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Pain

Mer 1 Mar 2017 - 0:22


C’était une belle maison. Cela avait été les premières pensées d’Isabel lorsqu’elle avait passé le seuil de la porte d’entrée. Grande, immense même. Ils allaient être bien ici. C’était ce que s’était dit la jeune femme, aussi. Pourtant, aucun enthousiasme sur son visage, aucune joie. Elle était restée impassible durant la visite, se contentant de suivre Arthur et Elyse. L’intérieur était magnifique. Un salon agréable et lumineux, une grande salle à manger, une cuisine spacieuse. Ils étaient montés à l’étage, ensuite, découvrant deux grandes chambres et une élégante salle de bain. Puis en sortant de leur future chambre, à elle et Arthur, Isabel s’était dirigée vers la dernière pièce, au bout du couloir. Doucement, elle avait tourné la poignée de la porte avant de l’ouvrir. Un léger grincement s’était fait entendre mais la future maman n’y avait pas prêté attention. Elle avait fait quelques pas, mais très vite, elle s’était arrêtée, net. Complètement figée, seul son regard s’était mis à balayer la pièce. « Arthur ? » Avait-elle fini par appeler, difficilement.

Continuant à scruter la pièce des yeux, elle remarqua tout d’abord le petit lit pour bébé qui se trouvait face à elle. Une table à langer et une petite commode. Une chambre d’enfant. Isabel sentit ses jambes se mettre à trembler alors que quelque chose attira son attention par terre. Péniblement, elle avança et se baissa difficilement pour attraper une petite peluche oubliée là. Un petit lapin. Oui. Cette maison était parfaite. Plus qu’elle n’aurait pu l’espérer… Entendant des bruits de pas dans son dos, la jeune femme se retourna. Arthur venait de rentrer dans la chambre, et lorsqu’elle croisa son regard Isabel ne put s’empêcher de fondre en larmes. C’en était trop. Trop d’émotions accumulées depuis des jours, sans compter l’arrivé du bébé qui se rapprochait. En temps normal, elle aurait heureuse en découvrant tout cela mais elle ne pouvait pas sauter de joie. Pas après ce qu’ils venaient de vivre. Pas après avoir perdu autant de personne.

Elle avait été tellement heureuse en apprenant qu’elle attendait un enfant. Et Arthur l’avait été également le jour où elle lui avait annoncé. Une sacrée journée d’ailleurs… Tout au long de sa grossesse, elle avait attendu avec impatience le jour où il arriverait, ayant tellement hâte de prendre ce petit être dans ses bras, de le choyer et de l’aimer. Malgré les horreurs de ce monde devenu si sombre. Mais là, face à Arthur, elle n’était plus si sûre d’elle. Après tout ce qu’ils venaient de supporter, ce voyage interminable et semé d’embuches, elle n’était plus aussi optimiste. « J’ai… J’ai peur Arthur… » Murmura-t-elle alors que les larmes perlaient à présent le long de ses joues. Elle pensa alors à Edwin qui ne verrait jamais son enfant. Pauvre Lilou, songea-t-elle. Comment allait-elle gérer tout cela sans Ed’ à ses côtés ? C’était injuste, tellement injuste. Et il y avait Tamara aussi, une toute jeune maman. Elle avait eu une merveilleuse petite fille. Et si Abel avait eu la chance de la voir, de la prendre dans ses bras, la petite Elie, elle, ne connaîtrait jamais son père… Comment un monde qui, jadis, avait été aussi merveilleux pouvait-il être aussi injuste ? Isabel était complètement perdue…

Elle avait peur. Peur de perdre à son tour l’homme qu’elle aimait, peur que son enfant grandisse sans son père, peur de devoir gérer tout ça seule… De nouveau, elle sanglota, serrant la petite peluche dans sa main. Pour la première fois depuis longtemps, elle semblait vouloir baisser les bras, elle n’avait pas envie de continuer, pas si la vie continuait de s’acharner ainsi sur eux…

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Re: Pain

Mer 1 Mar 2017 - 5:29

Trouver sa place. Trouver l'équilibre. Tant de difficultés pour l'ancien sergent, qui était aussi un mari, un frère et bientôt un père. Arthur avait fait tant de promesses qu'il devenait difficile de toutes les honorer. Protéger et veiller sur tout un groupe, aimer et chérir une femme et une soeur, et bientôt un enfant. Le gardien des portes, ou le patriarche d'une famille. Le devoir et l'honneur, ou son sang et son coeur ? Pourquoi n'arrivait-il simplement pas à concilier les deux ? Pourquoi le monde devait s'acharner sur eux, qui avaient déjà traversé l'enfer ?
L'esprit embrouillé par ses doutes et ses questions, Arthur franchit le seuil de leur nouvelle demeure. Elle était juste.. énorme. Il n'y avait pas d'autre mot pour définir un tel espace, une telle décoration, un tel luxe. Elyse ne tarda pas à faire résonner son rire entre les murs de chaque pièces, mais il était bien difficile pour son frère d'évoquer un simple sourire. Pour lui, rien n'était terminé. La guerre faisait encore rage, et il se sentait comme un traître de ne pas être en personne face aux grilles.

Il était resté quelques instants seul, dans ce qui allait être leur chambre. Ses yeux sans joie contemplaient les survivants de son groupe s'agiter mollement dehors. De visite en visite, de paroles en paroles, la vie semblait déjà reprendre ses droits, comme si l'horreur qu'ils avaient vécue s'était effacée d'elle même, comme la buée sur la vitre qui se formait sous son souffle, pour disparaître aussitôt. Était-ce donc réellement terminé ? Avaient-ils réellement réussi ? Ou ce quartier, cette terre promise n'allait-elle être qu'une étape de plus vers la désolation et l'échec ?

La voix d'Isabel le fit réagir. Il vint près d'elle sans se faire attendre, déterminé à reprendre sa place de mari aimant et présent, malgré l'ombre de la mort qui planait encore sur eux. Elle se trouvait dans une chambre d'enfant, celle d'un nouveau né, et il senti comme une lame lui pénétrer les entrailles. L'horreur pouvait prendre bien des formes, et dans cette chambre, elle était à son apogée. Qu'était-il arrivé à cet enfant, si d'aventure il était né ? Arthur balada son regard las aux quatre coins de la pièce. Il serra les poings pour interdire à ses émotions de prendre le dessus, et lutta de toutes ses forces pour en cacher le moindre signe. Il ne devait pas craquer. Pas encore.

" Tu m'as appelé ? ", lui demanda-t-il d'une voix qu'il voulait calme, et sûre. Il posa enfin son regard au plus profond des yeux de sa femme, et il sentit immédiatement la détresse qui la saisissait. Il la connaissait si bien.. Elle lui avoua qu'elle avait peur et il ne pouvait que la comprendre. Lui aussi avait peur. Car la mort faisait bien des veuves et des orphelins.. Avait-il peur de mourir ? Oh non. Il n'avait pas peur pour lui, mais pour elle, et l'enfant qu'elle portait. Il ne voulait pas être un souvenir. Il ne voulait pas briller dans les yeux de son enfant à travers l'imparfait.

" Je sais Izzy.. Je sais. "

Il posa sa main sur son épaule, et finit par la prendre dans ses bras. Il la serra doucement contre lui, laissant échapper un soupir, à moitié soulagé et désolé. Il ferma les yeux pour déposer un baiser sur son front, léger et doux.

" Mais c'est terminé. Regarde.. on y est. Cette maison est à nous maintenant. Cette chambre.. cette.. "

Il se mordit les lèvres. Il aurait aimé continuer, trouver les mots pour lui apporter le courage et le réconfort qu'elle méritait. Mais finalement, il en était incapable. Parce que cette chambre, ce lapin qu'elle serrait dans sa main, tout ça lui rappelait à quel point la mort les avait fauché cette fois. Et qu'elle ne s'arrêterait jamais. Comment pouvait-il être fort pour elle, alors qu'il était sur le point de tomber à genoux, et de ramper en gémissant sa douleur ?

" .. Je ne veux pas que ça nous arrive.. Ca.. ne nous arrivera pas Izzy.. Jamais.. "

Il la serra un peu plus fort contre lui. Et dans cette chambre chargée de souvenirs dont ils ne savaient rien, on pouvait se demander qui consolait l'autre..
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Re: Pain

Sam 4 Mar 2017 - 12:19


Arthur n’avait pas tardé à prendre Isabel dans ses bras. Il l’avait serrée doucement contre lui avant de déposer un baiser sur son front. A son tour, la jeune femme avait fermé les yeux pour essayer de se calmer. Et si d’habitude ce genre d’attention réconfortante de la part de son mari, avait toujours eu le don de d’apaiser ses craintes, de lui redonner la force d’affronter leurs problèmes… Là, elle ne parvenait pas à retrouver son calme. Les larmes continuaient de couler le long de ses joues. Même les paroles d’Arthur qui lui disaient que tout cela était terminé, qu’ils avaient maintenant une nouvelle maison. Rien n’y faisait. D’ailleurs, lorsqu’elle rouvrit ses paupières et qu’elle plongea son regard humide dans celui de son protecteur, elle comprit. Elle lisait dans ses yeux la même tristesse qui l’animait, les mêmes craintes. Cela ne leur arriverait jamais… Izzy avait tellement de mal à le croire…

Arthur resserra ses bras autour d’elle, alors qu’Izzy laissa sa tête s’enfouir contre son cou. Elle referma les yeux. Elle aurait aimé lui répondre quelque chose, lui dire qu’elle voulait y croire. Mais ce n’était pas possible. Dans ce monde, des malheurs arrivaient tous les jours. Et voir Arthur s’affairer autant pour le groupe, le fait qu’il parte régulièrement en mission, qu’il fasse tout son possible pour maintenir cette communauté en vie. Tout cela. Elle commençait à ne plus le supporter. Mais elle n’avait pas envie de le lui reprocher, elle n’avait pas envie d’être égoïste, de l’obliger à ne s’occuper que d’elle, et bientôt de leur enfant. Elle ne savait pas comment lui dire ce qu’elle avait sur le cœur, elle n’avait pas envie qu’il s’en fasse pour elle, ou qu’il le prenne mal. Oh, elle savait qu’il y avait peu de chance pour qu’il prenne mal la chose, tant il était parfait avec elle. Devait-elle lui en parler ? Elle était complètement perdue.

Les paupières toujours closes, Isabel repensa alors à cette vie qu’ils avaient eu avant. Leurs années de bonheur. Leur mariage, leur maison, leurs projets, leurs promesses… Jamais ne rien se cacher, se parler, toujours. Se faire confiance, avancer ensemble. Ils avaient toujours fonctionné ainsi. Il fallait qu’elle lui parle, même si c’était difficile. Rouvrant les yeux, elle se décale légèrement en arrière, les mains posées sur les larges épaules de son mari. Elle aurait voulu lui sourire, mais elle en fut incapable. Son visage affichait seulement de la tristesse, encore. Mais pouvait-il voir qu’il y avait autre chose qui la tracassait ?

Isabel observa une nouvelle fois cette chambre de bébé. Elle sentit alors sa gorge se nouer, encore. Elle regarda alors Arthur dans les yeux avant de se faire entendre, difficilement. « Je… Je veux sortir d’ici… Je… Je ne peux pas… C’est… » Elle n’arrivait même plus à trouver les mots pour lui expliquer que ça n’allait pas. Elle se détacha alors de lui sans pour autant lâcher sa main. Elle sortit de la pièce pour traverser péniblement le couloir jusqu’à ce qui allait être leur chambre. Là, elle s’assit sur le bord du lit avec Arthur. Sa main toujours dans la sienne, elle la serra un peu plus fort, avant de se mettre à parler à nouveau. « Arthur… Je… J’aimerais te croire quand tu me dis que rien nous arrivera mais… Mais… Tu passes tellement de temps à aider les autres, tu pars tout le temps à l’extérieur… Ça ne m’inquiétait pas avant. Mais maintenant… » Elle baissa les yeux, fixant leurs mains entremêlées. Elle n’avait pas envie de le perdre. Il ne pouvait pas partir, lui aussi. Seule, elle n’y arriverait pas. « Est-ce que… » Elle se mordit la lèvre, alors qu’elle cherchait ses mots. Après quelques secondes de silence, elle reprit « Est-ce que tu pourrais rester avec moi un peu plus ? Au moins jusqu’à l’arrivée du bébé… Et même après… » Elle releva les yeux vers lui, alors que de nouveaux sanglots se firent entendre. « J’ai besoin de toi, Arthur. J’ai besoin que tu sois là quand le bébé arrivera… » Elle sentit des gouttes humides couler le long de ses joues. « Promets-moi que… Promets-moi… » Elle voulait qu’il soit là pour l’arrivée de leur enfant, elle ne voulait pas qu’il soit sorti quand l’accouchement arriverait. Mais en même temps… Le camp avait besoin de lui. Elle ne savait pas quoi faire…

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Re: Pain

Mer 8 Mar 2017 - 19:10

En proie à cette surcharge d'émotions, il ne pouvait plus lutter. Ce qui sommeillait en lui jusque là grondait. Il sentait un volcan en éveil contre lequel il n'avait aucun recours. Il ne pouvait que pincer un peu plus fort ses lèvres et serrer les vêtements de son épouse sous sa poigne, pour trouver la force de ne pas exploser en un million de larmes. Certes McLeod était un homme fort et courageux, peut-être un exemple et une source d'inspiration pour certains, mais il n'en restait pas moins un homme. Et sous le poids de toutes ces choses qui s'étaient enchaînées, sa sensibilité le faisait trembler comme une montagne sous un séisme.

C'est Isabel qui le sauva de l'explosion en l'emmenant hors de cette chambre. De toute évidence, ils n'étaient simplement pas prêts à se trouver là. Pas encore, pas ce soir là. Tout était encore bien trop frais.. Leur exode, les pertes, les batailles, la réussite. Bref, Arthur ne chercha pas à protester, laissant sa belle l'emmener dans une autre chambre, la leur désormais. Il ne dit mot en prenant place sur le lit, cherchant toujours à dominer ses émotions. Serrant doucement la main de sa femme, il l'écouta.

Et ce qu'elle avait à lui dire était ce qu'il savait déjà. Ce dont il souffrait, lui qui était bien trop assidu à servir de gardien à ce groupe qu'ils formaient. L'évidence était là : Il n'était plus soldat. Il était un mari et bientôt un père, et entendre ce qu'il pensait si bas le ramena à cette réalité. Il n'était plus simplement question de se battre pour Evergreen, mais de se battre pour être à sa place, auprès de celle qu'il avait juré d'aimer.

" Je te le promets ", lui dit-il en lui coupant presque la parole. Car elle n'avait pas besoin d'en dire plus. Il était déjà d'accord avec elle.

" Izzy je.. je suis désolé.. j'ai été tellement absent ces derniers temps et pourtant, je savais que tu avais besoin de moi. Mais je suis là maintenant, et je te promets que je vais tout faire pour.. pour être digne de toi. "

Il était sincère dans ses paroles. Il croyait dur comme fer en ce qu'il lui disait, car l'envie d'être près d'elle et de partager l'amour comme autrefois était plus forte que tout.

" Tout ces gens dehors comptent sur moi mais.. mais toi aussi.. Elyse aussi et notre enfant.. il aura besoin d'un père présent. D'un père vivant et.. et je ne peux plus me permettre de mettre ma vie en danger comme je l'ai fait.. "

Il plongea ses yeux au plus profond du regard de sa femme, caressant sa main de son pouce. Un léger sourire animait son visage, comme s'il arrivait à retrouver une certaine sérénité dans tout ce chaos.

" C'est difficile et.. je ne pourrai pas cesser d'être l'homme que je suis.. J'ai des responsabilités ici mais... oui Izzy, je te le promets.. je vais... je vais être là pour toi. Pour nous. Je serai présent. Beaucoup plus présent. "

Il ne tenait qu'à lui de trouver le juste milieu, d'offrir ce qu'il avait à offrir à tous sans entrer dans l'excès, sans abandonner quiconque. Tout cela était possible.. mais comment y arriver ?
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Re: Pain

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