Qu'avait-il à brailler du Queen aussi fort et surtout aussi faux dès le matin ? Lui aussi son côté jovial , ses sourires, et son air de "tout va bien dans le meilleur des ondes", l'agaçaient profondément. Certes tous avaient du traverser des choses difficiles, mais elle n'allait as crier sur tout les toits ou bien sourire au ciel car Ô Miracle de la Vie elle était encore en vie, ça n'avait rien à voir avec les soit-disant divinités au dessus de nos têtes. C'était simplement le fait que le monde actuel choisisse qui ou non doit rester sur cette terre maudite. C'était de l'épurage en masse. Apte ? Tu restes. Inapte ? Tu dégages. Et ainsi de suite. Alors en voyant Ariel et sa mine fraîche hurlant cette chanson qu'il massacre allègrement, elle est bien en droit de se demandait comment il a fait pour tenir le coup aussi longtemps.
Et puis c'était quoi cette façon de sourire à tout va, qu'est-ce qui les rend le si heureux ? Mis à part le fait d'être en vie bien entendu. Ca lui échappait complètement, pas qu'elle soit stupide loin de là, mais elle ne voyait rien en ce monde qui puisse la faire vraiment sourire ou même rire. Ca devait faire bien longtemps qu'elle n'avait pas dessiné sur son visage creusé l'ombre d'un sentiment positif. Non son visage restait fermé, son regard était vide ou bien allumé de haine et de colère. Elle soupira légèrement, reprenant son acharnement sur la planche, avant de s'arrêter de nouveau en voyant l'ombre d'Ariel proche d'elle. Et merde ! Non tout mais pas ça !

Lorsqu'il se mit à parler tout en saisissant le marteau elle soupira de nouveau. En plus de ça, il allait causer... Non décidément non, elle ne pourrait pas avoir un moment de tranquillité avec tous ces gens autour. Il y avait un peu moins de tension entre elle et les deux têtes du groupe, mais avec le reste.. Il avait mieux éviter de trop en parler. Le seul qu'elle ignorait vraiment c'était Kyle. Ansel ça passait, du moins elle ne l'approchait pas, ce mec était étrange, il dégageait une aura qu'elle n'aimait pas. D'ailleurs Morgan n'aimait pas grand chose. Mais à dire vrai la relation la plus tendue et conflictuelle restait celle avec Rafael. Ces deux là c'était vraiment compliqué. Même si Ariel lui donnait des surnoms désobligeant qu'une fois il l'avait appelé "Ron Weasley" ce qui bien entendu n'était absolument pas passé... Elle avait même manqué de lui sauter à la gorge pour pouvoir lui cogner son petit visage de poupon. Stew avait été là pour l'en retenir, se disant qu'une altercation de plus, tournerait vraiment mal et que ce serait en sa défaveur, comme toujours. Car c'était bien évidement "Toujours de la faute de Morgan". C'était comme s'il y avait une pancarte lumineuse au dessus de sa tête avec inscrit "Fouteuse de Merde". Car oui, partout où Morgan passe, tout trépasse, plus ou moins. Ca épuisait Zack, ça agaçait Stew et ça renforçait la colère des autres à son égard.

N'écoutant qu'à moitié ce que lui racontait le brun, elle ne daignait même pas lever les yeux vers lui. Elle s'en foutait bien de l'arbre à chat qu'il avait construit, du nom de Gaga transformé en Gragra. Sérieusement ? Qu'est-ce qu'elle en avait à foutre de tout ça !? Rien. Elle s'en foutait de sa vie, elle était pour une fois tranquillement installée dans son con à scier et il fallait qu'on vienne troubler son calme. C'était à se demander s'il ne trouvait pas ça étrange que Morgan soit si calme. La rousse sait son tempérament de feu, mais bordel ! Ne venez pas l'attiser quand elle reste posée et sage dans son coin et encore plus si cette dernière est armée d'une scie. Parce que là pour venir chercher causette auprès d'elle et qu'elle tient une scie, il fallait avoir une tendance à être suicidaire. Mais c'était peut-être le délire d'Ariel : être suicidaire. La rouquine l'était bien aussi par moment, à chercher trouble fête à n'importe quelle occasion. Mais là franchement, qu'on lui foute la paix !

La jeune femme termina de scier l'entrée de la maisonnette pour Beverly, et toujours en ignorant royalement le brun, elle se leva pour aller chercher un papier de verre, sinon elle irait chercher un caillou pour s'occuper de polir le bois afin que la bestiole ne s'écorche pas quelque chose, se serait stupide de devoir tuer cette poule pondeuse, adieu les œufs ! Alors il valait mieux être prudent. Elle alla dans le garage et farfouilla dedans, en vain. Chier, merde, putain ! Elle ressortit du lieu agacée, comme toujours et alla chercher une pierre un peu rugueuse avant de revenir avec elle et de reprendre la planche, ne regardant toujours pas Ariel, le laissant faire mumuse avec son marteau, d'ailleurs qu'est-ce qu'il allait foutre avec !? Il ne savait pas ce qu'elle voulait faire ... Quel idiot celui-ci aussi !

A croire que la faction avait besoin d'un quota de décérébré... Ca faisait presque peine à voir, mais la peine est un sentiment que Morgan a refoulé bien loin. Du moins, elle ne s'ouvre qu'avec certaine personne. Les autres peuvent toujours courir ou creuser pour qu'elle daigne se confier à eux. Tout en polissant l'arrondi de l'entrée elle surveillait tout de même du coin de l’œil l'acolyte qui s'était imposé. On ne sait jamais, il pourrait avoir envie de lui flanquer un coup d'outil dans le crâne. Et PAF ! Plus de Morgan, pour sûr ça plairait à certains ! Mais sûrement pas à d'autres...

La rouquine continuait tranquillement son remue ménage, ignorant au mieux l'autre imbécile à côté d'elle qui s'était attelé à construire le poulailler, ça l'agaçait il ne savait pas ce qu'elle voulait faire et pourtant il était là en train de prendre des clous et de les planter dans les planches. Putain que ça l'énervait ! Elle avait envie de lui enfoncer son marteau dans la tête afin qu'il la laisse tranquille, elle avait envie d'être seule et le guignol qui était à côté d'elle l'agaçait plus que tout. Morgan faisait pourtant tout pour arranger les choses, en vain, elle était encore sauvage, et pour elle l'enfermement au phare était mal vécu. Peut-être qu'elle parviendrait un jour à s’accommoder de cette vie en communauté. A chaque fois que l'une des têtes du groupe sortait elle était toujours de la partie, sortir 'ici au lus vite respirer le grand air.

Tout en terminant de polir la planche elle la posa sur une de ses cuisses maigrelette et en saisit une autre, ainsi que le second marteau et un clou. Elle fronçait les sourcils, concentrée dans ce qu'elle faisait. Elle enfonça le premier clou, puis prit un second. Au troisième elle releva les yeux vers le phare tout en allant pour enfoncer le clou. Mais elle ne put terminer son geste que son poignet osseux venait d'être saisit. Elle posa son regard sur la main longue et fine enroulée à son poignet, elle en faisait facilement le tour. Suivant le main, le poignet, le bras des yeux elle finit par poser ces derniers sur Ariel qui se mit à lui parler. Elle fronça une nouvelle fois les sourcils, et dégagea rapidement son poignet de l'emprise de sa main.

Morgan le regarda redresser la petite maison et pencha un peu la tête, c'était pas trop mal, mais il fallait désormais la fixer au socle. Elle prit la plus grande planche laissant le châtain lui causer de "mission coq" et de nuggets. elle s'en foutait complètement de ce qu'il lui racontait, elle avait surtout l'impression que ce mec habitait sur une autre planète. Il fumait quoi pour être autant à côté de la plaque avec ses envies débiles de mal-bouffe !? Sérieusement... Comment avait fait Zack pour bosser avec un con pareil !? Ca lui échappait complètement. Elle avait beau avoir eut plus d'amis hommes que femmes, mais parfois le comportement de certains lui échappait.

La rousse restait toujours muette, elle savait quoi lui dire, mais comme d'habitude ça lui retomberait dessus avec le fameux "c'est de la faute de Morgan". Comme elle l'avait si souvent entendu ces derniers temps, c'était devenu même son refrain favori. Au final c'était quelque peu vrai, c'était toujours de sa faute au fond. C'était toujours elle qui cherchait la merde, la confrontation, qui les poussait tous à bout. Même si elle préférait clairement emmerder Rafael, lui faire des coups en douce et lui dire des vacheries juste pour l'agacer. Et à chaque fois ça fonctionnait, c'était presque un jeu.

Tout en se mettant à clouer la baraque à poule sur son socle, elle vit du coin de l’œil le défoncé de la vie se lever et partir vers le garage. Ô joie ! Il se barrait enfin ! Mais en entendant le bazar dans son dos, elle eut un doute. Changeant de place pour continuer ses travaux manuels elle finit par voir réapparaître l'énergumène dans son champ de vision. Elle cessa ce qu'elle faisait quand elle entendit sa voix. Elle se releva commençant à avoir des fourmis dans les jambes et le suivit des yeux. Qu'est-ce qu'il foutait !? Elle cligna des mirettes et l'observa gardant un visage impassible. Tout en tournant sur elle même pour le suivre, elle se questionnait de plus en plus sur ses capacités mentales...

La mode... Elle n'y connaissait rien, elle n'avait jamais fait trop attention à ça, bien trop préoccupée par son bar, sa vie nocturne. Elle avait fait les boutiques de temps en temps, mais Morgan avait toujours eu une profonde affection pour les t-shirt à texte. C'était son truc, elle trouvait ça amusant. Mais là voir Ariel se pavaner tel une mannequin de chasse et pêche elle ne savait pas quo en penser, ni quoi faire. L'ancienne Morgan aurait rit, mais l'actuelle était blasée. Elle soupira alors.

"J'en sais rien, je m'en fou."

Ce qui était totalement vrai, elle s'étira faisant craquer son corps trop mince et se déplaça pour aller chercher le grillage et le relever afin de commencer à le planter dans le sol.

"Au lieu de faire ta diva, rends toi utile."

Son ton était sec, Morgan trouvait Ariel et ses sourires, son ton joyeux agaçant, elle avait envie, en plus de lui défoncer le crâne à coup de marteau, lui foutre la tête dans la neige et la terre afin qu'il perde ce putain de sourire niais.