Finalement, le choix avait été facile à faire, puisqu’il n’y en avait pas. Ian avait laissé son père conduire la voiture une fois de plus étant donné que son bras lui faisait encore mal et qu’il savait qu’il devrait sans doute forcer sur ce dernier pour se rendre au point de rendez-vous. Georgetown n’était en soit pas si loin de leur refuge actuel, il avait déjà fait tous les scénarios possibles et imaginables dans sa tête. Il avait d’après lui prédit tout ce qui aurait pu leur arriver, réfléchir à chaque chose en question l’avait empêché de dormir correctement cette nuit-là, mais en soit cela ne changeait sans doute pas tant que ça. Il avait cette habitude depuis un bon moment. Il avait vérifié au milieu de la nuit d’avoir bien tout empaqueté pour le lendemain matin. Il était hors de question de laisser quoi que ce soit d’utile derrière eux. Il avait collé un message sur le mur du hall d’entrée à un endroit bien visible de quiconque rentrerait dans ce bâtiment. Le message était plutôt clair : « April et Clive me manque, je ne suis plus là. » Il avait réfléchi à la tournure de son message. Il semblait suffisamment explicite pour quelqu’un du conseil, un peu moins pour quelqu’un d’Emerald, mais qu’importe, il affirmait ne pas être mort. Il avait également ajouté au message en dessous le nom de Lennon en prenant bien soin d’y mettre un s précisant ainsi qu’il n’était pas seul.

C’était le vague à l’âme qu’il était sorti de cet endroit pour la dernière fois, il avait fermé la porte derrière lui sans la verrouiller de toute façon, il n’y avait plus rien d’important dans le coin. Il avait les clés à l’intérieur non loin de son message si quelqu’un voulait vivre ici, il pourrait le faire de façon sécurisée au moins. Il avait été le dernier à monter dans la voiture et n’avait rien dit durant le voyage hormis les instructions qu’il donnait à son père concernant la route à suivre. Lui qui jusqu’à présent se perdait dans Seattle avait fini par apprendre pratiquement par cœur les routes et les raccourcies de la ville. Plus jamais, il ne se perdrait en chemin, plus jamais, il ne serait un poids pour son groupe. Il devait se battre, il n’avait pas vraiment le choix. Finalement, devant eux se trouvaient l’hôtel en question. Des voitures se trouvaient sur le parking, mais il ne savait pas encore si du monde était dedans. Il savait sans doute que si des gens étaient à l’intérieur, il finirait par le savoir assez tôt.

- Restez dans la voiture tant qu’on ne sait pas s’il y a du danger, hors de question que tout le monde risque sa vie ici. Peut-être que personne n’est à l’intérieur, peut être que…

Il n’avait pas fini sa phrase préférant largement sortir de la voiture, le plus rapidement possible, les bras bien en évidence. Il ne voulait pas réfléchir plus que ça à ce qu’il venait de dire. Il ne voulait pas trouver un refuge vide. En tout cas, il gardait cette attitude pour montrer qu’il n’était pas hostile et il espérait se faire reconnaitre rapidement par des vivants, s’ils étaient à l’intérieur. Il était vraiment inquiet, mais l’inquiétude était moins forte que l’espoir qu’il ressentait à ce moment précis. Il espérait revoir la tête de personne qu’il connaissait, il espérait que son groupe était là et qu’ils seraient heureux de les revoir. Il s’approchait de plus en plus du bâtiment sans pour autant oser rentrer. Finalement la porte devant lui s’ouvrit et il sourit en reconnaissant un visage familier faisant des gestes en direction des occupants de la voiture pour leur indiquer de le rejoindre.

Thalia n'avait pas été très enthousiasmée lorsque Ian leur avait demandé à tous de rester dans la voiture pendant qu'il sortait. Ils avaient voyagé jusqu'à cette planque, non sans avoir laissé un message au cas où quelqu'un les chercherait tout de même après tout ce temps. Un message codé qui n'aurait de sens que pour les autres membres de leur groupe. Elle avait été contrainte d'obéir à son mari, entassée qu'elle était à l'arrière de la voiture avec les enfants et les deux chiens. C'est avec une angoisse certaine qu'elle le regarda avancer, les mains en l'air, offert à tout ennemi. Et si cet endroit était occupé par des survivants hostiles ? Par des rôdeurs qui avaient envahi les lieux ? Ou pire, par les pillards qui leur avaient arraché leur chez eux ?
Voir l'urgentiste si vulnérable la rendait folle. Elle craignait de voir à tout instant la porte s'ouvrir et une arme se braquer sur lui pour l'abattre. Nans sur le siège conducteur n'avait pas l'air mieux, on pouvait voir la tension sur son visage. La zoologiste se sentait plus inutile que jamais dans son état. La seule chose qu'elle pouvait faire était attendre et rassurer les enfants. Les filles O'Connell surtout, qui étaient assez grandes pour comprendre quelque chose à tout ça. Evelynn était calée contre son buste et se faisait bercer, ce qui la maintenait calme. Les chiens étaient nerveux, ce qui n'était que pire avec le manque de place.

Toute cette tension dura ce qui sembla être une éternité. Le point culminant de l'angoisse et de la peur fut atteint lorsque la porte s'ouvrit finalement face à Ian. La jeune femme crut que son cœur chutait dans sa poitrine jusque dans des abysses insondables. Heureusement, tout cela cessa aussi vite que la peur était venue. L'urgentiste se retourna vers eux pour leur faire signe de venir, manifestement rassuré. Thalia poussa un long soupir de soulagement qu'elle ne chercha absolument pas à masquer. Elle sortit avec les enfants et fit descendre les chiens alors que Nans avait coupé le moteur. Tout le petit groupe s'approcha du perron et rejoignit Ian, pour voir enfin un visage connu de l'autre côté de la porte ouverte. Enfin une bonne nouvelle après ces moments d'épreuves et d'angoisse ces derniers temps.

« Dieu soit loué... On croyait qu'il n'y avait plus personne... »

Et elle avait fort à parier qu'ils n'étaient pas les seuls à y avoir songé durant un temps. La jeune femme prit furtivement la main de Ian pour la presser dans la sienne, juste l'espace d'un instant. Elle avait eu peur pour lui et ne se sentait pas la force de s'en cacher. L'instant ne dura pas, car elle eut bientôt besoin d'une main pour tenir les laisses des chiens qui avaient traîné à terre jusque là. Problème qui fut réglé immédiatement après car Nans lui prit les laisses des mains afin de la soulager.

Eli, Roza, Mark et April avait laissé un grand vide derrière eux. Mais la présence de Jackson à mes côtés comptait plus que tout pour moi. Nous avions décidé de rester à Georgetown, de réfléchir à ce que vous allions devenir. Nous n'avions pas vraiment eu l'envie de suivre les autres préférant attendre et d'établir un plan plus élaboré. Les aurevoirs avaient étaient durs mais dans le fond je savais que nous allions les revoir.

Après le départ de nos amis, nous avons fouillés les quelques rues adjacentes en quête de nourriture et quelques vives qui pourraient nous être utiles. Nos trouvailles avaient été peu fructueuses mais nous allions survivre à ça. L'espoir était toujours présent en nous et il s'est accru lorsque quelques jours auparavant, Emy, Kendale, Trey et London ont débarqué. Le soulagement ne fut pas des moindres, retrouver des personnes de notre groupe avaient été plus que rassurant.

Nous étions installés autour d'une table entrain d'essayer de trouver un chemin à peu près sûr. Mais plus rien n'était hors de danger, il fallait sans cesse rester sur le qui vive pour ne pas perdre la vie. Emy a l'air épuisée, comme nous tous. Quand je m'apprête à lui répondre, j'entends une voiture qui s'arrête non loin de la porte d'entrée. Je me lève aussitôt, regarde par la fenêtre et aperçoit une voiture qui m'est familière. Mon coeur bat à vive allure et lorsque j'ouvre la porte je ne peux pas m'empêcher de sourire bêtement.

Ian est le premier à venir vers nous, je le sers furtivement dans mes bras avant de serrer Thalia à son tour. Je laisse ensuite la place à Emy pendant que London posent un tas de questions. Le rire d'Emy est contagieux, c'est juste trop bon de les revoir. Nous leur laissons le loisir d'entrer. Je vais me poster à côté de Jacks et glisse ma main dans la sienne. C'est tellement bon de vous revoir. je regarde les nouveaux arrivants un par un, le sourire aux lèvres.

Route de merde, taudis de merde, Emy qui ronflait à côté de moi de merde, Kendale de merde. Fuck it ! J'ouvrais la fenêtre parce qu'on crevait de chaud à l'intérieur. Non mais c'était quoi ces conneries de faire 3 kilomètres en 6 heures là ?! Tout ça pour se retrouver à attendre comme avant avec Jackson et Calypso. Tu veux savoir le seul avantage d'être ici ? Enfin outre le canapé plutôt confortable, c'était que j'avais passé les derniers jours à mater le cul de Calypso, faute de mieux. Enfin faute d'avoir mieux à faire, pas faute d'avoir un meilleur cul à disposition. Même si bon, concrètement c'était pas le cul le plus rebondit de l'univers... Enfin c'était toujours mieux que celui d'Emy qu'était un poil absent. Enfin bref, dormir, se lever, manger, mater le cul, manger, démonter l'arme, remonter l'arme, dormir, se lever, manger, démonter le cul, mater l'arme.. Ah ouais non, je m’emmêle les pinceaux, enfin bref !

Jusqu'à ce petit moment ou tout le monde ferme sa gueule, on je mets en joue la porte et ou le palpitant commence à monter. Un bruit de moteur derrière la porte, puis quelqu'un qui frappe... Ce con d'Ian avait bien failli se prendre un pruneau en pleine gueule à pas dire que c'était lui... Non mais ce mec était vraiment complètement con quoi ! Pis voilà un autre cul, qu'avait prit un peu de forme depuis qu'elle trimballait un gamin dans son bide... Mais putain c'était la villa des culs plat ou quoi là ?! Je reposais mon cul dans le canapé et mon arme sur mes genoux en baillant. Tout le monde sautait au cou de tout le monde, et que je suis content de te revoir et blablabla.

Putain t'as réussi à survivre pendant tout ce temps dehors Ian ?! Thalia t'as nourri à la petite cuillère ou t'as une paire qu'a poussé ?

Même Kendale fermait sa gueule là bas, c'était d'un reposant...

Adossé contre un mur, j’écoute Emerson parler. Mais très vite, je me perds dans mes pensées, tentant de chercher une solution à tout ça. Où pouvons-nous aller ? Cette question ne cesse de tourner en boucle dans ma tête mais rien n’y fait, je n’ai aucune idée de l’endroit où nous pouvons aller. Et si j’avais espéré pouvoir avoir l’avis d’April en venant jusqu’à Georgetown, ma déception a été grande en découvrant qu’elle était déjà partie… Que faut-il faire ? J’ai bien essayé d’en discuter avec Trey, mais chacune de nos conversations s’est terminée en prises de tête, à chaque fois. Je suis fatiguée de tout cela, fatigué d’être obligé de faire tout mon possible pour trouver un moyen de nous en sortir, de trouver un endroit sûr où s’installer…

J’aimerais pouvoir me reposer, dormir, rien qu’une heure… Mais dès que je ferme les yeux, le sommeil ne vient pas. Je passe mon temps à cogiter, à repenser à ces gars qui nous ont attaqué, à cette fuite forcée jusqu’à Harbor Island, à notre long voyage jusqu’ici, à mon poing qui finira forcément dans la gueule de ce connard de rappeur s’il continue à me saouler… Mais je ne parviens pas à trouver une solution, toujours pas…

C’est alors qu’un bruit de moteur me fait revenir à la réalité. Je relève la tête avant de me diriger vers l’entrée, suivant les autres. Prêt à intervenir si besoin. C’est Caly qui ouvre la porte, découvrant avec surprise Ian, bientôt suivi par Thalia portant Evelynn, Nans, les petites O’Connell et les chiens. Laissant à tout ce monde le temps de se retrouver, je finis par afficher un léger sourire vers Ian, soulagé de le voir en vie et accompagné de toute sa famille. Je le salue d’un signe de tête avant d’entendre le rire d’Emerson. Depuis combien de temps ne l’ai-je pas entendue rire ? Ce n’est pas grand-chose mais cela me fait un bien fou. Et durant un instant j’arrive à oublier la douleur de ma blessure et toutes ces questions qui me trottent dans la tête depuis des jours… Mais évidemment Cassidy la ramène, faisant une fois de plus une réflexion de merde à Ian. Mon poids se serre, excédé par son attitude complètement puérile, mais je me retiens pour ne pas venir gâcher ces retrouvailles. A mon tour, je m’approche, venant les saluer. Mais je reste plutôt silencieux, pour l’instant…