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Mettre des mots sur les maux

Jeu 27 Avr 2017 - 19:15

Il avait du plomb dans la poitrine. Depuis bientôt un mois maintenant, Eli et Roza étaient partis. Rowen n’avait pas réussi à les dissuader, à leur expliquer qu’aussi mal qu’ils pouvaient se sentir entre les murs du lycée, ils seraient toujours mieux que dehors. Et maintenant, que devenaient-ils ? Étaient-ils toujours en vie ? Il n’osait ni l’imaginer, ni y croire. Parce que le mexicain était son ami, un « vrai » ami, particulièrement depuis qu’ils avaient crevé l’abcès qui gangrenait leur relation. Quant à la russe, c’était simple : elle avait sauvé Rosaleen le jour où elle avait franchi les grilles avec des médicaments. L’illustrateur l’admirait pour ça, lui avait parlé un petit peu et… découvert qu’elle était adorable. Mais blessée. Écorchée par l’horreur de ce qu’ils avaient dû faire. Comme Eli. Comme Calypso. Comme Aodhan.

Il ne pouvait se défaire de cette sensation de, peut-être, manquer quelque chose. Ne pas avoir été avec eux ce jour-là, est-ce que ça le rendait incapable de vraiment comprendre ce qu’ils ressentaient ? Et s’il avait tort ? S’il y avait pire que souffrir en solitaire dans les rues d’une métropole exsangue ? Et si tuer d’autres gens pour le compte de son camp, n’était pas encore plus lourd à supporter que de tuer pour soi-même ? Il n’avait même pas osé poser la question à April, car il ne souhaitait pas raviver de vieilles blessures.

- Tu restes là ? Je vais faire un tour, je reviens tout à l’heure.

Un sourire plus tard, il laissait sa petite-amie qui dévorait un bouquin. Ils continuaient à se servir dans la bibliothèque pour discuter ensuite des ouvrages avec Clive et la soigneuse se révélait être encore plus assidu que Rowen. Lui, avait toujours la tête ailleurs, quand il ne courait pas de long en large du lycée pour essayer de se rendre utile à quelqu’un.

Ses pas le menèrent à la cour intérieure qui servait de point de rendez-vous à ceux qui ne voulaient pas forcément se retrouver au beau milieu de la grande salle. Calypso était là. Difficile de dire comment elle se sentait mais l’artiste était prêt à parier que l’absence des deux acolytes lui pesait. Après tout : ils semblaient s’être particulièrement soudés tous les quatre, suite aux atrocités qu’ils avaient partagé. Avant de la rejoindre, poussé par une intuition qu’il ne chercherait pas à combattre, l’illustrateur aperçut les deux sœurs Valentine, plongées dans une grande discussion à voix basse. Elles étaient toujours craintives et discrètes mais avaient déjà repris quelques couleurs. C’était bon signe.

- Hey, Salut.

Oh, mince. Leurs regards se croisèrent et en un flash, Rowen se souvint de cette fameuse fois où elle était à moitié nue dans les couloirs. Il n’en avait parlé à personne mais la vision des seins de l’éditrice le poursuivait encore. Les habitudes avaient la vie dure et il l’imaginait encore comme sa collègue de travail. Jamais – au grand jamais – il n’aurait un jour ne serait-ce qu’imaginer entrevoir l’ombre d’un téton qui lui appartenait. Brusquement aussi écarlate que ne devait l’être le pull qu’il portait avant que l’intensité ne fane, il lui demanda à défaut de pouvoir se défiler :

- Je-euh… je me demandais… comment tu allais… t-tu tiens le choc ?

L’intérêt était sincère : il s’inquiétait pour son amie qui avait perdu l’amour de sa vie et vu partir un homme auquel elle tenait beaucoup. Du moins, c’était ce qu’il avait cru comprendre mais Eli n’était pas du genre à se vanter de ses conquêtes. C’était un gars timide et respectueux, alors Rowen ne faisait que supposer qu’il ait pu y avoir quelque chose entre lui et Calypso.
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Re: Mettre des mots sur les maux

Ven 28 Avr 2017 - 10:56

Chaque jour à 9h00 du matin et à 19h00 le soir, je me rends à la barrière du camp. Je monte au poste de surveillance, m'arme de jumelles et observe les environs dans l'espoir de les voir revenir. Ca fait longtemps, beaucoup trop longtemps qu'is sont aux abonnés absents. Les premiers jours j'étais sereine, j'me disais que quoiqu'il arrive il viendrait me chercher. Et puis ça c'est dégradé. J'en dors plus les nuits. Je me sens seule, abandonnée. Heureusement qu'Ao est là sinon j'aurais sombré bien plus rapidement dans cette putain de lassitude. J'attends, désespérément. Je tente chaque jour de me rendre utile, de sourire à tous ceux que je croise mais ce n'est qu'une façade car au fond de moi je brûle. J'ai l'impression d'avoir un grand vide au niveau de la poitrine, de manquer d'air. J'sais plus comment gérer ça, j'sais plus comment faire sans eux. Parfois j'hésite sortir du lycée pour errer sans but, chercher le danger quel qu'il soit pourvu qu'il me sorte de cette routine ennuyeuse. Mais je n'oses, j'suis une putain de lâche qui attend désespérément le mec de qui elle s'est amouraché et sa meilleure amie.

J'ai l'impression de passer pas mal de temps avec Ao mais au final je me mens plus qu'autre chose. Je chercher la solitude, mi perds et j'suis seule. Alors je déambule dans les couloirs à la recherche d'un peu de gaité. Tente de lire des bouquins mais même ça, mon échappatoire habituel, ne me convient plus. Alors aujourd'hui j'suis allée dans leur chambre. D'abord dans celle d'Eli où j'suis restée à peu près deux heures écroulée sur son lit à tenter de capter une odeur. Je me suis finalement endormie et me suis réveillée en fin d'après midi. Je lui ai piqué un sweat qu'il avait abandonné dans un coin et ai décidé d'aller dans la piaule de Roza sachant que je trouverai ce qui me fallait.

Je suis repartie avec une bouteille de vodka presque pleine et un paquet de clope presque vide qu'elle avait caché dans un coin. Elle ne m'en voudra pas. J'suis ensuite allée me réfugier dans la cours extérieure où il n'y a pas énormément de monde. J'ai embrassé les filles Valentine avant de m'isoler dans un coin. La bouteille posée devant moi, ouverte, je viens de boire deux petites gorgées. Ca m'a brûlé la gorge mais cette chaleur me réconforte, m'apporte du soutien. Je viens de m'allumer une clope quand j'entends une voix familière. Je relève la tête et découvre Rowen. Je pourrai être gênée, je pensais que je le serai après ce qui c'est passé le jour où Eli m'a annoncé qu'il partait. Mais rien. Je rougis peut être un peu, mais pas trop. Salut. Je lui souris du mieux que je peux, j'pourrai avoir honte de me souler la gueule toute seule mais ça non plus ça ne m'atteint pas.

Je lève les épaules face à sa question et saisis la bouteille pour la lui montrer avant de boire au goulot. J'essaie. Autre sourire triste, je dois avoir l'air pitoyable. Tu devrais pas rester avec moi, j'vais te mettre le cafard. C'est mon ami, mon ancien collègue et j'voudrai pas le rendre dépressif lui aussi.
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Re: Mettre des mots sur les maux

Lun 1 Mai 2017 - 22:59

Le drap s'envole et retombe lourdement. Nouveau rêve, nouvelle frayeur, nouvelle terreur. Plus le temps passe plus son âme s'aiguise d'une plaine verte et fraiche n'était plus qu'une falaise aux piques tranchants à la recherche de celui qui pourtant les a crée. Chaque jour est un pas de plus vers la femme en noir, chaque jour l'emmène un peu plus proche de ces pieux naturels qui attendent avidement de pouvoir se nourrir du sang de cet être perdu au regard qui peu à peu devient vide et sans joie et qui ne s'illumine que quand il met un pas de moins entre lui et la mort et qu'il la voit. Cette sorcière, ange de ses rêves et démon de ses nuits. Sa main parcoure le sol, il cherche le réveil mais elle est encore là dans son esprit, terreur nocturne parmi les rêves ensoleillés. Sa main ne trouve rien et son esprit revient à la réalité fade et sans saveur il n'y a plus de réveil comme il n'y a plus d'elle.

Un soupir, un désir. Il rêve d'un baiser à l'aube d'un réveil. Son corps se bouge au contact du soleil il en a oublié l'heure d'ailleurs. Ses yeux cherchent à s'ouvrir vainement mais finalement les portes s'ouvrent et Helios peut y déverser sa lumière. Il roule un peu et le sol est contre lui et l'aide à se relever en lui tenant la main. Les quelques étirements qui font presque ressembler à un rôdeur désarticulé son ombre finisse la lourde tache et un t-shirt plus tard il peut penser en paix loin de la galère de son début de journée. Les premières pensées affluent dans sa tête. Toujours pour elle.

Le gilet noir enfilé et la porte ouverte il se dirige vers l’extérieur, un sourire hypocrite au vu de son état mais tout cela importe si peu tant que les autres sont heureux. En parlant des autres tiens.. Eli et Roza maintenant partis l'endroit devenait encore plus invivable pour lui. Il ne partage d'humour avec personne ou ne se moque plus de qui que ce soit pour s'amuser. Il n'y a que Caly et sa souffrance et Mary et son sourire. Il pousse une porte qui donne dehors et le voilà. Le monde extérieur celui qui lui manque, celui qu'il veut retrouver pour trouver Eli et Roza. Il s'avance et dans cet cour salue d'un sourire les deux Valentine et jette un clin d’œil à la plus vieille puis les laisser faire ce qu'elles veulent dans leur coin avant de rejoindre Caly et celui qui se prénomme Rowen si il ne se trompe pas.

- Mesdemoiselles, Messieurs j'interromps votre émission pour saluer la plus belle et ce charmant jeune homme.

D'un geste simple il tendit la main à Miss Vodka pour l'aider à se relever. Il sait qu'elle va mal, qu'elle souffre du départ d'Eli et qu'elle ne le verra peut-être plus mais il ne peut rien y faire seulement ralentir sa destruction tout simplement. Elle avait l'air complètement.. il ne pouvait mettre de mots sur ce qu'il voyait mais ils étaient là. Son regard était sincère et il observa un cours instant Rowen. Il semblait soucieux, aucun doute qu'il était un brave type quand une situation pareille pointait le bout de son nez.
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Re: Mettre des mots sur les maux

Mar 2 Mai 2017 - 8:09

- C’est justement pour ça que je vais rester avec toi alors, déclara-t-il sans bégayer.

Elle faisait peine à voir. Qui pouvait l’en blâmer ? Calypso avait vu et traversé des horreurs, beaucoup d’autres étaient devenus fous pour moins que ça. Il ne savait pas encore ce qu’il allait faire pour l’aider mais une chose était sûre : ce n’était pas la vodka qui allait résoudre son problème. Doucement, il attrapa la bouteille, espérant pouvoir lui prendre sans qu’elle ne se braque, mais fut interrompue dans son geste par Aodhan. Le dernier des quatre chevaliers auxquels le lycée devait d’avoir surmonté l’épidémie de grippe. Un petit peu surpris – il ne l’avait pas vu arriver – Rowen lui adressa un sourire timide en répondant :

- Oh-euh… bonjour.

Et lui, comment allait-il ? C’était la personne de qui il connaissait le moins de chose. Eli lui avait parlé de Roza, complétant les grandes lignes de ce qu’il avait pu apprendre en l’abordant, mais le professeur d’histoire était pour l’instant un mystère. Se joignant à lui pour aider l’éditrice à se remettre sur ses pieds, l’illustrateur profita de cet instant de flottement pour lui prendre son réconfort empoisonné des mains.

- Tu vas… ça va te faire du mal…, justifia-t-il.

Bon, il ne savait pas quoi en faire maintenant. April l’aurait sûrement éclatée à même le sol, pour être certaine que Calypso ne la récupère pas – ou l’aurait dénoncée à Jaden pour qu’elle soit surveillée – mais ce n’était pas son genre. La brune était malheureuse : elle avait au mieux besoin de soutien, au pire d’une assistance médicale. Les yeux de Rowen la fuyaient. Parce qu’il était toujours intimidé mais aussi parce que sa souffrance le mettait mal à l’aise. Il la comprenait, la ressentait, la partageait ; pourtant, le sentiment d'impuissance chargeait son estomac de plomb.

- Ça va aller, reprit-il en cherchant l’aval d’Aodhan du regard, on est là avec toi. E-est-ce que tu veux… rentrer ? Je peux voir si… hum… si on peut t’avoir une tasse de thé, il toucha pudiquement ses mains et ses joues, tu as l’air d’avoir froid… je resterai avec toi, d’accord ?

Entre les lignes, il espérait que son aîné accepte de rester également. L’artiste connaissait la jeune femme d’avant, parce qu’ils avaient un travail en commun, mais le professeur l’avait accompagnée des mois au lycée. Il avait participé à leur expédition pour trouver des médications, il était présent lorsqu’ils avaient retrouvé le cadavre d’Hélios. Témoin privilégier de la chute de Calypso dans les ténèbres, Rowen avait besoin de lui pour essayer de la remettre d’aplomb.

- Est-ce que tu préfères aller dans la grande salle ou dans ta chambre ?
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Re: Mettre des mots sur les maux

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