- Juillet 2016 –

Deux kékés. Voilà ce qu’étaient Aaron et Stanley, alors qu’ils couraient tous les deux dans les rues de Fort Ward. Ils roulaient un peu des mécaniques. Surtout quand il y avait du monde dans les jardins ! Leurs torses nus luisaient de transpiration sous les rayons du soleil, alors qu’ils entamaient leur huitième kilomètre.

- Comment tu t’sens ? Demanda le garçon à son copain, en s’approchant de l’extrémité de la zone civile. Cela faisait déjà quelques mois que ces deux-là étaient amis. Ils partageaient un peu le même délire et c’était un des seuls vrais potes que Stan s’était fait en dehors de sa sphère militaire. Il fallait dire qu’à cette époque, un gouffre les séparait. Ce qui se tramait en dehors de leurs défenses restaient pour les civils un mystère… On se refait la boucle ? Consciencieux, ils ne s’éloigneraient pas de Fort Ward.

Lui se sentait bien. Il entretenait sa forme physique, comme il l’avait fait toute sa vie. La course, c’était son oxygène. Mais ses journées ne tournaient pas qu’autour de ça, comme ça avait pu être le cas dans son adolescence. Il s’entrainait aussi régulièrement au tir et au combat. Et participait à de nombreuses expéditions en dehors de l’enceinte sécurisée du camp. Des sorties toujours stressantes, mais dont le jeune homme se délectait. Il aimait sentir la peur envahir ses veines et avait cette conviction que l’adrénaline le rendait meilleur. Il se disait parfois qu’Aaron aurait un bon profil pour se former également pour l’extérieur. Il était robuste et avait ce grain de folie en lui qui paraissait nécessaire. Pourtant ce n’était pas à l’ordre du jour. Jusqu’ici, ils étaient suffisamment nombreux des corps armés pour ne pas chercher à recruter. Ils pensaient encore que l’important était de préserver les gens qui vivaient ici.

- Y a pas moyen, on rejoint la plage et on se pique discretos une tête, ok ?! Ajouta le jeune homme, affichant un sourire canaille, alors qu’il sentait que son corps chauffait. Si sa respiration était sous contrôle, ses joues étaient rouges. Des macchabées s’échouaient parfois sur leur côte, mais c’était rare, surtout de ce côté. C’était pour lui sans danger, même si c’était officiellement interdit !

Son regard s’ancra alors sur une maison un peu plus loin dans la rue et vers laquelle ils se dirigeaient. C’était ici que vivait son flirt du moment. Un flirt qui durait déjà depuis presque cinq mois. Rien de vraiment sérieux, mais ils s’entendaient bien et c’était amplement suffisant.  

- On sprinte jusque-là ? Il jeta un regard espiègle vers son camarade. C’était généralement le moment où il devançait son copain.

Aaron et Stanley, un sacré duo improbable. Et pourtant, il n'y avait rien de vraiment étonnant à voir ces deux-là traîner ensemble, entamant le huitième kilomètre de leur footing. S'ils avaient déjà abandonné leur t-shirt pour le plus grand plaisir des jeunes femmes du camp, les moins patients et les plus envieux s’insurgeaient déjà de leur comportement m'as-tu-vu , mais en réalité ils s'en fichaient. Le monde était à eux, du moins, c'est ce qu'ils pensaient, à l'époque. " Au top, j'en avais vraiment besoin ! " répondit par l'affirmative le jeune homme à son ami.

Autant pour garder la forme, mais aussi parce que toutes les excuses pour s'éclipser du foyer familial étaient intéressantes à envisager. " Bien sûr, je commence à peine là ! " confirma-t-il avant de recommencer le parcours à ses côtés. C'était souvent le même, à travers les rues de Fort Ward, ça avait ce petit quelque chose de pas rassurant du tout en fait, l'impression dans un sens de tourner en rond, comme un animal pris en cage, mais ça, le soldat à ses côtés pourrait pas le comprendre, lui.

Il pensait d'ailleurs avec nostalgie à l'été dernier qu'il avait passé à Seattle avec ses potes, à juste se soucier de rien. C'était l'une des dernières fois que ça avait pu lui arriver, après, il devait ensuite changer ses perspectives, se trouver une maison, faire un prêt, commencer sa vie...Et puis, la donne changea complètement. Après son retour de vacances, Josh et lui furent bientôt forcés d'arrêter leur collaboration et de quitter chacun leur emploi. Les perspectives d'avenir n'étaient pas très engageantes, et afin d'exacerber encore un peu plus les choses, un conglomérat de militaires et de scientifiques, chargés de sécuriser l'île, à cause de ce qui semblait être une épidémie causée par un virus débarqua pour chambouler leurs vies...

Il n'en savait pas plus, et s'il avait fini par se lier d'amitié avec le jeune Maverick, celui-ci gardait avec lui une distance vis-à-vis de ce qui se passait réellement en dehors du fort, prétextant que c'était pour sa sécurité, et comme pour le conforter un peu plus dans son ignorance, Aaron avait participé à la construction de la barricade pour replier encore un peu plus les habitants sur eux-mêmes, qu'est-ce qu'il pouvait faire d'autre ? Sa proposition de participer à la sécurité du camp avait de toute façon été refusée, ça le faisait bien chier d'ailleurs.

" Ok, tu devrais avoir plus souvent des idées comme ça ! " souffla le coursier à sa proposition de partir vers la plage. Une bonne occasion de faire un break, bien qu'il avait encore quelques ressources, trottinant aux côtés de Stan alors qu'ils changeaient légèrement d'itinéraire, bientôt aux abords du Fort, c'est comme un défi qu'il accepta d'un bref signe de tête avant de commencer à sprinter, tout d'abord avec une jolie avance, jusqu'à se retrouver au coude à coude avec le militaire. " Pas trop mal, mon vieux ! " le félicita-t-il avant de souffler un bon coup, reprenant peu à peu une respiration normale alors qu'il passait le revers de son bras sur son front.

" Elle est pas du genre à apporter de la limonade bien fraîche hein ? " le taquina-t-il en le bousculant gentiment alors qu'il remarquait qu'il observait la maison de sa chérie. " Bon, je te propose qu'on prenne un raccourci ! " il contourna alors les résidences jusqu'à une ruelle, escaladant un grillage, avant de se hisser sur le rebord du bâtiment juste à côté, observant Stan resté un peu plus bas. " Allez promis, ça craint pas autant niveau sécurité et tout ça ! " ricana-t-il avant d'avancer jusqu'au bord, où il finit par s'asseoir en sifflotant, attendant que son ami monte lui aussi, la plage n'était plus très loin. " On va gagner quelques minutes comme ça, mais pas de raison de s'arrêter ! " d'une soudaine impulsion des mains, il se laissa alors tomber en contre-bas, amortissant sa chute d'une roulade, avant de se remettre à courir, sûr que son partenaire le suivrait.

Sans surprise, Aaron tenait le rythme. Il avait lui aussi une bonne condition physique et c’était bien pour ça que les deux garçons courrait de temps en temps ensemble. Puis dans un souci de vouloir impressionner l’autre ou simplement « faire mieux », ils s’entrainaient même mutuellement à aller au-delà de leur zone de confort. Stan regarda ainsi une seconde son copain commencer le sprint sans lui, un fin sourire se dessinant sur ses lèvres. Il partit avec un peu de retard, mais dut mettre les bouchées doubles pour ne serait-ce que le rattraper. C’était qu’il avait une sacrée accélération lui aussi !

- Ahah ouais c’est ça ! Répondit-il toutefois, devant les encouragements un peu railleurs de l’autre. Il posa ses mains sur ses hanches, reprenant lui aussi sa respiration. Il gonfla ses poumons quatre fois et fit craquer son cou. Son regard partit de nouveau vers la fameuse maison, mais il n’aperçut personne aux fenêtres ni dans le jardin. Dommage. Pas vraiment, non, s’amusa-t-il ensuite de la réflexion de son pote, avant de le suivre de nouveau en trottinant pour rejoindre la mer. Même pas peur, rétorqua le militaire en découvrant le passage que proposait ensuite Aaron.

En effet, son raccourci faisait office de parcours de santé. Ils durent grimper au-dessus d’un grillage, jouer les équilibristes contre un bâtiment, puis saut de l’ange. Tout un programme ! Ils reprirent leurs courses devant le jardin d’une vieille dame, Mrs Dewitt, qu’ils saluèrent dans un sourire, qui leur fut grandement retourné par la mémé. Trois minutes plus tard à peine, ils déboulaient sur la côte, dans un coin suffisamment à l’abri des regards pour éviter les embrouilles. Ils s’arrêtèrent un instant, regardant l’eau glisser sur le sable dans un bruit reposant. Un échange de regards plus tard, et les deux compères viraient baskets, chaussettes et shorts, pour plonger en slibard – boxer noir pour le militaire - dans la mer tranquille. Cette dernière était fraiche, mais bon sang qu’est-ce que ça faisait du bien ! Stanley lâcha un soupir de contentement, nagea un brin et chahuta aussi avec son copain.

Dix minutes plus tard, ils étaient étalés de tout leur long à même le sable, pour sécher. Le jeune homme ferma les yeux un instant, savourant le moment. Il se sentait des plus détendus, loin du stress habituel. Une course, suivie d’une baignade, voilà le combo gagnant d’une journée de repos bien employée ! Après quelques secondes de silence, il tourna son visage vers Aaron, étendu à ses côté. Il cala sa main en visière pour réussir à ouvrir les yeux malgré le soleil qui l’aveuglait.

- Parfois je t’envie de pouvoir faire ça tous les jours, confessa-t-il. Ne rien avoir à faire d’autre que prendre le soleil… C’était un fantasme qu’il avait, même s’il savait pertinemment qu’il ne tiendrait pas longtemps ! Il était bien trop hyperactif pour buller comme ça longtemps. D’ailleurs, une seconde plus tard, il s’était déjà redressé en position assise. Il zieuta vers le torse dessiné du garçon. Aaron était plus baraqué que lui, d’une nature plus sèche. Alors dis-moi, qui succombe en ce moment à ce corps de rêve ? Demanda-t-il, taquin, avant de déporter ses yeux bleus vers l’eau.

Il ne s'était pas trop inquiété de savoir si Stanley pourrait le suivre ou tenir le rythme, parce qu'il pensait que ce serait forcément le cas, alors qu'il l'observait s'élancer ensuite pour sauter du bâtiment et atterrir à ses côtés où ils pourraient désormais reprendre leurs courses, avec quelques précieuses minutes de gagnées. Ils ne firent qu'un bref arrêt pour saluer la vieille Dewitt d'un sourire, avant de prendre la direction de la plage " Ouais, bha elle, elle pourrait se les garder ses limonades ! " pouffa le blond avant de dépasser son ami, jusqu'à arriver au large de la côte.

Malgré le temps vraiment clément, il n'y avait pas beaucoup de personnes aux alentours, sans doute avaient-ils préféré profiter du temps sans trop se bouger de chez eux ? Aaron, tout comme Stan n'avaient pas perdu de temps pour se débarrasser de leurs vêtements, lui ne gardant que son boxer blanc avant de monter sur le promontoire formé par les différents rochers, et de courir jusqu'à bondir en effectuant un salto avant pour venir plonger dans l'eau dont la température était délicieuse, c'était définitivement une bonne idée ! " Putain ! C'est le pied ! " s'exclama le jeune homme en brassant quelques longueurs, avant de se chamailler un peu avec le brun à ses côtés, se délectant de leur petite baignade improvisée.

Ce n'est que dix minutes plus tard qu'ils s'étaient traînés jusqu'aux abords de la mer, avant de se reposer sur le sable, en silence. Pour le coup, il se sentait bien détendu, mais avec un sacré coup de barre ! Il était pas prêt de reprendre la course de sitôt. Le jeune Maverick lui expliqua à quel point il l'enviait, de pouvoir faire ça tous les jours. " Ah ouais ? Parce que tu crois qu'à part ça c'est cool d'être cloîtré ici ? " ricana-t-il en se redressant, s'imaginant bien que Stanley ne pourrait pas imaginer meilleures vacances vu les circonstances. Mais à côté de ça, le monde n'allait pas attendre qu'ils partent à l'aventure afin de le conquérir... Même si tout semblait un peu foutre le camp, pour le moment. " Ha ha ha... " il avait haussé le sourcil à la taquinerie de son ami, à propos de ses fréquentations du moment. " Bha écoute, rien de très sérieux … C'est comme si mes muscles intéressaient plus que ce que j'ai dans la cervelle ! " déclara-t-il avant de hausser les épaules, il était pas sûr que ça le dérangeait, du moins, pas tout le temps. " Pas comme toi hein bourreau des cœurs ! "

De toute façon, il s'était dit qu'il avait encore le temps pour un tas de choses, rien à faire de ce soi disant virus et de cette foutue épidémie. " Elle est peut-être pas ici, ou restée à Seattle, ou ailleurs qui sait … Quand tout ce merdier se sera tassé, on verra bien non ? " il s'était pas forcément attendu à une réponse, d'ailleurs, il s'était à nouveau allongé, fermant les yeux. Aaron se doutait bien que Stan serait pas forcément sincère à ce propos, mais bon, ça l'empêchait pas d'essayer de rester optimiste. " Et sinon quoi de neuf ? Tu utilises quoi comme arme pour le moment ? " il pouvait au moins essayer de vivre un peu sa vie par procuration. " Ils ont l'air de se tenir tranquille en ce moment, t'as pas de sortie prévue ? On pourrait aller se boire un coup ! "

Stan avait du sable collé dans tout son dos, mais il n’y faisait nullement attention. Il se gratta simplement, en chassant un peu au passage. Il n’avait rien répondu à l’allusion de son copain sur le fait qu’il se sentait un peu tenu en cage ici. C’était effectivement le prix de la sérénité. Le militaire ne savait trop que penser sur cette question de maintenir ou non les civils dans l’ignorance de ce qui se tramait vraiment au dehors. Cela faisait presque dix mois maintenant que personne n’avait quitté l’ile. Les gens n’étaient pas réellement dupes : ce qui se passait là-bas, en dehors de leurs murs, était moche. Mais comment pourraient-ils imaginer à quel point ?

- Haha ça surprend pas vrai ? Rétorqua le jeune homme alors qu’Aaron faisait référence au fait que les femmes ne s’intéressaient pas suffisamment à son petit cœur, n’en ayant finalement qu’après son corps joliment sculpté ! Et après on dit que ce sont les mecs qui sont superficiels !

C’était drôle, parce que les deux copains savaient TRÈS BIEN être superficiels aussi. Il rigola et prit le commentaire suivant de son pote comme une boutade. Parce que Stanley n’avait rien d’un Casanova. Il fit d’ailleurs une moue en ce sens. La fille qu’il fréquentait en ce moment était bien son unique conquête au compteur depuis l’épidémie. Et elle serait à l’origine de leur rupture, quelques semaines plus tard ! Mais se perdre dans les bras d’une femme, même s’il n’était pas question de Grand Amour, était d’un bienfait qu’il n’était pas nécessaire de préciser. Le garçon hocha la tête sur les réflexions du blond en référence à LA nana qui le ferait réellement chavirer. Lui pensa immédiatement à Sherry, son ancienne maitresse et sensément « amour de sa vie », restée sur la côte Est, sans se douter qu’une autre bataillait en ce moment même dans les environs de Seattle et se présenterait à lui.

- C’est sûr, répondit-il, espérant au plus profond de lui que les choses finiraient un jour par rentrer dans l’ordre. Qu’il pourrait rentrer chez lui à l’autre bout du pays. Et retrouver Sherry. Il avait beau savoir, il n’était pas différent de son compagnon. Il gardait des espoirs plein la tête. Il n’était pas encore prêt à tirer un trait sur son passé. On a bien le temps de voir ça ! Ils restaient jeunes. Se caser définitivement n’était pas nécessairement dans leurs plans.

Il se retourna ensuite vers Aaron qui s’était de nouveau étendu sur le sable. Il les regarda en plissant les yeux et haussa un sourcil, se doutant que sa question n’était en rien innocente. La version officielle : un virus dangereux faisait rage et ils étaient cloisonnés ici pour s’en protéger. Une sorte de quarantaine inversée. Que les militaires devaient assurer. C’était tout ce qui concernait les morts qui revenaient à la vie qu’Aaron et ses voisins ignoraient.

- Toujours la même chose, répondit son ami. Les gros calibres pour intimider. C’est généralement suffisant. Mais on ne les utilise pas vraiment… Il détourna les yeux vers le rivage. Comment pourraient-ils justifier qu’au contraire, ils en avaient un usage important ? Qu’ils éliminaient d’anciens citoyens américains, tout comme eux, parce que ces derniers étaient définitivement perdus ?! Mais oui, c’est assez tranquille en ce moment, mentit-il, alors que les groupes de rôdeurs devenaient plus nombreux, et donc plus dangereux. La situation n’avait jamais été aussi mal à vrai dire… Il fit ensuite un mouvement de tête négatif, avant de tourner les yeux de nouveau vers son ami. Maintenant ? Il n’avait pas besoin de réfléchir longtemps, il avait bien toute la journée ! Il haussa donc une épaule en mode « pourquoi pas ? » et se remit sur ses jambes par la même occasion. Avant ou après la douche ?

Il s’agita ensuite comme un vers pour enlever tout le sable qu’il avait sur lui, avant d’enfiler son T-shirt.

Ils avaient le temps, c'était une des choses sur laquelle ils étaient d'accord. Même si Stan avait bien plus d'éléments à sa disposition pour vraiment prévoir à partir de quand les choses commenceraient à chauffer, si ce n'était pas déjà le cas. Aaron ne se voyait définitivement pas rester sur l'île toute sa foutue vie, une fois que tout ça serait derrière-eux, il s'assurerait que ses parents, ainsi que son frère et sa sœur aient un projet avant de partir lui aussi, définitivement. Il aurait bien voulu respecter son plan, mais la suite de l'histoire ne lui donna malheureusement pas raison.

Son ami l'avait sans doute vu venir, répondant à ses questions en leur donnant un caractère encore un peu plus banal. " Ah ouais ? Ça doit démanger des fois … De pouvoir faire feu sur tout ce qui bouge... " déclara-t-il en rigolant, s'imaginant sur un terrain vague, ou près d'une décharge, armé d'une sulfateuse qui n'aurait d'autres buts que de détruire le plus de choses possible. Mais apparemment, les choses étaient assez tranquilles pour le moment, " Tant mieux... Je suppose. " il hocha la tête en souriant, content que le jeune Maverick ne soit pas surmené, bien que... Comment pourrait-t-il évaluer ce qu'était vraiment le « tranquillité » selon son copain, étant donné que leur perception des choses étaient forcément différentes ?

Quoi qu'il en soit, s'il s'était passé quelque chose d'autre, il n'aurait sans doute pas tardé à en être informé, alors, autant simplement rester vigilant, sans trop se casser la tête avec ça. Aussi, l'idée d'aller boire un verre fut rapidement envisagée et tout aussi vite acceptée par Stan, alors que les deux se relevaient, s'agitant un peu afin d'enlever le sable, avant de commencer à se rhabiller. " Après, ça me semble bien... Parce que tu sais, j'aime bien savoir quand ça commence, mais pas quand ça finit... " il finit par faire quelques étirements, se frottant les mains, déjà pressé de la soirée à venir. " Allez, à la douche ! " s'exclama le blond avant qu'ils ne repartent vers le fort. En vérité, il n'avait pas forcément envie de s'enivrer toute la soirée, mais passer un peu le temps, et éventuellement faire quelques rencontres sympa, sa ns craindre les éventuels petits merdeux qu'il aurait eu à remettre à leur place.

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Les deux s'étaient ensuite retrouvés quelques heures plus tard, Stan était venu le chercher à la résidence des Madigan, et Aaron avait fini par sortir " Ouais …. Allez bonne soirée ! … Bande de barjos... " pesta-t-il en refermant la porte derrière lui, avant de remarquer son ami, levant le pouce à son attention. " 'Scuse pour le retard ! Mes vieux mettent un peu la pression pour le moment... " il descendit les quelques marches du porche jusqu'à le rejoindre, habillé pour l'occasion d'un jean et de baskets, d'une chemise à carreaux rouge et noir et de l'incontournable t-shirt blanc. " Alors, on va chez Phil ? " c'était encore un des seuls bars qui étaient ouverts, le patron était sympa, mais la clientèle laissait parfois à désirer. L'endroit était toutefois animé et le service correct, ce qui les poussait souvent à aller consommer là bas.

Il ne leur avait alors fallu que quelques minutes pour rejoindre l'établissement en début de soirée, il n'y avait pas encore trop de monde, à l'exception des habitués. " Bon... A défaut d'avoir une blonde dans mon lit, j'en aurais une dans mon verre... Ça te dit ? " déclara le coursier en ricanant avant de se diriger vers le comptoir pour prendre la commande des deux "  Josh m'a dit qu'il passerait peut-être un peu plus tard, mais bon, si j'avais eu un dollar à chaque fois qu'il m'avait dit ça... " le jeune homme haussa alors les épaules, avant de payer la première tournée, trinquant avec Stan.

Stan enfila son short sur son boxer encore mouillé et plein de sable, ce qui lui valut une jolie tâche humide sur les fesses. Moui, une bonne douche ne serait certainement pas un luxe, s’ils voulaient être parfaitement à l’aise pour la suite. Au moins éviteraient-ils de se gratter l’entre-jambe à tout bout de champ ! Les deux copains prirent donc de nouveau le chemin du quartier résidentiel, tout en poursuivant leur conversation, avant de se séparer. Le militaire rejoignit alors les baraquements et son appartement de l’époque. Il essaya bien de convaincre Eddie de se joindre à eux, mais le trentenaire affirma être trop crevé pour sortir.

- Mec, faut se décoincer un peu ! Rétorqua son colocataire, dépité de voir son pote aussi solitaire et renfermé sur lui-même. Mais qu’importait ! Il s’en alla rejoindre Aaron tout seul. Un instant plus tard, il arrivait au niveau du pavillon du garçon, et l’attendit quelques courtes minutes dans la rue. Jusqu’à ce que ce dernier déboule. Ils t’mettent la pression sur quoi ? Demanda Stanley tout en zieutant la maison familiale.

Lui-même portait également un jean, ainsi qu’un T-shirt avec imprimé que lui avait offert sa sœur à son anniversaire, l’année précédente. Simple et efficace. Il avait lavé ses cheveux qu’il portait à ce moment-là un peu long. Enfin tout était relatif, ils ne faisaient que quelques centimètres, mais il était loin de la coupe militaire ! Ils partirent en direction du « bar » de l’ile, qui était en fait davantage le rez-de-chaussée d’une simple maison. Chez Phil, littéralement ! Il regarda son copain payer leurs bières. Ce geste paraissait maintenant tellement décalé au militaire. Ils vivaient tous de rationnement, répartis cependant avec intelligence, au point que les civils avaient toujours l’impression de faire leurs courses ou payer leurs achats. C’était bien les derniers transferts d’argent qui devaient se faire dans le monde…

- Merci, déclara Stanley en réceptionnant son verre, avant d’aller se poser sur une des tables positionnées dans le jardin. Autant continuer à profiter de cette belle journée. Ouep, j’ai pas réussi à convaincre Eddie. Et Graham était occupé. En poste sur les barricades qui les protégeaient au nord. J’crois que je vous ai jamais demandé : tu l’connais depuis combien d’temps Josh ? Demanda le garçon, tout en trempant ses lèvres dans la bière. Après le footing, c’était un vrai plaisir ! Il ne retint pas un soupir de satisfaction. Bon sang, c’est vraiment mon péché mignon ce truc… ajouta-t-il d’ailleurs. Il en avala plusieurs gorgées d’affilé. C’est qu’il fait soif, pas vrai ? S’amusa-t-il juste après, tout en s’essuyant la lèvre supérieure, humide de mousse. Clairement sa boisson préférée !

Parler de l’ami d’Aaron rappelait à Stan ses amis à lui, laisser chez lui, autour de Washington DC. Notamment Esca, son ami d’enfance, son presque-frère. Mais aussi tous les autres membres de sa « bande » de l’école. Tous lui manquaient vraiment !