Elle avait beaucoup perdu de sa superbe dehors, et de sa répartie légendaire, tout comme de sa capacité à accueillir les gens chez elle. Il fallait dire que Casey ne se sentait pas vraiment chez elle pour l’instant, et elle n’était pas sûre que ça lui reviendrait un jour. Elle était à un moment de sa vie ou elle doutait de tout, et de tout le monde. Mais surtout d’elle. L’étrange calme qui régnait dans son existence était assourdissant après cette tempête. Elle n’aurait su l’expliquer avec ses mots, parce qu’il n’y avait personne pour la comprendre ici. A part sa sœur, qui refusait ce dialogue d’une certaine manière…

« Non, on est jamais sorti de l’Amérique. » Souffla Madisson pour répondre à la femme en face d’elle avec un sourire aimable. Mais elle se reprit vite avec une petite moue : « Une fois on a fait un tour au Canada mais c’est tout. »

Elle avait esquivé la première question, pour laisser l’occasion à sa grande sœur de répondre à sa place. Elle tourna ses yeux bleus vers elle, pour la forcer à parler. Casey poussa un petit soupir, détourna le regard. Ça la contrariait, mais elle ne voyait pas comment esquiver pour sa part :

« On a parlé à d’autres gens, oui. Les militaires qui nous ont trouvé et… » Elle fit mine de chercher dans sa tête les autres visages qu’elle avait pu croiser durant ces derniers jours. « Certains proches du gouverneur, pour nous expliquer comme ça fonctionnait ici. » Un soupir plus tard, elle expliqua : « Ils voulaient savoir aussi ce qu’on avait pu voir dehors, si y’avait d’autres personnes avec nous. »

Elle n’était pas encore vraiment prête à prendre contact avec les autres autours d’elle. Ses voisins la saluaient, elle répondait. Il y avait bien Swann, ce garçon de son âge qui vivait à quelques rues qui avait essayé de l’intégrer à sa manière. En lui posant des questions sur ce qu’elle pensait du campement, si elle trouvait ça bien, si elle avait déjà vécu ça. Casey l’avait ignoré, pour lui répondre à côté de la plaque la majorité du temps. Dans les faits, elle s’en moquait surtout.

« Les autres… Jeunes de ton âge, tu parles de qui ? » Demanda-t-elle d’une petite voix. « Je crois qu’on a déjà rencontré… Swann, il me semble. » Elle demanda confirmation à sa petite sœur qui hocha la tête. « Et c’est tout. Il y a beaucoup de monde, on sait pas trop où donner de la tête… »

Elle pinça les lèvres. Maddie reprit :

« Les militaires nous ont expliqué que la communauté vit ici depuis le début de l’épidémie, c’est formidable ! » S’enthousiasma-t-elle. « Il y a beaucoup de choses à faire, et on est à l’abri, ça fait vraiment du bien… » Ajouta la petite blonde pour faire la conversation.

Casey poussa un soupir.

« Ouais, super. » Commenta-t-elle en levant les yeux au ciel.

L'atmosphère bien qu'elle n'était pas lourde n'était pas non plus très détendue. C'était assez spécial au niveau du ressenti à vrai dire, c'est ce que Czarek éprouvait en tous cas. Une vie à l'extérieur de ce camp... Aurait-il seulement survécu ? Qu'en est il de sa mère, aurait elle supporter cette vie d'errance entre ces choses qui ont emportés feu Mr. Komorowski ? Si le jeune polonais n'avait qu'un seul remerciement à faire c'était d'être protégé ici. Rien qu'en observant les sœurs il savait qu'il était au bon endroit en ce moment même. Que l'idéologie du camp était aussi la meilleure qu'il soit.

"Non on est jamais sorti de l'Amérique. Une fois on a fait un tour au Canada mais c’est tout."
Czarek regardait la jeune fille. Que dire d'autre qu'elle était magnifique malgré ce qu'elle avait traversé. Cela était dommage que cette dernière n'ait pas eu la chance de voyager un peu plus comme le polonais l'avait fait. République Tchèque, Russie, Estonie, Lettonie, Ukraine et encore plusieurs autres. Certains où il avait des amis ou des correspondants, d'autres où il avait de la famille, enfin il y avait les pays et villes où ils étaient un peu plus perdus et seul. A bien y penser ce n'était peut-être pas plus mal de ne pas connaître autant de gens. Surtout quand on ne sait pas si l'un d'entre eux pourrait toujours être en vie sans avoir de possibilité de le contacter.

Casey expliqua quelle avait déjà rencontré quelques personnes notamment des militaires et certains des proches du gouverneur pour lui donner les instructions du camp, non sans cacher un certain soupir. Elle demanda alors s'il y avait d'autres jeunes de leur âge. Par là, Czarek sous entendait ceux en dessous de 25 ans. Il y avait donc comme elle l'avait dit Swann dans le lot. Une personne que Czarek appréciait beaucoup dans le camp, bien que n'étant pas le seul, mais avec lui c'était différent. Quand aux autres, Czarek ne passait en réalité pas beaucoup de temps avec eux. Le deuil était toujours présent et il passait bien des journées à salit sa chambre pour la nettoyer ensuite et jeter de nouveau un œil aux photos qu'il avait pris avant de quitter sa vraie maison.

"Oh euh, tu sais ... Je me souviens de leur tête mais plus de leur nom aha !" Il était un peu gêné de devoir avouer cela. Sa mère sourit tout en se frottant le front, cela semblait également l'amuser d'un certain côté. "Comme tu dis, tellement de monde que nous même ne nous souvenons pas toujours de certaines personnes."

« Les militaires nous ont expliqué que la communauté vit ici depuis le début de l’épidémie, c’est formidable ! Il y a beaucoup de choses à faire, et on est à l’abri, ça fait vraiment du bien…
- Ouais, super ...»

"Effectivement, répondit alors la plus vieille, nous sommes pour notre part ici depuis le début, ce camp est vraiment devenu notre seconde maison. Ici vous n'aurez plus à vivre dans la peur, la famine, la mort. Certes il y a toujours un risque et nous devons rester en forme au cas où, mais vous pouvez laisser vos problèmes s'en aller.
- Il vous faudra peut-être un peu de temps pour vous y habituer, mais vous vous sentirez vraiment bien ici !"

Czarek voulait vraiment faire de son mieux pour qu'ils s'adaptent rapidement à leur nouvel environnement. Leur humeur n'était probablement pas au rendez vous, de terribles souvenirs devaient les hanter mais c'était leur rôle à eux, ceux qui sont protégés depuis le début, de les aider à se réintégrer à la société. De les préparer pour l'avenir qu'ils se construisaient.

"Peut-être voudriez vous que l'on vous fasse une visite du camp, si vous voulez..."
Il ne se faisait pas énormément d'illusions mais espérait pouvoir les faire sortir, peut-être que revoir la nature pourrait les raviver ?

Casey fixa longuement Czarek, et le regard qu’il lança à Maddie. Le genre de regard qu’elle était capable de lui rendre, émue probablement par ce moment inédit depuis presque deux ans. La blonde fronça les sourcils, avisant sa sœur d’un coup d’œil perçant. Il se passait un truc, et ça lui faisait tout drôle. Elle laissa la conversation se dérouler, fixant la mère de Czarek un temps alors qu’elle vantait les mérites du campement.

L’étudiante avait encore du mal à y croire, parce qu’elle n’était pas faite à cet endroit. Les lèvres pincées, elle ne sut quoi dire. Fort Ward était probablement un lieu super, où elle aurait dû se sentir en sécurité. Ça n’était pas le cas, pour le moment. Bizarrement, elle ne parvenait pas à s’y projeter, même si elle n’avait pas le choix que d’y rester. Madisson avait décidé pour elle, dans l’urgence. C’était soit ça, soit mourir, visiblement.

Czarek proposa de les amener faire un tour, pour visiter le campement. Sa sœur fut sur le point de s’enthousiasmer à cette idée, partante pour partir avec lui et passer un peu de temps en sa compagnie, mais Casey l’interrompit avant même de commencer :

« Maddie a quelques trucs à faire cet aprem. » Déclara-t-elle finalement en pinçant les lèvres, se redressant de son son siège.
« Ah bon ? » Fit Maddie avec les gros yeux.
« Ouais, elle est occupée. » Certifia Casey en posant son regard sur sa sœur, le genre qui ne souffrait d’aucune réponse supplémentaire : « Mais on pourrait aller faire un tour ensemble, t’es chaud pour me faire visiter ? »

L’enthousiasme soudain de Casey pouvait sembler parfaitement bizarre. Elle s’en moquait bien, tout l’intérêt n’était pas là. Elle invita Czarek à la suivre dehors, tandis que Maddie se levait sans broncher. Elle avait besoin d’un instant avec le jeune homme, juste en tête à tête. Elle prétexta auprès de sa mère le fait qu’elle aurait probablement besoin de se faire un ami de son âge, qu’il faudrait bien commencer quelque part, et celle-ci comprit ce qu’elle voulait dire par-là.

« Allez, on y va… » Fit-elle avec un sourire mutin.

Elle fit passer le garçon devant elle. Et alors qu’ils s’éloignaient de quelques pas de la maison, Casey attendit avec patience de ne plus être à portée de voix de quelqu’un d’autre pour l’attraper par le bras et attirer son attention :

« Je rêve ou tu mattes ma sœur ?! » Demanda-t-elle de but en blanc, plantant ses yeux bleus dans ceux du polonais. « Et pas la peine de me mentir, j’suis pas aveugle, j’ai très bien vu ! »

Malheureusement, Maddie semblait avoir quelque chose à faire au cours de l'après midi ce qui déçu quelque peu le polonais, avant que la plus grande des sœurs ne lui propose de n'y aller que eux deux. Cela lui semblait un peu bizarre l'enthousiasme que cette dernière avait soudainement eue. Néanmoins lorsque cette dernière l'entraîna dehors il se laissa étrangement faire. A vrai dire il ne craignait pas vraiment Casey, elle n'avait rien de terrifiant ni l'air en colère ou surprise.

Ils s'éloignèrent quelques peu de la maison et arrivèrent très rapidement loin de la portée de quiconque. Ce fut assez soudainement que Czarek sentit la blonde attraper son bras et le fixer dans les yeux tout en demandant quelque chose au sujet de sa soeur et comme quoi il ne devait pas mentir.

"...Mates ?"

Pour être franc, Czarek n'avait pas le souvenir d'avoir déjà entendu ce mot, ou peut-être bien que cela lui disait quelque chose mais il ne se souvenait plus de sa signification. Il entreprit donc de réfléchir, fronçant les sourcils et détachant par la même occasion son regard de celui de Casey. Sa sœur, Maddie, que lui avait il fait ? C'était la première fois qu'il l'avait rencontré. Il l'avait effectivement finement observée, ce minois angélique, plein de vie, de paix, de bonheur d'être de retour dans une vie convenable même s'il lui faudrait du temps pour prendre ses marques.

"Tu veux dire, parce que je la regardais ? demanda t-il donc, reposant son regard sur la grande blonde l'air incertain. Si c'est à propos de cela, désolé si cela te déranges, c'est juste... ta sœur est vraiment très belle et voir tant d'optimiste c'est très touchant après ce que je peux m'imaginer sur ce que vous avez vécu."

Le jeune polonais ne comprenait pas vraiment pourquoi cela semblait la contrarier autant. Était elle jalouse ? Ce n'est pas comme s'il l'avait regardé de haut en bas en la déshabillant du regard par la même occasion, non non il n'y avait rien de cela. Plutôt de la fascination, cette énergie positive totalement surprenante. Serait ce considéré comme une transgression des normes et valeurs que d'observer quelqu'un ?

"Mais je ne comprend pas... Est ce mal vu en Amérique de regarder quelqu'un d'autre ?"
Il laissa la jeune femme répondre avant de continuer :
"Et donc, tu ne veux pas faire le tour du camp, tu voulais juste parler de ça ?"

« Regarde, reluquer, fixer, mater quoi ! » Argua-t-elle, passablement énervée. Pourquoi est-ce qu’il faisait genre de ne pas comprendre au juste ? C’était pourtant très clair ! Soit il la prenait pour une idiote, soit… Soit il ne connaissait pas le mot, étant polonais à la base. Bon, admettons ! Il termina bien par trouver de lui-même, et Casey s’agaça d’avantage : « Oui, voilà ça ! »

Czarek avait tout l’air de penser qu’elle en faisait trop, et c’était bien la vérité. Sauf que lorsqu’il s’agissait de sa petite sœur, trop n’était clairement pas assez. Elle était prête à cogner en avance pour pouvoir la protéger du pire, que ça soit des blessures qu’elle pourrait ressentir ou d’un cœur brisé. Pinçant les lèvres, le garçon eut au moins le bon sens d’admettre qu’il la regardait notamment parce qu’elle était jolie ; ça suffit à la blonde pour bloquer là-dessus, et sentir qu’elle avait eu raison d’intervenir !

Elle le désigna d’un index accusateur :

« Ouais je sais que ma sœur est vraiment très belle, et tu lui fais un coup à l’envers t’as à faire à moi ! » L’avertit-elle sèchement avant de plisser le regard. Elle était belle, touchante et pleine d’optimisme, chose rare quand on venait du dehors. Elle gloussa : « Tu peux imaginer ? » C’était au dessus de tout ce qu’il pouvait imaginer.

Casey secoua la tête, en essayant de ne pas s’emporter. Le pauvre était venu pour leur tendre la main, elle ne devait pas la mordre tout de suite. Il lui fallait expliquer ce qu’elles avaient traversé toutes les deux, et faire au mieux pour que ça ne recommence pas. Prenant une profonde inspiration, elle chercha ses mots. Mais tout lui venait brutalement dans ses pensées, comme des coups, sous couvert d’une violence ancrée en elle désormais :

« Au dernier campement qu’on a fréquenté, des types voulaient nous passer dessus pour qu’on puisse avoir un abri et à manger, alors il est pas question que ça recommence ici… » Fit-elle en essayant de maîtriser au mieux sa voix. Pourtant, celle-ci tremblait légèrement, signe qu’elle perdait patience. « C’est pas mal vu, c’est… C’est… Un peu tôt quoi ! » Se défendit-elle prestement.

Elle se détourna. Poussa un long soupir pour évacuer la pression qui l’étouffait. Ses yeux se tournèrent vers la maison, avant de revenir sur Czarek qui s’interrogeait. Bon, elle n’avait pas été très sympa avec lui, mais sur le coup, elle n’avait pas forcément l’intention de se faire que des amis, contrairement à Maddie.

« Non, c’est bon, fais moi visiter. » Fit-elle en haussant les épaules. « J’ai encore rien vu d’ici. » Se justifia-t-elle dans la foulée pour l’encourager.

L'interlocutrice du polonais confirma ce que ce dernier avait plus ou moins déduit par le contexte de la discussion. Voulait-elle exprimer par là le dégoût qu'elle aurait vis à vis du simple fait d'observer sa sœur ? Fort probablement. Pourtant, il n'y avait rien d'agressif dans le regard du jeune blondinet, il ne pensait pas vraiment à mal, il y en a déjà assez comme ça en dehors de ces murs n'est ce pas ? Ce fut d'ailleurs assez soudainement que cette dernière le pointa d'un doigt accusateur, Czarek se sentait comme s'il avait commis un crime atroce.

Evidemment, il n'en voulait pas à la blonde, elle devait avoir une raison... Enfin, c'est ce qu'il espérait ! Elle le... menaçait ? De toutes manières il faudrait être idiot pour poignarder dans le dos une fille si belle et qui semble si agréable. Ce serait comme renoncer à la femme parfaite ou à une énorme somme d'argent, ce n'est pas un bien que l'on peut jeter, jamais nous n'en éprouverions l'envie !

Ce fut assez rapidement qu'elle continua de parler mais cette fois-ci pour poser des explications sur ses actes. Elles avaient été - comment dit on encore ? - victimes de chantage sexuel ? Une chose terrible quand même, comme quoi le destin avait bien décidé de le privilégier lui et tous les autres membres du camp des atrocités présentes dans les autres groupes. Il se décida quand même à essayer de la rassurer du mieux qu'il le put.

"Ah, je... Je comprend ta réaction ne t'inquiète pas. C'est assez glauque ... Je sais que vous n'êtes pas obligée de me croire mais personne ici ne fais ce genre de choses, encore moins de ma part. Je suis, désolé si cela t'as mis mal à l'aise, je... j'y ferais attention."

Après avoir répondu elle accepta son offre de visiter le camp, elle n'avait encore rien vu et cela encourageait tout de même le jeune homme à lui montrer malgré le fait que la discussion avait pris un tournant assez... spécial. Il hocha de la tête et fit un signe de tête pour montrer qu'ils se mettaient en route. Il y eut un silence quelques instants. Assez embarrassant d'ailleurs puisque le polonais ne savait que dire. Fort heureusement quelques personnes allaient et venaient, parlaient près du porche ou se promenait tout simplement, ça donnait un peu de vie et de bruit de fond. Au bout d'une ou deux minutes Czarek ralentit l'allure et en pointant la maison devant laquelle ils s'étaient arrêtés dit :

"Ça c'est ma maison. Enfin, à moi et ma mère. On est pas si loin tu vois ! Si tu as besoin de quelque chose un jour n'hésite pas à venir, on met toujours un point d'honneur à aider les nouveaux arrivants à s'intégrer et même, aider tout court !"

Il fit une pause pour la laisser observer la maison avant de reprendre :

"Dis moi, vous faisiez quoi toi et Madisson avant tous ces "événements" ? Je veux dire, tu avais un travail, tu avais des loisirs ou, enfin tu vois ce que je veux dire ?"

Czarek espérait par là aider son interlocutrice à déstresser et dans le même temps qu'ils en apprennent plus l'un sur l'autre. Si elle lui demandera en retour par contre. Dieu sait que cela arrive très peu parfois. Cela dépend des gens apparemment ...

« Qu’est-ce que tu en sais ? » Demanda-t-elle de but en blanc. « Tu vois, dans notre ancien camp, je suis persuadée que la moitié en tomberait des nues genre « oh lala c’est incroyable on ne s’y attendait pas » ! Les gens sont parfois plus mauvais qu’ils en ont l’air, ça m’étonnerait pas que ça arrive même au paradis. »

C’était sûrement une manière de voir très sombre, mais Casey n’avait pas eu trop le choix que de songer de cette façon. Viendrait peut-être un jour où elle ne verrait plus le mal partout, où elle ferait tomber sa méfiance, ne cherchait plus à se braquer. Peut-être, oui. Même si elle en doutait. Elle avait l’impression, tout de même, que tout était compliqué. Les hommes surtout, entre eux, avec eux, contre eux. La blonde avait l’impression de devoir lutter contre le reste du monde, pour la survie de sa petite sœur et la sienne propre.

« C’pour ça qu’ici, c’est bizarre. Ça a l’air trop beau pour être vrai, ça cache forcément un truc, tu crois pas ? » Demanda-t-elle.

Czarek ne devait pas voir les choses comme elle. Il n’avait pas la même objectivité sur son lieu de vie, sur ce que ça impliquait pour lui. Il y avait été en sécurité pendant des mois, il avait toujours sa mère avec lui, pouvait survivre sans peine. Le garçon avait de la chance. Ils se plantèrent tous deux devant sa maison et il lui assura qu’elle pourrait venir si elle avait besoin de quoi que ce soit. Elle fronça les sourcils sans pouvoir cacher son étonnement :

« T’es toujours aussi gentil ? » Demanda-t-elle de but en blanc, en plissant les yeux. « J’ai pas l’habitude. » Admit-elle dans la foulée, enfonçant ses mains dans ses poches en essayant de se donner des airs détachées. « On était étudiantes, toutes les deux. On était en vacances chez nos grands parents. Elle, elle devait partir en Italie, moi… Je cherchais encore ma voie, quoi. » Elle soupira : « J’aime la musique. Je chante. Ma sœur dit que j’ai une jolie voix. Dehors, ça nous apaisait toutes les deux. » Ajouta-t-elle. « Maddie, elle, elle parle italien. »

Pinçant les lèvres, elle ne put s’empêcher de remarquer que ça faisait des semaines qu’elle n’avait pas fredonné quoi que ce soit. L’extérieur ne leur laissait pas de répit, il fallait rester silencieuses, en toutes circonstances.

« On a pas pu réaliser nos rêves, ni l’une ni l’autre. » Fit-elle. « Ensuite on a erré pendant des mois, sans trop savoir quoi faire ni où aller. Finalement, on a presque tous le même âge. Y’a vraiment beaucoup de monde, c’est impressionnant… » Elle passait totalement à autre chose oui, mais c’était assez commun avec Casey ! « Comment ça peut tenir ? » Questionna-t-elle, sincèrement étonnée.