Quel ennui.

Pourquoi était-elle venue ici déjà ?
La musique raggaeton, les filles surexcitées, les gloussements incessants de Tara et Kim... Elle s'en serait passée oui. Mais il avait fallût qu'elle cède, qu'elle accepte que ses deux meilleures amies la traînent ici pour lâcher un peu ses bouquins de médecine, dans l'idée de séduire un ou deux latinos.
Tu parles de séduction. Avec leurs micro minijupe et leurs décolletés, elles allaient se taper la moitié de Seattle, au moins. Alors, Quinn était restée en retrait, essayant de se faire toute petite dans sa jupe patineuse noire et ses bottines à talons, croisant les bras contre petit top doré en essayant de masquer l'existence de sa poitrine. Même son maquillage pourtant discret semblait briller de milles feux sous les projecteurs, ce qui n'avait rien pour la mettre à l'aise. Que Tara et Olivia s'occupent des hommes de la boîte, elle était très bien ici à garder la table.

Quoi que, non. En fait pas du tout, surtout quand l'incarnation vivante de Don Diego de la Vega se pointa vers elle avec un regard alcoolisé en lui proposant dans un langage inconnu de boire quelque chose. Elle s'était contentée de l'observer avec ses grads yeux verts expressifs sans comprendre. J'parle pas espagnol. Avait-elle articulé pour se faire entendre derrière la musique de Daddy Yankee, alors que le type insistait un peu trop à son goût et qu'elle levait les yeux au ciel. Se levant de son fauteuil en ignorant royalement la main que le type avait tenté de refermer sur sa taille, elle avait récupéré son sac et ses cigarettes.

Quinn tu vas ouuuu ?
Je rentre.
Mais on vient d'arriver là !
Et. Alors. Je traîne pas avec des looser, et il semblerait que cette boîte en soi le QG !

Bon, Tara semblait avoir compris finalement, puisqu'elle lui lâcha la grappe en lui disant de retourner lire ses bouquins. Dieu merci, ce dernier existait.
Enfilant sa veste en cuir, elle était sortie en catastrophe, inspirant avec joie l'air frais de la nuit alors que ses oreilles soumises au supplice appréciaient de ne plus entendre qu'un vague brouhaha venant de l'intérieur plutôt que la cacophonie.
Saluant brièvement le videur, elle était venue s'installer non loin, s'adossant à un mur dans son dos pour sortir son paquet de cigarette. Récupérant son zippo dans la poche de sa veste, elle alluma cette dernière avant d'en inspirer une longue bouffée, la recrachant doucement vers le ciel en fermant les yeux, soupirant de bien être.

Ce n'était pas sa faute si elle n'arrivait pas à s'amuser après tout. L'époque de sa vie ou elle adorait se déhancher en soirée lui semblait terriblement loin, depuis qu'elle avait rejoint la fac de médecine...
Mais qu'est-ce que ça pouvait faire au final ? Plus tard,  elle aurait le boulot qu'elle voulait à la différence de Tara qui sembla vouloir finir sa vie dans ce magasin de fringue ou elles bossaient pour payer le crédit ahurissant de la banque pour financer leurs études. Tirant de nouveau sur sa cigarette, elle sortit un instant son téléphone pour vérifier l'heure. Une heure. Elle avait encore le temps de réviser trois bonnes heures si elle partait immédiatement à la fin de sa pause clope...  

Les filles spéciales n'étaient jamais très difficiles à repérer même dans cette masse de corps se mouvant les uns contre les autres. Rafael n'avait aucun mal à les repérer et à les pointer discrètement du doigt avec certain de ses amis. Mais ce qu'il y avait de plus facile à repérer, c'était les possibles plans un peu inhabituel. Que la drague fonctionne ou pas, dans un sens ça n'avait pas la moindre importance. Alors les filles qui n'étaient pas du coin ou qui sentaient le fric à dix kilomètres à la ronde ça se voyaient dans la masse. Et si tout ce qui ressemblait à une fille pouvait entrer dans cette boîte, leur couleur de peau contrastait clairement avec la majorité. Evidemment. C'était les plus faciles de les repérer, comme si un projecteur était directement braqué sur visages, leurs décolletés et leurs mini-jupes. Sans être accès forcément là dessus, les boîtes de nuit il y allait pas pour juste danser en général. Il n'venait pas ici juste pour mater, s'il pouvait séduire et toucher c'était toujours ça de gagner non ? Choper quelques numéros incognitos.
C'était donc évident qu'il avait remarqué le groupe de blanche passer la porte d'entrée, des centaines de regards intrigués convergaient dans leur direction. Hé. Elles sont jamais venues celle-là. Lâcha t-il entre deux sourires. Des remarques de beauf sur leurs plastiques tournèrent, provoquant l'hilarité général.

D'ailleurs cette boîte là il n'y allait pas souvent. C'était le genre d'endroit où son frère avait pris l'habitude de lui tomber dessus pour vérifier qu'il n'était pas en train de consommer de la merde ou de côtoyer quelques mauvaises graines du quartier. Alors, il se sentait pas forcément à l'aise et détendu au début de soirée.
Rafael avait pris l'habitude de tourner dans plusieurs endroits et de ne plus rester plusieurs soirées de suite dans les mêmes endroits. Jamais plus de deux jours d’affilés. Après avoir glissé quelques mots au barman qu'il connaissait bien, l'un de ses amis montra son paquet de cigarette vide. Dans les hurlements des danseurs et les sons puissants de la musique, il entendit que les autres allaient récupérer un autre paquet dans sa poubelle, une vieille caisse que l’un de ses amis avait récupéré dans le garage d’un oncle. C'était avec celle-ci que le groupe d'amis pouvait librement se balader d'une boîte à l'autre. Et c'était aussi avec l'apport de chacun qu'ils se retrouvaient à partager les cartouches de cigarette, l’essence, la drogue pour ceux en manque. Tout le monde piquait dans l’assiette du voisin, tant que cela allait dans les deux sens. C’n'était pas que rendre service aux autres, c'était bosser ensemble, comme pour la famille.

Après avoir expliqué au videur qu’ils revenaient, il fut le dernier à sortir. Tout en retenant la porte avec son dos, les mains occupés par son téléphone, il s'apprêtait à suivre simplement ses compagnons de galère jusqu'au véhicule lorsqu'il fut intrigué par la présence d'une fille sur le côté, en train de fumer sa cigarette avec une tête de dix pieds de long.
Il la recasa sans problème comme faisant partie du groupe de petites hystériques pas du tout du coin qui était entrée une demi-heure plus tôt. Elle fumait juste sa clope ou elle était sur le départ ? Il n’était pas trop sûr. Elle semblait même blasé par l'ambiance générale. Tout ce qu’il était certain, c’est qu’elle avait tout l’air d’une princesse et qu’elle faisait un peu tâche dans le décor. Rousse, blanche comme une poupée de porcelaine, joliment habillé, sans trop en faire, elle était mignonne avec sa jupe plissée. Dans les faits, c’était pas tellement son genre, peut être parce qu’il avait pas l’habitude de voir ce genre de phénomènes dans son entourage. Cette fille ressemblait plus à ce qu’ils trouvaient dans la pub en faites, tant mieux ils seraient bien assemblés pour la soirée.

J'vous rejoins après. Sohan leva simplement la main vers le ciel pour confirmer qu'il avait bien capté. Les autres continuaient de rire en s’éloignant.
Hé salut. T’aurais pas une cigarette pour moi ? J’t’en file une quand ils reviennent avec le paquet, ok ? Montrer un premier intérêt pour une chose tout à fait anodine tout en adressant un sourire tout à fait détendu pour mettre en confiance. T’as pas l’air de te sentir à ta place là. T’es tombé sur des emmerdeurs ? Quand on savait que les boîtes c’était pas un bon repaire pour juste s’amuser entre copines, mais que c’était surtout l’endroit pour choper, forcément…

Quand ce type s'était pointé en face d'elle, Quinn ne s'y était pas vraiment attendue. Alors, quand il lui fit son beau sourire en demandant une cigarette, elle fût tout de même soulagée que ce ne soit pas l'autre Diego de la Vega qui l'ait suivie jusqu'ici. En silence, elle sortit son paquet qu'elle lui ouvrit afin qu'il puisse se servir, se contentant de répondre à sa proposition un J'suis pas à une clope près... qui en fût presque aimable.

Et c'était vrai. La cigarette et le café, nécessitaient un certain stock chez elle pour lui faire tenir le rythme de ses études. Tirant de nouveau sur sa propre cigarette en lui lançant son zippo, elle l'écouta lui demander si tout allait bien.
Non. Répondre "ça allait jusqu'à maintenant" n'était probablement pas la réponse appropriée. Et puis, il ne l'avait pas agressée. Ils se contentaient de fumer une cigarette et lui au moins, gardait ses yeux sur son visage. Pas sur ses hanches ou sa poitrine, c'était déjà un bon point.

J'ai surtout voulu faire plaisir à des amies, et je n'aurai pas dû. Ma bonté me perdra. Lâcha t-elle avec un bref sourire désabusé, rejetant la nicotine de ses poumons. Y'a bien eu un ou deux emmerdeurs, mais c'est pas ça qui m'a incité à partir. J'ai pas mal de taff de toute façon, alors les soirées dansantes c'est un peu fini pour moi... Acheva t-elle d'expliquer sans rentrer dans les détails, tirant de nouveau sur sa cigarette en appréciant l'air frais de la soirée. Et puis, il avait l'air sympathique sous ses airs de playboy latino. Avec son petit sourire, il avait dû en faire tomber des hispaniques dans le coin, songea t-elle avec amusement sans pour autant le détailler.

Et toi si j'ai bien suivi, tu attends le reste de tes potes pour avoir tes cigarettes alors. Tu viens d'arriver ?

Observer le monde qui l'entourait, ce n'était pas son fort. Et au beau milieu de tous ces gars typés et des lumières stroboscopiques, c'était bien le cadet de ses soucis de regarder qui était potentiellement mignon dans ce monde. Enfin... A l'inverse d'Olivia et Tara qui elles, étaient bien venues pour repartir décompresser avec un hispanique. Y'a mes deux amies à l'intérieur, si tes potes cherchent de la compagnie je pense qu'elles vont être ravies de les voir arriver. Ne put-elle s'empêcher de faire remarquer en riant légèrement. Olivia avait passé sa soirée à donner des notes sur dix sur le physiques des hommes le plus proche d'elle, alors... En revanche, pour ce qui était de rentrer chez elle, elle était un peu perdue. Les transports en communs n'étaient pas son fort, et si elle mourrait d'envie de rentrer en taxi, elle savait que les siens ne passeraient pas par ce quartier.

Tu sais ou je peux trouver une station de taxi dans le coin ? J'ai aucune envie de rentrer à pied, ni de prendre le bus.

Elle venait de lui dépanner une clope, il pouvait bien faire ça. Se décalant du mur alors qu'elle jetait sa cigarette au sol, elle ramena enfin son regard vert sur son interlocuteur.

Ah les amis. Source de malheur hein. Il avait pris avec soin la cigarette qu'elle lui avait tendu et l'avait allumé avec ce qu'elle lui tendait. Malgré son air mécontent, elle ne témoignait d'aucune agressivité à son encontre et c'était une bonne chose. Le brun lui adressa un sourire léger, alors qu'il veillait à être le plus attentif à ses paroles. Elle ne parla pas longuement de ses amies qui l'avaient attiré ici sans qu'elle en ait réellement envie, elle ne s'attarda pas non plus sur les lourds qui avaient pu l'aborder avec une bonne odeur d'alcool bas de gamme, elle expliqua plutôt la raison qui l'avait poussé un quitter l'endroit. Il eut une petite moue quelques peu amusé en rétorquant : Quel genre de travail peut empêcher une fille de s'amuser comme elle en a envie ? Il aurait pu en déduire qu'elle avait un travail compliqué ou un diplôme de riche à décrocher, mais il ne cherchait pas vraiment plus loin. Après tout, elle allait bien lui donner une réponse sur un plateau, pas besoin d'y réfléchir et de se la jouer inspecteur.

Il s'était adossé à la même paroie qu'elle, tirant longuement sur sa cigarette, faisant danser la fumer devant son visage. Il allait prendre tout son temps pour la fumer cette cigarette, histoire de gratter des minutes avec cette fille. C'était plutôt engageant, vu qu'elle lui posait des questions. Non. J'y suis depuis une heure ou deux. Plutôt deux heures qu'une en réalité, il venait de jeter un coup d'oeil à son portable en le tirant de sa veste. Tu sais bien qu'il faut un quota de filles dans la boîte. Plus les mecs viennent tard, plus ils ont d'chance de rester dehors à attendre. Cette règle avait beau ne pas être établi sur le papier, elle restait commune et le fait de porter des vêtements de la zone ou de la maison n'étaient pas les seuls raisons.

Puis elle en vint à parler de ses amies à l'intérieur et de leurs intérêts pour une virée. Ravie de les voir débarquer ? Tiens donc. Ces filles là étaient-elles réellement venues uniquement pour se faire un petit cocktail de basané ? Il ne put s'empêcher de lasser un rire s'échapper.
Pas la peine de lui dire que le groupe avait largement pu repérer ses copines à peine rentrées. Il la laissa terminer sur une note un peu moins joyeuse pour lui, puis attendit quelques secondes en tirant sur la clope. C'est dommage que tu t'en ailles tout de suite. je commençais à apprécier ta compagnie. Dommage pour lui oui, il n'était pas du tout intéressé par les amies de cette fille et ils connaissaient la majorité des autres filles de la boîte. Les nouveautés, c'était toujours pour sa belle gueule et là elle était juste en train de se barrer fissa pour aller... travailler ?

Puis pour mieux faire passer la pilule, il joua plus malicieux : Ils sont toujours partants mes amis t'sais. Alors... si les tiennes le sont aussi, y'manque plus que tu les présentes. Mes potes sont des timides... Genre. Avec le petit éclat amusé dans son regard, il était clair qu'elle comprendrait qu'il plaisantait et que ce n'était qu'un petit stratagème pour essayer de l'attirer à l'intérieur. Il ne dissimulait rien de son jeu, et il s'était même adossé au mur autrement. Son épaule était contre le mur et il la fixait intensément.

Quel genre de boulot pouvait empêcher une femme de s'amuser ? Alors... Biologie, chirurgie, traumatologie, médecine légale. Archéologie ? Ecole de médecine. finit-elle par lâcher dans une bouffée de nicotine, enlevant une poussière invisible de son haut.
Presque en silence, ils fumaient leur cigarette jusqu'à ce que le brun ne lance une discussion dans laquelle elle e glissa sans problèmes, s'étonnant elle même. Peut-être parce que justement, ce type n'avait pas essayé de lui sauter dessus comme l'autre Zorro alors qu'elle avait juste voulu fuir le raggaeton et l'ambiance enfumée...

Hochant doucement la tête, elle avait écouté les explications du brun ans doute infiniment plus habitué qu'elle à ces soirées enflammées qu'elle fuyait désormais comme la peste. La musique trop forte, les cocktails, les corps déchaînés sur la piste de danse... Elle préférait les garder pour ce fameux jour ou elle serait libérée de ses chaînes, et certainement pas prendre le risque de perdre son piédestal de major de promo. Il suffisait d'une seule soirée trop arrosée pour qu'elle mette des jours et des jours à s'en remettre après tout alors... Elle avait adressé un sourire presque désolé à son interlocuteur alors qu'il lui faisait remarquer son désappointement quand à son départ, avant de parler de sa compagnie. Pour le coup, Quinn éclata de rire en secouant doucement la tête, rangeant son smartphone dans son sac.

Oh non. Non, je ne suis pas le genre de femme à la compagnie agréable... Lâcha t-elle avec un sourire malicieux, parfaitement consciente de ce caractère excécrable qu'elle se traînait et qui l'emmenait bien souvent à un célibat endurci qu'à des mois et des mois d'histoire de couples passionnels. Et puis, tu ne connais même pas mon prénom. Ni moi le tien. Autre remarque concernant cette si agréable compagnie de la part d'une personne qui ignorait tout d'elle en dehors de sa passion pour les cigarettes et de ses études. Mais elle devait bien l'admettre, il avait ce quelque chose qui lui donnait envie d'en savoir plus. Peut-être parce qu'elle avait toujours un penchant pour l'inconnu après tout. Mais ce n'était pas en se contentant de lui jeter ses regards de braise qu'il l'aurait si facilement dans ses filets. C'était ce genre de type à avoir n'importe quelle fille dans ses draps en se contentant de claquer des doigts. Oh, je ne m'inquiète pas. Toi, tu n'es pas timide, je suis sûr que tu saura comment faire pour les aborder et les présenter... Un léger clin d'oeil provocateur conclut sa phrase, amusée des tentatives du latino pour la ramener à l'intérieur.

Suffisait de voir avec quelle aisance il était venu lui réclamer une cigarette après tout. Et comme il n'avait toujours pas répondu à sa demande de la station de taxi la plus proche... Et il semblerait que tes amis soient arrivés. Le type qui leur faisait de grands signe au volant de la voiture non loin d'eux faisait clairement comprendre que les deux hommes devaient se connaître. Croisant les bras contre sa poitrine en se demandant si c'était vraiment une bonne idée de se laisser aller pour une fois, elle rajouta tout de même. Et puis, je ne sais pas danser le raggaeton. Alors, cette station de taxi, tu peux me l'indiquer ?

Petit sourire innocent, encore. Ok elle devait bien l'admettre, c'était amusant de lui résister tout en laissant entendre que ce n'était pas forcément un non définitif.

Rien que ça. Médecine. J'suis impressionné. L'évidence l'avait déjà frappé lorsqu'elle était entrée avec ses amis, il s'était bien douté le latino qu'elle faisait des études de choix. Mais médecine, c'était disons, au dessus de tout. L'élite de l'élite. Après à savoir si elle était dans les meilleurs ou qu'elle était médiocre ça lui était égal. Elle venait juste de le souffler qu'elle était une bourreau du travail indirectement et qu'elle pouvait pas s'octroyer de moment de détente. Relaxe. Rafael n'avait aucune idée de ce qu'était le stress à l'école, il n'avait jamais éprouvé ce genre de chose dans ce cadre là. L'école avait toujours été un terrain de jeu, pas un endroit pour apprendre pour lui. Du moins, ce n'était pas un endroit où il avait envie d'apprendre des choses qui ne lui plaisait pas.

Il ne quittait pas la championne des yeux. Puis lorsqu'elle éclata de rire en appuyant qu'elle n'était pas d'agréable compagnie il prit un air presque choqué, et rétorqua aussitôt avec un air tout à fait sérieux : J'dois être honoré qu'tu m'montres que tes bons cotés pour l'instant alors ? Il allait quand même pas dire qu'il aimait les emmerdeuses, c'était pas vrai. Tout ce qu'il voyait de l'inconnue c'était une fille un peu solitaire, renfermée, mais pas une fille désagréable. Puis elle causait, et à partir du moment où il y avait de la conversation, ça le mettait toujours en de bonnes conditions lui. Rafael c'est mon prénom. Ça allait venir. J'te l'aurais dit. Mais on est pas pressé, on a le temps. On ? C'est elle qui était pressée de partir, de rentrer chez elle, de s'enfermer dans ses bouquins incompréhensibles. Ses ultimes sourires ne semblaient pas avoir l'effet rapide désiré, il allait devoir être plus méthodique. Ouais non, il allait faire comme d'habitude, et si ça passait pas, il râlerait c'est tout. Et toi ? Un joli prénom bien américain vu ses jolis traits.

Lorsque ses amis passèrent près d'eux, il leur adressa deux trois remarques, comme quoi il reviendrait plus tard. Son meilleur ami adressa un petit sourire léger qui voulait tout dire et il eut juste envie de le cogner pour ça. Au lieu de ça, il marmonna plutôt un 'ils sont cons' puis il opta pour passer à autre chose. Notamment au fait de l'accompagner à ce maudit arrêt de bus puisqu'il ne pourrait pas la tirer à l'intérieur dans l'immédiat. Il n'avait pas lâché l'affaire,
alors qu'il pointait un point au coin de la rue sans être précis il lui précisa que l'arrêt était là-bas.
Autant dire que c'était le seul à des kilomètres à la ronde. Y a pas de station pour les taxis ici. Juste des bus qui passent. Mais t'peux en appeler un qui viennent te chercher à l'arrêt si t'as une bonne wifi pour chopper le numéro sur internet. J'attendrais avec toi. Ils marchèrent un peu avant qu'il ne poursuive pour appuyer les propos de la brune : J'peux t'apprendre. Je suis pas mauvais professeur. Si t'es rigide comme un bout d'bois là par contre j'peux rien faire pour toi ouais. Tout cela dit en s'étirant un peu comme pour se dégourdir les bras. Enfin, t'as pas l'air d'être le genre de fille qui aime les défis. C'est plus facile de dire j'sais pas faire. Ouais, elle allait peut être très mal le prendre, ou alors jouer le jeu. Lui souriait clairement jusqu'aux oreilles, guettant les moindres faits et gestes de miss parfaite.