La décharnée à terre, Jenna s'empressa à la suite de l'immobiliser au sol, jusqu'ici, tout allait bien. La blonde pourrait donc reprendre son interrogatoire calmement, ou pas. La furieuse agrippa la chevelure de leur prisonnière et lui éclata le crâne contre le sol à plusieurs reprises. C'était violent, c'était gratuit, c'était contre productif à souhait en plus d'être sacrément surprenant. La brune avait-elle été blessé ? Non. La brune était simplement offensée qu'on est voulu s'en prendre à elle, à un tel point qu'elle se permise de répondre de la manière la plus bestiale qu'il soit. De quoi laisser la blonde bouche bée, c'était tout de même la gueule du vivante qu'on explosait contre le sol juste sous son nez, et surtout sans réellement justification. Sans voix, Clayton sut alors réagir plus vite qu'elle, de même pour Merl et son frère qui semblaient tous partager son avis.

La menace du Redneck lui fit arquer un sourcil et elle passa aussitôt à autre chose, ne se sentant pas concernée par celle-ci. "C'est difficile de communiquer avec elle, fais des phrases simples surtout. Et pas trop longues, sinon elle perd le fil." Il voulait tenter sa chance, alors autant lui faire part de ce qu'elle avait put déduire, ne rien lui dire aurait été stupide. "Bonne chance."

Dépitée, la blonde soupira ensuite lourdement et fila rejoindre la montagne de muscles pour continuer l'exploration. "Je te suis mon grand." Souligna t-elle tout en jetant un regard en coin pour Jenna dont la simple présence suffisait maintenant à l'inquiéter. Elle en vint à se demander si la petite brune n'était pas aussi dérangée que la timbrée cannibale, pas rassurant tout ça. "Dis moi, ton berceau a pris feu et tes parents t'ont éteint a coups de poêle ou quoi ? Sans déconner Jenna, essaye de te contrôler la prochaine fois... Dis toi bien qu'on se protège les uns les autres. Tu as pas à péter un plomb comme ça sur une menace qui peut être aisément maîtrisée." Les gars avaient quand même été un peu dur avec elle, Joy sentait ce petit besoin de passer la pommade et mettre les choses au clair calmement avant de continuer à marcher à ses côtés. "Bref... continuons, je compte sur toi pour te ressaisir."

Etant donné que Merl venait d’envoyer chier Jenna, Clayton se douta, immédiatement, que la brune ne tarderait pas à rejoindre son groupe et qu’il faudrait qu’il supporte ses humeurs. Et effectivement, quand celui-ci demanda des volontaires pour le rejoindre, le petit bout de femme arriva d’un pas décidé vers lui. Sur le coup, Clay se demanda si elle allait montrer les dents en s’approchant de lui ? Mais, elle lui passa sous le nez, sans le regarder et en prétextant vouloir se tirer d’ici le plus vite possible.

A cet instant, Clay haussa les sourcils d’étonnements. Apparemment, il ne fallait pas grand chose pour la mettre en rogne celle-la ? L’ambiance venait subitement de se plomber mais, fort heureusement Joy était dans l’équipe. D’ailleurs, la blonde ne tarda pas à jouer des siennes en balançant au visage de Jenna une réflexion spontanée. Juste après ses mots, Clay explosa littéralement de rire. Il rigolait tellement qu’il en avait la larme à l’œil. Est-ce que Jenna apprécierait de le voir se moquer d’elle de cette manière ? Certainement pas ? En fait il n’en savait rien et puis de toute façon, il s’en fichait foutrement !

Quoiqu’il en soit, Clay se retourna ensuite vers sa compagne et puis, il lui déclara : - « Tu devrais faire attention ! Elle est hargneuse la gamine ! » Le routier regarda ensuite la brune et puis, il continua : - « Tout doux Jenna ! Tout doux ! C’est une plaisanterie » Il fixa ensuite la jeune femme, avec le sourire aux lèvres, avant de reprendre : - « Tu peux continuer en tête d’expédition, si tu veux ? De cette manière ça te permettra de te défouler sur un macchabée plutôt que contre nous ! Papa et maman te donnent l’autorisation de passer devant ! » Par ces mots, il voulait notamment parler de lui et de Joy, ironiquement bien sûr. Et puis, il rigola de nouveau. Cette fois-ci, le brun, qui était d’un naturel moqueur, était lancé. Et quand, il était dans cet état, il était vraiment difficile de l’arrêter.

Au moins là c’était sûr Jenna s’était mis tout le monde à dos. Il ne manquait que la blonde qui ne lui était pas rentré dedans et c’était chose faite à présent. La solidarité féminine, Jenna n’y avait jamais réellement cru pour la simple et bonne raison qu’elle se foutait royalement de l’entraide entre femmes et que vu son avis sur la question elle ne s’attendait pas à ce qu’on vienne à son secours dans ce genre de situation. Quoi qu’il en soit le sarcasme de Joy sur ses parents l’avait passablement gonflé et voilà que Clayton en rajoutait une couche par-dessus tout. Ils ne connaissaient pas son histoire et ils ne la connaitraient sûrement jamais de toute façon et même s’ils n’avaient aucun moyen de savoir que le terme « parents » n’était pas ce qui s’accordait le mieux avec les géniteurs de Jenna c’était un sujet sensible, de préférence à éviter.

« Pas besoin de me ressaisir … » elle s’adressait à Joy tout en essayant de garder son calme alors que sa main serrait nerveusement la garde de son couteau « J’suis en pleine possession de mes moyens moi » son regard passait sur Clayton qui la zieutait en étant mort de rire juste sous son nez « Le prochain qui parle de mes parents … » Son énervement était palpable à des kilomètres et il ne faudrait pas plus d’une remarque supplémentaire pour qu’elle explose pour de bon. Au fond son regard était rempli de colère mais elle n’était pas dirigée contre la blonde ou les trois mâles. C’était cette « femme » enfin cette chose qu’elle avait pris en grippe. Merde elle avait essayé d’y sauter dessus et de la bouffer quoi et sous prétexte que ce n’était pas une rôdeuse elle aurait dû se laisser faire ? On ne la touchait pas un point c’est tout, on essayait même pas ! Pas si elle ne l’avait pas décidé d’elle-même. C’était comme cela.

Il fallait qu’elle se calme et qu’elle prenne sur elle. Jenna prit une grande inspiration et l’odeur ambiante la ramena directement à la réalité lui faisant passer l’envie de cogner sur quelqu’un « Vous avez peur que j’vous plante dans le dos ? … » Un léger rire lui échappait avant qu’elle s’engouffre dans le couloir, couteau vers l’avant.

Quand la brune s'éclipsa, à l'intérieur du couloir, seule et fâchée, Clayton s'écria aussitôt : ]- « Oh la la ! Mais quelle rabat-joie cette nana ! » Et puis, après avoir jeté un coup d'oeil vers sa complice, il s'enfonça lui aussi au milieu des ténèbres. C'est donc lampe et bâton en main, que le routier s'aventura à la suite de Jenna. Une fois plongé dans le noir, le couloir sembla devenir de plus en plus étroit ? Etroit mais, étrangement long et sans fin. Il faut croire que la noirceur des lieux devait certainement être à l'origine de cette illusion ? Quoiqu'il en soit, cet endroit était aussi sinistre et aussi morbide que les salles qu'ils avaient visités précédemment. Qui plus est, l'étroitesse de ce lieu était véritablement oppressante pour quiconque s'y trouvait. Heureusement qu'ils n'avaient aucun claustrophobe dans le groupe.

Les explorateurs continuèrent, cependant, leur chemin sans encombres mais sur un sol qui paraissait poisseux. Avaient ils éliminés tous les macchabées de ce trou à rats ? Pas sûr ? La porte avait été verrouillée. Il devait y avoir une raison ? Des vivants comme la sauvageonne vivaient peut être terrés dans le restant de ce tunnel ? Ils s'étaient peut être fait piéger par les morts et avaient été contraints de s'enfermer à l'intérieur de leur repaire ? Et si c'était le cas et qu'ils étaient devenus complètement maboule comme la sauvageonne ? Comment réagiraient ils ? Et puis, combien pourraient ils être ? Tout un tas de questions se bousculèrent, soudainement, dans la tête du brun. Mais, finalement, ses préoccupations s'évanouirent quand ils arrivèrent, enfin, au bout de ce long corridor en passant sous une arche.

A ce moment, le barbu pensa trouver une nouvelle pièce ou une nouvelle porte qui pourrait les conduire vers la caverne d'Ali Baba. Mais, ses désirs ne se réalisèrent pas. Non, en fait ils lui offrirent simplement un nouveau couloir à explorer. Le brun scruta donc la pénombre devant lui et puis, il déclara : ]- « Cet endroit est un véritable labyrinthe sans fin mais, il doit bien se terminer quelque part ? Allez, hop on continue ! » Et puisque la brune voulait jouer les têtes brûlées, il rajouta : - « Après toi, Jenna ! »

Mon regard se portait sur le groupe qui était en train de disparaitre dans le couloir. Je n’allais définitivement pas la laisser ici. Elle n’avait rien demandé et ne méritait pas ce qui lui était arrivé. Je sentais bien qu’elle avait peur, mais je ne pouvais lui en vouloir. J’essayais de lui sourire un peu plus sachant parfaitement qu’avec mon odeur de chacal c’était pas forcément très engageant.

- Oui, je comprends. Après une folle comme ça, c’est compliqué de me faire confiance. Faut qu’on les suivre alors je vais te porter.

Avant toute chose, je récupérais le pied de biche des mains de Jason pour l’accrocher de nouveau à ma ceinture, lui demandant gentiment de prendre la conserve le temps de la déplacer. Même si elle ne voulait pas manger, j’étais persuadé qu’elle finirait par changer d’avis. Doucement, comme lorsqu’on apprivoise un chat sauvage je m’approchais d’elle accroupi, pour la prendre au niveau de genou et dans le dos. Clairement, ce n’était pas pratique avec ses bras attachés, mais pour le moment, je n’étais pas prêt à lui détacher du moins pas tout de suite, pas tant que j’étais dans l’obligation de la porter. En arrivant sur place, je la déposais soigneusement au sol. Alors que je m’éloignais un peu pour reprendre la boite de conserve, je la regardais se battre avec les liens.

- Écoute, je veux bien te détacher. Mais si tu te jettes sur moi, il te tuera.

J’attendais une réaction pour me montrer qu’elle avait compris ce que je venais de dire. Joy avait déjà dit qu’il fallait faire des phrases courtes et simples et c’est ce que je m’évertuais à faire. J’avais l’impression que j’avais perdu les cinq neurones que j’avais eus jusqu’à maintenant, mais c’était un détail sans grande importance. J’avais bien entendu qu’elle ne voulait pas manger, mais en même temps, c’était compréhensible.

- Si je mange, tu manges aussi ? Il faut que tu reprennes des forces.

Je portais la conserve à mes lèvres le temps d’avaler deux grandes goulées pour lui montrer que ça allait avant de lui détacher les bras doucement. Je ne voulais pas qu’elle prenne peur, de toute façon, je doutais qu’elle soit capable de s’enfuir en courant dans l’état où elle était. Il était également fort peu probable qu’elle s’en prenne à moi de façon efficace.

Jenna avançait pas à pas dans le couloir après l’arche. Elle faisait attention à chacun de ses pas à ne pas marcher sur un rampant ou tout autre saloperie qui pourrait trainer dans un endroit pareil. Son bras armé toujours en parade devant elle, elle scrutait l’obscurité s’aidant des faisceaux des lampes de Clayton et Joy qui avançaient eux-aussi quelques mètres derrière elle. Clayton avait raison sur un point. Cet endroit était un putain de labyrinthe et heureusement qu’ils étaient plusieurs à le visiter sans quoi il aurait été facile de se paumer et de passer quelques minutes à retrouver le chemin vers l’air frais.

L’air frais…. Voilà ce qui lui manquait le plus à ce moment-là. Cette odeur de putréfaction était omniprésente et Jenna se demandait si elle ne sentirait plus que cela toute sa vie. C’était immonde tout simplement et il fallait être totalement barré pour vivre dans un lieu pareil.

D’un coup Jenna stoppait sa progression dans le couloir et se tournait vers ses deux compères. Son regard était un mélange de doute et d’appréhension « Vous entendez … j’suis folle ou vous entendez aussi ? » il y avait du bruit plus loin dans le couloir et ça résonnait bien comme il fallait tout comme les paroles qu’elle venait de prononcer, aussi pour la discrétion c’était un peu mal barré. Les bruits semblaient venir d’une pièce fermée à peine quelques mètres d’eux. Autant les gémissements faisaient partis de ce merdier apocalyptique dehors, autant les quintes de toux semblaient indiquer une sorte de vie derrière cette porte. Jenna prit le temps d’observer la porte pour voir qu’elle était verrouillée mais de façon sommaire aussi la déverrouiller fut rapide. Elle posait la main sur la poignée et jetait un regard à Joy et Clayton essayant de leur parler le plus doucement possible « J’ouvre d’un coup … déconnez pas … si c’est menaçant … on aligne »

Jenna posait les yeux sur la poignée crispant sa main dessus alors que son autre main serrait nerveusement son couteau. Elle ne le sentait pas du tout ce coup-là. Il y avait trop d’inconnues à prendre en compte dans l’équation et ça pouvait déraper à tout moment.