Cela faisait un bon moment que le groupe évoquait le fait de renforcer davantage leurs défenses, mais avec l'hiver ils avaient décidé de repousser cette tâche en tout logique. Sauf que le temps passe, les températures négatives ou très basses ainsi que la neige ne sont plus d'actualité depuis plusieurs mois, et pourtant, ce projet traînait encore. Pas oublié, simplement mis de côté car il y avait toujours assez à faire au quotidien, sauf qu'à force de laisser traîner ça, ils finiraient par ne jamais le faire. Alors, la veille, le Puerto-Ricain avait commencé à faire le tour de ses camarades pour trouver des volontaires. Il s'était dit que deux personnes en plus seraient suffisantes, et à son plus grand étonnement, il n'eut guère besoin d'argumenter ou de voir chacun pour que des volontaires se manifestent. Hernando croisa en premier lieu Duncan, puis il trouva ensuite Sarah qui acceptèrent volontiers. Autant dire qu'un large sourire s'affichait sur le visage de l'éducateur à chacune des réponses positives, mais il continua tout de même son petit tour en allant auprès de tous les habitants de la prison afin de leur en parler et de leur indiquer que chaque coup de main, même rapide, serait le bienvenu, à une exception près ; le petit Arun évidemment.

Pour le coup, faire équipe avec ces deux-là le réjouissait car s'il savait manier les outils, utiliser sa force et sa tête, il était bien conscient que ses deux acolytes sauraient plus facilement obtenir plus rapidement de meilleurs résultats en voyant les choses d'une autre façon. Bien souvent, ils se montraient plus ingénieux que lui sur ce genre de tâche, Hernando n'avait aucun mal à l'admettre, là où il excellait resté l'action. Peut-être avait-il besoin d'une dose d'adrénaline pour faire fonctionner au mieux sa cervelle, et renforcer les grillages n'allait pas suffire à la mettre totalement en marche. Et puis travailler en équipe restait une chose qu'il appréciait, cela permettait à chacun d'exprimer ses idées, même si certaines pouvaient paraître stupides, elles ne l'étaient pas forcément lorsque plusieurs cerveaux se mettaient à travailler.

Chacun y gagnait et apprenait au final quelque chose pouvant être ultérieurement utile, sans oublier une chose importante ; le côté social et relationnel dont tous avaient besoin. Ce n'était d'ailleurs pas pour rien que, pour une fois, Mike n'était pas de la partie, du moins pas dans l'équipe de départ disons, peut-être passerait-il en cas de besoin, mais il était préférable que tous ne se retrouvent pas à travailler sur ce projet d'un coup pour des raisons de sécurité évidentes, mais également parce que les deux amis passaient suffisamment de temps ensemble, peut-être même trop, les faisant involontairement se tenir un peu à l'écart des autres par moment.

Ils s'étaient donc donnés rendez-vous dès le matin pour s'atteler à la tâche le plus rapidement possible et se montrer productif, mais avant de commencer quoi que ce soit, ils devaient s'organiser un minimum pour éviter de faire des allers et retours par manque d'outils ou de matériels. Grâce à la prison en elle-même et aux différentes fouilles, ils avaient de quoi faire. De plus, la météo leur souriait puisqu'un soleil radieux était présent, sans aucun nuage à l'horizon, ce qui était bon signe car travailler sous la pluie aurait été contre-productif et idiot, il aurait fallu repousser une fois encore le renforcement des grillages.

Lorsque Mike, après sa garde de nuit, rejoint la chambre qu'il partageait avec Hernando, ce dernier était déjà prêt et s'amusa à faire un signe du bras vers le lit de son ami comme pour lui dire à ton tour de dormir. Sortant de la pièce, l'hispanique se dirigea vers celle servant de réserve fourre-tout au groupe et commença à fouiner un peu partout pour trouver tout ce qui pourrait leur être utile en commençant par ce qui était petit comme les marteaux, les pelles, les clous et autres. Quant aux poutres, il verrait ça avec les autres. Hernando préférait pour l'instant rester dans cet endroit plutôt que de se dissiper et partir dans tous les sens en attendant ses camarades. Peut-être préféreraient-ils d'abord faire un petit tour au grillage pour avoir une idée de la manière de procéder, mais pour l'heure, il mit le marteau à sa ceinture en poursuivant ses recherches.

A maintes reprises, les survivants avaient discuté de fortifier le camp et ainsi rénover les endroits qui paraissaient les plus sensibles à une potentielle attaque de charognes ou de n’importe qui d’autre. Mais avec le temps maussade et les températures hivernales, les rescapés ne pouvaient pas faire grand chose à part attendre que les beaux jours n’arrivent.

C’est Hernando qui avait prit les devants et qui en avait parlé le premier avec le magasinier. Sans doute que celui-ci craignait qu’une barricade ne cède un jour ou l’autre ? Ou alors il avait peut être l’envie de se rendre utile ? Toujours est il que le barbu n’attendait que cela et avait accepté de suite la proposition de son camarade. Il pourrait peut être aussi apprendre à se connaître un peu plus ? C’était idiot mais cela faisait maintenant plusieurs mois qu’ils se côtoyaient et pourtant ils n’avaient jamais tenus une discussion digne de ce nom. Qui plus est, le latino lui avait aussi confié que Sarah serait également de la partie. C’était une opportunité pour le trio de tisser des liens et ainsi se forger une amitié durable.

Le musicien s’était donc levé aux aurores. L’inactivité routinière n’était pas l’alliée du manutentionnaire, comme pour personne d’ailleurs. Et occuper ainsi ses journées à faire quelque chose d’utile pour la petite communauté serait, de toute évidence, bénéfique pour tout le monde.

En tout cas, la journée était belle et la température agréable et ils avaient du pain sur la planche. Par ou commencer ? Il y avait tellement de choses à faire ! Fortifier les grillages et rénover la porte principale. Et pourquoi ne pas rajouter des remparts de piques tout autour des grillages pour empêcher les charognes de venir s’y accrocher ? Le grand gaillard, qui ne manquait pas d’imagination,  avait déjà des plans colossaux en tête. Mais ils n’étaient finalement que trois et il était évident qu’ils ne pourraient pas tout faire en un laps de temps aussi court. De toute façon, ils devraient déjà certainement débattre de qui ferait quoi ? Et par quel endroit ils commenceraient.

Quoiqu’il en soit, Duncan était déjà dehors. Mains sur les hanches, il profitait de la douceur de la brise matinale et des doux rayons de soleil qui lui réchauffait le visage. Celui-ci  contemplait les clôtures qui allaient bientôt être remises en état. C’était silencieux. Il n’y avait que le chant des oiseaux qui parvenait aux oreilles du musicien. Le magasinier profita ainsi de ce silence harmonieux pour rêvasser un instant tout en attendant patiemment ses acolytes qui ne tarderaient sans nul doute à arriver ?

Sarah s'était levée ce matin là comme à son habitude, sans se précipiter. Ces périodes de calme étaient suffisamment rares pour que chacun préfère en apprécier le moindre instant. Et c'est ce qu'elle avait fait, tout comme les autres, ces derniers jours. La jeune femme avait passé pas mal de temps avec Duncan, puisque c'était souvent ainsi qu'elle préférait occuper ses journées, quand ce n'était pas le cas, toutefois, l'actrice ne manquait pas à ses tâches habituelles. Surveiller les murs, veiller à ce qu'ils ne manquent pas des ressources de première nécessité et que leur refuge reste toujours aussi sécurisé. C'était toutes ces petites choses qu'ils avaient chacun accepté de s'accommoder, afin de pouvoir mettre leur esprit plus à leur l'aise, pour ce genre de période, où il était désobligeant de se tracasser de ce qu'il y aurait dans son assiette le soir, ou de la menace de l'un ou l'autre rôdeur.


L'hiver avait fini par passer, non sans peines, et avait laissé place au printemps et à ses débuts timides, avant d'afficher, comme lors de ce début de matinée, un soleil radieux, de quoi mettre du baume au cœur de chacun des membres du groupe. Après avoir déjeuné et effectué une patrouille autour des murs, la jeune femme se prépara à aller rejoindre Hernando, puisque celui-ci lui avait demandé, la veille, si elle acceptait de l'aider à faire quelque chose afin de renforcer les défenses du refuge, ce que la blonde accepta très vite. C'était quelque chose qui était à l'ordre du jour depuis son arrivée dans le groupe, et malgré son importance, la tâche avait été programmée pour plus tard, suite à tous les obstacles qu'ils avaient du affronter ces derniers mois. Très bonne initiative de la part de l'hispanique, qui s'était fait plutôt discret ces derniers temps, Sarah ne le jugea d'ailleurs pas sur les raisons de son comportement, saisissant plutôt l'opportunité, d'à la fois, faire quelque chose de bien pour leur communauté, mais également de pouvoir prendre des nouvelles du jeune homme avec qui elle n'avait eu que de rares occasions de discuter.


Marchant dans les couloirs du complexe, ses pas la menèrent jusqu'à leur réserve de matériel, ou plus précisément de « tout ce qui pourrait s'avérer utile ». Ils avaient accumulé pas mal de matériaux et ressources, à stocker dans un espace plus restreint, alors il y avait un peu de désordre. Mais elle aurait souhaité vérifier ce qu'ils pourraient utiliser afin de s'acquitter de leur tâche, et puis retrouver les garçons. Mais alors que Sarah arrivait juste devant la pièce, dont la porte était ouverte, elle vit Hernando qui était en train de fouiller l'une ou l'autre caisse, à la recherche de matériel. " C'est sympa de te proposer pour mettre un peu d'ordre ici ! " dit-elle en riant. " Tu as déjà croisé Duncan aujourd'hui ? " elle l'aida ensuite à déplacer une caisse afin de faire de la place et avoir une vue d'ensemble sur le matériel stocké. " Je ne sais pas si on aura assez de bois..."  dit la blonde en observant les quelques malheureuses planches qui traînaient là, contre le mur. " Mais on devrait pouvoir en trouver facilement pas loin d'ici. " Ou pas ? Peut-être que ça suffirait comme cela ? En réalité, la jeune femme s'était portée volontaire pour filer un coup de main, mais le projet n'en était qu'à ses premiers stades, ils n'avaient pas encore concrètement établi de ce qu'ils pourraient faire, pour renforcer les murs qui entouraient la bâtisse. Pourtant, elle avait attrapé tout le matériel qui lui semblait utile, et même repéré un échelle qui ne serait sans doute pas de trop. Consolider les endroits ou le grillage était abîmé, dresser des rangées d'obstacles, pourquoi pas des dresser poutres de bois ou des débris dangereux juste à l'extérieur ? Certainement aussi contrôler à nouveau toutes les entrées et sorties du refuge, pas mal de travail en somme, ne restait plus qu'à savoir comment s'y prendre.

Continuant à fouiner, le latino se montrer hésitant à chaque objet vu ou pris en main, se disant que ça pourrait peut-être être utile, il marmonna dans sa barbe sur le fait de ne pas avoir pensé à prendre une brouette, un caddie ou quoi que ce soit pouvant rendre le transport de marchandises plus pratique et simple. Mais comme on dit, quand on n’a pas de tête, on a des jambes ! Et puis, il n’était pas encore trop tard pour ça. Tandis qu’il poursuivait ses recherches, une voix s’éleva et le fit sursauter. Hernando ne put s’empêcher de lâcher un « Dios mío… » de surprise. Il ne s’attendait pas à ce que quelqu’un vienne aussi rapidement à la réserve, et encore moins de façon aussi discrète alors qu’il était plongé dans son occupation. « Tu m’as foutu les j’tons Sarah. » avoua-t-il dans un petit rire nerveux.

Se relevant, il sourit et regarda la jeune femme et répondit négativement à sa question par un mouvement de tête. « J’suppose que toi non plus alors, nan ? » Questionnement idiot au premier abord, mais il aimait entendre directement les choses plutôt que de se contenter de son avis, après tout, peut-être s’était-il déroulé quelque chose avec Duncan et que la blonde souhaitait en parler. Ou pas. Hochant la tête, Hernando ne pouvait qu’admettre qu’elle avait raison au sujet du bois. Leur réserve directe était bien vide face au travail qui les attendait « Ouais, faudra en couper certainement, mais bon, c’pas trop grave. En fait, j’sais pas trop par où commencer, y a tellement à faire qu’j’pars dans tous les sens. – dit-il en passant l’une de ses mains sur son crâne. – Mais j’sais qu’on va réussir, y a pas d’raison, c’est rien d’sorcier hein. » ajouta-t-il en gardant son sourire. Disait-il ça pour ne pas démotiver Sarah concernant les propos qu’il venait de dire juste avant ou était-ce pour lui ? Dans les deux cas, l’éducateur y croyait dur comme fer, pour lui il était évident qu’à eux trois ils parviendraient à abattre un travail monstrueux et qu’à la fin de la journée ils pourraient être fiers. A tort ou à raison, il était bien trop tôt pour le dire.

« Faut qu’on trouve l’barbu, qu’on discute et s’organise pour éviter d’se disperser dans tous les sens en voulant trop en faire. Ca s’retournerait contre nous et on d’viendrait contreproductif tu crois pas ? » demanda-t-il en haussant les épaules. Peut-être aurait-il dû commencer par ça au lieu de commencer à prendre du matériel ; retrouver ses deux partenaires du jour et entamer une discussion afin de répartir au mieux les tâches. « Bon, on va voir dehors, p’t-être qu’il prend un petit bain de soleil ! A moins qu’il roupille encore. » tenta-t-il de plaisanter.

Le musicien, qui attendait toujours sagement ses collègues de travail, se décida soudainement à se bouger et commença à examiner la clôture qui lui faisait face. Il s’approcha tout d’abord des piliers en béton et commença par inspecter les fils barbelés à terre ainsi que l’état du grillage.

Le barbu agrippa ses doigts entre les mailles de leur mur de protection et tira de toutes ses forces sur celui-ci. S’il y avait une attaque de charognes, le manutentionnaire devait absolument savoir à quoi s’en tenir. Il devait savoir si ce grillage supporterait le poids de plusieurs cadavres ? Et vu comment les fils métalliques étaient détendus, il était évident qu’une masse incommensurable de macchabées avait déjà dû se suspendre dessus ? La résistance de celui-ci n’était clairement pas digne d’un grillage de prison.

Duncan n’était pas un spécialiste du bricolage et des travaux manuels. Loin de là ! Mais il lui était arrivé par le passé de bricoler à droite et à gauche. Il faut dire que pendant sa jeunesse, il avait été le seul homme de la maison. Alors quand il y avait quelque chose qui tombait en panne ou qui était à remettre en état, il était bien obligé de s’y coller. De toute façon, cela ne le dérangeait guère. En effet, il aimait découvrir de nouvelles choses et apprendre de nouveaux trucs. Qui plus est, il avait déjà réparé la clôture familiale. Donc, à ce sujet, il savait de quoi il parlait. La seule chose qu’il pourrait leur manquer c’est le matériel adéquat. Pour retendre ce grillage il leur faudrait changer les fils de tension, remplacer les tendeurs et aussi rajouter des barres de tension au niveau des piliers en béton. Le responsable de l’entretien avait peut être ces matériaux de stocké dans son bâtiment ? Il faudrait aller y jeter un coup d’œil.

De toute évidence, le trio devrait certainement commencer par-là ? Mais l’arrivée soudaine de Sarah et d’Hernando le coupa net dans sa réflexion. - « Hé bien alors ! Vous étiez ou ? Entrain de vous goinfrer de toasts ! Ça fait des heures que je vous attends ! » Plaisanta le grand gaillard.

Sarah et lui sortirent donc de la réserve afin de retrouver leur ami et le trouvèrent rapidement. Riant tout d’abord par rapport à la remarque du barbu, Hernando amplifia le volume à la réponse faite par la blonde. Il était évident que surenchérir ne servait à rien, elle venait de trouver la réplique parfaite il fallait bien l’admettre. Tout en continuant de s’en amuser, il porta sa main droite sur l’épaule de Duncan et arrêta le boucan qu’il faisait. « Désolé mon amigo, mais là, t’as trouvé plus fort qu'toi ! J’m’incline très chère Sarah ! » dit-il en mettant ses mots à exécution. Le voilà en train de faire une petite courbette face à elle.

Bien que la bonne humeur restait essentielle, et même vitale, il ne fallait pas en oublier le but de la journée, cela ne les empêcherait pas pour autant de rendre la tâche moins pénible avec de l’humour. Regardant à son tour le grillage, Hernando grimaça en voyant l’état de celui-ci. « ‘tain, ça craint… » constata-t-il. A force de vivre ici, et malgré les gardes effectuées, ils ne voyaient plus ce genre de choses pourtant primordiale pour leur sécurité. Peut-être faudrait-il organiser plus souvent une surveillance sur leurs défenses, car sans elles, le danger serait bien trop important d’autant plus que la sécurité fut un argument de poids pour l’installation du groupe.

A la question de l’actrice, l’hispanique haussa les épaules et fit un léger mouvement de tête vers le grand gaillard comme pour la lui renvoyer. Pourtant, Hernando venait de la réserve, mais de là à identifier précisément ce câble et affirmer ou non de sa présence, il y avait une marge importante qu’il ne franchirait pas. « On va alors commencer par ça… Rel’ver tout c’qui nous faut et ensuite r’garder dans la réserve. Pis, si besoin, comme t’as dit on ira là-bas alors… » dit-il en se penchant à son tour sur la carte tenue par Sarah.

Il imaginait déjà devoir cavaler pour récupérer le nécessaire, mais les ateliers étaient juste à côté, ce qui était logique et avant, lorsque l’ancien monde existait, les employés devaient bien de temps à autre changer les grillages ou câbles, alors le petit groupe devrait réussir à trouver son bonheur. « Et au pire des cas, si vraiment on trouve rien du tout pouvant nous aider, y a toujours un magasin de bricolage un peu plus au nord, même si j’suis pas forcément chaud pour qu’on y aille… » précisa-t-il. Potentiellement, il y avait de fortes chances pour qu’ils y trouvent des choses utiles, mais cela représentait une toute autre organisation.