Assise près de la fenêtre, Isabel regardait d’un air paisible vers l’extérieur. Là, dehors, la rue principale du lotissement commençait peu à peu à s’éveiller, chacun des habitants d’Evergreen se mettant au travail. La journée promettait d’être belle, une fois de plus, la froideur de l’hiver ayant laissé place aux beaux jours. Et si les températures étaient encore relativement basses, ils profitaient des premiers rayons de soleil du printemps depuis quelques temps. Et tout autour d’eux, la vie semblait reprendre peu à peu son cours, les arbres bourgeonnant à nouveau, les premières fleurs sortant de terre, et même parfois en tendant l’oreille, le chant des oiseaux se faisait entendre. A croire que toutes ces petites choses rendaient idyllique ce quartier résidentiel où ils s’étaient installés, leur faisant oublier tous les malheurs qui les avaient frappés. Mais à vrai dire, ce qui importait le plus aux yeux de la jeune femme n’était pas cette belle et nouvelle maison, cette cuisine splendide, ou même ces murs qui les protégeaient à présent. Non. La chose qu’elle chérissait le plus au monde se trouvait dans cette pièce, celle-là même où elle était installée depuis son réveil.

Toujours attentive à ce qui se passait dehors, Isabel fut pourtant ramener à la réalité par quelques timides babillages derrière elle. La jeune femme tourna alors la tête vers le berceau qui se trouvait à quelques mètres de là. Elle se leva alors, souriante, pour se rendre au chevet du petit être qui se réveillait paisiblement dans son lit. Voilà donc celui à qui elle donnait énormément d’attention depuis plus d’un mois à présent. Cailean se portait à merveille, et malgré des conditions difficiles, l’accouchement s’était plutôt bien passé. Isabel se sentait toujours extrêmement fatiguée mais elle tenait le coup, malgré ses courtes nuits. Seule la joie qu’elle ressentait en voyant son fils comptait, qu’importe les nuits blanches et les heures passées à s’occuper de lui. Il était la plus belle chose au monde à ses yeux.

Sortant le bébé de son lit, Isabel lui chuchota quelques paroles tendres avant de le bercer doucement alors qu’il se mettait à pleurer. Et instinctivement, la jeune femme ne mit pas longtemps à comprendre les raisons de ces pleurs. S’approchant du fauteuil à quelques pas de là, la jeune mère s’y installa pour allaiter le petit garçon. Elle n’avait, pour l’instant, aucun mal à le nourrir au sein et c’était très bien comme ça. Profitant de ce moment, Izzy ne put s’empêcher de regarder longuement son fils, ne cessant de sourire. Après tous les malheurs qu’ils avaient vécus, après tous les gens qu’ils avaient perdus, Cailean lui redonnait espoir, lui redonnait la force d’avancer. Après ces longs moments de doute après leur arrivée ici, dans leur nouvelle maison, elle ne pouvait que penser en l’avenir. Ils avaient réussi. Avec Arthur, ils avaient enfin construit une famille…

Après avoir nourri Cailean, Isabel descendit jusqu’au salon de la maison, le bébé dans ses bras. S’installant dans le canapé, elle entendit du bruit dans la cuisine, un peu plus loin. « Elyse ? Tu es là ? » En voyant sa belle-sœur arriver dans la pièce, Isabel ne put s’empêcher de sourire malgré sa mine fatiguée et ses cernes qui ne cessaient de grandir un peu plus chaque jour. Mais peu importe la fatigue et le reste, Izzy gardait le moral et le sourire. Il en fallait plus pour lui enlever ça. Tant que Cailean se portait bien, tout irait bien. « Tu vas bien ? »