Doucement, je commençais à aller mieux. Il fallait dire aussi que cela faisait plus d’un mois que les derniers événements avaient eu lieu. Tout le monde était présent pour moi, du moins toutes les personnes sur lequel je pouvais compter. J’étais rassuré de savoir qu’aucun de mes amis proches ne m’en voulait. Jeff faisait l’effort de venir me voir tous les jours et me racontait ce qu’il avait fait de sa journée, il en était de même pour Victoria. Elle était un peu perdue de ne plus me voir autant, mais elle était toujours vraiment très heureuse de pouvoir me voir. Je la prenais dans mes bras avec un bonheur non dissimulé. Elle était vraiment mon chemin vers la rédemption, c’était en sa présence que j’arrivais le plus à sortir la tête de l’eau. Bientôt, je pourrais reprendre une activité un peu plus normale au sein du groupe.

J’avais passé la matinée avec Plutarch, comme bien souvent à vrai dire. Il était mon ami, mais il s’était surtout assuré de pouvoir me surveiller le plus longtemps possible. Cependant, il n’avait pas obtenu de me surveiller tout le temps parce que d’autres avaient pris la décision que je devais me réhabituer à voir d’autre personne que seulement lui. Je comprenais le principe, mais j’avais tout de même un peu de mal à l’accepter. C’est donc comme ça que l’après-midi qui arrivait je serais gardé par Elyse. Je n’avais pas recotoyé la sœur d’Arthur depuis un moment maintenant. Le cercle de personne autour de moi avait été drastiquement restreint. Je ne savais même plus qui je pouvais compter dans mes amis et qui n’avait plus la moindre importance maintenant. C’était donc avec le cœur lourd que je la vis prendre le relais un peu après le repas. Mon regard se posa sur elle alors qu’elle était rentrée dans la maison.

- Bonjour.

Il m’avait été impossible de dire plus, alors que je sentais le regard de mon ami encore sur moi, ce dernier était en train de partir en direction de la porte, même si je n’en avais guère envie de le voir partir. Il finit par disparaitre, me laissant seul avec cette femme. Mon programme du jour était légèrement chargé, mais je n’allais pas m’en plaindre. Je devais m’occuper de nettoyer la maison ainsi que de m’occuper de certaine plante au alentour et si j’avais le temps à la fin de tout ça, j’avais pour projet d’enfin commencer les peintures pour Brooke. J’avais passé une sous-couche de blanc sur des cadres assez moches que j’avais trouvés dans le grenier d’une des maisons, il ne restait plus qu’à faire des œuvres d’art même si je doutais sérieusement pouvoir y arriver aussi facilement. Je finis par tendre le bout de papier où était noté mes activités du jour à la blonde avant d’ajouter d’un ton un peu monocorde qui ne me correspondait pas du tout quelques informations.

- C’est à toi de choisir ce que je fais. Tu peux soit prendre une activité de cette liste ou me demander de faire autre chose.

C’était toujours comme ça que ça avait fonctionné avec tous mes autres tortionnaires, il n’y avait que Plutarch qui me laissait faire n’importe quoi. M’enfin, je tentais de sourire à Elyse, cela ne servait à rien de tirer la gueule. Mon sourire devait plus ressembler à une tentative rater qu’autre chose. Il faut dire aussi que rien n’était vraiment simple de nos jours. Je m’en voulais un peu d’avoir retourné Arthur, je ne me rendais pas vraiment compte, mais je n’avais pas de problème à l’imaginer devenue invivable à cause de tout ça.

La réponse me désarçonnait un peu, je m’avoue que je ne m’étais pas du tout attendu ça. Il faut dire aussi que jusqu’à présent tous ceux qui me surveillaient trouvaient plus qu’il s’agissait d’une corvée qu’autre chose. J’avais bien vu que certains avaient l’impression que j’étais une punition. Tous avaient dit qu’ils étaient là pour moi si j’avais besoin, mais au final, cela n’était rien. Je n’avais pu compter que sur quelques-uns, toujours les même d’ailleurs. Au fond de moi, j’avais envie de pouvoir recroiser Ludwig également pour qu’on s’explique un peu depuis qu’il m’avait empêché de me tuer, mais Evergreen était ligué contre nous et je n’avais pas vraiment envie de le voir nous quitter pour une simple bêtise de ma part. Je finis par me ressaisir pour lui répondre avec une gêne qui n’était habituellement pas mienne.

- Euh oui…

Tam ressaisie toi bordel ! J’essayais de m’engueuler un peu mentalement dans l’espoir de reprendre mes esprits et d’être capable de faire plus que d’aligner trois stupides mots. Oui, j’avais sans doute mal, j’avais fait des conneries, mais il était temps pour moi de me faire pardonner. C’était justement en partie pour ça que j’étais là aujourd’hui d’après les dires des Blake le matin même. Enfin, j’étais aux ordres d’Elyse pour l’après-midi et je n’allais pas me plaindre de passer une après-midi à discuter plutôt que de faire des corvées. C’est vrai qu’à deux tout irait sans doute plus vite. Je fis de mon mieux pour lui sourire, mais je savais que ce dernier n’était sans doute plus aussi éclatant de bonheur que par le passé. Je n’étais plus que l’ombre de moi-même, mais doucement, je reprenais tout de même doucement en mains alors il fallait me laisser du temps pour reconstruire ma carapace qui avait été détruite. Finalement, j’arrivais à reprendre la parole pour combler les vides.

- Non, ça ne me pose pas de problème, c’est juste que c’est un peu ma punition. Au contraire, ça me ferait plaisir de discuter avec toi. Je discute uniquement avec les personnes qui viennent me voir et avoir une personne de plus ne me fera pas de mal.

Pendant une seconde, j’avais presque était moi-même, du moins c’était l’impression que j’avais eue. J’espérais que ça durerait de la sorte encore un peu. Je tâchais de ne pas avoir l’air trop coincé pendant que je récupérais ma liste pour la glisser dans ma poche. Non pas que je voulais me décharger de mon travail, mais j’en avais un peu marre d’être l’esclave de tout le monde. J’avais fait une connerie, j’assumais et je savais que j’en avais encore pour au moins quelques mois encore. Je ne savais pas vraiment de quoi nous pourrions discuter, mais les règles de politesse me forcèrent tout de même à poser une question supplémentaire.

- Est-ce que tu veux que je prépare un thé ou quelques choses comme ça avant qu’on s’installe ?

Je savais que des infusions avait été trouvé et partager à travers les maisons, je ne savais pas vraiment si la maison des McLeod en avait bénéficiait, mais dans le fond, j’espérais que c’était le cas. Je voulais bien lui faire comprendre que j’avais bien saisi qu’elle m’avait tendu une main et que j’étais prête à la saisir à mon tour. Les choses devaient aller dans les deux sens. Il me faudrait du temps avant d’être définitivement réhabilité et j’étais largement prête à faire les efforts nécessaires dans ce sens-là. Je n’étais plus aussi joyeuse qu’avant et prête à rire de tout et de rien, mais j’avais une marge de progression assez grande pour croire en un futur meilleur. Visiblement, elle ne m’en voulait pas de ce que j’avais fait et c’était déjà un bon début pour reprendre une relation sur des bases saines.