ce qu’il se déroulait à l’extérieur, ni de bonnes, ni de mauvaises, on était enfermé dans le stade, presque prisonnier. Les tensions se faisaient de plus en plus présentes, l’atmosphère se dégradait, et le 10 janvier 2016, la pire chose qui pouvait arriver se produisit. Les infectés étaient parvenus à pénétrer dans l’enceinte sportive et le chaos fit son apparition. Des militaires fuyaient, nous laissant à notre pauvre sort de simples civils, ça courait dans tous les sens, certains rescapés tentaient simplement de fuir, d’autres se battaient, mais beaucoup mouraient. Nigel et moi avons pris rapidement nos quelques affaires et avons suivi un petit groupe qui se rendait à l’armurerie. Ah oui, je ne t’ai pas dit, mais dès qu’on était arrivé ici, ils nous ont fouillé et pris tout ce qui pouvait servir d’arme. Bref, passons. Il y avait presque tous les types d’armes possible de stockées dans cette pièce. Si le choix d’un pistolet semblait logique, de mon côté, n’en ayant jamais eu entre les moins, je ne voyais pas l’intérêt d’en prendre, et lorsque je vis mon couteau, je me ruais dessus pour le récupérer ! C’était fou de le voir encore là, alors forcément que j’allais le prendre avec moi ! Pourtant, ce n’est pas pour autant que je m’en suis servie. J’ai beau faire la maligne, je n’en menais pas large, je suivais mon frère, impossible d’agir en réalité. Heureusement qu’il était là, sans quoi je serais déjà morte à l’heure qu’il est. Il abattit plusieurs de ces choses pour nous frayer un chemin, notre duo s’était transformé en trio car Tania nous accompagnait. Je l’aimais beaucoup, c’était un peu comme une grande sœur, elle gardait toujours l’espoir que tout s’arrange et ne se détachait jamais de son sourire, même là alors que tout foutait le camp, elle se voulait rassurante à mon égard. On a couru tous les trois encore et encore jusqu’à arriver au nord de la ville.

Et les autres ? « On doit y retourner Nigel, on ne peut pas les laisser là-bas… » lui disais-je apeurée et paniquée, mais il a réfuté cette idée en me disant que c’était déjà trop tard pour eux, que c’était trop dangereux, et surtout, qu’ils étaient déjà tous morts. Ça en était trop, j’ai de nouveau fondu en larmes en repensant à chaque visage connu là-bas, les imaginant sans vie à ce moment-là. C’était vraiment très dur, j’espérais malgré tout que mon frère se trompait et que la plupart des personnes ait pu s’en sortir indemne, surtout les familles. Tania était ensuite restée avec moi alors que Nigel entrait dans le magasin vendant des articles de sport devant lequel on s’était arrêté. La rue était calme, ça faisait un choc en comparaison à la triste animation du stade, sacré décalage oui. Mon amie essayait de me réconforter du mieux possible en me disant que j’avais toujours mon grand-frère avec moi, ce qui était vrai, elle n’avait malheureusement pas eu cette chance d’avoir un de ses proches avec elle. Il est ressorti rapidement du commerce et on a continué à avancer en quête d’un abri. Les premiers jours, on n’a quasiment pas abordé tout ça, on dormait et mangé peu, mais on essayait de ne pas se laisser totalement abattre, chose plus facile à dire qu’à faire forcément, surtout avec l’hiver. Pour corser un peu plus notre survie, un blizzard violent fit son apparition. A ce moment-là, on se trouvait en dehors de la ville à l’Est dans une forêt. On voulait quitter Seattle sans forcément avoir un but précis, juste s’éloigner le plus possible d’elle pour réduire le danger. Continuer de marcher semblait être totalement idiot vu le temps, alors on a préféré s’abriter dans la première maison qu’on trouvait. Celle trouvée ne payait pas de mine, ce qui n’avait pas d’importance, tout ce qui comptait était de ne plus rester dehors, en plus, on était plutôt tranquille. La chance nous souriait, quelques conserves se trouvaient encore dans les placards. Même éloignés de la ville, Nigel, Tania et moi devions quand même éliminer des infectés, et si au départ je n’y parvenais pas, au fur-et-à-mesure, à force de les voir et qu’ils me montrent, j’ai gagné un peu plus en confiance sur ce point pouvant à présent les aider dans cette tâche. Et à force, on a compris qu’il fallait uniquement viser la tête pour réellement les achever. En dehors de ça, on récupérait du bois et on essayait aussi de trouver de quoi manger, mais sans grand succès, nous n’arrivions pas à grand-chose. En tout cas, on ne mourrait pas de froid grâce à la cheminée présente et tous ces arbres qui nous entouraient, le plus dur était de trouver du bois sec ou de le laisser le sécher au final, mais après, on pouvait se dire qu’au moins pour ça, l’hiver serait un peu moins dur à supporter. Une certaine routine s’installait, mais l’atmosphère se faisait de moins en moins tendue, on avait faim, très faim, pourtant moralement, ça allait mieux pour tous les trois. Pour boire, rien de bien compliqué, on prenait de la neige qu’on laissait fondre à l’intérieur et le tour était joué.

Mi-février, on tombe tous les trois malades, et dire que je l’étais presque jamais avant… Sauf qu’en étant affaibli, on n’y a pas échappé. Le problème aussi c’est qu’on n’arrivait plus à bouger de la maison, même pour récupérer du bois, du coup, on commençait à sentir le froid hivernal nous frapper de façon plutôt violente. Et dix jours après, Tania trop faible succomba, c’est fou de se dire qu’on peut encore mourir pour une simple grippe, mais vu notre état et l’absence de médicament, mon amie n’avait pas réussi à la surmonter. Nigel et moi n’avons pas réagi, pas que ça ne nous avait pas affecté, on pensait simplement qu'elle s'était endormie, mais quelques heures plus tard, Tania se réveilla et nous fixa. Ce regard, je l’avais déjà vu « C’est comme Monsieur Keller ! ». Nigel comprit tout de suite le danger, on réussit tant bien mal à se mettre sur nos jambes et il se met entre nous pour me protéger, me fait reculer et achève notre amie. Là encore, on apprit une chose : ce n’est pas uniquement en étant mordu qu’on devient ce genre de truc, quelque chose fait que même mort, on se réveille. Il nous a fallu un peu de temps pour nous décider à la sortir de l’habitation, mais on a fini par le faire en l’emmenant à une dizaine de minutes de marche pour l’enterrer dans la neige. Je crois qu’une fois rentrée, je n’ai plus bougé pendant au moins une journée tant j’étais complètement vidée et triste.

Nous sommes restés là-bas jusqu’à mi-avril avant de nous décider à retourner en ville car si la vie loin de tout avait ses avantages, ça devenait de plus en plus difficile de trouver des vivres, on devait sans cesse élargir notre zone de recherche. S’en est suivi deux mois d’errance nous amenant jusqu’à Redmond où j’ai bien cru qu’on allait y passer. On s’est retrouvé coincé par une horde dans une ruelle, peut-être avions-nous manqué de vigilance ou alors était-ce juste de la malchance, mais quelle que soit la cause, on était dans la merde. Heureusement pour nous, un groupe de survivants est venu nous porter secours et nous avons pu sortir de cette situation des plus compliquées. Ils étaient très sympas, nous ont offert de quoi manger et boire une fois à l’abri et nous ont proposé de passer la nuit avec eux, et finalement, on est resté dans ce groupe un petit moment. L’intégration s’était plutôt bien déroulée, je me rendais utile du mieux que je le pouvais, mais les tensions se faisaient de plus en plus présentes, la faim tordait les estomacs, mais également les esprits. Et puis, fin septembre, à cause d’une histoire idiote, l’un des membres s’emporte jusqu’à ce que son interlocuteur soit sans vie. Il venait de le tuer ! Je n’arrivais pas à croire que cela puisse être possible tant l’acte était cruel et injustifiable. A cause du vacarme fait, l’attention des rôdeurs avoisinant se porta vers notre refuge, nous n’avons pas hésité un seul instant à la suite à donner ; fuir pour vivre. Et maintenant, où allait-on aller ? J’ai tout de suite pensé à ma maison, et vu mon caractère, j’ai réussi à convaincre Nigel de s’y rendre. On y arriva le lendemain, j’étais partagée entre l’espoir minime d’y trouver mes parents ou un mot de leur part et le fait de me trouver face à la dure réalité. La réponse survint rapidement, très rapidement même. Ni maman, ni papa de présent et ce foutu mot toujours sur ce réfrigérateur. C’était logique, je le savais très bien, ils n’avaient pas pu revenir d’Europe comme ça, mais vu qu’il s’agissait de mes parents, je voulais encore y croire, je n’avais pas envie d’affronter cela. Malheureusement, je n’ai pas eu d’autre choix que de me dire que je ne les reverrai plus jamais et qu’ils étaient certainement morts, loin de chez eux.

J’aurais bien aimé pouvoir rester là éternellement avec Nigel, de ne pas avoir à quitter la maison, mais vivre dans ce quartier s’avérait être bien trop dangereux. Autant le chalet était reculé et permettait d’avoir une certaine sécurité, autant en plein milieu des habitations comme ça, c’était l’opposé et à moins de dresser des murs partout, c’était bien trop difficile de surveiller et de sécuriser le lieu à deux. On est donc parti vers le sud de la ville en espérant trouver un endroit un peu à l’écart, et pour éviter de se trouver une nouvelle fois coincés dans une ruelle, on a longé la côte. On avançait lentement, surtout par excès de prudence, mais comme on dit ; mieux vaut prévenir que guérir ! Surtout que là, niveau guérison, ce serait compliqué. Deux semaines après le départ de la maison, donc début novembre, on arrive à Columbia City et on s’installe au niveau du Stan Sayres Memorial Park. L’endroit était en un sens le juste milieu dont on avait besoin parce que ça restait en ville, mais un peu à l’écart, tout en étant ni trop grand, ni trop petit. On arrivait à reprendre doucement nos marques, instaurer des sorties régulières afin de trouver des vivres et sécuriser un peu l’endroit. La prudence restait de rigueur, surtout avec un nouvel hiver qui s’approchait, mais aussi à cause des épreuves déjà vécues. Pourtant, une nouvelle allait rapidement arriver.

Alors qu’on était à l’étage, là où on passait le plus de temps et où nos maigres biens se trouvaient, un bruit de moteur se rapprochait de plus en plus jusqu’à ce que le véhicule finisse par être visible à la fenêtre et qu’on voit un groupe de cinq hommes armés y descendre en regardant en direction de notre abri. Ça ne sentait vraiment pas bon. Nigel m’ordonna tout de suite de prendre nos affaires, nos sacs étaient déjà bien remplis car on avait prévu de sortir, mais il fallait encore prendre le peu de nourriture et de vêtements que nous avions. On se précipite au rez-de-chaussée pour sortir par une porte arrière alors que les voix se faisaient de plus en plus précises et on se met à courir aussi vite que possible. Sauf que la discrétion n’était pas présente, ce qui alerta les autres, et l’un des hommes nous a vu et se met à hurler en nous disant de nous arrêter, évidemment, on ne le fait pas, ça aurait été plus qu’idiot, mais un coup de feu se fit entendre, mon frère s’écroule alors que je venais de le dépasser. Forcément, je n’allais pas le laisser là, alors je m’arrête pour revenir vers lui ne prêtant pas attention aux autres, il me dit de partir, mais il en était hors de question, je n’allais pas abandonner mon frère ! On a le temps de rien faire ou penser de plus que le groupe nous avait déjà rejoint. L’un des hommes m’attrapa par le bras et me tire en arrière pour m’amener à la maison. Je me mets à crier et à m’agiter dans tous les sens pour tenter de me débattre, les larmes montent, tout comme la panique et la peur. Deux autres traînent Nigel sans ménagement et le font également rentrer. Après une fouille rapide faite sur nous où j’ai un sentiment de dégoût profond en sentant les mains de l’étranger s’attarder trop longtemps à certains endroits de mon corps, ils se mettent à rire et nous insulter en nous observant. Alors que je me disais qu’ils étaient vraiment idiots de se montrer si bruyants parce que ça pouvait attirer des rôdeurs jusqu’à nous, ils se mettent à frapper mon frère, un déchaînement de coups pleuvait, semblant ne pas prendre fin. Je hurlais de toutes mes forces en leur disant d’arrêter, qu’ils allaient finir par le tuer, ce qui les faisait rire, mais pas s’arrêter. L’un d’eux me tenait toujours fermement autour de la taille m’empêchant de me débattre comme je le voulais, il faisait au moins une tête et demie de plus que moi, mais je m’en fichais, tout ce que je souhaitais était qu’ils arrêtent avant que ce ne soit trop tard. Dans une vaine tentative, je parviens à lui donner plusieurs coups de pied dans les jambes, ce qui l’énerve, et au lieu de me frapper, il ressert sa prise autour de moi si fort que j’en ai le souffle coupé avant de me relâcher un peu pour finalement sortir un couteau et me le placer sous la gorge, stoppant net toute réaction de ma part. Je ne bougeais plus, ne criais plus non plus, à la place des larmes coulaient de plus en plus en voyant Nigel couché au sol n’ayant aucune réaction. Les seuls mouvements de son corps étaient dus aux coups qu’il recevait. Cela s’arrête dès lors que deux d’entre eux reviennent dans l'entrée avec des conserves et de l’eau laissées dans la cuisine. A cet instant, je pensais qu’ils allaient enfin nous laisser tranquille, surtout en voyant le groupe se diriger vers la sortie, mais au lieu de pouvoir rejoindre mon frère, j’en suis éloignée. L’homme enlève son couteau de ma gorge, me tire en arrière et me souffle à l’oreille qu’ils m’emmènent avec eux. Mes pleurs reprennent de plus belle entrecoupés de grossièretés que j’hurlais « Lâchez-moi, laissez-moi ici ! Nigel ! NIGEL ! » je fixais mon frère jusqu’au bout, sentant peu à peu mes forces me quitter. Ils nous séparaient en m’emmenant Dieu sait où, je ne savais même pas si mon frère allait vivre. Ils me firent monter à l’arrière du véhicule, au milieu de la banquette, après avoir pris mon sac et l’avoir mis dans le coffre. Mes pleurs étaient toujours présents, mais silencieux, je n’arrivais plus à réagir, mon esprit m’avait momentanément quitté, restant dans la maison, auprès de Nigel. Le véhicule s’arrêta, je ne sais pas au bout de combien de temps par contre, et ils me firent sortir m’emmenant dans leur refuge où ils m’enfermèrent dans une pièce sans fenêtre avec deux autres femmes à peine plus âgées que moi.

Si les hommes représentaient le danger et la violence, les deux femmes, Alicia et Joyce, incarnaient l’inverse. Les premiers jours, je restais enfermée, je n’avais même pas le droit d’aller à l’extérieur et encore moins ailleurs que cette pièce. J’avais pu avoir un triste aperçu de ce dont ils étaient capables avec ce qu’ils avaient fait à mon frère, mais ce que je pouvais ensuite entendre et les conséquences visibles sur le corps de mes deux nouvelles amies, n’était en rien comparable au jour de mon enlèvement. C’était bien pire, indescriptible et destructeur. Malgré tout cela, elles gardaient le sourire, pour moi, pour me rassurer. Elles m’expliquèrent leur parcours et les sévices qu’elles subissaient depuis de nombreux mois faisant en sorte de me protéger du mieux qu’elles pouvaient. J’appris à cette période la raison pour laquelle j’étais épargnée, en dehors des coups reçus quasiment quotidiennement pour assouvir le sadisme des hommes. Ils me pensaient plus jeune que je ne l’étais, et c’était ce qui les bloquait, tant mieux pour moi. Alicia et Joyce me conseillèrent de jouer le jeu, de prétendre que j’avais que 15 ans, que ça me permettrait d’éviter le pire, ce que je fis. Lorsque le groupe partait pour récupérer des ressources, il laissait toujours l’un d’entre eux à la maison pour nous surveiller. Et mi-janvier 2017, David en avait la charge. C’était déjà lui qui me tenait pendant que ses amis tabassaient Nigel, mais là, il en avait marre d’attendre je ne sais trop quoi, si bien qu’il nous ordonna à travers la porte d’aller contre le mur avant d’ouvrir la porte en brandissant son pistolet sur nous. Il me demanda d’avancer, colla une nouvelle fois son arme sur moi et fit parcourir sa main libre sur mon corps. J’en avais des nausées, mais j’étais pétrifiée, je me disais que j’allais subir ce qu’elles vivaient presque tous les jours. J’ai fermé les yeux, comme si ça suffirait à le faire disparaître, mais en un sens, c’est ce qui se produisit. Les deux autres femmes se jetèrent littéralement sur lui, il ne s’y attendait pas et me lâcha, tout comme son arme. Alicia la récupéra et le menaça de faire feu. Je me dépêchais de la rejoindre et me plaça derrière elle, la peur était lisible sur le visage de David, et quelques secondes après elle tira à deux reprises sur lui, le faisant s’écrouler et gémir. Joyce attrapa le trousseau de clés sur l’homme et me fit sortir de la pièce me prenant par la main jusqu’au garage, où à la place d’avoir une ou deux voitures de présentes, il y avait un véritable stock de tout et de rien. Nourriture, armes, outils, vêtements et j’en passe, mais tout était minutieusement rangé et classé si bien que je n’eus aucun mal à reconnaître mon sac et mon couteau. « Prends ce qu’il te faut et pars devant ! » tel fut le conseil de la jeune femme. J’étais perdue, ne comprenant pas pourquoi elle et Alicia ne me suivaient pas, du moins pas de suite, mais en voyant son regard plein de haine, il ne fut pas difficile de comprendre ce que Joyce avait en tête ; la vengeance. J’ai alors récupéré mon Eastpak en y fourrant deux conserves et une tenue de rechange avant d’enfiler un gros pull et un manteau épais. « Tu prends le chemin de terre, tu roules aussi vite et loin que tu peux, tu ne te retournes et ne t’arrêtes pas d’accord ? » me dit-elle en me prenant dans ses bras avant de me montrer un vélo. Car oui, c’est là que je l’ai eu. Alicia nous avait rejoint et prenait d’autres armes. Je comprenais parfaitement leur motivation, tout comme le fait que ce serait la dernière fois que je les verrais, alors au lieu de perdre plus de temps je les serrais une dernière fois dans mes bras, en pleurs, et les remercia jusqu’au bout pour tout ce qu’elles avaient fait. Alors oui, tu vas me dire que j’aurais pu rester au lieu de fuir lâchement, j’ai essayé, mais elles refusaient préférant se sacrifier pour que l’une de nous vive tout en accomplissant leur vengeance autant que possible.

Je suis donc partie, les yeux embués de larmes en suivant la route indiquée sans savoir où je me trouvais. Au bout d’une bonne heure, je vis un panneau avec le nom de Echo Lake d’inscrit dessus. Tant bien que mal, au bout d’un mois j’arrive à rejoindre l’abri où j’avais vu Nigel pour la dernière fois, me préparant au pire. Mais contrairement à mon retour à la maison, et même s’il n’était pas présent, l’espoir qu’il soit en vie était bien là. Certes, il y avait des traces de sang menant jusqu’à la chambre, mais il avait clairement pu s’en sortir. Des conserves étaient ouvertes, alors qu’on ne mangeait jamais dans cette pièce, des bandages de fortune étaient également sur le sol tout comme un tee-shirt ensanglanté. Pour moi, ça signifiait réellement qu’il s’en était remis, qu’il avait simplement quitté la maison, mais pas qu’il puisse être mort, ça non ! En revanche, il était évident qu’il ne vivait plus ici, sinon la chambre n’aurait pas été dans cet état, alors, depuis ce moment, donc mi-février, je reste dans les environs en me disant que c’est cette maison qui pourrait me permettre de le retrouver.
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≡ âge › 29 ans

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Re: When you wake from your broken dream I hope the pain in your world never ends

Mer 22 Fév 2017 - 22:45

Héhé rebienvenu avec ce compte :p
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Re: When you wake from your broken dream I hope the pain in your world never ends

Mer 22 Fév 2017 - 22:46

Re-bienvenue !
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Re: When you wake from your broken dream I hope the pain in your world never ends

Mer 22 Fév 2017 - 22:50

Ah, t'es là Murray :MisterGreen: When you wake from your broken dream I hope the pain in your world never ends 1442386177
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Re: When you wake from your broken dream I hope the pain in your world never ends

Mer 22 Fév 2017 - 22:52

Cool o/ Rebienvenue je vais lire ça Very Happy
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Re: When you wake from your broken dream I hope the pain in your world never ends

Mer 22 Fév 2017 - 22:56

Re bienvenue nouille ! :MisterGreen:




Je sais pas si ça m’est déjà arrivé, enfin, on va essayer de ramasser tous les morceaux et de recommencer à zéro, ça va pas être facile mais on est tous ensemble maintenant et je me sens bien.
Yulia Iojov
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Re: When you wake from your broken dream I hope the pain in your world never ends

Mer 22 Fév 2017 - 22:58

Oh une petite merdeuse *.*
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Re: When you wake from your broken dream I hope the pain in your world never ends

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