Le tatoué avait l'impression que l'air était encore plus lourd et étouffant que d'habitude. Quinn l'inquiétait et il avait entendu Connor s'agacer, ce qui était normal, puis ils passèrent au tour de Garett. Connor était vraiment le mieux placer pour parler. Lui se sentait comme un couillon, mais il fut tirer de la léthargie de son esprit en voyant ce désespoir sur le visage de chacun, lorsque Caroline prit la parole. Elle était en colère, l'inquiétude sûrement. Skyler étant roche d'elle il posa une main sur son épaule, comme pour lui demander en silence de ne pas trop s'emporter, qu'ils risquaient de ne rien obtenir s'ils se montraient trop virulent. Mais d'un côté il ne pouvait que la comprendre, et Ludwig appuya ce point là.

24h c'était peu, mais ce serait suffisant pour qu'ils puissent tous se reprendre un peu. Qu'ils puissent souffler et réaliser, hélas, l'atrocité qu'il venait de vivre. Ils en avaient bien besoin, les enfants avaient aussi besoin de se reposer, ils avaient encaissé eux aussi la disparition de certains membres de leur groupe, il fallait leur laisser du temps à eux aussi. 24 heures, juste 24 heures. C'était peu mais pour eux, pour leurs âmes en "peines" c'était beaucoup.

Connor reprit la parole, les présentant, du moins annonçant les prénoms de ceux qui étaient proches de lui et dans sa ligne de mire, à son nom il fit un simple mouvement de tête. Il regarda l'assemblée avant de parler en posant ses yeux sur le duo inconnu.

"Pensez aux enfants, vraiment. Imaginez que ce soit les votre, que feriez vous ?"

Skyler était un pacifiste dans l'âme et il essayait de faire appel aux sentiments humains de ces gens, il essayait de les confronter à ce que tous ressentaient, au fait que peut-être s'ils étaient à leur place ils comprendraient mieux.

Ils ne pouvaient rien faire pour eux, disait Axel. Mais Isha lui de son côté, était déjà en train de parler d'aider les autres blessés, alors que d'autres encore suppliaient pour au moins 24h de repos.
Beaucoup trop d'informations, toute en même temps. Axel...

Ils avaient les mots justes. Si il s'agissaient d'eux, une main tendue aurait été la bienvenue. Comme venait de le faire remarquer cette femme à la voix un peu trop pressante d'ailleurs. Penser aux enfants, aux blessés, si ça avait été eux... Sèchement, elle s'était tournée vers Caroline en lui jetant un regard froid. On cherche tous à protéger nos proches. L'amabilité n'avait jamais été son fort. Et si elle les pressait comme ça, nul doute qu'ils seraient moins enclin à accepter.

Son regard se fit néanmoins plus dur en écoutant le dénommé Skyler parler d'enfants. Si c'était les miens, votre situation ne serait jamais arrivée.

Oui bon, elle était déjà arrivée à une époque ou ils n'avaient pas été préparé. Désormais, les choses étaient différentes, il n'empêchait qu'ils avaient tous raisons. Le regard tourné vers Axel, elle rajouta sur un ton que lui seul pouvait entendre. Ana l'aurait fait....
Sa décision elle le savait, ne plairait pas à Axel. Mais la perte d'une sœur, elle ne connaissait que trop bien la douleur que cela pouvait représenter. Ce ne fût qu'une fois sûre qu'Axel n'allait pas l'insulter qu'elle s'avança face à Connor et aux autres qui avaient pris la parole.

Vingt quatre heure, d'accord. Mais sous conditions. Vous déposez tous vos armes. revolver, couteaux, dagues. Tout.

    L'ambiance était toujours aussi tendue, autant d'un côté que de l'autre, et si c'était parfaitement légitime, ma nervosité menaçait de pointer le bout de son nez. Ils demandaient vingt-quatre heures. Vingt-quatre heures pour se remettre un peu de ce qui leur était arrivé, de leurs pertes, de leurs blessures autant physiques que psychologiques. Vingt-quatre heures qui pourraient nous coûter la vie à nous. Expirant le plus lentement possible pour essayer de contenir l'angoisse qui me donnait simplement envie de prendre la Navajo et Isha par le bras et de nous tirer d'ici, j'écoutais ce qu'il se disait, essayant de peser le pour et le contre tout en sachant pertinemment qu'il y avait toujours plus de contre.

    Un rouquin s'approcha un peu, murmurant la même demande. Vingt-quatre heures. Soupirant je secouais la tête avant de recapter le regard de ma meilleure amie. La réponse qu'elle servit au tatoué en face était toute légitime ; bien sûr, nous n'étions sûr de rien dans ce monde, mais jamais nous ne laisserions les nôtres comme ça. Une nouvelle remarque plus discrète me fut cependant adressée, remarque qui scella la décision quant à l'avenir proche de ce groupe d'inconnu. Ana l'aurait fait oui. Mais Ana n'était plus là. Serrant les dents, je ne retins pas une petite expiration lourde de dédain, préférant ne pas m'engager sur ce terrain épineux ; pas là, pas maintenant, inutile de m'attaquer à la Navajo, nous nous étions déjà suffisamment déchirés sur ce sujet par le passé.

    Je m'étais alors contenté de hocher une seule fois la tête. Nous allions le faire, mais ce ne serait pas sans garanties, pas pour rien. La laissant s'approcher des plus proches du groupe adverse, je lui emboîtais le pas, glock toujours en main. Dardant sur eux un regard sombre et sans appel, je désignais du doigt le couteau que portait l'un d'eux à la ceinture.

« Vous avez entendu ? Toutes vos armes. »

    Bien sûr que ça n'allait pas leur plaire, mais s'ils voulaient vraiment survivre, vraiment une chance même minime, ils n'avaient pas le choix.

« Nous vous accordons une journée, mais au moindre problème, au moins geste de travers, à la moindre tentative... ces vingt-quatre petites heures seront vos dernières. »

    Mon ton était sec, froid, presque menaçant. Évidemment, s'ils décidaient de se soulever contre nous, nous ne serions assurément pas en position de force, mais j'osais espérer qu'ils étaient en effet suffisamment à bout pour ne pas s'amuser à tenter quoi que ce soit.

Je regardais tout le monde, je laissais mes oreilles trainer pour avoir un maximum d’information. J’avais bien compris que gagner leurs confiances était vraiment compliqué, mais je devais sans doute faire l’effort, ajoutait une couche à tout ça. Jouer la carte du pathétique. Je finis par retirer mon sac sur le dos pour le poser par terre à côté de celui de Victoria. Je retirais doucement ma ceinture pour retirer le fourreau de ma dague avant de la mettre dans les mains de ma fille. Je savais qu’elle était intelligente, qu’elle ne ferait rien de stupide avec. Je retirais ensuite arc et carquois. L’opération avait pris un certain temps tout de même il faut dire que ce n’avait pas été facile avec l’enchevêtrement de lanières que j’avais autour de moi.

Un léger signe de tête en direction de Victoria avant de rejoindre le groupe de négociation. J’avais bien compris qu’il était question d’être totalement désarmé, même s’ils acceptaient d’en laisser certains d’entre nous armer, il fallait montrer patte blanche pour une grande partie du groupe. Je déposais au sol devant la seule femme du groupe mon arc et mes flèches en guise de bonne foi pendant que Victoria avait pris à parti l’homme. Pendant un instant j’avais eu très peur s’il lui parlait et qu’elle ne répondait pas se pourrait sans doute être problématique. Elle n’avait malheureusement pas eu le temps de prendre une feuille et un crayon et je n’étais même pas sûr qu’elle soit en état d’écrire. Alors je choisis de prendre la parole m’assurer que tout serait clair.

- Victoria et moi déposons les armes sans réfléchir. Je suis désolé, mais elle est sourde et muette, elle ne pourra pas te répondre.

Je tendais une main en direction de ma fille qui vient la saisir sans réfléchir une fois qu’elle n’avait plus ma dague entre les mains. Elle souriait un peu aux deux inconnues qu’elle ne connaissait pas avant de signer un "merci" pour cela elle n’avait besoin que d’une seule de ses mains et c’était presque parfait. J’ajoutais alors pour que les autres puissent comprendre.

- Elle vient de vous dire merci. C’est en partie grâce à elle que j’ai compris que vous acceptiez de nous recevoir, pouvoir se reposer 24h c’est vraiment un magnifique cadeau que vous nous faites. Vous ne serez pas déçu.

Un petit sourire apparu sur mon visage, je me sentais soulagé de savoir que ça ne serait pas aujourd’hui la fin de notre survie.