Heather était partie encore plus tôt qu'à son habitude ce matin-là. Elle avait assez mal dormi en raison du froid glacial qui s'était abattu sur Seattle depuis quelques jours, et ce, malgré 3 couvertures. Plutôt que de continuer à se tourner dans tous les sens dans son lit, elle avait fini par enfiler son habituelle tenue de sortie et chaussé ses rangers. Bien qu'il fasse assez sombre, l'Italienne n'eut pas le moindre mal à faire la tournée de ses collets avant l'aube. Les très rares rôdeurs qu'elle croisât semblaient eux aussi peu apprécier le fait que le thermomètre soit passé au-dessous de 0.

La pêche avait été bonne dans un sens. Elle n'avait aujourd'hui qu'un seul lapin à ramener à la résidence, mais c'était là une fort grosse bête. D'un pas rapide, elle se dirigea à nouveau vers la chaleur relative de son nouveau chez-soi. Prenant soin de ne pas claquer la porte, elle entra dans la grande bâtisse à pas de loup. Puisque le soleil venait juste de se lever, elle n'avait pas vraiment l'envie de réveiller la moitié de la résidence et de se faire engueuler pour ça. En plus, April comme Emerson étaient un peu sur les nerfs ces derniers temps.

Elle rangea sa "proie" dans le frigo à côté des bacs de glaçons laissés là la vieille et se dirigea vers la pièce à vivre principale. Puisqu'elle n'avait rien d'autre à faire et qu'il était hors de question qu'elle retourne à l'extérieur dans l'immédiat, s'occuper de l'armurerie semblait la meilleure option disponible à ses yeux. Démonter puis remonter tout le matériel qu'avait entreposé là le groupe aurait au moins pour mérite de lui vider l'esprit une bonne heure. Surtout que le dernier petit nouveau avait sûrement apporté du matériel neuf.

S'installant sur un des canapés sur lequel elle avait préalablement disposé un plaid, Heather soupira bruyamment en contemplant l'engin du nouveau locataire. C'était clairement un type au goût douteux. Pour avoir été la cible d'armes similaires, Heather appréciait peu la famille du Dragunov. Ajustant son béret, elle s'étira les bras avant de commencer à désosser la bête. Au moins, son propriétaire semblait un minimum soigneux.

Le travail bien entamé, elle eut la désagréable impression d'être surveillée. Tournant rapidement la tête en direction de l'entrée de la pièce, elle eut la surprise de découvrir le dernier arrivant à seulement quelques mètres derrière elle. Il était bien trop discret pour ne pas représenter une menace aux yeux de l'Italienne. Feignant l'indifférence, elle déclara sur un ton neutre :

"Buongiorno. Alors, bien installé ?"

C'était la première fois qu'elle lui parlait depuis son arrivée dans les locaux. En fait, maintenant qu'elle y songeait, elle ne se souvenait même pas de son prénom. Bah, elle ferait sans. Un surnom à la con lui viendrait vite à l'esprit.

La nuit ne fut pas des plus réjouissante. Bien que notre Américano-algérien sois content d'avoir put intégrer ce groupe et donc pouvoir faire ses preuves par la suite, il semblerait que cela ne chasse pour autant pas les mauvais souvenirs le concernant. Durant la nuit, il enchaînait cauchemar sur cauchemar, se remémorant le fameux appel de ses proches qu'il a entendu littéralement agoniser, la pagaille au camp ou encore, le « meurtre » qu'il a dut commettre sur un de ses collègues…
Plus d'une fois il s'était réveillé, espérant un jour pouvoir de nouveau vivre ce sentiment qu'était l'amour ou alors simplement la compassion et le plaisir de vivre dans un monde où seul la survie importe.

Sachant pertinemment que essayer de se rendormir était impossible, l'ex commando se leva de son lit, enfilant un traillit militaire qui se trouvait dans son paquetage, déjà présent avant même le début de l'apocalypse. Sa lui permettait de pouvoir s'échauffer avant de pouvoir s'habiller un minimum convenablement. Il sortit alors sur la terrasse qui servait à l'origine pour les résidents de la maison de retraite pour profiter du beau temps. Mais maintenant que l'espace était dégagé, Zelef se donnait à coeur joie pour refaire son enseignement drastique et dur de son unité.

Ce n'est que une, voir deux heures plus tard que le jeune homme de 32 ans termina ses exercices et s'habilla convenablement après une petite préparation habituelle. Il se retrouva ainsi en débardeur, sa veste de cuir sur les épaules et en jean noir tout ce qu'il y a de plus basique, chaussé de ses baskets habituelles également. C'est alors qu'il rencontra une membre de son nouveau groupe, la demoiselle en charge de leur armurerie. Il ne fit juste aucun bruit et se contenta de la regarder dans sa parfaite minutie à manipuler avec précaution les pièces de SON ARME ?! Alors ok, il est vrai que lors de son arrivé, on l'avais privé de son arme fétiche et de sa machette afin qu'il puisse faire ses preuves sans risque au sein de la communauté, mais en arriver à la démonter complètement même pour une vérif...m'enfin il suppose qu'il avait pas son mot à dire dans cette affaire.

Heather ne mit pas longtemps remarquer que je sois là, il faut dire que je n'ai pas fais grand-chose pour me cacher d'elle. Je la rejoins alors, m'asseyant juste en face d'elle en train de faire son travail.

« Oui assez bien installé je dois dire aux vues des autres endroits où je suis allé. Je vois que tu as l'air de bien t'amuser avec mon jouet favoris…Heather c'est ça ? »

Demanda t-il de son air froid et calme sans une once de réaction à ces instants passé comme si il était une simple machine devant la demoiselle

Comprenant qu'il était repéré, le yankee s'approcha et s'installa sur un fauteuil face à la jeune femme. Il avait quelque chose de familier en lui. Vu sa carrure de rugbyman, il y avait de fortes chances pour qu'il soit un ancien agent du SWAT ou un militaire. Vu que son visage lui était inconnu, il ne pouvait faire parti des forces de l'ordre de l'état. En fait, avec sa large mâchoire, il avait une tête à faire carrière dans l'armée. Ou bien du foot américain. Au choix.

Ce n'est qu'une fois installé que l'ersatz de Schwarzenegger répondit à la question d'Heather. Sur un ton encore plus neutre que la jeune femme, il répondit par de simples banalités. S'il trouvait que la baraque était sympa, l'ancienne militaire ne voulait même pas imaginer dans quel trou à ras terminator s'était installée avant de finir sa course à Seattle. Maintenant qu'elle y songeait, ça lui allait assez bien comme surnom. Avec sa caricature et son expressivité de muppet...

Il enchaîna sur une remarque concernant l'arme qu'elle était en train de démonter. Son jouet favori ? Ça avait plutôt l'air d'être le seul "jouet" qu'il avait apporté. Sur un ton légèrement las, elle répondit donc à cette remarque par un :

"C'est une antiquité oui. Au moins, t'y as fait un peu attention. Mais qui est le génie qui a mis un silencieux dessus, franchement ? Mi fa cagare..."

Fallait vraiment pas être une lumière pour faire ça. Ça relevait du même niveau de stupidité que de se boucher les oreilles en se plaçant juste devant les enceintes durant un concert de death metal ! Remontant enfin l'engin après avoir examiné chaque pièce d'un œil sévère, elle tendit enfin la main à l'invité et lui adressa un :

"Les copains m'appelaient AT. Alors comme ça tu voyages ? D'où tu viens garçon ? T'as franchement pas l'air d'un enfant du pays. Attends, me dis rien...Fort Bragg ? Camp Pendleton ? J'parie 20$ que t'as servi sous les drapeaux à un moment ou un à autre."

Elle était curieuse. Et puisqu'il la jouait machine, autant en profiter et s'informer un peu sur qui il était avant que tout ne parte en vrille. Pour l'instant, il ne lui inspirait pas vraiment confiance.

Il semblerait que la demoiselle aux allures d'asiatique mélangé aux gènes américaine et italienne gardait l'ex commando dans son viseur. Il semblerait qu'elle ne lui fasse pas confiance. Encore heureux lorsque quelqu'un viens juste d'arriver dans un groupe sans que l'on connaisse réellement ses intentions. Une fois assie, il regarda la demoiselle travailler, aux vues de son travail tel une maestro de l'armement, sans aucun doute qu'elle avait déjà servis dans l'armée, Zelef voyait mal une simple armurière démonter et remonter n'importe quel arme sans effort, au moins il ne serait pas totalement dépaysé car une ex-collègue était vivante. C'est alors que celle-ci répondit à sa remarque sur son seul jouet qu'il avait emmené en plus de sa machette. La réaction ne se fit pas attendre chez le militaire. Lui qui à l'instant avait un maigre sourire en coin venait de le perdre quasi aussitôt lorsque elle évoqua la stupidité du silencieux.

En un instant bref qui parut une éternité à ses yeux, il revut ses collègues, toute sa vie passé défiler, il se rappelait d'où venait ce silencieux, c'était Mike qui lors d'une mission à l'étranger lui avait donné pour éviter de rameuter tout le monde au même endroit. Certe le silencieux n'avait pas une si grande utilité sur un Dragunov mais il lui avait servit une paire de fois alors il l'avait gardé en souvenir de ses potes...du moins c'est la seule chose qui le relit encore à eux en plus de son tatouage au cou.

« Je préfererai éviter la question je te prie, sa me ramène des souvenirs pas très agréable... »

Dit-il, le même visage froid et habituel tandis que sa main serrait fermement l'accoudoir du fauteil comme pour expulser un minimum cette rage enfoui en lui.
Une fois qu'elle eut remonter l'entièreté de son arme avant de la reposer, elle tendit alors sa main en direction de Zelef lui posant ainsi mille et une question sur lui d'un seul coup, nottamment sur son ancienne vie, elle était trop curieuse à ce sujet, il fallait y faire attention. C'est alors qu'il répondit le plus simplement du monde.

« Connais pas...je suis Zelef Harisson, né à New-York en Septembre 1986 et pour répondre à ta dernière question ma grande et que tu gardes tes 20$ qui n'ont plus de valeur, j'ai servis à Fort Lewis... »

Court, simple et efficace, on ne lui apprenait pas à parlementer à l'armée, seulement donner le nécessaire d'une manière précise et compréhensible même pour les simplets. Elle avait eut ses infos, y aurait il une nouvelle bonne discussion en vue maintenant ?

Il ne voulait pas parler d'un silencieux sur un SVD ? "Ok, sure..." songea la jeune femme. Après, qui était elle pour le juger ? Un silencieux avait peut-être assassiné toute sa famille dans une ruelle sombre de Gotham. Bon, au moins ça expliquerait aussi un peu pourquoi le jeune homme ne serrait pas la main si aimablement tendue de l'ancienne mercenaire. Il est difficile de rester civilisé après un tel drame !

Elle ne chercha pas à masquer son amusement face à une telle réaction. Un sourcil mi-inquisiteur, mi-moqueur se souleva alors qu'elle s'adossait à nouveau au fauteuil. Elle ne manqua pas non de se féliciter intérieurement d'avoir trouvé un surnom aussi adéquat pour le gentleman.

Il ajouta après avoir agressé l'accoudoir qu'il était de New-York et donna son pedigree complet bien qu'elle ne le lui ait pas encore demandé. Le blanc-bec qui l'appelait "ma grande" était bel est bien un produit issu des camps d'entraînement de l'armée américaine. Il déclara sur un ton qui aurait pu sembler presque méprisant qu'elle pouvait bien garder ses "inutiles" vingt billets. Cela ne manqua pas d'amuser d'avantage Heather. Visiblement, l'humour n'était pas son fort. Il fallait vraiment le présenter à Kerwan.

D'une voix plus claire et sans chercher à masquer son accent lombard, la brune dit au soldat :

"Jamais visité Fort Lewis. J'ai un peu scouaté à Pendleton le temps d'un stage. Alors, soldat, quelle unité ? T'es visiblement pas un marine sinon tu ne serais pas ici aujourd'hui. T'es pas non plus de la marine vu que la Navy préfère l'eau salée aux lacs du coin. Je tente à nouveau ma chance : armée de terre ? Sûrement une unité d'infanterie. Le prend pas mal, t'as pas vraiment la carrure d'un toubib, d'un mec du génie et encore moins d'un pilote !"


Puisque Terminator n'était pas disposé à parler silencieux et qu'il appréciait visiblement parler de lui-même, autant tirer un peu sur la corde et en apprendre d'avantage sur son passé. C'était aussi là une occasion de le jauger un peu. De voir quelle menace il représentait pour le groupe. La situation eu été meilleure s'il avait simplement été quaterback. À l'exception d'un éventuel placage vicieux, on ne pouvait rien attendre de trop mauvais d'un joueur de football. Mais un bidasse pouvait faire pas mal de casse pour peu qu'il soit motivé.

« S'il s'agit d'un interrogatoire, tu aurais put le dire plus tôt...au moins tu aurais pas eut à faire la demoiselle qui est la plus gentil du monde. Sa se sent que tu me fait pas confiance...alors je répondrai seulement ce que je juge nécessaire. Je viens du premier régiment de Béret vert. »

Autant mettre les choses au clair dès le début. De toute manière, Zelef savait parfaitement que le groupe entier, voire peut-être seulement elle qui sais ne 'appréciait pas. Il faut dire que leur entrevue n'était pas des plus amicale la première fois. Il avait même presque blessé un de leur camarade par réflexe militaire pour se défendre. Néanmoins il devait bien gagner leur confiance un jour ou l'autre, sans quoi sa survie ou celle du groupe était voué à l'échec peu importe les compétences...même lui qui avait réussit à vivre convenablement durant un temps seul, savait qu'un jour il finirait par mourir ou se transformer à cause d'un relâchement. L'asiatique juste devant lui par contre était un peu trop curieuse à son goût, enfin du moins pour le moment. Heureusement il avait juste donné des infos sans trop d'intérêt comme on lui avait appris. Mais bon, elle en demanderai sans doute encore plus après.

« Puisque tu as l'air de vouloir en savoir plus sur moi, à mon tour...qui es tu...toi ? »

Si sa marchait dans un sens il fallait bien que cela marche dans l'autre sens non ? Il voulait lui faire confiance mais cela ne serait pas réciproque si lui ne savait rien de ses nouveau camarades. En tout cas il avait eut le temps de voie comment était l'ensemble de l'endroit. Contrairement à ce qu'il avait put voir des restes de groupes, eux étaient organisé et n'avaient rien laissé au hasard profitant de chaque point fort que leur offrait la résidence. Une vrai forteresse des temps modernes...si on peut appeler ça une forteresse et cette époque, les temps modernes.

« Une chose est sûr, vous vous débrouillez mieux que la plupart des « restes » de groupe que j'ai put observer…j'ai vu la quasi totalité de l'état ou presque...et je n'ai vu que mort et désolation. »

Heather éclata de rire en écoutant GI Joe se plaindre d'être face à un interrogatoire et du fait que la jeune femme se montrait faussement aimable. Elle avait vraiment l'impression d'être tombée sur un champion. Il s'attendait à quoi ? Un superbe tapis rouge, des petits fours et une bise sur la joue droite ? Et puis quoi encore... Et lui qui ajoutait qu'il ne répondrait que s'il jugeait cela nécessaire. Franchement, qui a besoin de dire ça hein ? Et il se déclarait être un ancien béret vert en prime ! Si tel était le cas, il devait savoir à quoi ressemble un vrai interrogatoire. Personne n'avait encore sorti un pichet d'eau et une serviette de cuisine pour autant qu'elle le sache.

Après avoir donné un os à ronger à l'Italienne, Zelef demanda à la jeune femme de se présenter. C'était de bonne guerre même s'il n'avait presque rien dit au final. Une vrai tombe ! Ça au moins, ça collait un peu à l'image qu'elle avait des membres des forces spéciales. Sur un ton presque détaché toujours un peu rieur, elle déclara :

"Heather "at ease" Wu. Comme je viens de le dire, je suis passée par Pendleton avant de former les tireurs d'élite du SWAT local et parfois les membres de la police de l'état. Je suis aussi passée par Bastion et dans le privé pendant un temps."

Il n'y avait là aucun mensonge. Après tout, ça ne servait à rien de donner un faux CV. Surtout à un type qui manquait visiblement de tout second degré et qui avait l'amabilité d'un parpaing. Pour peu qu'il ne soit pas totalement idiot, même si cela semblait mal engagé, il comprendrait que cela signifiait qu'elle avait un passif avec le corps des Marines. Qu'elle avait traîné sa bosse en Afghanistan, et ce dans un coin peu fréquenté par les troupes américaines, avec ou sans treillis sur le dos. Après, il en déduirait ce qu'il en déduirait.

Lorsqu'il complimenta les lieux, l'ancienne caporale haussa les épaules. La chose n'avait pas vraiment besoin d'être mentionnée. Fallait bien survivre. Et puis le fait qu'il se la joue "j'ai tout vu" avait quelque chose d'ennuyeux. Le "j'ai vu que la mort et la désolation" était de trop. Même elle avait eu le loisir en restant très près de chez elle de découvrir bien des groupes et de constater que celui de la maison de retraite n'avait rien d'extraordinaire. Terminator devait être incroyablement myope ou malchanceux...

Elle se fit plus moqueuse pour peu que cela soit possible en ajoutant :

"Parfois les gens civilisés cherchent à comprendre à qui ils ont affaire. Et parfois, poussés par la providence ils font de mauvaises rencontres. Je ne te connais ni d'Eve, ni d'Adam. J'ai aucune raison de t'accorder ma confiance. Les derniers soldats que j'ai rencontré étaient des pillards et des assassins. Le respect, pour moi ça se mérite. Pour ce que je sais, tu pourrais très bien être un tordu. Tu veux te la jouer John Smith et ne faire aucun commentaire ? C'est ton droit. Mais en retour tu ne peux pas t'attendre à ce que je te prenne pour autre chose qu'un con. Ma "mission" est de protéger les gens qui vivent ici. Et pour le moment, je me demande si tu es une menace. T'es bien sûr libre de me donner tords. Mais ne te sens pas obligé ! On est au pays de la liberté après tout ?"

Sa voix se fit plus dure sur la fin de sa déclaration. Il était énervant à ses yeux. Après tout, même sans porter le treillis, il était encore dans son uniforme d'une certaine manière. L'Italienne ne dirigeait pas le groupe et ne pouvait pas chasser le yankee. Mais elle s'était surprise à apprécier la vie au sein de cette communauté. Elle ne comptait pas y aller molo sur Rambo s'il ne montrait pas patte blanche.