Scars [Morgan]
Lun 11 Sep 2017 - 18:16
Les cauchemars avaient beaux se succéder, ils ne se ressemblaient pas. Ils reprenaient les événements qu'il avait horreur de se rappeler, mais la fin était chaque fois différentes. Ce n'était pas simplement le sort de sa mère qui était répétée. Sa conscience foutait sa mère dans d'autres situations, elle mourrait chaque fois de façon différente, et à chaque fois c'était de sa faute, à chaque fois il n'arrivait pas à éviter son sort. Pourtant, dans son rêve, il sentait au creux de son estomac, cette boule sombre grandir. Il sentait que quelque chose allait se produire, et il avait beau essayé d'anticiper, de réagir correctement, chaque fois il n'agissait pas comme il le fallait. Alors, en sueur, il se réveilla, le souffle haletant, le corps tremblant. Il essayait en vain de se replonger dans ce cauchemar tumultueux pour en changer la finalité en vain. C'était un cercle sans fin, une histoire qui n'aurait jamais le droit de finir avec une touche moins sombre. Tout ça à cause de lui, de sa connerie, de sa volonté de garder son ancien enfoiré d'ami près de lui. Bordel, s'il l'avait laissé partir, rien de tout ça ne serait arrivé. Juste pour deux pauvres conserves et la peur de voir les morts se regrouper en bas de l'immeuble, sa mère était morte.
S'il ne paraissait pas y penser en journée, le soir était propice à ce genre de remords.
Il y plongeait tout le temps dans cette mer froide, sans aucun répit.
Parfois, comme la veille, il arrivait à se rendormir après avoir fumer quelques cigarettes. Mais c'était des moments si rares qu'il avait commencé à s'habituer à avoir moins de cinq heures de sommeil. Il tenait pas trop mal et allait profiter de la plage pendant que tout le monde se réveiller.
Ce soir là, il s'était encore installé dans l'encadrement de sa fenêtre, suffisamment grande pour laisser son corps reposer. Il lui arrivait de s'endormir un peu là, mais ce soir là il sentait que son corps encore secoué par les rêves ne lui laisserait pas de répit. Il irait sûrement piquer un somme dans la journée à coup sur. Un soupire s'échappa de sa gorge alors qu'il s'apprêtait à allumer une énième cigarette. C'est à ce moment là qu'un bref bruissement était parvenu à ses oreilles. Ses sourcils épais s'étaient froncés puis il s'était penché un peu en avant, discrètement, pour apercevoir une silhouette féminine s'adosser un peu plus loin contre la pierre. La taille menue de Morgan était facile à reconnaître et il resta un moment à observer la scène. Il avait l'impression de la voir frissonner, ravaler sa crainte peut être, mais il devait sûrement rêver.
Pendant de longues secondes il laissa sa main tenant le briquet en suspension devant son visage puis se ravisa. Une mauvaise idée venait de lui traverser l'esprit, il sentait qu'il était inquiet, et ce bref mot le rendait déjà un peu malade. Elle était le problème de la maison, et ils n'étaient pas fait pour s'entendre. Il la détestait même, aurait préféré la savoir loin ou morte plutôt que sous le même toit que lui. Bien sur, cette colère était clairement nourris par les conneries qu'ils se lançaient à la gueule chaque jour, elle était tellement mauvaise, et lui le rendait bien. Aucun ne faisait l'effort d'être plus... plus quoi ? Convenable !? Pfeuh.
Un agacement pointa le bout de son nez alors qu'il se glissait à l'intérieur de sa chambre et qu'il décidait de fermer cette fenêtre. Il la mit contre, au cas où la rousse entendrait du bruit. Elle serait capable de croire qu'il s'était mis à l'espionner... Nouveau soupire. Il resta un moment assis sur son lit, la cigarette et le briquet entre ses doigts.
Il pourrait se rendormir. Essayer du moins. Mais l'envie de causer était plus forte... Il savait bien qu'il n'arriverait pas à dormir. Mais en voyant sa gueule, arriverait-il à lui dire un mot gentil pour enterrer momentanément la hache de guerre ? Quelques minutes plus tard il se décida et se retrouva dans sa cuisine à fouiller frénétiquement à la recherche d'une perle rare. Il trouva ce qu'il cherchait et se glissa à l'extérieur comme un félin. Valait mieux pas réveiller la maisonnet. En mettant son nez dehors, il tourna la tête vers la droite, là où devait se tenir un peu plus loin l'ombre méconnaissable de la rousse.Tiens... Pour les mauvais rêves. Ça marche bien j'crois... Mais mange pas tout, faut en laisser en cuisine au cas où les autres ont d'plaies intérieurs à soigner t'vois.
Il jeta la plaquette de chocolat en l'air après avoir eu un contact visuel avec la rousse. Vraiment, elle avait une sale tête, elle n'avait l'air d'être quelqu'un d'autre mais il se garda bien de l'observer trop longuement. Puis, lui aussi avait sûrement une mauvaise tête, il aurait peut être dû se regarder dans le miroir avant d'sortir. Après un court moment il s'éloigna de la porte et alluma sa cigarette.
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Re: Scars [Morgan]
Mar 12 Sep 2017 - 0:12
15 Juin 2017.
Du temps était passé, Morgan avait eu du temps pour connaître un peu de dommage. Comme à chaque fois la jeune femme était un nid à emmerdement. Elle avait rencontré un type qui lui avait tiré dans la cuisse, puis qui l'avait attaché, un grand moment de plaisir. Elle avait eu une crise d'angoisse qu'il avait fallu géré et ça avait été coton pour cela. Morgan ne pouvant se contenir, car attachée, elle avait laissé son angoisse se répandre et la panique lui poignarder le coeur. Elle était rentrée tard, bien trop tard de cette sortie, et de surcroît elle était blessée. De quoi passer un sale quart d'heure avec les deux têtes de groupe mais presque rapidement pardonnée par ces derniers. "La Reine" comme se plaisait à l'appeler le cadet du groupe avait en effet quelques privilèges dont celui du pardon facile de ses aînés et leur protection presque maternante. Il y avait de quoi lui en vouloir, elle, la petite rousse. Elle, l'emmerdeuse de service, elle qui gâche l'ambiance en quelques mots. Qui vous regarde avec dédain, avec haine, avec cette rage constante qui brûle dans le fond de ses yeux. On la surnomme de tarée, folle, sorcière et bien d'autres sobriquets, mais au moins avec elle on n'a pas le temps de s'ennuyer.
Mais voilà du temps s'était écoulé et le tensions s'étaient quelques peu atténuées. Il y avait aussi eu cette rencontre étonnante avec des fantômes du passé. Surtout un. La russe, elle avait tiré un trait sur elle, c'était définitif. Mais peut-être l'avait-ce toujours était au final, depuis que la rousse avait quitté la ville c'était comme si elle avait tiré un trait sur chaque individu ayant partagé des brides de sa vie antérieure. Mais non il y a de ces ombres au dessus d'elle qui persistent, qui existent encore aujourd'hui et qui flottent comme une aura protectrice ou une menace pour quiconque. Et il y avait celle que l'on croise et qui déçoive. Et ça avait été le cas pour Roza et son abruti d’acolyte. Peut-être que les cartes avaient toujours été tirée ainsi depuis le début, Roza n'obtiendrait jamais gain de cause avec Zack dans les parages. Morgan ne serait définitivement plus l'enjeu de leurs discussions. C'en était terminé. Et l'ex-barmaid n'avait trop rien ressentit, peut-être une sorte de peine, mais elle ne pouvait s'autoriser autant de faiblesse. Alors elle resta recluse, monnayant son silence contre un peu de tranquillité. Elle faisait ce qu'elle avait à faire à la station. Monter la garde sur la tour, faire des rondes le long de la plage, puis du parc. S'occuper de la poule qui avait bien recommencé à pondre, récupérer les œufs. Certes il n'y en avait pas suffisamment pour tout le monde tous les jours mais avoir des œufs c'était tout de même une sorte de luxe. Cependant la femme n'approchait pas de la jument, même si elle aurait apprécié s'en occuper un peu. Non, elle en restait loin, elle était quasiment sûre que si Neil la voyait s'en approcher ça ne passerait pas, il ferait un scandale et hurlerait qu'elle veut bouffer en steak la bestiole. Ce qui n'était pas totalement faux.
Morgan restait calme, peut-être trop calme, et aujourd'hui elle n'avait commis aucune entorse à qui que ce soit. Sage comme une image, trop sage, trop calme, trop passive, trop transparente. C'était comme si elle couvait quelque chose, à croire que la seule femme du groupe était malade, mais non. Parfois le corps et l'esprit ont besoin de repos. Et lors de ses nuits compliquées la rouquine n'hésite plus à aller doucement se faufiler certaines nuits dans le lit de son couple d'amis. Elle y dort au chaud et craint moins de se faire happer par ses terreurs.
Mais ce soir l'emmerdeuse de première était là, allongée sur le dos à fixer le plafond blanc de sa chambre. A observer la peinture en train de s'écailler, à se demander comment les maisons faisaient pour tenir encore debout avec l'humidité de la mer si proche. A espérer ne pas venir se faire hanter par ses frayeurs lointaines. Et d'ailleurs le fait de recroiser Roza avait éveillé encore plus ses fantômes du passé, ceux qui s'accrochent encore et encore à elle, à son esprit déjà bien torturé. La nuit tombait de façon progressive et la seule touche féminine de cette bande de tarés soupirait d’inquiétude, redoutant comme depuis plusieurs jours le noir total de la nuit, parfois la lumière lunaire la rassurait comme une veilleuse que l'on met dans la chambre des enfants qui craignent les monstres sous le lit. Et puis elle ne pouvait sans cesse aller se nicher dans le lit que partageaient Zack et Stew, ils finiraient par en avoir marre et la foutraient dehors, dans le couloir. Comme un chiot quand on en a assez de l'entendre piailler de peur, ou qui prend trop de place. Elle essayait vraiment de ne pas se montrer trop envahissante. Et puis la nuit finit par tomber et couvrir la surface du ciel de son voile sombre. Morgan était toujours là, les yeux ouverts, rivés sur le plafond éclairé par les rayons de lune. L'envie de somnoler était présente mais l'angoisse de se faire enlacer et étouffer par ses démons lui tenaillait le corps. Elle resta encore là, étendue sur le lit avant de sombrer sans réellement s'en apercevoir. La fatigue avait gagné.
Mais le repos est bien souvent de courte durée en ce monde en ruine, il est toujours empreint de ces souvenirs qui ronge l'âme et l'esprit encore et encore jusqu'à bouffer le corps. Rendre celui qui l'héberge encore plus méfiant, et faire resurgir ce qu'il peut y avoir de pire en lui. Et c'est ainsi que les rêves de la rouquine se firent une fois de plus prendre d'assaut par la peur, la douleur, les souvenirs... C'est embourbée dans les affres de souvenirs plus douloureux et confondus les uns que les autres que la femme se leva brusquement. Le souffle court, le front en sueur, des frissons sur le corps, elle regarda autour d'elle, la vue trouble et fit comme à chaque fois : ouvrit la porte et la referma en tirant fort comme pour bloquer le passage à ses cauchemars. D'un pas peu sûr d'elle et titubant elle longea le mur du couloir, en s'y tenant d'une main avant de se retrouver devant la porte du couple. Le silence ambiant lui fit froid dans le dos et se souvenant que déjà la nuit dernière elle avait squatté la chambre, elle fit quelques pas en arrière pour descendre les escaliers. Dans le salon elle vit l'ombre d'Ariel dormir à point fermé sur le canapé. Morgan encore à bout de souffle sortie de la maison pour s'en éloigner et observer le souffle court l'ombre imposante de la baraque qui étrangement lui foutait la trouille. Elle recula encore et encore jusqu'à s'éloigner et se retrouver contre une pierre. Là elle tremblait encore d'angoisse, elle était empreinte de cette torpeur qui la prenait aux tripes et ne repérait rien. Rien, pas même Francis qui s'était vaguement agité en la voyant. Elle restée là, apeurée comme une proie qui allait mourir sous peu par les crocs de son prédateur.
Elle ne vit pas immédiatement une silhouette plutôt grande venir vers elle avant d'en entendre la voix qui la fit sursauter. Elle la reconnaissait. Elle ne portait pas vraiment dans son coeur Rafael. Il l'insupportait, elle le rejetait sans cesse et pourtant. Pourtant en cet instant et voyant voler vers elle quelque chose qu'elle saisit, elle ne le rembarras pas. Peut-être que la frayeur dans laquelle elle était effaçait toute trace d'animosité pour l'instant. Observant alors ce qu'elle tenait entre les mains elle fut surprise de voir du chocolat. Où l'avait il trouvé ? Comment savait il qu'elle appréciait ça !? Tout lui échappait, elle n'ouvrit cependant pas la plaquette et regarda l'homme qui allumait sa clope, il avait l'air fatigué, vraiment fatigué. Morgan resta silencieuse un moment., avant de souffler :"Pourquoi t'es là ?"
Ça l'intriguait, elle ne voyait pas trop pourquoi il était venu vers elle. Et un nouveau frisson parcourut sa peau abîmée. Elle posa la tablette sur la roche dans son dos et entoura son buste de ses bras, comme pour se cacher, mais avec sa tenue -débardeur et shorty – elle n'avait pas grand chose à cacher au final. Mais elle avait encore froid, son angoisse restait présente, la sensation de se faire poignarder, lacérer était encore là. C'était détestable et pourtant elle essayait en vain de cacher son mal être. Elle avait honte que le latino la voit si démunie, ça la perturbait.
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Re: Scars [Morgan]
Mer 13 Sep 2017 - 21:04
Il n'était pas au bout de sa vie, mais il avait l'impression que chacun de ses pas étaient lourd. Heureusement, l'air de l'extérieur était tellement plus vivifiant que celui de sa chambre. S'il laissait l'air marin du soir entrer dans cette dernière, il avouait que l'air n'était pas aussi agréable qu'au pied de ce phare en miette. Il jeta un bref coup d'oeil à Francis qui tentait de grogner avec sa mâchoire fantôme. Il s'y était fait à la compagnie du bougre, il était même parvenu à s'amuser de sa présence mais là il avait pas envie d'aller l'emmerder. Ses glougloutements de pétrifié là, ça lui tapait un peu sur le système.
Morgan avait sans mal rattrapé ce qu'il lui avait jeté malgré la noirceur de la nuit. Elle avait de pas trop mauvais réflexe. Il fut un peu déçu qu'elle pose ce fameux cadeau sur la muraille sans oser y toucher. Peut être bien qu'elle aimait pas le chocolat finalement et que Stewart lui avait raconté une connerie. C'était le genre de ce gars de lui faire croire à des trucs stupides pour tester sa crédulité. Pourtant, il aurait mis sa main à couper le latino que ce qu'il lui avait dit n'était pas un mensonge. D'ailleurs, va savoir pourquoi l'Alvarez avait spécifiquement retenu cette information sur la Reine. Il se posait pas trop de questions là-dessus et essayait de rester concentrer sur la consommation de sa cigarette plutôt que sur le visage à peine surpris de la femme. Quoi, il l'avait à peine vu ciller, c'était quand même cool ce qu'il avait fait. Il cherchait bien à avoir un retour oui, un merci, un haussement de sourcil même, non rien elle restait aussi imperturbable. Il passa sa légère frustration sur sa cigarette, tirant longuement sur celle-ci jusqu'à s'en arracher la gorge. Elle répondrait sûrement pas de toute façon, alors il marcherait peut être autour du phare histoire de se dégourdir les jambes. Mais il leva les yeux vers elle alors qu'elle lui demandait pourquoi il était là. Ce n'est que maintenant qu'il remarquait qu'en plus de son air totalement abattu, des entailles parcouraient son corps. Des entailles profondes et indélébiles, avec une histoire, un poids, une douleur. Il dévia presque aussitôt son regard ailleurs, tentant de garder en vain un air nonchalant malgré sa surprise. L'éclat de la lune qui donnait plus de froideur au paysage apparaissait parfois derrière des nuages vulgaires.Hm. J'sais pas. J'suis là c'est tout. On s'en fout du pourquoi au final. Largua t-il de mauvaise foi toujours en détournant son regard, bien plus captivé par la pierre et le sol à ses pieds. Ça le mettait pas forcément à l'aise toutes ses cicatrices qui abîmaient sa peau, il n'en avait jamais vu autant sur un aussi petit bout de femme alors. Ouais c'était carrément déstabilisant comme vision et il était pas doué avec ça pour dire la chose qu'il fallait à ce moment précis. On pouvait pas vraiment l'engueuler pour ça. Mais dans son cerveau fatigué, il eut le petit déclic qui lui fit capter la raison pour laquelle elle tenait tant à s'habiller en esquimaux en plein été. C'était triste, affreusement triste, il arriva presque pas à ranger son mélange de pitié ou de compassion. Il savait pas trop quoi en faire de cette info là il aurait peut être préféré pas l'savoir pour continuer à la tacler comme il le faisait les jours précédents.
Et putain il était en train de fumer le filtre. Dans un grognement rageur il jeta le morceau de mégot qui lui crama les doigts, l'écrasa, le ramassa même pas puis ralluma une deuxième clope. Il les enchaînait, c'était mieux pour faire bonne figure. Puis finalement, après un long silence et une cigarette qui se consumait à vitesse grand V, il finit par l'ouvrir et lui dire en croisant son regard, restant focalisé dans celui-ci :J'étais là haut. Il pointa brièvement la fenêtre de sa chambre puis laissa retomber sa main le long de son corps avant de poursuivre :J't'ai vu. J'dormais pas. J'étais à ma fenêtre. J't'ai presque pris pour un mort vivant au début puis t'sais j'ai mieux regardé après. Au début j'ai préféré faire volte-face dans ma chambre, c'était mieux après tout. Mais finalement j'étais déjà en train d'ruminer, j'savais que j'dormirais pas de toute façon. Alors j'suis descendu. C'était pas spécifiquement pour te dire bonjour ou j'sais pas, une connerie d'acte de bonté. J'me suis dit que c'était pas une mauvaise idée d'prendre l'air. C'est tout. Il venait de soupirer brièvement comme si pour une fois parler avait été la chose la plus difficile qu'il avait à faire. Lui qui avait toujours son éternel talent pour meubler pourtant.J'ai pensé au chocolat parce que j'suis passé près de la cuisine, goûte-le au moins.
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Re: Scars [Morgan]
Dim 1 Oct 2017 - 23:45
Elle était mal à l'aise, elle était étonnée de voir le plus jeune ici, en pleine nuit. Morgan vit aussi bien son regard sur son corps, ce regard fuyant qui avait du mal à assumer ce qui se dévoilait sous ses yeux. Un corps féminin, mince, mais lacéré, évoquant sans mots un passer tumultueux et douloureux. Quelque chose que seul l'imagination dont on peut faire preuve peut entrevoir la réalité de ce vécu. Morgan n'était pas dupe et point stupide; elle savait que très bien que son corps, ses cicatrices appelaient plus au mal être, à la pitié qu'un éventuel désir. D'ailleurs elle ne pouvait désormais plus imaginer qu'un homme puisse poser son regard sur elle de manière désirable. Mais Morgan n'y pensait pas vraiment voir quasiment jamais, juste elle pensait à se protéger. Raf avait eu raison ce jour là, sur le rocher. Elle se protège trop. Mais c'était ainsi, elle en avait prit cette habitude. Mais là sa peau ainsi à découvert son armure épaisse était tombée, pas totalement, mais presque.
La rousse était détestable, elle le savait. Lorsque Zack avait découvert ses blessures, et inversement, elle n'avait pas eu de pitié, juste de la peine et de la culpabilité. Culpabilité de ne pas avoir été là pour lui. C'était encore douloureux même si les deux s'étaient à nouveau bien rapproché. Qu'ils étaient devenu le miroir de l'autre, que parfois cette relation pouvait paraître étrange aux yeux des autres. Mais là, sous les faisceaux pâles de la lune elle se retrouvait à découvert. Ses plus grosses faiblesses dévoilées. L'ancienne barmaid ne voulait pas de la pitié de la part de son cadet. Et étrangement elle se sentait mal dans cette soudaine situations. Que faire ? Que dire ? Elle l'avait questionné, ne souhaitant lui exposer les raisons de sa venue ici en pleine nuit. Il se moquerait d'elle, la prendrait encore plus pour une folle. Ces mots qu'il disait à son égard étaient blessant, Morgan tentait la plupart du temps de ne rien montrer. Ne pas laisser ces noms, ces remarques la toucher. Pourtant ils étaient tout aussi violent que les coups de couteaux qu'elle avait subit ce jour là.
Ce jour où sa vie aurait pu s'arrêter. Ce jour où elle serait peut-être revenue à la vie sous une forme non humaine. Ce jour où en réalité, à moitié morte et surtout inconsciente sa nouvelle vie, la nouvelle Morgan était née.
Croisant de nouveau le regard du latino très brièvement elle l'écouta lui répondre, remarquant qu'il avait entamé sa seconde clope. Il devait être nerveux, le mettre encore plus mal à l'aise avec cette peau blafarde et ces marques qui se montraient sans pudeur sous la lune.
Il était donc à sa fenêtre et l'avait vu. L'avait observé. Ça lui fit penser à ce film d'Hitchcock où un type avec la jambe dans le plâtre observe ses voisins d'en face. Rafael lui rappela ce film : "Fenêtre sur cours". Intérieurement elle sourit tout en se disant que ça faisait un peu malsain sans avoir eu ses explications. Mais elle ne pipa mot. Morgan n'était pas bavarde. Ça lui arrivait excessivement rarement de se mettre à causer longuement. Restant encore silencieuse, elle l'observa du coin de l’œil, se méfiant toujours de lui, de ses actes, de ses mots. Elle se souvint à nouveau de cet après-midi, ils étaient parvenu à discuter sans trop se jeter des pics en pleine figure. Peut-être que ce sera à nouveau le cas ce soir.
Lorsqu'il lui parla du chocolat elle tourna la tête vers la tablette et la regarda. La rouquine finit par la prendre et l'ouvrit avant de la tendre vers le plus jeune."Tu en veux ?"
Dans son intonation il n'y avait aucune animosité, elle restait encore perturbée par ses angoisses et l'apparition du brun. Une autre question lui vint alors en tête et elle coupa un morceau de ce bien précieux pour le déposer sur sa langue et le laisser fondre pour mieux en profiter. Suçotant le carré de chocolat elle ferma quelques secondes les yeux, cela faisait des mois qu'elle n'avait pas manger ce genre de confiserie. Ouvrant les paupières, elle tourna lentement son visage fatigué vers son cadet."Tu as trouvé le chocolat quand ?"
Elle était curieuse, elle aimait savoir les choses, et puis bizarrement elle trouvait ça un peu louche qu'il lui ai donné du chocolat. Les seules personnes qui connaissaient son pêché mignon pour le chocolat étaient les deux têtes du groupe. Morgan se disait bien que le blond n'avait pas pu transmettre cette donnée sur elle si importante. Alors il restait Stew. La rousse savait que l'ex barman et le latino s'entendaient bien; mais pourquoi Stew aurait-il dit au plus jeune de la bande que la seule nana des lieux aimait le chocolat !? Peut-être que Raf lui donnerait la réponse, même s'il tentait de l'attendrir elle ne baisserait pas les armes. Du moins pas celles qui lui restaient en cet instant précis. Elle posa la tablette sur le rocher, inspira à fond et se pinça sentant à nouveau ce regard inquisiteur sur elle. Il fallait sûrement rompre la glace. Etre observée comme une bête de foire la dérangeait, ça n'était pas plaisant." Si tu veux regarder ce corps hideux, fais le franchement et sois en vraiment dégoûté, ça ira plus vite."
La jeune femme paraissait agacée mais elle se sentait surtout blessée par ces regards en biais sur ses lacérations. Zack les avait touché comme elle avec ses blessures à lui. L'aîné était le seul qui pouvait l'approcher physiquement sans qu'elle n’interprète quelque chose de mal placée ou comme un danger. De toute manières, tous le savait, avec Zack, Morgan était différent, plus calme, plus "docile". C'était ainsi, elle se savait envié par moment, sa position auprès des deux hommes de tête pouvait être convoitée, détestée. On lui pardonnait bien des choses, mais pas tout.
Tout en regardant le plus jeune, la rouquine croisa un peu plus ses bras devant elle, l'air marin frappant sa peau dénudée. Les nuits étaient fraîches, mais ça lui faisait du bien elle avait la sensation que ses démons s'en allaient au passage du vent sur elle.
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