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If violence doesn't solve your problem, hit harder !

Ven 20 Oct 2017 - 21:07


Victoria Lily Raven
33 ans • Américaine • Pigiste • GAYmerican dream
♫ ♪ ♫

Start from scratch…

Brute. Vulgaire. Sans détour. Ça, c’était Victoria. Les mots de trop, y’en avait plein, parce qu’elle n’était pas foutue de se taire, même quand elle le devrait. Parler plus fort que les autres, c’était un art dans lequel elle excellait et putain ce qu’elle aimait avoir raison. Au moins elle n’était pas timide, n’hésitait pas à aller au-devant des événements, des gens, des opportunités. Des problèmes aussi, elle savait s’en attirer un paquet. Trop curieuse, trop cynique, trop directe, trop borderline, trop froide… on pouvait continuer la liste encore longtemps car c’était un fait : elle était TROP.

Au moins, on ne pouvait pas lui reprocher d’être hypocrite, ni de ne pas savoir se débrouiller. Son travail de crève-dalle l’obligeait à savoir trouver des astuces, insister, gratter, jusqu’à avoir ce qui l’intéressait. Tiens parlant de ça, elle était « intéressée » comme fille, le genre qui ne faisait jamais rien pour rien. Dans toutes les circonstances et surtout en amour. Victoria pensait à elle bien avant les autres ou pensait aux autres si ça lui rapportait quelque chose à elle.

Dans son boulot, c’était plutôt indispensable. Surtout qu’elle avait les couilles qui allaient avec le reste. Tenter des choses risquées, pénétrer sur des lieux interdits au public, oser l’audace, c’était son truc. Ça l’était encore plus maintenant que le monde était mort. Fallait bien se sortir les doigts du cul pour survivre, trouver à manger, trouver à dormir, trouver à se défendre. Cette nouvelle existence de merde était taillée pour elle, à croire que le destin l’avait à la bonne.

Bon ceci dit, elle avait plutôt mal tourné. Le danger l’avait rendu agressive, vindicative même. C’était la loi de la jungle et dans la nature, les chefs de meute étaient souvent ceux qui feulaient, grognaient, crachaient ou rugissaient le mieux. Alors ouai, elle frappait souvent la première et ne le regrettait jamais. Ceux qui disaient que la violence ne résolvait pas les problèmes ne frappaient simplement pas assez fort.


…and blow up the sun

Elle était grande pour une fille. Genre 1m75, ce qui avait plutôt été favorable à sa grâce de cheerleader au lycée. A part ça, elle n’était pas bien grosse mais avait le corps ferme. Victoria était restée dans la mode du jogging depuis ses études avortées à la fac, alors l’endurance, la sueur, l’épuisement, elle y était familière. Parait que les mecs retenaient surtout ses lèvres pulpeuses, d’un rose qui contrastait avec le teint laiteux de son visage. Les plus indélicats disaient une « bouche à pipe », les plus charmeurs disaient « une jolie bouche », les plus menteurs disaient « un beau sourire ». De toute façon, ils n’allaient pas retenir ses yeux marron-verts sans éclat particulier, ni ses paupières tombantes, ni ses cheveux trop noirs, trop mats et pas assez souples.

Les vêtements, c’était à l’arrache. Jean, tee-shirt, sweat, blouson, chemise de mec, grosse ranger, … elle n’avait pas le temps pour ça. Elle aurait pu faire un effort, on lui avait dit parfois, que fille négligée plus voix trainante, ça n’allait pas lui ouvrir beaucoup de porte en journalisme. Mais sincèrement : o.s.e.f. Les autres midinettes pouvaient perdre des heures à se pomponner comme des greluches. Victoria s’épilait, c’était déjà pas mal.

Et l’avantage, c’était que sa garde-robe n’avait pas trop changé maintenant que c’était la fin du monde. Les barbies déambulaient dans leurs robes fourreaux, verte comme des fruits périmés, pendant que Victoria profitait encore de la vie et de ses jeans troués. Comme quoi, ça avait bien valu la peine de souffrir pour être belle. Son arme de prédilection ? Une batte de baseball en aluminium qui avait appartenu à son mec. Elle en prenait bien soin, c’était comme une extension de son bras maintenant. Avec ça, elle affectionnait son couteau militaire et un Beretta 9mm. Le reste de l’équipement, ça varie avec ce qui est disponible dans son groupe.


Let’s burn the world to ashes

2 octobre 1984, Melany Raven accouchait d’une petite fille. Victoria. Va savoir pourquoi Lily en deuxième prénom. Son père devait trouver ça mignon, sa mère avait bêtement dit oui. C’était passé. Abrutis. Au moins, elle ne pouvait pas trop se plaindre de son enfance. Ils habitaient dans un pavillon à Renton. Quartier sympa, voisins sympas, école sympa. Luke Raven bossait à Boeing, sa femme comme responsable de magasin dans une boutique de parfumerie. Tous les deux avaient du temps pour elle, pouvaient lui payer des cours de danse, l’emmenaient en vacances, et elle avait droit à de super déguisements pour Halloween. C’était ennuyant à quel point elle ne pouvait pas se plaindre ni prétexter que ses parents avaient foiré sa jeunesse.

Non. C’était comme une grande que dès le collège, elle avait pris goût à enrichir son vocabulaire de plein de gros mots. Ça faisait marrer les garçons, ça lui permettait de se distinguer des autres filles. A 13 ans, Victoria n’était pas vraiment un garçon manqué, elle voulait juste qu’on la remarque. C’était vrai quoi : chez elle, elle était fille unique, alors elle avait toute l’attention désirée. Dehors, c’était autre chose. Trop grande, pas assez jolie, pas assez riche, pas assez douée en classe, fallait bien se trouver un truc.

Vint le lycée, l’âge où on était le plus en quête d’identité et où on peut encore plus facilement rester anonyme. Ecrasée par la masse et les personnalités. Y’avait bien un type de fille reconnue, respectée et admirée : les cheerleaders. Elle faisait toujours de la danse, elle était plutôt souple, alors la jeune Raven s’était dit que ça pouvait être pour elle ? Aller, elle survivrait à la jupe, au maquillage et aux collants flashy. Comme toutes les ados, elle était influence, malléable, alors elle s’y était fait. Sitôt recrutée, sitôt investie. Elle était trop grande pour être portée mais tant pis, elle gérait les figures au sol. Le reste ? Un film américain sans trop d’anicroche. Ses notes n’étaient pas mauvaises, elle flirtait avec les joueurs de foot, se tapait quelques cuites mémorables. Elle avait aussi trouvé le temps de participer au club de journalistes de son établissement. C’était plutôt marrant : fouiner partout, aller pêcher les informations, fureter pour dénicher des potins… elle s’éclatait. Bon, ça et son franc-parler dérangeant lui avaient attiré quelques disputes houleuses, mais elles s’étaient toutes résolues. Parfois après deux-trois claques. Examens ? Check. Sans trop de problème.  

Ça s’était gâté après. A ses 19 ans, quand au milieu de sa deuxième année de science politique à l’université de Washington, elle s’était rendue compte que ça la faisait chier. Bla, bla, bla, bla, qu’est-ce qu’elle s’en battait les noix en vrai. Alors elle avait arrêté, s’était trouvé un boulot de serveuse, le temps « réfléchir à ce qu’elle voulait faire ». C’était le plan de départ en tout cas, mais en fait, ça la faisait chier de retourner s’assoir dans un amphi. Du coup, elle ratait la rentrée 2004 et quittait aussi le bar où elle bossait. Victoria entrait dans cette phase de la vie où on réalisait qu’on ne savait pas vraiment qui on était, qui on voulait être ni ce qui nous passionnait. Assurément plus la danse, ni faire la guignole avec des pompons, ni s’avaler des lignes de cours indigestes.

Grâce à sa mère, elle avait obtenu une place dans une boutique de la chaîne qui l’embauchait mais elle démissionnait l’été 2005. Les horaires ? Casse-couille. Les clients ? Casse-couille. Les transports ? Casse-couille. Son petit-copain ? Casse-couille ; mais ça n’avait rien à voir. C’était glauque, mais l’idée de son boulot, elle l’avait eu parce qu’un type était mort. Véridique. Novembre 2005. Ce con s’était jeté sur les rails du train, à une heure tardive de la nuit, à quelques mètres de Victoria. Bien sûr que ça l’avait choquée. De quoi lui filer des cauchemars, des insomnies même.

Elle avait écrit alors, parait que c’était une bonne cathartique. Une fois sur papier, l’incident lui paraissait éclairé autrement. Des détails lui étaient revenus au fil de la plume, la scène était fidèle. La jeune femme s’était alors souvenue de son passée de rédactrice au lycée, regretta de n’avoir aucun journal auquel vendre son texte, et…

Dès le lendemain, elle écumait les journaux en quête de pigiste. Rien qu’à Renton, la presse, ce n’était pas ce qui manquait. Elle avait ressorti quelques-uns des articles écrits dans son adolescence, ça avait suffi à en convaincre quelques-uns de lui donner une chance. Elle avait son style bien à elle : crue, subjectif, chirurgical. Ça pouvait plaire, surtout pour les faits divers, sauf qu’elle se retrouvait surtout à répéter des news people, à parler des nouvelles pistes cyclables et des politiques sociales dans la ville.  

Son rythme de vie devint alors chaotique. Pigiste, ce n’était pas évident. Fallait courir après les sujets, éviter de se les faire piquer par un connard, résister à l’envie de coller son poing dans la gueule des rédacteurs en chef qui annulait la commande une fois le taf fini, accepter de se faire sous-payer et surtout, se dé-mer-der. Victoria n’avait pas de jolie carte de presse, pas de passVIP, pas de renommée. Parfois, dire qu’elle était journaliste freelance lui permettait d’avoir quelques interviews mais parfois, elle pouvait aller se torcher. Du coup elle ne dormait pas beaucoup et les fins de moins n’étaient pas rondes du tout. Elles étaient même plutôt carrées.

Malgré tout, elle ne comptait pas abandonner. Au mieux, s'adapter, se tourner vers la presse numérique et les blog professionnels. A 23 ans, elle réussissait à convaincre ses parents de la laisser partir tenter sa chance sur Seattle. La où ça avait coincé un peu, c’était qu’ils devaient l’aider à payer une partie de son loyer. Mais bon, ils n’avaient qu’une fille et elle savait comment les amadouer. Plus grande ville, ça voulait dire plus de sujets et plus de faits divers, non ? Parce que sincèrement, c’était la rubrique qui l’emballait le plus. Plus c’était glauque, plus ça l’inspirait. Va savoir pourquoi. Sans doute que puisqu’elle avait déjà été traumatisée une fois, son subconscient était immunisé. Ça demandait parfois d’aller traîner dans des lieux craignos, de flirter avec des milieux peu fréquentables, mais elle tirait bien son épingle du jeu. Mieux qu’à Renton.

25 ans, elle pouvait au moins se payer le loyer de son 25m² toute seule et avait désormais une carte de presse. 26 ans, putain de pilule de merde. Ouai bon, elle avait dû rater quelques prises en janvier 2010, elle furetait de nuit pour un article sur des clubs sado-maso, elle était crevée, mais MERDE. Elle était enceinte. Le père ? Sans doute son dernier mec en date. Elle l’avait largué deux semaines auparavant. Quel con. Victoria n’en avait parlé à personne, elle avait avorté. Beaucoup de femme ressortaient profondément marquée par cette expérience et elle… aussi. Elle s’était réfugiée dans sa colère pour son ex, histoire de ne pas sombrer dans la déprime. Il fallait se retrouver après, réapprivoiser son corps, oublier la sensation des outils froids qui grattaient en elle.

2012, la jeune pigiste rencontrait Elijah Doyle. Agent immobilier, joueur de baseball à ses heures de loisir. Il n’était pas vraiment un collectionneur de battes, mais il en avait plein, de taille, couleur et matière différente. Sa préférée ? Celle qu'il avait dans le froc, bien sûr. Elle allait le voir s’entraîner de temps en temps, jouait la groupie pour lui faire plaisir. Il lui apprenait comment balancer un swing, elle s’exerçait avec un malin plaisir. Amoureuse ? Non. Mais il était sympa, drôle, lui donnait des orgasmes et gagnait suffisamment d’argent pour deux, alors elle emménageait chez lui au printemps 2014. Victoria en profita pour réduire le rythme, s’autoriser à choisir les sujets qui lui plaisaient. C’était sa vie, jusqu’en automne 2015.

and see what do you think

9 octobre 2015. Encore un cul-de-sac. Bordel. C’était la quatrième infirmière qu’elle interrogeait pendant sa pause clope et chaque fois, les mêmes réponses toutes faites : agression violente, blessures rarement vues, pas le temps d’en dire plus. Foutaises. Elle avait ses sources maintenant, qui parlaient toutes d’agressions peu communes en ville. C’était un excellent sujet pour un article, mais ça ne donnait rien. Sans témoignage étoffé, sans photo, sans preuve, ça ressemblerait qu’à un banal torchon sur des bastons de sdf.  

Victoria avait bricolé un article pourtant, fallait bien ne pas passer à côté du filon, mais continuait à fouiner pour pondre une suite alléchante. Puisqu’elle ne pouvait gratter de la news auprès des hôpitaux, ni des autorités, elle tentait sa chance dans les rues. De nuit, de jour, qu’importe. Elle retournait sur les lieux des incidents, questionnait les témoins, furetait comme un détective privé à 5$/h pour trouver des indices. Officiellement, on les gavait d’une théorie d’intoxication alimentaire. Pas sûr qu’elle avale ça. Même le plus dégueulasse des burgers du quartier n’amenait pas les gens à s’écharper gratuitement.

12 octobre 2015. Le net la devançait et ça lui mit la rage. Elle avait flairé qu’on essayait de l’endormir mais pas que ça allait aussi loin. Des morts qui se relevaient ? Sérieusement ? Bizarrement, les différents médias pour lesquels elle avait l’habitude de travailler se battaient pour avoir l’exclusivité et lui proposaient des enveloppes deux à trois fois supérieure de l’ordinaire. Alors canular ou pas, elle retourne harceler les hôpitaux, les policiers, les parents de victime, les témoins, tous ceux qui pouvaient l’aider à gribouiller un texte glauque mais factuel.

Le lendemain, Victoria avait à peine fini son article qu’on lui en réclamait un autre : l’état parlait d’un virus. « Sous contrôle ». Parce qu’ils la prenaient pour une conne en plus. Elle aimait son job, elle avait une putain de curiosité morbide, mais est-ce qu’elle comptait mourir pour 200$ ? Non. Chopper une saloperie pour la gloire, c’était bon pour les crétins.

Le 18 octobre, elle partait pour Renton avec Elijah. Ce dernier avait été agressé la veille par une bande d’émeutiers, le centre-ville tournait au grand n’importe quoi. Chez les parents Raven, c’était plus tranquille – du moins, ça l’était aux dernières nouvelles – et c’était plus proche que le couple Doyle qui vivait en Californie. Ils étaient arrivés après des heures de bouchons, à klaxonner dans les files interminables de voitures qui fuyaient la métropole. Dans leurs bagages : quelques fringues, des casse-croutes et deux battes en aluminium. L’avantage c’était clairement que c’était un excellent moyen de se défendre mais que la législation les classait encore comme équipement sportif. Du coup, on ne pouvait pas les arrêter ! Au cas où.

Ce fut depuis le salon de Renton que Victoria assista à l’escalade de la « merde » vers la « grosse merde ». Loi martiale, message politique, anarchie dans les rues, la totale. Ça ferait de sacrés bons articles, mais elle tenait trop à sa vie de profiteuse pour ça. Plus de téléphones, plus d’internet, impossible de joindre leurs amis et autre famille donc. A la fin du mois, ils se rapprochèrent des voisins, les Carter. Un couple de cinquantenaires qui avait rapatrier leurs trois enfants.

Pendant un mois, ça passait. Chacun dans sa maison, ils s’échangeaient des ressources, mettaient des indispensables en commun. Les « infectés » comme ils les appelaient, mieux valait les éviter. Ceux-ci étaient agressifs, obstinés, et une fois, Elijah avait dû attendre deux jours pour pouvoir sortir qu’un groupe de ces tarés quittent le jardin. Troisième semaine de novembre, ça partait en cacahuète : un cri chez les voisins alertait les Raven. Luke était sorti, suivi du copain de sa fille. L’un des fils Carter se tenait le bras qui ruisselaient de sang, son aînée tentait de retenir une hystérique qui avait encore coincé entre ses dents un gros morceau de chair.

C’était putain d’hallucinant. Pas possible de la raisonner, de l’arrêter, de l’immobiliser. Ils la repoussaient ? Elle revenait. Elle puait la mort avec ça. Alors au bout d’un moment, au diable l’idée qu’on ne frappait pas les femmes. Les coups partaient, les prises aussi. L’inconnue mordit la poussière une bonne dizaine de fois mais s’obstinait en grognant. C’était une maladie, « ça » ? Sérieusement ? A force de voir les hommes s’épuiser à tabasser une trentenaire – ce qui restait profondément dérangeant – Victoria courut dans sa maison pour attraper l’une des battes de baseball. De retour sur le perron des Carter : un bon swing en pleine tête. L’idée c’était de l’assommer, mais ça ne suffit pas. Deuxième coup ? Mais BORDEL DE PUTAIN DE MERDE, elle était immortelle ou quoi ? Fuck off. Ils s’étaient alors mis d’accord pour la laisser là. Les deux familles s’étaient réunies dans le pavillon des Raven. Dehors, non seulement l’infectée qu’ils avaient matraqué grattait toujours à la porte, mais il y en avait quatre autre maintenant.

Les jours suivants furent décisifs : les cinglés s’étaient dissipés, mais le fils mordu emporté par la fièvre en pleine nuit s’était relevé. Il avait attaqué ses deux frères et le père de Victoria. Tous avaient été égorgés à coup de dents, avant que les bruits ne réveillent la maisonnée. C’était Elijah qui avait fini par trouver le truc : en frappant si fort sur la tête du garçon de 27 ans qu’il ne s’en était pas relevé. C’était glauque… merde.

Le deuil fut trop court, les conclusions venaient d’elles-mêmes. Cadavres qui revenaient. Morsure mortelle. Fracasser la tête. Ils avaient enterré sommairement leurs proches dans le jardin, faute de mieux. Victoria était sonnée, ne pouvait s’empêcher de penser à ses anciens collègues. Ceux qui étaient restés accrochés à leur job jusqu’au bout et devaient avoir fini comme les pantins dans les rues.

Ensuite, il fallut se rendre à l’évidence : ils n’avaient plus rien à manger. Le pillage devenait une nécessité. Heureusement, pratiquement toutes les baraques étaient vides. Enfin… vide d’hôtes vivants. Les morts, ils s’en occupaient, quand ils ne pouvaient pas faire autrement. C’était écœurant. Mi-décembre, l’ancienne pigiste avait le poignet en bandage à force d’avoir trop taper sur des crânes. C’était dur mine de rien les os humains, mais ils n’avaient pas de flingues et les lames… bof.

En février 2016, ils avaient compris plus de truc : le froid ralentissait les morts, ils se repéraient au bruit, les gens changeaient. Le père Carter devenait dictatorial, nerveux, violent. Il terrorisait Melany, manquait de respect à Victoria et cognait sa femme de temps à autre. La trentenaire avait reçu une gifle à force de ne pas se laisser faire. Elijah avait essayé de le raisonner, lui dire de se reposer un peu, il avait eu droit à un crochet du gauche. En même temps, qui ne deviendrait pas fou ?

Mars 2016. Elle n’en avait pas parlé aux autres, mais ça la travaillait depuis un moment. Ils ne pouvaient pas se permettre de rester à cinq dans une maison avec un type qui perdait les pédales. Non-non. Elle se souvenait qu’il faisait particulièrement froid quand elle avait proposé au patriarche Carter de sortir fouiller un peu plus loin que d’habitude. Elijah partirait dans une direction avec les deux femmes. Le soir venu, Victoria était rentrée seule. Le regard vide. Quelques traces de sang sur son visage blafard.

« Désolé » qu’elle avait dit. « J’ai rien pu faire ». Mensonge.

A partir de là pourtant, elle était changée. On disait que les prédateurs devenaient plus agressifs une fois qu’ils avaient goûté au sang. C’était vrai. Au printemps 2016, elle ne comptait plus les mâchoires fracassées à coup de batte. Même son petit-ami peinait à la suivre dans ses missions périlleuses et la facilité avec laquelle elle tatanait du mort-vivant. Juillet 2016, un trio avait tenté d’entrer chez eux. Sans savoir que c’était habité bien sûr. Un ancien militaire, sa fille et un gosse de 17 ans ramassé sur la route. La méprise passée, ils s’étaient alliés.

Ça aurait sincèrement pu marcher. Le militaire s’appelait Elvis. Il était équipé : arme de poing, M16, couteau de l'armée. Ses complices, Alice et Randy, avaient chacun un poignard et un flingue d’auto-défense. C’était lui qui avait appris à tout le monde, notamment à Victoria, comment tenir un revolver, viser, tirer, recharger, nettoyer. Elle était plutôt assidue comme élève. Trop. Alice était jalouse. Elle qui, du haut de ses 25 ans, était plutôt du genre « damoiselle en détresse » ne supportait pas de voir l’attention de son père se poser sur une autre. Merde ! Elle avait tout perdu, cette garce n’allait pas lui piquer son paternel.

Octobre 2016, elles s’étaient disputées en expédition. La pigiste comprit après coup que la blondinette avait sciemment demandé à faire équipe avec elle. Les mots montaient, le ton aussi. Victoria avait poussé la première mais l’autre avait sorti son arme. Elle n’avait pas le choix. C’était ce qu’elle se répétait quand les images de sa batte qui explosait les dents de la fille d’Elvis lui revenaient. Elle-n’avait-putain-de-pas-le-choix. Bien sûr que ça avait dégénéré. Le père voulait voir la dépouille de sa fille, l’avait cherché plusieurs jours, jusqu’à la retrouver. Elle errait, avec d’autres charognes, le menton démit et ensanglanté. Pas de morsure.  

Il était d’abord resté calme en revenant avec le corps d’Alice dans les bras. Trépanée par ses soins. La voix éteinte, il avait montré qu’elle n’avait pas été mordue, qu’elle avait été tuée – sans doute – à cause d’un coup qui lui avait cassé les côtes et perforé les poumons. Ensuite, il s’était jeté sur Victoria. Fou furieux, son cou de taureau gonflé par la rage. Il l’avait soulevé de terre pour l’étrangler, sous les regards horrifiés de tous les témoins. Elijah et Melany furent les premiers à intervenir. Dans la bagarre, Elvis avait saisi son couteau militaire et planté sauvagement ses deux adversaires. Ses yeux étaient fous. Il était perdu. En se retournant vers Victoria, pour finir le travail, il se retrouva face au canon d’un 9mm. Dire que c’était lui qui lui avait appris à s’en servir…

Pour éviter toute représailles, elle avait aussi froidement abattu Randy. La femme Carter ? L’effusion de violence l’avait terrifiée : elle s’était enfuie de la maison et n’avait pas fait 200m avant de se faire attraper et dévorer. Bon. Pragmatique, l’ancienne pigiste avait achevé son petit-ami d’une balle dans la tête. Sa mère avait déjà perdu connaissance, ça lui épargnait au moins ça. Pas le temps de rester s’apitoyer sur les cadavres. Elle avait rempli un grand sac de tout ce qu’elle pouvait, avait récupéré les armes d’Elvis, puis était partie.

L’hiver 2016, elle l’avait passé seule. C’était suffisant pour faire son introspection. Elle avait tué des gens. Ouai.  Plutôt pas mal quand elle faisait le compte. Est-ce qu’elle s’en voulait ? Non. Est-ce que ses proches lui manquaient ? Difficile à dire. Certes, la mort c’était moche, voir mourir ses parents était triste, perdre Elijah c’était ne plus avoir sa dose de sexe hebdomadaire. Mais… on s’habituait. Si elle devait empiler les cadavres pour se faire une barricade, so be it.

En mars 2017, Victoria se faisait accepter dans un groupe. Une trentaine de personnes qui créchait dans le Golf club at Newcastle. Des gens sympas, peut-être trop. Ils la prenaient un peu pour une pauvrette esseulée et l’accueillaient comme un chaton à qui on donnait du lait. Bon, au moins, ils n’avaient pas chômé. Les terres avaient été cultivées, ils avaient fait pousser de quoi subvenir à leurs besoins… c’était le bon plan. Ils l’avaient même soignée alors qu’elle souffrait d’un vilain rhume. Mais elle était déjà trop marquée, trop agressive. En deux mois, elle passait du statut de chaton à lionne incontrôlable. Trop bon et/ou trop con, le « conseil » de décisionnaires se contentèrent de la bannir. Elle avait quand même tarté le doyen un poil pervers, juste pour le sport, avant de marcher fièrement vers la sortie.

Pendant encore quelques temps, la pigiste les avait emmerdés. Elle restait dans les parages, surveillait les allers-venus des ravitailleurs pour, parfois, attaquer ceux qui avaient le malheur de s’isoler. Au début, elle ne les tuait pas. Au pire, un bon hématome ou une côte cassée qui leur garantissait un peu de temps au chaud. Pour elle, c’était des ressources glanées sans trop d’effort. Mais en juin 2017, son petit manège avait dégénéré. Les agneaux du club de golf avaient décidé de montrer les crocs et elle avait dû en tuer deux – au prix des quelques balles qui lui restaient – pour réussir à s’enfuir.

Elle était alors partie, avait migré jusqu’à Mercer Island, puis Seattle. C’était vraiment la purge de trouver « honnêtement » à manger. Depuis sa planque temporaire à Mt. Baker, elle avait entendu résonner des salves de coups de feu. On était fin juillet 2017 et un incendie s’était déclaré. La trentenaire ne savait pas ce que c’était mais voyait les flammes lécher le ciel. Ça, c’était pas ses emmerdes. Sa route de nomade avait alors continué. Plus ou moins inconsciemment, elle redescendait vers Renton. Quand elle croisait des proies isolées et faciles ? Elle leur piquait ce qu’ils avaient. Après tout, les gnous n’avaient qu’à pas s’éloigner du troupeau quand les lions étaient de sortie. Y’avait un truc de presque jouissif dans ce chaos organisé. Finalement, Victoria s’était plutôt bien réadaptée. Vadrouiller, économiser, faire avec les miettes, … c’était déjà son quotidien avant.

En août, elle avait été obligée de se terrer plusieurs jours. Une véritable horde de cadavres avait envahi les rues. Heureusement qu’elle avait tabassé une gamine la veille de leur débarquement, parce que ça avait duré quoi… cinq-six jours ? Ensuite, elle avait repris son vagabondage. Le M16, elle l’avait perdu en fuyant des infectés et son 9mm était déchargé. Par contre, la batte était sa plus fidèle alliée. Jamais à court. Elijah serait fière des swings qu’elle savait envoyer désormais. De quoi t’assommer un cheval, certainement. Faudrait en trouver un pour vérifier.

En octobre, elle était de retour sur Renton, le vendre creux et la gourde sèche. C’était pas qu’elle avait spécialement envie de sympathiser avec des gens, mais… ce type là, Zack, et son groupe, avaient au moins le mérite de ne pas ressembler aux guignols de Newcastle. Et puis, il lui évitait de crever la bouche ouverte, alors ça méritait un – petit – effort.

time to meet the devil

• pseudo › mamie Ginette
• âge › 72

• comment as-tu découvert le forum ? › à l’EPAD de ma ville
• et tu le trouves comment ? › très jeune, mon petit-fils aime bien.
• présence › tout le temps, je suis à la retraite.  

• code du règlement › Ok Morgan.
• crédit › Tumblr - Morphine
passeport :

fiche (c) elephant song.
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Re: If violence doesn't solve your problem, hit harder !

Ven 20 Oct 2017 - 21:16

JESSICA JOOOONES

Hmhm pardon.

Rererebienvenue :MisterGreen:





What a lovely day.
Maxine E. Reynolds
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Re: If violence doesn't solve your problem, hit harder !

Ven 20 Oct 2017 - 21:25

Salut la moche If violence doesn't solve your problem, hit harder ! 1442386177
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Re: If violence doesn't solve your problem, hit harder !

Ven 20 Oct 2017 - 21:32

hehe re-bienvenue !!! =P
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Re: If violence doesn't solve your problem, hit harder !

Ven 20 Oct 2017 - 21:33

Re-Bienvenue ! :smile2:

Et c'est juste parce que j'avais pas le choix *s'enfuit en courant*
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Re: If violence doesn't solve your problem, hit harder !

Ven 20 Oct 2017 - 21:41

Re-bienvenue ! Sympathique personnage en perspective ! :MisterGreen:


I Am The Messiah & A Sexy Boy, Not Your Boy Toy



Spoiler:
Clayton Buchanan
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Re: If violence doesn't solve your problem, hit harder !

Ven 20 Oct 2017 - 22:01

Re ! Vraiment dommage que t'aille chez les AD, on se serait tellement bien entendu Rolling Eyes xD
J'aime déjà ce personnage en tout cas !
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Re: If violence doesn't solve your problem, hit harder !

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