Un ciel étoilé brillait de toute sa splendeur au-dessus de Seattle, le vent frais de l’automne commençait à se faire sentir et fauchait les brins d’herbe aux alentours comme des blés. L’humidité pesante dans l’air n’était pas sans rappeler aux survivants que les temps redeviendraient de plus en plus durs, laissant simplement un frisson parcourant l’échine du blond pour ce soir. Au loin on pouvait entendre une chouette hululer calmement, sûrement à l’affut du moindre petit rongeur : la ville était devenue si silencieuse en moins de deux ans, pas de raclures ce soir-là, uniquement le son d’une Coréenne qui ronchonnait à l’idée de dormir sans confort tandis que le petit groupe essayait de se reposer de son mieux à l’abri des grillages.
Isiah huma l’air frais, mêlant ses doigts à la terre pour sentir le sol sous son corps, cela faisait longtemps qu’il n’avait pas dormi de la sorte. L’air presque ravi, il se mura dans un léger silence admirant le décor naturel qui le surplombait. Le ciel dégageait permettait de voir les astres stellaires danser, si bien que se prêtant au spectacle, le serrurier senti ses paupières se refermer sous le poids croulant de la fatigue. Ses dernières pensées, bien que brumeuses, en direction de la seule étoile, à présente éteinte, qu’il avait côtoyée : Kate. Mais alors que l’étreinte de Morphée se faisait sentir, ce dernier le gratifia de vieux souvenirs… Remontant le temps en direction d’un certain 11 Octobre.

Ce jour-là le blond se sentait en forme, il avait enfin pu profiter d’un long sommeil réparateur. À présent à son propre compte, le jeune homme avait encore parfois du mal à tenir la route au niveau de l’organisation : si la boutique marchait à plein régime au point d’embaucher du personnel, l’Allemand n’avait jamais été un patron trop rigoureux. Le serrurier, croulait sous les petits services qu’il devait rendre et tous les endroits où le mener son bon cœur. Le travail avait tendance à lui prendre la tête, mais d’un autre côté il s’agissait là de son seul refuge lorsque son devoir de père le poussait dans ses retranchements. Hormis, ce genre de petits soucis qui deviendraient bien dérisoires en comparaison de ce que l’avenir lui réservait, Isiah était l’homme le plus heureux et le plus comblé du monde. Nombreux étaient les hommes qui pouvaient se vanter d’avoir les deux plus belles femmes à leurs côtés mais dans le cas de monsieur Baumann, il s’avérait vrai. Kate était chaque jour un peu plus belle à ses yeux et la petite Rebecca en plus d’avoir été un superbe bébé, montrait les plus beaux traits de ses parents.
Et justement, aujourd’hui était un jour bien spécial : aujourd’hui le futur trentenaire, passerait du temps à profiter de ses deux amours. Si l’ambiance était relativement tendue dernièrement à cause de son travail, les deux amoureux étaient tout excités à l’idée de passer une journée en famille. Depuis le déménagement, ce genre de moments se faisait trop rare.

Ouvrant les yeux en premier ce matin-là, Isiah se leva tôt sans faire de bruit afin d’aller chercher le petit déjeuner pour la petite famille. Se hâtant encore vêtu d’un simple pyjama-peignoir, il se dépêcha de passer dans la seule boulangerie à la Française du coin. Si lui était plutôt fan de son morceau de viande au réveil, il connaissait les goûts aux tendances luxueuses de sa femme.
Aussitôt parti, aussitôt revenu, le blondinet s’assura que la petite dormait encore profondément, restant quelques minutes à observer son petit bébé qui était tout absorbé par le sommeil, repoussant quelques mèches de cheveux et lui caressant le dos. Isiah se sentait mal à l’idée même d’être un mauvais père, il était toujours distant avec elle pourtant au fond de lui, il savait à quel point elle était la belle chose qui lui était arrivée. Pourquoi n’arrivait-il pas à le montrer alors ?! Malheureusement, il avait beau être à son chevet, la réponse ne lui parvenait pas. Et c’est ainsi qu’il se chassa les idées, espérant profiter de quelques heures encore au lit avec sa femme, avant que la petite ne vienne les tirer de force.

Et c’est ainsi que se rallongeant tout doucement à ses côtés, il vint se coller à elle, glissant ses bras autour de son ange pour la sentir contre lui, venant voler un doux baiser matinal pour réveiller sa belle aux bois dormants : « B’jour mam’zelle, je ne me souviens plus d’hier soir mais en voyant une si belle créature, je n’ai au-cun regret. » murmura-t-il avec son humour habituel avant de réfugier son visage dans le cou de sa petite femme, caressant son dos de la pointe des doigts. « Bien dormi ? » ajouta-t-il avec toute l’innocence du monde. Si seulement, tous les jours pouvaient commencer ainsi et pour toujours.

Sentir la chaleur de son aimée et la douceur de sa peau contre la sienne, parcourir le moindre centimètre de son corps du bout des lèvres, sentir son parfum sur soi et ne faire qu’un. L’allemand pouvait sentir et reconnaître la moindre petite marque dans le dos de sa belle, il la connaissait par cœur, elle faisait partie intégrante de lui : elle était devenue sa moitié. Déposant un autre baiser dans le creux de l’épaule, goûtant la peau de son petit bout de femme, l’Allemand sourit de plus bel en sentant la demoiselle frémir tout contre lui. Depuis combien de temps ne s’étaient-ils pas permis un petit moment comme celui-ci ? Depuis combien de temps n’avait-il pas simplement profité d’un dimanche au lit à se couvrir de tendresse et d’affection ? Isiah avait beau y réfléchir, aucune réponse ne lui vint en tête, quand ce n’était pas le travail ou la routine qui l’empêchait de savourer le temps avec la belle femme du monde, c’était Rebecca qui faisait des siennes tôt le matin en regardant la télé ou en volant absolument rejoindre le lit parental.
Frottant du bout du menton sa barbe contre le cou d’un blanc ivoire de sa chérie, il pouffa légèrement sous la question de madame Baumann : « Eh bien… par exemple quand son homme essaye de maintenir éveillée sa délicieuse créature toute la nuit avec ses horriiiibles ronflements. » souffla-t-il, tout en remontant ses caresses le long de son dos. Bien que d’humeur entreprenante ce matin-là, le blond repensait à ce que lui avait soufflé sa belle-mère alors que Kate avait encore le gros ventre. Des paroles avisées sur la libido des jeunes parents et le temps et l’intimité qui leur manqueraient cruellement. Bien que le futur trentenaire, n’ait pas voulu la croire sur le moment, le constat était là : la petite aussi chou était-elle, avait drastiquement diminué le temps accordé à ce genre de petits moments.

Répondant avec tout l’amour du monde au baiser, Isiah répliqua une nouvelle fois avec un sourire joueur et enjoué venant prolonger le baiser quelques instants : « Juste parfaite, mais s’rait-il possible d’avoir encore un peu de rab ? ». C’était plus fort que lui, il la désirait comme au premier jour si ce n’est plus encore. Lorsqu’il plongeait son regard dans le sien, il se sentait à sa place, comme si le monde entier pouvait s’effondrer et être consumé dans sa folie qu’il n’y changerait rien tant qu’elle pouvait être là dans ses bras en train de se regarder telle la belle et le clochard.
Restant simplement là, à profiter des minutes qui s’écoulent à ne rien faire si ce n’est voler quelques baisers et quelques caresses plus ou moins intimes. Le blond lui murmura : « Hum… Je sais que c’est moi qui n’étais pas vraiment pour mais… en réfléchissant bien… j’me disais que c’serait peut-être le bon moment pour… agrandir notre petite famille… *dit-il d’un ton taquin mais avec un regard doux et sérieux* Ce serait dommage que la petite ait trop d’écart avec le prochain et… j’veux pas que mes appréhensions gâchent nos projets… *il fit une légère pause, efflorant du bout du majeur la cuisse de sa belle blanche* Tu en penses quoi mon ange ?».

Mais alors qu’il s’apprêtait à l’embrasser avec plus de passion et d’animosité, laissant parler son désir fougueux, un petit tambourinement insistant se fit entendre à la porte des parents, suivi d’un petit : « M’man… m’man… pôpa… On peut manger ? ». Isiah qui surplombait déjà sa douce, prêt à une suite un peu plus torride manqua d’éclater de rire, se contentant de pouffer légèrement avant de voler un dernier baiser et de se laisser tomber à côté d’elle : « J’crois qu’on remettra ce petit projet à une autre fois ? J’ai une petite surprise pour ce matin en plus… ». La frustration était présente mais elle était aussitôt balayée par la petite voix toute endormie et adorable de sa petite princesse. Cette journée était vraiment semblable à un petit voyage au paradis.