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Summertime sadness

Jeu 24 Aoû 2017 - 17:16

                                                                                        27 Juin 2017
                                                                                          Tacoma


La pulpe de ses doigts pianotait nerveusement contre la surface de bois polie de son bureau, l'esprit tendu, perdue dans la contemplation agacée du paysage à travers la fenêtre qui ne tardait que trop à s'illuminer des premiers rayons du jour. Dire qu'Elena était à cran relevait quasiment de l'euphémisme. Son quotidien était rythmé par une colère sourde et aveugle, qui n'entendait plus les lointains échos de quelques figures amicales inquiètes de son état. Une moindre plaisanterie était perçue comme un outrage. Un sourire comme une offense irrespectueuse envers la mémoire d'un groupe tombé injustement. Respirer encore était un luxe à peine toléré par la grecque qui trouvait son exutoire dans des sorties solitaires loin de la vie qui grouillait effrontément au ranch.

Dans son tracas furieux, la jeune femme refusait de comprendre comment ses compagnons pouvaient continuer à vivre dans une telle légèreté après que nombre des leurs aient péri quelques semaines plus tôt. Mais quel mal aussi condamnable pouvait-il  y avoir à cela ? Etait-ce une si blâmable conduite que de chercher à survivre, à trouver une once de réconfort à travers une accolade réconfortante, une histoire amusante partagée, quelques souvenirs joyeux racontés ?
Elena préférait s'appliquer à esquiver ses camarades, fuir leurs futiles conversations et ces élans d'affection inopportuns qu'elle n'aurait su interpréter. Il lui semblait avoir croisé une lueur inquiète dans le regard de Ludwig à plusieurs reprises, mais l'ignorer s'était avéré plus simple. D'autres étaient bien plus disposés qu'elle pour endosser le rôle d'une oreille attentive et prévenante auprès du jeune homme quand elle-même refusait de poser des mots sur ce qui la tourmentait.

Jamais dans sa vie la jeune femme n'avait ressenti pareille frénésie, jamais elle n'avait senti en son cœur autant de vagues furieuses déferlantes à la manière d'un typhon ravageur. Jamais elle n'avait eu à étouffer entre ses poumons lourds un tel accablement. Chaque respiration soulevait sa poitrine au prix d'un effort surhumain. Elena stoppa son tapotement cadencé sur le chêne de son bureau, de même qu'un bruit interrompit le cours de ses pensées. Quelques coups frappés à intervalle régulier l'avait ramené à la réalité brutalement.

La grecque traîna sa silhouette presque nonchalamment jusqu'à l'entrée de sa chambre, sans même qu'un sentiment de curiosité ne vienne chatouiller la flegme dont elle était pétrie. Sans grande hâte, elle ouvrit la porte pour découvrir l'individu qui se découpait dans l'encadrement. Cette fois, un sourcil arqué signifia son étonnement. A dire vrai, elle s'était plutôt attendue à rencontrer Carmen venue pour faire un point concernant quelques détails techniques relatifs aux sorties de ravitaillement, ou éventuellement un Ludwig larmoyant et bégayant venu dans un but purement philanthrope.

Elle ne s'était pas doutée de la venue de Nolan en revanche. Le jeune homme avait été trouvé aux abords de Tacoma lorsque le groupe y résidait encore et une force invisible et magnétique les avait immédiatement rapproché. L'inexplicable attraction réciproque entre l'ancien consultant en sécurité et la grecque était à ce jour encore un mystère qu'elle avait cessé de chercher à élucider à l'instant où les premières flammes avaient ravagé la maison des McLeod malheureusement. Depuis un mois Elena avait délaissé cette relation aussi déconcertante que platonique qui les unissait curieusement, de la même manière qu'elle avait abandonné toutes tentatives de socialisation avec le reste des membres du ranch. La chute du campement avait ainsi sonné le glas d'un binôme voué à de grands desseins dans l'imagination de la brune. Aussi fut-elle surprise de trouver sur le pas de sa porte le brun, à une heure aussi matinale.

« Tu as besoin que je te ramène quelque chose de l'extérieur ? » hasarda la jeune femme en plantant un regard interrogateur sur le jeune homme. « Je pars dans cinq minutes. Je t'accorde autant de temps. » fit-elle en se redirigeant dans sa chambre pour fouiller son sac d'expédition à la recherche du carnet dans lequel elle listait les requêtes de ses compagnons.
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Re: Summertime sadness

Ven 25 Aoû 2017 - 0:19

Summertime sadness
Washington – Tacoma | Issaquah Ranch
27 Juin 2017

Du revers de ses phalanges, trois petits coups brisèrent le silence. Trois sons brefs, qui vibrèrent à l’unisson à travers le bois vernis de la porte. Cette dernière à peine ouverte, c'est Elena se présenta à lui. Les traits de son visage déformés par la surprise laissaient sous-entendre que sa venue était inattendue. Une entrée en matière qui manqua de peu de lui arracher un sourire en coin. Une expression jouasse qu'il n'eut toutefois pas le loisir d’arborer en la voyant ouvrir les hostilités en un temps record. Silencieux, Nolan resta donc sur ses positions. Ne se donnant pas cette peine de la suivre dans la pièce. Se contentant simplement de la laisser s'échapper de la même façon qu'elle lui était apparue, maussadement.

Bien qu'il ne soit pas exposé au même degré de chagrin, Nolan pouvait tout de même concevoir ce qu'elle traversait actuellement. Ressentir une infime partie de cette pénitence qu'elle s'infligeait. Saisir ô combien Elena regrettait l'incendie. Ou plutôt, d'avoir survécu à l'incendie, tandis que d'autres n'avaient pas eu cette chance. « En effet... » dit-il finalement d'une voix légèrement enrouée. Sautant comme elle avait pu le faire les cordialités les plus réglementaires. Salut, comment vas-tu ? Personne n'avait besoin de passer par cette étape pour entrer dans le vif du sujet. D'autant plus que la réponse, Nolan la connaissait. Tout le monde la connaissait depuis la chute de leur ancien groupe. Non, ça n'allait pas. Il l'observait alors de l'encart de sa porte. Bras croisés contre son torse, à sortir un carnet où devait sans doute figurer les besoins des autres membres du groupe. Cinq minutes, c'était le temps qu'il lui serait accordé. Et cinq minutes seront bien suffisantes pour la convaincre de le laisser prendre part à cette expédition à ses côtés. Nolan pouvait même le faire en deux. D'un challenge lancé à lui-même, il hocha légèrement la tête en laissant son regard tomber jusque sur les mains de la brune qui tenaient le fameux petit calepin. « J'ai besoin d'un module RF. » telle une bombe, la demande était tombée. Pourquoi fallait-il que Nolan cherche constamment à se démarquer de ses semblables ? Même ses requêtes divergeaient de celles sans doute déjà placées sur la liste. Et pourtant, malgré son besoin, Nolan n'espérait pas mettre la main sur une telle trouvaille. Ce que Nolan souhait n'était pas bien difficile à saisir. Mieux encore, lui montrer qu'elle ne pouvait répondre à ses attentes sans lui. Se montrer indispensable, pour elle. Et pour preuve : « Tu vois à quoi ça ressemble ? » continua-t-il sur sa lancée, déjà dans l'offensive. Sachant pertinemment qu'il faudrait bien plus qu'un vulgaire :  je m'inquiète, j'aimerais t'accompagner dehors ; pour y être autorisé. Une minute s'était déjà écoulée. « Et si par chance tu tombes sur quelque chose qui s'en approche, tu pourrais t'assurer qu'il est toujours fonctionnel ? » plus les mots s'échappaient de ses lèvres, plus l’étau se refermait autour d'elle. Lui laissant peut-être entrevoir ce que Nolan attendait. Ce qu'il souhait plus qu'un vulgaire mot ajouté à cette liste.

Doucement, il se décrocha de l'encart de la porte. Bravant d'une foulée modérée la ligne invisible que représentait la porte de sa chambre. Affrontant les quelques mètres qui les séparaient pour en venir à refermer de sa main gauche le carnet qu'elle tenait au creux de ses mains. « Tu as besoin de moi... » lui souffla-t-il solennellement en fendant les barrières de ses prunelles noisettes de son regard insistant. Ce regard, qui pouvait signifier bien des choses à la fois. Mais qui transpirait ici, d'une persévérance que même la plus désagréable des réponses ne pouvait tempérer. Elle avait besoin de lui, c'était un fait. Pour le module, oui. Mais pour plus que ça. Et elle le savait. La deuxième minute s'était quant à elle écoulée aussi prestement que sa sœur. « Je pars dans trois minutes. Tu penses être prête ? » Quel mal y avait-il à forcer un peu le destin ? Plus qu'une véritable envie de crapahuter en dehors du ranch, cela était devenu une nécessité en voyant Elena revenir ornée d'ecchymoses. Il suffisait de peu pour que ces petites plaies se transforment demain en réelles blessures. Et Elena l'était déjà, souffrante. Même un aveugle se rendrait compte que la plaie qui scinde son cœur s’apparente à une lésion bien mal soignée. C'était sans doute ça son soucis : s’efforcer de paraître indemne. Mais la masquer aux yeux des autres ne ferait rien d'autre que laisser l'infection pulluler. Bien que psychologique, cette crevasse nécessitait d'être prise au sérieux. D'être prise en charge. Ce que Nolan se jurait de faire, si personne d'autre n'avait eu l'audace de se tenir ainsi debout devant ce dragon blessé.

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Re: Summertime sadness

Sam 26 Aoû 2017 - 12:18

Elena examina la page de son carnet noircie de demandes personnelles en prêtant une oreille attentive aux besoins du jeune homme, la mine de son stylo prête à les inscrire en bas de la liste. Parmi la suite de mots, beaucoup de produits hygiéniques y figuraient. C'était souvent un moyen de garder un rapport avec leur vie d'avant. Un lien avec cette époque bénie que la plupart cherchait à préserver coûte que coûte. Elena les détailla, distraitement. Ce n'est qu'une fois la requête formulée qu'elle releva vers Nolan un regard contrarié. Le problème de ces gens brillants, c'était qu'ils comprenaient rarement la difficulté de leurs pairs à assimiler leur génie. Comme si tout ce qui s'écoulait de leur bouche relevait de la logique la plus limpide qui soit. Ce qui n'était pas vrai. Du moins, pas pour Elena qui n'avait pas la moindre connaissance en électronique et n'était pas spécialement désireuse d'en apprendre plus, elle préférait laisser ça à d'autres et confirmer ses compétences sur le terrain. Elle accueillit alors la remarque suivante du jeune homme en soulevant un sourcil, se détachant complètement du carnet dont elle devinait peu à peu l'inutilité.

Nolan avait savamment préparé son coup avec une fourberie digne des plus grands malfaiteurs de l'histoire. Et la grecque, voyant l'étau affirmer sa prise à mesure qu'il parlait, le toisa avec amertume, vexée d'avoir été ainsi piégée comme la plus naïve des petites filles.

« Ça va, j'ai compris ! » le coupa-t-elle en haussant le ton, libérant sa mauvaise humeur « Inutile de m'humilier davantage. » râla-t-elle en roulant des yeux.

L'ego et la susceptibilité de la brune heurtés, Nolan amena le coup de grâce, splendide et théâtral,  tout autant qu'agaçant. Elle avait besoin de lui prétendait-il effrontément en claquant d'un geste sec son cahier. Le voir remporter cette manche par K.O lui laissait un goût charbonneux en bouche. Une saveur âpre, qui se propageait victorieusement pour dompter ses quelques réticences bâillonnées et larguées sur le bas côté en un temps record. Deux minutes, plus précisément.

« Tu fais chier. » soupira-t-elle avec humeur en réordonnant son sac à dos. « Attend moi à la voiture. Et t'as plutôt intérêt de savoir ce que tu cherches. » La victoire écrasante du jeune homme donnait peu de crédit à ses menaces, mais l'orgueil tentait désespérément de ramener l'équilibre.

Un dernier regard défait en direction de la silhouette qui quittait glorieusement sa chambre, et Elena pesta à voix basse en faisant glisser la fermeture de son sac. Voilà qu'elle devrait partager sa journée avec quelqu'un. Loin d'être assez pénible, il s'agissait en plus de Nolan Shelton, l'élément qui avait le plus de chance de bousculer la jeune femme en ramenant des souvenirs volontairement écartés. « Merde » maugréa la jeune femme en accrochant les sangles de son sac à ses épaules avant de prendre la porte pour rejoindre le brun, comme convenu. Khan s'élança à sa suite en lui arrachant une expression surprise. Malgré le mois bientôt écoulé au ranch, elle s'étonnait toujours de constater l'ombre canine sur ses pas. Une part d'elle ne pouvait s'empêcher d'associer le malinois à la mémoire des époux Callaghan.

La carrure de Nolan se matérialisa de nouveau dans son champs de vision, sûrement bien fier de lui. Machinalement, elle fit grimper le chien sur la banquette arrière du véhicule avant de trouver le siège conducteur. Elle attendit que l'homme s'installe à côté d'elle avant de faire gronder le moteur et mettre le cap vers l'ouest. Quelques minutes de route, et la brune brisa enfin le silence :

« Tu as une idée de l'endroit où on peut trouver ton engin là ? » Elle quitta brièvement le bitume des yeux pour croiser les prunelles sombres de Nolan « J'avais prévu de faire un tour à Tacoma. »

Inutile de lui préciser les raisons de ce choix géographique pensa-t-elle.
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Re: Summertime sadness

Lun 28 Aoû 2017 - 18:25

Summertime sadness
Washington – Tacoma | Issaquah Ranch
27 Juin 2017

Il est vrai, Nolan n'était pas peu fier de son coup de maître. Pourtant, il ne rajoutera rien aux propos heurtés d'Elena. Pas plus qu'il ne chercherait davantage la petite bête là où il n'y avait pas lieu d'insister. Il avait dit ce qu'il avait à dire. Obtenu ce qu'il voulait obtenir. Et par conséquent, l'homme capricieux qu'il était n'avait nul besoin de se prouver quoi que ce soit de plus. Pleinement satisfait d'avoir été convié à cette expédition, il laissa un large sourire fendre de part et d'autre son visage tiraillé par les traits bien habituels de la fatigue. Était-ce simplement normal, qu'il se sente flatté en l'entendant lui soupirer 'qu'il la faisait chier' ? Qui aime bien, châtie bien.

Tandis qu'elle usait d'une mise en garde tout à fait honorable pour rééquilibrer leur précédent échange, Nolan lui, restait sur ses positions. Il s'agissait d'une défense comme une autre. Qui, en plus d'être totalement adorable, avait un petit côté candide qui contrastait drastiquement avec l'image qu'Elena voulait donner d'elle aux autres. Malheureusement, Nolan avait toujours eu tendance à voir plus loin que les apparences. Sauf dans le cas de Connor. Mais il s'agissait là d'un tout autre sujet. « Yes ma'am » se contenta-t-il de murmurer à demi-voix pour lui faire comprendre qu'il serait bel et bien à côté de la voiture en temps voulu. Sans plus tarder, il s'engagea vers la sortie de sa démarche parfaitement rythmée. Un même sourire toujours fixé sur les lèvres, savourant encore quelques secondes cette victoire personnelle, plus que l'affront en lui-même qu'il avait pu faire à Elena involontairement. Lui manquer de respect n'avait jamais été son but et ne le serait jamais. Disons simplement que ses propos se montraient assez prétentieux dans leur forme, à son plus grand désarroi.

Trois minutes plus tard, les deux survivants se tenaient ainsi près du véhicule. Une tierce personne avait, quant à elle, décidé de se joindre à la partie. Khan, plus précisément. Si ses affinités avec les animaux avoisinaient dangereusement la médiocrité, Nolan ne pouvait mentir quant à l'élégance de ce fameux canidé. Chien, qu'il savait avoir appartenu aux Callaghan. Aussi silencieux qu'à son habitude, il laissa son regard pensif passer d'Elena au chien. Puis du chien, à Elena. Interprétant la scène qui se déroulait sous ses yeux comme une parfaite métaphore qui traduisait de toute la culpabilité qui entourait Elena vis à vis des Callaghan. Là dessus, il ne ferait aucune remarque. Pour l'heure. D'un claquement de portière côté siège passager, Nolan marqua à son tour le début de leur trajet.

C'est Elena qui se décida finalement à briser le silence en relançant Nolan sur cette histoire de module qu'il lui avait servit d'excuse pour s'incruster dans sa sortie en solitaire. Si Nolan possédait une qualité, c'était bien de passer outre les victoires qu'il accumulait. Lui permettant ainsi de savourer les suivantes comme s'il s'agissait de la toute première. Une délectation sans égale. S'attaquer pour la seconde fois à lui, sur ce sujet était assez culotté, ce qui ne manqua pas de le surprendre dans un premier temps. Surtout, au vu de la destination qu'elle venait de lui donner. Tacoma... La dernière ville où Nolan avait vu Ruth.

Les lèvres scellées, il ne s’empara pas de la parole immédiatement. Se contentant soudainement de laisser son regard courir dans la voiture, sur le tableau de bord, puis sur la radio qui se trouvait entre eux. D'un geste, il alluma cette dernière qui émis de légers parasites. Quelques secondes plus tard, Nolan se retrouvait couteau suisse en main à démonter soigneusement la dite radio. Dévissant un compartimentent à l'aide de son bracelet leatherman tread, pour en dégager une plaque verte émeraude. De laquelle, bon nombre de câbles colorés y étaient encore connectés à ses extrémités. « J'ai ce qu'il me faut. C'est tout bon pour moi. » clôtura-t-il avant même d'avoir ouvert le sujet à son tour. Lui montrant difficilement le module encore greffé à la radio, sourire sur les lèvres. « On dirait qu'on va pouvoir se concentrer à 100% sur ce que toi, tu cherches. » enchaîna-t-il en replaçant adroitement la radio dans son nid de plastique. Si elle n'avait pas voulu comprendre ses intentions dès la première seconde où il avait bravé la porte de sa chambre, maintenant, sa présence devait être limpide. « A Tacoma, donc... » L'idée en elle-même ne l’enchantait guère. Mais aurait-il le culot de la faire changer d'avis ? En sachant pertinnement la raison pour laquelle elle tenait à se rendre là-bas ? « C'est loin. » dit-il en reportant sur regard ébène dans celui d'Elena. Comme un reproche. « Ça représente une certaine quantité d'essence. Ce qui n'est pas à négliger par les temps qui courent. » Il s'agirait de sa seule tentative pour lui faire entendre raison. Nolan n'était pas contre l'envie de partir à la recherche de possible survivants, à partir du moment que cela ne mettait pas en péril la survie de ceux déjà vivants. Et 'gâcher' tant de carburant pour des suppositions, n'était pas quelque chose qu'il pouvait encourager. « Combien de temps encore ? » reprit-il cette fois-ci d'un ton particulièrement lent. Prenant les choses avec des pincettes pour éviter le conflit, même si ce dernier était inévitable. « Combien de temps encore, tu vas te punir pour ce qui s'est passé là-bas ? » clarifia-t-il de ses dernières paroles. Sachant, ou plutôt devinant la position de la brune par rapport à l'incendie. Il suffisait de voir Khan derrière eux pour comprendre. « Ça va bientôt faire un mois Elena. » Il serait temps d'avancer. S'était-il sagement retenu d'ajouter, même si son regard l'exprimait bien de lui-même.

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Re: Summertime sadness

Mer 30 Aoû 2017 - 15:34

L'agitation immédiate à côté d'elle en réponse à sa question barra son front de deux sourcils dubitatifs. Ses yeux délaissèrent momentanément le bitume fissuré pour admirer le génie de son copilote. Il s'activait avec une habilité prodigieuse dans son activité favorite : clouer le bec à ses congénères en quelques gymnastiques intellectuelles presque autant impressionnantes qu'elles étaient insupportables. Ce fut l'histoire de quelques gestes astucieux et d'une poignée de secondes, et Nolan, radio en main achevait de narguer sa partenaire avec un sourire qui fit lever ses yeux au ciel.

« Je vois. » souffla-t-elle en regrettant déjà sérieusement sa présence. D'autant plus que la ruse dont il avait usé pour l'accompagner dans sa sortie n'était pas sa seule source d'exaspération. Il semblait décidé à faire payer ses semaines de mutisme à son amie à sa manière. Les reproches posés sur la table, la jeune femme tourna la tête pour le considérer un instant. Elle détailla avec apathie les traits durs de son visage, avant de confronter l'obscurité de ses yeux. C'était d'un même regard croisé que tout avait commencé entre eux. Une alchimie inexplicable et subtile qui avait édifié une connivence absolue entre les deux esprits. Aujourd'hui tout était différent, les affres que s'infligeait la brune l'avaient détourné de cette relation naissante et elle ne voyait là qu'un obstacle dressé sur le chemin qu'elle s'était dessiné.

« C'est pas la porte d'à côté. » confirma Elena en reportant son attention sur la route. « Mais puisque tu n'auras pas l'esprit accaparé à la recherche de ton module RF, tu pourras m'aider à siphonner quelques véhicules. » fit-elle en arborant à son tour un sourire.

Le pli satisfait ourlant ses lèvres s'estompa bien vite lorsque le sujet essentiel fut abordé. Le problème qui lui brûlait les lèvres depuis leur arrivée au ranch. Elle savait qu'il n'approuvait pas ses méthodes, comme le reste des habitants du groupe. Elle le savait sans que cela ne vienne pourtant ébranler sa volonté. Rien ni personne ne lui enlèverait le fardeau qu'elle s'était elle-même octroyée.

« Il faut bien que quelqu'un le fasse. » Se punir. Payer le prix fort pour le crime qu'ils avaient tous choisi d'ignorer. Ils étaient tous coupables. Coupables d'avoir baissé les yeux. Ils n'étaient peut-être pas les têtes pensantes de la mission suicide orchestrée par Blake, mais tous autant qu'ils étaient s'en étaient sciemment soustrait. Non, ils n'avaient pas manié la main qui avait fauché leur vie, mais ils avaient été les pleutres spectateurs de ce drame. Elle serra les dents. « Tu voudrais que je me prélasse dans l'hypocrisie comme tous les autres ? Que je dédouane ma conscience à grand coup de « on ne pouvait rien faire, c'était leur choix » ? Il n'y a pas d'honneur à vivre sur la mémoire de plus grands que soi. Même si tout le monde semble pourtant bien s'en accommoder. » Ses propos étaient dégoulinant d'amertume, de colère à peine contenue, et de rancoeur enflammée qui menaçait de rompre le parfait équilibre qui avait toujours forgé l'esprit de la grecque. Les mots fusaient comme des lames tranchantes. Sa langue ne cherchait pas à mesurer ses propos, elle claquait son aigreur telle une cravache fendant l'air. Il voulait qu'elle parle, qu'elle sorte ce qu'elle avait sur le cœur ? Ignorait-il qu'il n'y avait plus que des cendres sous cette poitrine piétinée et labourée mille fois ? Quel exploit espérait-il accomplir dans sa démarche fourbement manoeuvrée? Il n'y a bien que le mythique phénix pour renaître de son annihilation. Elena avait troqué son noble plumage pour n'être que fureur et réminiscences embrasées errant sur ces terres désolées.

« Je n'ai jamais causé le moindre tort à quiconque dans ma vie... Du moins, pas volontairement. » reprit-elle d'une voix plus douce, sous des airs de confession après un temps de silence. « Depuis que le monde s'est effondré j'ai l'impression d'être confrontée en permanence à des choix impossibles. D'être mise à l'épreuve. » Tuer, voler ou non. Accorder sa confiance à des illustres inconnus, ou non. Abandonner Blake et John, ou rester. Survivre ou mourir... « C'était le choix le plus difficile que j'ai eu à faire dans toute mon existence. » Des flashs d'une précision maniaque s'imprimaient dans son esprit pour revivre l'instant où elle avait finalement décidé d'enfoncer la semelle de sa chaussure sur l'accélérateur. « L'injustice de ce monde veut que je sois encore en vie grâce aux sacrifices que d'autres ont fait. Et ce qui n'est pas juste est inéquitable. Pour ramener l'équilibre transgressé... Il faut rétablir la balance.» Ses yeux fixaient avec une détermination inébranlable la route irrégulière sur laquelle ils évoluaient depuis plusieurs minutes.

Pour l'abjection à laquelle elle avait passivement participé, elle damnerait son âme avec toute la véhémence qu'elle méritait, si tant est que ce soit suffisant pour expier ses fautes et soulager la culpabilité qui la consumait chaque seconde un peu plus. Platon disait que créer une harmonie et une justice dans la société passait par l'harmonisation des différentes parties de l'âme humaine. Que la justice, qu'elle soit individuelle ou commune était une vertu. Son éminent disciple est allé plus loin en affirmant que « La vertu de justice est la vertu par laquelle l'homme accomplit sa finalité éthique ». Jamais la jeune femme n'avait trouvé plus de sens à cette phrase qu'après avoir pris conscience qu'elle respirait encore parce que d'autres étaient morts. C'est à cet instant précis que quelque chose de parfaitement logique lui avait soufflé la conduite à adopter. Une vie pour une autre, elle emploierait la sienne à la sauvegarde des siens malgré la haine qu'elle éprouvait, et parce qu'une âme pourrie ne mérite aucune lueur, elle l'abandonnerait au même titre que ses deux amis dans le désespoir le plus ardent. Telle était la sentence qu'elle estimait la plus équitable. Les mots aussi percutants puissent-ils être de Nolan Shelton n'y changeraient rien.
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Re: Summertime sadness

Sam 9 Sep 2017 - 2:13

Summertime sadness
Washington – Tacoma | Issaquah Ranch
27 Juin 2017

« Mon esprit est embesogné par bien des tourments. » souleva-t-il à travers un soupire empreint de gravité tandis qu'il terminait de remboîter la radio dans le compartiment prévu à cet effet. « Mais... Tu as raison. » lui concéda-t-il d'un malicieux sourire partagé. Comme elle venait à peine de le faire remarquer, il était maintenant tout disposé à joindre ses forces pour siphonner quelques véhicules abandonnés. Finalement, à Tacoma, il n'y échapperait pas. Et cette première domination de la brune, bien que minime face aux deux autres manches qu'il avait pu remporter par K.O, Nolan ne la ternirait pas d'une de ses répliques désobligeantes. Elle la méritait. Voir apparaître une esquisse d'espièglerie sur les lèvres de la Grecque lui suffisait à entrevoir une troisième victoire. De courte durée. Car bien vite, le ton de leur conversation vira du tout au tout. Si Elena était l'essence, Nolan avait été le briquet. Les petites taquineries n'avaient plus leur place dès lors que les hostilités débutèrent.

« La vie nous punit déjà suffisamment pour en rajouter une couche, tu ne crois pas ? » Non, Nolan ne se déroberait pas après avoir mis le sujet sur la table. Pas plus qu'il ne garderait le silence devant la suite de ses propos dont l'amertume n'avait de cesse de croître au fil de ses explications. De son regard ferme, il l'écoutait. De son visage fermé, il ne cherchait pas à l'influencer. Mais ce qu'il entendait ne lui plaisait pas. Après tout, depuis quand étaient-ils tous les deux d'accord ? Leur vision divergeaient et ce, depuis le premier jour. Cette fois encore, leur opinion sur la question étaient aussi tranchés que pouvaient l'être le jour et la nuit. En parler avec elle, à cœur ouvert, était pour lui une nécessité. « On ne pouvait rien faire. C'était leur choix. » reprit-il de sa voix rocailleuse. Se calquant mot pour mot sur la phrase qu'elle avait usé pour cracher son venin. Le tout, au milieu des insultes qu'elle proférait à l'égard de ceux qui tentaient vainement de garder la tête hors de l'eau depuis la chute de leur ancien groupe. « A ma connaissance, il est impossible de sauver une personne qui ne veut pas l'être. Blake en faisait partie. Elle a fait son choix. Et serait fière de celui que tu as fait. Qui par répercussion, a donné un réel sens à son sacrifice. » Continua-t-il sur la même lancée que pouvait l'être Elena. « Tu ne peux pas reprocher aux autres d'essayer de remonter la pente. » C'était un fait. Tous avaient leur manière de réagir face aux problèmes, face à l'abattement. Si Nolan ne se sentait pas visé par ses foudres, il pouvait sans mal deviner vers qui elles étaient orientées. « Pas plus, que je ne devrais me mêler de ta façon de te noyer dans tes remords. Il est vrai. Pourtant, me voilà. » Le voilà. Encore et toujours là où personne ne voulait le voir. Là où personne ne voulait voir d’intrus se mêler de ce qui ne les regardait pas. « Tu dis qu'il n'y a pas d'honneur à vivre sur la mémoire des plus grands. Soit. Mais où est donc la considération que tu sembles tant porter aux personnes à qui tu dois la vie ? Ou est ta réelle gratitude ? Cachée derrière ces sanctions irraisonnées avec lesquelles tu te châties ? Penses-tu réellement que c'est ce qu'ils voudraient ? Que l'on pense que leurs actions, bien que parfaitement honnêtes, étaient égoïstes ? Leur en vouloir pour leurs décisions ? Se montrer reconnaissant en appréciant le fait d'être encore ici, grâce à eux, serait une bien plus belle preuve de respect en leur mémoire. » Tonna-t-il à son tour en fendant de ses prunelles sombres le regard d'Elena. Martelant furieusement ses mots de sa langue pour leur donner un peu plus de crédit. Apportant du poids à ses paroles afin de rééquilibrer une conversation où 'aigreur' semblait être le mot d'ordre. Lui aussi, était l'heureux détenteur d'une détermination inébranlable.

A la suite d'un léger hochement de tête contrarié, il assainit l'air de ses poumons d'une profonde expiration salvatrice. Évacuant par ce même procédé les dernières tensions qui avait pu teinter sa voix durant l'échange. Bougon de nature, il resta un certain temps le regard porté sur la route avant de reprendre ses esprits. Usant alors d'un ton plus souple, plus compatissant. Bien qu'il était sans doute trop tard pour endosser ce rôle de 'bon compagnon concerné' après les torts qu'il venait de lui porter. De sa langue, il humidifia brièvement sa lèvre inférieure. Prémices d'excuses qu'il ne savait comment apporter. « Il est normal de douter... Personne ne t'en voudras jamais pour ça. » insista-t-il comme pour lui faire comprendre qu'elle n'avait rien à se reprocher. Oui, elle était celle à avoir enfoncé sa semelle sur l'accélérateur. Mais si elle ne l'avait pas fait, quelqu'un d'autre s'en serait chargé à sa place. La vérité était peut-être difficile à concevoir pour la Grecque, mais la voilà : on ne pouvait rien faire d'autre, que survivre. « Ce n'est pas sain... Tu ne peux pas te condamner éternellement à ressasser le passé sous prétexte que c'est la chose la plus juste qui soit. Tout comme tu ne devrais pas avoir à porter sur tes épaules l'entière responsabilité des actes des absents. L'isolement n'a jamais été un remède. Pas pour une personne qui se dit dévouée pour ses semblables. Pas pour quelqu'un comme toi. » Car elle l'était. Soucieuse. Inquiète. Il n'était pas bien difficile de le comprendre. Il suffisait de voir la manière dont elle s'était emportée un peu plus tôt. « Tu sais... Je vois comment les gens te regardent Elena... Tu le vois aussi. » Comme leur leader. La personne qui avait pris la tête de tous ces survivants en proie aux griffes de l'égarement. Carmen était aujourd'hui cette nouvelle figure d'autorité inébranlable à laquelle ils se raccrochaient pour la plupart. Cela ne lui retirait pas pour autant le titre qu'elle avait dûment mérité. « Tu seras amenée à d'autres dilemmes. Un peut-être même semblable à celui qu'à été confrontée Blake. Et dès lors, la décision que tu pensais être la plus difficile à prendre te semblera bien insignifiante. Car ainsi vont les choses. A la manière d'un éternel renouveau. » Ce n'était pas pour se montrer défaitiste, ni même pour appuyer le fait que des événements tragiques continueraient de survenir. Mais Nolan ne lui mentirait pas en l'amadouant de belles paroles sur un avenir brillant qui n'existerait que dans leurs rêves d'Utopie. Elena était grande. Tout comme lui, elle savait. Se berner d'illusions ne faisait pas partie de leur contrat. « Si ça devait arriver. Ne trouverais-tu pas ça rationnel que les gens respectent ta décision ? Qu'ils t'en soient reconnaissant ? Ou au contraire, aimerais-tu les voir crouler sous une rancune si tenace qu'ils perdraient de leur éclat ? Aimerais-tu nous savoir attendre la sentence genoux à terre ? » En avait-elle seulement conscience ? Arrivait-elle à se voir comme Nolan pouvait la voir aujourd'hui ? Comme il pouvait la comparer à l'Elena qui l'avait accueilli à Tacoma ?

S'il n'avait pu décrocher son regard affligé d'Elena durant ces longues minutes de débat, bien vite, son intérêt se porta sur le bitume qui leur ouvrait la voie jusqu'à Tacoma. Repensant aux raisons qui l'avaient initialement poussé à s'embarquer dans cette épopée. Nolan n'avait pas grimpé dans la voiture pour jouer le bon Samaritain... Mais bien pour une tout autre raison. « On a besoin de toi Elena. » murmura-t-il à demi-voix alors que l'une de ses mains noya son aveu d'un geste incertain contre sa propre mâchoire. Il avait besoin d'elle. « Faut que tu te reprennes. Ce n'est que le début. » Sans même la regarder, il rajouta ces quelques propos d'un ton parfaitement monocorde. A la manière d'une fatalité qu'il avait lui-même du mal à accepter. Pinçant ses lèvres, il observa le paysage déconstruit défiler sous ses yeux.

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Re: Summertime sadness

Ven 15 Sep 2017 - 17:52

Le visage de la grecque renvoyait des traits plus fermés que jamais. Tout dans sa gestuelle mesurée, sa posture raidie et son intonation sèche cherchait à dissuader. Ses doigts tapotaient convulsivement sur le simili cuir du couvre-volant, trahissant la patience qui s'évaporait à mesure que le flot de mots déroulé par Nolan envahissait l'habitacle. L'exaspération l'avait gagné complètement dès l'instant où il avait osé insinuer qu'elle reprochait leur bien-être aux autres. Parce que bien sûr qu'elle leur en voulait d'avancer quand, elle, n'aspirait plus qu'à tout arrêter, se laisser tomber, rien que pour une fois et cesser de chercher à s'agripper vainement au navire. Ce qu'elle voulait le voir partir ce putain de bateau et ses passagers qui lui tendaient une main dont elle ne voulait pas ! Elle leur en voulait, parce qu'en plus de réussir là où elle échouait jour après jour, ils lui donnaient l'impression frustrante et humiliante d'avoir les cartes pour l'aider.

Pourtant me voilà fit-il remarquer de manière très perspicace. Oui. Il était toujours à ses côtés, prêt à braver la tornade grecque sans hésiter. Il s'acharnait à vouloir mener ce combat dont il ne pouvait ignorer l'issue. Cette-fois, il ne l'emporterait pas, malgré tous ses efforts réunis dans une diatribe fougueusement menée. Ses mots coulaient sur la brune sans jamais la heurter. Ses questions se suspendaient dans la voiture sans trouver d'écho. L'indifférence de la jeune femme relevait presque de l'inertie. C'était une âme abattue dans un corps froid. Sa réclusion était totale, et les vaines tentatives de son ami ne parvenaient pas à l'atteindre. Elena était seule dans son désespoir, seule dans la citadelle d'acier qu'elle avait elle-même bâti. Ses prunelles figées n'affichaient aucun signe de compréhension, rien qui puisse conforter le brun dans sa démarche. Avait-il eu raison de venir la défier sur ce terrain glissant ? Il ne pouvait pas compter sur elle pour lui indiquer le chemin à prendre.

Peut-être se ravisait-il pensa-t-elle lorsqu'elle remarqua le changement d'intonation dans la voix grave du jeune homme. Celle-ci semblait avoir perdu ses apparats crispants de donneur de leçon enflammé. Toutefois, la leçon ne semblait pas terminée pour autant et revêtait désormais une symphonie bien plus ennuyante sous des airs compatissants mièvres à en vomir. Face à la placidité évidente qu'elle arborait, il changeait de tactique. Le bon et le méchant flic ? Je te balance des reproches dans le gueule, puis je te tartine de compliments ? Un pli sarcastique naquit entre ses lèvres closes. Les méthodes employées eurent au moins ce mérite. Un maigre sourire pour toute consolation de l'échec futur à essuyer pour le consultant en sécurité. Voilà qui serait probablement insuffisant pour l'appétit victorieux et orgueilleux du jeune homme, mais il serait forcé de s'en accommoder. Elena n'était pas disposée à offrir davantage. Sa geôle psychique demeurerait inviolable et nul assaillant n'était capable de l'y en soustraire.

« Tu t'épuises trop Nolan. » souffla-t-elle en ne détachant pas son regard impassible du paysage qu'elle reconnaissait à présent avec une exactitude douloureuse. « Garde tes forces et ta verve pour les combats à venir. Les difficultés continueront d'affluer et il serait judicieux que tu ne sois pas distrait par un combat vain au seul motif d'un ego mal bridé. » Sa langue claqua à la dernière syllabe sans mesurer l'offense. Si son attitude piquante cherchait surtout à décourager le jeune homme, il y avait une grande part de vérité dans ses propos. Selon elle, la fierté de Nolan n'était pas bien différente de la sienne, et quand il s'agissait d'abdiquer, il avait bien des difficultés à y consentir.

« J'ai fait un choix aussi. Celui de vivre dans un confinement mental pour expier mes erreurs. Tu as bien choisi d'abandonner Ruth pour les tiennes. Je ne te juge pas, alors j'apprécierais un traitement égal. » Choisir de placer une des confidences du jeune homme sur le tapis pour s'en servir d'arme était digne de la froideur qu'elle entretenait. Le blesser n'était pas sa volonté, pourtant elle sentait qu'il n'y avait qu'en usant de bassesse et de fourberie qu'elle réussirait à le faire renoncer. « Je me moque que les gens comprennent ou non mes décisions, je me moque bien de l'illusion que j'ai pu leur donner, je ne suis ni leur meneuse, ni leur égale. Je suis arrivée seule il y a plusieurs mois, et je n'ai jamais cessé de l'être au fond. Peu importe si cette image vous déplaît ou qu'elle vous déçoit. » Je m'en moque, encore, et encore Elle relâcha la pression sur l'accélérateur alors qu'elle percevait au loin le cliché désolé de l'ancien camp qui les avait abrité et avait vu s'effondrer leur espoir en même temps que les murs. Le véhicule ralentit alors son allure, et quand il fut complètement immobilisé, la brune daigna adresser un regard à son voisin.

« Et vous êtes loin d'avoir besoin de moi. » Tu es loin d'avoir besoin moi, Nolan. Tu t'en sortiras bien mieux quand tu m'auras laissé creuser ce gouffre entre nous, rompre ce lien malsain qui pourrait te détruire aussi. Je refuse de corrompre ton esprit. Je refuse de t'entraîner dans cette spirale abyssale qui incendie mon âme. Je ne te tuerai pas toi aussi.
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