Comment on s’était tous retrouvé dans cette voiture en direction du nord ? Je crois que j’avais définitivement oublié, mais ce n’était pas le plus important. Je conduisais le pick-up parce que comme j’étais le plus vieux, il parait que j’étais le plus "responsable" grossière erreur en fait, je n’étais pas le plus intelligent, je n’étais pas le plus malin et je n’étais certainement pas le plus doué pour m’orienter, enfin soi. Je soupirais doucement alors que la voiture refusait d’aller plus loin. On allait devoir continuer à pied ou explorer les alentours. On n’avait pas trente-six solutions…

- La voiture n’ira pas plus loin, il est temps de continuer à pied.

Je n’étais définitivement pas heureux de cette nouvelle, mais je n’allais pas en faire un foin pour autant. Je coupais le moteur avant d’enlever la clé. Rapidement, j’ouvrais ma portière et me penchait pour actionner la trappe à essence du pick-up on avait un véhicule plutôt récent ce qui était bien plus agréable à conduire que les vieux machins que j’avais eu entre les pattes la plupart du temps. Je sortais finalement du véhicule en frissonnant, il ne me fallut pas longtemps pour cacher la clé dans le compartiment que je venais d’ouvrir et le refermer. Une fois fais, j’attrapais mon sac à dos. J’avais comme à mon habitude le strict nécessaire pour la survie, une corde, un briquet et une lampe torche. C’était tout ce qui était utile à mon gout en dehors des armes. D’ailleurs en regardant tout le monde s’équiper j’avais bien l’impression qu’on allait s’amuser tous ensemble.

J’avais mon canif dans ma poche, mon couteau Bowie à la ceinture et mon magnum dans son holster de l’autre côté. J’avais alors fini par prendre un pied de biche à la main. Je le posais négligemment sur mon épaule alors que je fanfaronnais avec en me déplaçant dans la forêt. Je ne savais pas trop où nous allions, mais c’était marrant de continuer à pied. En tout cas, je prenais tout ça à la rigolade, sans doute un peu trop. En marchant, j’entendais alors des craquements sous nos pieds. Le sol venait de changer et on avait alors le droit de voir une grande porte en bois qu’on ne pourrait pas ouvrir si facilement. Déjà, j’avais l’impression d’entendre des râles autour de nous. L’amusement était sur le point de commencer.

- Bon, on a déjà de la visite, c’est une bonne chose. Qui s’en charge ?

Je lançais déjà un regard en coin à mon frère et Clayton, je savais qu’ils seraient au taquet pour gérer les connards qui venaient nous rendre visite.

A Brainbridge, les réserves de nourriture étaient conséquentes mais, elles n’étaient pas éternelles. Donc, il fallait bien que de temps à autre, des volontaires aillent se salir les mains pour trouver de nouvelles rations pour le quotidien des survivants. En tout cas, quand Clayton avait entendu parlé de cette expédition, il s’était tout de suite porté volontaire pour y participer. Un fois son départ validé, le brun s’équipa donc de son inséparable couteau de chasse, de son bâton télescopique et d’un fusil d’assaut qu’il avait été cherché dans l’armurerie. Et puis, une fois correctement équipé, il grimpa aussitôt dans le véhicule aux côtés des frères Rogers, Jenna et Joy.

Leur destination était Port Gamble et le trajet aurait dû être direct. Oui mais, la neige étant abondante elle bloqua, la progression du petit groupe, les forçant à descendre de leur véhicule plus vite que prévu. Les cinq aventuriers ne voulurent cependant pas rentrer les mains vides. Alors, ils décidèrent d’inspecter les alentours de l’endroit ou ils avaient été contraint de s’arrêter. Et puisque qu’il n’y avait aucune bâtisse dans les environs, ils s’enfoncèrent donc dans la forêt qui leur faisait face.

Dehors il faisait terriblement froid. Le barbu, qui avait posé son fusil sur son épaule avec la bandoulière, chaussa donc son bonnet et fouilla par la même occasion dans ses poches à la recherche de ses gants. C’est à peu près à ce moment, que Merl sembla marcher sur une sorte de trappe dissimulée sous la neige ? Instinctivement, Clayton stoppa sa progression. Il s’apprêta même à parler à son ami mais, tout à coup des macchabées commencèrent à émerger d’entre les arbres.

A la question de Merl, Clay déclara aussitôt : - « Je veux bien m’en charger avec Jason ! Ça va me réchauffer un peu ! Je prends les deux premiers sur la droite et je te laisse les autres ! Ok ? » Le brun installa ensuite, correctement la bandoulière de son fusil afin qu’il ne tombe pas de son épaule. Et puis, il développa aussitôt son bâton télescopique afin de défoncer les crânes de leurs ennemis. Une fois à proximité, le brun s’amusa un peu avec ces stupides créatures. Et puis, au bout d’un moment, il frappa de toutes ses forces afin de défoncer le premier et le deuxième crâne. Les deux dépouilles étant chétives et ralenties par la neige, elles ne résistèrent guère. En tout cas, cette expédition commençait bien ! Il fallait espérer qu’elle continue comme ça ?

C'est qu'il en fallait une bonne quantité de bouffe pour nourrir tout ce beau monde ! Forcément les ravitaillements n'allaient pas s'arrêter avec les premières neiges et Joy se laissa tenter à l'idée de sortir quand elle sut que Clayton faisait parti des heureux élus à mettre le nez dehors. Mais il n'y avait que cela pour la motiver, en effet, après avoir passé une bonne partie de son temps en entrainement avec les militaires du camp : il fallait bien qu'elle se défoule un peu, qu'elle prouve son utilité autrement qu'en faisait chier le monde. Qu'on se le dise, c'était aussi une occasion de s'éloigner du duo Swann/Joann, de quoi respirer un peu en quittant l’île !

La blonde fut alors silencieuse durant la plus grande partie de la balade en voiture, elle n'était de toute façon pas bien bavarde et peu douée pour sociabiliser, grogner en revanche, elle savait y faire ! Et le temps ne s'y prêtait pas, sauf quand le véhicule s'immobilisa à cause de la neige, là, c'était l'occasion de pousser un petit râle et de quitter le pick-up pour se heurter à la fraîcheur hivernale. Armée de son gros blouson de snow Volcom qui recouvrait son gilet par-balle, elle ajusta la bandoulière de son fusil d'assaut type M-4 sur un épaule et cala son 9mm à l'arrière de son pantalon, juste au dessus de ses fesses. Son fidèle poignard reposait lui sagement à sa ceinture dans son étui. Un chargeur pour son fusil et un autre pour son pistolet rejoignirent chacun une des poches arrières de son épais pantalon cargo noir.

"Ho ! Tu es pas l'seul à avoir b'soin de t'réchauffer ! Et compte pas sur moi pour m'titiller l'clito en vous matant." Grogna t-elle pour Clayton qui assigna au troisième mâle la tâche de se débarrasser des rôdeurs, annonçant ainsi la couleur à sa façon : non, elle ne ferait pas du tricot pendant que les gars prenait tous les risques. "Je prends le plus proche." Ça, c'était pour Jason qu'elle gratifia en chemin d'une petite tape sur l'épaule pour lui signifier qu'elle marchait à ses côtés sur ce coup là. Rapidement elle arriva donc à hauteur d'un des cadavres à la bouche ballante pour lui asséner un coup de pied dans le ventre et l'envoyer au sol, suivi dans le même temps - ou presque - d'un coup poignard rapide et en plein crâne, ça, c'est fait.

Ça y est, on y était. La première sortie du camp pour Jenna depuis son arrivée à la mi-novembre. La vie au camp était bien et calme. Son tempérament de fonceuse commençait à trouver le temps long, aussi l’idée d’une opération à l’extérieur pour trouver des vivres l’avait séduite de suite et elle s’était portée volontaire très rapidement pour en faire partie et quand on lui avait annoncé qu’elle pourrait y participer il n’avait pas fallu longtemps pour qu’elle soit prête.

Son couteau militaire bien harnaché dans son dos au niveau de la ceinture, elle avait suivi les conseils qu’on lui avait donné et pris un gilet pare-balles ainsi qu’un calibre 9mm automatique et des munitions. Jenna espérait secrètement qu’elle n’aurait pas à s’en servir elle qui n’avait jamais tiré un coup de feu de vie. La seule vraie arme qu’elle savait manipuler était son couteau, le reste serait de l’improvisation totale. Elle avait enfilé sa veste chaude d’aviateur par-dessus le gilet car les températures n’étaient pas tellement agréables en cette saison. Durant tout le trajet en voiture Jenna était restée silencieuse, sans dire un mot, se concentrant sur la mission. Elle se contentait d’observer le paysage à travers la vitre. Quand la voiture stoppa et qu’il fallut continuer à pied, elle sortie tranquillement à la suite des autres. Sans prononcer un mot elle se contentait de suivre le mouvement jusqu’à la trappe et l’arrivée de ces saloperies de rôdeurs.

A peine les morts approchaient que déjà les mâles de la mission s’étaient lancés pour les faire taire. Enfin les mâles et Joy. Elle semblait aussi motivée que les hommes pour se débarrasser des rôdeurs et son comportement lui donnait un côté garçon manqué qui fit sourire Jenna. La mission était lancée et Jenna ne pouvait pas rester à ne rien faire, cela serait mal vu par le groupe. Sortant le couteau de son dos à sa ceinture, elle s’avança lentement et sûrement vers un des rôdeurs. Le froid les ralentissait elle le savait aussi elle approcha au plus près de lui et le laissa tendre les bras pour se permettre d’esquiver sans trop forcer tout en lui balayant les jambes pour le faire chuter dans la neige. Le regardant au sol en train de se débattre elle l’enjamba afin de lui enfoncer sa lame à l’arrière du crâne.

« Et un de moins … »

Après tout aucune raison que les hommes soient les seuls à s’amuser !

Jason était toujours content de sortir, quel que soit le temps qu'il faisait. Il n'était pas du genre à se plaindre du froid ou du mauvais temps, car la vie au ranch l'avait habitué à faire face à n'importe quelle condition climatique. Le travail n'attendait pas. Aussi, lorsque son frère arrêta leur véhicule pour qu'ils continuent à pied, il sauta sans attendre dans la couche de neige qui craqua sous ses bottes. Il était bien équipé, avec un épais manteau à motifs treillis militaire qui faisait de plus coupe-vent. Il aurait sans doute pu se rouler dans la neige sans que cela ne le gêne outre mesure. Il portait son fusil à pompe en bandoulière, un couteau de combat dans une poche, et avait sa machette dans un étui à la hanche. En dehors de cela, il avait un sac à dos contenant des munitions, une lampe-torche et un nécessaire pour les urgences, de type boisson, nourriture, couverture de survie et quelques éléments d'un kit de premiers secours. Son passé l'avait habitué à se montrer prévoyant.

Ils étaient en train de marcher lorsque Merl remarqua que le sol avait changé sous leurs pieds. Ils n'eurent pas le temps de s'y attarder plus que cela car des rôdeurs à demi gelés choisirent cet instant pour leur rendre une petite visite. Il n'en fallut pas plus pour que Clayton propose au blond de s'en charger ensemble, mais malheureusement ce n'était pas sans compter le côté sans-gêne des filles. En sentant Joy lui tapoter l'épaule pour lui dire qu'elle en prenait un après avoir fait une déclaration flamboyante, il ne s'offusqua pas. En revanche, voir Jenna lui griller la politesse sans mot dire en lui volant le deuxième monstre ne lui plut absolument pas. Femme ou pas femme, galanterie ou non, il comptait bien le lui faire savoir. Le blond se retourna vers la concernée avec un regard noir éloquent.

« Bon, on va dire que c'était cadeau celui-là. Mais qu'on soit clairs, si quelqu'un s'avise encore de me piquer ma cible comme ça, je lui coupe le bras, vu ?

Jason voulait bien être gentil, mais il y avait des limites. Avec une certaine mauvaise humeur, il remit sa machette au fourreau et fit demi-tour pour rejoindre son frère et sa trouvaille enfouie dans la neige. Une sorte de trappe, qu'il tenta naturellement d'ouvrir en tirant un bon coup dessus, en vain. Son regard se tourna vers Merl, le sachant équipé d'un pied de biche, et il fronça les sourcils.

- Bon Bro', sors-toi un peu les doigts du cul. Y a quoi là dessous ? »

Alors que les autres étaient en train de s’occuper des connards dehors, je commençais à déblayer la neige devant moi du pied. Je voulais savoir exactement comment été cette porte en bois avant d’essayer de la forcer. J’avais un pied de biche donc les choses devraient bien se passer. La porte était assez grande pour nous laisser rentrer ce qui était une bonne nouvelle. Je soupirais doucement alors que je me retournais en entendant mon frère lever la voix. Il ne déconnait pas, je ne savais pas ce qu’ils lui avaient fait, mais il n’était visiblement pas très heureux. Je le regardais s’énerver sans rien dire jusqu’à ce que je devienne moi aussi victime de sa mauvaise humeur.

- Oh c’est bon là ! Passe pas tes nerfs sur moi j’y suis pour rien… Tu me coupes un bras aussi si je prends te prend ton prochain ?

J’avais un sourire de corgi heureux sur le visage ou de troll c’est au choix en disant cette phrase et j’entendais déjà la poésie sortir de la bouche de mon frère, mais en même temps, il me faisait toujours sourire quand il était remonté comme ça. Enfin, je devais surtout tenter de calmer le jeu avant que ça ne finisse par totalement exploser.

- C’est bon, je déconne, calme ta joie. Tu auras qu’à tuer celui qui gratte à la porte.

Comme pour montrer à Jason ce que je voulais dire, je tapais du talon de ma botte sur la porte pour rendre les grattements encore plus audibles. J’espérais que ça pourrait à défaut de remettre la bonne humeur, calmer un peu mon frère qui était d’une certaine façon au bord de la crise de nerfs. Je soulevais alors le pied de biche que j’avais toujours sur l’épaule pour trouver une prise dans la porte et espérait l’ouvrir.